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Charles Darwin
Biographie
12 février 1809
Naissance
The Mount (en)
Christ's College
Shrewsbury School
Formation
University of Edinburgh Medical School
Université d'Édimbourg
Naturaliste, géologue, explorateur, écrivain
Activités
voyageur, éthologue, entomologiste
George Darwin
Leonard Darwin
Horace Darwin
Henrietta Darwin (en)
Francis Darwin
Ursula Mommens (en) (arrière-petite-fille)
Bernard Darwin (en) (petit-fils)
Robin Darwin (en) (arrière-petit-fils)
Autres informations
A travaillé pour Royal Geographical Society
Domaines Biologie, géologie
Religions Anglicanisme, agnosticisme
Œuvres réputées
De l'origine des espèces, Le Voyage du Beagle, La Filiation de l'homme et la sélection liée au
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Sommaire
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1Biographie
o 1.1Enfance et études
o 1.2Voyage du Beagle
o 1.3Début de la théorie de l'évolution de Darwin
o 1.4Surmenage, maladie et mariage
o 1.5Préparation de la publication de la théorie de la sélection naturelle
o 1.6Publication de la théorie de la sélection naturelle
o 1.7Réactions à sa publication
o 1.8Descent of Man et dernières années
2Enfants de Darwin
3Conceptions religieuses de Charles Darwin
4Darwinisme
o 4.1Théorie de la sélection naturelle : histoire de l'expression
4.1.1Postulats de la théorie de l'Évolution
4.1.2Critiques du darwinisme
o 4.2Théorie synthétique de l'évolution
5Continuateurs de Darwin
o 5.1Trois versions du darwinisme
o 5.2Héritage de Darwin au XXe siècle
6Interprétations politiques
o 6.1Eugénisme
o 6.2Darwinisme social
7Commémorations
8Influence de Darwin et de sa théorie dans la société
9Représentations dans la fiction
10Annexes
o 10.1Chronologie
o 10.2Œuvres de Charles Darwin
10.2.1Œuvres principales
10.2.2Œuvres posthumes
11Bibliographie
12Notes et références
o 12.1Sources principales
12.1.1Autres sources utilisées
13Voir aussi
o 13.1Ouvrage pour la jeunesse
o 13.2Documentaires sur Charles Darwin et son œuvre
o 13.3Articles connexes
o 13.4Liens externes
Biographie[modifier | modifier le code]
Enfance et études[modifier | modifier le code]
Charles Darwin est né dans la maison familiale, dite « maison Mount »6. Il est le cinquième
d’une fratrie de six enfants d’un médecin et financier prospère, Robert Darwin (1766-1848) et
de Susannah Darwin (née Wedgwood) (1765-1817). Il est le petit-fils du célèbre naturaliste et
poète Erasmus Darwin (1731-1802)B 1 du côté paternel et de Josiah Wedgwood (1730-1795), du
côté de sa mère. Chacune des deux familles est de confession unitarienne, bien que les
Wedgwood aient adopté l’anglicanisme. Robert Darwin, plutôt libre-penseur, accepte que son fils
Charles soit baptisé à l’église anglicane. Néanmoins, les enfants Darwin fréquentent avec leur
mère la chapelle unitarienne. Le prêcheur de celle-ci devient le maître d’école de Charles en
1817. En juillet de la même année, Susannah Darwin décède alors que Charles n'a que huit ans.
En septembre 1818, il entre au pensionnat de l’école anglicane voisine, l'école de ShrewsburyA 2.
Aimant peu les matières théoriques scolaires, il préfère galoper à cheval dans la campagne avec
son chien, chasser, herboriser, collecter des animaux et des pierres7.
Darwin passe l’été de 1825 comme apprenti médecin auprès de son père qui soigne les pauvres
du Shropshire. À l’automne de la même année, il part en Écosse, à l’université d'Édimbourg pour
y étudier la médecine, mais il est révolté par la brutalité de la chirurgie et néglige ses études
médicales. Il apprend la taxidermie auprès de John Edmonstone, un esclave noir libéré, qui lui
raconte des histoires fascinantes sur les forêts tropicales humides d’Amérique du Sud. Plus tard,
dans La Filiation de l'homme et la sélection liée au sexe, il se sert de cette expérience pour
souligner que, malgré de superficielles différences d’apparence, « les Nègres et les Européens »
sont très prochesK 1.
Durant sa seconde année, Charles Darwin rejoint la Société plinienne (ainsi nommée en
hommage à Pline l'Ancien considéré comme le premier naturaliste), un groupe d’étudiants
spécialement intéressés par l’histoire naturelleC 1 et au sein de laquelle il fait quelques allocutions8.
Il devient un élève de Robert Edmond Grant, partisan de la théorie de l’évolution du naturaliste
français Jean-Baptiste de Lamarck, tout comme son grand-père Erasmus Darwin l'avait été. Sur
les rivages du Firth of Forth, Charles participe aux recherches de Grant sur les cycles vitaux des
animaux marins. Ces recherches portent sur l’homologie, théorie selon laquelle tous les animaux
ont des organes similaires ne différant que par leur complexité, ce qui indique leur ascendance
communeA 3. En mars 1827, Darwin fait un exposé devant ses camarades pliniens sur sa propre
découverte : les spores noires souvent trouvées dans des coquilles d’huîtres sont selon lui les
œufs d’une sangsueC 2. Il suit également les cours de Robert Jameson, s’initie à la
stratigraphie géologique, à la classification des plantes et utilise les riches collections du muséum
de l'université, l’un des plus riches d’Europe de son tempsA 4.
En 1827, son père, insatisfait par l’absence de progrès de son jeune fils, l’inscrit pour obtenir
un Bachelor of Arts au Christ's College de Cambridge. Il s’agit de lui donner un diplôme
de théologie, dans l'espoir que Charles devienne pasteur anglicanA 5. Néanmoins, Darwin aime
mieux monter à cheval et chasser que se consacrer à ses étudesL 1. Avec son cousin William
Darwin Fox, il commence à se passionner pour la collection des coléoptèresL 2. Fox lui fait
rencontrer le révérend John Stevens Henslow, professeur de botanique et grand connaisseur de
ces insectes. Darwin rejoint alors les cours d’histoire naturelle d’Henslow et devient son élève
préféré. Il est alors connu des autres professeurs comme « l’homme qui marche avec Henslow »A
6,L 3
. Quand les examens se rapprochent, Darwin se concentre sur ses études et reçoit des cours
privés d’Henslow. Le jeune homme est particulièrement enthousiaste au sujet des écrits
de William Paley, dont la Théologie naturelle (1802) et la conception divine de la nature le
fascinentL 4.
« Pour passer l’examen de bachelier, il était également nécessaire de posséder les Évidences du
christianisme de Paley et sa Philosophie morale. J’y mis un grand soin, et je suis convaincu que
j’aurais pu transcrire la totalité des Évidences avec une correction parfaite, mais non, bien sûr
dans la langue de Paley. La logique de ce livre, et je puis ajouter, de sa Théologie naturelle, me
procura autant de plaisir qu’Euclide. L’étude attentive de ces ouvrages, sans rien essayer
d’apprendre par cœur, fut la seule partie du cursus académique qui, comme je le sentais alors et
comme je la crois encore, se révéla de quelque utilité pour l’éducation de mon esprit. Je ne me
préoccupais pas à cette époque des prémisses de Paley ; m’y fiant d’emblée, j’étais charmé et
convaincu par la longue chaîne de son argumentation. »
— Autobiographie, p. 16
Von Sydow a avancé l'idée que l’enthousiasme de Darwin pour l’« adaptationisme » religieux de
Paley a paradoxalement joué un rôle, plus tard, lors de la formulation de sa théorie de la
sélection naturelle9. Il passe ses examens en janvier 1831 et, s’il réussit bien en théologie, il
remporte de justesse les épreuves de littérature classique, de mathématiques et de physique,
arrivant dixième sur une liste de 178 élèves reçusC 3.
Les obligations universitaires obligent Darwin à rester à Cambridge jusqu’en juin. Suivant les
conseils d’Henslow, il ne hâte pas son entrée dans les Ordres. Inspiré par le journal de voyage
du naturaliste allemand Alexander von Humboldt, il organise un voyage dans l’île de
Tenerife avec quelques camarades d’études eux-mêmes fraîchement diplômés, afin d’étudier
l’histoire naturelle des tropiques. Pour mieux se préparer, Darwin rejoint les cours de géologie du
révérend Adam Sedgwick et, durant l’été, l’assiste à la réalisation d'une carte géologique dans
le pays de GallesC 4. Après avoir passé une quinzaine de jours avec des amis étudiants
à Barmouth, Darwin retourne chez lui et découvre une lettre d’Henslow qui le recommande
comme naturaliste approprié (même si sa formation n’est pas complète) pour un poste non payé
auprès de Robert FitzRoy, capitaine de l’HMS Beagle, lequel part quatre semaines plus tard pour
faire la cartographie de la côte de l’Amérique du Sud. Son père s’oppose d’abord à ce voyage de
deux ans qu’il considère comme une perte de temps, mais il est finalement convaincu par son
beau-frère, Josiah Wedgwood II, et finit par donner son accord à la participation de son filsA 7.
