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           D9CM2  –  Approche  sociolinguistique  en  didactique  des  langues  


 
 

Ma  biographie  langagière  
1. Introduction
 
De nationalité française et résidant majoritairement en France depuis ma naissance
j’ai eu la chance de m’initier aux voyages très jeune grâce à mes parents. Je me
rappelle encore mon premier voyage au Rwanda à l’âge de huit ans de façon très
précise mais au-delà des paysages c’est cette première rencontre avec « l’autre »
qui m’a par la suite donné le goût de continuer à voyager. Bien qu’à cet âge j’ai pu
échanger énormément grâce au non verbal j’ai eu très tôt envie d’apprendre à parler
d’autres langues que le français ma langue maternelle. Plus petite encore je faisais
toujours le même vœux : celui de savoir parler toutes les langues !
Le résultat aujourd’hui est que je ne peux malheureusement pas me targuer d’avoir
réalisé ce vœux, bien qu’il ne soit jamais trop tard pour apprendre… mais je peux
grâce à une bonne maîtrise de l’acte de communication en anglais évoluer et
échanger dans beaucoup de milieux socioculturels différents.

2. Situation langagière

2.1 Français langue maternelle

 
Le français comme je l’indique en introduction est mon premier moyen d'expression
celui que j’ai acquis pendant l'enfance, et par lequel enfant j’ai été socialisée. C’est
aujourd’hui la langue qui me permet d’exprimer mon identité culturelle.

Cette langue donc transmise par mes parents et plus largement mon milieu familial
est porteuse de connotations sentimentales. C’est en ce sens que je peux dire que le
français est ma langue vernaculaire. Mon arrière grand-mère maternelle faisait partie
de cette première génération d’institutrice attachée au respect de la langue française,
de la tradition écrite et des livres. J’ai donc toujours évolué dans un milieu

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socioculturel familial où ces valeurs ont été transmises et où c’est bien autant la
langue parlée qu’écrite qui permet de transmettre et de véhiculer le savoir.

Ce guidage pédagogique familial pour reprendre la terminologie utilisée par Louise


Dabène m’a sûrement permis d’acquérir le français comme langue de référence,
celle inculquée par l’école sous son aspect le plus normé de façon fluide et naturelle.

Mais comme je le disais plus haut ma langue maternelle est celle qui me permet
avant tout d’exprimer mon identité culturelle. Parce qu’au delà d’un idiome et d’une
syntaxe grammaticale c’est l’univers cognitif dans le quel j’ai baigné qui me permet
de structurer ma pensée « à la française ».

Mon sentiment d’appartenance à la France s’est construit autour des différentes


réalités langagières qui la composent. J’en suis devenue consciente lorsque j’ai
commencé à vivre à l’étranger dans le cadre de mon apprentissage d’une autre
langue. En effet en parlant français je revendique mon appartenance à un groupe
culturel défini, je parle le français « de France » comme me l’avaient fait remarqué
des amis Québécois lors d‘un voyage au Québec. En d’autres termes c’est ma
langue « légitime » pour rependre l’expression de Bourdieu.

Cependant j’ai toujours été fascinée par la langue anglaise et me suis dédiée
pendant plusieurs années à l’apprentissage de cette langue étrangère, ou plutôt
seconde langue, voire même parfois aujourd’hui langue d’appartenance comme je
l’explique dans la partie suivante de ma biographie langagière.

2.2 Anglais, seconde langue

 
L’anglais est la première langue étrangère que j’ai apprise, j’avais huit ans lorsque je
me suis lancée dans l’acquisition de cette nouvelle langue.
Les langues étrangères n’étaient pas enseignées en primaire à cette époque et j’ai
donc eu la possibilité de suivre des cours en dehors de l’école à la Chambre de

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Commerce et d’Industrie de ma ville natale. L’apprentissage se faisait alors grâce à
des chants et des petits jeux de mise en situation.

C’est peut être aussi parce que cette langue est arrivée tôt dans ma vie et qu’elle
correspond à des souvenirs extra scolaires que je l’ai identifiée comme une seconde
langue plus que comme une langue étrangère qui ne serait rattachée à aucun autre
souvenir que celui des murs d’une salle de classe.

J’ai par la suite poursuivi l’apprentissage de cette seconde langue tout au long de ma
vie : au collège, puis au lycée, à l’université et continue de l’apprendre tous les jours
en l’utilisant quasiment quotidiennement dans mon travail et dans mes échanges
avec mes amis anglophones vivant en France et à l’étranger.

Mais si je considère l’anglais comme une seconde langue c’est aussi surtout parce
que j’ai pu au cours de séjours prolongés en Angleterre et au Canada faire de cette
langue une langue d’appartenance notamment en développant des liens sociaux
forts avec les personnes au contact de qui j’ai appris à parler l’anglais de façon
naturelle, un peu à la manière d’un enfant qui apprend au contact de ses parents.

