Vous êtes sur la page 1sur 80

IAV Hassan II

Département des Ressources


Naturelles et Environnement

Notes de cours de base de Sciences du sol

Prof. Brahim SOUDI

1
Avant – propos

Ce document est destiné à l’usage purement pédagogique et interne à l’Institut Agronomique et vétérinaire
Hassan II. Il est destiné aux étudiants de première année d’ingénieur. Son contenu constitue un support du
cours de base en Sciences du sol et couvre les principales notions sur la formation du sol, ses constituants
minéraux et organiques ainsi que ses propriétés physiques, physico-chimiques et biochimiques. Sa position
chronologique en début de la première année d’ingénieur se justifie par le fait qu’il constitue un pré requis
à d’autres cours en relation avec la production végétale et les pratiques culturales (irrigation, fertilisation
etc.).

L’architecture de ce cours consiste en un mixage entre des propos théoriques, de l’illustration, des
applications pratiques, des exercices et des questions de réflexion. Toutefois, il ne peut se substituer aux
séances de cours animées par l’enseignant en salle. En effet, ce support doit être complété par les notes
personnelles que l’étudiant doit prendre en écoutant des explications et des approfondissements concernant
certains aspects. Des espaces réservés à cette fin sont disponibles dans ce support. Cela permet aux étudiants
d’ajouter les notes là où il faut et de manière juxtaposée aux notions déjà rapportées. Cela fait de ce
document « un book et un notebook mais physiquement associés».

En plus de ce document, d’autres supports son diffusés aux étudiants ou exposés en Power.Point ou sous
forme audio-visuelle. Aussi, des visites de laboratoire et des démonstrations sont organisées pour
familiariser les étudiants à certaines mesures et analyses en relation avec les paramètres traités dans le
cours.

Je termine cet avant-propos par dire que « L’interaction entre l’enseignant et l’apprenant est la clé qui
permet de faire arriver au haut degré la perfection naturelle que comporte ce dernier »

Brahim SOUDI

2
Introduction

Le sol est une ressource naturelle de première importance qui occupe une position interraciale de
l’environnement. Il assure plusieurs fonctions nobles : support physique et nutritif des plantes
cultivées, épurateur, support des infrastructures urbaines et routières et réservoir d’un grand
patrimoine génétique. L’attention qui lui est accordée, comparativement à l’eau par exemple, est
malheureusement minuscule. Toutefois, son importance commence à être de plus en plus reconnue.
Il s’agit là d’un défi de la communauté des spécialistes en sciences du sol qui doivent focaliser leur
attention sur la sensibilisation de toute la communauté internationale et en particulier les décideurs
sur l’importance de cette ressource et sur les menaces de sa dégradation qui varient d’intensité en
fonction des écosystèmes et du niveau de pression des activités humaines.

La connaissance du sol et la compréhension de son fonctionnement et des phénomènes physiques,


chimiques et biologiques qui y se déroulent représentent des acquis de base pour l’ingénieur
agronome. Celui-ci est appelé aujourd’hui, à améliorer la productivité agricole pour répondre aux
besoins alimentaires d’une population croissante mais aussi à préserver la qualité des ressources en
sols contre les divers processus de détérioration pour garantir leur durabilité.

Objectifs du cours

A la fin de ce cours, les étudiants auront compris et assimilé l’importance du sol en tant que composante de
l’agro - système qui conditionne la production et la productivité agricole. Aussi, ils seront en mesure de juger la
qualité globale d’un sol (fertilité physique et chimique) et de proposer certaines actions de préservation de sa
qualité et d’autres de restauration et de réhabilitation. Ce cours offre aussi un certain nombre de pré - requis
indispensables pour la suite du cursus (Agronomie, irrigation, fertilisation, travail du sol etc.).

Quelques chiffres sur les sols cultivables au


Maroc :
- SAU : environ 9 millions d’hectares
- Superficie irriguée : 1.2 Millions d’hectares
- Plus de 70% des sols sont soumis à une
aridité climatique

3
Chapitre 1. Définition, facteurs et étapes de formation du sol

1. Définition du sol
Notes
La définition du sol a évolué avec le progrès
scientifique dans les disciplines de géologie, de
chimie, de physique et de biologie.
Selon la définition du Glossaire de la Science du
Sol (Société américaine de Science du sol) le sol
est défini comme étant (i) « un minéral meuble
ou matériau organique à la surface immédiate de
la Terre qui sert de milieu naturel de la
croissance des plantes, (ii) un minéral meuble ou
matériau organique à la surface immédiate de la
Terre qui résulté des effets de facteurs
génétiques et environnementaux: le climat
incluant les effets de toutes ses composantes
(eau, température, vent, etc.), les organismes
vivants, le relief sur le matériau parental (roche-
mère) durant ne période donnée de temps. Le
sol ainsi produit diffère du matériau parental,
duquel il est issu, pour la plupart des propriétés
physiques, chimiques, biologiques et
morphologiques.
Les spécialistes ou tout simplement les gens
attribuent aussi au sol des définitions selon leurs
préoccupations :
- Le géographe définit le sol en tant que
morceau de paysage
- Le géologue définit le sol comme une
roche fortement altérée
- L’aménagiste des espaces verts définit le
sol comme un support physique du
gazon ou autres plantes ornementales
- L’ingénieur civil définit le sol comme
étant un support ou matériel qui
utilisable à des fins de construction
- L’agronome définit le sol en tant que
milieu vivant ayant des propriétés
physiques chimiques et biochimiques et
qui est capable d’assurer une croissance
et un développement normal des plantes
cultivées.
- etc…

Globalement, la définition du sol est tournée soit


sur la formation du sol ou sur les préoccupations
liées à son usage.

4
2. Limites physiques du sol

La limité supérieure est la frontière entre la surface du sol et l’air. La limité inférieure est celle qui
sépare le sol de ce qu’on appelle communément le sous-sol. Sur le plan pédologique, cette limite
correspond à la limite supérieure du matériau parental ou de ce qu’on appellera roche - mère qui a
donné naissance au sol. Les limites illustrées par la figure ci-après.

Air
Plante

Limite supérieure
Roche Limite
S
O
L

Dessin. B. soudi

3. Facteurs de genèse d’un sol

Les principaux facteurs de genèse d’un sol sont Notes


au nombre de cinq:

i. la roche – mère ou matériau parental


ii. Le relief ou la topographie
iii. Le climat
iv. Les organismes vivants végétaux et
animaux
v. Le temps

L’équation de formation du sol d’après Jenny


s’écrit : s = f(cl, o, r, p, t, h)

– cl = climat
– o = organismes vivants
– r = relief
– p = matériau parental
– t = temps
– h = Homme

5
3.1. Roche – mère

La roche – mère est un complexe qui résulte de la mise en association de deux ou plusieurs
minéraux. Il existe plusieurs types de roches : roches sédimentaires, roches volcaniques, roches
métamorphiques selon le cycle de formation.

En tant que facteur, la roche – mère intervient par sa nature, sa composition chimique et
minéralogique, sa dureté, son état de division et sa perméabilité.

3.2. Le Climat L’eau pénètre dans une fracture de roche

Le climat intervient par ses différentes


composantes : la température, les précipitations
(l’eau), le gel, les vents etc. La température et les
précipitations sont les principaux facteurs
climatiques qui interviennent dans la formation
et l’évolution des sols.

Lorsque l’eau, qui se trouve dans les fissures, se


transforme en glace, son volume augmente ce
qui cause une fracturation de la roche
(phénomène de gélifraction). Ceci augmente
l’état de division de la roche et donc son
accessibilité aux facteurs de transformation
(altération).

6
Température Notes :

La température intervient dans différents


processus:

L’expansion ou l’exfoliation de la roche qui


résulte d’une différence de température entre la
surface et l’intérieur de la roche et par
conséquent sur le stock ou le niveau de la
matière organique du sol à un moment donné.

Precipitations

- Les précipitations augmentent la


production de la biomasse végétale et
donc de la matière organique du sol si
les niveaux des températures sont
optimaux.
- Les excès de précipitations engorgent
les sols et diminue le taux de
biodégradation de la matière organique
- Les précipitations intenses augmentent
le taux d’érosion (cas du Rif au nord du
Maroc). L’érodibilité dépend bien
entendu d’autres facteurs (pente,
végétation, nature du sol, etc.)

Abrasion ou corrosion

Ce phénomène est causé par l’eau et le vent qui


transportent des sédiments ou particules
tranchants et abrasifs qui corrodent (forme
d’érosion) les roches qui affleurent à la surface
de la terre.

Notes

7
3.3. Relief ou topographie Notes

Le relief ou la topographie interviennent en tant que


facteurs de formation et/ou d’évolution du sol par
différentes composantes:

La pente (Distance verticale x 100 / Distance


horizontale) : lorsque la pente est supérieure à 15 %,
on assiste à une augmentation du ruissellement et du
risque d’érosion. Ces phénomènes persistent mais à
moindre intensité lorsque la pente est inférieure à 5
%.

L’altitude
Les zones hautes sont généralement plus drainées
que les bas fonds.
La température diminue avec l’altitude
Le facteur relief conditionne le facteur climat.

8
3.4. Les organismes vivants Notes :

On entend par le facteur « organismes vivants »


l’Homme, les végétaux et les animaux (faune et flore
du sol).
L’Homme peut agir sur l’évolution du sol à travers
la déforestation, la mise en culture d’une végétation
naturelle, l’addition de substances chimiques etc.
Les végétaux ont la plus grande influence sur la
formation et l’évolution du sol :

Action mécanique de fissuration et altération par


les racines des plantes : Les plantes, en pénétrant
leurs racines, en croissance et développement
continus, dans les fissures des matériaux rocheux,
elles provoquent leur écartement. A côté de cette
action mécanique, les végétaux peuvent avoir une
action chimique notamment de solubilisation des
matériaux à base de carbonate de calcium par la
sécrétion des acides organiques dans les exsudats
racina ires.

9
Organismes vivants (suite)
La faune du sol et sa microflore jouent des rôles Faune du sol
importants dans la formation du sol :
- Décomposition de la matière organique
- Mobilité de la matière organique
- Production de CO2

Notes :

Microflore

10
3.5. Le temps Notes

Le facteur temps se traduit par l’âge


chronologique du sol et le degré de
développement du profil du sol.

Sol jeune peu Sol mûr développé


développé
Faible développement Profil très développé
du profil
Faible profondeur
NB. On verra plus loin d’autres paramètres liés au
profil qui renseignent sur le développement du sol.

Le facteur temps détermine le degré


d’expression des autres facteurs.

Sur granite (roche dure, difficilement altérable),


il faut plus de temps pour former un sol que sur
des marnes -calcaires.
Résumé Notes
s = f(cl, o, r, p, t, h)

Tout changement dans un facteur donnera un


type de sol différent et/ou influencera la vitesse
de développement du sol.

Tous les facteurs jouent de manière interactive


et simultanée.

11
4. Etapes de formation d’un sol

Trois étapes :

(i) Désagrégation physique et altération chimique


(ii) Enrichissement da la matrice minérale en matière organique
(iii) Differentiation des horizons
4.1. Désagrégation physique et altération
chimique
Roche
Par le biais des facteurs physiques de formation
du sol, la roche – ère subit une désagrégation
(fragmentation, fracturation, division, etc.). Il en
résulte des pierres, des cailloux, des graviers,
etc. Cette désagrégation se traduit par une
augmentation de la surface spécifique et donc de
l’augmentation de l’accessibilité des agents
d’altération.
Produits de
Les produits de la désagrégation physique désagrégation
subissent une altération chimique pour aboutir à
ce qu’on appelle une pâte ou complexe
d’altération composé de plusieurs composés :
silice, oxydes, etc.