Alors que le Beagle explore les côtes sud-américaines (ici la Terre de Feu), Darwin commence à théoriser
sur les merveilles de la nature autour de lui. Peinture de Conrad Martens réalisée pendant le voyage.
En Amérique du Sud, Darwin découvre des fossiles de mammifères géants éteints inclus dans
des couches de coquillages marins récents, ce qui indique une extinction récente sans pour
autant révéler de traces de catastrophe ou de changement climatique. Bien qu’il identifie
correctement l’un de ces fossiles à un Megatherium et qu’il reconnaisse des fragments de
carapace de tatou local, il estime que ces restes sont reliés à des espèces africaines ou
européennes ; c’est seulement après son retour que Sir Richard Owen démontre que ces restes
sont en réalité proches de créatures ne vivant qu'en AmériqueC 7,12,A 10.
Le deuxième volume de l’ouvrage de Charles Lyell argumente contre le transformisme
de Lamarck et explique la distribution des espèces par des « centres de création » (la création
divine ne se serait pas déroulée en une fois, mais en plusieurs fois, après des catastrophes ayant
fait disparaître les espèces précédentes)A 11. Darwin le reçoit et le lit avec attention, il en déduit
des idées qui dépassent ce qu'avait imaginé LyellA 12. En Argentine, il observe que les deux types
de nandous occupent des territoires séparés mais se chevauchant en partie. Sur les îles
Galápagos, il collecte des miminis et note qu’ils diffèrent en fonction de l’île de provenance. Il
avait également entendu dire que les Espagnols vivant dans ces régions sont capables de dire
d’où viennent les tortues à leur simple aspect, mais les Espagnols ont conclu qu’ils les ont eux-
mêmes introduitesA 13. En Australie, l’ornithorynque et le rat-kangourou lui semblent si étranges
qu’ils semblent avoir été l’œuvre de deux créateurs différentsM 1.
Au Cap, Darwin et FitzRoy rencontrent Sir John Herschel, qui avait depuis peu écrit à Lyell au
sujet du « mystère des mystères », l’origine des espèces. Lorsqu’il organise ses notes pendant
son voyage de retour, Darwin écrit que si ses soupçons au sujet des miminis et des tortues sont
justes, « de tels faits sapent la stabilité des espèces », puis, il ajoute prudemment
le conditionnel « pourraient »13,14. Il écrit plus tard que « de tels faits m’ont semblé jeter un peu de
lumière sur l’origine des espèces »N 1.
Trois indigènes de la Terre de Feu qui avaient été accueillis par le Beagle lors de son précédent
voyage sont à bord : ils y reviennent comme missionnaires. Durant leur séjour de deux ans en
Angleterre, ils sont devenus des « civilisés », aussi leurs proches apparaissent-ils à Darwin
comme des « sauvages malheureux et avilis »15. Un an plus tard16, les missionnaires qui ont été
laissés sur place ont abandonné leur mission et seul Jemmy Button vient à leur rencontre ; il est
en effet retourné à la vie sauvage et il leur annonce qu'il n'a « aucun désir de retourner en
Angleterre » et qu'il est « content et comblé » de son sortM 2. À cause de cette expérience, Darwin
vient à penser que l'homme n'est pas tant éloigné des animaux, et que la différence est surtout
due à des différences d'avancées culturelles entre civilisations plutôt qu'à des différences
raciales. Il déteste l’esclavage qu’il a vu ailleurs en Amérique du Sud, et est désolé des effets du
peuplement européen sur les aborigènes d'Australie comme sur les māori de Nouvelle-ZélandeC 8.
FitzRoy est chargé d’écrire le récit officiel du voyage du Beagle ; peu avant la fin du périple, il lit
le journal de Darwin et lui demande de le retravailler afin d'en faire le troisième volume, celui
consacré à l’histoire naturelleC 9.
Encore jeune homme, Charles Darwin rejoint l'élite scientifique britannique. Portrait de George Richmond,
fin des années 1830.
Alors que Darwin est toujours en voyage, Henslow travaille à faire connaître son ancien élève en
communiquant à des naturalistes éminents des exemplaires de fossiles et une brochure de
Darwin contenant ses lettres sur la géologie17. Au retour du Beagle, le 2 octobre 1836, Darwin est
devenu une célébrité dans les cercles scientifiques. Après être passé à sa maison de
Shrewsbury et avoir revu sa famille, il retourne au plus vite à Cambridge pour voir Henslow, qui
lui conseille de trouver des naturalistes capables de décrire les collections et d'en établir le
catalogue, et qui accepte lui-même de s'occuper des spécimens de botanique. Le père de Darwin
rassemble alors des fonds qui permettent à son fils de devenir un homme de science
financièrement indépendant. C'est donc un Darwin enthousiaste qui fait le tour des institutions de
Londres dans lesquelles il est partout honoré. Il cherche alors des experts pour décrire les
collections, mais les zoologistes ont un énorme retard dans leur travail et certains spécimens
courent le risque d'être tout simplement oubliés dans les réservesA 14.
C'est avec une grande curiosité que Charles Lyell rencontre Darwin pour la première fois, le 29
octobre, et il se hâte de le présenter à Sir Richard Owen, un anatomiste promis à un bel avenir,
qui a à sa disposition les équipements du Collège royal de chirurgie pour étudier les ossements
fossiles que Darwin a recueillis. Parmi les résultats surprenants d'Owen figurent
des paresseux géants, un crâne semblable à celui d'un hippopotame appartenant au Toxodon,
un rongeur éteint, ainsi que des fragments de carapace d'un énorme tatou disparu
(le Glyptodon), et que Darwin a dès le départ conjecturé18,14. Ces créatures fossiles n'ont en effet
aucun rapport avec les animaux africains, mais sont étroitement liées aux espèces vivant en
Amérique du SudA 15,C 10.
À la mi-décembre, Darwin se rend à Cambridge pour organiser le travail sur ses collections et
réécrire son journalC 11. Il rédige son premier article où il montre que la masse continentale sud-
américaine connaît une lente surrection et, chaudement appuyé par Lyell, le lit à la Société
géologique de Londres le 4 janvier 1837. Le même jour, il offre à la Société zoologique ses
exemplaires de mammifères et d'oiseaux. L'ornithologue John Gould ne tarde pas à faire savoir
que les oiseaux des Galápagos que Darwin croit être un mélange de merles, de « gros-becs » et
de fringillidés, constituent, en fait, treize espèces distinctes de fringillidés. Le 17 février 1837,
Darwin est élu au Conseil de la Société géographique et, dans son adresse présidentielle, Lyell
présente les conclusions d'Owen sur les fossiles de Darwin, en insistant sur le fait que la
continuité géographique des espèces confirme ses idées actualistesA 16,19.
Le 6 mars 1837, Darwin s'installe à Londres pour se rapprocher de sa nouvelle charge à la
société de géographie. Il se joint au cercle formé autour de scientifiques et de savants
comme Charles Babbage notamment, qui croit que Dieu a d'avance ordonné la vie selon des lois
naturelles sans procéder à des créations miraculeuses ad hoc. Darwin vit près de son frère
Erasmus, un libre-penseur, qui fait partie du cercle Whig et dont l'amie intime, l'auteur Harriet
Martineau, promeut les idées de Thomas Malthus qu'on trouve à la base des réformes de la Poor
Law prônées par les Whigs. La question de Sir John Herschel sur l'origine des espèces est alors
abondamment discutée. Des personnalités du milieu médical, y compris le Dr James Manby
Gully vont même jusqu'à rejoindre Grant dans ses idées de transformation des espèces, mais
aux yeux des scientifiques amis de Darwin une hérésie aussi radicale met en péril la base divine
de l'ordre social déjà menacé par la récession et les émeutesA 17.
Consécutivement John Gould fait savoir que les moqueurs polyglottes des Galápagos originaires
des différentes îles sont des espèces distinctes et pas seulement des variétés, tandis que les
« troglodytes » constituent encore une autre espèce de fringillidés. Darwin n'a pas noté
précisément de quelles îles proviennent les exemplaires de fringillidés, mais il trouve ces
renseignements dans les notes d'autres membres de l'expédition sur le Beagle, y compris celles
de FitzRoy, qui a enregistré plus soigneusement ce qu'ils ont eux-mêmes collecté. Le
zoologiste Thomas Bell montre que les tortues des Galápagos sont indigènes dans l'archipel.