Bien que je ne prétende pas avoir un niveau de maîtrise équivalent en anglais qu’en
français - et j’y reviendrai dans la partie sur les pratiques langagières et la notion de
bilinguisme – je peux revendiquer mon appartenance à un groupe de pairs
anglophones.

2.3 Espagnol, langue étrangère

 
Apprise uniquement à l ‘école et très peu pratiquée, je n’ai pas encore eu l’occasion
de « m’attacher » à cette troisième langue de la même façon que pour les deux
premières citées précédemment : le français et l’anglais.

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Cette langue n’évoque aucune référence culturelle notamment parce que je n’ai pas
de vécu à y rattacher, ou seulement quelques souvenirs de voyages pendant
lesquels je l’ai utilisée de façon très fonctionnelle et pragmatique.

Cependant lors d’un récent voyage en Argentine j’ai eu envie de me mettre à


réapprendre cette langue car le fait d’avoir rencontré des gens dont l’histoire et la
culture m’intéressent me motive à pouvoir échanger sans « encombre
métalinguistique » et d’en comprendre les nuances et les références, la pratiquer
régulièrement afin d’en acquérir toutes les subtilités.
Loin de me considérer comme pouvant être dans un bilinguisme récepteur en
espagnol, j’en comprends l’essentiel lors de conversations.

Si l’on reprend la grille d’évaluation du CECR je dirais qu’en espagnol je suis au


niveau « utilisateur indépendant B1 », alors que je me positionnerais en « utilisateur
confirmé C2 » en anglais.

3 Pratiques langagières

3.1 Français dans le cadre familial, universitaire et professionnel

 
Comme expliqué plus haut, le français est ma langue maternelle et vivant en France
je l’utilise tous les jours sous ces formes écrites et parlées dans des contextes
socioculturels d’apprentissage et d’utilisation variés tels que la sphère familiale,
amicale, universitaire et professionnelle.

J’arrive donc à adapter le registre et le niveau de langue en fonction du contexte


dans lequel je dois l’utiliser, j’en maîtrise les codes et les actes de communication
sous-tendus par ces pratiques langagières.

3.2 Anglais dans le cadre universitaire, professionnel et en voyages

 
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3.2.1 Première expérience de la langue à l’université

J’ai d’abord fait le choix de l’anglais de façon pragmatique, les facteurs qui m’ont
déterminée sont que l’anglais est la langue internationale parlée partout dans le
monde (facteurs démographiques) par des pays industrialisés dont les modèles
bien que perfectibles restent dominants (facteurs sociaux) parce que je savais
qu’elle me permettrait d’être comprise et d’échanger dans pratiquement tous les pays
mais aussi parce que c’est une langue indispensable en terme d’évolution
professionnelle (facteurs d’ordre institutionnel et facteurs d’ordre économique),
notamment dans le domaine de l’informatique et du web.

Jusqu’à ce que je parte travailler en Angleterre durant l’été de ma deuxième année


de DEUG je n’avais alors une pratique que très limitée de l’anglais. Si l’on reprend la
définition de la compétence de communication de Canale et Swain, je dirais que
l’école m’a permis de maîtriser la première composante : la compétence
grammaticale, et que les voyages d’études et les voyages tout court m’ont permis
d’accéder aux deux autres, à savoir les compétences sociolinguistiques et
stratégiques. Ce n’est qu’en me retrouvant confrontée à des situations réelles et
vécues que j’ai mémorisé et intégré les pratiques langagières associées à l’idiome.

Même si j’avais abordé ces deux dernières compétences à travers l’analyse de


textes littéraires et socio-économiques et qu’en règle générale l’apprentissage de
cette langue étrangère dans le système éducatif français était axé sur la méthode
communicative (mise en situation, utilisation de matériel pédagogique audio et
vidéo), les besoins langagiers des apprenants auxquels ces programmes
répondaient à mon sens sont l’acte de communication de niveau « Seuil » qui
correspond aux besoins élémentaires tels que : se repérer, se loger, se restaurer, se
déplacer, soit le niveau Indépendant B1 défini par le CECR.

Cependant mon apprentissage approfondi de l’idiome et de la culture anglo-saxonne


à l’université lors de mon parcours LCE anglais axé sur la littérature et la civilisation -
approche didactique intégrant clairement l’aspect culturel - m’a permis de mieux

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intégrer les composantes sociolinguistiques et stratégiques une fois dans le pays.
L’implication réciproque de la langue et de la culture a bien eu lieu.

