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c h a p i t r e Le livre du professeur • Français • 3e

THÈME I : Se chercher, se construire

2 Romain Gary, La Promesse de l’aube

Textes et images histoire des arts


1. La promesse p. 52 Valse avec Bachir, une « quête de souvenirs traumatiques » p. 62
Romain Gary, La Promesse de l’aube ✔ Je découvre un récit graphique, entre mémoires et
Première partie, Chapitre 4 autobiographie.
✔ Je comprends le sens du titre et ses enjeux. ■ Je lis des images et des documents composites (y compris
■ J’exploite mes lectures pour enrichir un récit et je sais numériques) en utilisant quelques outils d’analyse simples
utiliser des outils d’analyse littéraires

2. La part du rêve p. 54 Lexique et langue  p. 64


Première partie, Chapitre 5 ✔ Je travaille sur les mots aube, promesse, mémoire et mère.
✔ Je perçois la puissance du rêve, élément fondateur du récit. ✔ Je revois le subjonctif, la subordination, les paroles rapportées,
■ Je lis des textes variés, je comprends les implicites du texte et les fonctions liées au nom.
fais des hypothèses de lecture
■ Je maitrise la forme des mots en lien avec la syntaxe
3. Portrait de l’artiste en jongleur p. 56
Première partie, Chapitre 17 Expression écrite et orale  p. 66
✔ J’analyse la signification d’une vocation artistique.
✔ J’argumente, j’invente, je raconte, je transpose.
■ Je connais les aspects fondamentaux du fonctionnement de la
phrase ✔ J’explique, je débats, je présente, je mets en scène.
■ je mobilise des références culturelles pour interpréter les
4. Sauver le monde p. 58 textes
Deuxième partie, Chapitre 27
✔ Je distingue le point de vue de l’adulte de celui de l’adolescent. projet – parcours citoyen  p. 68
■ J’interprète des textes littéraires en formulant des
impressions de lecture « Romain Gary, qui êtes-vous ? »
✔ Je redonne la parole à Romain Gary sur un blog.
5. Promesse tenue p. 60
■ Je lis des images et des documents composites (y compris
Troisième partie, Chapitre 42 numériques) et je sais traiter l’information
✔ Je réfléchis à la construction de la personnalité du héros. ■ J’utilise l’écrit pour penser et pour apprendre (y compris les
■ Je mobilise des références culturelles pour interpréter des outils numériques)
productions littéraires ou artistiques ■ Je mobilise des références culturelles pour enrichir mon
expression personnelle

Sujets de brevet  p. 72

C h a p i t r e 2 • P R É S E N TAT I O N • Romain Gary, La Promesse de l’aube 1


Le livre du professeur • Français • 3e

THÈME I : Se chercher, se construire


c h a p i t r e

2 Romain Gary, La Promesse de l’aube

Présentation du chapitre
Place dans le cycle et dans les programmes
❱ En 5e, l’élève a étudié ce thème à travers le questionnement : « Le voyage et l’aventure : pourquoi aller vers l’inconnu ? ». Il a étudié
diverses formes de récits d’aventure, fictifs ou non, en lien avec la programmation annuelle en histoire, dont des textes portant sur
les Grandes Découvertes. Il a vu comment la découverte de l’Autre, de ce(lui) qui est différent, inconnu, étrange(r), permet de se
construire et de mieux se connaitre.
❱ En 4e, le questionnement correspondant à ce thème est « Dire l’amour ». L’élève a étudié « des poèmes lyriques de différentes
époques exprimant les variations du discours amoureux » (programmes, p. 247). Il a vu comment la relation amoureuse nous ques-
tionne, nous construit. Il s’agissait donc toujours d’étudier les façons dont le rapport avec l’Autre nous fait évoluer, mais tandis qu’en
5e il s’agissait du rapport avec celui qui est radicalement différent (les peuples indigènes d’Amérique), en 4e le questionnement invitait
à explorer les nuances des relations avec un Autre plus intime.
❱ En 3e, le programme propose d’étudier les relations avec un Autre plus intime encore, puisque le questionnement, intitulé « Se racon-
ter, se représenter », invite à découvrir « différentes formes de l’écriture de soi et de l’autoportrait » afin de « comprendre les raisons
et le sens de l’entreprise qui consiste à se raconter ou à se représenter » et de « percevoir l’effort de saisie de soi et de recherche de
la vérité, [de] s’interroger sur les raisons et les effets de la composition du récit ou du portrait de soi. » (programmes, p. 249)
❱ Dans notre manuel, ce questionnement est étudié à travers deux chapitres :
› un groupement de textes (chapitre 1) ;
› une étude d’œuvre intégrale (chapitre 2).

Présentation générale
❱ La Promesse de l’aube de Romain Gary, tout en permettant de découvrir un auteur majeur du XXe siècle, est aussi l’occasion de réflé-
chir de manière approfondie aux raisons et aux sens de la représentation de soi.
❱ Cinq extraits (sept avec les brevets blancs) permettent d’aborder divers aspects de l’œuvre.
❱ Ce roman passionnant peut être proposé au préalable en lecture intégrale aux bons lecteurs.

Progression du chapitre
❱ Le choix des extraits a été fait pour permettre aux élèves de découvrir les différentes facettes de la très riche personnalité de Romain
Gary, d’en saisir l’originalité, en ne perdant jamais de vue la thématique présente dans le titre, celle d’une promesse faite à l’aube
d’une vie.

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TEXTES ET IMAGES
1. Première partie, Chapitre 4 p. 52 - 53
Ce premier extrait va permettre de comprendre le sens du titre et ses enjeux. Le choix du tableau de Jean Crotti contribuera, quant à lui,
à approfondir le sens du texte.

2. Première partie, Chapitre 5 p. 54 - 55


Dans ce deuxième extrait, les élèves vont découvrir la personnalité de la mère du narrateur, et plus particulièrement le rôle que le rêve et
la puissance de l’imagination peuvent avoir dans le récit de soi. Le tableau de Paul Klee, Ville de rêve, permettra d’apporter des éléments
complémentaires à cette réflexion.

3. Première partie, Chapitre 17 p. 56 - 57


Le troisième extrait fera découvrir un nouvel aspect de la personnalité de l’auteur : celui qui a trait à sa vocation d’artiste, et la manière
très personnelle dont il envisage cette vocation. Il sera temps alors de réfléchir sur la fonction de l’art.

4. Deuxième partie, Chapitre 27 p. 58 - 59


Avec l’étude du quatrième extrait, nous avons choisi de faire gouter aux élèves l’humour de Gary, en leur faisant comprendre qu’on peut
parler de soi en prenant du recul par rapport à sa propre histoire. Il s’agira ici de voir que le point de vue du narrateur devenu adulte doit
être distingué de celui de l’adolescent qu’il fut.

5. Deuxième partie, Chapitre 42 p. 60 - 61


Pour finir, c’est sur la « promesse tenue » que se ferme l’étude de l’œuvre, avec l’évocation de la puissance inattendue de l’écriture dans
la construction de la personnalité du héros.

HISTOIRE DES ARTS p. 62 - 63

Valse avec Bachir, une « quête de souvenirs traumatiques »


❱ Le dossier « Valse avec Bachir, une quête de souvenirs traumatiques » permet d’étudier une autre forme d’écriture autobiographique,
tant sur le support proprement dit (il s’agit d’un splendide film d’animation) que de l’objectif visé par l’écriture autobiographique : faire
ressurgir des souvenirs oubliés et ainsi se reconstruire psychologiquement. L’écriture, ou plus largement la réalisation du film, a ici une
dimension fortement cathartique.
❱ Enfin, l’œuvre est ancrée dans un contexte historique tourmenté : la guerre civile libanaise et plus précisément les massacres de Sabra
et Chatila. C’est l’occasion d’aborder cet épisode de l’Histoire, éventuellement avec l’aide du professeur d’Histoire-Géographie.
❱ Les documents présentés permettent d’étudier la démarche cathartique d’Ari Folman, qui transforme des événements tragiques de sa vie de
soldat israélien (doc. 2) en écriture autobiographique dessinée ou animée (doc. 1, 3 et 4), grâce à quoi il retrouve la mémoire.
❱ En Histoire des arts, le dossier traite de la thématique 8 « Les arts à l’ère de la consommation de masse » dans les rubriques : « les arts face
à la réalité contemporaine » et « les métissages artistiques à l’époque de la globalisation ».

