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FINANCE ETHIQUE, FINANCE PARTICIPATIVE MELL CHERNI SABRINE, 2022/2023

3LF

Chapitre 3 : Les principaux instruments de la finance islamique

Les principaux instruments de la finance islamique sont ; les instruments de


financement, les instruments participatifs et les institutions financières islamiques non
bancaires qui sont le Sukuk et le Takaful.
1- Les instruments participatifs :
a) AL MOUCHARKA
Dans cette opération, MOUCHARKA, deux partenaires investissent ensemble dans un
projet et en partagent les bénéfices en fonction du capital investi. Il s’agit d’un contrat
implique le principe de partage de profits et de risque.
b) AL MOUDHARBA
Cette opération met en relation un investisseur (Rab al Mel) qui fournit le capital
(financier ou autre) et un entrepreneur (Moudharib) qui fournit son expertise.
Les bénéfices réalisés par les parties prenantes sont partagés selon une répartition
convenue après que l’investisseur a retrouvé son capital. En cas de perte, c’est
l’investisseur qui supporte tout cela, et l’entrepreneur ne perd que son salaire (à ce
stade Moudharaba diffère de la société en commandite)
2- Les instruments de financement :
a) AL MOURABHA
MOURABHA fait référence à une transaction commerciale. Elle suppose que le
créancier (banque) achète certains actifs à un prix connu des parties pour le compte de
son client. Le créancier revend ensuite ces actifs au client pour paiements,
chevauchants ou non classés, pendant une période donnée à un prix convenu à
l’avance entre les parties et supérieur au prix d’achat. En pratique, le prix de revente
est égal au coût d’acquisition majoré d’une marge convenue entre les parties.
La marge de profit de la banque peut consister en un montant fixe préalablement
déterminé ou en un pourcentage du coût d’acquisition initial du bien.
Cette technique de financement est très largement utilisée, notamment dans le cadre de
financements export, de financements immobiliers, de financements d’acquisition.
•Le client (A) demande à la banque de lui vendre à terme une certaine quantité de
biens tangibles, pour un prix déterminé au préalable.
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• La banque acquiert les biens demandés d’un intermédiaire (1) et les revend en différé
par la suite au client (A). Pour des raisons de compatibilité avec la Charia, cet
intermédiaire doit être différent du client
b) IJARA :
Ijara simple
AL IJARA est l’une des techniques de financement prévues par les banques
islamiques. Dans ce mode de financement, le créancier (banque) achète les biens qu’il
loue au client qui peut en bénéficier. L’actif (bien) n’est pas revendu au client, mais est
loué contre le paiement du loyer pour une période déterminée.
Quelques différences distinguent cet instrument d’un contrat de crédit-bail classique :
• L’Ijara ne prévoit pas de pénalités en cas de retard ou défaut de paiement.
• Un contrat Ijara ne permet pas de rééchelonner les paiements, toute modification des
termes contractuels ne peut se faire qu’à travers un nouveau contrat.
• Les paiements dans un contrat Ijara ne peuvent pas se faire avant la livraison réelle
du bien contrairement à un contrat de crédit bail classique.