Complexe
d’altération

4.2. Enrichissement du sol en matière Notes :


organique
Le sol ne mérite l’appellation sol au sens agro –
pédologique du terme que lorsque vient s’ajouter
à la matrice minérale résultant de l’étape 1, de la
matière organique.
L’origine première de la matière organique :
fixation de CO2 et de l’azote de l’air

L’origine actuelle (la plus importante) : résidus


végétaux.

12
4.3. Différenciation des horizons

Les horizons sont les couches du sol qui se


Horizons
succèdent verticalement depuis la surface du sol
jusqu’à la roche – mère. La différenciation des
horizons s’opère par plusieurs phénomènes dont
le plus important réside dans les migrations
verticales, ascendantes et descendantes, de
substances sous formes solubles ou particulaires.
Les migrations ascendantes se passent
essentiellement dans les régions caractérisées
par une forte évaporation à une saison donnée.
Les mouvements descendants ont lieu lorsque la
hauteur de pluie est supérieure à celle de
l’évaporation.

Notes :

13
5. Notion de profil pédologique et d’horizon

Le profil pédologique est la succession verticale des horizons pédologiques depuis la surface du sol
jusqu’à la roche – mère.

Observons les horizons

Nomenclature des horizons

Les principaux horizons (selon le Référentiel Pédologique" français)

L'Association Française pour l'étude des sols a proposé en 1995 une typologie des sols reposant sur la
définition d'horizons de référence. Actuellement, le Référentiel Pédologique a défini plus de 70
horizons de référence considérés comme entités de base permettant d'identifier, de caractériser et de
définir une couverture pédologique. Le solum est défini comme une tranche verticale d'une
couverture pédologique observée dans une fosse ou une tranchée. L'interprétation du solum, en
particulier l'identification des horizons, aboutit au profil pédologique.

Les horizons organiques O

Ils sont constitués de fragments de végétaux morts (feuilles, racines, écorces...) plus ou moins
transformés en conditions aérobies et situés à la partie supérieure de la couverture pédologique. Il
s'agit de la litière désignée autrefois par A0. Selon le degré de transformation des débris végétaux, on
distingue 3 type d'horizons O:

9 OL : débris peu transformés, toujours reconnaissables


9 OF: débris mélangés avec de la matière organique fine sous forme de boulettes
fécales
9 OH: une majorité de matière organique fine formée de boulettes fécales et de
microdébris non identifiables à l'oeil nu.

Les horizons listriques H

Ce sont des horizons entièrement constitués de matière organique (Holorganiques), formés en milieu
saturé par l'eau pendant plus de 6 mois de l'année et composés principalement de débris de végétaux
aquatiques ou hygrophiles. Ils sont caractéristiques des tourbes ou histosols.

14
Les horizons A

Ils sont constitués d'un mélange de matière organique et de matière minérale. Ils sont situés à la
partie supérieure de la couverture végétale, sous l'horizon O s'il existe. Les horizons A sont
structurés par l'activité biologique (faune, racines...) qui contribue à la formation de complexes argilo-
humiques. Les horizons A contenant plus de 5% de CaCO3(effervescence à l'acide) sont notés Aca.

L'horizon éluvial E

C'est un horizon appauvri en en fer, en minéraux argileux, en aluminium par entraînement de ces
éléments latéralement ou vers la profondeur. Les matières entraînées peuvent notamment se
concentrer plus bas et former un horizon BT ou BP.

Les horizons BT et BP

Ces horizons sont caractérisés par une accumulation de matières par rapport aux autres horizons du
profil. Cet enrichissement peut être en fer, en aluminium, en argile, en humus.

L'horizon argilluvial BT est enrichi en argiles provenant d'un horizon éluvial E au-dessus ou en
amont.

L'horizon podzolique BP est formé par des produits amorphes à base de matière organique et
d'aluminium, avec éventuellement du fer. Sa couleur est orangée à rouge.

Les horizons S

Les horizons structuraux S sont des horizons typiques des sols; ils sont formés par l'altération des
minéraux primaires (hydrolyses, oxydation, décarbonatation...) qui libèrent notamment des argiles et
des oxy-hydroxydes de fer. Ils correspondent aux horizons B des anciennes classifications.

Les horizons réductiques G

Ils sont produits par des phénomènes de réduction, en particulier du fer, dûs à un engorgement
quasi-permanent. Leur teinte est généralement grise à verdâtre. Des oxydations locales donnent des
tâches rouille. Si l'eau peut circuler, le fer réduit soluble est exporté et l'horizon s'appauvrit en fer.

Les horizons vertiques V

Ils sont très riches en argiles gonflantes (smectites) qui leur confèrent des propriétés physiques
particulières:

9 à l'état humide gonflement, forte plasticité, faible taux d'infiltration


9 à sec, rétraction avec profondes fentes de retrait
9 forte Capacité d'Echange Cationique.

15
L'horizon Fersialitique FS

Il résulte de l'altération fersialitique des minéraux (climat sub-tropical et méditerranéen). Les argiles
sont de type 2/1 (smectites) et le fer est abondant. La couleur est orangée à rouge. La capacité
d'échange est assez élevée et la capacité de rétention d'eau est bonne.

Les horizons peu évolués ou jeunes J

Ce sont des horizons peu différenciés mais différents de la roche-mère : la structure pédologique
existe mais elle est peu évoluée parce que la formation est récente ou que les facteurs de la
pédogénèse sont peu efficaces ou bloqués (climat trop sec, trop froid...) Ils contiennent peu ou pas de
matière organique.

L'horizon labouré L

Le travail de la charrue retourne la couverture pédologique et mélange les horizons. A cette action
mécanique, importante près de la surface, s'ajoutent les apports de substances allochtones qui sont
incorporées au sol (engrais, amendements, épandages, traitements divers...) A une trentaine de cm de
profondeur, un niveau plus tassé constitue la semelle de labour.

La roche-mère M, R, D et l'horizon C
La roche située à la base de la couverture pédologique peut être peu altérée: elle est dénomée R pour
une roche dure et massive, M pour une roche meuble. Si la roche est altérée et fragmentée, elle est
appelée C. Des fragments de roche dure (comme des éboulis) sont désignés par D.

NB. Un Cours sera donné en seconde année d’ingénieur et sera entre partie dédiée à la classification
des sols

A retenir :

- Facteurs de genèse et leur interaction


- Etapes de formation d’un sol
- Notion d’horizon pédologique

16
Chapitre 2. Constituants minéraux

1. Le sol : système triphasique

1. Le sol est un système triphasique E


Le sol est constitué de trois phases :

- La phase solide comprenant les


constituants minéraux et organiques du
sol
- La phase liquide : eau du sol ou plus
exactement la solution du sol (eau +
éléments dissous).
- La phase gazeuse ou atmosphère du E
sol : cette phase a la même composition
en gaz que l’air ambiant mais les
proportions de gaz sont différentes et S : Solide, A : Air, E : Eau Architecture réelle
moins stables à cause de l’activité
biologique de décomposition de la
matière organique (production de CO2
et consommation de O2), de la
respiration racinaire, et d’autres
réactions chimiques. Le tableau suivant
relate les compositions comparées de
l’air atmosphérique et de l’air du sol.

Compositions comparées de l’air atmosphérique


et de l’air du sol
Gaz Air Air du sol
atmosphérique
Oxygène 21.0 % 10 à 20 %
Azote 78.0 % 78.5 à 80.0
Gaz 0.03 % %
carbonique Variable 0.2 à 3.5 %
Vapeur d’eau Environ 1 % à
saturation
Autres gaz ?

Les proportions relatives (en volume) de la


phase gazeuse et de la phase liquide sont
variables selon le taux d’humidité. Comme on va
le voir, dans un sol saturé par exemple, le
volume de l’air est nul.

17
2. Relations massiques et volumiques entre les trois phases du sol

Les relations entre la masse et le volume des trois phases du sol permettent de dégager un certain
nombre de paramètres importants : la densité réelle, la densité apparente, la porosité, l’indice des vides,
le taux de saturation etc. qui sont relatés dans le tableau ci-après :

Paramètre Formule Unité Observations


Densité réelle dr = Ms/Vs Cm3/cm3 2.6 à 2.7
moy. 2.65
Masse volumique Mv = MSol sec/Vt g/cm3 ou
Kg/m3
Densité apparente da : (Msolsec/Vt)/1 Pas d’unité 1.1 à 1.7 en moyenne
(Rapport de la masse volumique dans les sols cultivés
du sol et de celle de l’eau (1
g/cm3))
Porosité P (%) = [Vv/Vot ] x 100
Ou
P = 100 ( 1 – Da/Dr)
Vtot = Va + Ve + Vs
Vv = Va + Ve
Indice des vides Ee = Vv/Vs Pas d’unité
Taux de saturation (Ve/Vvides) x 100 en %
Hmidiuté massique ou Mm = (Me/Msol sec) x 100 En % ou g/g
teneur en eau
massique
Humidité volumique Hv = (Ve/Vt) x 100 En % ou en Hv = da. Hm
cm3/cm3

Densité réelle de divers matériaux pédologiques et de différents sols

Matéraux/sols Densité réelle (g/cm3)


Quarts et Feldspaths 2.6 à 2.7
Mica 2.8 à 3.2
Craie blanche 2.25 à 2.35
Sables 2.6 à 3
Argile 2.52
Matière organique du sol 1.5 à 1.6 Eau
Sols calcaires 2.45
Sols humifères 1.8 à 2.45

Air
V total = Vs + Ve + Va
V vide = V a + Ve
M totale = Ms + Me

18
Application pratique

La densité apparente est un paramètre important. En effet ce paramètre est indicateur de tassement du
sol et de son degré d’aération. L’augmentation de la densité apparente d’une couche ou de plusieurs
couches (horizons) d’un sol donné signifie la diminution du volume total (dénominateur de la formule
de la formule de densité apparente). Comme le volume de solide est plus ou moins constant, la
diminution du volume total correspond à une diminution du volume de vides et par conséquent de la
porosité. Cela signifie aussi, que le volume susceptible d’être occupé par l’air et/ou par l’eau diminue. Il
en résulte une diminution de la capacité de stockage de l’eau et de l’aération. Comme on va le voir, ces
aspects sont de première importance pour l’activité biologique du sol, le développement racinaire ,
l’absorption des éléments nutritifs, la circulation de l’eau etc…
Ce paramètre doit faire partie de la liste des paramètres de suivi de la qualité d’un sol.

Notes :

19
Mesure la densité apparente

On peut mesure la densité apparente de la surface du sol ou la densité apparente pour chaque horizon
en enfonçant dans le sol un cylindre de volume connu et de diamètre plus ou moins standard. Selon
l’état de surface et en particulier selon la charge en éléments grossiers (cailloux, graviers, concrétions
etc.) dans la couche superficielle, le diamètre peut être adaptée. Il est de plus en plus grand quand la
charge en éléments grossiers augmente ou lorsque le sol présente des fissures. Cela permet de diluer
l’erreur de mesure. Le principe de mesure est schématisé ci-après :

B. Soudi

Une fois le cylindre est prélevé, il est transporté au laboratoire et mis dans une étuve réglé à 105 °C
pendant 24 à 48 heures. L’échantillon du sol sec est pesé pour obtenir la masse du sol sec (Msol sec).
Le volume de cylindre est connu.

