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philosophique de Louvain
les sent très nettement sous l'influence des trois premières des XXIV thèses
approuvées en 1914 par la S. Congrégation des Etudes. Il ne se font d'ailleurs
pas faute de se référer à celles-ci. Voir les commentaires qui en ont été
donnés par les PP. MaTTIUSSI et Hugon, Les pointa fondamentaux de la philo
sophie thomiste, trad. de l'abbé J. LevillaiN, Turin-Rome, Marietti, 1926; Les
vingt-quatre thèses thomistes, Paris, Téqui, 1916, 7e éd., 1937.
F. Van StEENBERGHEN, Ontologie, Louvain, Ed. de l'Institut Supérieur de
Philosophie, 1946, p. 76.
<3> Ibid., p. 92, note I.
(1S) Ibid., 123: « Actus finitus est actus receptus in potentia subjective. Atqui
esse limitatum est actus finitus. Ergo esse limitatum est esse receptum in potentia
eubjectiva, quae realis essentia nuncupatur » ; p. 142: «Actus finitus est actus
receptus in potentia subjective. Atqui perfectio seu forma substantialis quae,
epecifice eadem, individualiter multiplicatur, est actus finitus. Ergo forma sub
stantialis est forma recepta in potentia subjectiva, quae materia prima nuncupatur ».
(U) Ibid., p. 128: « Distinctio inter esse et essentiam applicatio ostenditur inter
actum et potentiam ». L'auteur fait alors appel à 1 Sent., dist. 8, qu. 5, a. I. —
On trouve une formule similaire dans le manuel de F.-X. Maquart (op. cit.
supra, p. 75) : « Haec quaestio (de essentia et existentia) non est nisi applicatio
doctrinae potentiae et acuts... ».
<ls> Cf. Bulletin Thomiste, Janv. 1940-Oct. 1942 (t. VI), pp. 284-294, où sont
passés en revue les différents articles de P. DESCOQS, S. J., V.-A. Berto, C. FaBRO,
F. Van Steenberghen.
(18) Cf. Revue de Philosophie, 1938 (XXXVIII), pp. 410-429: Sur la division
de l'être en acte et en puissance d'après saint Thomas. Le R. P. avait déjà
exposé sa position sur la composition d'essence et d'existence et sur le prin
cipe actus non limitatur a seipso dans ses Praelectioncs theologiae naturalis, t. Il,
Parie, Beauchesne, 1935, surtout, Pars II, Sectio I, cap. III, art. V, § 3 (p. 683
et s.); § 4 (p. 700 et s.); art. VI (p. 704 s.). On trouvera, aux endroits indiqués,
les références aux différents articles antérieurs à ceux que mentionne le Bulletin
Thomiste déjà cité.
<"· Cf. L. De RAEYMAEKER, Philosophie de l'être, Louvain, éd. de l'Institut
Supérieur de Philosophie, 1946, pp. 109-110.
(ii) Cf. J.-D. ROBERT, O. P., La métaphysique, science distincte de toute autre
discipline philosophique, selon s. Thomas d'Aquin, Diuus Thomas (Piac.), 1937,
p. 221 et s.
On sait combien ces idées on été mises en lumière, d'une manière
magistrale, par M. E. GlLSON (cf. Etudes de philosophie médiévale, Strasbourg,
Publication de la Faculté des Lettres, 1921 ; La philosophie au moyen âge,
Paris, Payot, 1922, 2e éd., 1944). Cf. également P. VlGNAUX, La pensée au moyen
âge, Paris, Armand Colin, 1938.
,2"> « Saint Thomas, s'il l'eût voulu, aurait pu écrire une métaphysique, une
cosmologie, une psychologie et une morale conçues selon un plan strictement
philosophique... Mais c'est un fait, rien de plus, que ses ouvrages systématiques
sont des sommes de théologie et que, par conséquent, la philosophie qu'elles
exposent nous est offerte selon l'ordre théologique » (E. GlLSON, La philosophie
au moyen âge, 2e éd., p. 529).
(=') Saint Thomas, certes, nous a laissé en abondance les principes et les
éléments d'une pareille systématisation, mais répétons-le, il ne l'a pas écrite
pour elle-même et dans l'ordre qui lui est propre.
