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République Algérienne Démocratique et Populaire

Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique


Université Ferhat Abbas Sétif -1-
Faculté des Sciences de la Nature et de la Vie
Département de Biologie et Écologie Végétales

Support pédagogique de la matière

« Biodiversité et changements globaux »

Destiné aux étudiants de la 3ième Année


Licence Ecologie et Environnement

Elaboré par : Dr Nouar Hind

Avril 2020
ième
3 Année Ecologie et Environnement
Module : Biodiversité et changements globaux
Responsable de module Dr Nouar H.

PROGRAMME DE LA MATIERE BIODIVERSITE ET CHANGEMENT GLOBAUX

Crédits : 4

Coefficient : 2

Objectifs de l’enseignement : Ce support pédagogique permet de donner le concept de


la biodiversité ainsi que l’impact des changements globaux actuels sur l’altération de
cette dernière.

Contenu de la matière :

1/Eléments de biodiversité :

- Définition et concept de biodiversité


- Rôle de la biodiversité (rôle patrimonial, rôle dans le fonctionnement des
écosystèmes, services éco systémiques)
- Evaluation de la biodiversité (Evaluation quantitative, qualitative et
économique)
- Facteurs de variation de la biodiversité
- Les différentes dimensions de la biodiversité
- Inventaire des espèces
- Etat de la biodiversité dans le monde, en Afrique, en Algérie
- Statut juridique de la biodiversité
2/Changements globaux

- Notion de changements globaux


- Changements climatiques
- Impact des Changements sur le milieu et la végétation
Références bibliographiques :

1. Biodiversité : Dynamique biologique et conservation. 2008. Lévêque C. et


Mounolou J.C. Ed. Dunod.
2. Mesures de la Biodiversité. 2015. Marcon E.
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Module : Biodiversité et changements globaux
Responsable de module Dr Nouar H.
Partie 1. Eléments de biodiversité

1. Définition et concept de biodiversité

Le concept de Biodiversité est apparu lors des années 1970, lorsque les
recherches consacrées aux conséquences des disparitions des espèces et la
fragmentation des écosystèmes ou des milieux ont pris de l’importance. L’expression
« diversité biologique » est apparue en 1980 et son usage s’est répandu après la
publication d’un livre par Norse et al., (1980) Conserving biological diversity in our
national forests. A partir des publications de Wilson (1988), la forme contractée apparaît
: Biodiversité (biodiversity).

Elle fait donc référence à la variété du monde vivant. C’est synonyme de la vie
sur terre. La biodiversité est la variété de la vie sur la Terre. Elle se mesure par la variété
au sein des espèces (diversité génétique), entre les espèces et au sein des écosystèmes.
C’est la somme de toute la variation biotique du niveau des gènes au niveau des
écosystèmes. C’est la diversité de toutes les formes vivantes (Wilson 1988). C’est la
richesse de la variation biologique.

La biodiversité comprend la diversité des espèces (les espèces animales,


végétales, les champignons et les bactéries), leur diversité génétique (ex. les sous-
espèces, les variétés ou les races), ainsi que la diversité des écosystèmes (ex. les forêts
et les cours d’eau).

La conférence de Rio de Janeiro (juin 1992) lui était consacrée. La “Convention


sur la Biodiversité” a été signée plus de 150 pays (entrée en vigueur, décembre 1993).
Dans l’article 2 de cette convention, il y a une définition de la biodiversité : «La diversité
biologique est la variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre
autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les
complexes écologiques dont ils font partie; cela comprend la diversité au sein des
espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes».
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La biodiversité est le fruit d’une évolution de plusieurs millions d’années,
influencée par des siècles d’activité humaine (cueillette, défrichement, agriculture,
urbanisation, etc.)

En agriculture, la biodiversité a été très largement enrichie par l’homme à partir


d’espèces sauvages qu’il a domestiquées depuis la préhistoire. L’homme a ainsi crée des
variétés pour les plantes, il a largement recomposé le paysage. Il a sans cesse amélioré
l’expression du patrimoine génétique des plantes cultivées pour leurs différents usages.
Le patrimoine génétique des plantes est contenu dans les semences ou graines qui les
transmettent (GNIS, 2006).

2. Les niveaux de biodiversité

On remarque ainsi que la biodiversité se situe à trois niveaux différents mais


complémentaires :

2.1. Diversité génétique : Correspond à la variation des gènes chez les animaux, plantes,
champignons et micro-organismes appartenant à une même espèce. Autrement dit
c’est la variété qui existe au niveau des allèles, celui des gènes entiers ou celui de la
structure chromosomique.

2.2. Diversité des espèces (spécifique) : Fait référence à la variation et à la


différenciation des espèces. La diversité des espèces est la forme exprimée de la
diversité génétique discontinue, c'est-à-dire la diversité qualitative. Celle-ci s’exprime
sous forme phénotypique dont la variation est strictement sous contrôle génotypique.
L’environnement n’exerce aucun effet au niveau de cette forme, sauf en cas de
pressions évolutives majeures conduisant à l’apparition de mutations adaptatives pour
les nouvelles conditions de milieu. La diversité spécifique est donc étroitement liée à
la diversité génétique.
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2.3. Diversité éco systémique : Concerne les différents habitats avec l’ensemble de
ses composantes (biotiques et abiotiques ainsi que les différentes relations qui peuvent
exister entre elles). Les relations entre êtres vivants sont très complexes, elles peuvent
être d’ordre trophique (chaînes alimentaires, symbioses, parasitismes…), génétique
(flux de gènes)... Les relations milieu-êtres vivants ont également une importance
capitale dans l’expression de la biodiversité.

En conclusion, nous nous apercevons que les trois niveaux de diversité


biologique sont liés entre eux, et que les variations au sein de l’un de ces niveaux se
répercutent directement sur les autres.

