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DCG 2

Antoine Evard , Jérôme Le Dily

Droit des
sociétés
2016-2017

Préparation complète à l’épreuve


✔ Tout le cours à connaître
✔ QCM et exercices d’application
✔ Cas de synthèse
✔ Annales et sujets inédits
✔ Tous les corrigés commentés
Sommaire

PARTIE 1 • LE DROIT COMMUN DES SOCIÉTÉS


Chapitre 1. Le contrat de société . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Chapitre 2. La personnalité morale de la société . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Chapitre 3. La direction des sociétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
Chapitre 4. Le contrôle des sociétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
Chapitre 5. La dissolution et la liquidation des sociétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
CAS DE SYNTHÈSE 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80

PARTIE 2 • LE DROIT SPÉCIAL DES SOCIÉTÉS


Chapitre 6. La SNC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
Chapitre 7. La SARL (1) : constitution et fonctionnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
Chapitre 8. La SARL (2) : contrôle, transformation et dissolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
Chapitre 9. La SA (1) : constitution et dissolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
Chapitre 10. La SA (2) : direction des SA classiques ou monistes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
Chapitre 11. La SA (3) : direction des SA dualistes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
Chapitre 12. La SA (4) : contrôle de la gestion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181
Chapitre 13. La SA (5) : décisions collectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195
Chapitre 14. Les autres sociétés par actions : la SCA et la SAS / SASU . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213
Chapitre 15. Les sociétés civiles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227
Chapitre 16. Les autres sociétés dotées de la personnalité morale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241
Chapitre 17. Les GIE et GEIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255
Chapitre 18. Les associations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 271
Chapitre 19. Les parts sociales et les valeurs mobilières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 281
CAS DE SYNTHÈSE 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 295

PARTIE 3 • LE DROIT PÉNAL DES SOCIÉTÉS


Chapitre 20. Le droit pénal général . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 303
Chapitre 21. Les infractions de droit commun . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 319
Chapitre 22. Le droit pénal des sociétés (1) : principales infractions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 335
Chapitre 23. Le droit pénal des sociétés (2) : autres infractions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 351
CAS DE SYNTHÈSE 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 366

SUJETS CORRIGÉS
SUJET D’ANNALES 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 371
SUJET INÉDIT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 383

Conseils méthodologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 395

Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 399

3
LE COURS
• La présentation visuelle du cours permet
une lecture « à la carte ».
• Un cours clair, concis, qui va à l’essentiel.

SCHÉMA OU
TABLEAU
COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS

Pour faciliter la
Effets de la construction sur le terrain d’autrui
mémorisation.
Option pour le propriétaire
de l’ouvrage si le constructeur
est de mauvaise foi

Conserver l’ouvrage et
Constructeur verser une indemnité
de mauvaise foi :
il a su, au moment
de la construction,

MOTS-CLÉS Le propriétaire
que le sol ne lui
appartient pas.
Exiger la démolition aux frais
du constructeur
du sol devient
EN GRAS propriétaire de
la construction
en vertu du droit
d’accession.
Pour retenir l’essentiel Constructeur
de bonne foi : Indemniser le constructeur

et vous repérer. il croit au moment


de construire que
et verser soit les frais exposés
soit la plus-value du fonds.
le sol lui appartient.

À nouveau, le Code civil accorde une « prime à la bonne foi ».

ATTENTION

DÉFINITION Le constructeur est de bonne foi lorsqu’il possède un titre de propriété du terrain qui est entaché
d’un vice qu’il ignore.

Pour approfondir B Les servitudes


les fondamentaux. 1. Définition et caractéristiques
La servitude est un droit réel établi au profit d’un immeuble.
DÉFINITION

La servitude est une charge imposée à un immeuble (le fonds servant) au profit d’un autre immeuble (le
fonds dominant) appartenant à un propriétaire différent.

Les servitudes résultent souvent, dans un environnement urbain, de la situation des lieux.

EXEMPLES La servitude de passage donne le droit au propriétaire d’un terrain enclavé de


réclamer, moyennant une indemnité, le droit de passage du terrain voisin afin d’accéder à
la voie publique. La servitude de jour donne le droit au propriétaire d’un mur mitoyen, qui
peut porter le regard sur la propriété d’autrui, de créer une ouverture qui ne laisse passer
que la lumière (et non la vue) afin de préserver l’intimité du voisin.

116 PARTIE 2. LES BIENS ET LES PERSONNES

40208_DCG1_.indb 116 07/07/15 17:13

EXEMPLE

Pour illustrer ATTENTION


le cours. Pour souligner des nuances, des pièges
ou pour expliquer les distinctions à
opérer entre plusieurs notions.

4
LES APPLICATIONS CORRIGÉES
QCM – Exercice guidé – Exercices d’application

1 EXERCICE
GUIDÉ CORRIGÉ
COURS A P P L I C AT S S AC
C OIUORN POPRLRI C
I GAT
É SI O N S CORRIGÉS

Pour vous guider


EXERCICE GUIDÉ
pas à pas. Mais, pour que la possession débouche sur un titre de propriété, elle doit remplir deux conditions :
• La possession
n ÉNONCÉdoit Casêtrepratique : l’acquisition
utile, c’est-à-dire depublique
paisible, continue, la propriété par le(absence
et non équivoque fait de
doutes sur l’origine de propriété du vendeur).
juridique
• La possession doit être de bonne foi : le possesseur croit à tort être devenu propriétaire, car il ignore
que leMaïa Partir
vendeur a depuis
n’était son
pas le plus jeunelégitime
propriétaire âge la passion deLacollectionner
du bien. bonne foi seles antiquités. Elle a profité
présume.
d’une situation financière aujourd’hui plus confortable pour acquérir, au cours de l’année der-
Si toutes ces conditions sont satisfaites, le principe « en fait de meubles, la possession vaut titre »
nière, à un prix qu’elle a jugé normal, deux objets : un collier en or à un particulier, une bague
s’applique. Le fait de posséder un bien meuble corporel vaut donc en droit titre de propriété. De plus,
ancienne à un brocanteur professionnel. Elle fait actuellement l’objet de réclamations de la part
le possesseur est présumé être le véritable propriétaire.
des véritables propriétaires du collier et de la bague, car il s’avère que ces objets leur ont été
Néanmoins,
volés. ce principe connaît une exception ; le propriétaire d’un objet perdu ou volé pourra le reven-
diquer auprès du possesseur de bonne foi. Cette revendication n’est possible que dans un délai de
Maïa Partir devra-t-elle rendre les objets à leurs propriétaires ?
trois ans après la perte ou le vol. Mais le propriétaire légitime du bien devra rembourser au possesseur
2 À 4 EXERCICES le prix que ce bien lui a coûté lorsque ce dernier a acheté le bien chez un marchand qui « vend des
choses pareilles ».
D’APPLICATION n CORRIGÉ
Application au cas
MÉTHODE

CORRIGÉS Aucas
Or, dans le préalable,
présent,ilMaïa
importe
[ÑFICHE RESSOURCE 2].
deest
Partir schématiser
possesseurlesde
rapports juridiques
bonne foi entre les différents
et sa possession est utile : intervenants
elle a acheté
choses pareilles
particulier à un prix normal. Elle croyait en outre en être le propriétaire légitime. Elle se trompait sur ce
Pour compléter Travail préparatoire
point puisque les deux objets avaient été volés aux propriétaires. Or la revendication des objets volés
a bien lieu dans le délai légal de trois ans. Maïa devra donc rendre les objets à leurs propriétaires, sans
l’entraînement. obtenir de remboursement pour le collier acheté
Maïa Partir
Contrat de
au particulier,
vente
Particulier
du collier et avec remboursement
Vendeur du prix qu’elle
a payé au brocanteur pour la
Particulier bague.
acheteur = bien meuble Possesseur
Possesseur de
ATTENTION
biens meubles Brocanteur
Le fait que le bien meuble de
Possession ait été acheté auprès
Contratd’un
de brocanteur
vente professionnel n’empêche pas la
professionnel
revendication du bien
bonne foipar le propriétaire véritable.
et utile Dès lors que le bien meuble
de la bague a étéde
Vendeur volé et que
la revendicationFait
a lieu dans le délai légal de=trois
juridique bienans, le propriétaire est
meuble toujours
« choses en droit»de le
pareilles
revendiquer. L’achat du bien auprès d’un brocanteur professionnel donne au possesseur de bonne
Possesseur
foi le droit d’être indemnisé.