Notes :

20
La mesure pour tous les horizons peut être Notes
effectuée comme le montre la figure suivante

Cylindres

Répondre aux questions suivantes :

1. Essayer d’expliquer pourquoi la densité


apparente est différente à travers les
différentes couches du sol.
2. Si on observe que dans un sol donné, la
densité apparente augmente, à quoi peut
être due cette augmentation ? Quelles
conséquences ?

21
3. Constituants minéraux

3.1. Minéraux primaires et minéraux secondaires

Deux types de minéraux sont rencontrées dans les systèmes naturels: les minéraux primaires et les
minéraux secondaires. Cette catégorisation est basée sur le mode de formation et non sur la composition
(Voir schéma suivant).

Roches volcaniques

Refroidissement, cristallisation,
Altération, érosion …
Magma

Dépôt, sédimentation,

Roches Roches
métamorphiques Pression thermique sédimentaires

Les minéraux primaires se sont cristallisent à partir de refroidissement de magma et les minéraux
secondaires proviennent de l’altération des minéraux primaires.

Les principaux minéraux primaires sont rapportés dans le tableau suivant :

Principaux types de minéraux primaires


Type de minéral Formule chimique de base
Quartz SiO2
Orthoclase / feldspath KAlSi3O8
Plagioclase (Ca,Na) AlSi3O8
Muscovite / micas KAlSi3O10(OH)2
Biotite KAl(Mg,Fe)3Si3O10(OH)2
Amphibole Ca2Al2Mg2Fe3Si6O22(OH)2
Augite / Pyroxine Ca2(Al,e)4(Mg, Fe)4Si6O24
Olivine (Mg,Fe)2SiO4

22
Les principaux minéraux secondaires sont rapportés dans le tableau suivant :

Principaux types de minéraux secondaires


Type de minéral Formule chimique de base
Silicates Différents types d’argiles (voir plus loin)
Oxydes de Fer
Hématite Fe2O3
Goethite FeOOH
Oxyde d’aluminium
Al(OH)3
(Gibbsite)
Carbonates

Calcite CaCO3
Dolomite (carbonate double CaMg(CO3)2
de calcium et de
Magnésium)
Sulfates (essentiellement le
CaSO4 * 2H2O
gypse)
Les principaux minéraux secondaires qui nous intéressent dans ce cours sont les argiles
(phyllosilicates).

Notes :

23
Notion de texture du sol
La texture est la composition centésimale du sol en sable, limon et argile. Les tailles de ces particules
élémentaires du sol sont : Argile : < 0.002 mm ; Limon : 0.002 – 0.05 mm ; sable : 0.05 – 2 mm.
L’importance de ce paramètre texture réside dans le fait qu’il conditionne l’infiltration de l’eau dans le
sol et la rétention de l’eau par le sol. Ces éléments sont importants dans la détermination de la réserve
en eau du sol, pour le choix du système d’irrigation et pour le pilotage de l’irrigation.

La texture est déterminée au laboratoire par l’analyse granulométrique (Cf. Visite du laboratoire et
principe de la loi de Stockes). Lorsque les proportions d’argile, de limon et de sable sont déterminées, la
classe texturale du sol se détermine par report des valeurs dans le triangle texturale (figure ci-dessous).

Classes texturales
A : argileux L: limoneux
As : argilo-sableux Ls : limono-sableux
Al : argilo-limoneux Lfa : limoneux fins argileux
La : limono-argileux Lf : limoneux fins
Laf : limono-argileux fins Ltf : limoneux très fins
Las : Limono-argileux sableux Sl : sablo-limoneux
S: sableux

On peut aussi adopter, pour la représentation graphique des résultats de l’analyse granulométrique le
triangle rectangle comme le montre la figure suivante

24
Exemple d'utilisation: Si une terre a, par exemple, 25% d'argiles et 30% de limons, la droite horizontale passant par le niveau
250‰ d'argiles et la droite verticale passant par le niveau 300‰ de limons se coupent au point situé dans la zone LAS. Ce
sol est donc qualifié de limono-argilo-sableux.

25
Important pour le stage en exploitation : détermination de la texture in situ (Test tactile)

Humecter
progressivement un
échantillon de sol
comme pour fabriquer
une pâte à modeler et
observer en le
manipulant et en tentant
de faire un boudin

Silt : limon fin

Un boudin :

26
3.2. Les argiles
Si
3.2.1. Eléments de structure

Deux motifs élémentaires sont à la base de la


structure des argiles : le tétraèdre (a) et
(a)
l’octaèdre (b). (b)
Al
Oxygènes
Si2O5-2 Al(OH)6-3
Les tétraèdres s’associent pour former des
couches tétraédriques et les octaèdres pour
former des couches octaédriques.

Selon l’empilement et l’agencement de ces couches, on a différents types d’argiles. Voici quelques
exemples :

Notes

27
Deux grandes catégories d’argiles :
• 1/1 : Tétraèdre – Octaèdre
• 2/1 : Tétraèdre – Octaèdre –
Tétraèdre

Exemple : Kaolinite (type 1/1)

Quelques exemples :

la Kaolinite ( 1/1, d=7A°)


les Illites (2/1, d=10A°)
les Smectites (2/1, d= 14 A°)
les Chlorites (2/1, d= 14 A°)
la Vermiculite (2/1, d= 12 A°)

Exemple : Muscovite de (type 2/1)

Notes

28
3.2.2. Propriétés des argiles

a. Adsorption d’eau et gonflement

3 états de l’eau :Eau adsorbée à la surface ; Eau absorbée dans les positions inter - foliaires entre les
feuillets) ; Eau cristalline faisant partie de la structure.
L’eau absorbée provoque un gonflement de certains types d’argiles. Celles-ci s’appellent des argiles
gonflantes (Smectites, beidelite, vermiculite etc.)

Eau adsorbée

Eau cristalline

Eau absorbée

Eau cristalline

Oxygène
Hydrogène

Conséquence du gonflement des argiles dans la déstructuration d’un sol (La Nature, 1981)

Ce phénomène est assez prononcé dans les sols à argile gonflante comme le cas de Tirs (Vertisol). Au
Maroc, les sols à argiles gonflantes se trouvent en grande partie dans la Chaouia et dans la plaine du
Gharb.

29
b. Surface spécifique élevée

Comme nous allons le revoir lors de la définition de la texture, les argiles sont définies comme des
minéraux de petite taille. Cette fine taille leur confère une grande surface spécifique (Surface (m2)/unité
de poids (gr)).

Voici quelques exemples ordres de grandeurs de surface spécifique (en m2/g) d’après plusieurs
références :

- Smectite et montmorillonite : 800


- Vermiculite : 750
- Chlorite : 15
- Kaolinité : 15
- Illite : 30

Effectuez ce calcul :

Calculer la surface spécifique développée par un hectare d’un sol ayant une teneur en argile de type smectite de 20%
sur la couche 0 – 20 cm. Le sol a une masse volumique de 1500 kg/m3
Comparer cette surface à d’autres repères : la superficie du Maroc ou autres
Notes :

30
c. Les argiles ont d’autres propriétés

Nettoyage par adsorption ex. Shampoing à base de la Ghassoulite (type d’argile) ou savon traditionnel
(Ghassoule).

Propriété de plasticité : usage en poterie etc. Cette propréiéte offre la possiblité de modelage.

d. Les argiles sont des colloïdes minéraux chargés négativement

Les minéraux argileux se caractérisent par une surface électrique chargée négativement. Ces charges
proviennent des substitutions ioniques qui consistent en le remplacement du cation central des
tétraèdres ou octaèdres par un cation de morphologie identique mais de valence inférieure (Al3+ pour
Si4+ dans le tétraèdre, Mg2+ ou Fe2+ pour Al3+ dans l’octaèdre).
Ces charges peuvent aussi provenir des ruptures accidentelles des liaisons Si-O.

Nous gardons en mémoire cette propriété que à laquelle nous allons revenir dans le chapitre physico-
chimie du sol.

Notes :

31
Chapitre 2. Constituants organiques

1. Rappels

Un sol ne mérite pas l’appellation « Sol » au sens


agro - pédologique du terme si la matière
organique ne vient pas s’ajouter à matrice
minérale lors du processus de pédogenèse.

Les constituants organiques constituent, avec les


constituants minéraux, la phase solide d’un sol.
Soulignons que la fraction organique en représente
qu’une faible proportion comparée à la fraction
minérale.

2. Principales catégories de matière


organique
(i) matière organique fraîche ou résidus de Résidus de cultures
cultures (restes de cultures)
9 Cas des grandes cultures (céréales,
betterave sucrière, cultures fourragères,
etc.): 1 – 10 t/ha
9 Cas des cultures légumières en plein
champ: 5 – 15 t/ha
9 Cas des cultures de fruits et légumes sous
serre: 20 – 50 t/ha (45 000 ha de tomates,
haricots, bananier produisent plus de 800
000 t/an)
(ii) Matière organique en décomposition :
transformation de composés organiques de
la matière organique fraîche en sous –
produits de la biodégradation (les maîtres
d’œuvre sont les micro-organismes du sol.

MO en décomposition

32
(iii) Matière organique humifiée riche en
humus ou substances humiques:
Substances humiques : macromolécules
complexes résultant des produits de la
matière organique fraîche et des sous-
produits de sa biodégradation.

Complexité moléculaire d’une substance


humique

Principaux types de substances humiques :

- Acides humiques
- Acides fulviques
- Humine

On ne connaît pas à nos jours la formule et la


structure biochimique de ces substances humiques.
Seules des formules hypothétiques sont proposées
(Voir modèle ci-joint Modèle de structure des
composés humiques (Andreux and Munier-Lamy,
1994))

33
Pour mémoire
Ces composés se distinguent par leur poids moléculaire et par le nombre de groupements fonctionnels
(COOH, OH et phénols).

Caractéristiques des substances humiques (Stevenson and Cole, 1999)

Fractionnement des substances humiques

34
Propriétés des substances humiques

(i) les substances humiques (SH) sont des acides polyfonctionnels


(ii) les SH sont des colloïdes chargés négativement

Origines des charges négatives des SH :

(i) Dissociation des groupements carboxyliques

R-COOH RCOO - + H+

(ii) Déprotonation des groupements phénoliques :

O-
OH

+ H+

35
3. Schéma général d’évolution de la matière organique

Minéralisation
primaire
Minéralisation secondaire

Composition de la matière organique fraîche

• Eau (~75%)
• Matière sèche (~25%)
• Cellulose, lignine, hémicellulose, lipides
• Protéines, sucres, amidon
• Plus de 90 % (de matière sèche) : C,O, et H
• Reste 5-10% de cendres
• Autres éléments: N,P,K,S,Ca, etc.

Minéralisation primaire : biodégradation de la matière organique fraîche. Différents composés en


résultent. La biodégradation des composés de la matière organique fraîche peut être plus ou moins
rapide selon la nature de ces composés :

- Composés facilement biodégradables : amidon, sucre, pectine, acides aminés etc.


- Composés de biodégradabilité moyenne : protéines, hémicellulose, cellulose.
- Composés récalcitrants : ligno - cellulose, lignine

Minéralisation secondaire : biodégradation de la matière humique (même prinvipe que la


minéralisation primaire)

Humification : édification de macro -molécules appelées substances humiques. Cette édification


consiste en une polymérisation et/ou polycondensation des composés organiques de la matière
organique fraîche et des substances intermédiaires résultant de la minéralisation primaire.