3. Rôle de la biodiversité
3.1. Le rôle de la BD dans l’écosystème s’apprécie à trois niveaux d’intégration :
• Diversité intraspécifique, elle constitue une richesse distribuée entre individus
pour répondre aux changements de l’environnement.
• Diversité des espèces, vue sous l’angle de leurs fonctions écologiques au sein de
l’écosystème. Il existe une grande variété de formes, de tailles, et de caractéristiques
biologiques parmi les espèces. Mises en jeu individuellement ou par groupe au sein
d’un réseau trophique ces propriétés ont une influence sur la nature et l’importance
des flux de matière et d’énergie au sein de l’écosystème. Les interactions entre espèces,
considérées non seulement sous l’angle de la compétition mais également sous celui
du mutualisme et des symbioses, apportent une contribution intégrée de la diversité
biologique à la dynamique des écosystèmes.
• Diversité écosystémique, correspond à la variété et à la variabilité temporelle des
habitats. On considère que la richesse en espèce est fonction de la diversité des habitats
et du nombre de niches écologiques potentiellement utilisables. Les écosystèmes grâce
à leurs BD, jouent un rôle global dans la régulation des cycles géochimiques (fixation,
stockage, transfert, recyclage des éléments nutritifs…) et du cycle de l’eau.
La diversité biologique au sens écologique du terme, est donc un moteur d’interaction
au sein et entre les niveaux d’organisation du monde vivant comme avec
l’environnement physico-chimique qu’il fait évoluer (Figure 1). Les activités des
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écosystèmes, tels que les flux de matière et d’énergie, sont ainsi sous le contrôle
réciproque des processus physico-chimiques et des processus biologiques.

Biodiversité

Diversité écologique

Diversité des espèces

Diversité génétique

Figure 1. Le concept de biodiversité concerne l’ensemble des interactions entre la diversité


des espèces, leur diversité génétique et la diversité des écosystèmes (d’après di Castri et
Younès, 1995).

3.2. Services fournis par les écosystèmes


Au quotidien, l’importance de la biodiversité pour les êtres humains se traduit par la
multitude des services fournis par les écosystèmes. Ceux-ci peuvent être classés dans
quatre catégories :
• Approvisionnement économique : Les écosystèmes et leurs espèces sont des facteurs
de production pour de nombreux biens comme l’eau potable, les denrées alimentaires,
les agents énergétiques, les fibres textiles, les matériaux de construction et les principes
actifs pharmaceutiques. Les ressources génétiques sont indispensables au
développement de nouvelles plantes utiles, de matières premières pour l’industrie et
de nouveaux médicaments. Les écosystèmes et leurs espèces sont importants pour la
pollinisation et la lutte contre les espèces nuisibles dans l’agriculture ainsi que pour la
fertilisation des sols.
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• Fonction régulatrice améliorant la sécurité : Des ensembles naturels d’êtres vivants
stockent le CO2, offrent une protection contre les avalanches et les crues, préviennent
les risques d’érosion et régulent le climat.
La résistance aux espèces envahissantes d’un grand nombre d’écosystèmes
naturels ou semi-naturels peut être améliorée en préservant le nombre, le type
et l’abondance relative des espèces propres à ces écosystèmes.
Des réductions de la diversité des insectes pollinisateurs, essentiels à la
reproduction de nombreuses plantes, ont été observées partout dans le monde.
La biodiversité, en particulier la diversité des types de plantes et la répartition
des différents type de paysages, influence le climat aux niveaux local, régional
et mondial. Par conséquent, des changements dans l’affectation des sols et dans
la couverture végétale, qui ont un impact sur la biodiversité, peuvent aussi avoir
une incidence sur le climat. Certaines composantes de la biodiversité jouent un
rôle dans la séquestration du carbone et sont donc importantes pour lutter contre
les changements climatiques.
La capacité d’un écosystème à éliminer les organismes nuisibles dépend
fortement
de la biodiversité et profite à la sécurité alimentaire, aux ménages ruraux et au revenu
national de nombreux pays.
Les microbes qui vivent dans la mer contribuent à lutter contre la pollution en
éliminant des substances toxiques, mais on ne comprend pas bien en quoi la
diversité des espèces influence cette élimination.
• Services culturels : Les écosystèmes et leurs espèces contribuent à la diversité des
paysages et permettent ainsi aux êtres humains d’y puiser une satisfaction d’ordre
esthétique. De plus, la biodiversité est source de détente. Le développement de la
culture et des sociétés humaines est intimement lié à la biodiversité (notamment les
connaissances traditionnelles en matière de plantes médicinales).
• Prestations fondamentales : Les écosystèmes fournissent des prestations auxquelles
l’être humain n’a pas recours directement, mais qui sont essentielles, comme la
production d’oxygène, le maintien du cycle des éléments nutritifs ou du cycle de l’eau.
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4. Evaluation de la diversité génique
* Les fréquences alléliques ou bien la diversité allélique mesure la variation de la
composition de gène des individus. En général, plus il y à d’allèles, et plus diverses sont
leurs fréquences, plus la diversité génétique est grande. En fait la moyenne
d’hétérozygotie et la probabilité de deux allèles prélevés au hasard sont génétiquement
différentes.
Généralement cette méthode est employée comme mesure globale. Un certain nombre
de différents indices peuvent être appliqués à la mesure de la distance de la fréquence
allélique.
*Les traits phénotypiques : ils constituent une autre approche de mesure de la diversité
génétique. Ils permettent de vérifier si les individus partagent les mêmes traits de
phénotype. Cette méthode évite l’examen de la structure allélique fondamentale et se
concentre sur la mesure de variance de certains traits. En général, elle implique les
caractères mesurables morphologiques et physiologiques d’un individu.
*L’ordonnance d’ADN ou bien l’information d’ordre d’ADN : elle est obtenue par
l’utilisation d’une réaction en chaîne de polymérisations. Une cellule est exigée pour
obtenir les données ordonnées d’ordre d’ADN. Les espèces étroitement liées peuvent
partager jusqu’à 95% de leurs ordres d’ADN, de ce fait ayant peu de diversité dans leur
information génétique globale (Antonovic, 1990).

5. Evaluation de la diversité spécifique


L’évaluation de la diversité spécifique la plus couramment utilisée par les
biologistes et les gestionnaires des milieux naturels étant : la richesse spécifique,
l’abondance de tout ou partie des espèces présentes, la densité relative de chaque espèce
(la régularité ou l’evenness), leur degré de rareté, la superficie de l’habitat, le degré de
naturalité ou de représentativité des espèces ou des communautés, ainsi que diverses
caractéristiques liées aux usages (valeur touristique ou culturelle, cinégétique,
halieutique)…etc (Usher, 1986 ; Brunaud, 1987 ; Ledant, 1991 ; Spellerberg, 1992 ;
Ricklefs et Schluter, 1993 ; Humphries et al., 1995 ; Oertlie et al., 2000).
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*L’abondance ou le nombre d’individus d’une population est un paramètre
fondamental qui conditionne très largement la reproduction de l’espèce et sa capacité
de dissémination vers l’extérieur. Il mérite donc d’être pris en compte dans l’évaluation
de la biodiversité des sites, ceux qui hébergent des populations assez importantes pour
rester viables à long terme ayant une grande valeur pour la conservation des espèces
(Joly, 2002).