Action en
revendication
un an après le vol
EXERCICES

★★★ EXERCICE 1 Cas Danvozieu : l’acquisition de la propriété ⌛ 15 minutes


Propriétaires
Julie Danvozieudes achète
biensun appartement en plein centre-ville de Rennes. Le contrat de vente
est conclu lemeubles
vendredivolés
21 décembre. Il ne contient pas de clause spécifique. Elle s’installera
dans les lieux dans deux semaines et décide d’accomplir les formalités de publicité à cette
date. Malheureusement,
Ces faits soulèvent les problèmesle dimanche
juridiques 23 décembre,
suivants une bombededatant
: le possesseur bonnede foiladeSeconde Guerre
biens meubles
mondiale
volés est-il tenu retrouvée dans
de les rendre le centre
à leurs a provoqué
propriétaires ? Siune
oui,mini-explosion endommageant
à quelles conditions ? fortement
l’appartement.
Principes juridiques
Qui doit payer les réparations ?
corpus
animus

122 PARTIE 2. LES BIENS ET LES PERSONNES 8. Le droit de propriété 121

Indication
du niveau 40208_DCG1_.indb
40208_DCG1_.indb 121
122 07/07/15
07/07/15 17:13
17:13

de difficulté.

Indication du temps de réalisation.

5
Tableau de correspondance
programme/ouvrage

1. L’entreprise en société (40 heures)


1.1. Notions générales Chapitres 1, 3, 4, 5 et 19  Cas de synthèse 1 et 2
1.2. La société, personne juridique Chapitre 2  Cas de synthèse 1  Sujet d’annales 2015
1.3. La société sans personnalité juridique propre Chapitre 2  Cas de synthèse 1
2. Les principaux types de sociétés (60 heures) Chapitres 6 à 16  Cas de synthèse 2  Sujet d’annales
2015  Sujet inédit
3. L’association (10 heures) Chapitre 18  Cas de synthèse 2

4. Autres types de groupement (15 heures) Chapitre 17  Cas de synthèse 2

5. Droit pénal des groupements d’affaires (25 heures)


5.1. Infractions spécifiques du droit pénal des socié- Chapitres 22 et 23  Cas de synthèse 3
tés et groupements d’affaires
5.2. Infractions générales du droit pénal des affaires Chapitres 20 et 21  Cas de synthèse 3  Sujet d’annales
2015

6 DCG2. DROIT DES SOCIÉTÉS


Le contrat de société chapitre
1

COURS
uu
I. Les conditions de validité du contrat de société
A Les conditions générales de validité
(droit commun des contrats, article 1108 du Code civil)
1. Le consentement
2. La capacité
3. L’objet
4. La cause du contrat de société
B Les conditions propres au contrat de société
1. Les associés
2. Les apports
3. Le capital social
4. La participation aux résultats
5. L’affectio societatis

II. La nullité du contrat de société


A Les causes de nullité
B Le régime de l’action en nullité
C Les conséquences de la nullité

APPLICATIONS
uu
QCM
EXERCICE GUIDÉ
EXERCICES

CORRIGÉS
uu

7
COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS

I. Les conditions de validité


du contrat de société
La société est à la fois :
• Un contrat entre deux ou plusieurs personnes (à l’exclusion des sociétés unipersonnelles pour
lesquelles un acte unilatéral est à l’origine de la société), généralement établi par écrit (statuts).
• Une institution puisque la société acquiert la personnalité juridique à compter de son imma-
triculation au registre du commerce et des sociétés (RCS) [ÑCHAPITRE 2]. Elle doit alors respecter
des règles fixées par la loi, plus ou moins nombreuses selon la forme juridique de la société. On
parlera alors de société plutôt contractuelle (SNC, SAS) ou plutôt institutionnelle (SA), suivant
que la forme juridique de la société offre aux statuts beaucoup ou, au contraire, peu de libertés
pour organiser le fonctionnement de celle-ci.

Article 1832 du Code civil

La société est instituée par deux ou plusieurs personnes qui conviennent par un contrat d’affecter à une
entreprise commune des biens ou leur industrie en vue de partager le bénéfice ou de profiter de l’économie
qui pourra en résulter. Elle peut être instituée, dans les cas prévus par la loi, par l’acte de volonté d’une seule
personne. Les associés s’engagent à contribuer aux pertes.

Le contrat de société doit respecter les conditions de validité communes à tous les contrats
ainsi que les conditions de validité propres au contrat de société.

A Les conditions générales de validité (droit


commun des contrats, article 1108 du Code civil)
1. Le consentement
Qualité
Conséquences
du consentement
Réelle Le consentement au contrat de société doit exister.
Sincère Le consentement ne doit pas être qu’apparent, sous peine de constituer une
simulation.
Non viciée Le consentement ne doit pas être vicié par l’erreur, le dol ou la violence.

2. La capacité
Pour conclure un contrat de société, il faut être capable, même si l’exigence de capacité n’est pas
la même selon la forme juridique de la société concernée.
On distingue deux types de capacité : la capacité civile et la capacité commerciale.

ATTENTION
Lorsqu’une personne jouit de la capacité commerciale, elle dispose forcément de la capacité civile,
qui en fait donc partie.

8 PARTIE 1. LE DROIT COMMUN DES SOCIÉTÉS


COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS

La capacité civile revêt deux degrés :


• La capacité civile de jouissance (le fait d’être titulaire de droits) dont dispose tout individu dès
sa naissance.
• La capacité civile d’exercice (l’aptitude à exercer personnellement les droits dont on est titulaire),
qui s’acquiert, pour les personnes physiques, à la majorité, sauf exceptions (ex. : majeurs protégés).
La jouissance de la capacité commerciale, exigée de tous les associés dans certaines sociétés
comme la SNC exclut :
• Les personnes soumises à une incompatibilité entre leur profession et la qualité de commer-
çant (notamment les fonctionnaires, les architectes, les avocats, les notaires, les magistrats, les
experts-comptables et les commissaires aux comptes).
• Les personnes frappées d’interdiction condamnées pour des infractions en relation avec les
affaires [ÑCHAPITRES 21 et 22] à des peines fermes supérieures à 3 ans d’emprisonnement.

3. L’objet
Il faut bien distinguer :
• L’objet légal. Il s’agit du but défini par la loi que toute société ou groupement de sociétés
poursuit : réaliser un profit ou des économies au profit de ses propriétaires.
• L’objet statutaire. Ce sont les activités que les statuts permettent à la société de poursuivre.
La délimitation de ce périmètre est essentielle pour déterminer dans quelle mesure la société
est engagée par le dirigeant.
• L’objet réel. Il s’agit de l’ensemble des activités effectivement poursuivies par la société.

