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Ingénierie financière islamique

1. Généralités :
- L'ingénierie financière peut se définir comme l’aptitude à imaginer et à mettre en
œuvre des montages financiers parfaitement adaptés aux besoins et aux objectifs
spécifiques des agents économiques et au coût minimum.L’ingénierie financière est
une spécialisation qui se trouve à la croisée des domaines de l’actuariat, du financier,
de l’économique, du juridique et du fiscal.La création de produits structurés
complexes de la part des banques d’investissement, en vue d’octroyer des rendements
aux investisseurs, avec un minimum de risques et d’impact fiscal, est un exemple
d’ingénierie financière.
- Un ingénieur financier est un spécialiste de la finance, et plus particulièrement de la
banque, de la finance d'entreprise et de la finance de marché, qui est obligé : d'établir
et optimiser des montages de financement complexes combinant des instruments
financiers variés.
- Intermédiation financière : Dans toute économie, il y a toujours un besoin de
transférer les fonds des épargnants vers les entrepreneurs. Cette fonction est assurée
par un processus d’intermédiation financière où les banques sont les principaux
acteurs. Par ailleurs, les attitudes aux risques des épargnants diffèrent de celles des
entrepreneurs. Le rôle des intermédiaires est de réduire considérablement leur propre
risque en recourant aux différentes techniques de gestion des risques.
- Asymétrie d’information : Les emprunteurs sont en général mieux informés de leurs
propres opérations que les pourvoyeurs de fonds.Agissant en tant que créanciers, les
banques font face à cette asymétrie d’information.
- La banque traditionnelle : repose le modèle d’intermédiation financière pure où les
banques mobilisent l’épargne pour la prêter aux entreprises et aux particuliers.Elles
tirent profit de ladifférence entre les taux d’intérêt créditeurs et débiteurs.
- Une banque islamique mène toutes les activités bancaires à l’exception de l’opération
de prêt et d’emprunt à intérêt. Le passif est constitué par l’ensemble des fonds
mobilisés selon la formule de mudarabaou de wakala(agent). L’actif se constitue par
les fonds avancés sur la base de partage des profits et des pertes ou bien sur la base
d’un endettement conforme aux principes de la Shariah.
- Les produits dérivés : sont des produits financiers dont l’objectif initiale est de
permettre à l’entreprise de couvrir un risque lié à la fluctuation d’un actif, un produit
dérivé est instruments financiers dont la valeur dépend d’un sous-jacent. Les
catégories sont :Forwards, Futures, Swaps et les Options.

2. Contrat à terme (forward) :


- C’est un engagement ferme à acheter ou à vendre un actif appelé sous-jacent à une
date future donnée pour un prix convenu. Il se distingue d’un contrat au comptant
(Spot) dans lequel la transaction est réalisé immédiatement. Un contrat forward est
échangé sur un marché OTC le plus souvent entre des établissements financiers ou
entre établissement financier et un client.
- Le vendeur est exposé au risque de baisse des prix, tandis que l’acheteur est exposé au
risque d’une augmentation des prix. Les deux parties ont "bloqué" leur prix, elles
seraientbeaucoup mieux placées pour planifier leurs activités commerciales
(Couverture).
- Exemple : Supposons que le trésorier d’une entreprise américaine sache que, dans six
mois, il devra décaisser un million d’euros et qu’il souhaite se protéger contre les

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variations du taux de change.Considérons la position prise par l’entreprise. Le contrat
oblige l’entreprise à acheter un million d’euros dans six mois pour 1,1471 million
d’USD.
 Si dans 6 mois, le taux de change monte par exemple à 1,16 : Payoff de
l’entreprise = 1 160 000 – 1 147 100 = 12 900. L’entreprise réalise un gain
de 12 900
 Si le taux de change passe à 1,14 : -Payoff de l’entreprise = 1 140 000 – 1
147 100 = - 7 100. L’entreprise réalise une perte de – 7 100

3. Les futures :
- Les contrats forward, lorsqu'ils sont normalisés (la taille du contrat, la qualité du
produit, le lieu de livraison, etc.) sont appelés futures échangées dans un marché
organisé qui est assuré par une entreprise de marché ayant pour activité d'organiser le
marché financier tout en se conformant à la réglementation de l'autorité de Contrôle
des marchés Financiers.
- Comme le Forward, les Futures présente un profil de gains symétrique. Mais à
l’inverse du contrat Forward, le risque de défaut d’un des deux contractants, peut être
complètement éliminé dans le contrat Futures grâce à des mécanismes spécifiques
comme le dépôt de garanties, appel de marge et la chambre de compensation.

