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104
CONFÉRENCES D'ENSEIGNEMENT
2015
Sous la direction de D. Huten
LE
PHOTOCOPILLAGE
TUE LE LIVRE
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Dégénérescence arthrosique
sus- et sous-jacente
aux arthrodèses lombaires
et lombo-sacrées
M.-A. Rousseau
M.-A. ROUSSEAU, J.-Y. LAZENNEC
l'activité physique, l'étendue de l'arthrodèse, l'angle dégénérescence adjacente est proximale dans 88,8 %
de courbure figé par l'instrumentation, le niveau de des cas, distale dans 7,5 % et mixte dans 3,7 %.
l'arthrodèse, intéressant ou non les charnières lombo- L'étude de Park et al. [9] de 67 cas est particulièrement
sacrée et thoraco-lombaire, le sexe et l'âge lors de la intéressante car toutes les fusions (un, deux ou trois
fixation, et le recul. niveaux) se terminaient en L5 ; la DSA était proxi-
La dégénérescence du segment adjacent (DSA) male dans 34 % des cas, distale dans 19 % et double
constitue un sujet d'actualité compte tenu de l'aug- dans 6 %. Dans une cohorte de 3188 patients suivis
mentation du nombre de fusions rachidiennes, de leur à 10 ans, Ahn et al. [10] rapportaient une DSA sus-
sophistication accrue, et du nombre de patients déjà jacente dans 79,5 % des cas, sous-jacente dans 18,8 %
opérés par le passé, dont la surveillance deviendra un et mixte dans 1,8 %.
enjeu de santé publique. Ces phénomènes peuvent être
observés à court ou à moyen terme, posant la question Physiopathologie
des modalités de réalisation et du réglage des arthro-
dèses (lordose ; étendue ; rigidité ou non ; fusion anté- Études in vitro et simulations
rieure, postérieure ou circonférentielle). numériques
Il serait exagéré de parler de iatrogénie pour carac-
Les études in vitro et les simulations numériques
tériser la DSA, car il s'agit de l'évolution attendue à
concordent pour affirmer une augmentation des pres-
distance d'une intervention justifiée et dont l'histoire
sions mesurées dans le(s) disque(s) adjacent(s) après
naturelle serait plus défavorable sans intervention. On
une fixation lombaire segmentaire [11–15]. Pour Kim
sait en effet que tout dysfonctionnement discal, opéré
et al. [14] et pour Chen et al. [16], la surcharge de
ou non opéré, perturbe à terme le disque adjacent [5].
pression discale prédominait sur le disque sus-jacent
En outre, tout aspect de « discopathie » n'est pas
plutôt que sur le disque sous-jacent, ce qui concorde
forcément pathologique : on peut opposer le disque
avec les séries cliniques.
considéré comme normal et le disque dégénératif,
Les essais biomécaniques permettent de tester cer-
mais faut-il pour autant confondre normal et idéal ?
taines hypothèses. Dans une étude récente, Senteler
La notion de disque « normal pour l'âge » nous paraît
et al. [17] ont constaté une augmentation des forces
intéressante.
de cisaillement dans le disque sus-jacent, avec une
Ce travail est une mise au point et une actualisation
influence spécifique de l'équilibre sagittal lombo-
sur les questions soulevées par la DSA à partir des
pelvien : l'augmentation du cisaillement était d'au-
données de la littérature et de leur interprétation.
tant plus marquée que la différence entre l'incidence
pelvienne et la lordose lombaire était supérieure à 15°.
Épidémiologie L'influence du déséquilibre sagittal avait été rapportée
de manière concordante par Akamaru et al. [18], avec
Prévalence de la DSA une mobilité augmentée au niveau du disque sus-jacent
si le montage segmentaire était réalisé en hypolordose.
Les chiffres sont très variables selon les enquêtes
(tableau 1.1) en raison de facteurs méthodologiques. D'autres facteurs techniques semblent influencer le
report des contraintes sur les disques adjacents :
L'hétérogénéité des critères diagnostiques, la diver-
• pour Chosa et al. [19] et Goto et al. [20], la
sité des populations et des étiologies, les différences
Tableau 1.1
Tableau bibliographique rapportant le taux de dégénérescence du segment adjacent (classement en fonction du recul)
Auteur Année Pays Population Recul Taux DSA
radiologique
Gard [41] 2013 États-Unis 171 > 2 ans 11,7 %
La plupart des études laissent penser que la longueur tère péjoratif du manque de lordose dans l'arthrodèse.
de l'arthrodèse est un facteur favorisant [23, 24] : Certaines études s'intéressent à ce paramètre en se
• Yang et al. [25] observaient plus de dégradations basant sur l'analyse radiologique au dernier recul, en
de plus de 2 points (classification UCLA) du disque cas de DSA avérée :
adjacent dans les arthrodèses de deux et trois niveaux • pour des arthrodèses d'un seul segment (L4–L5),
par rapport à celles d'un niveau. Liao et al. [26] ont les études de Min et al. [30] et de Chen et al. [31] ne
rapporté une série d'arthrodèses dont la limite distale mettaient pas en évidence de différence de lordose
était en L5. La dégradation du score UCLA du disque segmentaire ou lombaire sur la radiographie au recul
L5–S1 était significativement plus importante pour maximum (analyses univariées) ;
les arthrodèses de trois niveaux et plus par rapport à • au contraire, Bae et al. [32] mettaient en évidence
celles de deux niveaux et moins. Park et al. [9] ont l'impact des valeurs de lordose segmentaire et lom-
rapporté des résultats équivalents ; baire par une analyse en régression logistique.
• à l'inverse pour Ha et al. [7], il n'existait pas de dif- Néanmoins, l'analyse des courbures sur la radiogra-
férence de survie sans DSA selon le nombre de niveaux phie postopératoire immédiate semble plus pertinente :
(trois ou plus versus deux ou moins) dans une popula- • pour des montages longs, Kumar et al. [33] ont rap-
tion de rachis dégénératifs. Les conclusions de l'étude porté ainsi que lorsque la plumb line en C7 passe à
de fusions de un à trois niveaux de Soh et al. [27] moins de 2,5 cm de l'angle postéro-supérieur de S1 et
étaient équivalentes. que la pente sacrée est de plus de 40°, on observe moins
Au total, on conçoit que les montages longs amplifient de DSA au dernier recul que dans les cas où la plumb
les contraintes aux extrémités puisque la mobilité est impo- line en C7 est anormale et/ou le sacrum est vertical ;
sée à un nombre de segments libres restreint. Toutefois, • Soh et al. [27] ont conclu qu'une lordose de plus
l'hétérogénéité de la littérature laisse supposer l'influence de 15° par niveau fusionné était significativement
d'autres facteurs (siège de l'arthrodèse, équilibre sagittal). associée à un moins de DSA à 5 ans ;
• pour Anandjiwala et al. [24], la lordose lombaire
Dans les fusions étendues, l'inclusion des étages était significativement plus faible dans les cas de DSA ;
« charnières » L5–S1 et thoraco-lombaires semble toutefois les valeurs de l'incidence pelvienne n'étaient
jouer un rôle spécifique : pas mentionnées ;
• Sears et al. [28] rapportaient un risque de DSA plus • en revanche, Cheh et al. [8] n'ont pas trouvé de dif-
élevé des montages longs et des montages laissant L5– férence de lordose lombaire ou d'incidence pelvienne
S1 libre (plus courts), alors que l'épargne du disque dans les groupes avec et sans DSA ;
L4–L5 n'avait pas d'influence ; • enfin, dans une étude associant analyse de radiogra-
• Cheh et al. [8] retrouvaient l'influence de la longueur phies in vivo et étude biomécanique in vitro, Umehra
du montage, avec un caractère défavorable d'une limite et al. [34] objectivaient une tendance à compenser dans
supérieure de la fusion en L1, L2 ou même L3. Au l'étage sus-jacent la perte de lordose dans une arthro-
contraire, les montages englobant les niveaux thoraciques dèse lombaire basse. Ils concluaient qu'une arthrodèse
inférieurs (donc plus longs) étaient moins menacés. en dos plat surcharge le segment sus-jacent, avec une
Bien que peu documentée, l'influence couplée de la augmentation des contraintes facettaires dans les seg-
longueur du montage et de l'équilibre sagittal semble ments lombaires en lordose forcée.
logique car on peut supposer qu'un déséquilibre sagit-
avec vis pédiculaires percutanées et plus de PLIF avec n'entraînait pas de hausse significative du taux de
vis pédiculaires à ciel ouvert dans le groupe de patients DSA, bien que les patients étudiés fussent plus âgés.
avec DSA. Ils en concluaient que la voie antérieure, qui Au total, une décompression associée semble être un
évite la dissection des éléments musculaires, capsuloli- facteur de risque de DSA. Cependant la comparaison
gamentaires et articulaires postérieurs, est préférable, entre les cas avec fixation isolée et ceux avec fixation
d'autant plus que la fixation pédiculaire associée est et décompression est biaisée car ces deux stratégies ne
percutanée ; s'adressent pas aux mêmes patients.
• le mode d'implantation des vis pédiculaires a été étu- La littérature ne rapporte pas d'influence du genre
dié par He et al. [36] qui ont randomisé la technique sur la survenue d'une DSA (Schulte et al. [23], Min
de positionnement des vis à ciel ouvert. Ils observaient et al. [30], Soh et al. [27], Ananddjiwala et al. [24],
72,4 % de DSA dans 87 cas avec vis convergentes Kumar et al. [33]). Min et al. [30] ne trouvaient pas
(mamillaire) et 51,6 % de DSA dans 91 cas avec vis de différence d'indice de masse corporelle entre un
très convergentes (transversaire). Ceci démontre l'im- groupe avec DSA et un groupe sans dans une popula-
portance d'éviter un conflit entre les têtes de vis et les tion d'arthrodèses L4–L5 isolées.
facettes articulaires mobiles de la vertèbre sus-jacente
à l'extrémité crâniale des ostéosynthèses ; Imagerie
• en percutané (ALIF + vis percutanées), Choi
et al. [37] rapportaient 49 % de détérioration facettaire Radiologie standard
postopératoire à partir d'une étude scanner. Toutefois
ils ne notaient pas d'influence significative sur la sur- Si les items retenus pour caractériser la DSA sont
venue d'une discopathie du segment adjacent ; communs aux diverses publications, les seuils de ces
• une étude originale de Kim et al. [38] a comparé critères peuvent être très différents. Ceci rend difficile
des fusions avec fixation par vis pédiculaires uni- ou la comparaison des études et la combinaison de leurs
bilatérales. Sur 147 cas revus à plus de 10 ans, le taux résultats dans des méta-analyses :
de DSA n'était pas significativement différent : 45,8 % • perte de hauteur discale : pourcentage dont la limite
en cas de vis unilatérales et 68,2 % en cas de vis bila- de positivité varie de 10 % [37] à 50 % [36, 42], voire
térales, pour des valeurs de lordose locale et régionale plus (figure 1.1).
similaires dans les deux groupes ; • déstabilisation sagittale :
• pour Lai et al. [39], l'intégrité des éléments pos- – en translation : de 3 mm [24, 40, 43–45],
térieurs aux extrémités de la fixation joue un rôle 4 mm [7, 30, 32, 36–38, 46, 47] ou 4,5 mm [48],
prédominant, notamment en haut du montage. Ces – en rotation : de plus de 5° [40 ,42, 45], 10° [7, 24,
auteurs décrivaient sur 101 fusions lombaires de un à 30 ,32, 36–38, 44, 46, 47, 49] ou 20° [48].
trois niveaux une instabilité proximale dans 24,3 % Les radiographies utilisées sont hétérogènes. Les
des cas avec laminectomie, contre 6,5 % en l'absence mesures sont faites sur un cliché statique de profil ou
de décompression. Le taux d'instabilité distale était de sur une paire de clichés dynamiques en flexion/extension
5,6 % en cas de laminectomie ; ils n'avaient observé (figure 1.2). Parfois, le diagnostic de DSA est basé sur
aucune DSA distale dans les cas sans laminectomie ; une classification qualitative (pincement, o stéophytes,
• Ekman et al. [3], dans une série de fusions sur un condensation des plateaux) [37]. Ces éléments peuvent
niveau pour spondylolisthésis par lyse isthmique être organisés ou non selon des scores publiés, notamment
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(L4–L5 ou L5–S1), séparaient les cas d'arthrodèse le score UCLA [3, 25, 26, 31, 38, 41, 46] (tableau 1.2)
postérieure isolée (lombalgie isolée) et ceux avec lami-
nectomie (sciatalgie associée). Ils observaient une dif-
férence significative de l'incidence de DSA (2/16 cas
versus 22/47 cas) ;
• pour Sears et al. [28], la survie sans réintervention
pour DSA était influencée par la présence d'une lami-
nectomie adjacente (2,4 fois plus de risque) ;
• Miyagi et al. [40] concluaient également en défaveur
de la décompression ; mais cette étude précise mal la
technique et notamment la préservation ou non des
facettes articulaires ; Figure 1.1 Évolution du disque sus-jacent au cours du temps
• à l'inverse pour Gard et al. [41], sur 34 cas, la (préopératoire, postopératoire, dernier recul) : affaissement
laminectomie du segment sus-jacent à l'arthrodèse discal avec antélisthesis.
8 M.-A. ROUSSEAU, J.-Y. LAZENNEC
Tableau 1.2
Classification UCLA de la dégénérescence discale sur les radiographies standard
Grade Perte de hauteur discale Ostéophytes Condensation des plateaux
I − − −
II + − −
III ± + −
IV ± ± +
Tableau 1.3
Classification de Pfirrmann de dégénérescence discale en IRM, séquence T2
Tableau 1.4
Tableau bibliographique rapportant les taux de dégénérescence adjacente radiologique et les taux de dégénérescence
adjacente symptomatique (classement en fonction du recul)
Auteur Année Population Recul Taux DSA Taux DSA
radiologique clinique
Okuda [45] 2004 87 Moy 4 ans 29,0 % 4,0 %
Tableau 1.5
Tableau bibliographique rapportant le taux des réinterventions pour dégénérescence adjacente (classement en fonction
du recul)
Auteur Année Pays Population Recul Taux de
réintervention
pour DSA
Lee [44] 2009 Corée 1069 > 1 an 2,6 %
d'événements étaient plus élevés (voir tableau 1.5). Il mixte dans 1,8 %. Les ré-interventions concernaient
s'agissait de cas dégénératifs et d'une technique de PLIF. moins la jonction thoraco-lombaire (11,6 %) que la
Le sous-groupe d'étiologie dégénérative de Ahn et al. [10] jonction lombo-sacrée (88,4 %).
rejoignait cette tendance plus élevée avec un pronostic Le taux de ré-intervention reflète celui de DSA
significativement moins bon que les autres sous-groupes ; symptomatique sévère mais sous-estime probablement
• en revanche Yu et al. [53], dans une série de 63 PLIF le phénomène pathologique [8]. Les difficultés d'indi-
sur un niveau, ne rapportaient pas de différence en cation de réintervention pour DSA et la notion de fac-
fonction de l'indication (spondylolisthésis par lyse, teurs de risque de DSA étudiés permettent d'insister
spondylolisthésis dégénératif, sténose dégénérative). sur la prévention des DSA par le respect des principes
L'événement « réintervention » comporte un biais de réalisation de l'arthrodèse initiale.
car l'indication d'une réintervention dépend à la fois
de la proposition (ou non) du chirurgien et du souhait Conclusion
(ou non) du patient déjà opéré [32]. Il s'agit pour lui
d'un échec de son intervention : tout dépend donc de L'existence d'une problématique du segment adjacent
son parcours, des suites précoces de l'arthrodèse et de à une arthrodèse est communément admise malgré une
sa relation avec le chirurgien et son équipe. Le terrain certaine discordance anatomoclinique.