Les conditions de validité de l’objet social


Type d’objet Conditions Explications
Objet statutaire Explicitement Il est généralement formulé de façon très large pour :
indiqué dans les  éviter d’avoir à modifier les statuts (ce qui exige un vote en
statuts assemblée générale extraordinaire avec des conditions de vote
contraignantes) en cas d’extension d’activité de la société ;
 éviter la dissolution de la société prévue en cas de réalisation
de l’objet social.
Objet statutaire/ Licite Non contraire à l’ordre public (ex. : fraude fiscale, entrave à la libre
objet réel concurrence…)

4. La cause du contrat de société


Elle désigne les motifs pour lesquels la société a été créée. La cause doit exister et être licite.

B Les conditions propres au contrat de société


1. Les associés
Est associé toute personne physique ou morale qui a réalisé un apport pour participer aux
résultats de la société avec la volonté de s’associer.
La loi exige en principe au moins 2 associés, mais il existe des exceptions :
• 1 associé au minimum dans les sociétés unipersonnelles (EURL et SASU) ;
• 4 associés au minimum dans les sociétés en commandite par actions (SCA).

1. Le contrat de société 9
COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS

En revanche, il n’y a pas de nombre maximal d’associés, à l’exception de la SARL (100 maximum).

a. Le conjoint associé
Chaque époux peut être associé seul ou avec son conjoint dans n’importe quelle société. Cepen-
dant, des règles différentes s’appliquent à l’apport selon le régime matrimonial auquel il est soumis.
Les régimes matrimoniaux désignent les règles applicables aux biens des époux et permettent
de distinguer les biens communs des biens propres. Plusieurs options s’offrent aux époux.

Régime matrimonial Règles applicables


La communauté réduite Régime applicable à défaut de volonté contraire des époux.
aux acquêts (régime légal) Tous les biens acquis après le mariage sont des biens communs.
La communauté Tous les biens des époux, même ceux détenus par chacun avant le mariage,
universelle sont des biens communs.
Le régime de la Chaque époux conserve la propriété exclusive des biens acquis avant le
séparation de biens mariage. S’agissant des biens acquis pendant le mariage, on distingue :
• l’époux qui acquiert séparément un bien en reste le propriétaire exclusif ;
• le bien acquis en commun par les époux se partagera, le cas échéant, à
hauteur de leur participation respective au moment de l’acquisition de celui-ci.
Faute de preuve pour fixer une telle répartition, chacun des époux sera
considéré comme propriétaire à hauteur de la moitié de la valeur du bien.
Le contrat de mariage Les époux peuvent opter pour les deux régimes matrimoniaux précédents
ou encore s’en créer un sur mesure.

La nature des apports et le régime matrimonial

Type de bien Société Nature du bien Formalités Associés


Bien SA  SCA  Immeuble, fonds Autorisation du conjoint à Uniquement l’époux
commun SAS de commerce, obtenir. À défaut, il peut apporteur.
exploitations demander la nullité de
agricoles, parts l’apport (délai pour agir :
sociales. 2 ans à compter de la
connaissance de l’acte).
Tous les autres Apport libre. Uniquement l’époux
biens. apporteur.
Toutes Immeuble, fonds Autorisation du conjoint Uniquement l’époux
les autres de commerce, à obtenir, sous peine de apporteur, en
sociétés exploitations nullité de l’apport demandée principe.
agricoles, parts par le conjoint (délai pour Possibilité pour
sociales. agir : 2 ans). le conjoint de
demander, à tout
Tous les autres Information du conjoint,
moment, à devenir
biens. par écrit (preuve de
associé à hauteur de
l’information exigée dans
la moitié des parts
l’acte d’apport), sous peine
sociales reçues par
de nullité de l’apport
l’époux apporteur.
demandée par le conjoint
(délai pour agir : 2 ans).
Bien propre Apport libre (ni information à donner au conjoint, ni autorisation Uniquement l’époux
à obtenir). apporteur.

10 PARTIE 1. LE DROIT COMMUN DES SOCIÉTÉS


COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS

ATTENTION
Quel que soit le régime matrimonial, l’apport du logement familial nécessite toujours l’autorisation
du conjoint, même si ce logement constitue un bien appartenant exclusivement à l’époux apporteur.

b. La nationalité de l’associé
Toute personne de nationalité étrangère qui souhaiterait résider en France et y exercer une acti-
vité commerciale, artisanale ou industrielle ou encore devenir associée d’une société exigeant
la capacité commerciale, est tenue de demander en préfecture une carte de séjour temporaire
portant mention de l’activité exercée. Par exception, en sont exemptées les personnes :
• déjà titulaires d’une carte de résident ;
• ressortissantes d’un État de l’Union européenne ou d’un pays ayant conclu avec la France une
convention internationale prévoyant une telle exemption.

c. L’usufruit et la qualité d’associé


Le droit de propriété peut être démembré. Indissociables, l’usus et le fructus forment l’usufruit,
qui est le droit d’utiliser un bien dont une autre personne détient la nue-propriété (qui corres-
pond donc à l’abusus).
L’usufruit prend notamment fin à la mort de l’usufruitier ou à l’expiration du délai pour lequel il
a été convenu.
Les trois composantes du droit de propriété

L’usus Droit d’utiliser la chose.


Le fructus Droit de percevoir les fruits (revenus) de la chose.
L’abusus Droit de transférer la propriété de la chose (notamment en la vendant ou en la
donnant). Ne peut être exercé qu’en cas de détention de l’usus et du fructus ou de
l’extinction de l’usufruit.

Deux hypothèses se présentent :


• Le nu-propriétaire et l’usufruitier se mettent d’accord pour apporter à la société le bien sur
lequel s’exerce leur droit respectif. Seul le nu-propriétaire est alors considéré comme associé
et responsable des pertes de la société. Lui seul participe aux assemblées générales et peut y
voter (à l’exception des délibérations portant sur la mise en distribution des dividendes pour
lesquelles seul l’usufruitier votera). L’usufruitier a le droit à une partie des dividendes (qui cor-
respondent aux fruits des titres sociaux) puisqu’il est l’usufruitier des titres sociaux reçus par le
nu-propriétaire en échange de l’apport en nature sur lequel il disposait déjà d’un droit.
• Le nu-propriétaire ou l’usufruitier apporte son droit de façon isolée. Cet apport ne nécessite
pas l’accord de l’autre. Il est alors seul associé et reçoit donc en échange des titres sociaux en
pleine propriété.

2. Les apports
a. Notion d’apport
Réaliser un apport consiste pour l’apporteur à transférer à la société un droit (souvent le droit
de propriété) portant sur des biens ou des valeurs en échange de titres sociaux (appelés parts
sociales ou actions, selon la forme juridique de la société).

1. Le contrat de société 11
COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS

Titres sociaux
Société Apporteur
Biens ou valeurs

Chaque associé doit réaliser un apport. Il s’agit d’une opération obligatoire dans toutes les socié-
tés, y compris celles dépourvues d’un capital social minimum défini par la loi.

b. Catégories et libération des apports


L’apport peut être réalisé en numéraire, en nature ou en industrie, ce dernier étant interdit dans
certaines sociétés (la SA notamment).

Les trois types d’apport


Définition et caractéristiques
Apport en Apport d’argent, éventuellement par compensation d’une créance ou par incorporation
numéraire de réserves.
Apport en Apport de tout bien, meuble ou immeuble, corporel ou incorporel, susceptible d’une
nature évaluation pécuniaire (ex. : apport d’un fonds de commerce, d’un véhicule, d’une
machine, d’une marque). Trois possibilités : apport en pleine propriété, en jouissance
ou en démembrement de propriété (usufruit, le plus souvent).
Apport en Mise à la disposition d’une société d’une capacité de travail, de connaissances, de
industrie compétences, d’un savoir-faire… Interdit pour les SA et commanditaires de SCA, il
n’entre pas dans le capital social.