FORWARD FUTURES

 Négocié sur un marché OTC  Négocié sur un marché organisé


 Contrat Non standardisé  Contrat standardisé
 Une date de livraison  Une période de livraison
 Un seul flux à la fin du contrat  Marking to market quotidien
 Livraison ou dénouement en  Positions le plus souvent dénouées
cash sont la norme avant l’échéance
 Existence d’un risque de crédit  Absence ou presque de risque de
crédit

- Approche islamique : Les produits d'ingénierie financière certains avantages aux


acteurs du marché, la nécessité publique (Maslaha) semble réelle et
substantielle.Mais, elle a une priorité inférieure à celle du Coran, de la Sunna ou le
consensus qui interdissent l’usure (Riba), l’incertitude (Gharar) et le jeu au hasard
(Gambling). Donc ces produits ne seraient admissibles que s'ils étaient exempts de ces
éléments même en présence de Maslaha.
- Parmi les produits autorisés, il y a le Salam c'est-à-dire la vente de ce que l'on n'a pas,
mais de ce que l'on est raisonnablement sûr de faire exister.Avec une des conditions
du contrat devait être réglée sur place, c’est-à-dire que l’acheteur devait remettre au
vendeur le « thaman » ou le prix. Donc c'est l'obligation du vendeur seulement qui est
reportée à une date ultérieure.
- Bai-istisna ou un contrat de fabrication. Dans ce cas, l'acheteur et le vendeur-fabricant
ne sont soumis à aucune contrainte pour régler la transaction, du moins d'un côté au
moment de la passation du marché, contrairement à Salam.
- Bai istijrar, ou d’achats répétés auprès d’un seul vendeur. Avec beaucoup plus de
flexibilité, comme le report du paiement du prix et la livraison de l'objet d'échange à
une date ultérieure, la fixation du prix sur la base des prix moyens du marché.

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- On peut noter que la couverture contre le risque peut également être réalisée avec Bai
Salam en devises. Cependant, l'application de bai salam à des devises étrangères n'est
pas autorisée selon une majorité des scholars contemporains.
- Autre Alternative Islamique :Forward synthétique sur la base de la Mourabaha qui
devrait essentiellement permettre par exemple à un importateur d’immobiliser un taux
de change à terme en réalisant un investissement dans la Mourabaha au marché
national en monnaie locale et à l’étranger en devise.