On accepte sans difficulté que Jean de Saint-Thomas soit un des premiers
à avoir écrit un traité de logique ou de philosophie de la nature. L'un et l'autre
forment des ensembles, systématisés pour eux-mêmes et complètement dégagés
de l'appareil théologique. On voudrait pouvoir dire la même chose de la méta
physique, mais Jean de Saint-Thomas n'a pas rédigé pareil traité. Il faut, d'autre
part, avouer que les si intéressantes Quaestiones metaphysicae de Dominique de
Flandre sont encore loin d'une présentation vraiment organique, telle qu'elle est
requise par un exposé rigoureusement systématique (cf. L. MaHIEU, Dominique
de Flandre, Paris, Vrin, 1942). Son ouvrage « marque une transition entre les
commentaires littéraux d'Aristote, tel celui de saint Thomas, et les traités d'allure
plus ample, plus personnelle, telles les Disputationes Metaphysicae de Suarez »
(I c., p. 17). Malheureusement, on sait que ce dernier a faussé radicalement les
perspectives essentielles de la métaphysique de saint Thomas et que, plus mal
heureusement encore, il a été considéré trop souvent comme celui à travers
lequel on entend toute l'Ecole. Schopenhauer en fait « le véritable résumé de
toute la sagesse scolastique ». Il apparaît ainsi dans l'histoire comme un « noeud
de communication » entre les scolastiques et les modernes (cf. A. MaRC ; L'idée
d'être chez saint Thomas et dans la scolastique postérieure, Parie, Beauchesne,
1933, pp. 11-12; voir également, sur un autre exemple, le développement de
cette idée dans R. JOLIVET, La notion de substance, Paris, Beauchesne, 1929).
Suarez a ainsi créé tout un courant de pensée en marge et en lutte même avec
le thomisme authentique. Aussi bien, s'il faut accepter que, du point de vue
métaphysique, il « a rédigé le premier grand ouvrage philosophique qui se
présente dans l'Ecole, sous forme d'un traité logiquement conçu et organiquement
distribué» {H.-D. SlMONIN, Bulletin Thomiste, 1929, pp. 526-527), il faut également
refuser à ce travail la qualité de thomiste. A prendre les choses en gros, on peut
donc penser qu'il a été réservé aux thomistes « modernes » de rédiger des on
rn Ibid.
I2'· Cf. Ontologie, pp. 91-92.
« nomen actus primo fuit attiibutum operationi ; sic enim quasi omnes
intelligunt actum » <3ä>. D'ailleurs les exemples que saint Thomas
reprend à Aristote sont ici tout à fait significatifs. Il suffit, pour
percevoir un acte, de comparer l'état de celui qui veille à celui de
celui qui dort ; de qui voit à qui ferme les yeux ; de ce qui est
(t informé » à ce qui ne l'est point : tel le bois sculpté comparé au
bois à l'état brut (3e>. Ainsi donc, c'est bien à partir de l'opération,
comme du simple mouvement, que le mot acte est appelé à désigner
d'autres réalités (37>. Il s'agira alors de la forme (38) et ultérieurement
de l'esse. Nous y reviendrons explicitement.
Une progression similaire en extension se réalise dans le cas de
la puissance. Celle-ci, au yeux de saint Thomas, se manifeste néces
sairement par l'acte, puisque la connaissance de ce dernier précède
celle de la puissance <33). On le comprend d'ailleurs sans peine : une
réalité est connaissable dans la mesure où elle est en acte (40). Si la
puissance est ainsi connaissable par l'acte, si elle est prise en fonction
même de l'acte, ses différences à elle se calqueront normalement sur
celles de l'acte (ll). Ainsi, puissance signifie d'abord principe d'action.
C'est alors le corrélatif de l'acte dans le sens d'opération (42). C'est
une des premières manières dont la puissance se révèle à l'esprit.
Aussi saint Thomas, après Aristote, quand il veut montrer la nécessité
de la puissance, s'appuie sur le fait que nier cette réalité, c'est
s'exposer à devoir également nier toute activité, tout mouvement (43>.
Ce n'est qu'ensuite, et d'une manière dérivée, que puissance désignera
la puissance passive ou principe de réception. Elle est alors le corré
latif de l'acte dans le sens de forme 'Ai). Ultérieurement la puissance
arrivera à désigner la forme elle-même. Elle sera alors corrélative
de l'acte dans le sens d'esse. On le verra mieux dans la suite.
De ce qui précède, il semble ressortir que pour saint Thomas :
C5> De Pot., qu. I, art. c. ; cf. In IX Meaph., lect. 8, n. 1861 : « nomen actus
dicitur ab operatione ».
<36> Cf. In IX Metaph., lect. 5, η. 1825-1827.
(S7) «Ad alia derivatum est» (In IX Metaph., lect. 3, n. 1805).