Les deux phases de l’apport

Apport en numéraire =
versement par l’associé
de la somme d’argent
Souscription
du capital = engagement
Libération de l’apport Apport en nature =
de l’associé à réaliser
transfert par l’associé
un apport déterminé
au profit de la société
d’un droit portant sur
le bien, objet de l’apport

La libération varie selon que l’apport est effectué en numéraire ou en nature.

Les modalités de libération de l’apport


Apport en Dans l’attente de l’immatriculation de la société au RCS, les apports en numéraire
numéraire sont déposés auprès d’un dépositaire agréé (Caisse des dépôts et consignations 
CDC, banque, notaire).
Si la société n’est pas immatriculée dans les 6 mois à compter du dépôt des fonds,
tout souscripteur peut demander en justice la nomination d’un mandataire chargé
de retirer les fonds pour les restituer aux apporteurs.

12 PARTIE 1. LE DROIT COMMUN DES SOCIÉTÉS


COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS

Apport en • Apport en pleine propriété. Transfert de propriété à l’immatriculation au RCS,


nature obligation de publicité [ÑCHAPITRE 2].
• Apport en jouissance. Libération intégrale dès la mise à disposition du bien.
• Apport en démembrement de propriété. Soit l’apporteur ne dispose que de
l’usufruit sur un bien et en fait l’apport à la société, celle-ci ne pouvant en bénéficier
que jusqu’à la mort de l’associé. Soit l’apporteur, qui dispose de la pleine propriété
sur un bien, fait l’apport à la société de l’usufruit sur ce bien. La société ne peut en
bénéficier plus de 30 ans.

d. L’évaluation des apports par les associés


L’intervention d’un commissaire aux apports (CAA) est, en principe, obligatoire dans les SA et
SARL [Ñ CHAPITRES 7 ET 9] pour évaluer les apports en nature. Il rédige un rapport contenant une
proposition d’évaluation de chaque apport. Les associés sont libres de ne pas retenir son évalua-
tion mais encourent alors des sanctions.

SA SARL
Principe Intervention obligatoire d’un commissaire aux apports (CAA), qui rédige un rapport
contenant une proposition d’évaluation de chaque apport en nature. Libertés des
associés de la retenir. Sanction possible en cas de choix d’une valeur nettement
supérieure à celle proposée par le CAA.

3. Le capital social
Le capital social est constitué des apports en numéraire ou en nature réalisés par les associés
ou les actionnaires, qui reçoivent en contrepartie des titres sociaux.
Les titres sociaux confèrent à leurs titulaires deux types de droit :
• Des droits politiques (essentiellement des droits de vote). Lors des assemblées générales,
l’associé ou l’actionnaire dispose, en principe, d’autant de voix que de parts sociales ou actions.
• Des droits financiers. Tout associé doit participer aux résultats de la société, qu’ils soient
bénéficiaires ou déficitaires.

ATTENTION
Les titres sociaux portent un nom différent selon la forme juridique de la société : parts sociales
dans les sociétés de personnes (SNC), les sociétés civiles et la SARL ; actions dans les sociétés de
capitaux (SA, SAS, SCA).

a. Montant
La loi exige parfois que le capital social atteigne un seuil minimal pour que la société puisse
exister et soit valablement constituée [ÑCHAPITRE 7].

ATTENTION
Il ne faut pas confondre l’actif social et les capitaux propres :
• L’actif social se compose de toutes les ressources dont dispose la société (biens, droits et contrats).
Il dépasse le montant du capital social lorsque la société réalise des bénéfices et vice versa.
• Les capitaux propres englobent à la fois son capital social et les bénéfices qu’elle a mis en réserve.

1. Le contrat de société 13
COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS

Le montant du capital social est relativement fixe, car il ne peut varier au cours de la vie sociale
que dans les conditions suivantes :
• Les associés votent en assemblée générale extraordinaire (AGE) une augmentation ou une
réduction de capital.
• Dans les SA, SAS et SARL, lorsque les pertes subies entraînent une baisse de la valeur des
capitaux propres inférieure à la moitié du montant du capital social, les associés ou actionnaires
peuvent décider soit de dissoudre la société, soit de réduire le capital social d’un montant au
moins égal à celui des pertes n’ayant pu être imputées sur les réserves.

b. Notion de société à capital variable


Une société à capital variable est une société dont le capital social peut soit augmenter par des
versements successifs des associés ou l’admission de nouveaux associés, soit diminuer par la
reprise totale ou partielle des apports effectués. Cette possibilité résulte d’une clause insérée
dans les statuts. Elle ne nécessite pas de vote en AGE, contrairement aux sociétés à capital fixe.

ATTENTION
La société à capital variable n’est pas une forme particulière de société mais une modalité de
fonctionnement qu’une société peut choisir si sa forme juridique le permet (toutes les sociétés sauf
la SA).

4. La participation aux résultats


a. La recherche d’un bénéfice ou d’une économie
Le bénéfice désigne un gain pécuniaire ou matériel (ex. : dividende, distribution gratuite de
droits sociaux, boni de liquidation) s’ajoutant au patrimoine des associés. Une économie consiste
à éviter d’engager des dépenses inutiles ou à réduire les dépenses nécessaires.
DÉFINITION

Le boni de liquidation correspond aux sommes que se partagent les associés d’une société dissoute, après que
les actifs ont été réalisés, que les créanciers et le personnel ont été payés et que les apports ont été repris.

b. Le partage des bénéfices et sa contrepartie, la contribution aux pertes


Une société doit non seulement réaliser un profit mais surtout le redistribuer, au moins en par-
tie, aux associés ou actionnaires. Le partage des bénéfices permet de distinguer la société
de l’association [ÑCHAPITRE 18]. Il suppose l’existence d’un profit distribuable sur l’exercice, dimi-
nué des pertes antérieures ainsi que des sommes à porter en réserve en application de la loi
(réserve légale) ou des statuts (réserve complémentaire), et augmenté du report bénéficiaire. En
cas de silence des statuts, une répartition proportionnelle à l’apport est retenue. En pratique, les
statuts retiennent très souvent cette solution.

ATTENTION
La réserve légale est un compte de réserve auquel certaines sociétés sont légalement tenues
d’affecter une partie de leurs bénéfices. Elle doit être égale à 10 % du capital social pour les SARL et
les SA. Ce plafond est atteint progressivement par prélèvement de 5 % du bénéfice distribuable à la
fin de chaque exercice. L’obligation prend fin une fois que les 10 % sont atteints.

14 PARTIE 1. LE DROIT COMMUN DES SOCIÉTÉS


COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS

La contribution aux pertes désigne l’obligation pour tout associé ou actionnaire d’assumer
les conséquences pécuniaires liées aux pertes éventuelles de la société. En cas de silence des
statuts, la part des associés ou actionnaires dans les pertes est également proportionnelle au
montant de leurs apports. Sauf disposition contraire, la contribution aux pertes intervient à la
dissolution de la société [ÑCHAPITRE 5]. Elle peut être illimitée ou limitée au montant de l’apport
de chacun, selon la forme juridique de la société.

ATTENTION
Il faut bien distinguer la contribution aux pertes de l’obligation aux dettes, laquelle n’existe que
dans les sociétés à risque illimité. Celle-ci désigne l’obligation, pour tout associé au cours de la vie
de la société, de rembourser les créanciers de la société, après que ces derniers ont vainement tenté
de le faire auprès de leur débiteur (la société).

c. Les clauses léonines


Il s’agit de clauses statutaires dont l’objet peut consister à accorder tous les bénéfices à un seul
associé, à priver un associé de tous les bénéfices, à faire supporter la totalité des pertes à un
seul associé ou encore à exonérer un associé de la totalité des pertes. Ces clauses sont réputées
non écrites : tout se passe comme si elles n’avaient jamais été inscrites dans les statuts.