4. Le SWAP :
- C’est un autre produit populaire de gestion des risques. Il s’agit d’un achat ou vente
au comptant avec une promesse de rachat ou revente à terme.Un swap est une série de
contrats à terme appelé Al Inah en finance Islamique qui est un contrat de vente d'un
bien ou une marchandise à un prix différé, puis la racheter au comptant à un prix
inférieur.
- Un swap de devises est un échange de capital entre deux sociétés dans deux devises
différentes.La durée du contrat est convenue à l'avance et peut aller jusqu'à 30 ans.
Les deux entités doivent se verser des intérêts selon des fréquences et des taux
préalablement établis.À la fin du contrat, les deux sociétés échangent à nouveau leur
capital. Le swap peut être effectué sir les taux d’intérêt, il en résultat qu’il y a toujours
un gagnant et un perdant.
- Le Credit Default Swap signifie littéralement “permutation de l’impayé”. Le CDS est
un produit financier dérivé qui n’est soumis à aucun contrôle public. Normalement, il
devrait permettre au détenteur d’une créance de se faire indemniser par le vendeur du
CDS au cas où l’émetteur d’une obligation (l’emprunteur) fait défaut, que ce soit un
pouvoir public ou une entreprise privée.
- Approche islamique : Les swaps classiques se sont généralement révélés non
islamiques car ils impliquent clairement des paiements d'intérêts. Il y a une opinion
minoritaire qui autorise l’échange de deux prêts sans intérêt (qard) libellés dans des
monnaies différentes, qui sont remboursés par les deux parties à la fin d’une période
donnée pour couvrir le risque de change (SWAP islamique).
- Le concept de Wa'ad implique l'échange de devises au début, est la promesse ou
l'engagement (Wa'ad) de réaliser un autre Bai Sarf à la date future sur la base du taux
déterminé aujourd'hui. À la date d'expiration, le deuxième Bai` Sarf sera mis en œuvre
pour récupérer la monnaie d'origine.
- La principale différence entre ce type de swap et le Swap conventionnel est que, dans
ce dernier cas, les paiements d'intérêts avec le principal sont échangés. Dans le cas de
l'échange islamique susmentionné, seul le capital est échangé, car les revenus générés
par les investissements ne sont pas prédéterminés.Cependant, les swaps islamiques ne
sont pas exempts de controverses et il n’existe pas de consensus quant à leur
acceptabilité. Ainsi, selon une majorité des scholars qui considèrent cet échange de
dettes comme un type de bai al kali bi al kali, qui est interdit dans la charia. En plus,
l’un des principes de la charia est que deux transactions financières ne peuvent être
liées, en ce sens que la conclusion d’une transaction est une condition préalable à la
conclusion de la seconde.
- Attawarrouq come alternative : Tawarrouq c’est l'achat d'une marchandise pour la
vendre à une autre personne que son premier vendeur, pour obtenir l'argent. S'il l'a
vendu au même premier vendeur, c'est Al ina, mais s'il l'a vendu à un tiers, c'est
Tawarruq.
- Pour le contrat Ijara, Deux contrats de leasing (Ijara) sont utilisés pour construire un
accord de swap de devises. Le contrat Ijara pourrait être à taux fixe ou à taux variable

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et cette structure est utilisée pour concevoir un swap de type fixe à variable.Une
banque d'investissement organise un échange entre deux détenteurs du titre Ijara dans
deux devises différentes.
- Ainsi, l'exposition de chaque partie à une devise ou à un type de rendement particulier
(fixe ou variable) est réduite à volonté.L’échange de créances ijara ne relève pas de
l’interdiction de la dette échangée par la charia.Cela équivaudrait à échanger des
revendications de «propriété» dans les actifs physiques sous-jacents et, par
conséquent, ne devrait pas inviter la prohibition.

5. Les options :
- Si un contrat futur permet une couverture facile en fixant le prix. Cela implique que
l'on ne pourrait pas bénéficier de mouvements de prix favorables ultérieurs. Un
contrat d’option, donne le droit d’acheter ou de vendre sans obligation, pour gérer les
incertitudes. Autrement dit, Les options sont quant à elles des contrats qui permettent
à la fois de se protéger contre une évolution défavorable et de garder la possibilité de
profiter d’une évolution favorable.
- Bien sûr, ce compromis a un coût : c’est la prime de l’option, qui doit être payée par
l’acheteur de l’option au vendeur. Quelle que soit la décision de l'acheteur d'exercer
ou non son option, la prime reste acquise au vendeur.La perte maximale possible pour
un acheteur d'une option est donc limitée à la prime qu'il paie. Cette perte survient s'il
choisit de ne pas exercer l'option.
- Une option est donc un contrat qui donne à son détenteur le droit d’acheter (call) ou
de vendre (put) une certaine quantité d’un produit sous-jacent (underlying) à un prix
(strike price ou prix d’exercice), à une date et à des conditions fixées à l’avance.
- Toutes les options négociées sont de deux types: Call option et Put Option.
1. Une option d'achat (call) confère au porteur le droit, mais non l'obligation,
d'acheter l'actif sous-jacent à un prix de prédéterminé à tout moment ou avant
l'échéance.
2. Une option de vente (put) confère au titulaire le droit, mais non l’obligation, de
vendre l’actif sous-jacent à un prix de prédéterminé, à tout moment ou avant
l’échéance.
- Les calls ont donc vocation à protéger leur acheteur contre une hausse de la valeur du
sous-jacent, alors que les puts ont vocation à protéger contre une baisse de la valeur
du sous-jacent ;
- L’échéance de l’option : tout comme les contrats à terme, les options ont une durée de
vie limitée. Si elles n’ont pas été exercées à la date d’échéance, elles disparaissent et
perdent toute valeur ;
- Le prix d’exercice (strike price) de l’option : c’est le prix auquel l’option permet
d’acheter (ou de vendre) le sous-jacent.
- Exemple : une option d’achat sur le titre X donne à la personne A le droit d’acheter le
titre au prix de 50 USD dans trois mois. Le call lui-même est acheté au prix de 5
dollars.
1. Si, conformément à ses attentes, le prix de X augmente à 60 USD à la date
d'échéance, l'acheteur bénéficie d'un gain net de 5 USD. C’est ce que le
vendeur perdrait. Si l’acheteur avait acheté l’action lui-même sans option, il
aurait réalisé un profit de 10 USD.
2. Contrairement à ses attentes, si le prix de l'action tombe en dessous de 50 USD
à l'échéance, soit à 40 USD, l'acheteur n’utilise pas l’option, puisqu'il peut