*La richesse et la diversité spécifique qui peuvent être déterminées pour l’ensemble des
taxons présents dans un milieu, ou pour des sous-ensembles de taxons sont l’unité de
mesure la plus courante (Levêque et Mounolou, 2001). Selon Frochot (2002) la diversité
spécifique peut être évaluée finement par des indices reflétant la structure du
peuplement étudié.

*La densité relative de chaque espèce ou la régularité (Evenness) est utilisée pour
comparer différentes communautés ou écosystèmes (Levêque et Mounolou, 2001).
Selon Van Kooten (1998), trois aspects interviennent dans la mesure de la biodiversité
spécifique : l’échelle, la composition et le point de vue.

A. L’échelle : Elle est souvent basée sur des échantillons. Elle est utile, mais elle est
sujette facilement à la polarisation c'est-à-dire l’attribution du qualificatif ancestral ou
du qualificatif dérivé à un caractère du taxon. Généralement, il y a beaucoup
d’incertitude concernant le nombre d’espèces. Whittaker (1960 et 1972), considère que
la mesure de cette diversité est divisée en 3 échelles principales : diversité alfa, béta et
gama.
B. La composition : C’est la détermination de ce qui constitue une population
minimum viable pour la survie d’une espèce. C’est une opération voisine de la fixation
de norme minimum de sécurité pour les espèces.
C. Le point de vue : renvoie à l’existence de nombreux points de vue (pratique, moral,
esthétique). Perlman et Adelson (1997) examinent l’attribution de valeurs de façon plus
poussée. Ils font observer que le point de vue est nécessairement subjectif et chargé de
valeur et que certains critères ont une importance théorique et juridique
indépendamment de leur utilisation souhaitée ou de leur fondement éthique.
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6. Evaluation de la diversité écosystémique


Elle inclut l’évaluation de l’éco-région ou de l’éco-zone, basée sur la distribution
des espèces, des attributs particuliers physiques, tels que des sols et des climats et des
types distincts d’écosystèmes (UNEP, 1995).
La théorie des écosystèmes s'intéresse à la répartition des espèces, aux schèmes
de développement des communautés, ainsi qu'au rôle et à la fonction des principales
espèces. Elle étudie à la fois les fonctions des espèces et leurs interactions entre elles.
Le terme « écosystème » désigne ici tous les niveaux supérieurs à celui de
l'espèce : les associations, les communautés, les écosystèmes au sens strict, etc. Plusieurs
termes spécialisés désignent ce niveau, lequel peut d'ailleurs se subdiviser en plusieurs
sous-niveaux, comme la communauté et l'écosystème. Les paliers de la diversité que
nous examinons ici, celui-ci, du fait de la complexité des interactions, est sans conteste
le moins bien connu. Il est en effet extrêmement difficile de relever toutes les espèces
d'un écosystème puis de saisir non seulement les impacts que chacune d'elles exerce
sur les autres et sur son environnement, mais aussi ceux que ces autres espèces et cet
environnement exercent sur elle.

L'une des grandes difficultés auxquelles se heurtent les chercheurs qui étudient
les communautés, c'est que les frontières entre elles ne sont pas étanches et clairement
tranchées. Un lac est délimité par ses rives et se distingue nettement de la forêt
caducifoliée (à feuilles caduques) qui l'entoure. Par contre, c'est graduellement que
cette forêt se transforme en prairie ou en forêt de conifères. Caractéristique des
communautés « ouvertes » (par opposition aux communautés « fermées », qui se
distinguent par des changements brusques entre elles), cette absence de délimitations
franches rend difficiles la définition et la délimitation mêmes des écosystèmes et donc,
leur étude.

L'analyse des communautés biologiques ou biocénoses se fait à travers la


quantification de plusieurs paramètres caractéristiques qui sont : abondance, fréquence,
constance, dominance, fidélité, structure, périodicité et diversité.
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La diversité est la richesse d'une biocénose en espèces. Elle peut être appréciée par
l'indice de Fisher, Corbet et Williams (1943) : S = [alpha] log ( 1+ N / [alpha] )

Où S est le nombre d'espèces, N le nombre d'individus et [alpha] l'indice de diversité ;


log est le logarithme népérien.

L'indice de diversité permet de comparer la richesse de deux biocénoses, en


particulier lorsque le nombre d'individus récoltés dans chacune d'entre elles est très
différent.

Lorsque les conditions de milieu sont favorables on trouve de nombreuses


espèces et chacune d'elles est représentée par un petit nombre d'individus. L'indice de
diversité est alors élevé. Lorsque les conditions de milieu sont défavorables, on ne
rencontre qu'un petit nombre d'espèces mais chacune d'elles est en général représentée
par de nombreux individus. L'indice de diversité est alors faible.

Le nombre d'espèces présentes dans une aire déterminée varie beaucoup en


fonction de la situation géographique. L'accroissement du nombre d'espèces est
particulièrement net lorsque l'on se déplace des régions polaires vers l'équateur. Par
exemple, la forêt tropicale qui ne couvre que 7 % de la surface terrestre abrite plus de
la moitié des espèces végétales et animales du globe, dont 80 % des insectes et 90% des
primates.

Cinq groupes de facteurs conditionnent plus particulièrement la diversité au


niveau des biocénoses : facteurs historiques, climatiques, hétérogénéité spatiale,
compétition-prédation, productivité.

