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L’activité financière islamique s’est développée en faisant revivre les produits anciens et en
créant de nouveaux produits. Lors de l’adaptation et de la création de produit, la contrainte
a été d’éviter les interdictions découlant de la théorie économique et sociale islamique. On
dénombre en générale les cinq interdictions suivantes : interdiction de l’intérêt « riba », du
gharar (incertitude, tromperie, risque), de la thésaurisation, de la spéculation « maysir », et
des activités déclarées illicites. Non insisterons sur les deux premières qui constituent les
bases du système financier islamique.
1- L’interdiction de l’intérêt (riba)
Elle est souvent présentée comme la caractéristique essentielle, si n’est unique, du système
financier islamique.
Le terme riba, qui signifie « augmenter », peut être définir ainsi :
« Le Riba est tout intérêt stipulé contractuellement, calculé préalablement sur
la
Base du capital initial prêté et du temps, convenu sans aucune relation avec
les
Résultats éventuels de l’opération financée ».
« Riba-Al-fadl » Il s’agit de tout surplus concret perçu lors d'un échange direct
entre deux choses de même nature qui se vendent au poids ou à la mesure.
« Riba-Annassia » Le surplus perçu lors de l'acquittement d'un dû, dont le
paiement a été posé comme condition de façon explicite ou implicite dans le
contrat, en raison du délai accordé pour le règlement différé. Riba-Annassia est
le type le plus répandu dans la société, notamment à travers
Les crédits, des prêts et des placements proposés par les établissements
bancaires et les organismes de financement traditionnels.
Ce différencie le Riba dans ses deux formes de la vente d'un bien ou d'un service, est
que la contrepartie perçue n’est considérée comme acceptable dans le droit musulman,
que si elle vise à compenser quelque chose de légitime, comme :
• la perte de valeur liée à l'usage d'un bien (dans le cas de la location d'un bien),
• l'effort fourni pour la réalisation d'un objet (dans le cas de la vente d'un bien produit
par le vendeur),
• ou le travail accompli pour l'obtention d'un bien matériel et le risque engagé dans sa
prise en charge (dans le cas de la vente d'une marchandise achetée à autrui).
Différence entre profit et intérêt
Il y a plusieurs dimensions à considérer dans l’interdiction du riba :
- Le risque n’est pas équitablement partagé dans une opération de prêt
puisque l’emprunteur le support quasiment seul, d’où l’injustice sociale ;
- L’engagement est à terme, c’est donc le prix du temps ;
- La rémunération est calculée uniquement sur le capital, c’est de l’argent
procuré par l’argent, ce qui est contre-nature.
Le fondement de l’interdiction est l’injustice social. Cette dernière est le fondement commun
de l’interdiction dans les trois religions monothéistes qui combattaient ainsi les pratiques
usuraires des marchands.
L’intérêt et /ou l’usure étant plus ou moins prohibés par les différentes religions, les
théoriciens ont alimenté successivement le débat sur le point. Au début du XIXᵉ siècle,
Bentham (Lettre sur l’usure) met en évidence les difficultés de règlementer en la matière :
difficulté de différencier intérêt et usure, de fixer un taux limite acceptable. Thornton (An
Enquiry into the Nature and Effects of the Paper Credit of Great Britain,1802) Démontre
que la limitation du taux d’intérêt est un facteur d’inflation. Au XXᵉ siècle, Keynes dans The
General Theory of Employment, Interest and Money montre que la satisfaction du désir de
liquidité des individus est un obstacle au plein-emploi. Il est donc favorable à une
règlementation fixant un taux compatible avec le plein-emploi. Mais les théories explicatives
de l’attrait pour une consommation immédiate auront raison de ses arguments.
Le partage des pertes et profits (PPP)
L’intérêt prohibé mais le prêt n’est pas interdit. Il est même conseillé dès lors qu’il profite à
ceux qui en ont besoin. Mais, les banques islamiques n’étant pas des organisations
caritatives, il faut donc trouver un système de rémunération alternatif : c’est le partage des
profits et pertes résultant de l’opération de financement, ou système PPP.
La prohibition de l’intérêt et le principe de PPP vont de pair. Ce dernier apparait comme une
solution alternative à la rémunération du prêteur en l’absence de taux d’intérêt. Mais il s’agit
d’un procédé de rémunération tout à fait conforme aux valeurs du système économique
islamique, basées sur le partage du risque et de la rémunération, et à la nature des relations
entre le prêteur et l’emprunteur.
La banque prête de l’argent à une entreprise qui devient partenaire, de même le déposant
peut être considéré comme un actionnaire de la banque.
2- L’interdiction du gharar (incertitude, tromperie, risque, ambiguïté)
Le terme gharar est un terme que même les spécialistes ont des difficultés à traduire, c’est
pourquoi nous avons préféré y accoler plusieurs termes. L’interdiction du gharar est un
principe tout aussi important que celui de l’interdiction du riba mais qui différencie moins la
finance islamique car il relève davantage des valeurs morales et de l’éthique. Un
commerçant doit éviter des « représentations fausses » de ses marchandises, doit en révéler
ses défauts. Un accord qui comporte une part de doute, d’incertitude ou de tromperie n’est
pas valable. Ce principe est dérivé du caractère sacré des contrats dont l’objectif est de
réduire l’asymétrie d’information et l’incertitude dans les contrats.
Le gharar peut prendre des formes variées :
- L’engagement incertain ou relatif d’une des parties ;
- Le paiement conditionnel d’une des parties ;
- L’imprécision du coût au moment de la signature du contrat.
Plusieurs hadiths donnent des exemples de telles situations :
- Vente d’un bébé chameau qui est encore dans le ventre de sa mère,
- Vente de laine sur le corps de l’animal.