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acheter sur le marché à un prix inférieur. Ses pertes s'élèveraient à 5 USD, ce
que le vendeur gagnerait avec un investissement nul.
- Dans le jeu, l’acheteur et le vendeur doivent avoir des attentes diamétralement
opposées. Les gains de l'acheteur étant égaux aux pertes du vendeur et inversement,
l’achat et la vente d’options est un jeu risqué à somme nulle sans objet. Les
transactions sont annulées à la date d’échéance ou avant et le jeu se résume à une
différence de prix.
- Approche Islamique : D’un point de vue chariatique la majorité des juristes
musulmans ont trouvé que les options conventionnelles étaient
inadmissibles.L’opinion de la majorité repose sur trois raisons différentes : Jeu au
hasard (Gambling), Incertitude (Gharar) et la vente de l’inexistant.
- Les options, en tant que contrats financiers indépendants négociés à un prix, n’ont pas
de parallèle évident dans la théorie islamique classique.
- Certains scholars ont justifié l’admissibilité aux options en établissant un parallèle
avec bai al-ourbun en se basant sur l’école Hanbali.ourboun fait référence à une vente
dans laquelle l’acheteur dépose une somme d’argent auprès du vendeur comme
paiement partiel à l’avance, mais s’il ne ratifie pas le contrat, il perdra le dépôt, que le
vendeur peut conserver.Une option d'achat (call) est semblable à bai al-urbun en ce
sens que le vendeur ne retourne pas la prime ou l'avance à l'acheteur si ce dernier
n'exerce pas l'option d'achat et ne confirme pas le contrat.Cependant, dans le cas d'une
option d'achat, l'acheteur perd la prime d'option même si l'option est exercée et le
contrat confirmé.
- Certains scholars ont utilisé un terme générique, al-Khiyaratcomme options intégrés
dans le contrat et non pas indépendant. Selon une opinion majoritaire des savants de
la charia l’option (Khiyar) est « une promesse de vendre ou d'acheter une chose à un
prix spécifique dans un délai stipulé ». Une telle promesse ne peut faire l'objet d'une
vente ou d'un achat comme le cas des primes.
- Tandis que les options de la finance traditionnelle englobent toutes sortes de droits
sans obligations, al-khiyar fait généralement référence à un type spécifique de droit de
l'une ou des deux parties de confirmer ou d'annuler le contrat.
- Contrairement à la pensée conventionnelle, le cadre d’al-khiyar affirme que le
consentement ou l’accord mutuel peut ne pas être l’élément le plus essentiel du
contrat islamique.
- Ce qui est de la plus haute importance est l’équité d’un contrat et la réalisation des
attentes appropriées et raisonnables des parties au contrat.Les parties au contrat
doivent être raisonnablement certaines et informées des contre-valeurs échangées,
ainsi que des conséquences de la passation de marché.
- La fourniture d'options dans le cadre al-khiyar contribue à réduire le gharar et à le
ramener dans des limites acceptables sur le plan islamique.Par ce biais, les parties au
contrat se voient accorder une période de «réévaluation» ou de «réflexion» pour
rationaliser leurs décisions.Ainsi, la possibilité de conflits entre les parties en raison
de leurs décisions irrationnelles et erronées est minimisée.
- La littérature classique sur le fiqh classe les options dans les catégories suivantes
comme produits de gestion de risques:
1. khiyar al-shart (option sur stipulation ou condition);
2. khiyaraltayeen (option de détermination ou de choix);
3. khiyar al-ayb (option pour défaut);
4. khiyar al-ruyat (option après inspection); et
5. khiyar al-majlis (option de session).