Avant la mi-mars, Darwin est convaincu que les animaux, une fois arrivés dans les îles, se sont
en quelque sorte modifiés pour former sur les différentes îles des espèces nouvelles ; il réfléchit à
cette transformation en notant le résultat de ses pensées sur le « carnet rouge » qu'il a
commencé sur le Beagle. À la mi-juillet, il commence son carnet secret, le « carnet B », sur cette
transformation et, à la page 36, il écrit « je pense » au-dessus de sa première esquisse d'un
arbre montrant l'évolutionA 18,14.
Le 23 juin 1838, il fait une pause dans son travail en allant faire un peu de géologie en Écosse. Il
visite Glen Roy par un temps radieux pour voir les « terrasses » parallèles, ces replats taillés à
flanc de coteau. Il y voit des plages surélevées, et en effet les géologues ont démontré plus tard
qu'il s'agit des berges d'un lac glaciaireA 24,C 14,L 6.
Complètement rétabli, il revient à Shrewsbury en juillet. Habitué à prendre continuellement des
notes sur la reproduction animale, il griffonne des pensées décousues concernant sa carrière et
ses projets sur deux petits morceaux de papier : l'un comporte deux colonnes intitulées
« Mariage » et « Pas de mariage ». Les avantages comprennent entre autres : « une compagne
fidèle et une amie dans la vieillesse… mieux qu'un chien en tout cas » ; et à l'opposé des points
comme « moins d'argent pour les livres » et « terrible perte de temps »O 2. S'étant décidé pour le
mariage, il en discute avec son père, et rend ensuite visite à Emma le 29 juillet 1838. Il n'a pas le
temps de faire sa demande en mariage mais, contre les conseils de son père, parle de ses idées
sur le transformismeA 25.
Pendant qu'il continue ses recherches à Londres, l'éventail de lectures très large de Darwin
comprend alors, « pour se distraire » selon ses termes, la 6e édition de l’Essai sur le Principe de
Population de Thomas Malthus ; celui-ci a calculé qu'en raison du taux de natalité, la population
humaine peut doubler tous les 25 ans mais que, dans la pratique, cette croissance est freinée par
la mort, la maladie, les guerres et la famine10,23,A 26,24. Darwin est bien préparé pour saisir de suite
que cela s'applique aussi au « conflit entre les espèces », remarqué pour les plantes
par Augustin Pyrame de Candolle, et à la lutte pour la vie parmi les animaux sauvages, et que
c'est là la raison pour laquelle les effectifs d'une espèce demeurent relativement stables. Comme
les espèces se reproduisent toujours plus qu'il n'y a de ressources disponibles, les variations
favorables rendent les organismes qui en sont porteurs plus aptes à survivre et à transmettre ces
variations à leur progéniture, tandis que les variations défavorables finissent par disparaître.
S'ensuit la formation de nouvelles espècesA 27,C 15,25,L 7. Le 28 septembre 183810, il note ce nouvel
éclairage de la question, le décrivant comme une sorte de moyen épistémologique pour
introduire des structures plus adaptées dans les espaces de l'économie naturelle tandis que les
structures plus faibles sont éjectées. Il dispose maintenant d'une hypothèse de travail. Au cours
des mois suivants, il compare les fermiers qui sélectionnent les meilleurs sujets pour l'élevage à
une Nature malthusienne faisant son choix parmi les variantes créées par le « hasard », « de
telle sorte que chaque élément [de chaque] structure nouvellement acquise fût complètement mis
en œuvre et perfectionné ». Il voit dans cette analogie « la plus belle partie de [sa] théorie »A 28.
Le 11 novembre, il revient à Maer et fait sa demande à Emma, en lui exposant encore une fois
ses idées. Elle accepte puis, dans les lettres qu'ils échangent, elle montre à quel point elle
apprécie sa franchise mais, du fait de son éducation anglicane très pieuse, elle laisse voir sa
crainte que de telles hérésies par rapport à la foi puissent mettre en danger ses espoirs de le
retrouver dans la vie éternelle. Pendant qu'il est en quête d'un logement à Londres, les épisodes
de maladie continuent et Emma lui écrit pour le presser de prendre un peu de repos, remarquant
de façon presque prophétique : « Ne retombez donc plus malade, mon cher Charlie, avant que je
puisse être auprès de vous pour prendre soin de vous. ». Il trouve dans la Gower Street ce que le
jeune couple appelle le « Cottage de l'Ara » (à cause de son intérieur criard), puis Darwin y
déménage son « musée » à Noël. Le mariage est prévu pour le 24 janvier 1839, mais les
Wedgwood retardent cette date. Le 24, Darwin a l'honneur d'être élu membre de la Royal
SocietyA 29. Le 29 janvier 1839, Darwin et Emma Wedgwood se marient à Maer, au cours d'une
cérémonie anglicane aménagée pour convenir aux Unitariens. Ils prennent alors immédiatement
le train pour Londres et gagnent leur nouveau foyerA 30.
Préparation de la publication de la théorie de la sélection
naturelle[modifier | modifier le code]
Darwin a trouvé la base de sa théorie de la sélection naturelle, mais il est cependant bien
conscient de tout le travail qu'il reste à faire pour la rendre crédible aux yeux de ses collègues
scientifiques, qui le critiquent farouchement. Le 19 décembre 1838, à la réunion de la Société
géologique dont il est secrétaire, il voit Owen et Buckland ne rien cacher de leur haine contre
l'évolution en attaquant la réputation de son vieux maître Grant, disciple de LamarckA 31. Le travail
continue sur les conclusions auxquelles il est arrivé à bord du Beagle et, en même temps qu'il
consulte des éleveurs, il multiplie les expériences sur les plantes, essayant de trouver des
preuves qui répondent à toutes les objections auxquelles il s'attend à partir du moment où sa
théorie est communiquéeN 2. Quand la Narration26 de FitzRoy est publiée, en mai 1839, le Journal
et Remarques de Darwin (plus connu sous le titre Le Voyage du Beagle) qui en constitue le
troisième volume rencontre un tel succès que l'on en fait une réédition séparée la même annéeL 8.
Au début de 1842, Darwin envoie à Lyell une lettre pour lui exposer ses idées ; ce dernier est
consterné de voir que celui qui a été son allié refuse maintenant « de voir un commencement à
chaque groupe d'espèces ». En mai, le livre de Darwin sur les récifs coralliens est publié après
plus de trois années de travail27. En juin il écrit alors une « esquisse sommaire » de sa théorie
tenant en 35 pagesA 32,L 9. Pour échapper aux pressions de Londres, la famille s'installe en
novembre à la campagne, dans le domaine de Down House. Le 11 janvier 1844, Darwin écrit à
son ami, le botaniste Sir Joseph Dalton Hooker, pour lui exposer sa théorie, en disant que c'est
presque avouer « un meurtre », mais, à son grand soulagement, Hooker croit qu'« une
modification graduelle des espèces pouvait bien avoir eu lieu » et il exprime son intérêt pour
l'explication de Darwin. Vers le mois de juillet, Darwin développe une esquisse de ses vues dans
un « Essai » de 230 pagesA 33,L 10. Ses craintes de voir ses idées écartées comme une sorte de
radicalisme lamarckien sont réveillées une nouvelle fois par la controverse que suscite en
octobre une publication anonyme (l'auteur se révélera être Robert Chambers) intitulée Vestiges
de l'Histoire naturelle de la Création28. Ce livre qui est un best-seller accroît l'intérêt de la classe
moyenne pour le transformisme, et ouvre ainsi la voie à Darwin. Cet ouvrage est néanmoins
sévèrement attaqué par les scientifiques reconnus, ce qui lui rappelle la nécessité de répondre à
toutes les difficultés avant de rendre publique sa théorieB 2. Darwin termine son troisième livre de
géologie, Geological Observations on South America29 en 1846 et entreprend à partir d'octobre
une vaste étude sur les cirripèdes avec l'aide de Hooker. En janvier 1847, Hooker lit l'« Essai »
de Darwin et lui renvoie ses observations ; c'est la critique sereine dont Darwin a besoin, même
si Hooker remet en question son rejet de l'idée d'une création continueA 34,30,N 3.
Pour essayer de traiter son état maladif chronique, Darwin se rend à Malvern, une ville thermale,
en 1848. La cure de quelques mois lui fait un grand bien et il peut reprendre son travail à son
retour. À la mort de son père le 13 novembre, il est néanmoins tellement affaibli qu'il ne peut
assister aux funéraillesL 11. En 1849, sa fille, Annie, tombe malade, ce qui réveille sa peur que la
maladie puisse être héréditaire. Après une longue série de crises elle meurt en avril 1851, et
Darwin perd alors toute foi en un Dieu bienveillantA 35. En 1851, Marcel de Serres publie Du
perfectionnement graduel des êtres organisés [archive], qui illustre l'émergence de théories
évolutionnistes dans les milieux scientifiques européens.
