Chapitre III Fibres optiques

Chapitre III.
Fibres optiques

1. Introduction
La fibre optique est un guide de lumière qui est devenue aujourd'hui le support transmission
privilégié pour la transmission d’information à hauts débits et pour des distances plus longues.
La fibre optique est un guide d'onde cylindrique qui transmet l'information sous forme de
lumière à travers de longues distances avec un débit élevé. Elle constitué de deux couches de
matériaux diélectriques transparents en verre ou en plastique qui sont entourées par un
revêtement de protection.
Elle comprend donc comme illustré dans la figure III.1:
 Le cœur: est la couche centrale dans laquelle se propage la lumière, d’indice de
réfraction n1.
 La gaine optique: couche qui entoure le cœur d'indice de réfraction n2, inférieur à celui du
cœur afin de confiner la lumière dans le cœur.
 Revêtement de protection: couche de protection généralement constitué de plusieurs
couches.
Revêtement
de protection
Cœur

Gaine
optique

Figure III.1 : Fibre optique.

2. Notions d’optique
2.1. Indice de réfraction
L’indice de réfraction noté n est une grandeur sans dimension qui caractérise un matériau
diélectrique, il décrit le comportement de la lumière dans celui-ci.
L'expression de l'indice de réfraction s'exprime comme le rapport des vitesses de propagation
de la lumière dans le vide et dans le milieu concerné :
𝒄
𝒏= III.1
𝒗

1 Supports de transmission
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Avec :
c : vitesse de la lumière dans le vide.
v : vitesse de la lumière dans le milieu concerné.
La figure III.2 présente l’influence des indices de réfraction, sur un rayon lumineux (Figure
III.2-a) ou sur un objet (Figure III.2-a), lors de passage d’un milieu à un autre d’indices de
réfraction différents.

(a) (b)
Figure III.2 : Influence des indices de réfraction lors de passage d’un milieu à un autre d’indices de
réfraction différents.

Le tableau III.1 présente les indices de réfraction de quelques milieux.

Milieu Indice de réfraction

Vide 1
Air 1,000293
Eau 1,333
Verre 1,511 à 1,535

Tableau III.1 : Indices de réfraction de quelques milieux.

2.2. Réflexion et réfraction

Dans un milieu homogène et transparent, la lumière se propage en ligne droite. Quand la

lumière, propageant dans un milieu non-homogène, frappe la surface de séparation de deux
milieux transparents qui ont des indices de réfraction différents n1 et n2. La lumière subit les
phénomènes de la réflexion et de la réfraction.

Lorsqu’un rayon lumineux arrive à l’interface entre deux milieux transparents (cœur et gaine)
et de différents indices de réfraction (n1 et n2 respectivement), avec un angle d’incidence θi par
rapport à la normale à l'interface des deux milieux, il se sépare en deux
rayons (figure III.3):

 Un rayon réfléchi formant un angle θr par rapport à la normale à l'interface des deux
milieux.
 Un rayon réfracté avec un angle θt par rapport à la même normale.

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θi θr

θt

Figure III.3 : Propagation de la lumière à l’interface entre deux milieux transparents.

D’après la loi de Snell-Descartes, le rayon incident et le rayon réfléchi sont liés par la relation
suivante :

𝒏𝟏 𝒔𝒊𝒏 𝜽𝒊 = 𝒏𝟐 𝒔𝒊𝒏 𝜽𝒕 III.2

2.3. Angle critique

Selon l’angle d'incidence, on peut distinguer trois principaux scénarios (figure III.4):
a) Cas d'un angle d'incidence normal, et par conséquent, on aura un angle de réfraction
associé.
b) Dans ce cas, l'angle d'incidence est dit critique. L'angle de réfraction est maximal, c'est
à dire de 90°. Il existe alors un angle θi limite au-delà duquel on passe de la réfraction
à la réflexion totale. Donc θr_max = 90° d'où θi_limite = Arcsin n2/n1
c) Cas d'un angle d’incidence supérieur à l'angle critique, on a donc une réflexion totale
(θi > θi_limite) .

Figure III.4 : Différents angles d'incidences.

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2.4. Ouverture numérique

Les relations de réfraction induisent des angles limites qui permettent le guidage du signal
lumineux au sein d'une fibre optique. On introduit donc la notion de l’ouverture numérique
d'une fibre (figure III.5). Cette notion va donc permettre de définir l'angle d'incidence limite
permettant le guidage du signal lumineux.