- facteurs historiques : les biocénoses se diversifient avec le temps. Les plus anciennes
sont plus riches que les plus jeunes. La diversité est faible dans les écosystèmes les plus
simples et les moins stables : toundra, agrocénoses. Elle est plus importante dans les
écosystèmes stables et évolués, ayant atteint leur maturité (stade climacique) comme
les régions tropicales. La faune des régions tempérées, appauvries par les glaciations
est une faune relativement jeune.
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- facteurs climatiques : les régions à climat stable (sans gelées, où l'amplitude
thermique quotidienne est supérieure à l'amplitude thermique annuelle, avec des
pluies régulières) favorisent l'apparition de spécialisations et d'adaptations plus
poussées que les régions à climat variable, en raison de la constance de leurs ressources
alimentaires. Les animaux de ces régions se caractériseraient par des comportements
alimentaires stéréotypés, leurs besoins étant plus facilement satisfaits. Les niches
écologiques disponibles sont de ce fait plus petites et le nombre d'espèces pouvant
cohabiter est plus grand. Il peut y avoir de plus chevauchement partiel des niches
écologiques. Le phénomène de compétition que l'on abordera plus bas agit aussi dans
le sens de la réduction de la dimension des niches.

- facteur hétérogénéité spatiale : plus le milieu est complexe, plus les biocénoses sont
diversifiées. Le facteur topographique joue un rôle important dans la diversification du
milieu et la formation d'espèces (Mayr, 1963). Cependant, les régions tropicales ne sont
pas plus variées en matière de topographie que les régions extra-tropicales. En milieu
tropical, c'est souvent la richesse de la flore qui détermine l'hétérogénéité spatiale.

Le nombre d'espèces est fonction de la température moyenne qui règle la durée


de la saison de végétation. Plus la saison de végétation est longue, plus la productivité
primaire est abondante et stable.

Une grande variété de types de formes végétales (permise par le climat) augmente
l'hétérogénéité du milieu (hétérogénéité tridimensionnelle, en raison de l'importance
des différentes strates végétales).

Le besoin quotidien en aliments est plus faible quand la température externe


augmente. De ce fait, le régime alimentaire peut se spécialiser davantage.

Tous ces éléments contribuent à augmenter le nombre de niches écologiques


disponibles et donc le nombre d'espèces.

- facteurs compétition-prédation : La compétition s'exerce surtout entre espèces ayant


des niches écologiques voisines ou identiques. Elle peut être diminuée par le décalage
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des périodes de reproduction. Cela est possible dans les régions inter-tropicales où la
constance du climat permet à la reproduction de s'exercer toute l'année : la compétition
est en effet plus importante pour l'alimentation et pour les abris au moment de la
reproduction.

- facteurs productivité : La diversité serait d'autant plus grande que la productivité est
plus élevée (Connell et Aurias, 1964). Dans un milieu stable, les pertes d'énergie sont
faibles et une plus grande quantité d'énergie se retrouve sous la forme de matière
vivante. Cet accroissement permet aux espèces de former des populations plus
importantes avec un plus grand pouvoir de variabilité. En outre, l'abondance de la
nourriture permet aux espèces de se fragmenter en petites populations plus ou moins
isolées qui peuvent accéder au niveau spécifique.

L'approche écosystémique ou approche par écosystème est une méthode de


gestion où les terres, l'eau et les ressources vivantes sont intégrées afin de favoriser la
conservation et l'utilisation durable des ressources naturelles, afin de respecter les
interactions dans les écosystèmes dont l'être humain dépend. En résumé, toutes les
parties d'un écosystème sont liées, il faut donc tenir compte de chacune d'entre elles.

Cette approche est surtout utilisée en gestion des forêts, des pêches, en gestion
agricole et en recherche environnementale.