Les huit années que Darwin passe à travailler sur les cirripèdes lui permettent de trouver des
« homologies » qui confortent sa théorie en montrant que de légers changements
morphologiques peuvent permettre à différentes fonctions d'affronter des conditions nouvellesL 12.
En 1853, il obtient la Médaille royale de la Royal Society, ce qui établit sa réputation comme
biologisteA 36. En 1854, il reprend le travail sur sa théorie des espèces et, en novembre, se rend
compte que la divergence dans le caractère de descendants peut s'expliquer par le fait qu'ils se
sont adaptés « à des situations différentes dans l'économie de la nature »L 13.
Darwin fut contraint à une publication précoce de sa théorie sur la sélection naturelle (portrait de 1854).
Au début de 1855, Darwin cherche à savoir si les œufs et les graines sont capables de survivre à
un voyage dans l'eau salée et d'élargir ainsi la distribution de leurs espèces à travers les
océans31,32,33. Joseph Dalton Hooker est de plus en plus sceptique quant à la conception
traditionnelle selon laquelle les espèces sont immuables, mais son jeune ami Thomas Henry
Huxley est fermement opposé à l'évolution. Lyell est lui intrigué par les spéculations de Darwin
sans se rendre vraiment compte de leur portée. Après avoir lu un article d'Alfred Russel
Wallace sur l’Introduction des espèces, il trouve des ressemblances avec les idées de Darwin et
lui conseille de les publier pour établir son antériorité. Bien que Darwin ne voie là aucune
menace, il commence néanmoins à rédiger un article court. Trouver des réponses aux questions
difficiles l'arrête plusieurs fois, et il élargit alors son projet à un « grand livre sur les espèces »
intitulé « La Sélection naturelle ». Il continue aussi ses recherches, obtenant des renseignements
et des exemplaires auprès de naturalistes du monde entier, y compris Wallace qui travaille
à Bornéo. En décembre 1857, Darwin reçoit de Wallace une lettre lui demandant si son livre
examine les origines humaines. Il répond qu'il veut éviter un tel sujet, « si encombré de
préjugés », tandis qu'il encourage l'essai de théorisation de Wallace, ajoutant : « Je vais
beaucoup plus loin que vous »A 37.
Darwin en est à mi-chemin de son livre quand, le 18 juin 1858, il reçoit une lettre de Wallace qui
décrit la sélection naturelle. Bien qu'ennuyé d'avoir été « devancé », il la transmet à Lyell comme
convenu et, bien que Wallace n'ait pas demandé qu'elle soit publiée, il propose de l'envoyer à
n'importe quel journal choisi par Wallace. La famille de Darwin est alors plongée dans l'angoisse
car dans le village des enfants meurent de la scarlatine, aussi remet-il l'affaire entre les mains de
Lyell et de Hooker. Ils conviennent de présenter ensemble à la Linnean Society, le 1er juillet le
discours intitulé Sur la Tendance des espèces à former des variétés ; et sur la Perpétuation des
variétés et des espèces par les moyens naturels de la sélection3. Néanmoins, comme Charles, le
dernier enfant des Darwin, alors encore au berceau, vient de mourir de la scarlatine, son père est
trop bouleversé pour être présentA 38.
Sur le moment on prête peu d'attention à l'annonce de cette théorie ; le président de la Linnean
remarque en mai 1859 que l'année précédente n'a été marquée par aucune découverte
révolutionnaireC 16. Par la suite, Darwin ne peut se souvenir que d'une seule recension, celle du
professeur Haughton, de Dublin, qui proclame que « tout ce qu'il y avait là de nouveau était
inexact, et tout ce qui était exact n'était pas nouveau »O 3. Darwin s'acharne pendant treize mois
pour écrire un résumé de son « grand livre », souffrant de problèmes de santé, mais encouragé
constamment par ses amis scientifiques, et Lyell s'arrange pour le faire publier par Sir John
MurrayA 39.
L'ouvrage Sur l'Origine des Espèces au moyen de la Sélection Naturelle, ou la Préservation des
Races les meilleures dans la Lutte pour la Vie, titre d'habitude raccourci sous la forme L'Origine
des espèces, a auprès du public un succès inattendu. Le tirage entier de 1 250 exemplaires est
déjà réservé quand il est mis en vente chez les libraires le 22 novembre 1859A 40. Darwin y
développe « une longue argumentation » fondée sur des observations détaillées, y expose
des inférences et la prise en compte des objections attenduesN 4. Cependant, sa seule allusion à
l'évolution chez l'homme est l'affirmation, discrète, que « des lumières seront jetées sur l'origine
de l'homme et son histoire ». Il évite ainsi le mot « évolution », controversé à l'époque, mais à la
fin du livre il conclut que « des formes sans cesse plus belles et plus admirables ont été
élaborées et continuent à l'être »N 5. Sa théorie est exposée de façon simple dans l'introduction :
« Comme il naît beaucoup plus d'individus de chaque espèce qu'il n'en peut survivre, et que, par
conséquent, il se produit souvent une lutte pour la vie, il s'ensuit que tout être, s'il varie, même
légèrement, d'une manière qui lui est profitable, dans les conditions complexes et quelquefois
variables de la vie, aura une meilleure chance pour survivre et ainsi se retrouvera choisi d'une
façon naturelle. En raison du principe dominant de l'hérédité, toute variété ainsi choisie aura
tendance à se multiplier sous sa forme nouvelle et modifiéeN 6. »
Le débat public le plus fameux a lieu à Oxford lors d'une réunion de l'Association britannique pour
l'Avancement des Sciences. Le professeur John William Draper prononce un long plaidoyer en
faveur de Darwin et du progrès social ; c'est alors que l'évêque d'Oxford, Samuel Wilberforce,
s'en prend à Darwin. Dans la discussion qui s'ensuit, Joseph Dalton Hooker prend
énergiquement parti pour Darwin tandis que Thomas Huxley se constitue comme le
« bouledogue de Darwin ». Il fut en effet le défenseur le plus farouche de la théorie de l'Évolution
à l'époque victorienne. Les deux partis se séparent en criant victoire chacun, mais Huxley reste
célèbre par sa réponse. Comme Wilberforce lui avait demandé s'il descend bien du singe par son
grand-père ou par sa grand-mère, Huxley rétorque : « c'est Dieu lui-même qui vient de le livrer
entre mes mains » et il réplique qu'il « préférerait descendre d'un singe plutôt que d'un homme
instruit qui utilisait sa culture et son éloquence au service du préjugé et du mensonge »36,A 43.
Le débat déborde le cadre de la science, de l'Église anglicane et du protestantisme. Les autorités
de l'Église catholique entrent dans la polémique. Dès 1860, en effet, une réunion d'évêques qui
se tient à Cologne 37 précise la position catholique. Sans condamner Darwin, ni le principe de
l'évolution des espèces animales, les évêques affirment qu'une intervention divine est nécessaire
au moins à l'origine de l'univers (pour lui donner son existence et ses lois) ainsi que lors de
l'apparition de l'homme. Ce sera désormais la position constante des autorités catholiques (moins
hostiles à l'évolution que les courants protestants dits « créationnistes »).
Tenu éloigné des discussions publiques par sa maladie, Darwin n'en lit pas moins avec passion
ce qu'on rapporte et reçoit des soutiens par courrier. Asa Gray convainc un éditeur aux États-
Unis de payer des droits d'auteur, et Darwin fait venir et distribue la brochure de Gray qui montre
que la sélection naturelle n'est nullement incompatible avec la théologie naturelleA 44,38. En Grande-
Bretagne, ses amis, y compris Hooker39 et Lyell40, prennent part aux discussions scientifiques
qu'Huxley mène avec rage pour briser la domination de l'Église, incarnée par Owen, en faveur
d'une nouvelle génération de professionnels de la science. Owen commet en effet l'erreur
d'invoquer certaines différences anatomiques entre le cerveau du singe et le cerveau humain, et
accuse Huxley de soutenir que « l'homme descend du singe ». Huxley est heureux de soutenir
cette opinion et sa campagne, qui dure plus de deux ans, est une vraie catastrophe pour Owen et
la « vieille garde »A 45, qui se trouvent ainsi éliminés des débats. Les amis de Darwin forment alors
le « Club X ». Ils l'aident à lui valoir l'honneur de la Médaille Copley que lui décerne la Royal
Society en 186440.