<sä> « Exinde fuit translatum ad formam (De Pot., qu. 1, art. I, c.).
<"> Cf. In IX Metaph.. lect. 7, n. 1846.
<"> Cf. Sum. Theol, 1, 12, 3, c.
<4') Ibid. I, 54, 3, c.
<12)l Cf. I Sent., Dist. 42, qu. I, art. 1, c. et ad I.
<"> Cf. In IX Metaph., lect. 3, n. 1797-1803.
Cf. / Sent., Dist. 42, qu. I, art. 1, ad I.
(45> Peut-être y en a-t-il une dans I Sent., Dist. 42, qu. I, art. 1, soi.; éd.
Mandonnet, p. 983.
<46' Cf. De principiis naturae, in init., éd. Mandonnet, Opuacula, t. 1, p. 8.
("> Souvent l'ordre de progression et d'approfondissement des problèmes au
cours de l'histoire de la philosophie est retracé, en bref, dans la genèse psycho
logique de l'individu. C'est le cas du problème que pose la critique de la con
naissance. C'est également le cas dans les matières qui nous occupent ici. On
peut lire comment, d'après saint Thomas, l'esprit humain, de l'ordre des trans
formations accidentelles sensibles et des notions qui entrent en jeu à ce niveau,
s'est peu à peu (paulatim et pedetentim) élevé au niveau supérieur de la forme
substantielle et de l'esse. Cf. De substantiis separatis, cap. 7, éd. cit., t. 1, pp. 100
101, et Sum. TheoL, 1, 44, 2, c.
<*'' « Et propter hoc omnis forma actus dicitur, etiam ipsae formae separatae »
(I Sent., Dist. 42, qu. I, art. 1, ad 1).
(äs> De Dw. Nom., cap. 5, lect. 1 (ed. MandonnET, Opuseula, t. 11, p. 485).
Cf. I Sent., Dist. 8, qu. 2, art. I, sol. (ed. MANDONNET, p. 202); II Contra Gentes,
cap. 28; Sum. Theo]., 1, 50, 2, ad 4.
<"> » Non tarnen finiuntur inferius quia earum formae non limitantur ad capa
citatem alicujue materiae recipientie cas » (De ente et essentia, ed. RoLAND-GoSSEUN,
cap. 5, p. 39). Cf. Sum. Theoh, I, 7, 2, c; I, 50, 2, ad 4; De substant. separat.,
cap. 6, circa finem (ed. MANDONNET, Opuseula, t. 1, p. 98).
(,0) I Contra Gentes, cap. 43. On sait que l'édition léonine laisse tomber « vel
receptivum ejus». Noue avons, malgré tout, cité le texte d'autres éditions. Nous
ne voudrions certes pas entrer ici dans une polémique de lecture de texte. Mais
celui que nous rapportons est parfaitement parallèle au texte d'un lieu lui aussi
parallèle : De potentia, qu. I, art. 2. c. Nous allons d'ailleurs y revenir.
Il ne nous semble pas, en effet, qu'il faille prendre la proposition
disjunctive. Dès là, croyons-nous, qu'il s'agit d'un esse limité, il faut, pour en
rendre raison, si l'on peut ainsi s'exprimer, et par le haut et par le bas, faire
appel et à une cause efficiente externe et à un principe interne de limitation.
C'est la doctrine même de saint Thomas. On peut d'ailleurs voir le commentaire
de Sylvestre de Ferrare au texte dont il est question (Cf. édition léonine, p. 127,
VI, Qm'nto). Enfin un précieux petit texte nous semble en l'occurrence très rêvé
lateur : « Esse naturale per creationem Deus facit in nobie nulla causa agente
mediante, sed tarnen mediante aiiqua causa formali : forma enim naturalis ρτίη
cipium est esse naturalis» (De Veritate, qu. 27, art. I, ad 3). Quand Dieu crée
l'esse qu'il confère, c'est sans le truchement d'aucune cause efficiente même in
strumentale (cf. Sum. TheoL, 1, qu. 45, art. 5, c.). Cependant ce qui est créé
inclut nécessairement un principe formel intrinsèque qui détermine l'esse. « Quae
libet forma est determinativa ipsius esse » (In Boeth. De Hebd., cap. 2 ed. MaN
DONNET, t. 1, p. 176; cf. Sum TheoL I, 42, 1, ad 2).
(02) fi Contra Gentes, cap. 52.
<83> / Sent., Dist. 43, qu. 1, art. 1, c. (ed. MANDONNET, p. 1003).