7. Facteurs de variation de la biodiversité


Qu’est-ce qu’un facteur de changement ? Et comment a-t-il un impact sur la biodiversité
?
Définition : Un facteur de changement désigne tout facteur, naturel ou induit par
l’homme, qui entraîne un changement dans la biodiversité, directement ou
indirectement.
Les facteurs de changement directs qui influencent de manière non équivoque
les processus des écosystèmes comprennent les changements dans l’affectation des sols,
le changement climatique, les espèces envahissantes, la surexploitation et la pollution.
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Les facteurs de changement indirects, comme les changements dans la
démographie humaine, les revenus ou le mode de vie, agissent de façon plus diffuse en
modifiant un ou plusieurs facteurs de changement directs. Certains facteurs de
changement directs sont plus faciles à mesurer que d’autres, notamment l’usage
d’engrais, la consommation d’eau, l’irrigation et les récoltes. Pour d’autres facteurs de
changement, les indicateurs ne sont pas autant développés et les données sont moins
facilement disponibles. C’est le cas des espèces non indigènes, du changement
climatique, de la transformation de la couverture terrestre et de la fragmentation du
territoire.
Les changements dans la biodiversité sont déterminés par des combinaisons de
facteurs de changement temporels, à différentes échelles, et qui ont tendance à
s’amplifier les uns les autres. Par exemple, la croissance de la population et des revenus
conjuguée à certaines avancées technologiques peut conduire au changement
climatique.
Les cinq principaux facteurs de changement indirects ayant une influence sur la
biodiversité sont :
• L’évolution de l’activité économique : l’activité économique mondiale est aujourd’hui
presque sept fois plus importante que ce qu’elle était il y a 50 ans, et on s’attend à ce
qu’elle augmente encore. Les nombreux processus de mondialisation ont levé les
barrières régionales, affaibli les relations nationales et augmenté l’interdépendance
entre les gens et entre les nations.
• L’évolution démographique : la population mondiale a doublé ces quarante dernières
années, pour atteindre les 7 milliards en 2015. Le fait que de plus en plus de personnes
vivent dans des villes fait croître la demande en nourriture et en énergie et, par
conséquent, augmente la pression sur les écosystèmes.
• Les facteurs socio-politiques : la tendance vers des institutions démocratiques
observée au cours des 50 dernières années a permis l’émergence de nouvelles formes
de gestion des ressources environnementales.
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• Les facteurs culturels et religieux : la culture conditionne la façon dont les individus
perçoivent le monde et dont ils établissent leurs priorités, par exemple en termes de
conservation.
• La science et la technologie : le développement et la diffusion des connaissances
scientifiques et des technologies peuvent d’une part permettre d’atteindre une
meilleure efficacité dans l’utilisation des ressources et, d’autre part, donner les moyens
d’accroître l’exploitation des ressources naturelles.
Différents facteurs de changement directs sont cruciaux dans différents
écosystèmes. Historiquement, ce sont les changements dans l’habitat et l’affectation
des terres (spatiaux) qui ont eu le plus gros impact sur la biodiversité dans tous les
écosystèmes, mais on estime que le changement climatique et la pollution vont avoir
une incidence de plus en plus grande sur toutes les dimensions de la biodiversité. La
surexploitation et les espèces envahissantes ont également été importantes et
continuent d’être des facteurs de changements majeurs de la biodiversité.
Au cours des 50 dernières années, les facteurs de changement directs les plus
importants ont été :
Dans les écosystèmes terrestres : les changements dans la couverture terrestre,
principalement par la conversion en terres cultivables. Seules les zones inaptes à la
culture, comme les déserts, les forêts boréales et la toundra, sont restées relativement
intactes. Actuellement, la déforestation et la dégradation des forêts sont
particulièrement considérables dans les régions tropicales. Les systèmes de culture
occupent aujourd’hui près d’un quart de la surface de la planète.
Dans les écosystèmes marins : la pêche est la principale pression humaine directe ayant
un impact sur la structure, la fonction et la biodiversité des océans. Dans tous les
océans, un certain nombre de stocks de poisson concernés par la pêche se sont effondrés
suite à leur surpêche ou à une pêche dépassant leurs niveaux maximum soutenables.
Après un pic à la fin des années 1980, la quantité mondiale de poissons pêchés a décliné.
Dans les écosystèmes d’eau douce : les changements dans le régime des eaux dus par
exemple à la construction de grands barrages ; les espèces envahissantes qui peuvent
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entraîner l’extinction d’espèces ; et la pollution, comme les fortes teneurs en éléments
nutritifs.
Comment des facteurs de variations directes particuliers modifient-ils la biodiversité ?
Les perturbations naturelles (telles que les incendies) ou les changements dans
l’utilisation des terres (telle que la construction de routes) conduisent à la
fragmentation des forêts. De tels changements dans les habitats ont un impact
considérable sur la biodiversité, dans la mesure où de petites parcelles d’habitat ne
peuvent abriter que de petites populations qui ont tendance à être plus vulnérables aux
extinctions.
Les espèces étrangères envahissantes qui s’établissent et se propagent en dehors
de leur zone de répartition géographique habituelle ont été une cause majeure
d’extinction. Ce phénomène a particulièrement touché les îles et les habitats d’eau
douce et continue d’être un problème dans de nombreuses régions, des mesures
efficaces de prévention faisant défaut. En Nouvelle Zélande, par exemple, des plantes
ont été introduites au rythme de 11 espèces par an depuis que les Européens s’y
installèrent en 1840.
La surexploitation reste une menace importante pour de nombreuses espèces,
parmi lesquelles des poissons et invertébrés marins, des arbres ou encore des animaux
chassés pour leur viande. La plupart des espèces de poisson pêchés industriellement
sont soit totalement exploitées, soit surexploitées, tandis que les techniques de pêche
destructrices endommagent les estuaires et les zones humides.
Au cours des quatre dernières décennies, les niveaux excessifs d’éléments
nutritifs dans les sols et dans l’eau se sont révélés parmi les facteurs les plus importants
de changement dans les écosystèmes terrestres, d’eau douce et côtière. Plus de la moitié
de tous les engrais synthétiques à base d’azote jamais employés sur Terre ont été utilisés
depuis 1985, et l’usage du phosphore est actuellement trois fois plus important qu’en
1960.
La quantité totale d’azote que les activités humaines ont rendu disponible pour
les organismes vivants dépasse désormais celle de toutes les sources naturelles d’azote
combinées. Des ajouts excessifs d’azote et de phosphore dans l’eau douce ou dans les
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systèmes marins côtiers peuvent provoquer une prolifération excessive des plantes et
des algues (eutrophisation) et un manque d’oxygène ainsi que d’autres problèmes
environnementaux.

8. Les différentes dimensions de la biodiversité


La biodiversité doit d'une part être considérée en tant que processus dynamique,
dans sa dimension temporelle ou sa structure. Elle est un système en évolution
constante, du point de vue de l'espèce autant que celui de l'individu. La demi-vie
moyenne d'une espèce est d'environ un million d'années et 99% des espèces qui ont
vécu sur terre sont aujourd'hui éteintes.
Elle peut aussi être considérée dans sa composante spatiale : la biodiversité
n'est pas distribuée de façon régulière sur terre. La flore et la faune diffèrent selon de
nombreux critères comme le climat, l'altitude, les sols ou les autres espèces (critères
que l'homme modifie de plus en plus fortement et rapidement). Et dans sa fonction
(les processus qui génèrent la biodiversité et qui affectent la structure et la
composition).
9. Inventaire des espèces
A. Méthodes d’inventaire de la biodiversité (échantillonnages)
B. Indicateurs de diversité (richesse spécifique, indice de Shannon, diversité
taxinomique)
C. Comment mesurer la distribution spatiale de la biodiversité ?
D. Recours à des bio-indicateurs

A. Echantillonnage des espèces : Il faut rendre compte des points suivants :


➢ Accessibilité aux espèces (encore des régions peu explorées)
➢ Disponibilité des spécialistes (groupes difficiles)
➢ Notion d’espèce (une ou plusieurs; complexe d’espèces; apport de la biologie
moléculaire)
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➢ Inventaire complet
➢ Possible de recourir à des « calculs »
➢ Nombreuses espèces décrites et encore à décrire
➢ Compte tenu du nombre d’espèces actuellement connues (1.5 millions
d’Eucaryotes) et du rythme actuel de description des espèces, il faudra 500 ans
pour finir l’inventaire (May, 2011)
➢ Problème des espèces rares : quel est leur poids dans les différents
calculs de diversité ?