Si l'ouvrage Vestiges a déjà suscité dans le public le plus vaste intérêt, L'Origine des espèces est
traduit dans un grand nombre de langues et connaît de nombreuses réimpressions, devenant un
texte scientifique de base accessible aussi bien à une classe moyenne curieuse de cette
nouveauté qu'aux simples travailleurs qui se pressent aux conférences d'Huxley. La théorie de
Darwin41 correspond d'ailleurs aux différents mouvements sociaux de l'époque42 et elle devient un
des fondements clés de la culture populaire (par exemple, la chanson A lady fair of lineage
high de William S. Gilbert et Arthur Sullivan interprétée par Princess Ida, qui décrit l'ascendance
simiesque de l'homme, mais pas des femmes).
Malgré des rechutes continuelles pendant les vingt-deux dernières années de sa vie, Darwin
continue son travail. Il publie un résumé de sa théorie mais les aspects les plus controversés de
son « grand livre » restent incomplets, y compris la preuve explicite du fait que l'humanité
descend d'animaux antérieurs à elle, et la recherche de causes possibles qui sont à la base du
développement de la société et des capacités mentales de l'homme. Il doit encore expliquer des
caractéristiques sans utilité évidente si ce n'est dans un but esthétique. Darwin continue par
conséquent à faire des expériences, à chercher et à écrire.
Quand la fille de Darwin tombe malade, il suspend ses expériences sur les semences et les
animaux domestiques pour l'accompagner au bord de la mer ; là il s'intéresse aux orchidées43,44 et
il en résulte une étude révolutionnaire sur la façon dont la beauté des fleurs sert à assurer
la pollinisation par les insectes et à garantir une fertilisation avec croisement. Comme avec les
balanes, les parties homologues remplissent des fonctions différentes chez les diverses espèces.
De retour chez lui, il retrouve son lit de malade dans une pièce que remplissent ses expériences
sur les plantes grimpantes. Il reçoit la visite d'Ernst Haeckel, un de ses admirateurs et qui a
propagé sa théorie en Allemagne45. Wallace continue aussi à le soutenir, bien qu'il verse de plus
en plus dans le spiritisme46.
De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication (1868)47 constitue la
première partie du « grand livre » que Darwin projette d'écrire. Il travaille alors au développement
du « résumé » qu'il a publié sous le titre L'Origine des espèces. Cette première partie s'agrandit
jusqu'à devenir deux gros volumes, le forçant à laisser de côté l'évolution humaine et la sélection
sexuelle. Elle se vend bien malgré sa tailleA 46.
Dans ce livre, Darwin continue à soutenir qu'une des causes de l'évolution est l'effet de l'usage et
du non-usage, théorie déjà exposée par Lamarck48 qu'on appela plus tard transmission ou
hérédité des caractères acquis49. Il s'efforce maintenant de donner une explication théorique de
l'hérédité des caractères acquis à l'aide de l'hypothèse de la pangenèse50,51. Un livre
supplémentaire de démonstrations, qui traite dans le même style de la sélection naturelle, est
écrit en grande partie, mais reste inédit jusqu'à ce qu'il soit transcrit en 197552.
La question de l'évolution humaine a été soulevée par ses partisans (et ses détracteurs) peu de
temps après la publication de L'Origine des espèces53, mais la contribution propre de Darwin sur
ce sujet apparaît plus de dix ans plus tard avec l'ouvrage en deux volumes La Filiation de
l'homme et la sélection liée au sexe, publié en 1871. Dans le deuxième volume, Darwin délivre
en toutes lettres sa conception de la sélection sexuelle pour expliquer l'évolution de la culture
humaine, les différences entre les sexes chez l'homme et la différenciation des races humaines,
aussi bien que la beauté du plumage chez les oiseaux, lequel ne semble pas, selon lui, le résultat
d'une adaptation54. L'année suivante Darwin publie son dernier travail important, L'Expression
des émotions chez l'homme et les animaux, consacré à l'évolution de la psychologie humaine et
sa proximité avec le comportement des animaux. Il développe ses idées selon lesquelles chez
l'homme l'esprit et les cultures sont élaborés par la sélection naturelle et sexuelle55, conception
qui a connu une nouvelle jeunesse à la fin du XXe siècle avec l'émergence de la psychologie
évolutionniste56. Comme il conclut dans La Filiation de l'Homme, Darwin estime qu'en dépit de
toutes les « qualités nobles » de l'humanité, et des « pouvoirs qu'elle avait
développés », « L'homme porte toujours dans sa constitution physique le sceau ineffaçable de
son humble origine »K 2. Ses expériences et ses recherches concernant l'évolution trouvent leur
conclusion dans des ouvrages sur le mouvement des plantes grimpantes, les plantes
insectivores, les effets des croisements des plantes et leur auto-fertilisation, les différentes
formes de fleurs sur des plantes de la même espèce, toutes recherches publiées dans La
Capacité des plantes à se mouvoir. Dans ce dernier livre, il revient également à l'influence des
lombrics sur la formation des sols4.
Charles Darwin meurt à Downe, dans le Kent, le 19 avril 1882. Il a demandé à être enterré au
cimetière St. Mary à Downe57, mais sur les instances des collègues de Darwin, et
notamment William Spottiswoode, président de la Société royale qui intervient pour qu'il reçoive
des funérailles officielles, il est enterré dans l'Abbaye de Westminster, près de l'astronome John
Herschel et du physicien Isaac NewtonC 18.
Les Darwin eurent dix enfants : deux moururent en bas âge, et la disparition d'Annie, alors qu'elle
n'avait que dix ans, affecta profondément ses parents. Charles était un père dévoué et très
attentif envers ses enfants. Chaque fois qu'ils tombaient malades, il craignait que ce soit dû à la
consanguinité, puisqu'il avait épousé sa cousine, Emma Wedgwood. Il se pencha sur cette
question dans ses écrits, mettant en opposition les avantages des croisements chez beaucoup
d'organismesA 47. Malgré ses craintes, la plupart des enfants qui survécurent firent des carrières
remarquables, se distinguant même à l'intérieur de la famille Darwin-Wedgwood, déjà composée
d'esprits fort brillants58.
Parmi eux, George, Francis et Horace devinrent membres de la Royal Society, se signalant
respectivement comme astronome59, botaniste et ingénieur civil60. Son fils Leonard fut militaire,
politicien, économiste. Partisan de l'eugénisme, il eut comme disciple Sir Ronald Aylmer
Fisher (1890-1962)61, statisticien et biologiste de l'évolution.
Bien que sa famille fût en majorité non-conformiste et que son père, son grand-père et son frère
fussent libres-penseursA 48, au début, Darwin ne doutait pas de la vérité littérale de la BibleL 14. En
ce sens, « l'œuvre de Darwin et sa postérité s'inscrivent plus précisément encore dans le cadre
de l'époque victorienne »B 4. Il avait fréquenté une école de l'Église d'Angleterre, puis étudié la
théologie anglicane à Cambridge pour embrasser une carrière ecclésiastiqueA 49. Il avait été
convaincu par l'argument téléologique de William Paley qui voyait dans la nature un dessein
prouvant l'existence de DieuL 15 ; cependant au cours du voyage du Beagle Darwin se demanda,
par exemple, pourquoi de superbes créatures avaient été faites au fond des océans là où
personne ne pourrait les voir, ou comment il était possible de concilier la conception de Paley
d'un dessein bienveillant avec la guêpe ichneumon qui paralyse des chenilles pour les donner à
ses œufs comme des aliments vivants62,63,L 16. Il restait tout à fait orthodoxe et citait volontiers la
Bible comme une autorité dans le domaine de la morale, mais ne croyait plus à l'historicité de
l'Ancien TestamentO 4.
Alors qu'il menait ses recherches sur la transformation des espèces Darwin savait que ses amis
naturalistes y voyaient une hérésie abominable qui mettait en péril les justifications miraculeuses
sur lesquelles était fondé l'ordre social ; sa théorie ressemblait alors aux arguments radicaux
qu'utilisaient les dissidents et les athées pour attaquer la position privilégiée de l'Église
d'Angleterre en tant qu'Église établieA 50. Bien que Darwin eût écrit que la religion était une
stratégie tribale de survivance, il croyait cependant toujours que Dieu était le législateur
suprême64,65. Cette conviction fut peu à peu ébranlée et, avec la mort de sa fille Annie en 1851, il
finit par perdre toute foi dans le christianismeA 51. Il continua à aider son église locale pour le
travail paroissial, mais le dimanche il allait se promener pendant que sa famille se rendait à
l'église. Désormais, il jugeait préférable de regarder la douleur et les souffrances comme le
résultat de lois générales plutôt que d'une intervention directe de DieuL 17. Interrogé sur ses
conceptions religieuses, il écrivit qu'il n'avait jamais été un athée dans le sens où il aurait nié
l'existence de Dieu mais que, de façon générale, « c'est l'agnosticisme qui décrirait de la façon la
plus exacte [son] état d'esprit »L 18.
