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Quelles devraient être les priorités de la nouvelle direction interministérielle des

systèmes d'information et de communication (DISIC)?

Le 21 février 2011, le projet de la direction interministérielle des systèmes d'information


(DISIC) porté par la direction générale de la modernisation de l'Etat (DGME) voit officiellement le
jour. La création de la DISIC placée sous l'autorité du Premier ministre et rattachée au secrétaire
général du gouvernement a été officialisée par le décret n° 2011-193. Ce projet mené depuis plus de
dix-huit mois par la DGME a pour ambition de doter l'Etat d’une gouvernance renforcée en matière
de systèmes d’information, mais également d’une plus grande cohérence en matière de choix
informatiques pour l’administration ainsi que d’une plus grande représentativité de ses positions
technologiques sur la scène internationale. Quelle valeur ajoutée cette direction peut-elle apporter à
l'Etat? Quelles sont les chances de succès de cette initiative?

I- Priorités et valeur ajoutée

La DISIC a pour objectif d’améliorer la qualité, l'efficacité, l'efficience et la fiabilité du


service rendu par les systèmes d'information et de communication de l’Etat. En tant qu'elle se
substitue au comité de pilotage national des systèmes d'information (CPNSI) mis en place en juin
2009, dans le cadre de la Réforme de l'Administration Territoriale de l'État, elle témoigne d'une
ambition de modernisation des systèmes d'information (SI) et devrait constituer une valeur ajoutée.
Création de valeur, maîtrise des dépenses
On ne peut plus séparer l'activité de l'Etat de son système d’information. Il semble important
que l’Etat puisse le maîtriser pour bien conduire les réformes de l’administration. Le SI est
considéré à la fois comme un poste de dépense et un levier de création de valeur, qui permet
d’élever la qualité du service rendu. Il s'agit donc de mettre le SI au service de cette création de
valeur et de maîtriser ces dépenses, qui seront de l’ordre de trois milliards d’euros chaque année,
selon le tout premier directeur de la DISIC, Jérôme Filippini, en programmant mieux les dépenses
informatiques à venir.
Une plus grande cohérence
La DISIC veille à ce que les systèmes concourent de manière cohérente à simplifier d'une
part les relations entre les usagers et les administrations de l'Etat et d'autre part entre ces dernières et
les autres autorités administratives. Elle s'occupe également de la conception et de la mise en œuvre
des opérations de mutualisation entre administrations de l'Etat, ou entre celles-ci et d'autres autorités
administratives, de systèmes d'information ou de communication d'usage partagé.
Innovation et compétitivité
Elle contribue en outre, par les réponses apportées aux besoins propres de l'Etat en matière
de technologies de l'information et de la communication, à promouvoir l'innovation et la
compétitivité dans ce secteur de l'économie nationale.
Une mission d'expertise
Le directeur interministériel des systèmes d'information et de communication peut faire
réaliser, après information des ministères concernés, des missions d'expertise, d'audit, de contrôle
ou d'évaluation sur tout projet ou système d'importance majeure dont les conditions de
développement ou d'exploitation lui paraissent porteuses de risques ou d'enjeux élevés en matière
de calendrier, de coûts, de qualité ou de sécurité.
Les conclusions de ces missions, qui peuvent comporter des recommandations en matière de
mutualisation ou de gouvernance d'opérations, sont adressées au Premier ministre, aux ministres
concernés et au ministre chargé du budget.
Un nouveau mode opératoire
La direction interministérielle des systèmes d'information et de communication élabore et
soumet premièrement à l'approbation du Premier ministre un cadre stratégique commun pour le
développement des systèmes d'information et de communication des administrations de l'Etat.
Elle définit ensuite un cadre commun de gestion de la performance dans le domaine des systèmes
d'information et de communication et veille à sa mise en œuvre. Puis, elle propose au Premier
ministre les opérations qui, portant notamment sur des infrastructures informatiques, des réseaux de
communication, des services logiciels communs ou des systèmes d'information de gestion relatifs à
des fonctions transversales des administrations de l'Etat, peuvent faire l'objet d'une mutualisation
entre plusieurs administrations de l'Etat, ou entre des administrations de l'Etat et d'autres autorités
administratives. Elle en propose les modalités de gouvernance. Elle peut être associée au pilotage
de certaines de ces opérations, ou les piloter elle-même. Enfin, elle alerte le Premier ministre et les
ministres compétents sur les enjeux et les risques relatifs à des projets d'importance majeure et
formule des recommandations pour la conception et la gouvernance de ces projets.