5. L’affectio societatis
Cette condition est issue de la jurisprudence.
DÉFINITION

L’affectio societatis est la volonté, au moins implicite, de tous les associés de collaborer sur un pied d’égalité
à la poursuite d’un objectif commun : la réalisation de l’objet social.

L’affectio societatis permet notamment de caractériser l’existence d’une société créée de fait
[ÑCHAPITRE 2], lorsque celle-ci est invoquée par un « associé ».

II. La nullité du contrat


de société
A Les causes de nullité
Les cas de nullité sont strictement définis par la loi. Les dispositions statutaires illégales sont
réputées non écrites mais n’entraînent pas pour autant l’annulation du contrat de société.
En droit des sociétés, les motifs de nullité ne peuvent résulter que :
• D’une disposition expresse du Code de commerce ou du Code civil (pour les sociétés civiles).
• D’une cause de nullité commune à tous les contrats.

1. Le contrat de société 15
COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS

Les causes de nullité

Sociétés
SNC SCS SARL SA SCA SAS
civiles
Causes liées Vice du Oui Non
à la violation consentement
des règles
Défaut de capacité Oui Uniquement si elle atteint tous
générales de
d’un ou plusieurs les associés fondateurs
validité des
associés
contrats
Objet illicite ou Oui Uniquement si objet illicite
défaut d’objet
Cause illicite ou Oui Non
défaut de cause
Causes liées Non-respect Oui Non Oui, mais seulement Non
à la violation de la pluralité (min. 2 associés) si la société
des règles de d’associés est composée d’un
validité propres seul associé
au contrat de
Absence ou fictivité Oui Non
société
d’un apport
Défaut d’affectio Oui Non
societatis

B Le régime de l’action en nullité


Il convient de distinguer :
• La nullité relative du contrat de société. Elle ne peut être invoquée que par la personne proté-
gée par la règle violée.
• La nullité absolue du contrat de société. Elle peut être invoquée par tout intéressé (ex. : asso-
cié, créancier, dirigeant, CAC). Elle ne concerne que le cas de l’objet illicite.

Prescription 3 ans à compter du jour où la nullité est encourue.


de l’action
en nullité
Régularisation Possibilité de régulariser toutes les nullités (sauf en cas d’illicéité de l’objet
social) en l’absence de décision du tribunal statuant sur la nullité de la société.
Après cette décision, impossibilité d’agir en nullité mais possibilité d’action
en responsabilité pour obtenir des dommages et intérêts pendant 3 ans à
compter de la découverte des faits.

C Les conséquences de la nullité


La nullité met fin à la société sans rétroactivité, c’est-à-dire pour l’avenir. Les actes passés par
la société pendant la période où elle a existé sont soumis aux règles applicables à la société de
fait : les associés en seront responsables de façon indéfinie et solidaire ou conjointe selon l’objet
commercial ou civil de la société.

16 PARTIE 1. LE DROIT COMMUN DES SOCIÉTÉS


COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS

QCM

•0 1 Les associés d’une société :


a. Réalisent obligatoirement chacun au moins un apport à la société.
b. Sont obligatoirement des personnes physiques.
c. Peuvent être des personnes morales.
d. Sont propriétaires de la société.
•0 2 Un apport en nature porte :
a. obligatoirement sur la pleine propriété d’un bien.
b. sur un bien meuble.
c. sur un bien meuble ou immeuble.
d. sur des compétences qu’un associé met à disposition de la société.
•0 3 L’apport de brevet à une société est :
a. Un apport en numéraire.
b. Un apport en nature.
c. Un apport en industrie.
d. Un apport industriel.
•0 4 Si une société ne paie pas la dette d’un créancier, celui-ci peut immédiatement exercer un
recours contre l’un des associés et l’obliger à la payer :
a. Oui, dans toutes les formes sociales.
b. Uniquement dans les SNC, SCS, SARL et sociétés civiles.
c. Uniquement dans les SARL, SA, SCA et SAS.
d. Uniquement dans les SNC, SCS et sociétés civiles.
•0 5 Le partage des bénéfices et des pertes :
a. Ne concerne pas les associés ayant fait uniquement des apports en industrie.
b. Est en principe proportionnel à la part de capital détenue par chaque associé.
c. Peut être organisé librement par les statuts, sans limite.
d. Peut être organisé librement par les statuts, sauf à en exclure un associé.

EXERCICE GUIDÉ

ÉNONCÉ L
nn  a capacité des associés et l’apport d’un bien commun
par un associé marié
La SNC Écoval est en cours de création. Elle doit comprendre cinq associés :
• Arthur, qui détiendra 40 % du capital social.
• Bertrand, qui détiendra 20 % du capital social.
• Cécile, qui détiendra 12 % du capital social.
• Damien, qui détiendra 8 % du capital social.
• Estelle, qui détiendra 20 % du capital social.
Arthur sera le gérant de cette société.
Estelle est mariée (avec Fabien, qui n’est pas associé) depuis 2008, sous le régime de la com-
munauté de biens réduite aux acquêts. Elle veut apporter un véhicule à la SNC, qui est un bien
commun, acquis en 2011. Estelle pense réaliser cet apport sans en parler à son mari, qui est
actuellement en mission professionnelle pour trois mois en Italie.

1. Le contrat de société 17
COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS

Bertrand est inspecteur des impôts à Paris depuis 2002.


Les futurs associés ont déjà commencé à rédiger les statuts de leur SNC. Ils y ont inséré un
article prévoyant que les bénéfices et les pertes seraient répartis comme suit :

Pourcentage du capital Pourcentage des bénéfices Pourcentage des pertes


Arthur 40 % 55 % 30 %
Bertrand 20 % 15 % 25 %
Cécile 12 % 10 % 15 %
Damien 8 % 10 % 10 %
Estelle 20 % 10 % 20 %

Damien se demande si un créancier qui n’arriverait pas à se faire payer de la SNC pourrait se
retourner contre les associés pour leur demander de payer la dette sociale. Son cousin, associé
d’une SARL, lui a indiqué qu’il n’avait rien à craindre, car les associés n’étaient pas tenus de
payer personnellement les dettes sociales, en l’absence de dissolution de la société.
•0 1 Estelle peut-elle réaliser librement son apport ?
•0 2 Qui sera associé à la suite de l’apport d’Estelle ?
•0 3 Bertrand peut-il être associé de la SNC ?
•0 4 Le cousin de Damien a-t-il raison selon vous ?

CORRIGÉ
nn
• 1 Estelle peut-elle réaliser librement son apport ?
MÉTHODE
Le droit des régimes matrimoniaux interfère avec le droit des sociétés. La question est ici précisément
de savoir si l’époux apporteur doit informer son conjoint de l’existence de l’apport (voire lui demander
son autorisation) ou alors s’il peut l’effectuer librement. La réponse varie sensiblement selon plusieurs
paramètres : le type de régime matrimonial, la forme juridique de la société et la nature du bien apporté.

Principes juridiques
Dans toutes les sociétés autres que la SA, la SCA et la SAS, l’apport d’un bien commun par un conjoint
répond à des règles différentes selon la nature du bien apporté :
• S’agissant de l’apport d’un immeuble, d’un fonds de commerce, d’exploitations agricoles ou de parts
sociales, l’autorisation préalable du conjoint de l’apporteur est indispensable, sous peine de nullité de
l’apport.
• S’agissant de tous les autres biens, seule l’information du conjoint de l’apporteur est nécessaire, sous
peine de nullité de l’apport.

Application au cas
Le bien apporté par Estelle n’étant ni un immeuble, ni un fonds de commerce, ni une exploitation
agricole, ni des parts sociales, Estelle doit impérativement en informer par écrit son conjoint. C’est
bien l’information du conjoint qui est exigée, pas son accord. Si le conjoint est mécontent de l’apport
effectué par Estelle, celle-ci pourra quand même le réaliser.