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- Certains auteurs discutent de deux autres options:khiyar al-wasf (option par fausse
représentation) et khiyar al-tadlis (option par fraude);
- Parmi les différentes options, celles qui sont potentiellement prometteuses pour la
conception de nouveaux instruments financiers pour la gestion des risques sont les
deux premières options:khiyar al-shart (option par stipulation ou de condition) et
khiyar al-tayeen (option de détermination);

5.1 : Khiyar al-shart : c’est est une option qui a la nature d’une condition stipulée dans le
contrat. Il confère à l'une des parties, voire aux deux, voire à un tiers le droit de
confirmer ou d'annuler le contrat dans un délai imparti.Cette option est également
appelée khiyar al-tarawwi (option de réflexion).Par exemple, au moment de la vente,
l’acheteur ou le vendeur peut poser une condition selon laquelle il dispose d’une
option permettant d’annuler la vente dans les 4 jours.
- Cela implique qu’il dispose d’un délai pour procéder à une nouvelle évaluation des
avantages et des coûts, avant de donner son accord final ou de faire ratifier le contrat.
Il existe également un accord général sur l’octroi de ce droit à un tiers lorsque, par
exemple, A achète un produit à B sous réserve de la ratification de cet achat par
C.Tous les contrats d’échange qui sont par nature résiliables à une date ultérieure,
peuvent contenir ces options en considérant les avantage des deux parties au contrat et
prévention de tout conflit ou litige éventuel.
- Exemple 1 : Dans le financement de murabahah, une banque islamique achète un actif
selon les spécifications de son client auprès du fournisseur et le revend au client à un
prix plus élevé, souvent sur une base différée. Le processus comporte un risque de
marché: après l'achat par la banque islamique auprès du fournisseur d'origine, il peut
ne plus être dans l'intérêt du client d'acheter le même produit à la banque.Ce serait
souvent le cas pour les produits de base dont les prix sont volatils, où le prix de l'actif
diminue après le premier achat par la banque.On peut facilement montrer que la
gestion du risque susmentionné est possible dans le cadre de khiyar al-shart. Dans ce
cas, une alternative simple pour la banque islamique serait de conserver une option
pour elle-même au moment de l'achat auprès du fournisseur d'origine.Par la suite, si le
client achète la même chose que promise, l'option expirera automatiquement et le
contrat précédent deviendra contraignant.Cependant, si le client ne respecte pas son
engagement, la banque islamique sera alors en mesure d'exercer son option et de
résilier le contrat d'achat. La banque islamique peut perdre une partie de ses bénéfices
puisque le fournisseur peut facturer un prix plus élevé en cas de vente avec option par
rapport à une vente sans option.
- Exemple 2 : Dans le cas du financement de l’Ijara, certains facteurs de risque peuvent
être facilement modifiés ou partagés avec des stipulations d’options.Une des
principales sources de risque pour les banques islamiques est due à la nature figée des
locations. Si à l'avenir, les taux de rendement devraient augmenter, entraînant une
hausse du coût des fonds pour le bailleur, les banques islamiques seraient clairement
désavantagées.De même, si les taux devaient baisser, le preneur serait réticent à
s’engager pour un loyer fixe. Il est bien entendu possible de convertir un ijara à loyer
fixe en un ijara à taux variable en concluant plusieurs contrats de loyer fixes à court
terme et parallèles.Dans le cadre de khiyar al-shart. La banque islamique en tant que
bailleur et son client peuvent conclure le contrat pour la deuxième période et stipuler
des options pour l'une ou l'autre ou les deux.La banque peut stipuler que si le taux
augmente au-delà de x%, elle aura la possibilité de confirmer ou d'annuler le
contrat.De même, le locataire peut stipuler que si le taux diminue au-delà de x%, il
aura l'option confirmer ou d'annuler le contrat.