Ijara Mountahia Bi Tamlik


Le même principe que l’Ijara simple avec une seule différence c’est que ce contrat est
attaché à une option d’achat. En effet, dans ce type de contrat, le client a la possibilité
d’acquérir le bien en location à échéance. Il est important de noter que cette option est
équivalente à une promesse d’achat et de vente qui est facultative mais qui est
néanmoins intégrée dans le prix de ce produit. Ceci implique que le client a un intérêt
économique à exercer cette option. Dans le cas d’une défaillance du client et lorsque
ce dernier ne respecte pas la promesse d’achat, le financier pourrait mettre en vente le
bien à la fin du contrat.
c) AL SALAM
La vente Al Salam est une vente à terme, c’est-à-dire une opération où le paiement se
fait au comptant (sous forme d’argent) alors que la livraison se fait dans le futur.
La finance islamique interdit, en principe, la vente d’un bien non-existant car celle-ci
implique le hasard (gharar). Mais, cet instrument est très utile pour faciliter certaines
opérations, notamment dans l’agriculture, des exceptions ont été accordées. Ce contrat
constitue également une solution pour le financement des intrants de production ou
d’exportation.
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d) AL ISTISNAA
Ce contrat permet à un acheteur de se procurer des biens qu’il se fait livrer à terme .Il
s’agit également d’un contrat à terme mais qui diffère du contrat Salam dans les
modalités de paiement. En effet, ce type d’instrument permet une flexibilité de
paiements qui pourraient s’effectuer à la signature du contrat en comptant,
graduellement ou même à terme. Les paiements peuvent même être effectués en
fonction de l’avancement du projet. Il est à noter que dans ce type de produit, la date
de la livraison du bien n’est pas déterminée à l’avance mais les modalités de paiement
doivent être spécifiées dans le contrat. Une autre particularité de l’Istitnaa concerne la
nature du bien financé. En effet, cet instrument s’applique uniquement sur les biens
qui sont construits où fabriqués ce qui explique sa popularité dans les financements de
projets de construction ou de développement d’actifs.

e) Qardh al Hassan
Il s’agit d’un instrument de dette « gratuit » qui se rapproche plus d’une aide
financière que d’un crédit commercial. C’est en effet un prêt sans intérêt qui pourrait
être utilisé dans des situations spécifiques. Par exemple, lorsqu’une entreprise ou un
individu est en difficulté ou si on souhaite favoriser le développement d’un nouveau
secteur.

3- Les instruments des institutions non bancaires


a) Les SUKUKS
Les sukuk (pluriel de Sakk) sont des titres financiers islamiques, similaires à une
obligation conventionnelle, respectant les préceptes religieux de la charia. Le Sakk
s’apparente sur le plan juridique à un titre de propriété d’un actif générateur de flux
financiers.
-Un moyen de contourner le financement obligataire :
Étant donné que le système de versement d’intérêt d’une obligation traditionnelle est
interdit, l’émetteur d’un sukuk vend le titre à un groupe d’investisseurs, qui le reloue à
l’émetteur pour un loyer fixé à l’avance. L’émetteur s’engage également à racheter les
obligations à une date précise et au prix d’émission. Les sukuks doivent être en mesure
de justifier que leur rendement provient bien directement de l’achat d’un actif, ou bien
du retour sur investissement lié à l’achat d’un actif. En effet, l’échange de créances sur
les marchés étant interdit par la charia, on ne peut recourir au financement obligataire
que pour des actifs clairement identifiables.

-Les différents types de sukuk :


Comme une obligation, les sukuk peuvent être émis par un État, il s’agira alors de
sukuk souverains, ou par une société ou uen banque, il s’agira alors de sukuk
corporate.
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-Les points de convergence entre les Sukuk islamiques et les obligations


conventionnelles :
 Les deux moyens financiers sont des titres échangés, dont le but principal est le
financement.
 A travers les Sukuk ou les obligations, de nombreuses fonctions économiques
importantes peuvent être remplies et mises en œuvre, telles que le contrôle du
volume de trésorerie et le financement à diverses fins.
 Les deux instruments sont émis pour un projet bien déterminé, et leurs porteurs
peuvent bénéficier des garanties de la part de l’Etat.
 Les Sukuk et les obligations sont des moyens financiers de la gestion de
liquidité, et qui peuvent remplir des fonctions financières importantes.
 Les porteurs de ces titres financiers ont droit de récupérer leurs valeurs
nominales avant la dissolution de la société.
- Les points de divergence entre les Sukuk islamiques et les obligations
conventionnelles :
 Les obligations sont des titres financiers strictement interdis et prohibés par
l’Islam en revanche les Sukuk sont véhiculés et structurés sur la base des
contrats légitimes.
 Il s’agit bien de deux instruments complètement différents, l’un est un
instrument de dette émise et donc une créance détenue par les obligataires,
l’autre étant un titre qui donne droit à la copropriété ou à la jouissance sur des
actifs tangibles ou des investissements qui sont les sous-jacents.
 Concernant la rémunération il s’agit bien d’un intérêt pour les obligations
classiques par contre il s’agit d’un profit lié à la performance des actifs sous-
jacents soumis à l’aléa et aux risques.
 Les Sukuk représentent des participations dans des actifs existants et / ou bien
définis, cependant les obligations représentent des dettes pures dues par
l'émetteur.
 La vente des Sukuk représente en général la vente d'une part d'un actif part
contre la vente d'une obligation est essentiellement la vente d'une dette. C’est
un titre de créance représentatif d'un emprunt.