et les éventuelles comorbidités peuvent aussi freiner La fréquence et les principaux facteurs de DSA ont
ou contre-indiquer une reprise (complexe) chez des été analysés dans de nombreuses études biomécaniques
patients plus âgés que lors de l'arthrodèse initiale [54] : et cliniques. Cependant son caractère multifactoriel ne
postérieurs. L'impact des fusions intersomatiques [8] Cheh G, Bridwell KH, Lenke LG, et al. Adjacent segment
(PLIF, ALIF) est biaisé par l'intrication avec la pro- disease followinglumbar/thoracolumbar fusion with pedicle
screw instrumentation : a minimum 5-year follow-up. Spine
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Une question d'importance reste ouverte, celle de la ration after spinal fusion on and above L4–5 : minimum 4-year
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sacrum : faut-il inclure le segment adjacent d'emblée [10] Ahn DK, Park HS, Choi DJ, et al. Survival and prognostic
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ou le laisser évoluer ? Ce choix peut être relativement Surg 2010 ; 2 : 140–7.
aisé pour les disques déjà pathologiques mais il peut [11] Cunningham BW, Kotani Y, McNulty PS, et al. The effect of
être difficile pour les étages discaux dont la dégrada- spinal destabilization and instrumentation on lumbar intradis-
tion est seulement intermédiaire. Cependant, la qualité cal pressure : an in vitro biomechanical analysis. Spine 1997 ;
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distales, un déséquilibre sagittal à corriger, une rota- [13] Abode-Iyamah K, Kim SB, Grosland N, et al. Spinal motion
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recalibrage important. D'autres situations peuvent bar spine instrumentation with titanium or PEEK rods. J Clin
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X. Flecher
Résumé Les chirurgiens utilisent la planification préopératoire bi- ou tri-
dimensionnelle et des repères peropératoires pour gérer l'offset et
La restauration de la biomécanique de la hanche est un objectif la longueur. La conception ou la chirurgie assistée par ordinateur
important d'une prothèse totale de hanche (PTH) favorisant la et plus récemment le système EOS procurent une plus grande pré-
récupération fonctionnelle. Le maintien ou le rétablissement de cision. Des implants modernes, éventuellement varisés, latéralisés,
l'égalité de longueur du membre opéré sont une grande préoccu- à cols modulaires ou parfois sur mesure, permettent de restaurer
pation pour le chirurgien et le patient, le but étant d'y parvenir l'anatomie, en particulier en cas de coxa vara ou valga. Il faut
sans compromettre la stabilité prothétique. également prendre en compte l'antéversion fémorale.
Les inégalités de longueur, anatomique et fonctionnelle, et les off- Les erreurs les plus fréquentes sont l'allongement et la diminution
sets fémoral et global, prenant en compte l'antéversion, sont définis. de l'offset global. En cas d'erreur symptomatique de longueur et/
L'influence de la longueur et de l'offset du membre opéré sur la ou d'offset, une révision prothétique peut être discutée.
satisfaction, la fonction de la hanche après PTH de même que la
longévité de celle-ci sont étudiées, les erreurs pouvant influencer Mots clés : Prothèse totale de hanche. – Inégalité de longueur
négativement la fonction, la qualité de vie et la survie prothé- du membre inférieur. – Offset fémoral. – Planning préopératoire.
tique et être source de conflits entre le chirurgien et le patient.
Introduction Définitions
La restauration de la biomécanique articulaire de Longueur
la hanche est un objectif important d'une prothèse
totale de hanche (PTH) favorisant la récupération Inégalité de longueur réelle
fonctionnelle [1].
Une ILMI est mesurée par la différence entre chaque côté
Le maintien ou le rétablissement de l'égalité de lon-
de la distance séparant l'épine iliaque antéro-supérieure
gueur du membre opéré sont une autre préoccupation,
et la malléole médiale ou en plaçant des planchettes
le but étant d'y parvenir sans compromettre la stabilité
d'épaisseur variable sous un pied du patient debout,
prothétique [2]. Fréquent sujet de mécontentement et
jusqu'à ce que ses crêtes iliaques soient au même niveau.
de plainte [3–10], l'inégalité de longueur des membres
inférieurs (ILMI) peut être réelle (ou anatomique)
ou fonctionnelle et une compréhension de tous les En préopératoire
facteurs intervenant dans la sensation d'inégalité est Une télémétrie de face est recommandée, la mesure
indispensable. clinique étant peu fiable [1]. L'ILMI préopératoire est
L'intérêt pour l'offset, plus récent, remonte à l'in- la différence entre les longueurs des deux membres
troduction des tiges sans ciment. Nous étudierons sa inférieurs (MI), mesurées entre le niveau du sommet
mesure, très débattue, et son influence sur la fonction. des têtes fémorales et le centre des chevilles. Cette
L'antéversion influence l'offset et doit être aussi prise mesure est modifiée en cas de flessum de la hanche et/
en compte. ou du genou. Il convient aussi de prendre en compte
En postopératoire
On prendra pour repères, sur un cliché du bassin effectué
dans ces mêmes conditions :
• la ligne bi-ischiatique [10] ou des U radiologiques [11]
au niveau du pelvis ;
• le centre des petits trochanters au niveau fémoral
(figure 2.2). B
En mesurant la distance qui les sépare avant et après
PTH, on peut déterminer la modification de longueur
induite par la PTH, qu'elle soit d'origine acétabulaire
et/ou fémorale.
Une boiterie postopératoire peut aussi entraîner une de 20° minore cette erreur mais il faudrait connaître
sensation d'ILMI : la boiterie de Trendelenburg peut l'antéversion fémorale de chaque hanche pour mesurer
faire croire au patient que son MI du côté opéré est exactement son offset fémoral.
plus court. Le scanner comme l'imagerie EOS permettent de
déterminer la torsion du fémur supérieur (figure 2.4) :
• l'axe du col fémoral est l'axe passant par le centre
Offset de la tête fémorale et le milieu du col fémoral et l'angle
L'offset fémoral est la distance séparant le centre d'antéversion du col fémoral est l'angle entre l'axe du
de rotation de la hanche de la ligne d'action des col fémoral et la ligne bicondylienne postérieure ;
muscles abducteurs, perpendiculairement à celle-ci • l'axe d'hélitorsion est le grand axe de la plus grande
(figure 2.3a) [14]. coupe transversale de l'extrémité supérieure du fémur
L'offset acétabulaire est la distance séparant le (10 mm au-dessus du petit trochanter) ; l'angle d'héli-
centre de rotation de la hanche de la branche latérale torsion est l'angle entre l'axe d'hélitorsion et la ligne
du U radiographique, perpendiculairement à celle-ci bicondylienne postérieure ;
(figure 2.3b). • l'axe d'antéversion souhaité du col prothétique est
L'offset global est la somme des deux. la droite perpendiculaire à l'axe du deuxième méta-
Il n'est pas facile de mesurer l'offset fémoral. On tarsien (l'angle du pas formé par l'axe du deuxième
utilise en pratique la distance séparant le centre de métatarsien et la ligne de progression de la marche est
rotation de la tête fémorale de l'axe fémoral (axe méta- de 10 à 20°) ; l'angle α est l'angle entre cet axe et l'axe
physaire ou du canal), perpendiculairement à celui-ci d'hélitorsion.
(voir figure 2.3). Sa valeur moyenne est située entre Si on utilise une prothèse sans ciment avec une tige
41 et 44 mm [15, 16]. Elle est liée à l'angle céphalo- remplissante qui s'antéverse selon l'axe d'hélitorsion,
cervico-diaphysaire (CC′D), augmentant avec le varus son col doit faire avec cet axe un angle égal à α (voir
et diminuant avec le valgus [17]. Elle varie avec la figure 2.4).
rotation de la hanche sur les radiographies.
La valeur de l'offset fémoral augmenterait avec la
taille du fémur pour certains [18], mais il serait plutôt Pourquoi restaurer longueur
plus grand en cas de petit canal fémoral pour Pasquier
et al. [19] et enfin non lié aux dimensions fémorales
et offset ?
dans une étude de 689 candidats à une PTH [20].
ILMI
Antéversion Elle est courante après PTH, l'allongement étant le plus
fréquent [2, 21]. Son incidence est de 1 à 50 % [8, 10,
La valeur de l'offset fémoral mesurée sur une radiogra- 22], sa valeur moyenne de 3 à 17 mm [9, 23], mais
phie de face diminue en cas d'excès d'antéversion (ou de moins de 1 cm dans 97 % des cas si l'on cherche à
en rotation externe). Une rotation interne de l'ordre l'éviter [11].
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A B
Figure 2.3 Mesure de l'offset.
a. Mesure de l'offset fémoral (1) et de l'angle d'attaque des abducteurs (2).
b. Mesure de l'offset acétabulaire et offset global comme en étant la somme.
16 X. FLECHER, M. OLLIVIER, J.-N. ARGENSON
ø 54 mm
ø 50 mm
c
b
t
T
R
d d
7.5
10
12.5
15
17.5
20
A B
D
Figure 2.8 Utilisation de l'indice d'Amstutz [32].
Lorsque la hanche controlatérale est normale, on reproduit la position du centre de rotation (a), puis le positionnement latéral
du sommet du grand trochanter (b) avant de positionner le fémur en restaurant la longueur (c). Lorsque les deux hanches sont anor-
males, le sommet du grand trochanter doit être positionné (d) tel que A/B soit supérieur ou égal à 0,5 (A : distance sommet du grand
trochanter − centre de rotation, B : distance centre de rotation − symphyse pubienne).
Longueur et offset du membre inférieur dans les arthroplasties totales de hanche 19
un offset de 40 mm [53]. De plus, une rotation interne de 3,2 mm (p < 0,0001) et de plus de 5 mm dans 28 %
de 15 à 20° n'annule pas à tous les coups l'antéversion des cas. Il serait donc logique de mesurer l'offset dans
fémorale (figures 2.9 et 2.10) très variable, même dans l'axe du col à l'aide du scanner ou de l'imagerie EOS.
la coxarthrose primitive [44, 54, 55]. Dans une étude
comparant les offsets radiographique et tomoden-
sitométrique de 50 hanches, ils étaient de 42,6 mm Planification en trois dimensions
(26,9–53,9 mm) pour la radiographie et de 45,8 mm Elle est basée sur un logiciel initialement développé
(31–56 mm) pour la tomodensitométrie [19]. L'offset pour concevoir les PTH avec tige sur mesure [54–57].
radiographique était toujours sous-estimé, en moyenne Elle pallie un mauvais positionnement du patient lors
Me
sur
Me
ep
Mesure par scanner ar
sur
sca
nne
e
r
par
sca
nne
r
Mesure par radio Mesure par radio Mesure
par radio
A B C
Figure 2.9 Influence de la rotation fémorale sur l'offset radiographique.
Lorsque l'on met le membre inférieur en rotation interne d'une amplitude équivalente à l'antéversion fémorale (a), la mesure radiographique
est identique à la mesure par scanner. Si l'on fait une radiographie de face simple, la mesure sous-estime la valeur réelle de l'offset fémoral
(b). Dans le cas où la hanche est en rotation externe fixée, la mesure radiographique sous-estime encore davantage cette valeur (c).
Me
Me
sur
ep
sur
nne
r
ar
scan
ne
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A B C
Figure 2.10 Influence de l'antéversion naturelle du fémur sur l'offset radiographique.
En cas de nulliversion (a), la mesure radiographique est identique à la mesure par scanner. Lorsque l'antéversion est de l'ordre
de 15 à 20°, la mesure sous-estime la valeur réelle de l'offset fémoral (b). En cas d'excès d'antéversion, la mesure radiographique sous-
estime encore davantage la valeur réelle de l'offset fémoral (c).
20 X. FLECHER, M. OLLIVIER, J.-N. ARGENSON
de l'acquisition de l'image. Pour mesurer l'offset fémo- 42, 46, 61], mais il nécessite une plus grande incision
ral, l'axe du canal médullaire du quart supérieur de ou une deuxième incision.
fémur doit être identifié [40, 58]. Il est situé au centre La position de la hanche doit être reproduite avec
de la métaphyse fémorale dans les trois plans [3], ce précision dans tous les plans avant et après l'implan-
qui permet de mesurer l'offset réel (figure 2.11). tation prothétique, ce qui est difficile. Or, des varia-
Le système d'imagerie EOS pourrait être une option tions de position du fémur en abduction/adduction
pour faire des mesures précises et fiables tout en limi- de 5 à 10° induisent des erreurs de mesure de 8 à
tant l'irradiation [59]. 17 mm [62].
Aucune étude n'a précisé l'influence de la voie d'abord
et de l'installation en décubitus latéral ou dorsal sur le
Repères peropératoires contrôle de la longueur à l'aide de ces repères. Le décu-
Des tests peropératoires de tension des tissus mous et bitus dorsal nous paraît plus fiable.
de la longueur ont été décrits (shuck test de Charnley : On peut conclure que l'utilisation d'une référence pel-
traction de la hanche dans l'axe ; dropkick test : vienne stable avec un positionnement précis du membre
hanche en extension, genou fléchi à 90° ; leg to leg inférieur lors des mesures est une méthode simple [63].
test : contrôle des longueurs au niveau des talons
ou des malléoles médiales). Ces tests sont influencés Navigation assistée par ordinateur
par l'expérience du chirurgien, le type d'anesthésie et
d'autres facteurs, comme la voie d'abord ou l'instal- L'offset et la longueur du membre sont surtout influen-
lation en décubitus latéral, dorsal avec ou sans table cés par le positionnement et la taille de la tige fémorale
orthopédique, ce qui les rend peu reproductibles [60]. et peu d'études ont été publiées sur l'intérêt de la CAO
À ce jour, de nombreuses techniques ont été décrites. sur le versant fémoral.
Toutes utilisent un point de référence pelvien fixe et un Une étude prospective appariée comparant la naviga-
point de référence fémoral variable au cours de l'inter- tion à une technique conventionnelle avec une même tige
vention. Ces repères sont peu fiables car parfois retirés fémorale non modulaire droite a été menée par Manzotti
et remplacés entre les mesures. On peut aussi utiliser et al. [36]. Dans le groupe navigation, l'ILMI moyenne
un étrier assurant le parallélisme des broches [11, 17, était significativement réduite : 5,06 mm (0–12) versus
Figure 2.11 Visualisation de l'extrémité supérieure du fémur dans les trois plans de l'espace par l'intermédiaire d'un logiciel
de planification basé sur scanner.
Longueur et offset du membre inférieur dans les arthroplasties totales de hanche 21
7,64 mm (0–20). Cinq patients (10,4 %) du groupe membre (figure 2.12b) si l'on ne dispose pas d'un implant
navigué avaient cependant une ILMI de plus de 10 mm. fémoral capable de reproduire l'offset (figure 2.12c).
Prendre le bassin pour référence peut induire des Dans les coxa valga, le maintien de la longueur doit
erreurs. DiGioia et al. [64] ont étudié par la navigation faire craindre une augmentation de l'offset avec un
le mouvement du bassin au cours d'une arthroplastie implant standard à col fixe (figure 2.13a). On peut
et ont retrouvé une moyenne de 23° de variation de limiter cette augmentation en « suspendant » une tige
l'orientation du bassin en abduction/adduction, 16° et en utilisant un col court (figure 2.13b). Il est plus
en flexion/extension et 40° en version. Une adduc- facile de décider du niveau d'enfoncement d'une tige
tion du bassin entraînera un allongement apparent en cimentée que d'une tige sans ciment, surtout à appui
l'absence d'erreur et inversement en cas d'abduction. métaphysaire (dite anatomique).