Comment définir une espèce rare ? En se basant sur ces trois critères : Distribution
géographique (large ou réduite), Type d’habitat (indifférent ou particulier), Densité
locale (élevée ou non)

Espèce rare :

(1) sur de nombreux sites, mais densité faible

(2) sur peu de sites, avec abondance élevée ou faible

Remarque: Distinguer les causes et les conséquences de la rareté est souvent difficile

B. Les indicateurs de diversité


La richesse spécifique : C’est le nombre d'espèces d'un ou de plusieurs taxons présentes
dans une aire donnée. La comparaison des richesses se fait par comparaison (rapport)
des nombres d'espèces.
On entend par diversité spécifique un indice qui prend en compte la contribution
de chaque espèce à la biomasse, au flux d'énergie, au recouvrement ou à tout autre
aspect quantifiable de son importance dans le peuplement considéré.
Indice de diversité de Shannon : H’ estime l’incertitude dans la capacité de prédire
l’identité du prochain individu sélectionné aléatoirement dans une communauté

H’ = - Σpi log2 pi. Cet indice varie : 0 < H’ < ln(S)


Donne plus de poids aux espèces rares.
Indice de Simpson : On note la probabilité qu’un individu tiré au hasard appartienne à
l’espèce. L’indice de Simpson (1949), ou Gini-Simpson, est calculé comme suit :
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D = 1- Σpi²
Il peut être interprété comme la probabilité que deux individus tirés au hasard soient
d’espèces différentes. Il est compris dans l’intervalle 0 < D < 1.
L’indice de Simpson montre que plus la diversité est importante, plus D est petit, il
donne également du poids aux espèces abondantes.
Indice de Margalef : Cet indice présente l’avantage d’être simple à calculer. Toutefois,
il peut s’avérer malgré tout sensible à l’effort d’échantillonnage (Magurran, 2004).
D = (S-1)/ln (N)
Indice de Régularité (equitability, evenness) : Mesure la régularité de la distribution
des espèces. La régularité évolue en fonction de l'âge d'un peuplement ou d'une
communauté. Les peuplements pionniers comportent généralement une ou deux
espèces très dominantes et plusieurs très rares, (basse régularité), et évoluent ensuite
vers une représentation plus équilibrée des différentes espèces, sans toutefois atteindre
l'égalité numérique entre les espèces. Cette dernière n'aurait d'ailleurs pas de sens
particulier, puisque chaque espèce exploite le milieu selon son type trophique, sa taille,
etc
E = R = H’/H’max

H’max = log2 S où 0 < E < 1

Indice de similitude de Sørensen :


Ᏸ = 2 C / S1+S2
S1 = le nombre total d'espèces enregistrées dans la première communauté, S2 = le
nombre total d'espèces enregistrées dans la deuxième communauté, et C= le nombre
d'espèces communes aux deux communautés. L'indice de Sørensen est une mesure très
simple de la biodiversité Ᏸ, variant de 0 quand il n'y a pas d'espèces communes entre
les deux communautés, à la valeur 1 lorsque les mêmes espèces existe dans les deux
communautés.
Mesure de Whittaker : Ᏸ = S / α’
Où, S= le nombre total d'espèces enregistrées dans les deux communautés, α’=
moyenne du nombre d'espèces trouvées au sein des communautés.
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10. Etat de la biodiversité dans le monde et en Algérie
a. Etat de la biodiversité à l’échelle mondiale : Il est admis que près de 10 millions
d’espèces vivent sur la terre. Les forêts tropicales hébergent 50 à 90 % de cette diversité
biologique. Actuellement, 17 millions d’hectares de forêts tropicales sont détruits
chaque année et les spécialistes estiment qu’à ce rythme, 5 à 10 % des espèces de la
forêt tropicale disparaîtront. La réduction de cette biodiversité est une conséquence
inévitable du développement humain. Les forêts et les zones humides riches en espèces
ont été transformées en terres cultivées réduisant ainsi la biodiversité. Sur la base des
études effectuées concernant les menaces du développement au détriment de cette
diversité, les scientifiques estiment que 60.000 espèces végétales mondiales et une
proportion plus élevée de vertébrés et d’insectes pourraient voir leur avenir compromis
au cours des trois prochaines décennies si la déforestation ne se ralentie pas
immédiatement.
b. Etat de la Biodiversité en Algérie :
Avec ses 237 639 100 ha, ses différentes régions bioclimatiques, écologiques,
géomorphologiques ainsi que sa diversité spécifique remarquable, l’Algérie se classe
moyennement dans le cortège des pays connus pour leur diversité taxonomique,
écosystémique, paysagère et culturelle. Sa position biogéographique privilégiée entre
la Méditerranée et l’Afrique subsaharienne l’enrichi d’un potentiel faunistique et
floristique composé d’éléments Méditerranéens, Paléarctiques, Ethiopiens et d’espèces
endémiques. Ce brassage des espèces constitue pour notre pays une véritable richesse
qui doit être préservée et gérée rationnellement et durablement pour maintenir les
équilibres écologiques déjà fragiles et conserver notre diversité biologique.
La forêt algérienne est essentiellement de type méditerranéen, il y a deux siècles
elle couvrait 5 millions d’hectares, aujourd’hui, elle ne couvre que 3,9 millions
d’hectares dont 2 millions sont constitués de forêts dégradées (maquis et garrigues). De
1830 à 1955, la forêt algérienne a perdu 1,815 millions d’hectares et de 1955 à 1997, elle
en a perdu 1,21531. Cette perte est le résultat, en partie, de la fragilité de la forêt et les
causes de dégradation tels que la guerre de libération, les défrichements, le
surpâturage, les incendies (qui chaque année, font disparaître 20 à 25 000 ha) et les
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ravageurs (la chenille processionnaire a infesté près de 191818 ha de pin et de cèdre).
Soucieuse de la nécessité de préserver sa biodiversité, l’Algérie à travers ses
engagements envers la convention sur la biodiversité a mis sur place une stratégie
nationale de l’utilisation durable à travers ses structures. Elle a engagé le lancement de
l’inventaire de la faune et de la flore pour identifier les composantes du patrimoine
biologique national et ce, pour des fins d’utilisation dans le développement
économique. A ce titre, 13 unités de conservation et de développement (UCD) 32 ont
été mises en place dans diverses zones écologiques dont six (06) sont considérées
comme prioritaires et représentatives des écosystèmes les plus fragiles à sauvegarder
et à réhabiliter. La mission essentielle de ces UCD est la coordination et le suivi des
inventaires entrepris sur les ressources biologiques.
Ainsi, 16435 taxons ont été inventoriés ce qui représente en fait la diversité
biologique connue en Algérie (correspondant à environ seulement 50% de diversité
estimée par les spécialistes algériens). Sur ces 16.435 taxons, l’économie algérienne n’en
utilise que près de 1%.
Qu’en est–t – il des inventaires de la faune et de la flore disponibles, deux références
ont été consultées et synthétisées dans le tableau suivant :