LEXIQUE / LANGUE - EXPRESSION ÉCRITE / EXPRESSION ORALE p. 64 - 67

❱ Lexique
Les exercices de lexique de ce chapitre sont plus particulièrement dédiés à l’étude des mots clés de l’œuvre de Romain Gary : promesse,
aube, mémoire, mère, à travers des observations morphologiques et l’analyse du sens des mots.

❱ Langue
Les exercices de langue porteront sur la phrase complexe (emploi du subjonctif, propositions subordonnées, discours rapportés), mais
aussi sur les fonctions liées au nom et les chaines d’accord.

❱ Expression écrite
Les exercices d’expression écrite de ce chapitre feront alterner argumentation (exercices 1 et 2) et récit de soi, en insistant plus particu-
lièrement sur la nécessaire structuration des écrits. Le dernier exercice quant à lui est un travail de transposition.

❱ Expression orale
Les exercices d’expression orale de ce chapitre misent sur une grande variété  : exposés (sujets historique ou biographique), jeux de
scènes, débat, argumentation, explication.

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ENSEIGNEMENT PRATIQUE INTERDISCIPLINAIRE

❱ La Promesse de l’aube se prête bien à un travail interdisciplinaire avec l’Histoire-Géographie, puisque le narrateur parcourt le monde et le
XXe siècle. Les extraits 4 (« l’assassinat d’Hitler »), 5 (la Libération) ou encore le brevet 3 (« L’appel du 18 juin ») peuvent constituer de bons
points de départ.
❱ En outre, un travail peut être mené avec les Arts plastiques à partir des illustrations de Joann Sfar.
❱ Enfin, l’œuvre abordée en Histoire des arts, Valse avec Bachir, invite naturellement à un travail avec l’Histoire-Géographie.

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Propositions de corrigés
OUVERTURE
Pour entrer dans le chapitre 2. a) Un pseudonyme (du grec pseudês : menteur, et onoma : nom)
1. Le nom « passion » vient du verbe latin patior qui signifie « souf- est un nom d’emprunt choisi par quelqu’un qui veut dissimuler sa
frir ». On peut distinguer trois sens principaux. véritable identité. b) De nombreuses raisons peuvent motiver l’emploi
› Mouvement impétueux de l’être vers ce qu’il désire ; émotion d’un pseudonyme : la volonté de conserver l’anonymat pour protéger
puissante et continue qui domine la raison et qui oriente toute sa vie privée, le choix d’un nom original qui permette d’être facilement
la conduite d’un individu. Exemple : la passion du jeu. remarqué ou identifié, la création d’un nom qui identifie immédiate-
› Très vive attirance pour quelqu’un ou quelque chose, pour un ment un auteur à un univers particulier, ou l’adéquation d’un nom avec
type d’activité, qui peut mener à la réalisation de grandes une campagne marketing visant un public bien spécifique.
entreprises. Exemple : avoir la passion des mathématiques. Image d’ouverture
› Avec une majuscule : la Passion est l’ensemble des souffrances
1. L’impression générale qui se dégage de cette photographie est une
et des supplices de Jésus-Christ à la fin de sa vie et lors de sa
attitude assez détendue du personnage. Sa position, appuyé contre
mise à mort.
un arbre et les mains dans les poches, fait penser à une certaine
Le mot « passion » a donc à la fois un sens positif (sens le plus cou-
nonchalance. Sa tenue est élégante sans être toutefois apprêtée.
rant aujourd’hui) et un sens négatif. On peut remarquer que la passion
amoureuse peut conjuguer ces deux nuances : elle désigne un amour 2. Son visage dénote une certaine tristesse. Il a le regard franc,
très fort, total, mais aussi souvent un amour malheureux, impossible. direct et empreint d’une certaine mélancolie, très nettement dirigé
vers le photographe.

TEXTES ET IMAGES

TEXTE 1 : La promesse.


1. La promesse correspond à celle faite à l’enfant d’être toujours promesse qu’elle ne tient jamais. On est ensuite obligé de manger
aimé d’un amour exclusif, total et inaltérable, tel celui que lui a froid jusqu’à la fin de ses jours. » (l. 9-10).
porté sa mère (« être tellement aimé, si jeune, si tôt », l. 5-6 ; « je 5. Le commentaire fait par le narrateur à partir de son récit a
me connais en vrais diamants », l. 26). L’amour maternel laisse une une portée généralisante, il s’agit de présenter l’expérience vécue
empreinte durable sur l’enfant : il sait que l’amour absolu existe et comme étant valable pour tout le monde. Ainsi, l’emploi des pro-
il n’aura de cesse de le chercher sa vie durant. noms personnels : « je », « on », « vous », atteste bien de cette
2. C’est la vie qui fait cette promesse à l’enfant, par l’intermédiaire complicité que le narrateur cherche à instaurer avec le lecteur : ce
de la mère : « Avec l’amour maternel, la vie nous fait à l’aube une qui est valable pour lui (« je »), l’est pour tout le monde (« on »),
promesse… » (l. 8-9). et donc plus particulièrement pour le lecteur (« vous »).
3. La métaphore met en relation deux termes  : «  la promesse  » On remarque d’ailleurs que le pronom « vous » est de loin le plus
et « l’aube ». La promesse est l’expression d’un engagement (par représenté dans cet extrait.
exemple, la promesse faite lors d’un mariage). L’aube désigne le 6. L’amour exclusif que la mère du narrateur a voué à son fils lui a
début de la journée ; ici, de manière métaphorique, elle évoque le donné une vision déformée des rapports entre homme et femme,
début de la vie. idéalisée et excessive, et finalement il en a souffert. Il n’est pas
La Promesse de l’aube exprime donc la promesse d’amour que la bon d’être aimé de manière si exclusive dans son enfance, cela ne
mère fait à son enfant dès le début de sa vie. C’est aussi l’assurance permet pas de comprendre la réalité telle qu’elle est (« on croit
que la mère donne à son fils en l’aimant tellement que l’amour ne que », l. 6-7) et oblige à chercher ce qui n’existe pas (« il n’y a
peut être vécu que comme un absolu, sans aucune limite. que des mirages  », l.  17). Il n’y a plus rien à découvrir, le plus
4. Le narrateur adulte est capable de voir de manière lucide la beau vous a été donné d’emblée, tout ce qui pourra venir après ne
réalité. L’âge adulte est celui de l’expérience, de la connaissance, pourra être que décevant, en comparaison. Ainsi, l’extrait a une
de la désillusion aussi, peut-être. Ainsi, le narrateur adulte rejoint dimension nostalgique.
l’avis de Mariette (« Y aura jamais une autre femme pour t’aimer 7. Cette promesse provoque des sentiments de déception et de nos-
comme elle dans la vie, ça c’est sûr », l. 2-3) : « C’était sûr. Mais talgie, qui vont même jusqu’au désespoir. On peut en effet relever :
je ne la savais pas. » (l. 4). Nous pouvons d’ailleurs remarquer que › le champ lexical de la mort : « condoléances » (l. 12), « tombe »
le narrateur porte un jugement sur cet amour maternel : « Il n’est (l. 12), « poison » (l. 20) et « mourir de soif » (l. 24) ;
pas bon…  » (l.  5). C’est donc la capacité d’analyse raisonnée, › la destruction de l’espoir, l’impossibilité de se satisfaire et de
grâce au recul que permet l’expérience, qui distingue l’adulte de tisser un lien avec quiconque, la solitude, l’insatisfaction per-
l’enfant  : «  Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une manente et l’attente d’autre chose ;

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› l’incompréhension du monde («  Vous passez votre temps à › le sentiment de déception impitoyable : « une promesse qu’elle
attendre ce que vous avez déjà reçu », l. 20-21). ne tient jamais »(l. 19).
8. La violence de la situation vécue est exprimée par : 9. Le narrateur semble ne pas pouvoir échapper à cette situation.
› le lexique (« gueuler ») ; La fatalité de la situation est exprimée dans le texte par :
› les comparaisons et les métaphores : « manger froid » (l. 10) ; › le lexique de la certitude (« sûr », l. 3), de l’obligation (« on
«  gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien aban- est obligé », l. 9) ;
donné » (l. 12-13) ; « vous avez beau vous jeter de tous les › les adverbes et expressions de lieu et de temps exprimant le
côtés » (l. 16-17) ; haut degré, l’absolu («  partout  », «  jamais  », «  toujours  »,
› l’absence de nuances : « vous jeter de tous les côtés » (l. 17) ; « il « jusqu’à la fin », « tout », « chaque fois que »...) ;
n’y a plus... », « il n’y a que... » (l. 17) ; « Partout où vous allez › les répétitions (« jamais plus, jamais plus, jamais plus », l. 13)
(l. 19), « mourir de soif auprès de chaque fontaine » (l. 24-25) ; exprimant l’enfermement, l’absence d’issue possible.