À défaut d'être parfaite, cette technique permet proba- Il peut être utile de disposer de cols modulaires. Si on
blement, associée à la planification, de limiter le risque veut y associer la gestion de l'antéversion sans que cette
d'ILMI majeure. Notre expérience est que la navigation dernière n'interfère avec la gestion de la longueur et de
permet de diminuer les écarts types au même titre
l'offset, on peut utiliser des cols modulaires « homo-
qu'un ancillaire fiable et/ou l'expérience chirurgicale, thétiques » [28] (figure 2.14) voire des cols sur mesure
en particulier sur le versant acétabulaire [65]. (figure 2.15).
* * * * * *
* * *
CC’D1 CC’D2 CC’D1 *
CC’D2
CC’D1 CC’D2
A B C
Figure 2.12 Gestion d'une coxa vara lors d'une PTH.
a. L'utilisation d'une tige à col standard (CC′D2 < CC′D1) diminue l'offset (OF2 < OF1) et diminue la tension des abducteurs (Abd2 < Abd1).
b. Pour avoir la même tension musculaire (Abd1 = Abd2) tout en conservant une tige à col standard (OF1 > OF2), on peut allonger
le membre.
c. Pour avoir la même tension musculaire (Abd1 = Abd2) tout en conservant la même longueur de membre, il faut utiliser une tige
latéralisée (OF1 = OF2, ou CC′D1 = CC′D2).
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**
Abd1 Abd2 Abd1 Abd1
*
* ** * *
L * * L * *
CC’D1 CC’D2 CC’D1 CC’D2
A B
Figure 2.13 Gestion d'une coxa valga lors d'une PTH.
a. L'utilisation d'une tige à col standard (CC′D2 > CC′D1) augmente l'offset (OF2 > OF1) et augmente la tension des abducteurs
(Abd2 > Abd1).
b. Cela peut être géré en suspendant la tige et en utilisant un col court (astérisque rouge).
22 X. FLECHER, M. OLLIVIER, J.-N. ARGENSON
FA = 118°
A = 15°
H = 23°
BCP
A B
Figure 2.15 Gestion de l'anatomie extramédullaire par une tige sur mesure.
La planification se fait dans le plan du col fémoral (a), permettant d'annuler l'influence de l'antéversion. L'offset est pris en compte
indépendamment de la rotation fémorale (b).
c onseiller la prudence avant d'assurer au patient que – la première avec un positionnement d'un(des)
l'on supprimera sa boiterie en augmentant l'offset pro- composant(s) directement responsable(s) de l'allon-
thétique, même si cette révision ne comporte qu'un gement (composant acétabulaire trop bas, com-
changement de col modulaire. posant fémoral suspendu). La révision du(des)
Il y a également peu ou pas d'articles sur la tech- composant(s) en cause est alors indiquée,
nique ou les résultats de révisions pour ILMI : – la deuxième avec une erreur de positionnement d'un
• il est très rare de voir un patient présentant un composant compensée par une erreur de positionne-
accourcissement important ; on peut observer un ment de l'autre (cupule rétroversée incitant le chirur-
allongement insuffisant dans le cadre d'une luxation gien à allonger le membre pour éviter une instabilité).
congénitale haute unilatérale. Une révision fémorale La révision des deux composants est alors indiquée.
pour allongement peut se concevoir et elle met à l'abri
Conclusion
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d'un risque de luxation. Nous ne connaissons pas
d'études sur les reprises pour allongement ;
• une reprise pour excès de longueur représentait dans À une époque où l'attente fonctionnelle et l'espérance
l'étude de Parvizi et al. [34] 0,3 % des indications d'une grande durée de vie des implants sont grandis-
(21 cas). L'indication était portée sur un allongement santes, il est crucial de prendre en compte l'anatomie
minimum de 2 cm symptomatique et la révision avait tridimensionnelle de la hanche prothétique. L'évolution
été effectuée à 8 mois en moyenne (de 6 jours à 6 ans). vers des implants fémoraux à fixation biologique
La reprise avait concerné la cupule seule dans 71 % des a modifié les pratiques et nécessite de s'intéresser à
cas, le fémur dans 14 % des cas et les deux composants l'anatomie intramédullaire mais aussi extramédul-
dans 14 % des cas. Une cupule contrainte avait été uti- laire. La restitution d'une anatomie extramédullaire
lisée deux fois (9,6 %). Un seul patient (4,8 %) avait normale influencera la restauration ou le respect de
été révisé pour instabilité chronique. Les autres avaient la longueur des membres, sous réserve d'avoir analysé
un bon résultat clinique. Les auteurs soulignaient la tous les critères au niveau ou en dehors de l'articula-
nécessité d'évaluer le(s) composant(s) à réviser en sépa- tion coxo-fémorale. Le respect de la latéralisation est
rant les excès de longueur en deux catégories : garant d'une fonction idéale des muscles abducteurs.
Longueur et offset du membre inférieur dans les arthroplasties totales de hanche 23
Dès à présent, et probablement de manière plus [18] Rubin PJ, Leyvraz PF, Aubaniac JM, et al. The morphology of
simple et plus accessible dans un futur proche, des the proximal femur. A three-dimensional radiographic analy-
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outils tels qu'EOS ou le scanner, par la meilleure com- [19] Pasquier G, Ducharne G, Ali ES, et al. Total hip arthroplasty
préhension de l'influence de l'antéversion, permettent offset measurement : is CT scan the most accurate option ?
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Ruptures tendineuses
de l'appareil d'extension
après prothèse totale du genou
M. BONNIN, S. LUSTIG, D. HUTEN
M. Bonnin
Introduction Généralités
Les ruptures tendineuses de l'appareil extenseur (AE) Les ruptures peuvent être situées en plein corps ou
après prothèse totale du genou (PTG) sont rares mais au niveau de l'insertion distale des deux tendons [7].
graves ; elles entraînent un déficit de l'extension active La rupture ou l'avulsion distale du TP est la plus
(DEA) qui compromet fortement la fonction du genou. fréquente [3, 4, 8]. Dans les ruptures chroniques, la
Elles entraînent une solution de continuité en un point rétraction quadricipitale rend la réparation directe dif-
de la chaîne fonctionnelle comprenant le tendon qua- ficile, voire impossible.
dricipital (TQ), la patella, le tendon patellaire (TP) et La rupture est volontiers rattachée à un trauma-
son insertion sur la tubérosité tibiale antérieure (TTA). tisme, net (chute sur le genou en flexion) ou mineur
La prévalence des ruptures de l'AE après PTG varie (relèvement d'une chaise, port d'une charge…), qui ne
de 0,17 à 2,5 % [1]. Elle est de 0,17 [2] à 1 % pour le fait alors que révéler une pathologie chronique ou une
TP [1, 3, 4] et de 0,1 [5] à 1,1 % [6] pour le TQ. fragilisation [3].
Il existe de très nombreuses propositions thérapeu- Au cours d'une PTG, l'AE peut être fragilisé par une
tiques, allant de la simple suture à divers types d'allo- dévascularisation liée à l'interruption des artères :
greffes en passant par les plasties, à l'aide de tendons • géniculées médiales et descendante des arthrotomies
et muscles voisins, et les ligaments synthétiques. Les médiales ;
séries publiées sont courtes, hétérogènes et manquent • géniculées inféro-latérale et tibiale antérieure récur-
de recul, ce qui rend leur analyse difficile [4] et ne per- rente d'une excision du Hoffa et de la méniscectomie
met pas de conclure à la supériorité d'une technique. latérale ;
• géniculée supéro-latérale d'une section du retinacu- die ; maladie lupique ; corticothérapie au long cours ;
lum patellaire latéral [1, 3, 6, 9]. insuffisance rénale chronique [1, 3, 5, 6, 8] ; infiltra-
Toute dissection étendue aggrave cette dévasculari- tions cortisoniques multiples [5]. La rupture tendi-
sation (figure 3.1). neuse peut alors survenir plusieurs années après la
Des tractions excessives sur le TP peuvent engen- prothèse [14].
drer une rupture complète ou partielle pouvant se Un déficit de l'AE a souvent des conséquences fonc-
compléter secondairement. Ainsi, tout ce qui rend tionnelles graves dues à l'impossibilité de verrouillage
l'abord articulaire difficile est un facteur de risque : du genou. Parfois, le déficit se révèle uniquement lors
raideur [1, 2, 10, 11] ; interventions préalables des efforts ou dans les escaliers mais ailleurs, il rend
(ostéotomies tubérositaires, réalignements de l'AE [1, la marche sur terrain plat impossible sans appareil-
3, 6, 8, 10] ; ostéotomies tibiales proximales [3, 10] ; lage et entraîne des chutes à répétition. Les patients
reprise de PTG [1] ; séquelles d'infection [1, 8] ; forcent souvent leur genou en recurvatum pour le
patella infera [1, 3] ; obésité. Une mobilisation sous stabiliser lors de l'appui, ce qui menace la fixation
anesthésie générale (AG), surtout tardive, peut inter- prothétique [2, 15, 16]. Enfin, l'insuffisance de l'AE
rompre l'AE [10, 11]. expose à la luxation des prothèses postéro-stabili-
D'autres causes favorisantes ont été invoquées : sées [17, 18].
débord prothétique tibial ou patellaire [3, 8, 11] ;
coupe rotulienne excessive [1, 3, 4, 11, 12] ; ascen-
sion de l'interligne articulaire (IA) entraînant un Diagnostic
conflit entre le TP et le plateau tibial [1, 3, 4, 11, 12] ; Le diagnostic peut être évident en cas de traumatisme
abaissement de l'IA et malposition prothétique, notam- suivi d'une impossibilité de verrouillage du genou lors
ment rotatoire, augmentant les contraintes fémoro- de la marche, d'un DEA complet, avec une perte de
patellaires [1, 3, 11, 13]. substance tendineuse palpable.
Les ruptures favorisées par les difficultés et Il peut être difficile en l'absence de traumatisme ini-
erreurs techniques surviennent souvent précocement tial, avec un patient ne signalant qu'une insécurité ou
après l'intervention, de première intention ou de une instabilité. Une diminution de la force d'extension,
reprise [14]. un DEA inférieur à 20° [3, 19], une extension active
De nombreuses comorbidités ont été incriminées : complète impossible à partir de la position de flexion
rhumatismes inflammatoires ; diabète ; hyperthyroï- maximale [5], un verrouillage en recurvatum lors de la
marche doivent y faire penser.
La comparaison des clichés successifs de profil,
genou déverrouillé en charge, peut révéler une migra-
tion progressive de la patella, proximale en cas de dis-
tension du TP et distale en cas de distension du TQ.
L'échographie est un examen de choix, particuliè-
rement dans les ruptures partielles où la clinique n'est
pas formelle. Elle renseigne également sur la qualité
Artère géniculée
tissulaire [3]. L'IRM peut également aider mais sa lec-
On peut les classer en : (1) réparation simple, La suture est réalisée genou fléchi à 90° et doit réta-
(2) réparations avec renfort par un tendon de voisi- blir une hauteur rotulienne normale. Lorsque le ten-
nage, (3) reconstructions à l'aide d'un ligament artifi- don est trop court, celui du gracilis ou un lambeau de
ciel, (4) remplacements par allogreffe et (5) techniques quadriceps retourné complètent la reconstruction.
de sauvetage. Les résultats de ces techniques figurent En cas de rotule trop mince ou de mauvaise qualité,
dans le tableau 3.1. le greffon est passé à travers le TQ au bord proximal
de la patella et la reconstruction est renforcée par un
lambeau de TQ retourné.
Réparation simple Le genou est immobilisé en extension pendant
6 semaines, avec un appui soulagé par deux cannes.
Réalisée par suture directe ou transosseuse à l'aide de La flexion est limitée à 60° et une orthèse d'extension
fils non résorbables, d'ancres ou d'agrafes [2], elle doit est portée lors de la marche jusqu'à 12 semaines.
être protégée par un cerclage patello-tibial métallique Les résultats sont globalement satisfaisants, au prix
(ou à l'aide d'un gros fil non résorbable), en s'effor- d'une flexion souvent limitée [24].
çant de rétablir une hauteur patellaire normale. Le Järvela et al. ont conseillé l'utilisation des tendons
genou est le plus souvent immobilisé en extension des ST et G en double cadre, avec fixation de leur
pendant 6 semaines. La rééducation doit être très pru- terminaison par agrafe ou vis d'interférence dans
dente jusqu'à 12 semaines. un tunnel osseux [17]. Aucune immobilisation n'est
Les résultats sont médiocres. Pour le TP, Rand [2] nécessaire. Très peu de résultats ont été rapportés.
rapportait six échecs sur neuf sutures et deux échecs
sur quatre agrafages et Lynch [6] quatre échecs sur
quatre réparations directes, notamment dans les rup- Lambeau de TQ retourné
tures chroniques. Pour le TQ, Dobbs rapportait égale-
Le tiers médian du TQ est détaché jusqu'à sa jonc-
ment de nombreux échecs [5].
tion avec le muscle et basculé vers le bas. Il peut être
Les indications de réparation simple sont donc très
fixé dans un tunnel creusé dans la TTA [18] ou être
limitées : rupture peropératoire ou très récente, avec
suturé à la terminaison du TP [40]. Il est suturé aux
des tissus souples et de bonne qualité ; l'agrafage ou
restes du TP et la reconstruction est protégée par un
la suture transosseuse d'une avulsion distale peropéra-
cerclage [18, 40].
toire serait la meilleure indication [2, 8]. Néanmoins,
Le genou est immobilisé en extension pen-
en règle générale, toute réparation simple doit être
dant 3 semaines puis rééduqué avec reprise de
renforcée.
l'appui protégé par une orthèse articulée jusqu'à
12 semaines [40].