Remarques :
- Les processus de minéralisation Iaire et IIaire et le processus d’humification se déroulement de
manière simultanée
- La minéralisation de la matière organique (minéralisation Iaire) est plus rapide que la minéralisation
des substances humiques (minéralisation IIaire).

36
4. Bilan de l’humus (MO)
Humification : Hp = Kh x (MOF) (Production)

Minéralisation : Hd = Km x Hsol
(destruction)

• Kh est fonction de la nature de MOF et


des facteurs pédo-climatiques

• Km dépend de la température et de
l’humidité

3 cas possibles:

• Hp < Hd (déficit humique)


• Hp > Hd (enrichissement )
• Hp = Hd (équilibre)

Notes :
Humification modérée à élevée : 10 à 40 % selon
la nature de MOF:
Ordre de grandeur du taux d’humification (kh)
9 Paille: 30 – 50 %
9 Engrais vert: 10 – 15 %
9 Fumier bien décomposé:15 – 20 %
9 Bois de taille broyé: 20 – 35 %
15-30% de résidus de cultures est convertie en
humus

Minéralisation (Km):

9 2 % en zones d’agriculture pluviale


9 2.5 % à 3 % en irrigué
9 3 % à 4 % sous serre

Exemple : Si MO = 2 % sur la couche 0 - 20 cm (masse volumique= 1500 Kg/m3) et K m = 3 %


Hd = 1.8 tonnes /ha . an
Apport de MOF (kh = 20 %) pour compenser la perte:
1.8 : 0.20 = 9 tonnes/ha.an

37
Perturbation de l’équilibre

Attention: maintenir l’équilibre vaut mieux que combler le déficit


Le temps de compensation de déficit peut être plus grand que le temps durant lequel la perte s’est
opérée (notion de temps de demi-vie)

En supposant que la minéralisation obéit à une cinétique de premier ordre (dH/dt = - kmH) et
sachant que le temps de demie vie correspond au temps nécessaire de minéralisation de la moitié de
H0 (humus initial à l’équilibre), on peut démontrer que le temps de demi-vie est calculé comme suit :

T1/2 = ln 2/Km

T1/2 (en semaine ou année selon que la fraction de la matière organique st facilement ou
difficilement minéralisable)
Km en sem-1 ou année-1
Détermination de la matière organique du sol
On analyse le carbone organique dans un échantillon du sol représentatif
La méthode chimique est celle de Walkley and Black.
Cette méthode consiste en une oxydation du carbone organique avec du bichromate de potassium en milieu
sulfurique ; L’excès de bichromate n’ayant pas réagi avec le carbone organique est titré en retour par le sel de
Mohr (FeSO4)

La réaction globale d’oxydo – réduction et les volumes et titres de bichromate et du FeSO4 permettent de
calculer la teneur en carbone organique du sol ( Corg (%))

La teneur en matière organique est estimée comme suit :

MO (%) = Corg (%) x 1.724

Le coefficient 1.724 correspond a fait que la matière organique contient en moyenne 58% de carbone
organique.

38
5. Rôles de la matière organique

a/Effets de la matière organique sur la croissance des plantes ( via le sol)

Amélioration des propriétés physiques :

• Amélioration de la structure du sol


• Amélioration de la capacité de rétention d’eau et de l’aération du sol
• Protection de la surface du sol par le mulching
• Diminution de l’érosion

b/Effets de la matière organique sur la croissance des plantes ( via le sol)

Influence sur les propriétés chimiques:

• La sorption d’éléments nutritifs par les acides humiques


• La fourniture des éléments nutritifs par voie de minéralisation

Exemple : Calculer la quantité d’azote minéral apportée (sous forme de nitrate d’ammonium dosé à
33.5%)par 40 tonnes de fumier ovin par hectare sur la couche de 20 cm. La teneur en azote organique du
fumier est de 3 %. Le taux de minéralisation annuel (première année est de 70 %)
La masse volumique du sol est de 1500 kg/m3

• Fixation d’éléments nutritifs dans les complexes organiques ( influence négative à court
terme)
• Effets des régulateurs de croissance (ex. antibiotiques protégeant la plante contre des
maladies : biofumigation).

La MO : rôle pivot dans le sol (Interpréter le schéma relationnel suivant)


Voir les chapitres : Physico-chimie du sol, structure du sol

39
6. Amendements organiques

Divers produits :

• Résidus de cultures (paille, feuilles, etc.)


• Fumiers
• Compost
• Engrais verts (légumineuses incorporées au sol)
• Autres déchets : déchets ménagers, boues résiduaires, déchets de bois, etc…)

Cas de fumier

Le fumier est un excellent produit d’amendement organique du sol (amélioration de la fertilité


physique et chimique du sol)

Mais:

9 Il véhicule des graines de mauvaises herbes


9 Il véhicule des agents pathogènes (nématodes etc.)
9 Il a une composition hétérogène et instable

La composition est très variable en fonction de:


• L’espèce animale, Ex.

o Fientes de volaille: 2 à 4 % d’azote


o Fumier ovin : 0.7 à 2.5
o Fumier bovin : 0.6 à 1.5

• La ration alimentaire
• Le mode et l’état de stockage
• L’état de décomposition avant incorporation au sol

Important : Animation d’une discussion sur les rôles des acides humiques et acides fulviques en agriculture
moderne (amélioration de la qualité des fruits, amélioration du calibre de certains fruits, renforcement de la
cuticule racinaire, amélioration de l’absorption des éléments nutritifs et leur biodisponibilité, développement
racinaire etc.)

Pour capitaliser les avantages des matières organiques fraîches (fumier, déchets verts, etc.) et éviter les
nuisances associées à leur utilisation à l’état frais, il est recommandé de les composter.
Le détail sur le processus de compostage est rapporté dans la fiche technique publiée dans bulletin de Transfert
de Technologie N° 129 (2005) (Adresse web ; http://www.vulgarisation.net/bul129.htm

40
7. Distribution de la matière organique

Facteurs de distribution géographique

- Climat
- Types de sols (texture) Exemple :
Texture Couche Couches
L’argile protège la matière organqiue contre la superficielle profondes
biodégradation via le phénomène d’adsorption (< 40 cm) (> 40 cm)
Sableuse 0.80 0.50
Le même type de sol peut contenir des teneurs Argilo – 1.30 0.55
différentes de matière organique selon le mode limoneuse
de son exploitation (travail du sol, amendements, Argileuse 1.45 0.65
systèmes de cultures, etc.)

Verticalement, la teneur en matière organique


diminue avec la profondeur du sol. Cela
s’explique par la diminution de la biomasse
microbienne et son activité avec la profondeur et
aussi de la diminution de la biomasse racinaire
avec la profondeur.

Interpréter la figure suivante :

41
8. Effet du rapport C/N (voir séances de travaux dirigés)

Commentaires

Illustration de la réorganisation (interpréter)


C/N

20

Temps

CO2

NO3

Temps

42
Chapitre 3. Physico-chimie du sol

1. Introduction

En plus des relations massiques et volumiques entre les trois phases du sol (phase solide, phase
liquide, phase gazeuse, il existe des relations de nature physico-chimique entre ces trois phases et en
particulier entre les constituants organiques, les constituants minéraux et la phase liquide, plutôt
appelée ici solution du sol.

3. Complexe absorbant ou complexe Conventionnellement, on adopte la


argilo – humique (CAH) représentation suivante pour les deux types de
colloïdes :
Dans les deux chapitres précédents, nous avons
appris que les colloïdes argileux et les colloïdes Colloïde argileux
humiques sont chargés négativement. Ces deux
entités s’associent entre elles pour former ce
qu’on appelle le complexe argilo humique.

L’association entre ces deux entités chargées


négativement se fait à travers un pont calcique,
des oxydes de fer et d’aluminium (voir schéma
ci-contre) Colloïde humique

Le CAH peut être schématisé


conventionnellement comme suit :

CAH
Association organo – minérale (argile + humus)

Ou :
Ca

CAH

Al

43
3. Valeurs caractéristiques du CAH
3.1. Capacité d’Echange cationique (CEC)

La CEC est la capacité maximale de cations que peut retenir un poids déterminé d’un sol
(généralement 100 grammes) car la CEC est exprimée en méq/100 g de sol sec.

En d’autres termes la CEC correspond à l’ensemble des charges négatives susceptibles de retenir les
cations.

Chaque type de sol est doté d’une CEC qui le caractérise. L’ordre de grandeur et la valeur de CEC
est fonction de la teneur en argile (colloïdes chargés négativement) et des substances humiques
(colloïdes chargés négativement) mais aussi de la nature minéralogique des argiles. En effet, les
argiles sont différentes en terme charge négative totale étant donnée que la structure des argiles,
touchées par la substitution isomorphique et des ruptures accidentelles des liaisons internes, est
différente.

Voici quelques ordres de grandeur de la CEC des sols selon le type d’argile dominant:

Type of colloïde argileux CEC


Argile de type 1/1 3-15 meq1100g soil
Argile de type 2/1 10-40 méq/100 g de sol
Illite 10-40 méq/100 g sol
Montmorillonite 80-150 méq/100 g sol
Vermiculite 100-150 méq/100 g sol

Les colloïdes humiques ont une CEC qui varie de 200 à 300 méq/100g
Pour chaque pourcent d’humus dans le sol, la CEC augmente d’environ 2 méq/100g de sol.

3.2. Taux de saturation en bases échangeables Notes :


(TSBE)

Les bases échangeables sont : Ca++, Mg++, Na+ et K+

TSB = 100 x [ Somme de bases échangeables] /


CEC

Les bases échangeables sont exprimées en


méq/100g de sol.

Le TSBE exprime le niveau d’occupation de la CEC


(ou de charges négatives du CAH) comme le montre
bien la formule précédente.

Ces bases échangeables se trouvent sur le CAH mais


peuvent être échangées avec des cations en solution
du sol.

On peut aussi calculer un taux de saturation en


cations acides

44
4. Echange cationique

Entre la solution du sol et le CAH, il existe un


échange perpétuel de cations.

On distingue deux types d’échange :


- Echange homovalent : échange entre cations de
même valence

- Echange hétérovalent : échange de valence


différente
Notes
On définit un pouvoir de remplacement d’un cation
par un autre sur le CAH. On dit aussi qu’un cation
est plus sélectif qu’un autre cation. Le cation le lus
sélectif est celui qui a le plus d’affinité à s’adsorber
sur le CAH.

Pour un échange homovalent, le cation le plus


sélectif est celui ayant le rayon d’hydratation le plus
faible.

Pour un échange hétérovalent, le cation le plus


sélectif est celui qui a la valence la lus élevée et le
rayon d’hydratation le plus faible.

Ordre de sélectivité : Al(3+) > Ca (2+) > Mg (2+) >


NH4 (1+) = K (1 +) > Na

Dans le schéma suivant, la longueur de la flèche


entre le cation et le CAH est proportionnelle à la
sélectivité du cation. L’épaisseur du trait de contour
indique la grandeur de rayon d’hydratation.

Na+

K+
CAH

Ca++

45
Exemple d’échange cationique :

Na
CAH + Ca (2+)

Na

CAH Ca

5. pH du sol

pH = - log (H+)

(H+) : concentration en proton H+ dans la solution du sol

On distingue deux types de pH :

- pHeau qui correspond à la concentration de H+ dans la solution du sol. La mesure est donc effectuée
dans une suspension du sol préparée avec un rapport sol :eau de 1 :2.5. Ce pH renseigne sur l’acidité
actuelle ou réelle du sol.

