L 'analyse fonctionnelle du bilan est une méthode permettant, à partir d’un bilan dit fonctionnel,
d'analyser l’équilibre financier d'une entreprise via le calcul du fonds de roulement net global (FRNG),
du besoin en fonds de roulement (BFR) et de la trésorerie nette (T).
Définition :
• Approche financière : le bilan est un document de synthèse présentant l’ensemble des ressources
dont a disposé l’entreprise et l’ensemble des emplois qu’elle en a fait.
Tout emploi est financé par une ressource et toute ressource finance un emploi. Le bilan est donc
toujours équilibré.
L’actif du bilan.
Le passif du bilan.
• Les capitaux propres correspondent à des dettes à long terme vis-à-vis des associés ou actionnaires.
Il s’agit de façon simplifiée des apports effectués par les associés ou actionnaires (en fonction de la
forme juridique) et des résultats cumulés de l’entreprise qui n’ont pas été distribués. Ces ressources
ont permis de financer des emplois (immobilisations, stocks, décalages de paiement et disponibilités).
• Les emprunts correspondent aux dettes à moyen terme mais comprennent aussi des sommes dues
à court terme (intérêts courus sur emprunts, concours bancaires courants et soldes créditeurs de
banque).
• Les dettes représentent les sommes dues à court terme. Elles proviennent des délais de paiement
accordés à l’entreprise par ses partenaires (fournisseurs pour les achats, État pour les impôts et taxes,
organismes sociaux pour les cotisations sociales, etc.).
Certaines immobilisations financières (notamment les prêts accordés par l’entreprise sur un horizon
supérieur à un an) peuvent contenir des intérêts courus. Il s’agit d’intérêts se rattachant à l’exercice
en cours mais non encore encaissés. L’encaissement des intérêts courus aura lieu au début de
l’exercice suivant.
➔ Les intérêts courus sur immobilisations financières seront reclassés dans la partie du bilan
fonctionnel relevant d’un horizon de court terme (actif circulant).
Seuls les frais d’émission des emprunts peuvent être comptabilisés dans un compte de charges à
répartir (compte 4816). L’étalement de cette charge s’effectue au moyen d’un amortissement direct
sur la durée de l’emprunt, pour une fraction égale chaque année.
➔ Seule leur valeur nette des frais d’émission d’emprunts apparaît au bilan.
L’entreprise peut préférer comptabiliser les frais d’émission des emprunts en charges et ainsi renoncer
à leur étalement sur plusieurs exercices.
3. Primes de remboursement des obligations (en bas de l’actif)
Lorsque les entreprises émettent des obligations pour se financer, le prix de remboursement est
parfois supérieur au prix d’émission. C’est ce qu’on appelle une prime de remboursement.
L’emprunt obligataire est comptabilisé au passif pour sa valeur de remboursement tandis que les
primes de remboursement sont enregistrées à l’actif. Les primes de remboursement des obligations
(compte 169) font l’objet d’un amortissement direct en retenant la durée de l’emprunt obligataire.
➔ Seule la valeur nette des primes de remboursement des obligations apparaît au bilan.
À la clôture de l’exercice, toutes les créances et dettes en monnaies étrangères sont évaluées en euros
sur la base du dernier cours de change connu.
Pour établir le bilan fonctionnel, il faut éliminer les écarts de conversion afin de reconstituer le montant
d’origine des dettes et créances en devises.
Les quatre postes d’emprunts (emprunts obligataires convertibles, autres emprunts obligataires,
emprunts et dettes auprès des établissements de crédit, emprunts et dettes financières divers)
peuvent inclure des intérêts courus (intérêts dus à brève échéance).
➔ Les intérêts courus sur emprunts doivent être reclassés dans la partie du bilan fonctionnel qui
relève d’un horizon de court terme (dettes circulantes).
Le poste « Emprunts et dettes auprès des établissements de crédit » peut également inclure des
concours bancaires courants (compte 519 : avance de trésorerie à rembourser rapidement) et soldes
créditeurs de banques (compte 512 créditeur = découvert bancaire).
➔ Les CBC et soldes créditeurs de banque doivent être reclassés dans la partie du bilan fonctionnel
qui relève d’un horizon de court terme (trésorerie passive).
Le bilan fonctionnel est un bilan reflétant les trois grandes fonctions de l’entreprise : fonction
d’investissement, fonction de financement et fonction d’exploitation.
La fonction d’exploitation s’inscrit dans un horizon de court terme. Il s’agit de l’exploitation au sens
large (éléments cycliques) :
Le bilan fonctionnel est toujours équilibré (total de l’actif = total du passif) car tout emploi est financé
par une ressource et inversement.
Les postes de l’actif sont considérés pour leur montant brut (valeur d’origine à financer). Les dettes et
créances en devises sont considérées pour leur montant d’origine. En présence d’écarts de conversion
(perte ou gain de change potentiel), il convient de reconstituer la valeur d’origine.