Renforts tendineux Les résultats sont hétérogènes, avec 45° de DEA
(probable insuffisance de tension de la reconstruction)
Ces techniques permettent en principe de reconstruire pour Mine [18] et un excellent résultat pour Lin [40].
mais surtout de renforcer une réparation simple à
l'aide de collagène natif : tendons du semi-tendi-
neux (ST), du gracilis (G), TQ retourné. Nous avons
Ligaments artificiels
classé les lambeaux de gastrocnémien et de vaste Ils agissent comme un renfort et un support réhabitable
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médial (VM) ou latéral (VL) dans les techniques « de par le tissu fibreux. Ces techniques présentent plusieurs
sauvetage ». avantages : simplicité, pas de prélèvement de voisinage,
absence de contrainte administrative, absence de risque
de transmission virale et coût inférieur à celui d'une
Tendon du semi-tendineux allogreffe. Leurs inconvénients sont un risque infec-
Dans la technique de Cadambi et Engh [24], le ten- tieux plus élevé, et leur faible disponibilité.
don est détaché du corps musculaire à l'aide d'un
stripper en conservant l'insertion tibiale. Il est passé
dans un tunnel transversal de 6 mm de diamètre au Ligament Leeds-Keio™
niveau du tiers distal de la patella puis suturé à lui- (Neoligaments™, Xiros, Leeds, UK)
même (figure 3.2). Une variante consiste à faire passer Il s'agit d'une bandelette de polyester tissé.
le tendon de dehors en dedans à travers la TTA avant Un cerclage en huit de chiffre est passé à travers
de le suturer à son origine. la partie distale du TQ et un tunnel transosseux au
Tableau 3.1
28
Synthèse des résultats dans les séries de la littérature
Auteur (référence) Année N Technique Localisation Recul (mois) Déficit résiduel Flexion moyenne Complications
moyen
Aracil [22] 1999 5 Leeds Keio™ 4 TP, 1 TQ 56 (38–84) 3 déficits : 5°, 98° (90°–110°) 1 infection superficielle
10°, 10°
Jaureguito [26] 1997 6 GM 4 TP, 2 PSAE 33 (26–41) 24° (0°–50°) 100° (65°–130°) 1 raideur (Mobilisation
majeures avec sous anesthésie générale)
rotule absente 1 infection
Allogreffes
Emerson [12] 1994 15 Complète TP 49 (26–84) 3 déficits : 20°, 106° (80°–130°) 3 ruptures itératives
25°, 40°
Tableau 3.1
Suite
Nazarian [33] 1999 40 Complète 22 TP, 8 TQ, 3,6 (2–10) Déficit moyen: 13° 98° (89°–108°) 8 ruptures itératives
4 fractures de la 23 patients sans réopérées
patella déficit
Burnett* [34–36] 2006 19 10 Achille 13 TP, 56 (24–96) 14° (0°-90°) 99° (0°–120°) 3 ruptures itératives
9 allogreffes 5 fractures de 1 réopération
complètes rotule, 1 après
patellectomie
Malhotra [37] 2008 4 Partielle TP 21 (14–30) Un déficit de 10° 95° (90°–100°) 1 infection superficielle
Diaz- 2014 29 Achille 11 TP, 15 TQ, 42 (12–90) 3 déficits : 10°, > 110° : 11 ruptures itératives
Ledezma [39] 3 fractures de la 15°, 20° 10 patients 4 infections
patella 90°-110° :
6 patients
< 90° : 1 patient
29
30 M. BONNIN, S. LUSTIG, D. HUTEN
1 2 3
A B C
Figure 3.2 Plastie au semi-tendineux.
a. Technique de Cadambi : 1. Gracilis ; 2. Corps musculaire du ST ; 3. Section du tendon du ST à la jonction tendino-musculaire ;
4. Insertion tibiale du ST préservée.
b. Rupture du TP, tunnel rotulien impossible (épaisseur rotulienne insuffisante).
c. Fixation du greffon dans un tunnel borgne tibial à l'aide d'une vis d'interférence.
tats sont confirmés par de plus grands effectifs. tranchée tibiale creusée en dessous et en dedans de
A B
Figure 3.6 Le ligament est passé sous le résidu de TP, dans une ouverture du retinaculum latéral (a) puis fixé sur la patella et le TQ (b).
32 M. BONNIN, S. LUSTIG, D. HUTEN
A B
Figure 3.8 Les différents types d'allogreffe : allogreffe partielle d'appareil extenseur (a), allogreffe complète d'appareil extenseur (b).
l'insertion du TP et fixé par trois cerclages métal- Les résultats de Crosset et al. [13] et Diaz-Ledezma
liques [34–36], deux vis [38, 39] ou une vis et éven- et al. [39] (technique onlay) étaient médiocres avec
tuellement un cerclage [13]. Ares et al. ont proposé de une fréquente ascension secondaire de la patella [13].
le couper obliquement à 45° à sa partie haute (avec Les techniques comportant une imbrication de l'allo-
un éperon osseux profond) et de creuser la tranchée greffe et de l'AE étaient meilleures [15, 36, 38].
tibiale en conséquence pour s'opposer à l'ascension La meilleure indication serait une rupture du TP
du bloc [38]. En cas d'ostéolyse tibiale, la tranchée avec patella intacte et abaissable (à 1,5–4 cm de l'inter-
est creusée en aval des zones d'ostéolyse [15, 36, 41]. ligne) [13, 15, 36]. Une autre indication serait au contraire
Plusieurs techniques ont été décrites : une patella très haute et non abaissable car les allogreffes
• greffe à un faisceau fixé en avant de la patella et du de la totalité de l'AE sont alors trop courtes [15, 36].
TQ en onlay [13, 39] ou passé en arrière du TR puis à Certains [42] reprochent à ces techniques une fixa-
travers une fente dans le retinaculum latéral et enfin en tion proximale difficile en raison de l'amincissement
avant de la patella et du TQ [15, 36, 41] ; et l'élargissement progressif de la greffe et une cou-
• greffe à deux faisceaux : verture souvent incomplète de la greffe par l'AE natif.
– faufilés dans les retinacula patellaires jusqu'au
bord proximal de la patella [38]. Le faisceau laté-
ral est passé à travers la partie terminale du TQ de
Allogreffes partielles de l'AE
dehors en dedans. La patella est alors abaissée le Nous utilisons une technique dérivée de celles de
plus possible et le faisceau latéral suturé à l'AE. Le Malhotra [37] et Zanotti [31] ; elle est également utili-
faisceau médial est suturé au TQ, sée dans les ruptures du TP sur genou non prothétique,
– faufilés en huit de chiffre à travers la patella ou la avec prélèvement d'un greffon autologue sur le genou
série à long terme de Brown et al. a néanmoins attiré tibia proximal et est suturé à la partie musculaire
l'attention sur un taux d'échec de 38 % avec une sur- du(des) lambeau(x) de vaste(s).
vie de 56,2 % à 10 ans [42]. Le genou est immobilisé dans une orthèse en exten-
sion et la flexion limitée à 15° du 8e au 45e jour. Elle
est augmentée progressivement ensuite et l'orthèse est
Techniques « de sauvetage » portée jusqu'à 8 semaines.
Les résultats encourageants de cette technique ont
Lambeaux de gastrocnémien été rapportés à deux reprises [28, 29]. Elle serait
Ils apportent un tissu vascularisé sur lequel il est pos- indiquée dans les pertes de substance étendues de
sible de fixer ce qui reste de l'AE. Deux lambeaux l'AE et surtout du TQ et de la capsule proximale,
peuvent être utilisés : un lambeau de gastrocnémien ne pouvant être couvertes à l'aide d'un lambeau de
médial (GM) isolé lorsque la patella est encore présente GM et aussi après échec d'une reconstruction par
ou un lambeau de GM étendu à la moitié médiale du allogreffe [29].
TC en cas de pertes de substance de l'AE plus proxi-
male avec patella absente [25, 26].
L'incision de la PTG est étendue distalement. Le GM Particularités des ruptures
est séparé du gastrocnémien latéral (GL) jusqu'à hau-
teur des condyles tibiaux pour pouvoir être tourné en
du tendon quadricipital
avant et recouvrir la TTA. Il est suturé au fascia de Elles sont fréquemment d'origine traumatique et
la loge antérieure. Ce qui reste du TP et de la cap- peuvent être partielles.
sule médiale est suturé au GM. Une greffe de peau Les ruptures partielles [5, 7] doivent être traitées par
mince peut être nécessaire pour recouvrir une partie une immobilisation de 6 à 8 semaines en extension,
du lambeau. suivie de mobilisation très progressive.
En cas de perte de substance du TQ, patellectomie Les réparations des ruptures complètes doivent être
ou fracture patellaire, le tiers(la moitié) médial(e) du renforcées par un tissu autologue (semi-tendineux et/
TC est prélevé(e) en continuité avec le GM. Le GM ou gracilis [8], lambeau triangulaire de TQ retourné)
recouvre la partie proximale du tibia à laquelle elle est ou synthétique (Marlex mesh™ [16], Dacron™ [20],
suturée ; le TC est suturé sous forte tension à ce qui Leeds-Keio™ [21, 45]).
reste du TQ.
Le genou est immobilisé en extension pendant
6 semaines et la flexion est ensuite rééduquée progres- Arthrodèse du genou
sivement. Une orthèse articulée limite la flexion lors de
la marche jusqu'à 8 ou 10 semaines. L'arthrodèse est un recours ultime [46]. La tech-
Les résultats de Jaureguito [26] et Busfield [27] nique de la « prothèse–arthrodèse » permet d'éviter
étaient encourageants, surtout si l'on tient compte une inégalité de longueur majeure et d'autoriser
de la complexité de leurs cas, avec un DEA résiduel un appui immédiat en dépit d'une perte de subs-
moyen de respectivement 24° et 11°. tance osseuse souvent importante. Elle comporte
Cette technique est surtout une technique de sauve- un ancrage médullaire à longues tiges, cimentées ou
tage [25–27] pour des genoux multi-opérés, avec de non. L'abord est celui de la prothèse, sans se soucier
A B C
Figure 3.11 Genou multi-opéré et infecté.
a. Perte de substance osseuse grave.
b, c. Sauvetage du membre par « prothèse–arthrodèse ».
Certains points se dégagent néanmoins de l'analyse couverture de la réparation tendineuse par une
de la littérature (figure 3.12) : suture cutanée sans tension ou un lambeau
1. les ruptures partielles du TQ relèvent plutôt de musculaire, en particulier dans la région de la
l'immobilisation ; TTA ;
2. quelle que soit l'option choisie, il existe un taux 8. quelle que soit la technique utilisée, les sutures
d'échec significatif. Il faut en informer le patient et doivent être :
toujours garder une solution de secours ; – solides (la technique de Krackow [47] est la
3. les complications de ces interventions sont avant plus recommandée),
tout d'ordre infectieux et cutané et peuvent – pratiquées en extension complète et sous ten-
conduire à une amputation. Il faut en informer le sion et il vaut mieux ne plus fléchir le genou
patient, anticiper les difficultés et s'entourer d'in- ensuite ;
fectiologues et de chirurgiens plasticiens ; 9. une immobilisation en extension complète de
4. il est souvent (50 % [14]) nécessaire de changer 6 à 8 semaines, suivie par une rééducation très
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tout ou partie de la PTG avant de rétablir la conti- progressive de la flexion et une protection de la
nuité de l'AE, ce qui augmente significativement le marche jusqu'à 3 mois sont recommandées par la
poids et les risques de l'intervention ; plupart ;
5. les sutures (et réinsertions) sont grevées d'un taux 10. le caractère très limité des séries publiées témoigne
d'échec élevé ; toute suture doit donc être renfor- de la rareté de ces ruptures et de la faible expé-
cée, par un tendon de voisinage ou un ligament rience de chacun dans ce domaine. Pour cette
synthétique au risque infectieux plus élevé ; raison et du fait des difficultés logistiques (allo-
6. une tentative de réparation directe est néanmoins greffes), il paraît souhaitable de limiter cette
le premier temps de toute intervention, ce qui chirurgie aux centres spécialisés ;
incite à opérer précocement, avant que la rétrac- 11. l'arthrodèse du genou est un ultime recours qu'il
tion quadricipitale ne s'y oppose ; faut savoir utiliser dans les cas les plus sévères.
7. le risque infectieux élevé incite à enfouir le plus Une exceptionnelle arthrodèse patello-tibiale a pu
possible les matériaux étrangers et assurer la être proposée dans les ruptures du TR.
36 M. BONNIN, S. LUSTIG, D. HUTEN
* La hauteur rotulienne était normale sur les clichés postopératoires et il ne s’agit pas d’un genou multi-opéré. On suppose que les tissus sont souple et non retractés.
* * Toujours préférer un renfort autologue lorsque cela est techniquement possible. Renfort supplémentaire avec cadrage métallique parfois utile.
A
Rupture ‘chronique’ ou échec d’un traitement préalable ou genou multi-opéré
Rotule haute Rotule Rotule très basse Rotule de hauteur Contexte septique
multifragmentaire ‘fixée’ ‘acceptable’
- Technique de Hanssen
TR disparu TR présent Allogreffe complète - Allogreffe partielle Arthrodèse du genou
distendu - Allogreffe de tendon d’Achille
B
Figure 3.12 Algorithme de traitement en cas de rupture récente (a) ou ancienne (b).
Ruptures tendineuses de l'appareil d'extension après prothèse totale du genou 37
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Complications et reprises
des prothèses totales d'épaule
inversées
P. BOILEAU
P. Boileau
• quand faut-il envisager une réimplantation en un ou Les causes les plus fréquentes de reprise après PTEI
deux temps ? étaient par ordre décroissant : l'instabilité prothétique
• en cas de changement prothétique, quel sera l'im- (38 %), l'infection (22 %), les complications humérales
pact sur le résultat fonctionnel final ? (21 %) incluant descellement et dévissage intraprothé-
C'est l'ambition de ce travail de répondre à ces tique, fracture et perte de substance osseuse (PSO), les
questions. complications et descellements glénoïdiens (13 %) et
d'autres causes plus rares (6 %) (tableau 4.2).
Au début de notre expérience, les patients ont par-
Épidémiologie fois été ré-opérés plusieurs fois du fait d'une compli-
Dans une revue de la littérature portant sur 782 PTEI cation persistante, d'une complication associée non
d'étiologies différentes (566 prothèses primaires diagnostiquée ou de la survenue d'une nouvelle com-
et 216 révisions d'hémi-arthroplastie ou PTEA), plication : 18 patients ont été réopérés plus d'une fois,
Zumstein et al. [4] ont rapporté 20 % de complica- dont quatre à quatre reprises.
tions postopératoires ; 105 prothèses ont été reprises
avec 79 (10,1 %) révisions et 26 (3,3 %) ré-opérations Bilan préopératoire
(tableau 4.1).
Le taux de complications était presque trois fois plus Les complications nécessitant une ré-intervention sont
élevé dans le groupe des prothèses de révision pour multiples et leur association sous-estimée. Parmi ces
échec de prothèse anatomique que dans le groupe associations, trois au moins doivent être connues :
des prothèses de première intention (33,3 % versus • descellement prothétique et infection ;
13,4 %). • instabilité prothétique et raccourcissement huméral
Notre expérience personnelle porte sur 825 PTEI (par PSO humérale) ;
implantées entre 1996 et 2013 ; 84 ré-interventions • instabilité prothétique et médialisation excessive
dont 60 révisions ont été réalisées chez 54 patients. (glénosphère trop petite et/ou PSO glénoïdienne) [5].
Tableau 4.2
Tableau 4.1 Causes et fréquence des complications nécessitant
Taux de complications et de reprises (Zumstein et al. [4]) une reprise (expérience niçoise)
A B
Figure 4.1 Instabilité récidivante par « effet came » médial (ossification médiale de l'humérus).
a. Radiographie.
b. Scanner.
42 P. Boileau
• les deux causes majeures sont la présence (souvent toïde dans le plan vertical (raccourcissement huméral)
associée) : et/ou le plan horizontal (médialisation excessive). Lors
– d'une PSO humérale ou glénoïdienne, de la révision, la restauration de la tension deltoïdienne
– et/ou d'une déficience des parties molles (subsca- peut être difficile car les repères de l'humérus proximal
pularis absent ou non réinséré et/ou atrophie du del- sont absents, en particulier lorsque le trochiter est lysé
toïde antérieur) [5]. ou a migré en arrière (après échec de prothèse pour
Les patients à risque sont ceux présentant : fracture de l'humérus proximal). Un bilan d'imagerie
• un raccourcissement huméral, du fait d'une PSO proxi- complet est indispensable pour déterminer :
male (migration prothétique, lyse ou excision du trochiter • la hauteur théorique de l'implant huméral de révi-
après fracture récente ou ancienne, résection humérale pour sion (tangent à la position théorique du trochiter) ;
tumeur), HA ne rétablissant pas la longueur humérale ; • si une prothèse de reconstruction et/ou une greffe
• une médialisation excessive de la glène, du fait d'une humérale sont nécessaires ;
PSO glénoïdienne et/ou de l'utilisation d'une glénos- • si le composant glénoïdien doit être latéralisé (greffe
phère de petite taille (36 mm) chez des patients de osseuse et/ou implant latéralisé).
grande taille (homme) [5, 15] ; Nous avons développé un algorithme décision-
• des erreurs de positionnement des implants dans le nel prenant en compte raccourcissement huméral et
plan horizontal (version humérale et/ou glénoïdienne médialisation excessive (figure 4.2).
identifiées en TDM) et/ou dans le plan vertical (implant
huméral trop bas et/ou implant glénoïdien trop haut). Gestion du raccourcissement huméral
Négliger ou ignorer un seul de ces facteurs amène à mal
positionner les nouveaux implants et à ne pas rétablir la S'il est inférieur à 15 mm, on peut récupérer la lon-
longueur et la latéralisation humérale, ce qui expose à la gueur humérale par adjonction d'un rehausseur métal-
récidive de l'instabilité et à de multiples ré-opérations. lique (+ 9 mm) et/ou d'un polyéthylène plus épais de
12 mm (+ 6 mm), procurant un allongement de 15 mm
sans avoir à changer les implants. Ceci n'est conce-
Conduite à tenir devant une PTEI vable qu'en l'absence de malposition ou descellement
instable huméral et de médialisation et/ou positionnement trop
haut de la glénosphère.