IMAGE 1 : Jean Crotti, Naissance d’une aube légère, 1922.


1. Le bleu rappelle le ciel ; teinté de rose il évoque l’aube nais- ne pourraient être analysées de la même manière. En effet, les
sante. Les deux arcs jaune et orange peuvent également être couleurs chaudes semblent prendre l’avantage dans ce tableau,
l’évocation du soleil levant. Les lignes courbes, les cercles sont alors que les couleurs sombres de la nuit « se couchent ».
les formes dominantes et rappellent l’astre solaire. Au contraire, 3. L’aube est le symbole d’un jour commençant qui va appor-
les cercles foncés sont en train de disparaitre comme la lune le ter son lot de nouveautés, et que chacun espère positif. L’aube
matin, qui laisse place au soleil. constitue un retour de la lumière porteur d’espoir et qui met fin
2. Si l’on mettait le tableau à l’envers, il manquerait alors une aux craintes que tout être humain a en lui.
dimension « chronologique » au dégradé de couleurs. Les courbes

TEXTE 2 : La part du rêve


1. a) L’enfant ne connait finalement que peu de choses du passé 3. La mère a une vision très idéalisée de la France, « une sorte de
de sa mère : son lieu de naissance, le métier qu’exerçait son père, chef-d’œuvre poétique » (l. 18), qu’elle présente à son fils comme
et le fait qu’elle ait quitté sa famille très tôt, qu’elle se soit mariée étant :
et qu’elle ait divorcé à plusieurs reprises. Mais il ne s’agit finale- › le pays de la liberté et de l’égalité entre les hommes (« tous les
ment que de quelques bribes de sa vie, et il en est conscient. hommes étaient libres et égaux », l. 28-29) ;
b) Sa mère semble ne pas vouloir lui parler de sa vie passée, par › le pays où les artistes sont respectés, voire portés au pouvoir
exemple lui raconter comment elle a appris la langue française : (« les artistes étaient reçus dans les meilleures familles ; Victor
« Elle n’avait jamais voulu m’expliquer où, comment, de qui, à quel Hugo avait été Président de la République », l. 29-30) ;
moment de sa vie elle l’avait apprise » (l. 16-18). Les évocations › le pays où les rêves prennent corps et deviennent réalité (« la
qu’elle fait de son passé sont très lacunaires : « “ J’ai été à Nice terre lointaine où les plus belles histoires du monde arrivaient
et à Paris “ – c’était tout ce qu’elle avait consenti à me confier » vraiment », l. 27-28).
(l. 22-23). 4. La France parfaite, décrite par sa mère, n’existe pas. Le narra-
De plus, le narrateur n’a pas toujours confiance en ce qu’elle teur attendait d’y arriver enfant, lorsqu’il était en Pologne avec
raconte, il se demande si elle n’invente pas certains épisodes de sa mère ; mais il l’attend encore adulte, au moment de l’écriture
sa vie («  Conservatoire ou pas, elle devait cependant avoir du (« il m’arrive d’attendre », présent d’énonciation), alors qu’il vit en
talent », l. 10-11). France depuis longtemps, parce que cette France dont lui parlait sa
2. L’enfant dresse un portrait mystérieux de sa mère. Les aspects mère était un rêve, celui de sa mère, et qu’il était donc impossible
développés par le portrait sont : de l’atteindre et de s’y installer : voire lignes 10 à 15, ou encore
› le mystère (pas de patronyme, pas de description physique ligne 43  : «  ce pays merveilleux qu’elle avait apporté avec elle
précise du personnage, des doutes quant à la véracité de ce dans son baluchon » (l. 43-44).
qu’elle raconte) ; 5. a) La mère rêve pour son fils d’un destin hors du commun en
› une vie personnelle et sentimentale tumultueuse (« elle avait France (« mon avenir radieux »), d’une carrière artistique marquée
quitté sa famille à l’âge de seize ans, [...] elle avait été mariée, par la gloire (« j’allais être un grand violoniste, un grand acteur,
divorcée, remariée, divorcée encore », l. 3-4) ; un grand poète », l. 30-31).
› la gaieté («  un rire insouciant, d’une gaieté étonnante  »,
6. a) L’enfant cherche à voir ce que sa mère imagine, c’est-à-dire à
l. 6-7) ;
oublier la réalité pour parvenir à entrer dans les rêves de sa mère :
› la sensualité (« un parfum de muguet, une chevelure sombre
« Je luttais contre le sommeil et ouvrais des yeux tout grands pour
qui coule à flots sur mon visage », l. 8-9) ;
essayer d’apercevoir ce qu’elle voyait  » (l.  36-37)  ; «  je passai
› l’affection sans borne pour son fils (« elle s’agenouillait devant
d’abord mon temps à regarder autour de moi avec stupeur et à me
moi, frottait mes doigts engourdis et continuait à me parler »,
frotter les yeux » (l. 47-48).
l. 26-27) ;
b) En revanche, devenu adulte, le narrateur va avoir pour ambi-
› l’admiration illimitée pour la France («  la France que ma
tion de faire entrer les rêves de sa mère dans la réalité, afin de lui
mère évoquait dans ses descriptions lyriques et inspirées  »,
donner raison et de lui rendre justice. Il va tenter de modifier le
l. 15-16 ; « ce pays merveilleux qu’elle avait apporté dans son
monde pour qu’il ressemble à celui dont rêve sa mère (l. 48 à 51).
baluchon », l. 43-44) ;
Il y a un paradoxe, puisque le monde des rêves semble ici être le
› la capacité hors norme à se nourrir d’histoires et à toujours
monde des adultes, alors que traditionnellement il est considéré
croire en ses rêves (« le don extraordinaire de ma mère de ne
comme étant celui des enfants.
voir partout que les couleurs de son propre cœur »).

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IMAGE 2 : Paul Klee, Ville de rêve, 1921.


1. La première impression qui se dégage à la vue de ce tableau démultipliées, qui peuvent faire penser à des immeubles ou à
est le désordre, une impression d’accumulation, de flou. des usines, la maison en bas, et sur la gauche de celle-ci une
2. On ne voit pas de quoi il s’agit au premier regard. Ni les couleurs, forme qui semble surmontée de cheminées. De plus, les couleurs
ni les formes ne permettent de discerner la ville au premier abord. grisâtres peuvent évoquer la ville.
Certains élément font référence au rêve : les formes courbes et
3. Les éléments du tableau qui correspondent à la représenta-
douces, la lune, la démultiplication qui crée un flou, comme si
tion d’une ville sont les formes géométriques et anguleuses,
le regard ne pouvait se fixer, comme si rien n’était vraiment réel.