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- Exemple 3 : Khiyar al shart dans les actions, Il est possible que lorsqu'une banque ou
un fonds islamique souhaite vendre des actions au sujet desquelles la réponse de
l'acheteur ne soit pas très encourageante, principalement en raison du manque
d'informations pertinentes sur la valeur des actions. En présence d'une telle incertitude
quant aux perspectives futures et à l'évolution attendue des prix des services
financiers, la banque peut vendre les actions ainsi que les options permettant à
l'acheteur de résilier le contrat si les attentes ne se concrétisent pas.
5.2 Khiyar-al-Tayeen (option de détermination) : C’est une option permettant de choisir
l'objet de la vente parmi plusieurs variétés d'un même article. Comme dans khiyar al-
shart, une telle option peut être stipulée dans le contrat et se poursuivre pendant une
période spécifiée. Cette option présente l'avantage d'élargir le domaine de choix des
parties au contrat et peut être stipulée et détenue par le vendeur ou l'acheteur.
- Par exemple, un acheteur peut acheter une variété sur trois d'une marchandise de
qualités différentes: excellente, moyenne et médiocre. Sans préciser quelle variété
particulière serait achetée (les trois variétés auraient des prix différents). Dans ce cas,
l'acheteur détient une option permettant de déterminer, au plus tard à l'échéance de la
période d'option, l'objet de l'échange. De même, le vendeur peut également stipuler
une option pour lui-même. L'option ne peut toutefois pas être exercée par un tiers.
- Certains spécialistes ont estimé qu'une telle option ne pouvait être stipulée que pour
l'acheteur. C'est l'acheteur et non le vendeur qui doit choisir ce qui lui
convient.Toutefois, selon d’autres, cette option pourrait être donnée au vendeur par
analogie avec le khiyar al-shart, Mais aussi pour lui permettre d’être plus sûr des
biens qu’il devrait vendre.
- La flexibilité offerte par cette option aide les parties à être plus sûres et à savoir si les
contre-valeurs échangées correspondent à leurs attentes. Ainsi, l'option est censée
réduire gharar en raison du manque d'informations sur l'objet de l'échange.
- Exemple 1 : En stipulant khiyar al-shart dans son contrat d’achat, une banque
islamique peut facilement gérer le risque que son client ne respecte pas son
engagement d’acquérir l’article spécifié. En combinant khiyar al-shart avec khiyar al-
tayeen dans le contrat d’achat conclu avec son fournisseur, la banque islamique peut
proposer à son client d’opter pour l’une des trois variantes. Cela réduirait
considérablement le risque de défaillance.
- Exemple 2 : khiyar al-tayeen peut être stipulé dans les contrats d'ijara. La banque
islamique peut désormais proposer plusieurs projets d'ijara avec différentes structures
de location. Cela améliorerait considérablement la flexibilité offerte à l'une ou l'autre
des parties.
- Exemple 3 : Dans la gestion de portefeuille, khiyar al-tayeen peut offrir des
possibilités intéressantes. Vu la variété des besoins des investisseurs et de leur
capacité à supporter les risques, les fonds islamiques peuvent offrir des portefeuilles à
deux ou trois options à la communauté des investisseurs. Les investisseurs peuvent se
voir proposer de souscrire à un fonds d’actions se concentrant sur une région
géographique, un marché ou un secteur, mais avec une option permettant de basculer
entre les portefeuilles.
5.3 Autres applications des options :
- Bai al-wafa est un contrat composite qui combine les caractéristiques de bai (vente) et
de rahn (engagement). En vertu de ce contrat, une partie vend un actif à un autre à un
prix, à condition que l'actif revienne au vendeur lorsqu'il restituera le prix à une date
ultérieure. Cela a pour effet de créer un nantissement en ce que l'acheteur ne peut
revendre le bien à un tiers. Ce contrat est similaire au Repo conventionnel à la
différence que dans le cas du bai bil-wafa, le prix de rachat est identique au prix de