Luxation précoce On peut encore allonger et latéraliser l'humérus de
En cas de luxation précoce (dans les 3 premiers mois) et quelques millimètres en « jouant sur le versant glénoï-
en l'absence de PSO et d'erreur de rotation des implants, dien » grâce à : une glénosphère de plus grande taille
on sera conservateur : un ou plusieurs essais de réduc- (42 au lieu de 36 mm, par exemple) et/ou excentrée
tion à foyer fermé sous anesthésie générale doivent être vers le bas (+ 2 mm). En cas de changement glénoï-
pratiqués, avec une efficacité de 30 à 50 % [8]. dien, il faut positionner la platine glénoïdienne le plus
Après réduction, nous préconisons une immobilisa- bas possible (tangente au bord inférieur de la glène),
tion stricte sur attelle d'abduction, voire dans un plâtre avec un léger « tilt » inférieur pour améliorer la coap-
thoraco-brachial : cette position favorise le raccourcis- tation entre les deux implants.
sement deltoïdien et augmente les forces de coaptation Au-delà de 15 ou 20 mm de raccourcissement, il
prothétique. faut envisager le changement de l'implant huméral,
PTEI instable
Radiographie millimétrée
des deux humérus
+ RX de face des 2 épaules
Accourcissement Médialisation
huméral humérale
de la glène (et donc de l'humérus) est souvent en cause. • à l'aide d'une greffe osseuse sous la platine métal-
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Le chirurgien doit alors reconstruire la PSO glénoï- lique et avec une glénosphère standard (bony-
dienne et/ou latéraliser la glénosphère afin d'obtenir la increased offset reverse shoulder arthroplasty ou
stabilité. BIO-RSA) [18] ;
Devant une médialisation humérale peu importante • en implantant une glénosphère latéralisante (metal-
(< 15 mm), le changement d'une sphère de petit dia- lic-increased offset reverse shoulder arthroplasty ou
mètre (36 mm) pour une sphère plus large (39 ou MIO-RSA) ;
42 mm) est la première mesure, surtout chez un patient • en utilisant les deux artifices : greffe osseuse
de grande taille (homme) : elle permet d'augmenter de la glène + glénosphère latéralisante (MIO
« l'angle de coaptation » du deltoïde (wrapping angle + BIO-RSA).
des Anglo-Saxons) et ainsi d'améliorer la stabilité (voir
figure 4.3) [2, 17].
Si la latéralisation est toujours insuffisante, on peut
Choix de l'implant huméral (latéralisé
améliorer la stabilité en latéralisant encore d'avantage versus médialisé)
la glénosphère pour augmenter davantage la force de Les tiges humérales de type Grammont comportent
coaptation du deltoïde soit : une cupule métallique intra-osseuse (inlay) médialisant
44 P. Boileau
A B C
Figure 4.3 Angle d'enroulement du deltoïde.
a. Instabilité prothétique avec PSO humérale proximale par perte de l'angle d'enroulement du deltoïde.
b. Greffe osseuse humérale proximale améliorant l'angle d'enroulement du deltoïde.
c. Greffe osseuse de la glène (BIO-RSA) latéralisant d'avantage l'humérus, avec augmentation de l'angle d'enroulement du deltoïde.
l'humérus. Il existe aujourd'hui des PTEI à plate-forme terventions [5, 19]. Les germes le plus souvent retrou-
extra-osseuse (onlay) latéralisant l'humérus. Lors d'un vés sont Propionibacterium acnes, Staphylococcus
changement prothétique, on peut augmenter la lon- epidermidis et Staphylococcus aureus [9, 20].
gueur et la latéralisation humérale en passant d'un Son incidence est probablement sous-estimée si l'on
implant inlay à un implant onlay. Les implants onlay considère que beaucoup d'épaules raides et/ou doulou-
ont habituellement une moindre inclinaison (145° reuses pourraient être infectées.
versus 155°), ce qui augmente la latéralisation humé-
rale. Certains implants plus récents intègrent une pièce Conduite à tenir
intermédiaire à « inclinaison variable ».
devant une infection
La stratégie dépend de l'état général et fonctionnel, et
Gestion des parties molles et des suites
des modalités de survenue de l'infection (postopératoire,
opératoires précoce ou tardive, hématogène). Elle doit toujours être
La réinsertion du tendon sous-scapulaire et de la cap- décidée dans le cadre d'une consultation pluridiscipli-
Infection chronique (au-delà du 3e mois) diens, mais l'expérience clinique a montré que les des-
cellements et complications (lyse osseuse, dévissages
Le patient doit être informé que, quel que soit le traite- intraprothétiques) sont plus fréquents du côté humé-
ment choisi, le résultat fonctionnel sera souvent com- ral [5]. C'est logique sur le plan biomécanique, car les
promis ou en tout cas inférieur à celui d'une prothèse contraintes sont diminuées du côté glénoïdien grâce à
de première intention [20]. En dehors de l'abstention la médialisation de l'implant et sont plus importantes
chirurgicale chez des patients inopérables, le chirur- du côté huméral.
gien a le choix entre trois options :
• l'excision–lavage est dépassée et vouée à l'échec ;
• l'ablation de prothèse (« épaule ballante ») est une Facteurs de risque
option de sauvetage, indiquée chez les patients fra- La PSO de l'humérus proximal est le principal facteur
giles, en cas de germes résistants et après échec d'autres de descellement huméral et/ou de dévissage intrapro-
techniques associées à une antibiothérapie adaptée. thétique. Cette situation est fréquente après PTEI pour
Les résultats fonctionnels sont inférieurs à ceux d'une fractures ou séquelles de fracture (du fait de la lyse ou
conservation ou d'un changement d'implant [5, 20] ; migration postérieure du trochiter) et après résection
• le changement prothétique : c'est l'option de choix tumorale. En l'absence de trochiter, l'implant huméral,
mais elle est plus lourde du fait de possibles compli- uniquement fixé distalement, est soumis à des forces
cations per- et postopératoires. Les difficultés tech- de rotation importantes, génératrices de descellement
niques sont liées à l'extraction des implants avec et/ou au dévissage intraprothétique (en cas d'implant
risque de fracture humérale et de PSO. Le risque de modulaire) [5, 24].
fracture humérale lors des tentatives d'extraction L'ostéoporose chez les patients âgés et l'activité phy-
augmente avec le nombre d'interventions préalables. sique plus intense chez les plus jeunes accélèrent ce
Devant une extraction prothétique probablement dif- processus.
ficile (absence de descellement), nous réalisons une À ces causes mécaniques, vient souvent s'ajouter
humérotomie de principe suivie de cerclages à l'aide l'ostéolyse réactionnelle aux débris de polyéthylène et
de fils souples (figure 4.4) [22]. de métal (granulome inflammatoire), particulièrement
fréquente en cas de conflit entre la cupule humérale et
Changement en un ou deux temps ? le pilier de la scapula (scapular notching) ou en cas de
luxations récidivantes.
Le changement en un temps procure de meilleurs
résultats fonctionnels, avec des taux de morbidité et
complications moindres, mais le risque de réveil infec-
Conduite à tenir
tieux est plus élevé. Beekman et al. [23] le pratiquent devant un descellement huméral
systématiquement alors que Jacquot et al. [20], dans ou un dévissage prothétique avec PSO
une étude multicentrique, concluaient qu'un change-
ment en un temps (pièce humérale cimentée avec du Alors que l'extraction d'une prothèse descellée ne pose
ciment aux antibiotiques) ne doit être proposé que si pas de problème, la reconstruction humérale peut
le(s) germe(s) est(sont) connu(s) en préopératoire. poser des problèmes techniques qu'il faut anticiper.
Sinon, il faut lui préférer le changement en deux
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temps (malgré sa morbidité plus élevée) avec mise en PSO humérale inférieure à 5 cm
place d'un spacer en ciment avec antibiotique(s) pour chez un patient âgé
combler l'espace mort et diffuser localement des anti-
biotiques pendant 6 à 8 semaines. C'est l'attitude que Un moyen simple et peu coûteux pour reconstruire
nous recommandons dans les infections chroniques, l'humérus proximal est de confectionner un manchon
surtout s'il existe des antécédents chirurgicaux mul- de ciment autour de la prothèse (cimentoplastie de
tiples (ostéosynthèse, HA, PTE avant la PTEI) et si les reconstruction).
germes ne sont pas connus ou multirésistants [5]. L'autre solution est une prothèse massive de
reconstruction.
A B C D
E F G H
I J
Figure 4.4 Complications associées avec multiples ré-opérations (sept en 3 ans).
a. Luxation et démontage glénosphère.
b. Luxation prothétique.
c. Luxation et démontage cupule.
d. Reprise avec « spacer » pour infection.
e. Cerclage au fil souple après humérotomie.
f. Latéralisation par allogreffe osseuse spongieuse (Ostéopure®).
g. Luxation précoce par atonie musculaire ; réduction sous anesthéisie générale et immobilisation dans une attelle d'abduction
pendant 4 semaines.
h. Prothèse stable au dernier recul.
i, j. Résultat à 2 ans de la reprise chirurgicale : infection guérie, épaule stable et indolore.
Complications et reprises des prothèses totales d'épaule inversées 47
A B C
Figure 4.5 Descellement huméral avec PSO sévère.
a. Radiographie préopératoire.
b. Allogreffe humérale avec jonction en marche d'escalier.
c. Radiographie postopératoire.
48 P. Boileau
A B
C
Figure 4.6 Descellement huméral à 7 ans.
a. La radiographie millimétrée des deux humérus permet de quantifier la PSO et de calculer la hauteur théorique de la prothèse
humérale.
b. Radiographie postopératoire immédiate : la PSO proximale (− 5 cm) a été reconstruite par prothèse non cimentée et verrouillé
manchonnée par une allogreffe humérale.
c. Radiographie et tomodensitométrie à 2 ans montrant la consolidation de l'allogreffe avec l'humérus natif (intérêt d'une jonction
« en marche d'escalier » bloquant la rotation).
d. Résultat fonctionnel à 2 ans.
rond à la face postéro-latérale de l'humérus (opération cal autologue prélevé au niveau de la crête iliaque
de l'Episcopo) [5, 26, 27]. Elle n'est possible que si (figure 4.7). C'est le moyen le plus sûr de reconstruire
l'humérus proximal est intact. En présence d'une PSO la glène car une greffe autologue est susceptible de
humérale et chez des sujets jeunes, il est possible de consolider sans se résorber. La préparation du greffon
fixer le transfert musculo-tendineux sur une allogreffe se fait in situ, au niveau de la crête iliaque homo- ou
osseuse humérale. controlatérale, selon la technique de Norris [29]. Nous
utilisons pour ce faire une instrumentation guidée par
Complications et descellements broche (instrumentation BIO-RSA) comportant des
forets et une scie-cloche canulés.
glénoïdiens Nous recommandons de :
• implanter la métaglène le plus bas possible, au
Facteurs de risque niveau du pilier de la scapula et avec une inclinaison
Les désassemblages entre la glénosphère et la inférieure d'environ 10° (pour éviter les contraintes de
métaglène ont pratiquement disparu grâce aux progrès cisaillement supérieur, défavorables) ;
technologiques. • tailler la greffe osseuse tricorticale de façon à ce
Les descellements glénoïdiens aseptiques sont peu qu'elle soit autostable et inclinée vers le bas ;
fréquents ; une infection larvée sous-jacente doit être • mettre les vis à compression en supéro-inférieur et
recherchée de principe. En son absence, un descellement les vis autobloquantes en antéropostérieur ;
glénoïdien est toujours la conséquence d'erreurs tech- • utiliser une glène à plot long ou à vis longues (25, 30
niques : glène positionnée trop haut et/ou avec une incli- ou 35 mm) et des vis longues (40 à 50 mm).
naison supérieure. Ces malpositions sont à l'origine de La planification numérique de la forme et de la taille
forces de cisaillement importantes, délétères pour la fixa- de la greffe (autogreffe ou allogreffe) à partir du scan-
tion prothétique [8, 28]. En cas de greffe osseuse glénoï- ner est aujourd'hui possible grâce à des logiciels infor-
dienne lors de l'implantation, un descellement peut être dû matiques dédiés.
à l'absence de fixation de l'implant dans l'os natif (implant
à plot central court n'atteignant pas la scapula) [5, 8]. Reconstruction osseuse glénoïdienne
en un ou deux temps ?
Conduite à tenir Une réimplantation glénoïdienne est pratiquement tou-
devant un descellement glénoïdien jours possible, car la métaglène sert de plaque d'ostéosyn-
thèse pour fixer la greffe osseuse. Cependant, si la perte
avec PSO de substance glénoïdienne est sévère et si l'ostéosynthèse
En cas de descellement glénoïdien, il existe presque tou- de la greffe est précaire, la réimplantation et la réduc-
jours une PSO associée qui peut être classée en quatre tion d'un implant huméral peuvent être dangereuses du
stades, en fonction de sa localisation et de son impor- fait de sollicitations excessives sur le greffon osseux et sa
tance, jugées sur le scanner : cavitaire (A), murale anté- fixation. On a alors le choix entre trois options :
rieure (B), murale postérieure (C) ou complexe (D). • un temps opératoire à condition que la reconstruc-
tion osseuse soit stable et la réduction prothétique
facile (sans tension excessive). Il faut que trois condi-
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A B
transosseux permettent de stabiliser la prothèse • une alternative au « deux temps » est de faire « un
en attendant le second temps opératoire. La pièce temps opératoire protégé » par immobilisation dans
humérale n'est pas implantée, ce qui entraînerait des une attelle d'abduction. Cette option, que nous pra-
contraintes glénoïdiennes excessives avec risque de tiquons souvent, ne peut se faire que si la prothèse
descellement, peut être facilement réduite. Elle évite le second
– second temps pour la mise en place de l'implant temps opératoire au prix d'une immobilisation de
huméral (3 à 6 mois plus tard), une fois la greffe 6 à 8 semaines, temps nécessaire à la consolida-
osseuse consolidée ; tion de la greffe osseuse. L'abduction sera de 60°
Complications et reprises des prothèses totales d'épaule inversées 51
pendant 3 semaines, diminuée de 20° par semaine les tion [5, 9], notamment le score de Constant et les mobili-
3 semaines suivantes. tés (tableau 4.3). Les patients évaluaient subjectivement
leur épaule à 60 % (10–95 %) d'une épaule normale au
Résultats fonctionnels des reprises dernier recul (Subjectif Shoulder Value ou SSV).
de prothèse inversée
Conclusion
Parfois au prix de plusieurs interventions, la conser-
vation ou le remplacement prothétique est possible, Les causes les plus fréquentes de reprise des PTEI sont
permettant de retrouver une épaule fonctionnelle par ordre décroissant : l'instabilité, l'infection, les
(figure 4.8) [5]. descellements et complications huméraux et les des-
Dans notre expérience, nous avons pu conserver ou cellements glénoïdiens. La reprise d'une PTEI est un
changer la prothèse chez 90 % des patients (49/54). « challenge » technique dont les résultats fonctionnels
Chez trois patients (4 %), la PTEI a été convertie en sont toujours inférieurs à ceux d'une arthroplastie
HA, tandis que chez trois autres patients âgés et fra- de première intention. Il s'agit d'une chirurgie diffi-
giles (6 %), une explantation prothétique définitive a cile et risquée, avec un taux de complications et de
été nécessaire du fait d'une infection sévère. ré-opérations de 10 à 50 %, en fonction de l'expé-
Cependant, les résultats fonctionnels de ces reprises rience du chirurgien. Il paraît donc logique que les
sont inférieurs à ceux des prothèses de première inten- chirurgiens moins expérimentés confient leurs échecs
A B C D
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E F
Figure 4.8 Descellement bipolaire à 2 ans avec pseudo-paralysie et perte de la rotation externe active.
a, b. Radiographie et scanner préopératoires.
c, d. Radiographie et scanner postopératoires : PSO glénoïdienne reconstruite par une allogreffe spongieuse impactée dans une PSO
cavitaire ; latéralisation de l'implant glénoïdien par adjonction d'un disque d'os spongieux (BIO-RSA) ; transfert musculo-tendineux
du grand dorsal et du grand rond pour restaurer la rotation externe active.
e, f, g. Résultat fonctionnel à 2 ans. Noter la restauration de la rotation externe active.