18 PARTIE 1. LE DROIT COMMUN DES SOCIÉTÉS


COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS

• 2 Qui sera associé à la suite de l’apport d’Estelle ?


Principes juridiques
En principe, seul l’époux apporteur devient associé, bien que le bien apporté soit commun. Par excep-
tion, le conjoint peut demander à devenir associé à hauteur de la moitié des parts sociales reçues en
contrepartie de l’apport.

Application au cas
En principe, seule Estelle sera associée de la SNC. Son mari, s’il le désire, pourra demander, à tout
moment, à devenir associé à hauteur de la moitié des parts sociales reçues en contrepartie de l’apport
du bien commun.

• 3 Bertrand peut-il être associé de la SNC ?


Principes juridiques
Chaque associé de SNC doit avoir la capacité commerciale.

ATTENTION
Vous devez présenter la liste des personnes n’ayant pas la capacité commerciale, notamment les
fonctionnaires.

Application au cas
Bertrand étant fonctionnaire, il n’est pas titulaire de la capacité commerciale. Par conséquent, il ne
peut pas être associé d’une SNC.

• 4 Le cousin de Damien a-t-il raison selon vous ?


Principes juridiques
Les associés des SNC sont responsables solidairement et indéfiniment des dettes sociales. Cette res-
ponsabilité implique que les associés de SNC sont tenus à la fois par une contribution aux pertes (à la
fin de la vie de la société) et par une obligation aux dettes (en cours de vie sociale). Si la SNC ne paye
pas la dette d’un créancier, ce dernier pourra, sous certaines conditions, se retourner contre l’un des
associés et exiger de lui le paiement de la dette sur son patrimoine personnel.

ATTENTION
L’obligation aux dettes existe pour les SNC à l’inverse d’autres sociétés, notamment la SARL.

Application au cas
Le cousin de Damien a tort : l’obligation aux dettes existe dans certaines sociétés, notamment dans
les SNC. Par conséquent, Damien pourrait être sollicité par un créancier de la société qui ne parvien-
drait pas à obtenir de la SNC le paiement de sa créance ; Damien serait alors engagé sur son patrimoine
propre.
Les règles diffèrent dans les SARL : l’obligation aux dettes n’existant pas, le cousin de Damien ne peut
être sollicité par les créanciers de la société.

1. Le contrat de société 19
COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS

EXERCICES

★★★ EXERCICE 1  Nullité d’un contrat de société  ⌛ 15 minutes


Trois amis viennent de créer une SARL dont l’objet statutaire est l’activité d’import-export entre la
France et l’Asie du Sud-Est. En réalité, leur activité est extrêmement réduite et sert essentiellement
à blanchir de l’argent.
Un créancier se rend compte de la situation et menace d’agir en justice pour faire constater la nullité
de la société.
•0 1 La nullité de cette société peut-elle être invoquée ?

•0 2 Le créancier peut-il agir en justice à ce titre ?

•0 3 Une régularisation est-elle possible pour éviter la nullité ?

•0 4 En cas de nullité, tous les actes déjà accomplis par la société seraient-ils remis en cause ?

★★★ EXERCICE 2  Choix de la forme sociale et apports  ⌛ 30 minutes


Quatre amis envisagent de créer une société pour exercer une activité de vente de produits d’impor-
tation. Ils aimeraient faire les apports suivants :
• Gérald, un apport en numéraire de 5 000 euros.
• Hervé, un apport en numéraire de 3 000 euros.
• Isabelle, un apport en numéraire de 7 000 euros.
• Jérémy, un apport en industrie (compétences techniques en logistique).
Hervé est infirmier dans un hôpital public de la région de Nantes.
Isabelle est propriétaire d’un local. Elle l’aurait bien mis à disposition de la société, mais elle souhaite
en conserver la propriété, pour pouvoir l’utiliser un jour.

•0 1 Quelle forme sociale peuvent-ils choisir parmi les suivantes : SNC, SARL, SA ou SAS ?
•0 2 Isabelle aurait-elle pu apporter son local à la société tout en en conservant la
propriété ?
•0 3 Jérémy a-t-il vocation à recevoir des bénéfices, bien qu’il ne fasse qu’un apport en
industrie ?
Pour vous entraîner Ñ Cas de synthèse 1 

20 PARTIE 1. LE DROIT COMMUN DES SOCIÉTÉS


COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS

QCM

• 1 a. c. Chaque associé doit réaliser un apport. Les associés peuvent être des personnes physiques
et/ou morales. Les associés sont propriétaires des titres (actions ou parts sociales) qui composent le
capital social qu’ils reçoivent en contrepartie de leurs apports. Cependant ils ne sont pas propriétaires
de la société car celle-ci est une personne morale. Or, nul ne peut être propriétaire d’une personne
juridique.
c. L’apport en nature d’un bien ne porte pas nécessairement sur la pleine propriété de ce bien. Il
• 2
peut s’agir également d’un apport en jouissance, ou encore d’un apport en démembrement de pro-
priété (souvent, un apport en usufruit). L’apport en nature peut porter tant sur un bien meuble qu’im-
meuble. Dans la catégorie des biens meubles, on trouve des biens meubles corporels et des biens
meubles incorporels.
• 3 b. Un brevet est un bien meuble incorporel. Il s’agit donc d’un apport en nature.
d. Cette question fait référence à l’obligation aux dettes, qui n’existe pas dans toutes les sociétés,
• 4
mais dans les seules sociétés à risque illimité. L’obligation aux dettes se distingue de la contribution
aux pertes qui, elle, existe dans toutes les sociétés.
• 5 b. d. Un apporteur en industrie est un associé à part entière. Il a donc vocation à participer au
partage du bénéfice et des pertes. Les statuts peuvent prévoir librement la répartition du bénéfice et
des pertes entre les associés, dans la limite de l’interdiction des clauses léonines. Or, exclure un asso-
cié est une forme de clause léonine ; cette disposition statutaire est donc interdite.

EXERCICES
ATTENTION
Exceptionnellement, nous ne présentons pas les réponses sous la forme « principes juridiques/
application » tant les questions sont proches ici de questions de cours.

Nullité d’un contrat de société


EXERCICE 1  

• 1 La nullité de cette société peut-elle être invoquée ?


La nullité peut être invoquée sur le fondement de l’objet illicite. Cette cause de nullité s’applique aux
SARL. La licéité de l’objet social n’est pas à apprécier uniquement au regard de l’objet statutaire, mais
également de l’activité réellement exercée par la société (l’objet réel).
• 2 Le créancier peut-il agir en justice à ce titre ?
L’objet illicite étant une cause de nullité absolue, toute personne a le droit d’agir en justice pour faire
constater l’existence de cette nullité. Un créancier peut donc agir.
• 3 Une régularisation est-elle possible pour éviter la nullité ?
Aucune régularisation n’est possible ici car l’objet illicite est une cause de nullité absolue, laquelle ne
peut jamais faire l’objet d’une régularisation, contrairement aux causes de nullité relative.
• 4 En cas de nullité, tous les actes déjà accomplis par la société seraient-ils remis en cause ?
Les actes déjà accomplis par la société avant le prononcé de la nullité ne seront pas remis en cause.
En effet, en droit des sociétés, la nullité n’est pas rétroactive. Par conséquent, elle ne vaudra que pour
l’avenir : la société cessera d’exister, sans remise en cause des actes déjà conclus.