Le Récit de Lady Hope, publié en 1915, soutenait que Darwin était revenu au christianisme au
cours de sa dernière maladie. Une telle affirmation a été démentie par ses enfants et les
historiens l'ont également écartée. Sa fille, Henrietta, qui était à son lit de mort, a en effet dit que
son père n'était pas retourné au christianisme66. Ses derniers mots ont été en réalité adressés à
Emma : « Rappelez-vous la bonne épouse que vous avez été »C 19.
Darwinisme[modifier | modifier le code]
Théorie de la sélection naturelle : histoire de l'expression[modifier | modifier le
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Article détaillé : Sélection naturelle.
Si la théorie du transformisme de Lamarck a ouvert la voie, la révolution évolutionniste est arrivée
avec Charles Darwin et son ouvrage De l'origine des espèces (1859) dans lequel deux grandes
idées, appuyées par des faits, émergent : l'unité et la diversité du vivant s'expliquent par
l'évolution, et le moteur de l'évolution adaptative est la sélection naturelle. Un manuscrit inachevé
de 1856-1858 permet d'attirer l'attention sur le fait que la théorie de la sélection naturelle telle
qu'exposée dans De l'Origine des Espèces n'était pour Darwin qu'un résumé provisoire de ses
vues. Darwin avait en effet projeté d'écrire trois volumes (l'un sur les variations des espèces
domestiques, un second sur celles à l'état de nature et un dernier consacré à la sélection
naturelle générale). La crainte de perdre la paternité de sa découverte au profit de Alfred
Wallace poussa Darwin à ne publier que ses écrits provisoires et partiels. En effet, seul le
premier parut, en 1868, dans De l'Origine des Espèces, accompagné de réponses à
d'éventuelles critiques sur divers sujetsB 5. Cependant, Darwin n'utilise pas le mot « évolution »
dans son œuvre, puisque ce terme n'est introduit que dans les années 1870 explique Stephen
Jay Gould67,68. Par ailleurs, « beaucoup d'historiens voient dans l'Origine des espèces une des
sources principales de l'écologie moderne (...) C'est l'interprétation proposée en 1957 par Robert
Stauffer »69. L'évolution et ses mécanismes sont encore largement étudiés aujourd'hui ; en effet,
de nombreux points, déjà soulevés par Charles Darwin, sur les mécanismes de l'évolution ne
sont pas encore éclaircis. Par ailleurs le darwinisme a dès ses débuts souffert d'un amalgame
avec l'évolutionnisme : « Du vivant même de Darwin, vingt ans après la parution de De l'Origine
des Espèces, le terme darwinisme était pratiquement devenu synonyme d'évolutionnisme »B 6,
renvoyant à un évolutionnisme finalisé et universalisant, dilué dans la notion de progrès linéaire
et de plus en plus fondé sur la notion d'hérédité des caractères acquis. Cette divergence tient des
apports de Weismann et de Wallace, puis de la redécouverte des lois de Mendel en 1900B 7.
Enfin, « De nos jours encore, l'usage des termes demeure ambigu. Pour les biologistes
contemporains, le « darwinisme » désigne essentiellement — mais pas toujours — la théorie de
la sélection naturelle, et dès la fin du XIXe siècle s'esquissent des théories de l'évolution
regroupées sous le terme — d'abord péjoratif — de « néo-darwinisme » »B 8.
Postulats de la théorie de l'Évolution[modifier | modifier le code]
Article détaillé : De l'origine des espèces.
Dans son livre De l'origine des espèces, Darwin expose une théorie selon laquelle, étant donné
que tous les individus d'une espèce diffèrent au moins légèrement, et que seule une partie de
ces individus réussit à se reproduire, seuls les descendants des individus les mieux adaptés à
leur environnement participeront à la génération suivanteB 9. Ainsi, comme les individus
sélectionnés transmettent leurs caractères à leur descendance, les espèces évoluent et
s'adaptent en permanence à leur environnement. Il baptise du nom de « sélection naturelle »
cette sélection des individus les mieux adaptés ; en effet Darwin n'utilise jamais le terme
d'« évolution »B 10. Ainsi, de façon sommaire, la sélection naturelle désigne le fait que les traits qui
favorisent la survie et la reproduction voient leur fréquence s'accroître d'une génération à l'autre ;
elle repose sur trois principes70 : le principe de variation, qui explique que les individus diffèrent
les uns des autres, le principe d'adaptation (les individus les plus adaptés au milieu survivent et
se reproduisent davantage) et le principe d'hérédité, enfin, qui pose que les caractéristiques
avantageuses dans une espèce doivent être héréditaires. Darwin évoque également une lutte
pour l'existence, principe qui permet d'expliquer pourquoi les variations d'un individu ou d'une
espèce tend à la préservation de cet individu ou de cette espèce, tout en permettant la
transmission héréditaire de cette variation. L'idée de Darwin englobe à la fois l'idée de
compétition et de solidaritéB 11. Darwin y adjoint par la suite une « sélection sexuelle », résultat
d'une lutte pour la vie entre mâles pour la possession des femelles, puis un « principe de
divergence » qui explique notamment l'extinction des espècesB 12.
Critiques du darwinisme[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Historique des critiques des théories de l'évolution.
Les critiques à l'encontre de Darwin et de sa théorie sont de trois ordres : les critiques politiques,
sociales et philosophiques ; les critiques scientifiques avec Rémy Chauvin, Pierre-Paul
Grassé ou Étienne Rabaud ; et les critiques religieuses, avec le créationnisme et l'Église
catholique romaine.
En 1910, le sociologue Jacques Novicow publie La critique du darwinisme social, qui contient une
critique du darwinisme sur le plan biologique et une critique de l'usage qui est fait du darwinisme
dans la sociologie. Une critique d'ordre politique provient de Karl Marx et de Friedrich Engels qui
dans leur correspondance notent l'analogie entre le principe de la sélection naturelle et le
fonctionnement du marché capitaliste. Mais ils ne développeront pas plus avant cette critique71,
aujourd'hui reprise et étoffée par l'historien des sciences André Pichot dans son ouvrage publié
en 2008. Karl Marx cite l'Origine des Espèces dans le Capital et y note l'analogie et la distinction
entre « l'histoire de la technologie naturelle » et « l'histoire de la formation des organes productifs
de l'homme social ».
La critique scientifique prend diverses formes.
Le néo-lamarckien Étienne Rabaud critique de manière assez radicale la notion d'adaptation, en
montrant que la sélection naturelle ne retient pas le plus apte, mais élimine seulement les
organismes dont l'équilibre des échanges est déficitaire. Pour Rémy Chauvin dans Le
Darwinisme ou la fin d’un mythe. L’esprit et la matière le darwinisme s'apparente à une secte
prônant un athéisme obtus, aux postulats scientifiques contestables72.
Mais c'est surtout le problème du chaînon manquant de la lignée humaine (un être qui serait
intermédiaire entre le singe et l'homme) qui a longtemps été employé contre la théorie de
l'évolution.
Eugénisme[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Eugénisme.
À la suite de la publication par Darwin de son ouvrage principal, De l'Origine des Espèces, son
cousin Francis Galton appliqua ses conceptions à la société humaine, commençant en 1865 à
promouvoir l'idée de « l'amélioration héréditaire », d'abord dans l'essai Hereditary talent and
character de 186575, puis dans Hereditary genius: an inquiry into its laws and consequences,
dans lequel il élabore sa théorie de façon détaillée en 186976, vision biométrique du darwinismeB
22
. Dans La Filiation de l'homme et la sélection liée au sexe, Darwin convient que Galton ait
démontré qu'il était probable que le « talent » et le « génie » chez l'homme fussent héréditaires,
mais il juge trop utopiques les changements sociaux que proposait GaltonK 3. Ni Galton ni Darwin
ne soutenaient cependant une intervention gouvernementale, et ils pensaient que, tout au plus,
l'hérédité devrait être prise en considération par les individus dans la recherche de partenairesK 4.
En 1883, après la mort de Darwin, Galton commença à appeler « eugénisme » sa philosophie
sociale77. Au XXe siècle, les mouvements eugénistes négatifs devinrent populaires dans un certain
nombre de pays protestants, et participèrent aux programmes destinés à bloquer la reproduction
tels que ceux de stérilisation contrainte aux États-Unis78. Leur usage par l'Allemagne nazie dans
ses objectifs de « pureté raciale »79 fit tomber ces méthodes en disgrâce.
Commémorations[modifier | modifier le code]
Darwin en 1880.
Durant la vie de Darwin, de nombreuses espèces ainsi que des toponymes lui ont été dédiés.