TEXTE 3 : Portrait d’un artiste en jongleur


1. L’enfant passe autant de temps à jongler parce qu’il veut « deve- 3. a) Le narrateur a découvert que « la dernière balle n’existait
nir enfin le plus grand jongleur de tous les temps » (l. 5-6) et se pas » (l. 45), c’est-à-dire que la perfection ne peut en aucun cas
construire une carrière hors du commun. De plus, il veut que sa être atteinte, que l’horizon est toujours hors de portée, que la
mère puisse être fière de lui (« Ma mère méritait cela », l. 6). Il quête de la perfection ne peut jamais être satisfaite.
veut également lui offrir de vivre dans le luxe : « je me voyais déjà b) Paganini, violoniste virtuose par excellence, est représenté ici
promis au plus brillant destin, faisant vivre ma mère dans le luxe par le narrateur comme ayant compris, après avoir tenté de repous-
grâce à mon talent », (l. 23-24). Mais son but ultime est de parve- ser les limites de son art au maximum, que la limite ultime ne peut
nir à atteindre le chef-d’œuvre, de savoir si la perfection peut être jamais être atteinte, parce qu’elle peut toujours être repoussée. L’ar-
ou non atteinte, s’il est possible d’acquérir une maitrise parfaite tiste ne peut donc jamais se satisfaire de ce qu’il a réalisé, quels que
de sa vie grâce à la volonté (l. 28-32). soient les efforts fournis. « Il savait » (l. 50) exprime ici la prise de
2. L’acharnement de l’enfant à réussir s’exprime par : conscience par Paganini du tragique auquel nul ne peut échapper.
› des phrases fondées sur des énumérations : « Je jonglais avec les 4. Selon le narrateur, il faut cacher cette vérité aux enfants car elle
oranges, avec les assiettes, avec les bouteilles, avec les balais, engendre le désespoir : tout enfant est porté par ses rêves, lui dire
avec tout ce qui me tombait sous la main. » (l. 8-10) ; « Je jon- qu’ils sont hors de portée lui briserait les ailes.
glais à l’école, dans les rues, en montant l’escalier (l. 18-19) ; 5. D’après le texte, le but de tout artiste est de parvenir à une
› des répétitions (« toujours », « j’ai essayé », « jamais ») ; maitrise totale de sa discipline, de manière à accéder au chef-
› une longue phrase qui semble se développer de la même d’œuvre. La fonction de l’art serait donc d’exprimer une forme de
manière que se développe l’agilité de l’enfant qui ne renonce « perfection possible ».
jamais : « Je tendais toute ma volonté, je faisais appel à toute
6. La figure du jongleur est emblématique de celle de l’artiste en
mon agilité, à toute ma rapidité, les balles, lancées en l’air,
général, puisque la limite peut être toujours repoussée (on peut
se succédaient avec précision, mais la septième balle à peine
toujours rajouter une balle supplémentaire), il s’agit de maitriser
lancée, tout l’édifice s’écroulait et je restais là, consterné,
le mieux possible un équilibre, une harmonie.
incapable de me résigner, incapable de renoncer. » (l. 37-40).

IMAGE 3 : Portrait d’Enrico Rastelli, 1920.


1. Le visage de Rastelli sur cette photo exprime le rayonnement, donne le sentiment que relever un défi, quel qu’il soit, est pos-
la joie. Il semble comblé par sa passion. sible. De plus, il donne l’impression de jouer, et non d’être soumis
2. Le personnage peut séduire et faire rêver un enfant car il à un travail intense et fastidieux.

TEXTE 4 : Sauver le monde


1. a) La mère a formé un nouveau projet pour son fils : celui-ci doit l. 49-51). D’ailleurs, le narrateur n’en est pas dupe, parlant d’elle
assassiner Hitler pour sauver le monde. b) On peut penser qu’elle lui comme de sa « grande actrice dramatique » (l. 47).
demande cela parce qu’elle cherche à faire coïncider son existence 4. a) Romain n’est pas très enthousiaste, mais il semble n’éprouver
(et celle de son fils) avec les histoires héroïques qu’elle a pu lire ou aucune crainte, et la demande de sa mère ne parait pas l’étonner
entendre (le fils héros qui va sauver le monde, le sens de sacrifice, outre mesure.
la mère éplorée). On retrouve également la volonté de mêler, comme b) Sa réaction est très surprenante. S’il n’a pas envie d’aller en
dans un roman historique, une histoire individuelle et intime à la Allemagne, ce n’est pas parce qu’il a peur de devoir se confron-
Grande Histoire, celle qui engage le destin collectif des peuples. ter à Hitler, mais parce qu’il fait très chaud. Il n’a pas envie de
2. La dernière réplique de la mère est surprenante, car après lui préparer ses affaires, de perdre son temps dans un voyage long et
avoir instamment demandé de partir à Berlin pour assassiner Hit- inconfortable et de passer des journées à devoir attendre Hitler. En
ler, et alors qu’il s’y est enfin résolu, elle le supplie d’y renoncer. revanche, il aurait aimé rester chez lui, à profiter de la Méditerra-
3. Comme dans l’extrait 2, la mère rêve d’un grand destin pour son née et des belles Suédoises sur la plage.
fils, elle aimerait qu’il marque l’Histoire, qu’il change le monde. En fait, il réagit plus comme s’il s’agissait d’un nouveau caprice
Pour elle, son fils est toujours un héros. de sa mère (ce qui est effectivement le cas) que comme un projet
Mais surtout, elle est fondamentalement une actrice, elle joue un héroïque qui, s’il aboutissait, pourrait changer la face du monde.
rôle, ou plutôt des rôles : elle manifeste ses sentiments de manière 5. Il réagit de cette manière car il connait sa mère et semble être
très excessive (« ces sanglots, [...] ces regards désespérés qui res- habitué à ses projets toujours plus farfelus les uns que les autres.
semblaient à des adieux », l. 4-5), prend des postures caricaturales Peut-être qu’il sait qu’au fond, sa mère n’a pas envie qu’il parte.
(« elle joignit les mains, et avant que j’eusse le temps d’esquisser Ou peut-être qu’il lui ressemble tellement qu’il ne prend pas réel-
un geste, elle était déjà à genoux, le visage ruisselant de larmes », lement la mesure de ce qu’elle lui demande.

C h a p i t r e 2 • c o r r i g é s • Romain Gary, La Promesse de l’aube 7


Le livre du professeur • Français • 3e

6. C’est le registre comique qui domine dans cet extrait, car on tels que nous sommes. Ici, le personnage est lâche, inconscient
trouve : des réalités, préoccupé seulement de lui-même. C’est aussi une
› la présentation d’un événement extraordinaire comme un évé- manière de ne pas céder au désespoir : il serait vraiment inssupor-
nement banal ; table d’être en permanence confronté avec une réalité abominable
› un décalage entre la réaction attendue du fils et sa réaction (ici, la guerre). L’humour est donc à ce moment de l’histoire une
effective (ses préoccupations mineures) ; manière d’évoquer la réalité en la détournant ;
› le fait que ni la mère ni le fils ne semblent conscients de l’am- › enfin, l’humour est aussi la manifestation d’un certain courage,
pleur de la tâche et du danger que cela représente ; celui qui consiste à se présenter sous un angle dérisoire, à jeter un
› la discussion sur la réduction des tarifs de chemin de fer alle- regard amusé sur soi-même. Se tourner soi-même en dérision, c’est
mand (pour un voyageur qui s’apprête à tuer Hitler). dévoiler à quel point nous pouvons parfois être ridicules, et faire
7. On peut expliquer la présence du registre comique à un moment ainsi preuve d’humilité.
si dramatique de l’histoire car : 8. On est ici en présence d’une parodie de récit épique, avec le
› l’humour est tourné vers soi-même, il permet de nous montrer héros qui part accomplir un exploit, sauver sa patrie.

IMAGE 4 : Romain Gary et sa mère.


1. Le fait que la mère de Romain ait agrafé cette photo dans son que rien ni personne ne peut arrêter dans sa mission pour venir
passeport montre que pour elle, elle et son fils ne font qu’un ; en aide à la veuve et l’orphelin, voire pour sauver le monde. En
son fils fait partie de son identité. revanche, et à la différence de ce qui est dit dans le texte, le
2. Les ressemblances entre cette image et l’extrait résident dans statut de super héros dans ce dessin est pleinement assuré et ne
le fait qu’il s’agit de la vision d’un super héros, un personnage laisse pas de place à la simple humanité. Rien ne vient rappeler
dans cette image le héros à la réalité triviale.