1. Le contrat de société 21
COURS A P P L I C AT I O N S CORRIGÉS

EXERCICE 2   Choix de la forme sociale et apports

• 1 Quelle forme sociale peuvent-ils choisir parmi les quatre suivantes : SNC, SARL, SA ou SAS ?
Les futurs associés ont le choix entre la SARL et la SAS.
La SA et la SNC sont à exclure pour les motifs suivants :
• La SA ne peut pas convenir pour deux raisons : d’une part, l’un des associés souhaite réaliser un
apport en industrie ; or, ce type d’apport est interdit en SA ; d’autre part, la somme des apports envi-
sagés s’élève à 15 000 euros ; or, le montant minimum du capital social dans les SA doit être de
37 000 euros.
• La SNC ne peut pas convenir, car Hervé ne dispose pas de la capacité commerciale (il est fonction-
naire) qui est exigée dans les SNC.
La SARL et la SAS sont des formes sociales qui conviennent pour ce projet car elles n’imposent pas
de montant minimum du capital social (et donc de montant minimum d’apports en nature et/ou en
numéraire à effectuer). Ces deux sociétés n’imposent pas non plus que chaque associé ait la capacité
commerciale. Enfin, dans ces deux sociétés, les apports en industrie sont admis.
• 2 Isabelle aurait-elle pu apporter son local à la société tout en en conservant la propriété ?
Isabelle aurait pu faire un apport en jouissance. En effet, l’apport en nature ne doit pas forcément être
réalisé en pleine propriété ; il peut être un apport en jouissance, ou encore un apport en démembre-
ment de propriété (ex. : un apport en usufruit).
Dans le cadre de l’apport en jouissance, l’apporteur conserve la propriété du bien et n’en concède que
l’usage pour une durée qu’il détermine librement (comme s’il s’agissait d’une location, à ceci près qu’ici
il ne perçoit pas des loyers mais reçoit des parts sociales ou des actions). Cette solution semble corres-
pondre à ce que souhaite Isabelle.
Isabelle pourrait également apporter à la société l’usufruit du local, pour une durée à déterminer libre-
ment (maximum : 30 ans). Isabelle conserverait la nue-propriété du bien, et aurait donc vocation à
recouvrer la pleine propriété de ce bien à l’expiration de l’usufruit.
• 3 Jérémy a-t-il vocation à recevoir des bénéfices, bien qu’il ne fasse qu’un apport en industrie ?
Les apports en industrie ne concourent pas à former le capital social. Ainsi, le capital social est ici de
20 000 euros, c’est-à-dire la somme des apports en nature et en numéraire. Cependant, l’associé ayant
effectué un apport en industrie reste un associé à part entière. Il a donc vocation à recevoir une part
des bénéfices et doit, en contrepartie, contribuer aux pertes. Jérémy recevra donc une part des béné-
fices, bien que son apport soit un apport en industrie.

22 PARTIE 1. LE DROIT COMMUN DES SOCIÉTÉS


CAS DE SYNTHÈSE 1

Thomas dans tous ses états


Fraîchement diplômé d’une école de commerce, Thomas décide, contrairement à ses cama-
rades de promotion qui ont tous choisi d’intégrer de grands groupes, de monter son entreprise.
Il s’agit de vendre à diverses organisations des lunettes qu’elles pourront ensuite proposer en
libre-service à leur clientèle. Sont évidemment ciblés en priorité les lieux dans lesquels les
clients sont amenés à remplir des documents souvent rédigés en petits caractères (administra-
tions, La Poste, établissements bancaires, sociétés d’assurances…).

Partie I
Pour mener à bien son projet, Thomas peut compter sur le soutien financier de sa famille.
Elle lui a fourni une importante somme d’argent, ainsi qu’une voiture pour ses divers dépla-
cements professionnels. Malgré cela, Thomas a encore besoin de liquidités. Il prend donc ren-
dez-vous avec son conseiller financier qui est disposé à lui octroyer un prêt.

★★★ Travail à faire  ✎ (3 / 10 points)  ⌛ 20 minutes


Est-il plus risqué pour le patrimoine de Thomas de créer son entreprise sous la forme
d’une société unipersonnelle ou d’une entreprise individuelle ?

Partie II
Plutôt que de recourir à un prêt bancaire, Thomas a finalement pu trouver deux investisseurs,
Samia et Ivan. Ils ont apporté les capitaux qui lui manquaient pour monter sa société qu’il bap-
tise judicieusement À vue d’œil. Le 2 juillet N, les trois associés signent les statuts dans lesquels
ils optent pour la forme juridique de la SARL, en raison de la responsabilité limitée aux apports
que permet ce type de société.
Avant de procéder aux démarches nécessaires à l’immatriculation de la société, Thomas, sûr
du succès de son projet, décide de passer, auprès de son fournisseur, une commande très
importante de lunettes pour un montant de 50 000 euros, permettant à l’entreprise de tripler
ses stocks et d’être ainsi en mesure de répondre très vite à une demande massive.
Samia, quant à elle, démarche des banques afin de leur vendre le produit. Elle décroche notam-
ment un contrat conséquent avec la banque Ixxma.
Le 10 août N, la société est immatriculée au RCS. Un vote est organisé pour la reprise des actes,
conformément aux statuts de la société qui prévoient que la reprise doit intervenir par un vote
unanime des associés. Cependant, Ivan vote contre la reprise du contrat signé par Samia avec
la banque Ixxma, considérant le volume de lunettes à livrer beaucoup trop important pour que
l’engagement de la société puisse être tenu dans les délais. Thomas est donc au regret d’infor-
mer la banque que le contrat ne pourra être exécuté dans les délais impartis.

80 Cas de synthèse 1
Cas de synthèse 1

★★★ Travail à faire  ✎ (4 / 10 points)  ⌛ 30 minutes


•0 1 La société est-elle tenue par le contrat conclu par Thomas avant son immatriculation ?

•0 2 À qui la banque Ixxma peut-elle exiger le paiement de la somme prévue dans la


clause ?

Partie III
Un an plus tard, face aux difficultés que rencontre leur société, l’entente entre les trois associés
s’effrite, si bien qu’ils décident à l’unanimité de dissoudre la société. La situation de la société
au 1er août N+1 est alors la suivante :
• Capital social : 600 000 euros dont le logement de Thomas d’une valeur de 300 000 euros.
• Créances de la société : 20 000 euros.
• Dettes de la société : 420 000 euros

★★★ Travail à faire  ✎ (3 / 10 points)  ⌛ 20 minutes


•0 1 La société À vue d’œil disparaîtra-t-elle au 1er août N+1 ?

•0 2 Thomas pourra-t-il récupérer son appartement ?

Cas de synthèse 1 81
ÉS
I G
RR Cas de synthèse 1
CO

Analyse du sujet
Ce sujet est très complet car il aborde tous les aspects de la société, du projet de création (évaluation des
besoins, mesure du risque patrimonial et choix de la forme sociale) jusqu’à la dissolution, en passant par la
responsabilité des associés. Si la seconde partie est assez classique, la première requiert que vous jouiez un
véritable rôle de conseil.

Partie I
Est-il plus risqué pour le patrimoine de Thomas de créer son entreprise sous la forme d’une
société unipersonnelle ou d’une entreprise individuelle ?

Problème de droit
Quelle est la différence de risques pour le patrimoine de l’entrepreneur si celui-ci opte pour une société
unipersonnelle plutôt que pour une entreprise individuelle ?
Principes juridiques
Pour entreprendre seul, plusieurs formes juridiques sont à la disposition de l’entrepreneur et notamment
les suivantes :
• Créer une société unipersonnelle (EURL, SASU). Dans ce cas, la société qui est une personne morale
a un patrimoine propre, distinct de celui de l’entrepreneur. Dès lors, les dettes de la société ne pourront
s’imputer que sur le patrimoine de celle-ci, sans que les créanciers ne puissent exercer leur droit de gage
général sur le patrimoine de l’entrepreneur.
• Créer une entreprise individuelle. Dans ce cas, l’entreprise n’est pas un sujet de droit. C’est donc l’en-
trepreneur individuel qui agit en son propre nom et pour son propre compte pour développer l’activité de
son entreprise. Dès lors, les dettes générées à l’occasion de l’activité de l’entreprise ne sont imputables
que sur le patrimoine de l’entrepreneur.
Application au cas
Thomas a donc clairement intérêt à créer son entreprise sous la forme d’une société unipersonnelle pour
limiter son risque professionnel. En effet, dans ce cas, sa responsabilité sera limitée au montant de ses
apports au lieu de s’étendre à l’ensemble de son patrimoine.