- pHkcl qui correspond à la concentration en H+ dans la solution du sol et celle provenant du CAH
après avoir été remplacés par e potassium ajoutée sous forme de KCl à la solution du sol.

La différence pHeau – pHKCl renseigne sur l’acidité de réserve ou l’acidité d’échange (représentée par les
H+ sur le CAH).

On distingue des sols acides, des sols neutres ou au voisinage de la neutralité et des sols alcalins ou
basiques.

- Sols franchement acides : pH < 5.5


- Sols franchement basiques : pH > 8.5

Au Maroc la plupart des sols sont autour de la neutralité à basique (6.5 – 8.5). Des sols acides sont très
localisés dans certaines régions.

Expliquer pourquoi le pH augmente avec le TSBE ?

46
6. Pouvoir tampon du sol
pH
Le pouvoir tampon du sol est son aptitude de
résister à l’acidification et à l’alcalisation. Ces 6
phénomènes peuvent s’opérer après addition des
composés acides ou alcalins au sol ou ΔpH
naturellement suite à des réactions chimiques ou
biochimiques (Exemple : Nitrification, pluies Δx
acides, engrais, chaulage, etc.).

Le pouvoir tampon peut être déterminé au 5


laboratoire en élaborant des courbes de titration
en ajoutant un acide ou une base.

Le pouvoir tampon est plus élevé dans un sol x = Base (en méq/100 g de sol)
ayant un CAH plus développé (riche en argile et Pouvoir tampon = 1/ pente de la portion linéaire de
en humus). la courbe de titration. Cette supposition qui ne
considérer que la portion linéaire correspond à une
réalité qui réside dans le fait qu’on ne peut pas
augmenter en une seule fois le pH de plus d’une unité.
Illustration du mécanisme de résistance à l’acidification et à l’alcalinisation :
a/ Ajout de HCl (acidification)

H+ (HCl))

CAH Solution du sol


H+

Dans ce cas, le sol s’oppose à l’acidification en fixant les protons H+ sur le CAH pour maintenir
l’équilibre entre le CAH et la solution du sol

b/ Ajout de NaOH (alcalinisation)


OH- (NaOH)

CAH Solution du sol


OH- + H+ = H2O
H+

47
Dans ce cas, le sol s’oppose à l’alcalinisation en neutralisant les anions OH- par H+ (formation d’une
molécule d’eau). Pour maintenir l’équilibre entre des protons en solution et de ceux sur le CAH, pour
chaque OH ajouté, un proton H+ s’adsorbe sur le CAH.

Attention : Le pouvoir tampon a une limite. Les sols peuvent subir une acidification et une alcalinisation.

Importance du pH :

Le pH est en relation avec plusieurs propriétés du sol et plusieurs aspects de comportement du sol et de
la culture :

- Le pH influence l’activité biologique du sol puisque les espèces de microflore du sol n’ont pas
le même niveau de tolérance au pH (basophiles, acidophiles, neutrophiles).

- Le pH conditionne la biodisponibilité et l’assimilabilité des éléments nutritifs. Cette


biodisponibilité est déterminée par plusieurs facteurs : perte des éléments nutritifs par
exemple par volatilisation de l’ammonium, précipitation en pH basique de certains éléments
mineurs (oligo-éléments), compétition électrostatique entre H+ ou OH- avec des éléments
nutritifs cationiques et anioniques etc.).

Le diagramme suivant illustre la biodisponibilité des éléments nutritifs pour les cultures en fonction du
pH.

48
Remarques :

- Un pH basique du sol permet de réduire la solubilité de certains éléments traces métalliques (métaux
lourds) comme le Cd, le Hg, etc. et réduit par conséquence le risque de phyto - toxicité.

- Les plantes ont des tolérances variables vis-à-vis du pH du sol. Ceci est en relation avec la
biodisponibilité des éléments nutritifs ou avec les mécanismes d’absorption de ces élents nutritifs.

- Certaines plantes peuvent modifier le pH de leur environnement racinaire en secrétant par exemple
des acides organiques qui solubilisent le calcaire. Cela permet d’absorber le calcium pour fortifier la
cuticule racinaire et aussi pour assurer une exploration maximale de la matrice du sol.

7. Salinité des sols et des eaux


SOLS
Un sol salé est un sol ayant une concentration élevée en sels solubles. Celle-ci provoque deux effets
majeurs sur les plantes cultivées :

- Le déséquilibre nutritionnel induit par un excès de cations et d’anions qui interfèrent avec les ions
nutritifs vis-à-vis de l’absorption (Effet faim)

- La diminution de la capacité d’absorption de l’eau par la plante suite à une augmentation de la


pression osmotique de l’environnement racinaire (effet Soif).

On peut imaginer qu’un sol humide et très salé est synonyme à un sol sec.
Résultat : diminution des rendements

Principales causes de salinisation des sols :

Salinisation primaire : roche – mère par


exemple.
Salinisation secondaire :
9 Irrigation avec les sols salés
9 Forte évaporation par rapport aux
précipitations
9 Déficience du drainage et remontée de la
nappe

Mesure de la salinité :

- Conductivité électrique dite 1/5 (CE1/5) dans une suspension de sol (1 part de sol dans 5
part d’eau)

- Conductivité mesurée dans l’extrait d’une pâte saturée (ajout progressif d’eau sur un
échantillon de sol et puis centrifugation). On note cette conductivité CEps

Expressions : mmho/cm ; μmhos/cm; mSiemens/cm, dS/cm)

49
On observe sur les deux
photos des fluorescences
salines.

Sodification du sol

La sodification correspond à un enrichissement du complexe argilo -humique en sodium échangeable.

Un sol se qualifie de sodique lorsque le Pourcentage de Sodium Échangeable


(ESP) dépasse 15 %

ESP = (Na éch / CEC) x 100

CEC: Capacité d’Échange Cationique

Conséquence :

Un sol sodique est un sols qui se disperse physico – chimiquement. Le sodium entretient avec les
colloïdes argileux une faible liaison à cause de son grand rayon d’hydratation. De ce fait, les argiles se
repoussent et crée une dispersion des particules des sols (peptisation) et donc une détérioration de sa
structure.

50
Le sodium est un cation dispersant, contrairement au calcium et au magnésium qui sont des actions
floculants très favorables à la formation et au maintien d’une bonne structure.

Notes :

Classification des sols salés

En raison de l'importance particulière de l'ion sodium on classe généralement les sols salés de la façon
suivante :

- les sols salins non alcalins


- les sols alcalins
- les sols salins alcalins.

Type de sol CE ESP


sols salins non alcalins > 4 mmhos/cm < 15 pH < 8,5
sols alcalins < 4 mmhos/cm > 15 pH > 8,5
sols salins alcalins > 4 mmhos/cm > 15 pH < 8,5

51
EAUX

La salinité est mesurée par la conductivité électrique :

- CE < 0.7 mmho/cm : aucune restriction à l’usage pour l’irrigation


- 0.7 > CE > 3 mmhos/cm : restriction modérée
- CE > 3 : restriction sévère

On définit aussi pour l’eau d’irrigation un paramètre qui renseigne sur le risque d’alcalinisation
sodique du sol. Ce paramètre est le SAR.

La valeur de ce paramètre est calculée et définie par l'équation :

Na +
SAR =
Ca + + + Mg + +
2

Lorsqu’on irrigue avec une eau de SAR élevée, on provoque une sodification du sol. Ainsi, on peut
définir des relations empiriques entre l’ESP et le SAR.

Type de relation ESP - SAR

ESP (1) ESP = f(SAR)


ESP (2)

35
30
25
ESP

20
15
10
5
0
0 5 10 15 20 25 30
SAR

52
C1 : Bon pour l’irrigation
C2 : Léger lessivage – Plantes moyennement tolérantes au sel
C3 : Drainage – Contrôle de salinité – Plantes tolérantes au sel
C4 : Drainage- Sol très perméables – Plantes très tolérantes au sel
S1 : Bon pour toute irrigation
S2 : Sol grossier à bonne perméabilité – Gypse
S3 : Drainage – Lessivage – Addition de matières organiques
S4 : Drainage – Addition de calcium si faible salinité

53
Dessalage des sols
Pratique commune : le lessivage des sels

Pour que la salure se produise, il faut que : la quantité de sels éliminée par drainage soit inférieure à la
quantité apportée par l’eau d’irrigation. Donc pour éviter l’accumulation des sels dans la zone
racinaire, il faut que :

Ci Hi < Cd Hd

- Ci : concentration de sels dans l’eau d’irrigation


- Cd : concentration de sels dans l’eau de draingae
- Hi : hauteur d’eau d’irrigation
- Hd : hauteur d’eau drainée

Lavage requis
La relation entre Hd et Hi est donnée par l’équation du bilan de l’eau :

Hi + Hpluie = Hd + Het (évapo - transpirée)

Par définition, LR = Hd/Hi

Formule très simplifiée : LR = Hd/Hi = (CEi/CEps) x (Hcc/Hps)

Exemple de calcul : Calculer Hi pour éviter l’accumulation de sels


si Hp = 100 mm, Het = 300 mm, CEi = 1 mS/cm, CEps = 1.5 dS/cm

Correction de la sodicité :

Amendement chimiques : cas du gypse (CaSO4)

Réaction de base :
Na
CA + Ca
Na

CA Ca

L’addition du gypse permet un apport de calcium qui prend la place du sodium (en excès) sur le CAH.
Ainsi, comme produits de réaction on aura le sulfate de sodium dans la solution du sol. Ce produit est
très soluble. Ainsi, il convient d’irriguer immédiatement après l’apport de gypse (sans dépasser la
capacité maximale de rétention de l’eau par le sol, notion qui sera traitée plus tard) pour faciliter le
déroulement de cette réaction.
Appliquer par la suite (48 heures après) une irrigation percolante pour lixivier l’excès de sodium.

Exercice d’application : Calculer la quantité der gypse (CaSO4) à apporter à un sol pour baisser son ESP
de 16 à 12 sur la couche 0 - 30 cm. Exprimer le résultat en Kg ou tonnes/ha
Ce sol a une CEC de 30 méq/100 g de sol. La masse volumique du sol sur cette couche est de 1 400 kg/m3.

54
35
Forte réduction de la Réduction de la vitesse
vitesse d'infiltration d'infiltration légère à
moyenne
30

25

20

15

10

Pas de réduction de la
5 vitesse d'infiltration

0
0 1 2 3 4 5 6
Salinité de l'eau d'irrigation (Ce) dS/ m

Interpréter ces courbes (les petits points et triangles correspondent aux valeurs de SAR et de Ce de 10
situations.

55
8. Tolérance des plantes

Les plantes n’ont pas la même tolérance à la salinité (Voir tableaux suivantx)

Tolérances des espèces ligneuses (D'après FIRMIN R. - "Forestry trials in Kuwait").