II- Un premier pas encourageant vers une meilleure gestion des Systèmes
d’information

La direction interministérielle des systèmes d'information et de communication de l'Etat a


pour missions d’orienter, animer et coordonner les actions des administrations de l'Etat. Elle
centralise les prérogatives quant aux normes de sécurité et d’accessibilité ainsi qu'à
l’interopérabilité c'est-à-dire «la capacité d'échanger des informations et d'utiliser mutuellement les
informations échangées». Seulement plusieurs points peuvent nous amener à penser que les moyens
mis en oeuvre ne sont pas à la hauteur pour remplir pleinement les missions fixées.
Missions fixées
Tout d'abord cette nouvelle direction vise une plus grande cohérence et unité du système
informatique au sein de l’Etat grâce au développement des services en ligne, de la
téléadministration, mais aussi de l’interopérabilité entre les différents réseaux ministériels par
exemple pour permettre une meilleure utilisation du SI par les utilisateurs (l’agent public et l’usager
de l’administration). De plus, elle contrôle les coûts et la performance des systèmes d’information,
en mettant l’accent sur le retour sur investissement. Ensuite, en terme de maîtrise des risques sur les
grands projets liés au SI, deux facteurs sont difficilement maîtrisables dans ces projets complexes:
le budget et le temps. La DISIC met en place des outils permettant de surveiller ces facteurs, afin de
s’assurer qu’ils restent sous contrôle, et intervenir en cas de problème. Enfin, elle développe même
un rôle opérationnel, en étant associée aux grands projets de mutualisation, voire en pilotant
certains de ces projets.
Les moyens dont dispose la DISIC
-Les moyens humains: mise en place d'une équipe très resserrée d'une vingtaine de personnes issues
du privé et du public.
-le rôle effectif: il s'agit plus d'une aide que d'un véritable contrôle. La mission pricipale de la
DISIC est d’aider les directions du système d’information (DSI) des ministères, et non de se
substituer à elles. Son travail de prospective et de stratégie est mis à disposition des DSI et plus
largement des décideurs publics. La DISIC anime un réseau (celui des DSI des ministères et de
l’administration territoriale ), avec le souci de les aider, de leur apporter un service, et non de leur
donner des ordres.
Le contrôle des projets informatiques
La création de la DISIC devait améliorer la maitrise complexe des processus et la pérennité
des systèmes d'information et des données. Cependant le même décret fait disparaitre dans sa
deuxième partie l'interopérabilité des systèmes d'information des missions de la direction générale
de la modernisation de l'État (DGME) sans pour autant la confier à la DISIC. Dès lors, il nous est
permis de douter que sont donnés à cette nouvelle direction tous les moyens pour mener son
ambitieuse mission à bien.

CONCLUSION
Ainsi les priorités de la DISIC sont louables et représentent une réelle tentative de
modernisation des systèmes d'information de l'Etat. Seulement, il ne semble pas que les moyens
nécessaires aient été mis en place pour opérer la réelle avancée que serait l'établissement d'un
programme commun à tous les ministères qui permettrait de répondre aux objectifs de cohérence et
d'efficience fixés. Bien qu'elle appelle à etre améliorée, cette direction constitue un premier pas
encourageant vers une meilleure gestion des systèmes d'information dans un contexte de réduction
des dépenses budgétaires.

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