Figure III.5 : Ouverture numérique d'une fibre optique.

L’ouverture numérique de la fibre optique est calculé en utilisant la formule suivante :

𝑶𝑵 = 𝒔𝒊𝒏 𝜽𝟎 = √𝒏𝟏 𝟐 − 𝒏𝟐 𝟐 III.3

On peut noter de la figure III.6 la présence de deux angles d'incidence limite, de part et d'autre
de l'axe de la fibre optique. Ces deux angles limites forment le cône d'acceptance.

Figure III.6 : Cône d'acceptance et les différents angles d'incidences dans une fibre optique.

Les rayons lumineux arrivant à l'entrée de la fibre, vont subir les trois scénarios vue
précédemment en fonction de leur angle d'incidence (figure III.5).

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Le rayon vert arrive avec un angle supérieur à l'angle d'incidence limite (donc en dehors du
cône). Ce rayon ne sera pas guidé de bout en bout à l'intérieur de la fibre, mais sera dispersé
dans la gaine de la fibre.
Le rayon rouge, qui arrive dans la fibre avec un angle d'incidence limite. Il sera guidé jusqu'au
bout de la fibre, mais avec une direction parallèle à l'axe de la fibre.
Le rayon bleu, qui entre dans la fibre avec un angle d'incidence inférieur à l'angle limite sera
guidé de façon normale, c'est à dire en suivant le principe de réflexion totale interne au sein
du cœur de la fibre.

2.5. Longueur d'onde

La longueur d'onde est la distance parcourue par l'onde pendant une période définie.
𝒄
𝝀= =𝒄∗𝑻 III.4
𝒇
Avec :
λ : longueur d'onde en m.
c : vitesse de l'onde en m/s.
T : période en s.
f : fréquence en Hz.
Les longueurs d’onde les plus couramment utilisées dans les fibres optiques sont 850 nm, 1300
nm et 1550 nm (Figure III.7).
 La fibre multimode fonctionne avec la longueur d’onde de 850 nm et de 1300 nm,
 La fibre monomode fonctionne avec la longueur d’onde de 1300 nm et de 1550 nm.

850nm 1300nm 1550nm

Figure III.7 : Longueurs d’onde utilisées dans les fibres optiques.

3. Types de fibres optiques

La propagation des signaux lumineux se décrit au moyen de mode de propagation. Un mode

est un angle ou trajectoire du rayon lumineux par rapport à l’axe de propagation de la fibre.
Donc les fibres optiques peuvent être classé en deux familles selon le nombre des modes
qu’elles sont capables de les transmettre :

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 Les fibres monomodes : qui ne transmettent qu’un seul mode de propagation (le mode
fondamental)
 Les fibres multimodes : qui tolèrent la propagation des plusieurs modes.

3.1. La fibre multimode :

Ce type de fibre est dit « multimode » car la lumière se propage suivant plusieurs modes, c’est
à dire qu’elle peut suivre plusieurs trajets à l’intérieur du cœur (figure III.8). Les paramètres
géométriques de la fibre multimode sont :
 Diamètre du cœur (μm): 50 ou 62,5.
 Diamètre de la gaine (μm) : 125.

La fibre multimode est utilisée généralement pour des distances courtes, notamment dans les
réseaux locaux (LAN). Elle est composée de deux types:
 Fibre multimode à saut d'indice.
 Fibre multimode à gradient d'indice.

Figure III.8 : fibre optique multimode.

 La fibre multimode à saut d'indice :

C’est la fibre la plus simple, ce type possède un cœur homogène, même indice de réfraction.
L'atténuation sur ce type de fibre est, relativement, très importante comme on peut le voir sur
figure III.9 qui montre la différence des impulsions d'entrée et de sortie.

La variation d’indice entre le cœur et la gaine est brutale (saut d’indice). La propagation s’y
fait par réflexion totale à l’interface cœur/gaine, en "dent de scie".

50-62,5

Figure III.9 : fibre optique multimode à saut d'indice.

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 La fibre multimode à gradient d'indice :

Le cœur d'une fibre à gradient d'indice, contrairement à la fibre à saut d'indice, n'est pas
homogène. Il est constitué de plusieurs couches dont l'indice de réfraction est différent à chaque
couche et diminue de l'axe jusqu'à la gaine.