CE.103 Espèces
mmhos/cm-1
50 Avicennia marina
40 Casuarina glauca, Tamarix Jordanis, Tamarix marismortui.
35 Atriplex nummularia, Atriplex vesicaria, Prosopis stephanianna, Prosopis
tamarugo, Tamarix aravensis, Tamarix deserti, Tamarix mannifera, Tamarix
orientalis, Tamarix pentandra, Tamarix meyeri.
30 Acacia ligulata, Casuarina equisetifolia, Prosopis juliflora, Tamarix aphylla,
Zizyphus vulgaris.
25 Acacia sowdenii, Tamarix nilotica.
18 Acacia pendula, Acacia salicina, Casuarina stricta, Eucalyptus camaldulensis,
Eucalyptus sargentii, Eucalyptus spathulata, Nerium oleander, Parkinsonia
aculéata.
16 Acacia farnesiana, Callistemon lanceolatus, Casuarina cristata, Eucalyptus
camadulensis var. Obtusa, Eucalyptus porosa, Eucalyptus kondininesis,
Eucalyptus microtheca, Prosopis chilensis (algarobilla), Prosopis juliflora var.
velutina.
14 Acacia arabica, Albizzia chinensis, Casuarina lehmanii, Clerodendron inerme,
Eucalyptus pimpiniana, Haloxylon salicornicum, Sesbania grandiflora.
12 Acacia stenophylla, Bassia latifolia, Callitris glauca, Dodonaea viscosa,
Eucalyptusgomphocephala, Eucalyptus kruseana, Melaleuca pauperifolia, Melia
azedarach, Punica granatum, Thevetia neriifolia
10 Albizzia lebbek, Butea monosperma, Eucalyptus annulata, Eucalyptus comitae-
vallis, Eucalyptus cornuta, Eucalyptus melliodora, Eucalyptus stricklandii, Ficus
carica, Ficus religiosa, Hakea laurina, Lagunaria patersoni, Ricinus communis var.
Persicus, Salvadora oleoides, Thespesia populnea, Vitex agnus-castus.
8,5 Casuarina cunninghamiana, Caesalpinia gilliesii, Calligonum comosum, Dalbergia
sissoo, Dodonaea attenuata, Eucalyptus cladocalyx, Eucalyptus forrestiana,
Eucalyptus grossa, Eucalyptus largiflorens, Eucalyptus le souefii, Eucalyptus
robusta, Eucalyptus saubris, Inga dulcis, Terminalia arjur.
8 Brachychiton gregorii, Eucalyptus brockwayi, Eucalyptus dundasi, Eucalyptus
intertexta, Eucalyptus woodwardii, Ficus bengalensis, Myrtus communis,
Prosopis spicigera, Schinus molle, Terminalia catappa.
6 Acacia deanei, Agonis flexuosa, Balanites aegyptiaca, Cupressus arizonica,
Eucalyptus torquata, Grevillea robusta, Olea europea, Pritchardia filifera, Salix
acmophylla, Tamarindus indica, Tecomastans.
5 Cordia myxa, Cupressus sempervirens var. Stricta, Elaeagnus angustifolia,
Eucalyptus astringens, Eucalyptus campaspe, Eucalyptus flocktoniae, Eucalyptus
lansdowneana, Eucalyptus longicornis, Eucalyptus patellaris, Eucalyptus redunca,
Eucalyptus oleosa, Lantana aculeata, Populus euphratica, Terminalia belerica.
4,5 Bombax malabaricum, Eucalyptus citriodora, Populus bolleana.
3 Acacia tortilis, Albizzia julibrizzin, Ficus sycomorus, Robinia pseudoacacia, Salix
alba.
2,5 Acacia cyanophylla, Acacia mellifera, Acacia raddiana, Acacia forestiana.
2 Eucalyptus tereticornis, Hyphaene thebaica, Poinciana regia, Duranta plumieri,
Populus oblegata.
1 Azalea, Bougainvillea, Populus thevestiva, Populus euramericana.

56
Effet de la salinité totale du sol sur le rendement des cultures de plein champ
(T = tolérance; MT = modérément tolérante; MS = modérément sensible; S = sensible).

Cultures de plein champ CE1 CE CE CE CE2 Appr.


Diminution de rendement (%) 0% 10 % 25 % 50 % 100 %
Orge (Hordeam vulgare) 8,0 10 13 18 28 T
Coton (Gossypium lirsutum) 7,7 9,6 13 17 27 T
Betterave sucrière (Beta vulgaris) 7,0 8,7 11 15 24 T
Blé (Tritieum aestinum) 6,0 7,4 9,5 13 20 M.T
Carthame (Cathamus tinctorius) 5,3 6,2 7,6 9,9 15 M.T
Soja (Glycine max) 5,0 5,5 6,2 7,5 10 M.T
Sorgho (Sorghum bicolor) 4,0 5,1 7,2 11 18 M.T
Arachide (Arachis hypogea) 3,2 3,5 4,1 4,9 7 M.S
Riz Paddy (Ozyza sativa) 3,0 3,8 5,1 7,2 12 M.S
Sesbania (Sesbania macrocarpa et 2,3 3,7 5,9 9,4 17 M.S
Sesbania exaltata)
Maïs Grain (Zea mays) et Lin (Linum 3,5 5 3,8 5,9 10 M.S
usitatissimum)
Canne à sucre (Saccharum officianrum) 1,7 23,5 M.S
Fève (Vicia faba) 1,6 2,6 4,2 6,8 12 M.S
Delique de Chine (Vigna sinensis et 1,3 2,0 3,1 7 9 M.S
Vigna unquicilata)
Haricots (Phaseolus vulgaris) 1,0 1,5 2,3 3,6 5 S

Effet de la salinité totale sur le rendement des cultures fruitières.


(T = tolérante; MT = modérément tolérante; MS = modérément sensible; S = sensible).
Cultures fruitières CE1 CE CE CE CE2 Appr.
Diminution de rendement (%) 0% 10 % 25 % 50 % 100 %
Palmier Dattier (Phoenix dactylifera) 4,0 6,8 10,9 17,9 32 T
Figuier (Ficus carica)
Olivier (Odea europaca) 2,7 3,8 5,5 8,4 14 M.T
Sunadies (Puncia granatum)
Pamplemoussier (Citrus pardissi) 1,8 2,4 3,4 4,9 8 S
Oranger (Citrus sinensis), Citronnier (Citrus 1,7 2,3 3,3 4,8 8 S
limonia)
Pommier (Malus pumila, Malus sylvestris) 1,7 2,3 3,3 4,8 8 S
Noyer (juglans regia)
Poirier (Pyrus communis)
Pêcher (Prunus persica) 1,7 2,2 2,9 4,1 6,5 S
Abricotier (Pyrus armeniaca) 1,6 2,0 2,6 3,7 6 S
Vigne (Vitis spp) 1,5 2,5 4,1 6,7 12 M.S
Amandier (Prunus amygdalus Var. dulcis) 1,5 2,0 2,8 4,1 7 S
Prunier (Prunus domestica) 1,5 2,1 2,9 4,3 7 S
Mûrier Ronce (Rubus spp), Ronces Diverses 1,5 2,0 2,6 3,8 6 S
(Rubus spp)
Avocatier (Persea americana) 1,3 1,8 2,5 3,7 6 S
Framboisier (Rubus idaeus) 1,0 1,4 2,1 3,2 5,5 S
Fraisier (Fragaria vesca) 1,0 1,3 1,8 2,5 4 S

57
Effet de la salinité totale du sol sur le rendement des cultures maraîchères.
T = tolérante; MT = modérément tolérante; MS = modérément sensible; S = sensible).
Cultures maraîchères CE 1 CE CE CE CE 2
Diminution du rendement 0 % 10 % 25 % 50 % 100 % Appr.
Betterave Potagère (Beta Vulgaris) 4,0 5,1 6,8 9,6 15 M.T
Chou Brocoli (Brassica italica) 2,8 3,9 5,5 8,2 14 M.T
Tomate (Lycopersicon esculentum) 2,5 3,5 5,0 7,6 13 M.S
Concombre (Cucumis sativus) 2,5 3,3 4,4 6,3 10 M.S
Melon (Cucumis Melo) 2,2 3,6 5,7 9,1 16 M.S
Epinard (Spinacia oleracea) 2,0 3,3 5,3 8,6 15 M.S
Choux (Brassica oleracea) 1,8 2,8 4,4 7,0 12 M.S
Pomme de terre (Solanum, tuberosum), Maïs 1,7 2,5 3,8 5,9 10 M.S
Doux, (Zea Mays)
Patate Douce (Ipomea batatas) 1,5 2,4 3,8 6,0 11 M.S
Poivron (Capsicum frutescens) 1,5 2,2 3,3 5,1 9 M.S
Laitue (Lactuca sativa) 1,3 2,1 3,2 5,2 9 M.S
Radis (Raphanus Sativus) 1,2 2,0 3,1 5,0 9 M.S
Oignon (Allium cepa) 1,2 1,8 2,8 4,3 8 S
Carotte (Daucus carota) 1,0 1,7 2,8 4,6 8 S
Haricot (Phaseolus vulgaris) 1,0 1,5 2,3 3,6 5 S
Okra (Hibiscus esculentus) S

58
Action de la salinité totale du sol sur le rendement des cultures herbagères.
(T = tolérance; MR = mod. tolérante; MS = mod. sensible; S = sensible)
Cultures herbagères CE1 CE CE CE CE2 Appr.
Diminution de rendement (%) 0 % 10 % 25 % 50 % 100 %
Chiendent allongé (Agropyron elongatum) 7,5 9,9 13,3 19,4 32 T
Chiendent à crête (Agropyron elongatum) 7,5 9,0 11,0 15,0 22 T
Cynodon ou Chiendent Pied-de-poule (Cynodon 6,9 8,5 10,8 14,7 23 T
d
Orge lfourragère
) (Hordeurn vulgare) 6,0 7,4 9,5 13,0 20 M.T
Ray grass anglais (Lolium perenne) 5,6 6,9 8,9 12,2 19 M.T
Lotier corniculé (Lolium corniculatus tenuifolius) 5,0 6,0 7,5 10,0 15 M.T
Herbe de Harding ou Alpiste Bulbeux (Phalaris 4,6 5,9 7,9 11,1 18 M.T
b )
Fétuque élevée (Festuca elatior) 3,9 5,8 8,6 13,3 23 M.T
Chiendent désertique (Agropyron desertorum) 3,5 6,0 9,8 16,0 29 M.T
Vesse commune (Vicia sativa) 3,0 3,9 5,3 7,6 12 M.S
Herbe du Soudan ou Sorgho menu (Sorghum 2,8 5,1 8,6 14,4 26 M.T
RizdSauvage) (Elymus triticoides) 2,7 4,4 6,9 11,0 M.T
Lotier velu des marais (Lotus uliginosis) 2,3 2,8 3,6 4,9 7,5 M.S
Luzerne (Medicago sativa) 2,0 3,4 5,4 8,8 16 M.S
Eragrostide (Eragrostis spp) 2,0 3,2 5,0 8,0 14 M.S
Maïs Fourrager (Zea mays) 1,8 2,1 5,2 8,6 16 M.S
Trèfle d'Alexandrie ou Bersim (Trifolium 1,5 3,2 5,9 10,3 19 M.S
l d i )
Dactyle pelotonné (Dactylis glomerata) 1,5 3,1 5,5 9,6 18 M.S
Vulpin des près (Alopecurus pratensis) 1,5 2,5 4,1 6,7 12 M.S
Trèfles divers (Trifolium ssp) 1,5 2,3 3,6 5,7 10 M.S
Agrostide (Agrostis palustris) M.S
Brome Inerme (Bromus inermis) M.T
Herbe des Canaries (Phalaris canaviensis) M.T
Fleole (Chloris gayana, Phleum pratense) M.S
Chiendent (Agropyron cristatum) T
Chiendent (Agropyron trachycaulum) M.T
Riz Sauvage Altai et Russe (Elymus angustus et T
El j )

Ces données nous permettent de déduire deux points importants :

- Les cultures doivent être choisies en fonction de leur tolérance à la salinité et en fonction du taux de
rendement économiquement acceptable dans un cotexte donné.
- L’amélioration génétique des plantes peut permettre de développer des cultures plus résistances à la
salinité

Remarque : Les taux de réduction des rendements sont relativement sévères compte tenue des normes adoptées. .