TEXTE 5 : Promesse tenue


1. La force de survivre du narrateur provient de la volonté de revoir 4. a) Le narrateur découvre que sa mère est morte trois ans et demi
sa mère, et de lui offrir tout ce qui comptait pour elle : que son fils plus tôt, sans qu’il le sache. b) Il ne le découvre qu’à ce moment-là,
revienne en héros « après avoir démontré l’honorabilité du monde, car elle avait fait en sorte de le lui cacher, en lui faisant envoyer
après avoir donné une forme et un sens au destin d’un être aimé ». des lettres d’elle, écrites à la fin de sa vie, par l’intermédiaire de
(l. 17-19). « Il me fallait tenir ma promesse, revenir à la maison son amie en Suisse.
couvert de gloire après cent combats victorieux, écrire Guerre et 5. On pourrait attendre une large déception, mais elle est atténuée
Paix, devenir ambassadeur de France, bref, permettre au talent de par la découverte des lettres en forme de dernier clin d’œil de sa
ma mère de se manifester. » (l. 2-4) mère dans l’au-delà. Cependant le narrateur est marqué par cet
2. a) Le narrateur fait de lui-même le portrait de quelqu’un qui a événement comme en témoigne le texte (l. 26 à 30).
réussi, qui revient couvert de gloire, et qui est « ivre d’espoir, de 6. L’écriture donne une certaine permanence à l’individu et à ses
jeunesse » (l. 16). Il se montre euphorique car il sait que ce retour buts. Ainsi, la dernière phrase du texte compare l’écriture de la
à la maison est marqué par tout ce que souhaitait sa mère. Il a mère et la fonction nourricière du cordon ombilical pendant la
accompli le destin qu’elle souhaitait pour lui et il attend de lire sa grossesse. L’écriture est donc considérée comme un don de la mère
fierté dans ses yeux. b) Il s’attache à décrire les différents éléments à son fils. Elle lui donne du courage et de la force (l. 41-42). Ainsi
de sa réussite, tant militaire, que littéraire et professionnelle (il va sa mère, par-delà la mort, est toujours présente et assume toujours
entamer une carrière diplomatique). son rôle maternel.
3. À ce moment-là, les sentiments qui l’animent sont la joie, la 7. Peu à peu, l’auteur a construit une représentation de sa mère et
fierté (il revient avec toutes les preuves de sa réussite : ses déco- de lui-même, de ce couple fusionnel prometteur, qui lui a permis
rations de guerre, son roman, la lettre qui lui ouvre les portes de d’être ce qu’il est devenu, même au prix de certaines errances.
la carrière diplomatique), mais aussi l’impatience de revoir sa mère La promesse n’est donc pas restée lettre morte. La promesse d’un
(« J’avais fait prévenir ma mère de mon retour par dix messages amour absolu a été tenue comme le révèle le sacrifice final de la
différents », l. 7). mère pour son fils.

HISTOIRE DES ARTS

Valse avec Bachir, une « quête de souvenirs traumatiques »


1. La teinte jaune orangé fait penser à la couleur sépia que l’on regarde la «  caméra  », semble inquiet. Entre la première et la
trouve sur les vieilles photographies (et dans les filtres des applica- troisième image, le contexte a fait irruption, celui d’une guerre.
tions photo de nos smartphones, pour donner un effet « vintage »). 3. Le film a permis au réalisateur Ari Folman de retrouver son
Dans le film de Folman la couleur sépia est employée pour le temps « histoire personnelle » (l. 1), ses « souvenirs traumatiques » (l. 5)
du passé oublié. manquants. La mémoire des événements revient progressivement
2. a) Dans la première image, le personnage est dans l’eau, il lorsqu’il interroge différents amis qui ont combattu à ses côtés. Des
semble rêveur ou pensif. Le gros plan donne l’impression que le entretiens avec des psychologues l’aident à comprendre pourquoi il
monde autour n’existe pas. b) La troisième image présente le même a occulté ces événements. Le travail accompli pour le film (le fait
personnage debout, dans l’eau. En arrière-plan, on peut voir deux de faire émerger de sa mémoire ces souvenirs traumatiques) a agi
autres personnages, dont un qui porte une mitraillette. Des bombes comme une thérapie pour Folman. Le film a une valeur cathartique.
incendiaires explosent dans le ciel. Le personnage principal, qui

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Le livre du professeur • Français • 3e

4. L’isolement d’Ari est traduit par sa marche à contre-courant de la film intègre un certain nombre d’images d’archives – la dimension
foule. Dans la première image, le second plan représente la foule ; autobiographique du récit, et enfin la forme choisie (le film d’ani-
Ari est vu de dos. La seconde image est un contre-champ. Ari est mation, ou au sens propre : « dessin animé »).
vu de face. On distingue la foule marchant dans l’autre sens. Il s’agit donc pour Folman de raconter un épisode de sa vie person-
5. a) Face au défilé des veuves, Ari est isolé, abattu. b) Il fait par- nelle, mais en reprenant les codes du documentaire (pensons par
tie de l’armée israélienne, dont la responsabilité est mise en cause exemple aux passages où il interroge des amis, qui ont eux aussi
dans le massacre de Sabra et Chatila car Israël est accusé de ne vécu cette période, pour retrouver la vérité). La narration alterne
pas avoir protégé les camps de réfugiés. Il ressent de la culpabilité d’ailleurs entre le présent (temps du documentaire) et le passé
face à ces femmes en deuil. (temps de l’autobiographie), entre le moment de la réalisation du
film et celui des souvenirs qu’il fait émerger.
6. a) L’image du défilé des survivants palestiniens fait écho à la
La démarche pourrait se rapprocher de celle adoptée pour des
célèbre photographie de l’insurrection du ghetto de Varsovie. En
Mémoires : relater un épisode de sa vie personnelle en lien avec
effet, l’enfant au premier plan, les bras levés, et la foule derrière
l’Histoire ; permettre de mieux connaitre l’Histoire en racontant ce
lui sont présents dans les deux images. b) Cet écho est peut-être
que l’on a vécu. Néanmoins, elle est ici plus complexe, puisqu’il
fait pour rapprocher les deux événements d’un point de vue moral.
s’agit en même temps de retrouver des souvenirs disparus : Folman
Ainsi le réalisateur Folman a vécu la guerre au Liban comme un
a vécu cet épisode sinistre de l’Histoire, mais ses souvenirs ont
traumatisme en raison du sort injuste réservé aux populations. Ce
été effacés.
qui s’est passé à Sabra et Chatila est du même ordre que ce qui a
Enfin, la forme choisie est intéressante : le documentaire aussi bien
eu lieu dans le ghetto de Varsovie.
que l’autobiographie sont du côté de la vérité. Le film d’animation
7. L’expression «  documentaire d’animation autobiographique  » est au contraire traditionnellement lié à la fiction. Folman raconte
souligne la véracité des faits relatés (documentaire) – d’ailleurs le une histoire vraie avec les moyens de la fiction.

Complément pour le professeur :


Contexte historique
Après la création de l’État d’Israël en 1947, le sud du Liban devient très vite un lieu où se réfugient les Palestiniens.
En 1975, la guerre au Liban éclate ; elle dure près de 20 ans. La ville de Beyrouth se divise en deux parties : celle des communautés
chrétiennes et celle des communautés musulmanes.
Dès 1978, Israël lance une attaque au Liban, par peur d’une organisation palestinienne soutenue par la Syrie.
En 1982, Ari Folman a 20 ans, il fait son service militaire. C’est le moment où, suite à un attentat contre l’ambassadeur d’Israël à Londres,
les Israéliens entrent dans la capitale libanaise. Beyrouth est assiégée.
Documentaire d’animation autobiographique
Ari Folman emploie cette expression : « documentaire d’animation autobiographique », car pour lui Valse avec Bachir est un documentaire.
Les dernières images du film, comme de la bande dessinée sont d’ailleurs des images d’archives.
L’histoire est bien celle d’Ari Folman qui a inconsciemment refoulé les événements qu’il a vécu à Beyrouth en 1982. En 2006, après sa
rencontre avec Boaz, il fait un travail d’introspection pour retrouver sa mémoire.
« Cette histoire est mon histoire personnelle » déclare Ari Folman. « Le film retrace ce qui s’est passé en moi à partir du jour où j’ai réalisé
que certaines parties de ma vie étaient complètement effacées de ma mémoire. Les quatre années pendant lesquelles j’ai travaillé sur Valse
avec Bachir ont provoqué en moi un violent bouleversement psychologique. »
« Pour moi c’était la seule façon de raconter cette histoire qui serait forcément surréaliste, puisque toutes les guerres sont surréalistes
et absurdes. C’est une histoire de mémoire et de souvenirs enfouis, d’hallucinations, de rêves… Pour moi, il n’y avait pas mieux que le
cinéma d’animation. »
Pour aller plus loin
Marjane Satrapi réalise une autobiographie et une histoire de l’Iran contemporain avec Persepolis (bande dessinée puis film) publiée entre
2000 et 2003.
Zeina Abirached publie en 2007 Mourir Partir Revenir - Le Jeu des hirondelles. Elle découvre l’histoire de sa famille libanaise en 2006 en
regardant en reportage sur Beyrouth en 1984.