A la différence de la fibre à saut d'indice, il n'y a pas un saut brutal de l'indice de réfraction
entre cœur et gaine. La variation de l'indice de réfraction influe sur la direction des rayons
lumineux, qui ont une forme elliptique (figure III.10).

50-62,5

Figure III.10 : fibre optique multimode à gradient d'indice.

3.2. La fibre monomode:

La fibre est dite « monomode » en raison de la très petite taille du cœur (9 μm), où il n’y a qu’un
seul mode de propagation de la lumière (figure III.11). Les paramètres géométriques de la fibre
monomode sont :
 Diamètre du cœur (μm): 9.
 Diamètre de la gaine (μm) : 125.

9µm

Figure III.11 : fibre optique monomode.

La fibre monomode est la meilleure fibre existante à l'heure actuelle. C'est ce type de fibre qui
est utilisé dans les cœurs de réseaux mondiaux. Un seul mode de propagation de la lumière
existe : c'est le mode en ligne droite. L'atténuation sur ce type de fibre est quasi nulle, c'est ce
qui en fait sa force, moins de 0,5 dB/Km. Le tableaux III.2 résume les avantages et les
inconvénients des types de fibres optiques.

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Structure Avantages Inconvénients

 Grande ouverture numérique  Pertes

Multimode à  Connexion facile  Dispersion et distorsion
saut d’indice  Faible prix élevés du signal
 Facilité de mise en œuvre

Multimode à  Bande passante raisonnable  Difficile à mettre en œuvre

gradient  Bonne qualité de transmission
d’indice

 Bande passante très grande  Prix très élevé

Monomode  Atténuation très faible
 Faible dispersion

Tableaux III.2 Avantages et inconvénients des types de fibres optiques.

4. Caractéristiques de la fibre optique

4.1. Bande passante et capacité
C’est une mesure de la capacité de transport de données d’une fibre optique. Par exemple, une
fibre peut avoir une bande passante de 400 MHz.km (méga-hertz par kilomètre).
La bande passante dépend du type de fibre. La fibre monomode permet d’avoir un débit
beaucoup plus important que la multimode. Et par analogie la capacité (débit maximal) de ce
support de transmission dépend aussi de type de la fibre optique. Le tableau III.3 présente les
bandes passantes des fibres multimodes (OM1, OM2, OM3) et de la fibre monomode (OS1).

OM1 OM2 OM3 OS1

Diamètre
62,5/125 50/125 50/125 9/125
(cœur/gaine)

200- 500-
Bande passante 500MHz.Km > 10GHz
500MHz.Km 1500MHz.Km

Tableau III.3 Bandes passantes des fibres multimodes (OM1, OM2, OM3) et de la fibre monomode (OS1).

Exemple :
Une information (A, B ou C) se propage dans la fibre suivant n modes, ce qui la déforme,
comme si elle se dédoublait n fois, les notions de multimode et de monomode seront détaillées
dans les types de fibres optiques.

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Par exemple sur la figure III.12, le trajet suivant le mode 3 est plus long que celui suivant le
mode 2, qui est lui-même plus long que le trajet suivant le mode 1.
Si les informations arrivent trop rapprochées, elles risquent alors de se mélanger, et ne sont pas
récupérables à la sortie de la fibre. Il faut donc les espacer suffisamment: limiter le débit.

Figure III.12 : propagation de l’information dans une fibre multimode.

Une information (A, B ou C) se propage dans la fibre suivant un seul mode (figure III.13), donc
n’est pas déformée. On peut donc rapprocher beaucoup plus les informations et obtenir un débit
bien plus important.

Figure III.13 : propagation de l’information dans une fibre monomode.

4.2. Atténuation
La lumière, lorsqu'elle se propage le long de la fibre, s’atténue progressivement. Cette
atténuation s’exprime par une valeur en dB/km. Cette atténuation dépend de la longueur d'onde
(λ), c'est à dire de la couleur (la fréquence) de la lumière. L’atténuation linéique, par unité de
longueur qui généralement utilisé pour représenter cette grandeur, s’écrit de la manière
suivante :
𝟏𝟎 𝑷𝒆
𝜶(𝝀)(𝒅𝑩/𝒌𝒎) = 𝒍𝒐𝒈 ( ) III.5
𝑳 𝑷𝒔
Avec :
Pe : Puissance d’entrée.
Ps : Puissance de sortie.
La figure III.8 illustre l’influence de la longueur d’onde sur l’atténuation.