52 P. Boileau
Tableau 4.3
Résultats fonctionnels au recul moyen de 45 mois chez 49 patients ayant toujours une PTEI
Préopératoire Dernier recul p value
45 mois
(12–177)
Score de Constant 21 47 < 0,001
(2–72) (13–78)
de PTEI à des centres de référence. La sous-estimation [5] Boileau P, Melis B, Duperron D, et al. Revision surgery of
des complications associées (en particulier des PSO reverse shoulder arthroplasty. J Shoulder Elbow Surg 2013 ;
22 : 1359–70.
humérales associées et de la médialisation excessive) [6] Lädermann A, Williams MD, Melis B, et al. Objective evalua-
et l'absence de diagnostic d'infection larvée associée tion of lengthening in reverse shoulder arthroplasty. J Shoulder
(fréquente dans les PTEI pour échec d'une intervention Elbow Surg 2009 ; 18 : 588–95.
préalable) sont des causes de reprises multiples. [7] Edwards TB, Williams MD, Labriola JE, et al. Subscapularis
La préservation de la fonction de l'épaule après révi- insufficiency and the risk of shoulder dislocation after
reverse shoulder arthroplasty. J Shoulder Elbow Surg 2009 ;
sion de PTEI est possible dans 90 % des cas. La conver- 18 : 892–6.
sion d'une PTEI en hémi-arthroplastie ou la résection [8] Walch G, Wall B, Mottier F. Complications and revision of
arthroplastique ne sont indiquées que lorsque toutes the reverse prosthesis : a multicenter study of 457 cases. In :
les autres options ont été épuisées et/ou que le patient Reverse Shoulder Arthroplasty. Montpellier : Sauramps médi-
est âgé et trop fragile. La connaissance des principaux cal ; 2006. p. 335–52.
[9] Gendre P, Melis B, Duperron D, et al. Outcomes of revision sur-
facteurs de risque de complications des PTEI (raccour- gery for the faled reverse shoulder arthorplasty. Montpellier :
cissement huméral, médialisation excessive et infec- Sauramps médical ; 2014. p. 245–58.
tions larvées) doit permettre aux chirurgiens de mieux [10] Gallo RA, Gamradt SC, Mattern CJ, et al. Instability after
implanter les prothèses de première intention. reverse total shoulder replacement. J Shoulder Elbow Surg
Déclaration de conflit d'intérêt : l'auteur déclare 2011 ; 20 : 584–90.
[11] Saltzman BM, Chalmers PN, Gupta AK, et al. Complication
avoir des liens avec les sociétés Tornier Inc., Imascap rates comparing primary with revision reverse total
et Smith & Nephew.
[17] Chacon A, Virani N, Shannon R, et al. Revision arthroplasty ponents in a proximal humeral bone loss model. J Shoulder
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Offset Reverse Shoulder Arthroplasty (BIO-RSA) for Cuff arthroplasty. J Shoulder Elbow Surg 2014 ; 23 : 1485–91.
Tear Arthropathy. Oper Tech Orthop 2010 ; 21 : 69–78. [26] Boileau P, Chuinard C, Roussanne Y, et al. Modified latissimus
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periprosthetic infection after reverse shoulder arthroplasty. approach for external rotation deficit of the shoulder : as an
J Shoulder Elbow Surg 2015 ; 24 : 161–6. isolated procedure or with a reverse arthroplasty. J Shoulder
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[24] Cuff D, Levy JC, Gutiérrez S, Frankle MA. Torsional stability
of modular and non-modular reverse shoulder humeral com-
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57
Résumé
ou localisée à l'anneau pelvien (sacro-iliaque ou ilio-sacrée).
Les fractures du sacrum et les traumatismes de la charnière lombo- Les ostéosynthèses à foyer ouvert permettent de finaliser la
sacrée sont des lésions peu fréquentes mais graves. Souvent asso- réduction par manœuvres peropératoires sur les implants, tandis
ciées à des troubles neurologiques, elles peuvent nécessiter une que l'ostéosynthèse à foyer fermé nécessite une réduction préo-
libération neurologique avec réduction et stabilisation de la fracture. pératoire parfaite. Les complications de cette chirurgie sont fré-
Leur traitement nécessite la compréhension des traits de fracture quentes et la récupération des troubles neurologiques aléatoire.
et des manœuvres de réduction, ainsi que des techniques de fixa- Les fractures de fatigue et fractures sur ostéoporose, peu dépla-
tion qu'il faut parfois associer. cées, sont de bonnes indications de cimentoplastie isolée ou asso-
Trois classifications doivent être maîtrisées pour comprendre ces ciée à un vissage ilio-sacré.
fractures : celle de Roy-Camille individualise les fractures transver- Les traumatismes de la jonction lombo-sacrée et particulièrement
sales hautes et leur déplacement ; celle de Denis identifie la zone les luxations sont des indications chirurgicales de réduction et
du sacrum dans laquelle le trait fracturaire vertical se situe (corrélé fixation, le plus souvent à 360°.
au risque neurologique) ; celle de Tile analyse le traumatisme de Ce travail détaille l'analyse et la classification de ces fractures
l'anneau pelvien lorsqu'il s'associe à la fracture du sacrum. ainsi que les difficiles techniques de réduction et de fixation et
Le traitement, lorsqu'il est chirurgical, nécessite une installation leurs indications thérapeutiques.
soigneuse, pouvant faire appel à la table orthopédique.
La(les) manœuvre(s) de réduction peu(ven)t être déduite(s) de
la classification de la fracture. Il faut différencier les fractures Mots clés : Fractures du sacrum. – Charnière lombo-sacrée.
isolées du sacrum (« U ») et celles associées à une lésion de – Classification des fractures. – Manœuvre de réduction.
l'anneau pelvien. L'ostéosynthèse pourra être lombo-pelvienne
A B
Figure 5.1 Anatomie du sacrum.
a. Vue antérieure : 1. ligaments ilio-lombaires ; 2. trous sacrés antérieurs ; 3. ligament sacro-iliaque antérieur ; 4. ligament sacro-épineux ;
5. racine L4 ; 6. racine L5 ; 7. tronc lombo-sacral ; 8. crêtes transversales antérieures.
b. Vue postérieure : 1. crête médiane ; 2. crête intermédiaire ; 3. crête latérale ; 4. ligaments ilio-lombaires ; 5. ligament sacro-iliaque
postérieur ; 6. ligament sacro-tubéral.
A B
Figure 5.2 Rapports anatomiques du sacrum avec les structures neurologiques.
a. Profil : 1. racine L4 ; 2. racine L5 ; 3. ligne du détroit supérieur ; 4. tronc lombo-sacré ; 5. racine S1.
b. Inlet: 1. racine L4 ; 2. racine L5 ; 3. tronc lombo-sacré ; 4. sac dural ; 5. racine S1.
Ostéosynthèse des fractures du sacrum et des luxations lombo-sacrées 59
Traumatismes et lésions
neurologiques associées Tableau 5.1
Classification des fractures du bassin (Tile)
Des fractures associées sont retrouvées dans la quasi-
totalité des cas [5]. La moitié des patients présente A A1 Fracture–avulsion
une fracture de l'anneau pelvien (du bassin ou du Bassin stable
A2 Fracture de l'aile iliaque
cotyle), 30 % ont au moins une fracture du rachis ou Fracture non déplacée de
des membres inférieurs (calcanéum), près de 20 % un l'anneau (personne âgée)
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Figure 5.3 Traits de fracture : U (a), H (b), combinaisons (c, d). Figure 5.4 Zones de Denis.
– type 1 – sacrum en position neutre : la corticale La(les) manœuvre(s) de réduction peu(ven)t être
antérieure est rompue et la cyphose du sacrum déduite(s) de la classification de la fracture.
augmentée. La corticale postérieure est intacte, il Il existe deux grands cas de figure : la fracture
s'agit d'une flexion intra-sacrée, transversale haute isolée du sacrum et les fractures du
– type 2 – déplacement postérieur : au moment de sacrum associées à une fracture de l'anneau pelvien.
l'impact, le rachis lombaire est en cyphose et le
bassin rétroversé. Les deux corticales sont rom- Fracture transversale haute isolée
pues, le fragment supérieur s'horizontalise et bas- du sacrum
cule vers l'arrière,
– type 3 – déplacement antérieur : au moment de Elle sera classée selon Roy-Camille [4]. Le déplacement
l'impact, le rachis lombaire est en hyperlordose. se fait dans le plan sagittal. La réduction est difficile. Il
Les deux corticales sont rompues et le rachis glisse faut associer des manœuvres externes d'extension des
en avant. membres inférieurs, visant à corriger la rétroversion
La fracture transversale haute du sacrum dans sa pelvienne, et des manœuvres peropératoires tentant
forme typique sépare un fragment supérieur qui reste de réduire l'hyperextension de la partie proximale du
solidaire du rachis et un fragment inférieur qui reste sacrum (distraction du foyer de fracture, accourcisse-
solidaire du bassin latéralement par les articulations ment osseux, manœuvres de « démonte-pneu »).
sacro-iliaques. Ruatti et al. [11] ont décrit une technique de réduc-
Dans les formes complètes, avec rupture des deux tion pouvant être mise en œuvre en urgence (en parti-
corticales, les traits de fracture autorisent une ascen- culier en présence de signes neurologiques). Le patient
sion et/ou rotation des hémi-bassins. est installé sur table opératoire, en décubitus dorsal et
Classiquement, les lésions pelviennes sont analysées Trendelenburg, sous anesthésie générale avec relâche-
selon la classification de Tile modifiée [9, 10] fondée ment musculaire. Une traction transcondylienne est
sur la stabilité des lésions postérieures de l'anneau pel- mise en place de chaque côté et le chirurgien applique
vien, mais celle-ci ne prend pas en compte le risque de une traction puissante dans l'axe, tandis qu'une contre-
déstabilisation de l'anneau pelvien en cas de fracture traction est réalisée au niveau des aisselles. La perception
haute du sacrum. Il faut donc y associer la classifica- d'un craquement audible atteste de la réduction qui peut
tion de Roy-Camille [4] lorsqu'il existe une fracture être complétée par une mise en hyperlordose à l'aide d'un
sacrée transversale. Nous y reviendrons. coussin placé sous le sacrum. La réduction est maintenue
par mise en place d'une traction continue au lit. Si l'état
du patient le permet, la fixation peut être pratiquée.
Traitement König et al. [12] ont proposé (chez trois patients)
d'utiliser un fixateur externe. Le patient en décubitus
Principes généraux et réduction ventral, les fiches (vis de Schanz) sont introduites par
voie percutanée d'une part dans les pédicules de L5
L'installation doit être soigneuse et permettre d'obte- et/ou S1 et d'autre part dans les crêtes iliaques pos-
nir tout ou partie de la réduction. L'utilisation de la térieures. Utilisées comme des leviers, les fiches per-
table orthopédique peut être une aide précieuse. mettent de réaliser des manœuvres de réduction et,
La réduction est d'autant plus difficile qu'elle est une fois reliées entre elles, elles maintiennent la réduc-
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réalisée plus tardivement. L'intervention est donc pra- tion le temps de mettre en place des vis ilio-sacrées.
tiquée au mieux dans les 15 jours suivant le trauma-
tisme et la réduction est illusoire après 3 semaines, ce
qui explique la fréquence des cals vicieux.
Fractures du sacrum associées
La libération est réalisée avant la fixation pour éviter à une fracture de l'anneau pelvien
l'incarcération des racines lors de la fixation. Elles seront classées dans un premier temps selon la
Il est indispensable de disposer d'un amplificateur de classification de Tile modifiée par l'AO [9] et dans un
brillance performant en peropératoire. second temps selon la classification de Roy-Camille [4]
La réduction est le temps essentiel qui permet une s'il existe un trait transversal.
ostéosynthèse en bonne position. Elle est obtenue lors La réduction de la fracture de l'anneau pelvien se fait
de l'installation du patient, par manœuvres de traction– dans le plan frontal et dans le plan horizontal :
rotation du membre inférieur et de flexion–extension • lésion de Tile A : aucune manœuvre de réduction
de hanche selon le déplacement (ascension et/ou rota- n'est indiquée ;
tion d'un hémi-bassin), et par manœuvres peropéra- • lésion de Tile B : une manœuvre de réduction dans le
toires (compression–distraction à l'aide des implants). plan axial est nécessaire (ouverture/fermeture des ailes
62 H. PASCAL-MOUSSELLARD, C. HIRSCH, R. BONACCORSI
iliaques) ; elle associera des manœuvres externes (rota- • les fixations lombo-pelviennes (FLP) qui connectent
tion de hanche) et peropératoires (compression sacro- le rachis lombaire aux ilions ;
iliaque ou ilio-iliaque) ; • les fixations postérieures de l'anneau pelvien (FPAP)
• lésion de Tile C : il existe un mouvement de cisail- qui connectent les ailes iliaques au sacrum, avec ou
lement avec ascension d'un hémi-bassin dans le plan sans ostéosynthèse directe du sacrum.
frontal qui sera réduit par traction externe et dis-
traction lombo-pelvienne ou sacro-pelvienne peropé-
ratoire, tandis que le déplacement axial sera réduit Fixations lombo-pelviennes
comme dans une lésion de Tile B et la fracture trans- Montage lombo-bi-iliaque [14] (figure 5.6)
versale du sacrum sera réduite comme précédemment.
Installation
Le patient est installé en décubitus ventral sur quatre
Techniques coussins ou, mieux, sur table orthopédique.
L'amplificateur de brillance doit permettre les
Comme l'a proposé Bederman [13], nous considére- contrôles de face et de profil.
rons deux groupes de techniques chirurgicales :
Technique
L'abord est postérieur médian de L4 au sacrum, déga-
geant la face postérieure du sacrum jusqu'aux épines
iliaques postérieures.
L'instrumentation associe des vis pédiculaires L4 et
L5 à une ou deux vis dans l'épaisseur de l'os iliaque.