Partie II
• 1 La société est-elle tenue par le contrat conclu par Thomas avant son immatriculation ?

Problème de droit
Quelle est l’ampleur de la responsabilité d’un associé d’une société en formation ou créée de fait ?
Principes juridiques
Avant d’être immatriculée au RCS, une société est dépourvue de personnalité juridique, ce qui l’empêche
d’être engagée juridiquement. Pourtant, il est souvent nécessaire que des actes soient passés pour que

82 Cas de synthèse 1
CO
RR
Cas de synthèse 1

IG
ÉS
son activité puisse démarrer au plus vite (ex. : signature de contrats de travail pour embaucher du per-
sonnel, d’un contrat de bail…).
Si les fondateurs ont l’intention d’accomplir rapidement les formalités de constitution et ne font que des
actes servant à la formation de la société, il s’agit alors d’une société en formation. Dans ce cas, avant
l’immatriculation de la société, seule la ou les personnes ayant signé l’acte sont engagées.
En revanche, si les associés fondateurs réalisent des actes qui dépassent l’accomplissement de simples
actes nécessaires à la constitution de la société, la jurisprudence considère que ces actes sont en réalité
ceux d’une société créée de fait. Lorsqu’un tiers invoque l’existence d’une société créée de fait, il lui
appartient par tous les moyens de prouver l’apparence d’une société. Dans ce cas, tous les associés (et
non seulement celui ou ceux ayant signé l’acte) sont indéfiniment et solidairement ou conjointement
(selon l’objet commercial ou civil de la société) tenus des dettes sociales.
Application au cas
En l’espèce, la commande de Thomas apparaît tout à fait excessive pour un lancement d’activité. Si le
contrat n’était pas repris par la société, le fournisseur de lunettes pourrait envisager d’attaquer en justice
n’importe quel associé fondateur pour le paiement de l’intégralité de sa créance, en rapportant la preuve
de l’existence d’une société créée de fait.

• 2 À qui la banque Ixxma peut-elle exiger le paiement de la somme prévue dans la clause ?
Problème de droit
Qui est responsable des actes passés au nom et pour le compte d’une société en formation et qui ne sont
ensuite pas repris par la société immatriculée ?
Principes juridiques
Les actes accomplis au nom et pour le compte d’une société en formation peuvent être repris par la
société lors de son immatriculation selon les modalités suivantes :
• De manière automatique pour les actes conclus avant la signature des statuts si ces actes ont été
recensés dans un état détaillé annexé aux statuts.
• De manière automatique également pour les actes conclus entre la signature des statuts et l’immatri-
culation s’ils ont été prévus par un mandat spécial donné par l’ensemble des autres associés au profit de
l’un d’eux ou d’un tiers, soit au moment de la signature des statuts, soit ultérieurement.
• De manière non automatique, par décision expresse prise à la majorité des associés dans les autres cas.
Les engagements repris sont alors réputés avoir été souscrits dès l’origine par la société, ce qui libère
totalement les associés concernés. Cependant, si les actes ne sont pas repris, seules les personnes les
ayant signés en sont responsables.
Application au cas
En l’espèce, Samia sera donc seule responsable du contrat conclu avec la banque Ixxma qui n’a pas été
repris par la société À vue d’œil.

Partie III
• 1 La société À vue d’œil disparaîtra-t-elle au 1er août N+1 ?

Problème de droit
La dissolution d’une société entraîne-t-elle immédiatement la disparition de la personnalité morale ?

Cas de synthèse 1 83
ÉS
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Principes juridiques
La dissolution de la société n’entraîne pas, en principe, la disparition immédiate de la personnalité morale
de la société qui est maintenue pour les besoins de la liquidation. La liquidation désigne l’ensemble des
opérations devant être accomplies suite à la dissolution de la société. Elle comprend le règlement du
passif existant et le recouvrement des créances de la société. Il en résulte alors :
– soit un actif net appelé boni de liquidation, à partager entre les associés (après que ces derniers ont
récupéré le montant de leurs apports) ;
– soit un passif à la charge des associés des seules sociétés à risque illimité.
La personnalité morale de la société subsiste pour les besoins de la liquidation jusqu’à la publication de
la clôture de celle-ci. À l’issue des opérations de liquidation, le liquidateur doit convoquer une assemblée
générale pour présenter le compte final de la liquidation. L’assemblée générale doit statuer sur le compte
définitif, sur le quitus de la gestion du liquidateur, sur la décharge de son mandat et constater la clôture
de la liquidation. La liquidation doit ensuite faire l’objet d’un avis inséré dans un JAL. À compter de cet
avis, la personnalité morale de la société disparaît. Le liquidateur doit ensuite procéder à la radiation de la
société du RCS dans le délai d’un mois à compter de la publication des opérations de liquidation. À défaut,
la société est radiée d’office dans un délai de trois ans à compter de la mention au RCS de sa liquidation.
Application au cas
En l’espèce, la société À vue d’œil ne disparaîtra donc pas le 1er août N+1 puisque sa personnalité
morale sera maintenue pour les besoins de la liquidation.

• 2 Thomas pourra-t-il récupérer son appartement ?

Problème de droit
Les associés peuvent-ils reprendre leurs apports en nature à l’issue des opérations de liquidation ?
Principes juridiques
À la suite de la clôture de la liquidation, un partage des biens sociaux a lieu entre les associés. La reprise
des apports (à l’exclusion évidemment des apports en industrie qui, par nature, ne peuvent être repris)
se fait en principe en espèce : les associés récupèrent le montant nominal de leurs titres sociaux. Si la
société ne dispose pas de fonds suffisants, chaque créancier se voit attribuer un pourcentage de la somme
restante correspondant au pourcentage que représente sa créance sur la dette totale de la société.
Le partage peut également se faire en nature. Les associés déterminent dans les statuts ou par une déci-
sion ultérieure de l’attribution de tout ou partie des biens à un ou plusieurs d’entre eux. À défaut, chaque
bien restant dans la masse à partager est attribué à l’associé qui l’a apporté s’il en fait la demande.
Application au cas
En l’espèce, à l’issue des opérations de liquidation, l’actif de la société s’élèvera à 200 000 euros
(600 000 – 420 000 – 20 000). À l’évidence, tous les associés ne pourront pas récupérer leur apport.
Dès lors, chaque associé se verra attribuer un pourcentage de la somme restante (200 000 euros) cor-
respondant au pourcentage que représente sa créance sur la dette totale de la société. Thomas ne pourra
donc récupérer son appartement qui, d’ailleurs, aura déjà été vendu lors des opérations de liquidation
pour satisfaire les créanciers sociaux. Détenant 50 % des titres sociaux (300 000 / 600 000 × 100), il ne
pourra donc obtenir que 100 000 euros.

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DCG 2
2016-2017

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Normalien, agrégé, Antoine Evard enseigne en Normalien, agrégé, Jérôme Le Dily est responsable
classes préparatoires à l’expertise comptable de l’UE de droit des sociétés au Cnam-Intec.
à Évreux. Il est également membre des jurys Il est également membre des jurys d’examen.
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