Discussion/illustrations:

- Qu’est il de la salinité de l’eau ?


- Qu’est il de l’effet de la sodicité ?
- Importance du drainage des sols salés ou potentiellement salables ?
- Nécessité de mise en place d’un système de suivi de la qualité des sols et des eaux (dont la salinité et
l’alcalinité sodique)

59
Notes :

60
Chapitre 4. L’eau dans le sol

1. Introduction
Ce chapitre offre des notions de base sur les relations sol – eau :

- Le potentiel de l’eau dans le sol


- Les forces de rétention de l’eau par le sol
- Les caractéristiques hydriques du sol
- La courbe caractéristique de rétention de l’eau par le sol
- La notion de réserve utile et de réserve facilement utilisable
- Une initiation sommaire sur le mouvement de l’eau par le sol
Ces notions constituent un pré requis pour les cours d’agronomie, d’irrigation.
2. Mesure de la teneur en eau du sol

2.1. Mesures directes

La principale méthode de mesure directe est la gravimétrie. Cette méthode permet de déterminer la
teneur en eau pondérale ou massique (%). Elle consiste à placer une masse (Mf) d’un échantillon de
sol frais (à son humidité actuelle) dans une étuve réglée à 105°C pendant 48 heures et à mesurer sa
masse sèche (Ms).

Teneur en eau (H ou θm en %) :

θm (%) = 100 x (Mf – Ms)/Ms donc θm (%) = 100( Me/M sol sec)

2.2. Mesures indirectes


TDR et
Les mesures indirectes consistent en la mesure Sondes de
d’un paramètre physique qui augmente ou TDR
diminue avec l’humidité du sol (ex : conductivité
ou résistivité du sol, pulsation magnétique,
réflexion des neutrons, etc.).

[une visite du labo de physique du sol permettra aux


étudiants de voir les appareils de mesure et de noter
leurs principales de fonctionnement]
Sonde à
neutrons

61
3. Potentiel de l’eau du sol

ψ t = ψg + ψ p + ψo

Où :

ψt : Potentiel total
ψg : Potentiel gravitaire
ψp : potentiel de pression, potentiel capillaire ou
potentiel matriciel (ψm)
ψo : potentiel osmotique (cas des sols très salés,
autrement cette composante est nulle)
4. Etats de l’eau dans le sol
Eau capillaire
L’eau dans le sols se trouve sous forme de trois
états :
Particule du sol
Eau adsorbée sous forme d’un film pelliculaire
d’eau intimement liée aux particules du sol
(Seule une température de l’ordre de 900°C Eau gravitaire
permet de l’évaporer). Il s’agit donc d’une eau
agronomiquement non intéressante car elle est
inaccessible par les plantes. On peut considérer
que cette eau fait partie de la constitution du sol

Eau capillaire : c’est l’eau qui se trouve dans les Particule du


micropores et mésopores du sol (< 0.2 μm et sol
entre 0.2 et 1μm). Le terme de capillarité
rappelle un tube capillaire (voir schéma ci
contre).
Forme de tue
capillaire
Eau gravitaire : c’est l’eau contenue dans les
macropores et qui n’est pas retenue par le sol :
elle percole sous la force de gravité (potentiel
gravitaire)

62
4. Potentiel capillaire

Le potentiel capillaire est donc la composante de potentiel total du sol qui mérite d’être étudiée et
comprise car elle est en relation directe avec la disponibilité de l’eau pour la plante et les facteurs qui
l’influencent.

Retenir les relations terminologiques suivantes :

Potentiel capillaire : pression avec laquelle les capillaires du sol (micropores et mésopores)
retiennent l’eau du sol. Il s’agit d’une pression négative souvent appelée aussi succion de l’eau par le
sol.

Capillarité : l’absorption de l’eau par capillarite

Le potentiel de pression ou capillaire s’appelle aussi potentiel matriciel (terme relatif à la matrice
du sol constituée de particules de sols agencées pour former des macro pores, des mésopores et des
micropores selon la taille des particules élémentaires).

Le potentiel capillaire est noté : pF

pF = log10 | ψm |
ψm : potentiel matriciel exprimé en cm H2O

Notes :

63
5. Potentiel capillaire et diamètre des
pores (ou des tubes capillaires par
analogie)

Constatation : l’eau remonte (succion, remontée


capillaire) plus haut lorsque le diamètre des
capillaires est petit (voir schéma ci-contre)

Loi de Jurin – Laplace : h= (2ϒcosα)/r h


H : remontée capillaire ou succion h
ϒ : Tension superficielle (dynes/cm2)
r : Rayon du capillaire (des pores)
α : Angle de contact (eau – paroi du capillaire)

Pour un capillaire fin, α tend vers 0.

Simplification de la loi Jurin - laplace:


α

h= (2ϒ)/r

Discuter des applications pratiques de la remontée capillaire :


- Une fois les couches superficielles du sol se dessèchent par évaporation ou par
évapotranspiration (utilisation de l’eau par le sol), les couches plus profondes approvisionnent
ces couches superficielles (interpréter en utilisant les notions de capillarité, de différence du
potentiel etc.)
- Remontée capillaire et remontée des sels , des nitrates ?
- Un dicton dit : « un binage vaut deux arrosages » interpréter en utilisant la loi de Jurin –
Laplace ainsi que l’analogie physique suivante :

Air

Surface du
sol

Capillarité du sol (configuration imagée sous


Capillarité du sol (configuration proche de la forme de tubes capillaires juxtaposés les uns aux
réalité) autres)

64
6. Signification thermodynamique du L’eau passe d’un échantillon humide à un
potentiel capillaire échantillon sec par différence de potentiel
capillaire ou gradient du potentiel (Δψ/Δz)
Soit la réaction simple suivante :

Sol sec + eau Sol humecté

Il s’agit d’une réaction spontanée qui est donc


accompagnée d’une variation négative d’énergie
libre (ΔG < 0). En effet, l’eau passe d’un état
libre à un état lié au sol (pression négative,
succion). Pour pouvoir libérer cette eau, il faut
appliquer une pression équivalente à ΔG (d’où le
principe même de mesure de F)

7. Mesure du pF et courbe
caractéristique de l’humidité du sol

On utilise généralement la presse à membrane

[une visite au laboratoire est organisée pour les


étudiants pour voir l’appareillage et comprendre le
principe en assistant à une démonstration]

Voir schémas d’illustration ci-contre)

Principe :

- Saturer préalablement les échantillons de sol


par capillarité
- Les mettre dans des anneaux réservés pour
presse à membrane
- Appliquer à chaque fois des pressions
croissantes et mesurer l’humidité massique
par gravimétrie
- Etablir la courbe (pF en fonction de
l’humidité)

Mise en place des échantillons sur la plaque


poreuse de la presse à membrane

65
Courbe de pF

L’allure générale de la courbe de pF est illustrée par le schéma ci-après.

Cette courbe est caractérisée par deux valeurs caractéristiques très importantes : le pF 4.2 et le pF 2.7
qui correspondent respectivement aux pressions (succions) de 15 000 cm H2O et 500 cm H2O).

Le pF 2.7 correspond à une valeur d’humidité du sol qui correspond à ce qu’on appelle l’Humidité à la
Capacité au Champ (Hcc). Physiquement, cette humidité correspond à l’eau retenue par la matrice d sol
avec une succion de 500 cm H2O ou 0.5 bars). L’Hcc correspond à la quantité maximale d’eau que peut
retenir le sol.

Le pF 4.2 correspond à une valeur d’humidité du sol qui correspond à ce qu’on appelle l’Humidité au
Point de Flétrissement Permanent). Physiquement, cette humidité correspond à l’eau retenue par la
matrice d sol avec une succion de 15 000 cm H2O ou 15 bars). A ce niveau d’humidité la plante ne peut
pas absorber l’eau du sol car celle-ci y est fortement retenue avec une succion qui dépasse la capacité
d’absorption par la plante

Allure générale de la courbe de pF Attention: les valeurs caractéristiques de Hcc et


pF (succion) Hpfp sont relativement fixes pour un sol donné.
Ainsi, l’humidité ou la teneur du sol peut varier
autour de ces deux valeurs selon les apports d’eau
2.7 (irrigation, pluie) ou selon le processus de
dessiccation du sol.
De ce qui précède, on déduit que : au-delà de
l’Hcc, le sol ne reteint plus d’eau et en deçà de
l’Hpfp, l’eau n’est as disponible pour la plante.
Donc, l’eau utilisable par la plante, appelée aussi
Eau eau « utile », se trouve entre ces deux valeurs
4.2 d’humidité (Hcc et Hpfp). La réserve utile (RU)
utilisable
est donc située entre ces deux humidités
caractéristiques

HpFp Hcc Humidité


Observer ce schéma du sol (%)

Notes :

66
Calcul de la réserve utile

Expression en terme d’humidité :

RU (%) = Hcc (%) – Hpfp (%)

Expression en mm ou cm pour pouvoir la comparer aux autres termes de bilan de l’eau


(précipitations, évaporation, etc.)

RU (mm) = Z x Da x [Hcc(%) – Hpfp(%)]/100

- Z : profondeur du sol considérée (on peut aussi considérer la profondeur de la zone exploitée par les
racines)
- Da : Densité apparente du sol (sans unité car elle résulte du rapport de masse volumique du sol/
masse volumique de l’eau)

Attention : un calcul précis de la RU doit tenir compte de la densité apparente et des valeurs
caractéristiques qui peuvent varier en fonction de la nature des horizons et/ou couches du sol.

Exemple :
Surface du sol
Da1 ;Hcc1 ;Hpfp1

Da2 ;Hcc2 ;Hpfp2

Da2 ;Hcc2 ;Hpfp3

ROCHE – MERE

Dans ce cas la RU est calculée comme suit :

RU (mm) =
Z1 x Da1 x [Hcc1(%) – Hpfp1(%)]/100 + Z2 x Da2 x [Hcc2(%) – Hpfp2(%)]/100 + Z3 x Da3 x
[Hcc3(%) – Hpfp3(%)]/100

Pour tenir compte de la profondeur d’enracinement, il conviendrait de pondérer ces valeurs ou de procéder à une
estimation sur base des valeurs moyennes de ces paramètres si ces dernières ne sont pas très différentes.
Notion de réserve facilement utilisable (RFU)

RFU = 1/2 à 2/3 de la RU

67
Courbe de pF et type de sol

La courbe de pF et ses valeurs


caractéristiques varient en fonction du
type de sol et particulièrement en
fonction du paramètre « texture ». En
effet, celle-ci détermine en grande
partie la taille des pores et donc la
rétention capillaire de l’eau.

Notes :

68
Illustration pour deux types de sols (un à dominance de sable et l’autre à dominance d’argile)

Observer et commenter ces courbes :

- Allure des courbes


- Comparer les valeurs caractéristiques (Hcc et Hpfp) pour ces deux cas de texture
- Comparer graphiquement les RU et les calculer (données : da_sol sableux : 1.2 ; da_sol
argileux : 1.5 ; profondeur pour les deux sols :40 cm, estimer graphiquement les valeurs de
Hcc et Hpfp).