Une tige de diamètre 5,5 mm, galbée de façon à resti-
tuer la lordose lombo-sacrée de profil (figure 5.7), les
réunit. Les vis L4 et L5 sont verrouillées afin de pou-
voir réaliser une distraction segmentaire entre le bloc
L4–L5 et l'ilion, permettant de réduire la composante
frontale (cisaillement) de la fracture du sacrum et/ou de
l'anneau pelvien.
La même technique sera pratiquée du côté opposé en
cas de fracture verticale bilatérale du sacrum (U ou H).
Dans le cas contraire, seules des vis iliaques réunies
par une courte tige seront mises en place.
Figure 5.6. Montage lombo-iliaque. Deux dispositifs de traction transverse sont alors
Flèches : distraction verticale/contraction axiale. positionnés entre les deux tiges. Leur mise en compres-
A B
Figure 5.7 Montage lombo-iliaque : correction sagittale en préopératoire (a) et postopératoire (b).
Ostéosynthèse des fractures du sacrum et des luxations lombo-sacrées 63
sion ou distraction réduit le déplacement dans le plan Une ostéosynthèse antérieure peut être associée,
axial (compression fermant le bassin en arrière = rota- améliorant la stabilisation de l'anneau pelvien.
tion externe de l'aile iliaque, distraction le fermant en
avant = rotation interne de l'aile iliaque). Il faut éviter
de comprimer de façon excessive les fractures passant Fixations postérieures de l'anneau
par les trous sacrés. En cas de troubles neurologiques pelvien
préexistants, la libération radiculaire par laminecto- Montage sacro-iliaque de Beaujon
mie sacrée est effectuée avant la mise en place des dis- Bien décrite par Hofmann et al. [18], cette technique
positifs de traction transverses. s'applique essentiellement aux disjonctions sacro-
En postopératoire, ce montage très stable permet une iliaques, mais pourrait être étendue aux fractures en
mobilisation rapide du patient. L'ablation de matériel « U » lorsque le trait de fracture vertical épargne le
à distance est utile car il n'y a pas d'arthrodèse de la pédicule de S1. Elle présente l'avantage d'éviter la fixa-
charnière lombo-sacrée. tion de la charnière lombo-sacrée.
Le patient est installé en décubitus ventral sur table
Montage en triangulation (figure 5.8) [15] ordinaire ou sur table orthopédique.
L'incision est médiane postérieure centrée sur l'épi-
Les montages en triangulation associent une neuse de L5. Le tissu sous-cutané est décollé jusqu'à
ostéosynthèse lombo-pelvienne en distraction et la crête iliaque postérieure du côté de la lésion sacro-
un vissage sacro-iliaque unilatéral ou une plaque iliaque. L'articulation L5–S1 et la face postérieure du
trans-sacrée. sacrum jusqu'à S3 sont exposées. Latéralement, la
Le patient est installé en décubitus ventral. crête iliaque postérieure est dégagée sur une longueur
Le montage en triangulation débute par une fixation de 5 cm à partir de l'épine iliaque postérieure.
lombo-pelvienne (entre une vis pédiculaire L4 ou L5 et L'instrumentation associe d'une part une vis pédi-
l'aile iliaque homolatérale). culaire en S1 et une vis divergente en S2, et d'autre
Il peut être réalisé de façon unilatérale [16], mais part deux vis introduites dans l'épaisseur de l'os
nous préférons un montage bilatéral systématique (ne iliaque. Une tige de 5,5 mm de diamètre, munie de
prenant pas l'aile iliaque, mais le pédicule de S1 en cas deux connecteurs sacro-iliaques, réunit les deux vis
de composante frontale unilatérale). sacrées.
La réduction dans le plan axial se fait par compres- Les deux montages sont ensuite connectés. Cette
sion ou distraction entre les deux tiges. Elle est ren- technique permet de réaliser de la compression sacro-
forcée soit par une tige postérieure [17] réunissant iliaque et de prévenir l'ascension d'un hémi-bassin.
les deux ailes iliaques, soit au mieux pour nous par Les masses musculaires et la crête iliaque postérieure
vissage ilio-sacré complémentaire (éventuellement un recouvrent les implants, évitant leur saillie sous la
double vissage). peau. Il s'agit d'un montage mécaniquement stable.
Le montage pédiculo-iliaque décrit par Sar et
Kiricoglu [19] peut être considéré comme une variante
de cette technique. Il ne peut être réalisé qu'en cas
d'intégrité du pédicule de S1 et de la crête iliaque pos-
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A B C
D E
Figure 5.10 Planification, installation et repères de profil.
a. Plan de coupe. b. Coupe épaisse MPR. c. Installation. d. Radioscopie de profil : 1. détroit supérieur ; 2. grandes échancrures sciatiques.
e. Schématisation du point d'entrée (+ = point d'entrée idéal).
dylienne est très utile. Elle permet de : descendre Le premier temps est le repérage du point d'entrée
l'hémi-bassin sans transmettre de forces à l'articu- de la broche sur la table externe de l'os iliaque sur
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lation du genou ; réaliser la traction en flexion de l'incidence de profil (voir figure 5.10). Il correspond
hanche et du genou (pour détendre le nerf sciatique) ; à la projection du centre du corps de S1 et est marqué
positionner la hanche en rotation interne forcée afin sur la peau, ou mieux, repéré par une broche courte
d'entraîner l'aile iliaque dans un mouvement de fer- fichée dans la table externe. L'incidence de profil n'est
meture de l'anneau pelvien. plus utile par la suite.
En cas d'irréductibilité, un abord chirurgical peut La suite de l'intervention est réalisée sous contrôle
être réalisé par la fenêtre externe d'un abord ilio-ingui- radioscopique inlet/outlet, après avoir noté la pente
nal, donnant accès à la face antérieure du sacrum par sacrée sur le cliché de profil. Les limites antérieure et
voie endopelvienne. postérieure, ainsi que supérieure et inférieure du « che-
Le patient (ou son entourage chez un patient nal » dans lequel doit cheminer la broche correspondent
inconscient) doit être informé de cette éventualité en à des repères osseux prédéfinis sur les reconstructions
préopératoire. tomodensitométriques pour chacune des incidences.
Fixation. L'utilisation d'un ancillaire canulé facilite Les repères sont : la corticale antérieure et posté-
la mise en place d'une broche qui servira de guide pour rieure en inlet ; le premier trou sacré en outlet. En cas
le méchage, la mesure et le vissage définitif. d'anomalie transitionnelle ou de dysplasie, la vis peut
66 H. PASCAL-MOUSSELLARD, C. HIRSCH, R. BONACCORSI
Inlet Outlet
Plans de coupe
A B
Coupes épaisses MPR (aspect
radioscopique attendu)
C D
Installation
être placée entre les premier et deuxième trous sacrés croissant qui nécessitent une grande force de compres-
(figure 5.12). sion, seront plus volontiers à filetage long pour les
La progression de la broche filetée se fait au moteur fractures transversales du sacrum afin d'éviter l'impac-
lent, pas à pas (voir figure 5.11). Il y a parfois très peu tion du foyer de fracture, à risque neurologique.
de résistance en cas de comminution importante ou La mesure de la vis doit tenir compte de la com-
chez le sujet âgé. pression souhaitée et le serrage se fait sous contrôle
L'extrémité de la broche est fichée en os sain, après radioscopique. Une rondelle permet de mieux répartir
le passage du foyer de fracture, juste au-delà de la les forces sur la table externe.
limite planifiée. En cas de fracture en U ou en H, la Un scanner de contrôle sera systématique (figure 5.13).
broche peut être passée à travers l'aileron controlaté- Une vis dont l'intérêt mécanique serait rendu incertain
ral voire l'articulation sacro-iliaque contro-latérale ; par un trajet erratique, même asymptomatique, doit
un vissage bilatéral peut être justifié. être ôtée en raison du risque de déplacement secondaire.
Lors du méchage, il faut s'assurer de ne pas entraîner Des fragments osseux peuvent devenir conflictuels et
la broche filetée. justifier une neurolyse du tronc lombo-sacré.
Les vis, classiquement à filetage court (6 ou 8 mm) La mobilisation postopératoire dépend de la qua-
pour les disjonctions sacro-iliaques et les fractures en lité de l'ostéosynthèse ; dans les lésions de type Tile C
même bien réduites, 6 semaines de décharge sont jus-
tifiées. Le double vissage ou une ostéosynthèse trian-
gulaire permettraient une mobilisation plus précoce.
Les avantages majeurs de cette technique sont : le faible
encombrement du matériel, son faible risque infectieux et
sa réalisation possible en décubitus dorsal. Ceci autorise
la stabilisation associée de lésions antérieures : disjonc-
tion symphysaire, fracture du(des) cadre(s) obturateur(s).
A B C
D E F
Figure 5.13 Tile C avec fracture verticale en zone 2 : plaque symphysaire puis vissage.
68 H. PASCAL-MOUSSELLARD, C. HIRSCH, R. BONACCORSI
Oui À traiter comme une fracture – Tile A = idem à fracture en « U » isolée
de l'anneau pelvien : – Tile B et C =
– classée selon Tile • réduction plan horizontal (Tile B) et vertical (Tile C)
– priorité à la fixation de pour le bassin
la lésion postérieure en • réduction plan sagittal pour Roy-Camille types II et III
fonction de la réduction • décompression et fixation le plus souvent lombo-iliaque
(vissage ilio-sacré) +/- ou triangulation
ostéosynthèse antérieure
• en présence de lésions cutanées interdisant l'abord Une fracture de type I relève d'un traitement fonc-
chirurgical. tionnel. Un vissage ilio-sacré avec ou sans cimento-
Dans les autres cas, la réduction et la fixation chirur- plastie est discuté chez le sujet âgé ou ostéoporotique
gicale dépendent du type de fractures. afin de permettre une mobilisation précoce.
Il faut se poser deux questions : Les fractures de type II et III, fréquemment associées
• existe-t-il un trait transversal haut dans le sacrum ? à des troubles neurologiques et difficilement réduc-
oui/non ; tibles par manœuvres externes, relèvent d'un abord
• existe-t-il une fracture de l'anneau pelvien ? oui/non. chirurgical avec décompression et fixation (technique
Il existe alors trois cas de figure pathologique (voir de la Pitié, vissage sacro-iliaque bilatéral lorsque le
tableau 5.2). pédicule de S1 est préservé par les traits verticaux,
sinon montage lombo-iliaque). Si la réduction a été
obtenue par manœuvres externes, un vissage ilio-sacré
Pas de fracture sacrée transversale haute
peut être réalisé.
Il s'agit de fractures de l'anneau pelvien avec une frac-
ture du sacrum longitudinale passant en zone 1, 2 ou
3 de Denis. La fracture sera classée selon Tile pour Avec fracture de l'anneau pelvien
déterminer la manœuvre de réduction.
si la réduction est insuffisante. Les fractures de Tile C trans-iliaque ou en utilisant les deux voies de façon
nécessitent souvent une fixation lombo-iliaques. combinée. Au moindre doute, une biopsie peut être
réalisée avant injection de ciment. L'injection de
Fractures de fatigue et fractures ciment (type polymethyl methacrylate ou PMMA)
peut alors être réalisée sous contrôle radioscopique.
sur ostéoporose (figure 5.14 à 5.16) L'objectif est le remplissage sans extravasation de
Ces fractures sont l'indication préférentielle des tech- ciment. Un contrôle tomodensitométrique immédiat
niques d'injection percutanée de ciment (sacroplastie) est préférable.
qui peuvent être uni- ou bilatérales.
Le plus souvent réalisées sous simple sédation et
anesthésie locale, ces procédures sont pratiquées en
salle opératoire ou de radiologie interventionnelle.
Le patient est installé en décubitus ventral et la
région lombo-sacrée est préparée stérilement. Une
aiguille de 11 gauges est introduite dans le sacrum et
poussée à l'aide du maillet jusqu'au foyer de fracture.
L'aiguille peut être introduite par voie postérieure ou
A B
C D
Figure 5.16 Fracture sacrée sur ostéoporose.
a, b. En préopératoire.
c, d. Procédure de brochage percutané + cimentoplastie.
70 H. PASCAL-MOUSSELLARD, C. HIRSCH, R. BONACCORSI
Complications et résultats
Les complications sont très fréquentes (38 %) [6].
Les complications cutanées avec désunion et sup-
puration sont le fait de la chirurgie à ciel ouvert et
nécessitent une excision et une antibiothérapie.
Des fuites de liquide céphalorachidien (LCR) sont
possibles, nécessitant une ré-intervention. Elles sont
prévenues par une suture soigneuse du fourreau dural
et l'utilisation de colle biologique.
Les complications liées au matériel d'ostéosynthèse
(mobilisation de vis ilio-sacrée ou déplacement secon-
daire) et les douleurs sur matériel d'ostéosynthèse Figure 5.17 Vis : rapports nerveux.
1. sac dural ; 2. racine S1 ; 3. racine S1 ; flèche : compression du
peuvent justifier son ablation.
foyer de fracture.
Il semble qu'un peu moins de 50 % des patients pré-
sentant des troubles neurologiques récupèrent com-
D'autres complications ont été décrites de manière
plètement [6, 7] et que la récupération soit meilleure
anecdotique : faux anévrisme de l'artère fessière [31],
lorsqu'un geste de décompression est associé. Environ
lésions digestives [32], fuite de LCR [33], lésion
30 % des patients récupèrent incomplètement. Un syn-
urétérale [34].
drome périnéal complet semble avoir peu de chance de
récupérer [6].
Les cals vicieux sont dus soit à une impossibilité de Luxations lombo-sacrées
traitement initial dans des délais raisonnables, soit à
un défaut de réduction. Il faut signaler ici le cas par- Peu de cas ont été rapportés dans la littérature.
ticulier des fractures de Roy-Camille de type 2 et 3, Elles sont généralement le fait de traumatismes à
dont le défaut de réduction (cal vicieux dans le plan haute cinétique (chute d'un lieu élevé, accident de la
sagittal) peut entraîner une modification de l'inci- voie publique).
dence pelvienne du patient. La statique globale du Le mécanisme lésionnel comporte des forces de
rachis s'en trouve perturbée, avec des modifications compression, rotation, flexion ou extension [35, 36],
des courbures lombaires et dorsales dans le plan appliquées sur un bassin fixé.
sagittal. Elles touchent le disque L5–S1, rendant la charnière
Les complications spécifiques du vissage ilio- lombo-sacrée instable et sont presque systématique-
sacré [20] sont les suivantes : ment associées à des troubles neurologiques sévères.
• échec de réduction et déplacement secondaire : Elles sont généralement classées selon : l'étage
– cette ostéosynthèse peut s'avérer insuffisante dans lésionnel ; la direction de la luxation (antérieure versus
le plan axial, en l'absence d'ostéosynthèse anté- postérieure) ; le statut des parties molles (fermé versus
rieure : lésion symphysaire, fracture du(des) cadre(s) ouvert) ; le caractère complet ou incomplet de la luxa-
obturateur(s), tion ; la présence de fractures associées (luxation pure
– le taux de perte de correction est plus élevé que versus fracture–luxation).