« Esse earum non est absolutum sed receptum et ideo limitatum et finitum
ad capacitatem naturae recipientis » (De Ente et Essentia, ed. RoLAND-GoSSELIN,
cap. 5, p. 39).
<sä> Cf. Sum. TheoL, 1, 7, 2, c.
<se' Comp. TheoL, cap. 18. C'est une des formules les plus générales et les
plue brèves du principe de la limitation de l'acte par la puissance : nullua actus.
Corrélativement d'ailleurs le chapitre 20 de la même œuvre nous offre un texte
qui l'éclairé : « Cum igitur Deus ex hoc infinitus sit, quod forma tantum, vel
actus est, nullam materiae vel potentialitatis permistionem habens, etc. ».
'sri / Contra Gentes, cap. 43.
<"> Ibid.
<68> « Tanto actus aliquis perfectior est, quanto minus habet potentiae per
mixum. LInde Omnis actus cui permiscetur potentia, habet terminum euae perfec
tionis : cui autem non permiscetur aliqua potentia est absque terminus perfec
tionis » (I Contra Gentes, cap. 43, Item).
« Actus non finitur nisi dupliciter. Uno modo ex parte agentis... Alio modo
ex parte recipientis... Ipse autem divinus actus non finitur ex aliquo agente, quia
non est ab alio... ; neque finitur ex alio recipiente... quia... ipse est actus purus
non receptus in alio » (De Potentia, qu. 1, art 2, c). Il est important d'expliquer
ce texte en fonction des remarques faties plus haut dans les deux notes relatives
à / Contra Gentes, cap. 43, Amplius.
("> De Subit. Separ., cap. 12 (ed. Mandonnet, Opuscula, t. I, p. 116). Cf.
In De Div. Nom., cap. 5, lect. 1 (Opuscula, t. Il, p. 485) ; I Contra Gente»,
cap. 28. Sum. Theol., I, 4, 2, c.
("> I Sent, Dist. 43, qu. I, art. I, sol. (ed. MaNDONNET, p. 1003).
("> Quolibet IX, art. 6, obj. et resp. 5. Cf. De Veritate, qu. 27, art. 1, ad 8.
Cf. De Ente et Essent, cap. 4, ed. Roland-Gosselin, p. 34; Il Contra
Gestes, cap. 52. « Est igitur in quocumque praeter primum, et ipsum esse, tam
quam actus, et substantia rei habens esse, tamquam rei potentia receptiva hujus
actus quod est esse » (De Substcnitis Separatis, cap. 6, éd. cit., t. I, p. 96).
I") Cf. Sam. Theol., I, 44, I, c. ; Il Contra Gentes, cap. 15; De Potentia,
qu. 3, art. 5, c. Ce qui est composé est causé et vice versa; cf. L.-B. GEIGER,
La participation dan» la philosophie de s. Thomas d'Aquin, pp. 464-465, 385,
note 3 et 398, note.
I8') Cf. Sum. Theol., I, 4, 2, c. secundo-, I Contra Genies, cap. 28: α Sicut
si esset aliqua albedo... Nam alicui albo... ex defectu recipientis albedinem».
Sum, Theol., I, 44, I, c. Cf. De Pot., qu. 3, art. 5, c. ; / Contra Gentes,
cap. 42.
C*' Sum. Theol., I, 2, 3, c. Cf. De Pot., qu. 3, art. 5, c. ; 11 Contra Gentes,
cap. 15. Sur le sujet, cf. L.-B. GEIGER, La participation..., pp. 471-472.
Jean-Dominique Robert, Ο. P.
La Sarte-Huy.
la métaphysique. Cet ordre, en effet, eaint Thomas ne l'a pas suivi, comme tel.
D'ailleurs ses perspectives sont, dans le cas qui nous occupe, le plus souvent
théologiques.
Quand saint Thomas use du principe de la limitation de l'acte, c'est
souvent, on a pu s'en rendre compte, quand il veut montrer l'infinité de Dieu,
dont l'esse n'est pas reçu et dont la toute-puissance ne connaît pas de bornes. A
titre d'exemple: Utrum potentia Dei sit infiniia (l Sent., Dist. 43, qu. 1, art. 1
(ed. cit., p. 1003); Deus est infinitus (I Contra Gentes, cap. 43); Quod Deus est
infinitas secundum essentiam (Comp. Theol., cap. 18). On reconnaît, surtout dans
les deux derniers lieux parallèles, des textes particulièrement importants comme
témoins de la présence et du rôle du principe de la limitation de l'acte chez saint
Thomas.