3.2.2 Deuxième expérience de la langue dans le travail

Mon parcours universitaire et professionnel dans la traduction et la rédaction


technique m’a longtemps complexée par rapport à la notion de bilinguisme. Ces
milieux exigent en effet que le traducteur/rédacteur ne travaille que dans sa langue
« maternelle » (aussi appelée langue source) qui est considérée par certains
linguistes comme l’unique situation d’apprentissage et d’acquisition par laquelle on
peut atteindre la compétence linguistique souhaitée. Contrairement à l’approche
sociolinguistique ou didactique, le bilingue ici est uniquement défini par rapport à ses
compétences linguistiques développées dans les différentes langues composant son
répertoire verbal.

3.2.3 Troisième expérience de la langue dans les voyages

J’ai donc eu l’opportunité de travailler à Brighton en Angleterre quelques mois puis


de partir étudier un an à Vancouver au Canada (partie anglophone) où j’ai également
donné des cours de perfectionnement en français à des étudiants. Pendant mon
année de tour du monde j’ai pu rejoindre des amis anglophones de langue
maternelle anglaise en Australie, en Nouvelle Zélande et aux Etats Unis. Mon
apprentissage et mes pratiques langagières durant ces derniers voyages se situaient
donc autant dans les sphères privées et affectives que publiques et professionnelles.
J’ai pu développer et construire lors de ces échanges socioculturels un véritable
sentiment d’appartenance à la communauté anglaise.

D’ailleurs lorsque je voyage et me retrouve dans un groupe d’anglophones je


retrouve l’identité que j’ai pu me créer au travers de ces pratiques langagières et ai le
sentiment d’appartenir à ce groupe autant qu’à un groupe de Français, on me
demande souvent si j’ai de la famille ou des racines anglo-saxonnes car je peux
rentrer dans des échanges privilégiés où j’exprime sans aucune gêne avec aisance

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et fluidité ce que je veux dire tout en utilisant des codes langagiers ou gestuels
adaptés au contexte ainsi qu’en m’appuyant sur des références culturelles
communes et appropriées tirées de mon vécu.

3.2.4 Modification de la structure de mon comportement et usages réguliers

Or si l’on reconsidère mon usage de l’anglais dans les situations de communication


auxquelles je suis régulièrement confrontée dans le cadre universitaire, professionnel
et personnel, je pourrais alors correspondre à la définition de Renzo Titone qui
envisage le bilinguisme comme :
« La capacité d’un individu à s’exprimer dans une seconde langue en respectant les
concepts et les structures propres à cette langue, plutôt qu’en paraphrasant la
langue maternelle » (1972, p. 11).

J’ai développé cette faculté à penser et à m’exprimer en anglais en respectant bon


nombre des codes sociolinguistiques et des usages langagiers inhérents à cette
langue ainsi qu’à modifier la structure de mon comportement. De plus je sais manier
les différents niveaux de langues autant à l’oral qu’à l’écrit et les adapter à des
contextes et situations professionnelles et personnelles dans ma vie de tous les jours
et dans les contacts que j’entretiens avec mes amis anglophones (oraux et écrits)
même si comme l’exprime Louise Dabène je ressens parfois que ma « constellation
de notions » est moins dense en anglais qu’en français.

4. Expériences socioculturelles
 
4.1 Facteurs décisifs

Je conclurai en disant que les expériences socioculturelles qui ont accompagné


l’apprentissage de ma langue maternelle, le français, qu’elles soient nées de l’amour
de la transmission de mon arrière grand mère institutrice ou de la volonté de
découvrir et d’échanger de mes parents à travers les voyages, m’ont conditionnée

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dans l’apprentissage de ma seconde langue qu’est l’anglais et me motivent à
approfondir mon apprentissage d’une troisième langue comme l’espagnol.

4.2 Stratégies d’apprentissage

Lorsque j’apprends une langue, j’aime donc me concentrer sur l’acquisition des
compétences sociolinguistiques et stratégiques, notamment en voyageant et en
vivant dans le pays, mais également en liant des contacts avec les natifs de la
langue et de la culture de ces pays car c’est eux autant que la langue qui véhiculent
toutes ces composantes. Cependant je ne néglige pas l’aspect « idiome » qui est
aussi fondamental à la compréhension d’une langue dans sa dimension culturelle
(choix approprié du vocable et utilisation d’une terminologie précise et adaptée).

Références bibliographiques tirées du cours


Bourdieu  P.  (1990)  [1ère  éd.  1982),  Ce  que  parler  veut  dire,  Paris,  Fayard.  
Dabène   L.   (1994),   Repères   sociolinguistiques   pour   l’enseignement   des   langues,   Paris,  
Hachette.  
Titone  R.  (1972),  Le  bilinguisme  précoce,  Bruxelles,  Charles  Dessart.

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