69
8. Mouvements de l’eau dans le sol
A( ψ = - 0.8 bar)
Conditions non saturées Mouvement de
dz l’eau
L’eau se déplace dans le sol dans un sens de
potentiels décroissants.
B ( ψ = - 0.5 bar)
Si dh/dz < 0 : déplacement descendant

Conditions saturées

L’eau se déplace selon la loi de Darcy : Eau


Profondeur
Q = Ks * DΦ/DL de la
colonne
Sol saturé d’eau (L)

Profondeur
du sol (H)

Le Ks varie avec la texture :

70
9. Caractéristiques hydrauliques : détermination – relation avec la texture etc.

a. Vitesse d’infiltration

La vitesse d’infiltration (également appelé taux d’infiltration) est liée à la conductivité hydraulique par la
relation (loi de Darcy) :
V = K.I
Avec V = Vitesse d’infiltration (cm/h)
K = conductivité hydraulique (cm/h)
I = gradient hydraulique (m/m)

La conductivité hydraulique, parfois appelée perméabilité, caractérise la vitesse avec laquelle l’eau circule
dans le sol quelque soit le sens de l’écoulement (horizontal ou vertical) et dépend des conditions auxquelles
le sol est soumis. Par contre la vitesse d’infiltration cherche à définir la vitesse avec laquelle l’eau quitte la
surface libre du sol pour rejoindre la nappe. La mesure de terrain (méthode du double anneau ou du trou)
définit directement la vitesse d’infiltration et non la conductivité hydraulique.

b. Normes marocaines d’interprétation (Administration de génie rural)

Les valeurs du taux d’infiltration sont comparées aux normes rapportées dans le tableau suivant :

Symbole Appellation V en cm/h


V1 Très élevée > 20
V2 Elevée 10 à 20
V3 Moyenne 2 à 10
V4 Faible 0.5 à 2
V5 Très faible < 0.5

c. Relation entre texture du sol et sa vitesse d’infiltration.

Corrélation entre la texture du matériau sol et sa vitesse d’infiltration.

Vitesse Vitesse
Texture du sol d'infiltration d’application
(m/s) maximum
(cm/h)
Sable moyen 4.10-4 à 1.10-4 147,6
Sable fin 1.10-4 à 8.10-5 39,6
Sable limoneux 7.10-5 à 3.10-5 25,6
Limon sableux 3.10-5 à 1.10-5 11,2
Limon argileux 1.10-5 à 7.10-6 4,0
Argile sablonneuse3 9.10-6 à 7.10-6 3,3
Argile limoneuse 7.10-6 à 4.10-6 2,6
Argile, marne < 4.10-6 Non souhaitable

d. Mesure de la conductivité hydraulique :

La vitesse d’infiltration peut être déterminée par la méthode du double anneau de Munts ou par la méthode
de Porchet. Dans le domaine agricole, la méthode du double anneau est largement utilisée. Elle demande
peu de matériel et permet, par une formulation adéquate, de définir la vitesse d’infiltration. C'est de la valeur
de cette vitesse que l'on déduit la valeur du coefficient de perméabilité en utilisant la loi de Darcy.

71
d.1. Méthode du double anneau de Munts

Photo : Xanthoulis D.

L'appareil est composé de deux anneaux (diamètres 30 et 50 cm sur la photo) enfoncés dans le sol de
quelques centimètres (15 cm sur la photo) et rempli d'eau. Le principe est de suivre l'évolution du niveau
d'eau en fonction du temps dans l'anneau interne pour connaître la vitesse d'infiltration sur chaque pas de
temps. Notons que durant toute la mesure on doit veiller à ce que les niveaux d'eau dans les deux anneaux
restent les mêmes (au besoin, on modifie celui de l'anneau externe). On peut alors supposer que sous
l'anneau interne l'infiltration est verticale. Au bout d'un certain temps un régime permanent s'installe et la
vitesse d'infiltration devient constante.

V = Δh . 60 / Δt

V = vitesse d’infiltration verticale en cm/h


Δt = temps de mesure (en minutes)
Δh = variation de hauteur d’eau (en cm)

d.2. Méthode du double anneau de Munts

Parce qu’elle demande peu de moyens, la méthode de mesure de la vitesse d'infiltration in situ par la
méthode Porchet est recommandée. Celle-ci doit être réalisée selon un protocole expérimental défini afin de
fournir une valeur de vitesse d'infiltration la plus proche des conditions réelles de fonctionnement.

Les étapes suivantes décrivent la procédure d'un test standard :

1. creuser un trou de 15 cm de ∅ à la profondeur proposée pour le fond de la tranchée (généralement


0,8 m) le trou doit être cylindrique sur une hauteur minimum de 30 cm, dans la zone racinaire ;
2. Griffer les parois et le fond du trou afin de retrouver la texture naturelle du sol.
3. enlever toute la terre excédentaire ;
4. placer au fond du trou une couche de 5 cm de gravier fin (∅ de 1,2 à 1,8 cm) ;
5. remplir le trou avec de l’eau claire sur une hauteur minimum de 30 cm ;
6. laisser le sol se pré-saturer pendant au moins 4 h mais de préférence pendant une nuit. L'eau doit
être claire, exempte de produits organiques ou de fortes teneurs en sodium ;
7. effectuer la mesure :
a. si l'eau demeure dans le trou après la période de pré-saturation. On ajuste la profondeur de
l'eau à 15 cm. On mesure ensuite la baisse du niveau d'eau toutes les 30 minutes.
Continuer l'essai jusqu'à ce que la dernière lecture soit identique à la précédente ou alors
après 4 heures ;
b. s'il ne reste plus d'eau dans le trou après la période de pré-saturation. On ajoute 15 cm d'eau

72
dans le trou. On mesure ensuite la baisse du niveau d'eau par intervalle de 30 minutes, et on
ajuste la hauteur d'eau à 15 cm en apportant l'eau manquante. Continuer l'essai jusqu'à ce
que la dernière lecture soit identique à la précédente ou alors après 4 heures ;
c. si les 15 cm d'eau apportés ont disparu avant que le délai de 30 minutes ne se soit écoulé,
dans ce cas, l'intervalle de temps entre les mesures doit être de dix minutes.
8. calculs:

Abaissement du niveau d ' eau ( cm)


Vitesse d ' inf iltration ( cm / min) =
Temps (min)

9. au moins trois essais de percolation doivent être réalisés.

Schéma du système de mesure à niveau variable

Légende

1. eau de ville utilisée pour le test (niveau variable)


2. gravier de protection
3. flotteur
4. système de mesure du niveau du flotteur

Prise de mesure de la vitesse d'infiltration par la méthode à niveau variable.


(Photo Epuvaleau asbl)

Source : Grela et al., 2004


Une bonne conductivité hydraulique doit être supérieure à 5 cm/heure.
Remarque générale : la plupart des sols marocains ne posent pas de contrainte d’infiltration.

73
Chapitre 5. Structure du sol

1. Définition

La structure du sol est l’agencement spatial et géométrique de ces particules

2. Eléments de structure

Le clivage progressif d’une motte ou sa dislocation dans l’eau (sans agitation) permet d’obtenir
différents éléments de structures : petites mottes, agrégats, méso agrégats, micro – agrégats
jusqu’aux particules élémentaires.
3. Motif élémentaire : le micro agrégat

Le micro – agrégat est le motif élémentaire de la structure du sol. Il comprend les particules
élémentaires comme le sable, l’argile et le limon ainsi que les colloïdes humiques et colloïdes organo
- minéraux.
3. Les principaux types de structure

Structure granulaire ou grumeleuse


Structure en blocs (bonne structure)

Structure en colonnes Structure prismatique

Structure massive (fermée)

74
75
4. Facteurs de dégradation de la structure et actions de préservation et d’amélioration

Les principaux facteurs de dégradation de la structure sont:

- Le passage des engins lourds en particulier lorsque la texture est argileuse et le sol est
humide (voir différentes variantes illustrées par le schéma suivant)

- Les facteurs de dispersion des micro - agrégats comme la sodicité du sol (dispersion
physicochimique). En effet, comme les argiles et les colloïdes humiques ou leur association
en CAH sont les éléments de base d’un micro agrégat, leur dispersion cause un éclatement
de celui-ci et donc une détérioration de la structure du sol

- La perte en matière organique du sol : la matière organique joue plusieurs rôles dont les plus
importants sont: le lien avec les colloïdes minéraux pour constituer mes éléments de base de
micro agrégats, le ralentissement de l’effet dégradant de l’eau en diminuant la vitesse de
mouillabilité et le rôle qui réside dans le fait que la matière organique joue un rôle de ciment
et augmente la cohésion des agrégats.

Nous comprenons que les colloïdes argileux et humiques constituent les éléments de base de la
structure du sol.

Phénomène de battance : la battante est un phénomène qui résulte de la dispersion des particules
du sol au niveau de la surface du sol suite à une pluie et à la formation (après ressuyage) d’une croûte
de surface appelée : croûte de battance ( à ne pas confondre avec des croûtes de surface qui résultent
de la dispersion physico - chimique suite à la sodification du sol (Cf. chapitre physico-chimie du sol).

Le phénomène de battance est assez fréquent dans les sols de texture limoneuse en surface et les sols
pauvres en argiles et en matière organique. La matière organique et l’argile sont les éléments
importants qui préservent contre ce phénomène de dégradation de la structure du sol en surface.

On définit l’indice de battance Ib.

Empiriquement : Ib = (1.5 Limon fin (%) + 0.75 Limon grossier (%))/ (10 Mat. Orga (%) + Argile (%))

Qu’est ce qu’on peut déduire de cette relation ?

76
Illustration du phénomène de battance.

Notes :

77
Actions d’amélioration

Exercice :

Sur base des facteurs de dégradation, formuler les actions de préservation et/ou d’amélioration de la
structure du sol ;
5. Stabilité structurale

L’état de la structure à un moment donné s’appelle l’état structural

La stabilité structurale est l’aptitude du sol à résister à la dégradation de sa structure. Le facteur


utilisé pour évaluer cette résistance est le facteur « eau » en situation d’agressivité.

Sol à gauche : bonne stabilité structurale car les agrégats restent unis malgré la dislocation dans l’eau
Sol à droite : mauvaise stabilité structurale car les agrégats sont disloqués et les particules sont dispersées

Visite du laboratoire (détermination de la stabilité des agrégats, stabilité structurale, Indice


d’instabilité etc.)

78
I II III IV V VI VII VIII
1 2
H Tableau de Mendéléiev He
3 4 5 6 7 8 9 10
Li Be B C N O F Ne
11 12 13 14 15 16 17 18
Na Mg Al Si P S Cl Ar
19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36
K Ca Sc Ti V Cr Mn Fe Co Ni Cu Zn Ga Ge As Se Br Kr
37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54
Rb Sr Y Zr Nb Mo Tc Ru Rh Pd Ag Cd In Sn Sb Te I Xe
55 56 57 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86
Cs Ba La Hf Ta W Re Os Ir Pt Au Hg Tl Pb Bi Po At Rn
87 88 89
Fr Ra Ac
58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71
* Lanthanides
Ce Pr Nd Pm Sm Eu Gd Tb Dy Ho Er Tm Yb Lu
90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103
** Actinides
Th Pa U Np Pu Am Cm Bk Cf Es Fm Md No Lw

Os sidérophile Cu Chalcophile Rb lithophile N atmophile

79
80

Vous aimerez peut-être aussi