LEXIQUE

Exercice 1 : 1. a) se lève b) se lever de bonne heure c) être à son souvenirs, par exemple parce que l’on peut vouloir inconsciem-
commencement / son début d) un chant d’amour que l’on adresse ment oublier certains faits, certains événements, ou que notre
à une femme au lever du jour (généralement dans la rue, sous imagination, notre volonté, déforment ce que l’on a en mémoire,
les fenêtres de la femme aimée). Remarque : Si ce chant d’amour ou encore parce que le temps fait son œuvre et que nos souvenirs
a lieu le soir, on parle alors de sérénade (de l’italien serenata, s’estompent peu à peu.
« soir serein ») e) une robe blanche f) les fleurs sont blanches g) 2. a) La mémoire
une carence de pigmentation de la peau (qui est alors totalement › éléphant / poisson rouge
blanche) h) la partie blanche de l’œuf › de tête ou par cœur
2. a) « Aube » désigne une planche constitutive d’une roue entrai- › mémorable
née par l’eau. Le mot vient de alve qui désigne en latin une plan- › mémoriser
chette reliant les arçons d’une selle. b) homonymes › mémorial
Exercice 2 : serment, vœu, engagement, contrat, parole donnée › courte
› rafraichir
Exercice 3  : 1. Il n’est pas toujours facile de se remémorer ses
› morte / vive

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Le livre du professeur • Français • 3e

b) Un mémoire 4. La mémoire contient notre vie avec ce qu’elle a de moments


› Un mémoire est un document écrit sur un sujet déterminé et agréables et douloureux. Partir en quête de ces souvenirs peut nous
destiné à être présenté à un jury, à un public. apporter la joie mais également la souffrance. Le souvenir peut être
› En revanche, au pluriel, il s’agit de la narration écrite d’événe- un baume apaisant comme un poison lancinant.
ments historiques qui se sont passés durant la vie d’un homme, et Exercice 4 : 1. a) maternel b) maternité c) matriarcat d) materner
auxquels il s’est trouvé associé, soit comme acteur, soit comme e) maternellement
témoin.
2. a) Ces courageux soldats ont sacrifié leur vie à la défense de la
› Titres d’œuvres  : Mémoires d’outre-tombe (Chateaubriand),
mère-patrie. b) La reine-mère commence à être très âgée. c) Ma
Mémoires de Guerre (Charles de Gaulle), Mémoires (Cardinal de
grand-mère s’est toujours beaucoup occupée de ses petits-enfants.
Retz), Les Mémoires d’un fou (Flaubert), Les Mémoires intérieurs
d) La maison-mère de cette entreprise se trouve à Genève, mais
(François Mauriac).
moi je travaille dans une succursale à Montréal.
3. a) commémoration : manifestation en souvenir de. Les commé-
3. a) Il faut réfléchir aux conséquences de ses actes, si l’on ne veut
morations de la bataille de Verdun sont toujours très touchantes.
pas prendre de risques inutiles et graves. b) La cause profonde des
b) amnésie : perte de la mémoire. Il a totalement perdu la mémoire,
crimes est souvent le manque d’éducation, de savoir, de raisonne-
cette amnésie m’inquiète beaucoup.
ment. c) Celui qui est oisif, qui ne travaille pas, qui ne fait rien,
c) mémorandum : liste établie pour mémoriser un ensemble d’élé-
peut être exposé à toutes sortes de tentations et a le risque d’y
ments. Il note tout ce qu’il a à faire, c’est le roi du mémorandum
céder.
et du mémento.
d) mnémotechnique : technique de mémorisation par association Exercice 5 : a) accourir : préfixe ac- (< ad- : vers) + courir
d’un élément à d’autres. J’ai du mal à me souvenir de certaines b) désespéré : préfixe dés- (dé- : contraire de) + espéré (= qui n’a
notions, alors je recours à des moyens mnémotechniques. pas / plus d’espoir)
e) mémento  : pense-bête, petite note. Je vais le noter sur un c) immodéré : préfixe im- (négation) + modéré
mémento pour ne pas l’oublier. d) prévenir : préfixe pré- (avant) = « dire avant de venir »
f) réminiscence  : souvenir. Pour écrire une autobiographie, un e) correspondance : préfixe cor- (con- : ensemble, avec) ; suffixe
auteur doit se plonger dans les réminiscences de son enfance. -ance = « le fait de se répondre l’un l’autre

LANGUE

Exercice 1 : › qu’il faille : le verbe est employé dans une propo- › les verbes sont au temps du récit (au passé) ; ils sont à
sition subordonnée dont le verbe de la principale exprime une l’imparfait (« c’était », « devais », « avait », « fusse »,
opinion employée à la forme négative. « connaissait », « était », « allaient »).
› qu’elles aient : le verbe est employé dans une proposition subor- Exercice 4 : Debout dans la jeep, ce fut seulement sur les pontons
donnée dont le verbe de la principale est à la forme impersonnelle. [du Var] (GP, CdN « pontons ») que je cessai de voir les mains et
Exercice 2 : Je savais [qu’elle était fille d’un horloger juif de la les visages, que je ne cherchai plus à reconnaître les mille coins
steppe russe] (prop. sub. conjonctive complétive) ; [qu’elle avait [familiers] (adj ; épithète de « coins »), que je ne répondis plus
été très belle] (prop. sub. conjonctive complétive), [qu’elle avait aux signes [joyeux] (dj ; épithète de « signes ») [des femmes et
quitté sa famille à l’âge de seize ans] (prop. sub. conjonctive des enfants] (GP, CdN « signes »), et que je demeurai là, debout,
complétive) ; et tout le reste, pour moi, était une joue contre la accroché au pare-brise, tendu tout entier vers la ville [qui appro-
mienne, une voix mélodieuse, [qui murmurait] (prop. sub. relative) chait] (prop. sub. relative, épithète de « ville »), vers le quartier, la
- un rire insouciant, d’une gaieté étonnante, [que je cherche en maison, la silhouette [aux bras ouverts] (GP, CdN « silhouette »)
vain, depuis, autour de moi] (prop. sub. relative) ; un parfum de [qui devait m’attendre déjà sous le drapeau [victorieux] (adj  ;
muguet, une chevelure sombre [qui coule à flots sur mon visage] épithète de «  drapeau  »)] (prop. sub. relative, épithète de «  sil-
(prop. sub. relative) et des histoires étranges d’un pays [qui, un houette »).
jour, allait être le mien] (prop. sub. relative). Exercice 5  : Dans les couloirs de l’école, sous le regard de nos
Exercice 3  : Les paroles sont rapportées au style indirect libre, camarades éblouis, nous jonglions à présent avec cinq ou six
car : oranges et, quelque part, au fond de nous, vivait la folle ambi-
› l’auteur n’emploie pas la ponctuation spécifique du dialogue (il tion de parvenir à la septième et peut-être à la huitième, comme
n’y a ni guillemets, ni tirets) ; le grand Rastelli, et même, qui sait, à la neuvième, pour devenir
› les pronoms sont à la troisième personne (« elle ») ; enfin les plus grands jongleurs de tous les temps. Nos mères méri-
› il n’y a pas de verbes de parole pour introduire le discours et taient (ou : Notre mère méritait) cela et nous passions tous nos
le relier au récit ; loisirs à nous entraîner.

EXPRESSION ÉCRITE

Exercice 1 : Objectifs : Conseils de préparation / réalisation :


› s avoir distinguer arguments et exemples ; ›q  u’est-ce qu’un argument ? qu’est-ce qu’un exemple ? Sur une
› s avoir insérer des exemples sous forme de citations dans feuille de brouillon, noter la définition de ces deux termes ;
son propre texte ; › a u brouillon, faire la liste des arguments et des exemples
› s avoir articuler une argumentation en utilisant des connec- dans deux colonnes distinctes ;
teurs logiques. › a u brouillon, répertorier les différents connecteurs
logiques à disposition en indiquant le type de relation
qu’ils expriment (cause, conséquence, addition…).

