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Culture / Culture

L’écrivain sera inhumé à Marseille

Nabil Farès tire sa révérence


©D.
R.

Ainsi, après une longue et prolifique carrière d’écrivain, cet intellectuel de renom s’en est allé,
mardi, dans un hôpital parisien.

Fils de Abderrahmane Farès, chef de l’exécutif provisoire de l’Algérie indépendante, Nabil Farès décide de
quitter l’Algérie pour s’installer en France. Là-bas, il poursuivra ses études et obtiendra un doctorat d’État en
sociologie en 1971, ainsi qu’une maîtrise en philosophie. Il enseignera par la suite la littérature à Paris et à
Alger, et avant de finir sa carrière comme professeur à l’université de Grenoble.
Nabil Farès commence à publier ses romans au début des années 1970, avec l’apparition de Yahia, pas de
chance, un jeune homme de Kabylie (Le Seuil, 1970), réédité et traduit en kabyle par Achab Ramdane en 2009.
Le roman abordait les thèmes de l’indépendance, des désillusions, des déceptions politiques, de la recherche de
soi et de son identité… Charles Bonn dira à ce propos que cet ouvrage a signé “la naissance de Farès à la
littérature, Yahia, pas de chance est la relation des naissances successives de Yahia au monde, et de ses sauts
dans le vide, de ses arrachements comme de sa disponibilité. Yahia est l'homme de l'irréversible, du temps”.
Les œuvres qui ont suivi abordaient encore les thèmes chers à l’écrivain ; la décolonisation, la guerre,
l’indépendance, l’exil avec notamment le Chant d'Akli (1971), Un passager de l'Occident (Le Seuil, 1971),
Mémoire de l'absent (Le Seuil, 1974) ou encore l'Exil et le Désarroi, (François Maspero, 1976). Avec l’arrivée des
années de sang, l’auteur traitera les thèmes de la religion, de l’extrémisme, de la guerre civile. Il tentera
également de réhabiliter la richesse du terroir kabyle et ses contes, à travers des œuvres comme L'Ogresse
dans la littérature orale berbère (Karthala, 1994), ou était une fois l'Algérie (Editions Achab, 2011), qui, tout en
puisant de la tradition orale, évoquait la tragédie de la décennie noire à travers le personnage de Slimane. Il
confiera d’ailleurs dans un entretien accordé au site Lematin.dz, que ce livre, qui sera malheureusement son
dernier, parlait en réalité une tragédie : “Nous tenons au conte merveilleux dans la façon dont on raconte aux
enfants les premières histoires pour les amener à penser(…) Mais, quand, dans le monde que l’on vit, des
personnes que l’on côtoie qui sont des humains se comportent comme des ogres, il y a quelque chose qui
bascule.” Il était par ailleurs auteur de pièces théâtrales dont Histoire de Malika et de quelques textes
importants comme la Nuit de Benjamin, Textes écrits contre un pays défunt, Corps tombés de guerres obscures,
la Vie d'Héphaïstos, Complainte des enfants du XXIe siècle. Né le 25 septembre 1940 à Collo, lieu où résidait sa
famille en raison des la carrière politique de son père, Nabil Farès a grandi dans une famille de lettrés ; son
grand-père puis son père lui transmettront cet amour pour la littérature et la culture. Après des études au lycée
de Ben Aknoun d'Alger, il adhérera à l’ALN en 1960, avant de rejoindre la France pour continuer ses études.

Yasmine Azzouz

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