Ainsi, le prolongement occidental du canal Beagle qui relie ce dernier à l’océan Pacifique,
le canal de Darwin, porte son nom. C’est le capitaine FitzRoy qui le lui a dédié après une action
de Darwin : parti avec deux ou trois marins, il a le réflexe de les conduire sur le rivage lorsqu’il
voit un pan d’un glacier s’effondrer dans la mer et provoquer une forte vague, celle-ci aurait
probablement balayé leur embarcationM 3. Le mont Darwin lui a été dédié lors de
son 25e anniversaire89. Lorsque le Beagle était en Australie en 1839, John Lort Stokes, ami de
Darwin, a découvert un port naturel que le capitaine de vaisseau John Clements Wickham a
baptisé du nom de Port Darwin90,91. La colonie de Palmerston, fondée en 1869, fut
rebaptisée Darwin en 1911. Elle est devenue la capitale du Territoire du Nord de l’Australie. Cette
ville s’enorgueillit de posséder une université Charles-Darwin92 et un parc national Charles
Darwin93. Enfin, le Darwin College de l’université de Cambridge, fondé en 1964, a été baptisé
ainsi en l’honneur de la famille Darwin, en partie parce qu’elle possédait une partie des terrains
sur lesquels il était bâti94.
Les 14 espèces de pinsons qu’il avait découvertes dans les îles Galápagos ont été surnommées
les « pinsons de Darwin »95,96 et certains taxons commémorent également le nom du scientifique,
comme Wallacea darwini, décrite par G. F. Hill en 1919 et faisant également référence à Alfred
Wallace97 ou Hamitermes darwini décrite par le même auteur en 1922. En 2000, une image de
Darwin a été utilisée par la banque d'Angleterre pour le billet de dix livres sterling en
remplacement de l’image de Charles Dickens98. L'année 2009 est une année particulière pour
commémorer la mémoire de la naissance de Charles Darwin, il y a 200 ans et la publication
de L'Origine des espèces il y a 150 ans, en 1859. Plusieurs activités à travers le monde sont
prévues99. Une pièce de deux livres commémorant la naissance de Darwin et l'ouvrage De
l'Origine des espèces a été frappée en 2009. Enfin la médaille Darwin est attribuée par la Royal
Society un an sur deux à un biologiste ou à un couple de biologistes. Cette récompense vise à
distinguer des recherches dans un domaine de la biologie sur lequel Charles Darwin a travaillé.
En 1935, l'union astronomique internationale a donné le nom de Darwin à un cratère lunaire. Il
existe également un cratère sur la planète Mars qui porte le nom de Darwin.
Annexes[modifier | modifier le code]
Chronologie[modifier | modifier le code]
Statue de Charles Darwin au Natural History Museum de Londres élevée par Sir Joseph Boehm en 1885.
Journal of Researches into the Geology and Natural History of the Various Countries by
H.M.S. Beagle, Londres, Henry Colburn, 1839, 614 pp. [2e édition : 1845 ; 167 éditions et
tirages en langue anglaise jusqu’en 1972]
The Structure and Distribution of Coral Reefs. Being the First of the Geology of the
Voyage of the Beagle, under the Command of Capt. Fitzroy, during the Years 1832 to 1836,
Londres, Smith, Elder and Co., 1842. [2e édition : 1874 ; 3e édition : 1889]
Geological Observations on the Volcanic Islands Visited during the Voyage of H.M.S.
Beagle, together with some Brief Notices of the Geology of Australia and the Cape of Good
Hope, Londres, Smith, Elder and Co., 1844. [2e édition : 1876 ; 3e : 1891]
Geological Observations on South America, Londres, Smith, Elder and Co., 1846.
Geological Observations on Coral Reefs, Volcanic Islands and on South America,
Londres, Smith, Elder and Co., 1851. Reprise des textes de 1842, 1844 et 1846. Rééditions
souvent abrégées.
A Monograph of the Sub-Class Cirripedia, with Figures of all the Species, vol. I : The
Lepadidae, Londres, The Ray Society, 1851.
A Monograph of the FossIl Lepadidae, or Pedunculated Cirripedes of Great
Britain, vol. II, The Balanidae (or Sessile Cirripedes), Londres, The Ray Society, 1854.
« On the Tendency of Species to Form Varieties, and on the Perpetuation of Varieties by
Natural Means of Selection » (avec A.R. Wallace) in Journal of Proceedings of the Linnean
Society of London (Zoology), vol. III, no 9, 1er juillet 1858, p. 1–62.
On the Origin of Species by Means of Natural Selection, or the Preservation of Favoured
Races in the Struggle for Life, Londres, John Murray, 24 novembre 1859, consultable en
ligne [archive].
On the Various Contrivances by which British and Foreign Orchids are Fertilised by
Insects, and on the Good Effects of Intercrossing, Londres, John Murray, 1862, 2eéd. :
1877, consultable en ligne [archive]
On the Movements and Habits of Climbing Plants, Londres, Longman, 1865. [2e éd. :
1875]
« Queries about Expression », 1867. Article publié par R.B. Freeman et P. J. Gautrey,
« Charles Darwin’s Queries about Expression » in Bulletin of the British Museum of Natural
History, vol. 4, 1972, p. 205–219.
The Variation of Animals and Plants under Domestication, Londres, John Murray, 2
volumes, 1868. [2e éd. : 1875] Traduction De la variation des animaux et des plantes à l'état
domestique, C. Reinwald (Paris), 1880. Disponible en ligne sur IRIS [archive]
The Descent of Man, and Selection in Relation to Sex, Londres, John Murray, 2 volumes,
1871. [2e éd. : 1874 avec une note additionnelle de Th. Huxley]
« Pangenesis » in Nature, vol. 3, 27 avril 1871, Proceedings of the Royal
Society, vol. 19, p. 393–410.
The Expression of the Emotions in Man and Animals, Londres, John Murray, 1872.
[2e éd. : (par Francis Darwin) en 1890.
« Origin of Certain Instincts » in Nature, vol. 7, 3 avril 1873, p. 417–418.
Insectivorous Plants, Londres, John Murray, 1875. [2e éd. : 1888, revue par Francis
Darwin]
The Effects of Cross and Self-Fertilisation in the Vegetable Kingdom, Londres, John
Murray, 1876. [2e éd. : 1878]
« Report of the Royal Commission on the Pratice of Subjecting Live Animals to
Experiments for Scientific Purposes », Londres, Her Majesty’s Stationery Office,
1876, p. 234, 4662-4672.
The Different Forms of Flowers on Plants of the Same Species, Londres, John Murray, (9
juillet) 1877. [2e éd. : 1878 ; 3e éd. : 1880, avec une préface de Francis Darwin]
« A Biographical Sketch of an Infant », Mind, vol. 2, juillet 1877, p. 285–294. [Trad.
française dans la Revue scientifique, vol. 13, 1877, p. 25–29]
« Preliminary Notice », in E. Krause, Erasmus Darwin, Londres, John Murray (ouvrage
traduit de l’allemand), 1879.
The Power of Movement in Plants (en collaboration avec Francis Darwin), Londres, John
Murray, 1880.
The Formation of Vegetable Mould, through the Action of Worms, with Observations on
their Habits, Londres, John Murray, (10 octobre) 1881.
« The Action of Carbonate of Ammonia on Chlorophyll Bodies » in Journal of the Linnean
Society of London, vol. 19, 1882, p. 262–284. Communication lue par Francis Darwin le 6
mars et le 28 août 1882.
Œuvres posthumes[modifier | modifier le code]
Bibliographie[modifier | modifier le code]
Replica Beagle plans expedition to further Darwin's legacy, Financial times, october, 2
2012, supplément Investing Chile, p. 4.
Jean-Marie Pelt, La canelle et le panda : Les grands naturalistes explorateurs autour du
monde, Fayard, 1999 (ISBN 978-2213-60466-4, présentation en ligne [archive])
1. ↑ p. 15.
2. ↑ Ce manuscrit contient déjà l'essentiel de l'argumentation de L'Origine des espèces mais Darwin
n'envisage de le publier qu'à titre posthume explique Daniel Becquemont, p. 17.
3. ↑ p. 165.
4. ↑ p. 8.
5. ↑ « Introduction », p. 7.
6. ↑ p. 5.
7. ↑ p. 6.
8. ↑ p. 10.
9. ↑ « Le point de départ du darwinisme est la constatation que chez les espèces ou variétés domestiques
aucun individu n'est exactement semblable à l'autre », p. 17.
10. ↑ p. 5.
11. ↑ p. 21.
12. ↑ p. 23.
13. ↑ p. 303.
14. ↑ p. 290.
15. ↑ pp. 294-295.
16. ↑ p. 295.
17. ↑ Becquemont nomme la position de Wallace le « mécanisme utilitariste », p. 299.
18. ↑ pp. 297-298.
19. ↑ p. 300.
20. ↑ p. 302.
21. ↑ p. 304.
22. ↑ p. 292.
1. ↑ vol. 1, p. 72.
2. ↑ vol. 1, p. 82.
3. ↑ vol. 1, p. 97.
4. ↑ vol. 1, pp. 133–141.
5. ↑ vol. 1, p. 186 et p. 414.