C h a p i t r e 2 • c o r r i g é s • Romain Gary, La Promesse de l’aube 10


Le livre du professeur • Français • 3e

Exercice 2 : Objectifs : Exercice 4 : Objectifs :


› e nrichir sa culture générale ; › s avoir raconter un souvenir personnel ;
› s avoir faire le lien entre ce que l’on sait et ce que l’on découvre, › s avoir exprimer des émotions ;
pour mieux comprendre. › ê tre capable de tirer une leçon d’une expérience vécue et en
Conseils de préparation / réalisation : rendre compte.
› a près avoir cherché ce qu’est le supplice de Tantale, se deman- Conseils de préparation / réalisation :
der quel sens a cette histoire, ce qu’elle signifie de manière › f aire la liste des émotions et des mots qui les expriment.
universelle. Exercice 5 : Objectifs :
Exercice 3 : Objectifs : › t ransposer un texte d’un genre à un autre ;
›m  obiliser des connaissances culturelles pour argumenter ; › ê tre fidèle à l’esprit du texte tout en le modifiant.
› é crire « à la manière de ». Conseils de préparation / réalisation :
Conseils de préparation / réalisation : › r appeler quels sont les codes en vigueur dans le texte
› c hercher les raisons profondes qui créent l’attirance vers un théâtral.
pays donné ;
›b  ien relire le texte de Gary pour comprendre sur quoi se fonde
l’enthousiasme de la mère.

EXPRESSION ORALE

Exercice 1 : Objectifs : exposé ;


› c omprendre et commenter le sens d’un texte par le biais de ›p
 résenter de manière claire et intéressante le résultat des
l’analyse d’une figure de style. recherches à la classe.
Conseils de préparation / réalisation : Conseils de préparation / réalisation :
› r elire très attentivement le texte de Romain Gary et noter au › I l y a eu de nombreuses tentatives d’assassinats  : ne pas
brouillon en deux colonnes distinctes tout ce qui pourrait toutes les énumérer, car cela serait long, fastidieux, et difficile
renvoyer au « malheur » et tout ce qui pourrait renvoyer au à retenir pour les élèves : mieux vaut regrouper les tentatives
« diamant » ; les moins importantes et insister sur les tentatives les plus
› a u brouillon, établir des liens logiques entre les deux colonnes. célèbres ;
Exercice 2 : Objectifs : ›V  oici quelques liens qui peuvent être utiles :
› ê tre capable d’argumenter sur un sujet que l’on n’a pas choisi ; • sur l’ensemble des tentatives (attention, certaines images
›u  tiliser des phrases nominales pour exprimer efficacement un peuvent heurter la sensibilité) ;
élément essentiel. • sur quelques tentatives célèbres ;
Conseils de préparation / réalisation : • sur l’opération Walkyrie (l’une des tentatives les plus
› r appeler ce qu’est une phrase nominale ; célèbres) : ici et ici.
› f aire la liste de ce qui peut être fascinant dans un paysage. Exercice 6 : Objectifs :
Exercice 3 : Objectifs : › f aire des recherches sur un sujet donné et comparer avec un
› ê tre capable de débattre, et donc d’argumenter ; extrait littéraire pour démêler le vrai du faux ;
› c omprendre une maxime et savoir en discuter. ›o  rganiser le résultat des recherches ;
Conseils de préparation / réalisation : ›p  rendre du recul et commenter le résultat de ses recherches ;
›b  ien relire le texte et noter au brouillon quelle est la vérité ›p  résenter de manière claire et intéressante un exposé à la
dont parle le narrateur et en quoi elle est triste ; classe.
› a u brouillon, dans 3 colonnes distinctes : 1/ faire une liste des Conseils de préparation / réalisation :
vérités que les enfants ne devraient pas connaitre, 2/ indiquer ›o  n ne trouvera pas grand chose d’utile sur internet : on peut
en regard pourquoi ils ne devraient pas les connaitre, 3/ indi- plutôt consulter des biographies imprimées au CDI et à la
quer pourquoi peut-être ils devraient les connaitre. bibliothèque municipale de la ville. Inutile, pour cet exposé,
de lire l’intégralité de ces biographies ! il faut se demander à
Exercice 4 : Objectifs :
quelle partie de la vie de Romain Gary correspond l’extrait page
›m  émoriser un texte ;
60 et lire dans les biographies les pages qui correspondent ;
› jouer une scène devant un public.
›O  n peut consulter les bases de données du CDI du collège et
Conseils de préparation / réalisation :
des bibliothèques municipales pour voir quelles biographies
› s e souvenir que la mère est exubérante, et le fils prêt à tout
sont disponibles ;
pour qu’elle l’admire ;
› s i l’exposé est fait à plusieurs, il faut veiller à ce que les élèves
› la scène doit faire rire les spectateurs : réfléchir aux gestes,
se répartissent le travail : chacun est responsable d’une biogra-
aux mimiques des personnages.
phie, remplit son propre tableau à partir des informations qu’il
Exercice 5 : Objectifs : trouve ; puis ils se réunissent et comparent le résultat de leurs
› f aire des recherches sur un sujet donné ; recherches. Ils peuvent aussi utiliser une plateforme collabo-
›o  rganiser le résultat de ses recherches ; rative pour mettre en commun le résultat de leurs recherches.
› t rouver des documents iconographiques pour illustrer son

C h a p i t r e 2 • c o r r i g é s • Romain Gary, La Promesse de l’aube 11


Le livre du professeur • Français • 3e

SUJETS DE BREVET

SUJET BREVET 3 : L’appel du 18 juin


Questions
1. Ce texte appartient au genre littéraire de l’autobiographie. En 6. La figure maternelle qui se dégage de ce texte est celle d’une
effet, l’auteur, le narrateur et le personnage sont une même per- femme faite d’excès et de passions, qui ne s’avoue jamais vaincue,
sonne, et le texte raconte des souvenirs d’enfance ou de jeunesse qui n’abandonne jamais et à laquelle rien ne semble impossible.
(ici, la réaction de la mère de l’auteur-narrateur-personnage à la On peut à cet égard relever une hyperbole : « elle ne me laissait
suite du refus de l’Afrique du Nord en juin 1940 de se ranger der- pas une minute tranquille » (l. 1) et une accumulation de verbes :
rière De Gaulle). « je la suppliais de se dominer, de me laisser souffler, de patienter,
2. a) Romain Gary attribue ici un rôle historique à sa mère : celui de me faire confiance » (l. 9-10).
d’avoir précédé Charles de Gaulle de deux jours par son propre 7. a) Le mot « patriotard » est un adjectif qualificatif. b) Il est
appel à la résistance et au refus de la défaite. En effet, le 18 juin formé du radical «  patriote  » et du suffixe à nuance péjorative
1940, Charles de Gaulle lance un appel aux Français à résister à « -ard ». c) Il signifie que le répertoire dont il s’agit ici est connoté
l’occupant nazi et à ne pas accepter la défaite. Or, dans le texte, d’accents patriotes mais dans un sens dégradé, sans noblesse. Il
Romain Gary affirme, parlant de sa mère : « L’appel du général de s’agit en effet de simples « clichés » (l. 25).
Gaulle à la continuation de la lutte date du 18 juin 1940. Sans 8. Ce texte permet de savoir comment Romain Gary a vécu la
vouloir compliquer la tâche des historiens, je tiens cependant à défaite mais seulement par le biais du lien qui le relie à sa mère. En
préciser que l’appel de ma mère à la poursuite du combat se situe effet, il ne parle ici que de la réaction de sa mère et de la manière
le 15 ou 16 juin – au moins deux jours auparavant. » (l. 13 à 17) dont elle lui a fait vivre cet événement. À aucun moment dans ce
b) C’est comique, car cela revient à mettre sur le même plan l’ap- texte Romain Gary ne s’exprime en son nom au sujet de l’annonce
pel à la résistance d’un général qui deviendra un grand homme de de la fin des combats.
l’histoire de France, et la réaction de colère et d’indignation d’une
9. On peut trouver deux explications au besoin que ressent le nar-
simple personne qui, elle, n’occupe aucun poste de responsabilité.
rateur d’errer dans la médina.
3. Cette phrase signifie que rien ne peut séparer la mère de son D’une part, il cherche à s’étourdir dans une atmosphère différente
fils. Même à des milliers de kilomètres de distance, même au sein de celle qui l’obsède à chaque instant, dans l’univers de la médina
des situations les plus difficiles, la mère et son fils restent toujours qui le « dépaysait complètement, avec ses couleurs, ses odeurs ».
unis en pensée à chaque instant. C’est d’ailleurs ce que l’image retranscrit très fidèlement : couleurs
4. a) « Harcelant » et « sommant » sont des participes présents. b) chatoyantes et flânerie tranquille des passants semblent à mille
Cet emploi entretient l’illusion que la mère de Gary est à ses côtés lieues de la réalité de la guerre et de l’Occupation allemande.
car la répétition en écho de ces deux participes présents vient D’autre part, il lui est nécessaire de mettre à distance la présence
insister sur ces actions présentes. permanente et envahissante de sa mère qui le somme sans cesse
5. a) « Elle s’enflammait dans chaque globule de mon sang » est une de lui obéir, « d’oublier ne fût-ce qu’un instant, sous cette vague
métaphore. On peut également y voir une hyperbole. b) Le sentiment soudaine d’exotisme [...], la voix de [son] sang qui ne cessait de
ici décrit est la colère. c) Ce sentiment chez la mère de Romain Gary [l]’appeler au combat » (l. 22-24).
se retrouve dans les verbes « s’indignait, tempêtait, protestait » (l. 2).