Tableau 2. Etat de la biodiversité en Algérie :


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11. Statut juridique de la biodiversité (L’Algérie et les conventions internationales


en matière de Diversité Biologique)
a- Convention africaine sur la conservation de la nature et des ressources
naturelles
Date et lieu d’adoption : Alger, 15 / 09 / 1968
Adhésion de l’Algérie : 11 / 12 / 1982
Objectif : Encourager une action à entreprendre à titre individuel et en commun pour
la conservation, l’utilisation et la mise en valeur des ressources en sol, en eau, en flore
et en faune, pour le bien être présent et futur de l’humanité, du point de vue
économique, nutritif, scientifique, éducatif, culturel et esthétique.
Aperçu : Les Etats contractants s’engagent à adopter les mesures nécessaires pour
assurer la conservation, l’utilisation et la mise en valeur des ressources naturelles.
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Les parties conservent et utilisent rationnellement les ressources en faune ; gèrent les
populations et les habitats ; contrôlent la chasse, les captures et la pêche, interdisent
l’utilisation de poison, d’explosifs et d’armes automatiques pour la châsse. Deux listes
d’espèces sont établies ; la liste A comprend les espèces totalement protégées, alors que
celles de la liste B font l’objet d’une autorisation préalable. Le commerce des trophées
est strictement contrôlé. Des zones de conservation sont créées et maintenues. Une
éducation en matière de conservation est donnée à tous les niveaux.
b- Convention relative aux zones humides d’importance internationale
particulièrement comme habitats de la sauvagine.
Date et lieu d’adoption : Ramsar, 02 / 02 / 1971
Adhésion de l’Algérie : 11 / 12 / 1982
Objectif : Empêcher que les zones humides ne fassent l’objet d’empiétement ou de
pertes progressives, étant donné les fonctions écologiques fondamentales de ces zones
humides et leur valeur économique, culturelle et scientifique et récréative.
Aperçu : Les parties désignent au moins une zone humide nationale pour une
incorporation dans une liste des zones humides d’importance internationale. Elles
examinent leurs responsabilités internationales en matière de conservation, de gestion
et d’utilisation rationnelle de populations migratrices de sauvagines. Les parties
établissent des réserves naturelles de zones humides, coopèrent pour l’échange
d’informations et forment du personnel pour la gestion de ces zones humides. Des
conférences relatives à la conservation des zones humides et de la sauvagine sont
convoquées en tant que de besoin.
c- Convention internationale pour la protection des végétaux.
Date et lieu d’adoption : Rome, 06 / 12 / 1951

Adhésion de l’Algérie : 07 / 05 / 1985

Objectifs : Maintenir et intensifier la coopération internationale pour lutter contre les


parasites et les maladies des plantes et des produits végétaux et pour empêcher leur
introduction et leur propagation au-delà des frontières nationales.
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Aperçu : Les parties s’engagent à adopter les mesures législatives, techniques et
administratives pour l’application de cette convention. Chacune des parties crée une
organisation officielle pour la protection des végétaux, chargée d’inspecter les zones
cultivées et les chargements des végétaux dans le transport pour détecter les parasites
et maladies, délivrer des certificats concernant les conditions phytosanitaires et
l’origine des plantes et des produits végétaux. Les parties doivent réglementer aussi
très strictement l’importation et l’exportation des plantes et des produits végétaux en
adoptant, si nécessaire, des mesures d’interdiction, d’inspection et de destruction des
végétaux transportés.

d- Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flores


sauvages menacées d’extinction.

Date et lieu d’adoption : Washington 03 / 03 / 1973

Adhésion de l’Algérie : 25 / 12 / 1982

Objectif : Protéger certaines espèces en voie d’extinction de la surexploitation par un


système de permis d’importation et d’exportation.

Aperçu : Cette convention porte sur tous les animaux et végétaux, morts ou vivants, et
sur toutes leurs parties dérivées reconnaissables.

L’appendice I concerne les espèces menacées d’extinction pour lesquelles le


commerce doit être étroitement contrôlé.

L’appendice II les espèces qui peuvent devenir menacées d’extinction à moins que
leur commerce ne soit réglementé.

L’appendice III les espèces auxquelles une partie donnée peut souhaiter une
réglementation et pour lesquelles il faudrait une coopération internationale pour en
contrôler le commerce.

e- Convention sur la diversité biologique


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Date et lieu d’adoption : Rio de Janeiro le 05 / 06 / 1992
Adhésion de l’Algérie : 21 / 01 / 1995
Objectif : Conserver la diversité biologique, promouvoir l’utilisation durable de ses
éléments, promouvoir un partage équitable, on entend notamment un accès
convenable aux ressources génétiques ainsi qu’un transfert adéquat de la technologie,
compte tenu des droits existants concernant ces ressources et cette technologie.
Aperçu : Les Etats parties sont tenus d’assurer la conservation des éléments de la
diversité biologique à l’intérieur de la zone relevant de leur juridiction nationale, et
d’élaborer des stratégies, plans ou programmes tendant à assurer la conservation et
l’utilisation durable de la diversité biologique. Les parties sont obligées de mettre en
place des programmes de recherche, de formation, d’éducation générale et de
sensibilisation du public.

f- Convention sur la lutte contre la désertification

Date et lieu d’adoption : Paris le 17/ 06 / 1994

Adhésion de l’Algérie : 22 / 01 / 1996

Objectifs : Lutter contre la désertification et atténuer les effets de la sécheresse dans les
pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en
Afrique, grâce à des mesures efficaces à tous les niveaux, appuyées par des
arrangements internationaux de coopération et de partenariat en vue de contribuer à
l’instauration d’un développement durable dans les zones touchées.
Aperçu : Les parties adoptent une approche intégrée, visant les aspects physiques,
biologiques et socio-économiques de la désertification et de la sécheresse. Les parties
doivent coopérer pour promouvoir un environnement international porteur aux fins
de la mise en œuvre de la convention notamment dans les domaines de transfert de
technologie, ainsi que la recherche – développement scientifique, à la collecte et à la
diffusion d’informations et aux ressources financières.

g- Protocole de Carthagène sur la Biosécurité

Date et lieu d’adoption : Montréal, 29/01/ 2000


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Adhésion de l’Algérie : ?