b) L’assurance TAKAFUL
TAKAFUL dérive du verbe arabe « KAFALAH » : garantir C’est un concept
d’assurance basé sur la coopération et la protection et sur l’aide réciproque entre les
participants. Il est fondé également sur la mutualisation des risques, l’absence d’intérêt
(interdiction du riba), le partage des profits et des pertes (Moudharaba), la délégation
de gestion par contrat d’agence (Wakala) et l’interdiction des investissements illicites
(Haram). Dans l’assurance Takaful, on différencie les fonds des actionnaires et des
sociétaires. Les actionnaires ne doivent ni profiter, ni avoir de perte sur les opérations
d’assurance
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Afin de contourner l’interdiction liée à la prise excessive de risque « AL GHARAR »


et au paiement et réception d’intérêt « RIBAA », la prime d’assurance TAKAFUL
prend la forme d’une donation à la communauté des assurés pour leur intérêt mutuel.
Ces donations doivent couvrir l’ensemble des charges techniques et les frais de
gestion. Ces donations doivent couvrir l’ensemble des charges techniques et les frais
de gestion. L’opérateur n’est qu’un manager des contributions de la communauté des
sociétaires et doit calculer toutes les charges d’exploitation et les faire supporter par le
fonds. La compagnie TAKAFUL s’engage à redistribuer les bénéfices à ses
sociétaires. Il y a deux options acceptables : distribuer à tous sans exception ou
distribuer à ceux qui n’ont pas eu de sinistres (similaire à un bonus). Les actionnaires
ne peuvent pas percevoir une partie du bénéfice technique. En cas de perte, ils doivent
avancer un prêt sans intérêt au fonds des sociétaires, remboursable sur les profits
techniques futurs.

Différence entre assurance Takaful et assurance conventionnelle :


 Principe de partage des risques : En assurance Takaful, le risque est partagé
entre tous les participants au programme d'assurance. Les cotisations sont
versées dans un fonds commun, à partir duquel les indemnités sont versées en
cas de sinistre. En assurance conventionnelle, la prime d'assurance est basée sur
le risque individuel de chaque assuré.
 Absence d'intérêt : En assurance Takaful, le fonds commun est géré selon des
principes d'investissement conformes à la charia islamique, ce qui exclut les
investissements dans des secteurs non éthiques ou la perception d'intérêts. En
assurance conventionnelle, les primes sont investies dans diverses options
d'investissement, y compris des investissements générant des intérêts.
 Distribution des bénéfices : En assurance Takaful, les excédents du fonds
commun après paiement des indemnités et des frais d'administration sont
distribués aux participants du programme d'assurance selon un ratio
prédéterminé. En assurance conventionnelle, les excédents sont généralement
conservés par l'assureur.
 Structure de gouvernance : En assurance Takaful, les participants ont un rôle
dans la gouvernance du programme d'assurance et élisent un conseil
d'administration qui supervise les opérations de l'entreprise. En assurance
conventionnelle, les assurés n'ont généralement pas de rôle dans la gouvernance
de l'entreprise d'assurance.
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