6. ↑ vol. 1, pp. 183–190.
7. ↑ vol. 1, p. 224.
8. ↑ vol. 1, pp. 244–250.
9. ↑ vol. 1, p. 336.
10. ↑ vol. 1, pp. 349–350.
11. ↑ vol. 1, pp. 345–347.
12. ↑ vol. 1, pp. 367–369.
13. ↑ vol. 1, p. xii.
14. ↑ vol. 1, p. 377–378.
15. ↑ vol. 1, p. 385–388
16. ↑ vol. 2, pp. 40–42.
17. ↑ vol. 2, pp. 103–104 et p. 379.
18. ↑ vol. 2, pp. 495–497.
19. ↑ vol. 2, p. 495.
20. ↑ vol. 1, pp. 244–246.
(en) C. R. Darwin, The descent of man, and selection in relation to sex, John Murray,
Londres, volume 1, 1re édition, 1871, texte intégral [archive].
1. ↑ (en) p. 232 [archive] : « Although the existing races of man differ in many respects, as in colour, hair,
shape of skull, proportions of the body, &c., yet if their whole organisation be taken into consideration
they are found to resemble each other closely in a multitude of points. Many of these points are of so
unimportant or of so singular a nature, that it is extremely improbable that they should have been
independently acquired by aboriginally distinct species or races », sur le site darwin-
online.org.uk [archive]. Consulté le 29 janvier 2010.
2. ↑ p. 405 [archive].
3. ↑ « When in any nation the standard of intellect and the number of intellectual men have increased, we
may expect from the law of the deviation from an average, that prodigies of genius will, as shewn by Mr.
Galton, appear somewhat more frequently than before », in (en) « On the Development of the
Intellectual and Moral Faculties [archive] » sur le site infidels.org [archive]. Consulté le 29 janvier 2010.
4. ↑ « On the Development of the Intellectual and Moral Faculties », opcit.
1. ↑ pp. 10-17.
2. ↑ p. 18.
3. ↑ p. 19.
4. ↑ p. 16.
5. ↑ p. 260 [archive].
6. ↑ p. 26 : « During these two years I took several short excursions as a relaxation, and one longer one to
the Parallel Roads of Glen Roy, an account of which was published in the 'Philosophical Transactions.'
(1839, p. 39-82.) This paper was a great failure, and I am ashamed of it. Having been deeply
impressed with what I had seen of the elevation of the land of South America, I attributed the parallel
lines to the action of the sea; but I had to give up this view when Agassiz propounded his glacier-lake
theory. Because no other explanation was possible under our then state of knowledge, I argued in
favour of sea-action; and my error has been a good lesson to me never to trust in science to the
principle of exclusion. »
7. ↑ p. 34.
8. ↑ p. 32.
9. ↑ p. 34 : « In June 1842 I first allowed myself the satisfaction of writing a very brief abstract of my theory
in pencil in 35 pages; and this was enlarged during the summer of 1844 into one of 230 pages, which I
had fairly copied out and still possess ».
10. ↑ p. 34
11. ↑ p. 32 : « On this account I went in 1848 for some months to Malvern for hydropathic treatment, which
did me much good, so that on my return home I was able to resume work. So much was I out of health
that when my dear father died on November 13th, 1848, I was unable to attend his funeral or to act as
one of his executors. »
12. ↑ pp. 32-33.
13. ↑ pp. 33-34.
14. ↑ p. 15.
15. ↑ p. 16.
16. ↑ p. 312 [archive].
17. ↑ p. 64 [archive].
18. ↑ p. 304 [archive].
19. ↑ p. 23 : « Early in the voyage at Bahia, in Brazil, FitzRoy defended and praised slavery, which I
abominated, and told me that he had just visited a great slave-owner, who had called up many of his
slaves and asked them whether they were happy, and whether they wished to be free, and all answered
« No ». I then asked him, perhaps with a sneer, whether he thought that the answer of slaves in the
presence of their master was worth anything? This made him excessively angry, and he said that as I
doubted his word we could not live any longer together. ». Voir aussi Darwin, 1845 pp. 207–
208 [archive] sur les Fuégiens : « It seems yet wonderful to me, when I think over all his many good
qualities, that he should have been of the same race, and doubtless partaken of the same character,
with the miserable, degraded savages whom we first met here. »
(en) C. R. Darwin, Narrative of the surveying voyages of His Majesty's Ships Adventure
and Beagle between the years 1826 and 1836, describing their examination of the southern
shores of South America, and the Beagle's circumnavigation of the globe. Journal and
remarks. 1832-1836, Henry Colburn, Londres, 1839, texte intégral [archive].
1. ↑ p. 526 [archive].
2. ↑ Chapter X : Tierra Del Fuego [archive] : « This man was poor Jemmy, – now a thin, haggard savage,
with long disordered hair, and naked, except a bit of blanket round his waist (...) I never saw so
complete and grievous a change... He told us that (...) his relations were very good people, and that he
did not wish to go back to England (...) ».
3. ↑ Darwin explique : « Our boats were hauled up out of the water upon the sandy point, and we were
sitting round a fire about two hundred yards from them, when a thundering crash shook us—down came
the whole front of the icy cliff—and the sea surged up in a vast heap of foam... our whole attention was
immediately called to great rolling waves which came so rapidly that there was scarcely time for the
most active of our party to run and seize the boats before they were tossed along the beach like empty
calabashes. By the exertions of those who grappled them or seized their ropes, they were hauled up
again out of reach of a second and third roller; and indeed we had good reason to rejoice that they were
just saved in time; for had not Mr. Darwin, and two or three of the men, run to them instantly, they would
have been swept away from us irrecoverably. » et « The following day (30th) we passed into a large
expanse of water, which I named Darwin Sound—after my messmate, who so willingly encountered the
discomfort and risk of a long cruise in a small loaded boat »,in (en) pp. 216-218 [archive] sur le
site darwin-online.org.uk [archive], consulté le 29 janvier 2010.
1. ↑ p. 1 [archive].
2. ↑ chapitre 1, « Variation under domestication ».
3. ↑ chapitre 4, « Natural selection; or the survival of the fittest », p. 95 [archive] : « La sélection naturelle
n'agit que par la conservation et l'accumulation de petites modifications héréditaires, dont chacune est
profitable à l'individu conservé : or, de même que la géologie moderne, quand il s'agit d'expliquer
l'excavation d'une profonde vallée, renonce à invoquer l'hypothèse d'une seule grande vague
diluvienne, de même aussi la sélection naturelle tend à faire disparaître la croyance à la création
continue de nouveaux êtres organisés, ou à de grandes et soudaines modifications de leur structure. »
4. ↑ p. 459 [archive], chapitre XIV, « Recapitulation and conclusion » : « As this whole volume is one long
argument, it may be convenient to the reader to have the leading facts and inferences briefly
recapitulated ».
5. ↑ pp. 489-490 [archive] : « There is grandeur in this view of life, with its several powers, having been
originally breathed into a few forms or into one; and that, whilst this planet has gone cycling on
according to the fixed law of gravity, from so simple a beginning endless forms most beautiful and most
wonderful have been, and are being, evolved ».
6. ↑ « As many more individuals of each species are born than can possibly survive; and as, consequently,
there is a frequently recurring struggle for existence, it follows that any being, if it vary however slightly
in any manner profitable to itself, under the complex and sometimes varying conditions of life, will have
a better chance of surviving, and thus be naturally selected. From the strong principle of inheritance,
any selected variety will tend to propagate its new and modified form. », p. 5 [archive].
1. ↑ pp. 98–99 [archive].
2. ↑ p. 232–233 [archive].
3. ↑ p. 122 [archive] : « Nevertheless, our joint productions excited very little attention, and the only
published notice of them which I can remember was by Professor Haughton of Dublin, whose verdict
was that all that was new in them was false, and what was true was old. This shows how necessary it is
that any new view should be explained at considerable length in order to arouse public attention ».
4. ↑ p. 87 [archive].
Autres sources utilisées[modifier | modifier le code]
Evolution and Creation: scientific and religious debates in the age of Darwin disponible sur le
site Nineteenth Century Books [archive]. Consulté le 15 décembre 2006.
54. ↑ (en) James Moore & Adrian Desmond, Introduction, p. xii [archive], in Darwin’s The Descent of Man
and Selection in Relation to Sex, Londres, Penguin Classics, 2004, consultable sur le
site books.google.fr [archive]. Consulté le 29 janvier 2010.
55. ↑ (en) Charles Darwin, The Expression of the Emotions in Man and Animals [archive], Londres, John
Murray, 1872, disponible sur le site darwin-online.org.uk [archive]. Consulté le 29 janvier 2010.
56. ↑ (en) Michael T. Ghiselin, Darwin and Evolutionary Psychology [archive], in Science n 179, 1973, p.
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