Aperçu : c’est à Montréal le 29 janvier 2000 que La première réglementation


internationale pour le contrôle des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) est
née à l’issu de la Convention sur la Diversité Biologique (CBD) signée au Sommet de
la Terre à Rio de Janeiro en juin 1992 et adopté par l’Algérie le 21/01/1995, c’est le
résultat de plusieurs années de négociations difficiles. Cette adoption représente une
étape historique pour la protection de l'environnement face aux dangers potentiels des
OGM. Dans ce Protocole, les organismes génétiquement modifiés sont appelés
organismes vivants modifiés (OVM).

Protocole sur la Biosécurité représente une avancée importante parce que le principe
de précaution est explicitement à la base des prises de décision pour les mouvements
transfrontières de tous les OGM, y compris les matières premières agricoles.

L'article 10 (6) indique en effet que l'absence de certitude scientifique ne doit pas
empêcher de prendre une décision concernant l'importation de l'organisme vivant
modifié pour éviter ou réduire au minimum les effets défavorables potentiels. Il
consacre ainsi le droit des pays à refuser des importations d'OGM même en l'absence
de certitude scientifique sur les dommages potentiels à la biodiversité et à la santé
humaine. Il devrait à cet égard servir de précédent pour tous les Accords Multilatéraux
sur l'Environnement.

Le groupe de Miami (qui regroupe les pays producteurs d’OGM notamment les U.S.A,
l'Argentine, de l'Australie, du Chili et de l'Uruguay), pourtant non Partie à la
Convention, du Canada, ont réussi à imposer la distinction regrettable entre les OVM
destinés à être disséminés dans l'environnement (principalement les semences) et les
OVM à destination de l'alimentation humaine ou animale ou de la transformation. De
là on se pose la question quant est–il de la stratégie de l’Algérie face à ce nouvel ordre
mondial des organismes génétiquement modifiés ?

Partie 2. Changements Globaux


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1. Définition de changements globaux

Un changement global est un phénomène objet d'étude qui touche le monde


entier. L'échelle du globe représente la plus vaste segmentation dans la considération
d'un phénomène particulier pour un sujet d'étude, comme l'élévation du niveau des
océans ou l'impact de l'accroissement de la population sur les ressources physiques
terrestres.

2. Définition de changement climatique

Désigne l'ensemble des variations des caractéristiques climatiques en un endroit


donné, au cours du temps : réchauffement ou refroidissement. Certaines formes de
pollution de l’air, résultant d’activités humaines, menacent de modifier sensiblement
le climat, dans le sens d’un réchauffement global. Ce phénomène peut entraîner des
dommages importants : élévation du niveau des mers, accentuation des événements
climatiques extrêmes (sécheresses, inondations, cyclones, ...), déstabilisation des forêts,
menaces sur les ressources d’eau douce, difficultés agricoles, désertification, réduction
de la biodiversité, extension des maladies tropicales, etc.

Selon le GIEC (1995), ce changement climatique s'accompagnerait :

✓ d'une perturbation du cycle de l'eau,


✓ d’une augmentation de la fréquence et de l'intensité des catastrophes naturelles
d'origine climatique (sécheresses, inondations, tempêtes, cyclones),
✓ d’une menace de disparition de certains espaces côtiers, en particulier les deltas,
les mangroves, les récifs coralliens, les plages d'Aquitaine, etc.
✓ d’une diminution de 17.5 % de la superficie émergée du Bangladesh, de 1 % de
celle de l'Egypte,
✓ favoriserait l'extension de maladies infectieuses comme la salmonellose ou le
choléra,
✓ accélérerait la baisse de la biodiversité : disparition d'espèces animales ou
végétales.
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3. Liens d'interdépendance entre la diversité biologique et les changements
climatiques : Les liens entre la diversité biologique et les changements climatiques sont
bidirectionnels : les changements climatiques menacent la diversité biologique et la
diversité biologique peut réduire les conséquences des changements climatiques.
A. Les changements climatiques : Une menace pour la diversité biologique
Il existe des preuves à l'effet que les changements climatiques ont déjà commencé à
affecter la diversité biologique et qu'ils continueront à le faire. Voici quelques
conséquences des changements climatiques sur le volet espèces de la diversité
biologique :
• Des changements dans la répartition.
• Un taux d'extinction accru.
• Des changements dans les périodes de reproduction.
• Des changements dans la durée des saisons de culture des plants.

Certaines espèces déjà menacées sont particulièrement vulnérables aux conséquences


des changements climatiques.

Voici des exemples d'espèces et de leurs vulnérabilités :

1. Les mangroves de l'Asie figurent parmi les plus grands territoires restants pour
les tigres. L'augmentation prévue des niveaux de la mer pourrait entraîner la
perte de l'habitat des tigres et menacer la survie de l'espèce.
2. En Afrique, les pressions qu'exercent les périodes sèches de plus en plus longues
et les espaces habitables de plus en plus petits rendent les éléphants très
vulnérables aux changements climatiques.
3. Les changements dans la température et la composition chimique de l'eau
pourraient entraîner la perte de 95% des coraux dans la Grande Barrière de
Corail de l'Australie d'ici 2050.
B. La diversité biologique : Réduction des conséquences des changements
climatiques
L'adoption de stratégies d'adaptation et d'atténuation fondées sur la diversité
biologique pourrait améliorer la résistance des écosystèmes et réduire les risques
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pour les écosystèmes humains et naturels. L'atténuation consiste en une
intervention humaine visant à réduire les sources de gaz à effet de serre ou
améliorer la séquestration du carbone, tandis que l'adaptation aux changements
climatiques porte sur les réajustements des systèmes naturels ou humains en
réponse au stimulus climatiques ou leurs conséquences, qui atténuent les effets
néfastes ou exploitent les possibilités bénéfiques. Voici quelques exemples d'activités
qui favorisent l'atténuation des changements climatiques ou l'adaptation à ceux-ci :
• Le maintien et la restauration des écosystèmes indigènes.
• La protection et l'amélioration des services que procurent les écosystèmes.
• La gestion des habitats des espèces en voie de disparition.
• La création de refuges et de zones tampons.
• La création de réseaux d'aires protégées terrestres, d'eau douce et marines qui
tiennent compte des changements climatiques prévus.

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