Dictée
Cette dictée vérifie notamment la maitrise de l’orthographe des terminaisons en [é] et [è].

Réécriture
Mes sœurs étaient outrées. Elles ne me laissaient pas une minute tranquille. [...] Je n’arrivais pas à les calmer. Elles s’enflammaient dans
chaque globule de mon sang, s’indignaient [...] et me tenaient éveillé la nuit, me harcelant, me sommant de faire quelque chose. Je
détournais les yeux de leurs visages.

Exercice de réflexion
Le sujet demande explicitement que la réponse soit nuancée et donne voix aux deux points de vue. Cela n’empêche pas l’élève de prendre
clairement parti, après avoir considéré les deux positions.
Les arguments avancés devront être illustrés par des exemples précis.
Enfin, le sujet précise que la réflexion ne fera pas nécessairement référence au contexte d’une guerre.

Exercice d’invention
Comme indiqué dans le sujet, le texte sera composé d’un court passage narratif, qui aura pour fonction d’introduire le dialogue.
On attendra bien sûr que les règles de présentation du dialogue soient respectées : au moins un tiret à chaque nouvelle réplique, l’absence
de majuscule aux verbes de paroles qui suivent les répliques, une ponctuation correcte.
Le dialogue aura une dimension argumentative, ce qui implique l’emploi de quelques arguments, exemples et connecteurs logiques.
Les sentiments des personnages seront exprimés avec nuance, à l’aide du vocabulaire approprié. Ils pourront être traduits dans les
répliques mais également à l’aide des verbes de paroles.
Enfin, la cohérence avec les caractères des personnages et le contexte historique devra être respectée.

C h a p i t r e 2 • c o r r i g é s • Romain Gary, La Promesse de l’aube 12


Le livre du professeur • Français • 3e

SUJETS DE BREVET

SUJET BREVET 4 : J’aurais voulu être...


Questions
1. L’auteur, le narrateur et le personnage principal sont une seule 6. a) Le mot « malheureusement est composé d’un préfixe : « mal »
et même personne. Le texte est écrit à la première personne du (qui transforme le radical en son contraire, c’est un préfixe néga-
singulier. Il s’agit d’une autobiographie. tif), d’un radical : « heureuse » et d’un suffixe adverbial « - ment ».
2. a) Le pronom « nous » désigne le jeune Romain (l’auteur) et sa b) Il appartient à la classe grammaticale des adverbes (c’est un
mère. b) L’emploi de ce pronom crée ici l’effet que ces deux per- adverbe de manière). c) On peut relever plusieurs adverbes de
sonnes sont inséparables, que l’enjeu dont il s’agit est leur avenir manière formés avec le suffixe «  -ment  »  : «  successivement  »
à tous deux. On ne peut dissocier la mère et son fils. (l. 1), « simplement » (l. 16), « sérieusement » (l. 20), « sûre-
ment » (l. 24).
3. a) Il est essentiel pour l’enfant de se trouver un pseudonyme car
pour lui c’est un préalable incontournable à une grande carrière : 7. La remarque de la mère renvoie directement à l’époque de la
« Il ne nous restait plus maintenant, pour donner à nos rêves un Révolution française, période pendant laquelle les nobles (que l’on
début de réalisation, qu’à nous trouver un pseudonyme digne des reconnait à la particule de leur nom) étaient poursuivis et mis à
chefs-d’œuvre que le monde attendait de nous. » (l. 2-3) b) Dans mort, guillotinés.
cette quête, la mère joue un rôle essentiel, car à travers ce nom, 8. a) Le verbe « paver » est ici conjugué au présent de l’indicatif
elle imagine déjà le destin de son fils. Pour le jeune Romain, il (voix passive). b) Ici, la valeur de ce temps est le présent de vérité
s’agit par conséquent de trouver un pseudonyme qui fasse l’admi- générale. c) L’auteur veut ainsi dire que souvent, et malgré nos
ration de sa mère. efforts, nous ne parvenons pas à saisir les occasions qui se pré-
4. a) C’est une métaphore. b) Les personnages dont les noms sont sentent. Ainsi, le jeune Romain n’a jamais imaginé un nom tel que
« déjà pris » sont les plus grands auteurs de la littérature univer- « Charles de Gaule », qui pourtant aurait été une idée fabuleuse
selle, comme « Gœthe », « Shakespeare », ou « Victor Hugo ». c) de pseudonyme.
Le jeune Romain rêve donc de devenir l’un d’entre eux, l’un des 9. a) Pour montrer que le narrateur exagère, on peut relever les
plus grands auteurs de tous les temps. expressions  : «  un pseudonyme digne des chefs-d’œuvre que le
5. a) Un pseudonyme comme « Charles de Gaulle » aurait beaucoup monde attendait de nous » (l. 3) et « de noms mirobolants » (l. 4).
plu à sa mère car c’est un nom dont les connotations sont très b) La tonalité de ce passage est ironique. c) Romain Gary porte
nobles : Charles est un prénom d’empereurs (Charlemagne, Charles un regard amusé sur l’enfant qu’il a été, un enfant naïf, persuadé
Quint…), de rois et de grands auteurs (Charles Perrault, Charles qu’avec un beau pseudonyme, s’ensuivra nécessairement la créa-
Baudelaire, Charles Péguy…), et c’est un nom aristocratique, qui tion d’une œuvre littéraire hors du commun.
renvoie donc à l’univers chevaleresque. b) Avec un seul « l », il 10. Romain Gary aurait bien entendu aimé figurer dans ce tableau,
aurait en plus été en lien direct avec le pays dont la mère a tou- puisqu’il se serait ainsi inscrit au sein du milieu artistique fameux
jours rêvé : la France. de la fin du XIXe siècle.

Dictée
Cette dictée porte notamment sur les accords : sujet éloigné du verbe (« l’homme que je suis [...] se souvient »), accord du participe
passé (« Ma mère m’avait raconté »), accord du participe passé des verbes pronominaux (« Nous nous sommes tout dit » ; « nous nous
étions fait trop de promesses »).

Réécriture
Cela continuerait ainsi pendant des pages et des pages. Après chaque chapelet de noms, nous nous regarderions, et nous hocherions tous
les deux la tête. [...] Au fond, nous aurions fort bien, l’un et l’autre, les noms qu’il nous faudrait [...].

Exercice de réflexion
Pour guider les élèves dans cette réflexion, l’enseignant peut par exemple suggérer de s’inscrire dans une perspective historique. Est-ce
plus simple aujourd’hui qu’avant ? Pourquoi ? Certaines situations historiques rendent-elles l’avenir plus incertain ?

Exercice d’invention
La structure du texte est imposée : un passage de dialogue sera suivi d’un passage de réflexion à la première personne.
L’une des difficultés du sujet consiste à bien distinguer les deux « je » : celui de l’enfant, naïf, confiant, et celui de l’adolescent qui
considère ce rêve avec humour et distance (mais pas forcément avec méprise).

C h a p i t r e 2 • c o r r i g é s • Romain Gary, La Promesse de l’aube 13

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