Reconstitution du montant d’origine des dettes et créances étrangères
La fonction d’exploitation (au sens large) est représentée à l’actif et au passif par trois rubriques
L’actif circulant d’exploitation (ACE) et les dettes circulantes d’exploitation (DCE) relèvent de
l’exploitation au sens strict, c’est-à-dire du cœur de métier.
Dans la partie à court terme et hors exploitation (ACHE ou DCHE), on retrouvera systématiquement :
– les intérêts courus (à l’actif s’ils concernent les immobilisations financières, au passif s’ils concernent
les emprunts) ;
– les décalages de paiement concernant l’IS (à l’actif pour une créance sur IS, au passif pour une dette
d’IS). En effet, l’IS est calculé sur l’ensemble des opérations réalisées par l’entreprise (et pas seulement
les opérations d’exploitation) ;
– les décalages de paiement liés aux cessions d’immobilisation (à l’actif pour une créance sur cession
d’immobilisation, au passif pour une dette sur immobilisations).
La trésorerie est isolée dans une troisième rubrique, qu’elle soit positive (trésorerie active) ou négative
(trésorerie passive = concours bancaires courants et découverts).
Il s’agit de reprendre tous les postes du bilan comptable en les reclassant en fonction du cycle auquel
ils se rattachent (investissement, financement ou exploitation au sens large).
Les ressources stables comprennent les ressources propres de l’entreprise (capitaux propres +
amortissements, dépréciations et provisions) et les dettes financières (partie stable des emprunts).
Les charges à répartir sur plusieurs exercices (frais d’émission d’emprunt à étaler) et les primes de
remboursement des obligations relèvent d’un horizon de moyen-long terme. Les charges à répartir
viennent en déduction des capitaux propres et les primes de remboursement en moins des emprunts
obligataires.
Les valeurs mobilières de placement (VMP) sont parfois assimilées à de la trésorerie si elles peuvent
être revendues rapidement et sans risque de perte (on dit alors qu’elles sont liquides).
C) Retraitements extra-comptables
Les analystes financiers effectuent des retraitements extra-comptables (ou hors bilan) afin de
comparer de façon objective des entreprises ayant fait des choix de gestion différents.
Les analystes financiers effectuent des retraitements extra-comptables (ou hors bilan) afin de
comparer de façon objective des entreprises ayant fait des choix de gestion différents.
1. Retraitement du crédit-bail
Ce retraitement revient à considérer que l’entreprise est propriétaire du bien concerné, l’acquisition
de celui-ci ayant été financée par emprunt
Parmi les entreprises ayant des problèmes de trésorerie, certaines ont recours au découvert bancaire
tandis que d’autres choisissent d’escompter leurs effets de commerce. L’escompte des effets de
commerce procure des liquidités à l’entreprise et fait disparaître du bilan les créances clients qui ont
été cédées à la banque. L’entreprise reste toutefois responsable du bon paiement du client.
Afin de rendre les bilans comparables, les analystes financiers retraitent les effets escomptés et non
échus (EENE) en supposant à la place un financement par découvert bancaire
III) Fonds de roulement net global, besoin en fonds de roulement et trésorerie nette
A) Fonds de roulement net global (FRNG)
Définition : Le fonds de roulement net global (FRNG) est l’excédent de ressources stables après
financement des emplois stables (immobilisations brutes).
1. Calcul
2. Interprétation
Définition : On appelle besoin en fonds de roulement (BFR) le besoin de financement engendré par le
cycle d’exploitation.
1. Calcul
Le BFR se calcule à partir de l’actif circulant et des dettes circulantes en excluant la trésorerie active et
la trésorerie passive.
Le BFR peut être décomposé en BFR d’exploitation (BFRE) et BFR hors exploitation (BFRHE), ce qui
permet d’isoler le BFR lié au cœur de métier de l’entreprise :
• Le BFRE représente la composante la plus importante du BFR. Supposé directement lié au chiffre
d’affaires, le BFRE est une variable de gestion primordiale.
• Composante généralement mineure du BFR, le BFRHE peut être très fluctuant d’un exercice à l’autre
(il est notamment impacté par les acquisitions et cessions d’immobilisations lorsqu’il existe un
décalage de paiement).
2. Interprétation
– les délais de paiement consentis par les partenaires de l’entreprise (fournisseurs, État, organismes
sociaux) et de ceux accordés aux clients.
• Le facteur volume : le niveau de l’activité (plus le chiffre d’affaires progresse et plus les créances
clients sont élevées).
Définition : La trésorerie nette (T) correspond à la trésorerie disponible une fois financés les
immobilisations et le cycle d’exploitation.
1. Calcul
2. Interprétation
La trésorerie peut être positive ou négative, selon que le FRNG est supérieur ou inférieur au BFR :