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Figure III.14 : L’atténuation en fonction de la longueur d’onde.

Selon l’atténuation (figure III.14), les fibres peuvent être utilisées pour la transmission
essentiellement dans trois « fenêtres en longueur d’onde » : les fenêtres 850 nm, 1300 nm et
1500 nm.
 La fenêtre à 850 nm a une atténuation moyenne d’environ 3,5 dB/km.
 La fenêtre à 1300 nm a une largeur de bande de 50 nm et une atténuation moyenne
d’environ 0,4 dB/km.
 La fenêtre à 1550 nm a une largeur de bande de 100 nm et une atténuation moyenne
d’environ 0,2 dB/km.
Les longues portées utilisées avec les fibres optiques influent aussi sur le signal lumineux, mais
ce n’est pas la seule cause d’atténuation qui existe, en effet, l’absorption, la diffusion, les
courbures et les pertes de connectiques sont les principales causes de l’atténuation (figure
III.15). La dispersion chromatique et la dispersion modale causent aussi la perte du signal.

Figure III.15 : Pertes (atténuation) dans une liaison à base de fibre optique.

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4.3. Dispersion
La Dispersion au sens large est un étalement ou un élargissement des impulsions lumineux lors
de leur propagation le long d’une fibre (figure III.16). Une dispersion trop importante augmente
le taux d’erreur au niveau du récepteur (une impossibilité de distinguer les 0 des 1 ). On
distingue deux principaux types de dispersion.

Figure III.16 : Dispersion du signal d’entré dans une fibre optique.

 Dispersion chromatique:

Lorsqu’on n’a pas une source de lumière idéale, on aura donc plusieurs longueur d’onde (ou
fréquence) près de la nominale. Chaque fréquence a une vitesse de propagation différentes.
Cette variation de vitesse va étalée l’impulsion à la sortie.

 Dispersion modale:
Une impulsion à l'entrée des fibres multimodes génère une multitude de rayons (modes) qui
partent ensemble mais n'arrivent pas tous en même temps parce qu'ils parcourent des trajets de
longueurs différents en des temps de propagation eux aussi différents. Ceci entraine un
élargissement de l'impulsion optique reçue donnant lieu à une réduction de la vitesse de
transmission maximale.

5. Système de transmission par fibre optique

Un système de transmission par fibre optique est constitué principalement de (figure III.17) :
 Un émetteur de lumière (transmetteur), constitué d’une diode électroluminescente
(LED), ou d’une diode LASER, qui transforme les impulsions électriques en impulsions
lumineuses.
 Un récepteur de lumière, constitué d’une photodiode de type PIN (Positive Intrinsic
Négative) ou de type PDA (à effet d’avalanche) qui traduit les impulsions lumineuses
en signaux électriques.

Figure III.17 : Système de transmission par fibre optique.

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6. Avantages des fibres optiques

 Faible atténuation:
La fibre optique a une atténuation moins importante que les conducteurs électriques, ce
qui permet de transmettre des informations sur de plus longues distances en nécessitant
moins de répéteurs.

 Grande bande passante:

La fibre optique permet d’atteindre des capacités de transport bien plus élevées que le
cuivre. Les bandes passantes typiques sont de 200 à 1500 MHz.km pour des fibres
multimodes, et > 10 GHz.km pour des fibres monomodes, comparées à 10 à 25 MHz.km
pour des câbles électriques usuels.

 Insensibilité aux perturbations électromagnétiques:

Les fibres optiques sont immunes aux parasites électromagnétiques, et elles-mêmes
n'émettent aucune radiation.

 Isolation électrique:
Les fibres optiques permettent d'effectuer des transmissions entre points de potentiels
électriques différents, et au voisinage d'installations à haute tension.

 Taille et poids réduits:

Pour faire passer une quantité d'informations équivalente, le volume et la masse de câble
à fibre optique à utiliser sont bien moindres qu’en câble électrique.

7. Domaines d’application de la fibre optique

 Télécommunications
En télécommunications, la fibre optique est utilisée pour la transmission d'information
(conversations téléphoniques, images /vidéos, données).
C’est probablement l’un des domaines où l’utilisation de la fibre optique est le plus
important et a le plus d’avenir.

 Médecine

La fibre optique est utilisée en médecine pour:

 Diagnostiquer des problèmes de santé
 Traiter certaines maladies.

 Capteurs (température, pression, … etc.).

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