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vente initial. Dans le premier cas (Repo), le prix de rachat est supérieur au prix initial,
ce qui réduit la transaction à un emprunt basé sur Riba. Comme dans le cas d'une prise
en pension, l'acheteur est libre de tirer des avantages de la propriété de l'actif. La
caractéristique supplémentaire de bai al wafa est que le contrat peut être révoqué à
tout moment par l'une ou l'autre des parties. Les droits de révocation ne soient pas
strictement classés comme des options du point de vue fiqhi, bai bil-wafa peut être
considéré comme équivalent à une prise en pension classique avec une option d'achat
et une option de vente.
- L’option de convertibilité : Les banques islamiques font face à un risque majeur dans
leurs activités de financement sous la forme d'un risque de défaut. Ce facteur de
risque est plus grave pour les banques islamiques que pour leurs homologues
conventionnelles, avec l’abscence de pénalités. Une solution importante consiste
souvent en une option de convertibilité avec le financier. En cas de défaillance, la
banque peut conserver l’option de convertir son emprunt en fonds propres.L'option de
convertibilité est également fournie sous forme de titres, ce qui permet au détenteur
d'une obligation de convertir celle-ci en actions.Cela est jugé attrayant pour un
investisseur qui n’est pas trop sûr du succès d’une entreprise ou de sa capacité à
générer un bénéfice adéquat et à verser des dividendes au cours des premières années.
Et après une période donnée (lorsque la société commence à générer des bénéfices),
l'option de convertibilité est activée et il a la possibilité de devenir actionnaire ou de
continuer à jouer le rôle de prêteur. De plus, dans une convertibilité à zéro (Qard
Hassan), aucun paiement d’intérêts n’est requis avant que la dette ne soit convertie en
capitaux propres.L'option de convertibilité n'est pas étrangère au cadre islamique.
Cela peut prendre la forme d’une option permettant au créancier de convertir la dette
en capitaux propres. Cette dette peut en gros englober tous les types de créances
découlant d’Ijara, de Murabahah, etc.

6. Conclusion :
- Lorsque les marchés se caractérisent par de violentes fluctuations des prix, l'ensemble
du processus de génération de ressources peut être affecté de manière négative. Les
marchés actuels des produits de base, des devises, des actions, des obligations, etc. se
caractérisent en effet par un degré élevé de volatilité.En tant que tels, les produits
dérivés (options et futures en tant que contrats indépendants) sont devenus assez
courants sur les marchés financiers mondiaux.
- Les banquiers d’investissement ont constaté que le commerce de produits dérivés
constituait un domaine d’activité important en offrant des solutions innovantes aux
problèmes de gestion des risques. Pour les banquiers islamiques, le défi est plus grand
car beaucoup de solutions conventionnelles n’ont pas leur place dans le cadre
islamique. Il est donc extrêmement important de savoir ce qui est admissible et
comment concevoir de nouveaux produits pour la gestion des risques dans leur
domaine de validité limité.
- La couverture est tout à fait conforme à la rationalité islamique, mais la couverture
avec des dérivés comporte de graves dangers (spéculation). Dans le contexte de la
finance islamique, les dérivés classiques (contrats indépendants) ne sont pas tout à fait
acceptables. Car l’interet publique ou maslahah a une priorité inférieure compte tenu
de la forte interdiction de Riba, Al-Qimar et de Gharar.
- Il convient toutefois de noter que le système financier islamique est essentiellement
basé sur des actifs qui lient chaque créance financière à un actif sous-jacent. Par
conséquent, A partir de contrats de base nominatifs à la charia, tels que murabahah et
ijara, qui fonctionnent comme des outils de couverture.L'ingénierie financière peut

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être appliquée avec un ensemble de créances financières adossées à des actifs pour
développer des instruments synthétiques.
- Il est important d’adopter une approche intégrée aux systèmes bancaire et financier
islamiques formés de plusieurs composantes.
 la création d’un marché financier élaboré,
 l’adoption d’une politique fiscale prudente,
 la formation de cadres hautement qualifiés et bien entraînés,
 l’échange d’expérience avec les pays ayant des intérêts communs et
 enfin la concertation avec les institutions régionales et internationales.

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