Il est préférable de réaliser la réduction en pero- lésion articulaire L4–L5 (identifiée sur le scanner pré-
pératoire en utilisant la prise pédiculaire en L5 et en opératoire) ou du disque L4–L5 (identifiée sur l'IRM
s'aidant de modifications de position du patient sur préopératoire).
la table (cyphose/lordose), plutôt que de tenter des En cas de fracture associée du sacrum (trait trans-
manœuvres externes, à risque neurologique. S1), il est préférable de fixer les implants dans l'aile
La réalisation d'arthrectomies partielles ou totales iliaque (vis d'extension).
peut faciliter la réduction. Il est souhaitable de dis- La greffe osseuse provient du produit de la libéra-
poser d'une IRM préopératoire afin de bien évaluer tion osseuse, mais la surface de greffe peut s'avérer
la lésion discale et réaliser l'ablation d'une éventuelle insuffisante en cas de libération extensive (lamino-
hernie discale associée. arthrectomie de L5), poussant à l'arthrodèse
Même si de nombreuses techniques de fixation intersomatique.
ont été proposées (articulaire, interépineuse), le gold Celle-ci est controversée, mais elle est pour nous
standard est l'instrumentation pédiculaire de L5 et la règle dans ces lésions instables à fort risque de
S1, idéalement associée à une cage intersomatique pseudarthrose. Elle peut être réalisée par voie posté-
L5–S1. L'instrumentation de L4 peut être nécessaire rieure – posterior lumbar interbody fusion (PLIF) ou
pour faciliter la réduction de L5 en tractant celle-ci transforaminal lumbar interbody fusion (TLIF) – en
sur une tige fixée en L4 et S1 ou lorsqu'il existe une utilisant des cages, autorisant ainsi un seul temps
opératoire, ou par abord antérieur complémentaire
(anterior lumbar interbody fusion ou ALIF). Dans ce
dernier cas, il est impératif de disposer d'un angio-
scanner préopératoire afin de s'assurer de l'absence
de lésion vasculaire et de réaliser une embolisation si
nécessaire. Du fait du risque hémorragique, il est pré-
férable de réaliser ce second temps opératoire à dis-
tance du traumatisme initial.
La position assise basse est contre-indiquée 6 à
8 semaines. La fusion doit être contrôlée par scanner
entre les 3e et 6e mois.
Ce sont des lésions rares, pour lesquelles IRM et
Figure 5.18 Classification des luxations lombo-sacrées de Vialle. radiographies dynamiques en cas de doute diagnos-
a. Fracture–luxation bilatérale avec antélisthésis.
tique (formes frustes) sont nécessaires pour choisir le
b. Fracture–luxation bilatérale sans antélisthésis.
c. Fracture–luxation unilatérale. meilleur traitement.
d. Luxation rotatoire unilatérale. L'arthrodèse circonférentielle (voie postérieure ou
e. Luxation bilatérale avec translation. combinée) est la règle lorsque le disque est atteint
f. Luxation bilatérale avec antélisthésis. (IRM ou listhésis).
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A B
Figure 5.19 Luxation postérieure en préopératoire (a) et postopératoire (b).
72 H. PASCAL-MOUSSELLARD, C. HIRSCH, R. BONACCORSI
[34] Ruatti S, Courvoisier A, Eid A, Griffet J. Ureteral injury after [38] Vialle R, Charosky S, Rillardon L, et al. Traumatic dislocation
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184–201.
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75
B. Sonnery-Cottet
permettant de comparer les résultats de ces deux techniques.
Résumé De plus, il existe un risque de conflit entre un volume de tissu
Les ruptures partielles du ligament croisé antérieur (LCA) sont fibreux trop important et l'échancrure intercondylienne à l'ori-
connues depuis de nombreuses années, mais leur traitement reste gine d'un syndrome de cyclope.
discuté. La question est de savoir s'il vaut mieux préserver les Le but de ce travail est de : préciser les critères diagnostiques ;
fibres non rompues du LCA natif et le renforcer avec une greffe décrire une technique chirurgicale simple et reproductible assu-
ou les exciser et pratiquer une reconstruction de la totalité du rant un placement correct du tunnel fémoral sans libération
LCA. extensive de l'échancrure intercondylienne ; rapporter les résul-
Les résultats cliniques des reconstructions sélectives sont pro- tats cliniques des reconstructions partielles du LCA.
metteurs. De nombreux articles suggèrent que ces reconstruc-
tions partielles sont bénéfiques en termes de vascularisation et Mots clés : Ligament croisé antérieur. – Rupture partielle.
de proprioception. Forts de ces notions, de nombreux chirur- – Reconstruction sélective. – Faisceaux antéromédial et posté-
giens ont développé des techniques de reconstruction sélective rolatéral.
du LCA. Le placement correct du tunnel fémoral est essen-
tiel à la réussite à court et à long terme de ces reconstruc-
tions. Cependant, les études publiées ont deux limites : un
petit nombre de patients et une absence de groupe contrôle
Laximétrie
La difficulté d'affirmer le diagnostic de lésion partielle
Figure 6.3 Rupture faisceau : AM (a) ; PL (b). par le simple examen clinique a conduit à rechercher
dans la mesure instrumentale de la laxité une aide, à
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laxité était plus faible lorsqu'il existait un faisceau res- Nous sommes donc restés fidèles à la réalisation du
tant de bonne qualité. tunnel fémoral de dehors en dedans (out-in) dévelop-
L'arthromètre GNRB® [22], plus récent, permet une pée il y a longtemps par Chambat [24]. Cette tech-
détection des lésions partielles avec une bonne sensibi- nique permet de laisser le genou fléchi à 90°, ce qui
lité (80 %) et une bonne spécificité (87 %). optimise la visualisation des insertions ligamentaires.
Par ailleurs, la préservation des fibres non rompues
Arthroscopie du LCA est optimale puisque la mèche n'est pas pas-
sée dans l'échancrure intercondylienne mais vient de
Un faisceau d'arguments permet de suspecter le l'extérieur. Cette technique permet une reconstruction
diagnostic de rupture partielle du LCA mais seule sélective du faisceau rompu avec une préservation
l'arthroscopie exploratrice permet d'affirmer avec cer- optimale du faisceau non lésé.
titude le caractère complet ou incomplet de la rupture. Le genou est fléchi à 90° pour visualiser l'insertion
Il est donc impératif de bien comprendre l'anatomie fémorale du LCA. Cette dernière est très peu libérée.
de ses deux faisceaux et plus encore la cinématique Un guide fémoral spécifique est placé sous contrôle
du LCA au cours de la flexion afin d'optimiser cette arthroscopique, par la voie d'abord instrumentale
exploration arthroscopique [16, 18, 20]. antéro-médiale (figure 6.4). On peut également utili-
Elle montre une rupture partielle du LCA avec per- ser un guide fémoral dessiné pour être introduit par la
sistance de fibres reliant le fémur au tibia et s'attachant voie antéro-latérale et qui permet de mettre en place
au niveau des zones d'insertion fémorale et tibiale du des broches guides sous contrôle de la vue par la voie
LCA. L'exploration se fait de l'extension vers la flexion antéro-médiale (figure 6.5). Le guide est positionné sur
mais aussi en position de Cabot [19], afin de bien préci- l'insertion anatomique du faisceau rompu AM ou PL.
ser l'état des deux faisceaux et quantifier l'importance Pour toutes les reconstructions sélectives du faisceau
de la rupture partielle. L'état des ménisques et des sur- AM ou PL, et quel que soit le guide fémoral, nous
faces articulaires est également évalué. utilisons un RetroDrill® (mèche équipée d'un ergot
rabattable qui permet, une fois le tunnel central foré,
Technique opératoire de créer un tunnel borgne rétrograde ; la profondeur
souhaitée atteinte, l'ergot est rabattu et la mèche est
Avant l'intervention, un testing ligamentaire, incluant retirée) de taille adaptée à celle de la greffe. Ceci per-
la recherche d'un ressaut rotatoire, est réalisé sous
anesthésie générale afin de confirmer ou d'infirmer le
diagnostic de rupture partielle du LCA.
Le patient est installé en décubitus dorsal avec un
garrot pneumatique à la racine de la cuisse.
Le temps d'exploration arthroscopique confirme le
diagnostic de rupture partielle et quantifie l'impor-
tance de la rupture.
Tunnel fémoral
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Nous conseillons la réalisation de voies arthrosco-
piques hautes permettant de préserver le ligament de
Hoffa [23].
La voie antéro-médiale a été récemment développée,
mais il nous semble que la réalisation du tunnel fémo-
ral de dehors en dedans est la plus simple et la plus
reproductible pour les reconstructions sélectives. En
effet, par la voie antéro-médiale, le tunnel fémoral est
réalisé en flexion maximale, ce qui rend la visualisa-
tion de l'insertion fémorale du LCA souvent difficile,
d'autant que l'on préserve une partie du LCA. Cette
technique in-out nécessite donc une libération un peu
Figure 6.4 Guide fémoral out-in par la voie antéro-médial clas-
plus importante de l'échancrure intercondylienne. sique avec courte incision latérale.
Ruptures partielles du ligament croisé antérieur 79
Figure 6.5 Guide spécifique par la voie antéro-latérale. Repères Figure 6.6 Vue arthroscopique du guide tibial.
arthroscopiques d'un tunnel fémoral AM avec optique par la Genou à 90° de flexion (a). Vue améliorée par translation anté-
voie antéro-médiale (a). Cible du guide positionnée selon les rieure du Hoffa en positionnant le genou à 40° de flexion (b).
repères arthroscopiques (b).
Tunnel tibial
En fléchissant le genou à 40°, le ligament de Hoffa est
translaté en avant, ce qui permet de visualiser l'inser-
tion tibiale du LCA (figure 6.6).
Les fibres résiduelles du ligament croisé antérieur
(LCA) sont ensuite inspectées. Si elles ont cicatrisé en
nourrice sur le ligament croisé postérieur (LCP) ou sur
le condyle fémoral, elles sont soigneusement mobili-
sées en conservant toute leur enveloppe synoviale.
Le guide tibial est alors introduit par la voie antéro- Figure 6.7 Tunnel tibial pour une reconstruction sélective du PL
médiale et placé sur l'insertion du faisceau que l'on (a, b) ou du faisceau AM (c, d) avec préservation du faisceau
veut reconstruire, antérieur et médial pour le faisceau résiduel.
AM (figure 6.7c et d), postérieur et latéral pour le fais- CE : condyle externe.
ceau PM (figure 6.7a et b).
Ces reconstructions sélectives du faisceau AM ou PL
sont effectuées comme une reconstruction classique du La greffe est fixée au niveau du fémur par un bouton
LCA mais en préservant le faisceau supposé intact du et au niveau du tibia par une vis résorbable (figures 6.8
LCA. Afin de préserver les fibres non rompues, nous et 6.9). La fixation est réalisée le genou proche de
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Nous avons au total retenu 805 cas de reconstruc- Dans toutes les études, une amélioration significa-
tion partielle du LCA. Sur les 17 séries, cinq seulement tive des scores subjectifs et objectifs était retrouvée.
comportaient un groupe témoin où le LCA avait été Dans les cinq études avec groupe témoin, une a
excisé et une reconstruction standard réalisée [16–29] ; retrouvé une diminution significative de la laxité
les autres rapportaient les résultats d'une reconstruc- par rapport au groupe reconstruction standard [29].
tion sélective. Le nombre de patients de chaque série Aucune autre différence significative entre les diffé-
était généralement faible, avec seulement deux séries rents scores n'a été retrouvée.
de plus de 50 cas [16, 27]. Nous n'avons retrouvé qu'une seule étude multicen-
La reconstruction isolée du faisceau PL a été trique [16] de 168 reconstructions isolées du faisceau
beaucoup moins étudiée. Sur les 805 patients seule- AM avec préservation du faisceau PL : la reconstruc-
ment 145 ont eu une reconstruction du seul faisceau tion sélective du faisceau AM restaurait un genou
PL (20 %) et une seule étude ne concerne que cette stable et fonctionnel indépendamment de la greffe ou
technique [18]. de la technique utilisée.
En 2012, Pujol et al. [30] ont rapporté une étude mul-
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Park et al. [27] en 2012 ont comparé, dans une Ochi et al. [12] en 2009 ont rapporté à 2 ans les
étude prospective, la reconstruction sélective (55 cas) résultats de 45 reconstructions sélectives (37 AM et
à une reconstruction double faisceau de la totalité du huit PL), avec une excellente cicatrisation de la greffe
LCA (45 cas). Ils ne retrouvaient aucune différence en IRM.
sur la mobilité, les scores Lysholm, Tegner et IKDC. Il existe de grandes différences entre les protocoles
Il n'existait aucune différence significative entre les d'IRM et les méthodes d'évaluation des différentes
mesures de laxité. études.
Maestro et al. [26] en 2013 ont comparé la stabi- Une corrélation entre les résultats cliniques et l'IRM
lité après 39 reconstructions partielles (AM ou PL) était retrouvée dans une étude, avec ballonisation du
à celle de 36 reconstructions totales, mono-faisceau. tunnel fémoral minime, voire inexistante pour les
Le recul minimum était de 2 ans. Ils rapportaient de reconstructions du faisceau PL [18].
bons résultats des reconstructions partielles tant sur la Buda et al. [11] en 2008 ont rapporté les résultats de
translation que sur la rotation mais pas significative- 28 reconstructions partielles, selon le score IKDC et
ment meilleurs que dans le groupe contrôle. l'IRM. Le recul était de 15 à 40 mois. Le score IKDC
Fait intéressant, une étude [31] montrait des résul- moyen était de 93,8 ; 25 patients étaient classés excel-
tats satisfaisants après suture de la rupture partielle du lents et trois moyens. Il existait une bonne corrélation
LCA associée à une stimulation de la cicatrisation par entre le résultat clinique et l'aspect IRM avec dans tous
de la moelle osseuse obtenue par perforation de l'épi- les bons résultats cliniques une greffe continue et en
physe fémorale au niveau de l'échancrure intercondy- hyposignal et une absence de déformation du tunnel
lienne. Cependant, il s'agit de la seule étude utilisant tibial. Dans 79 % des cas, on pouvait reconnaître les
cette technique ce qui ne permet pas de conclure. fibres non rompues du LCA sur l'IRM postopératoire.
En 2013, Song et al. [32] ont fait une revue systéma- Dans une autre étude [33], il existait une corrélation
tique des séries de reconstruction sélective Elle regrou- entre la couverture synoviale de la greffe au moment
pait 546 patients provenant de 13 études, avec trois de l'intervention et l'index de « ligamentisation » sur
techniques différentes. Le recul moyen était de 28 mois. l'IRM postopératoire ainsi qu'une augmentation de
Dans sept études, il existait un groupe contrôle avec l'incidence de syndromes « cyclope like », c'est-à-dire
technique conventionnelle. Une seule étude a rapporté une image IRM évoquant un petit cyclope, mais sans
des résultats cliniques supérieurs pour la technique retentissement clinique.
sélective mais la méthodologie était imparfaite. Pour la série comprenant exclusivement des recons-
Une autre méta-analyse, plus intéressante, de Hu tructions isolées du faisceau PL [18], aucun cyclope
et al. [6] en 2014, ne comportait que des études compa- n'était retrouvé.
ratives avec reconstruction sélective versus technique
conventionnelle. Treize études y étaient été incluses. Évaluation arthroscopique
Dans deux études sur neuf, il existait une moindre
laxité résiduelle dans le groupe reconstruction sélec-
(second look)
tive, et dans une sur huit, les résultats sur le Lachman Trois études ont rapporté un second look arthrosco-
test et le pivot shift test étaient meilleurs. Dans les pique de reconstructions partielles du LCA [13, 19, 33]
études utilisant le score IKDC, il n'existait aucune dif- représentant un total de 64 patients. Une couverture
férence significative. À court terme, la technique sélec- synoviale correcte était rapportée dans 58 cas et une
de nombreux critères souvent subjectifs comme, par [16] Sonnery-Cottet B, Panisset JC, Colombet P, et al. Partial ACL
exemple, le test du ressaut rotatoire qui est très opé- reconstruction with preservation of the posterolateral bundle.
Orthop Traumatol Surg Res 2012 ; 98 : S165–70.
rateur-dépendant. L'utilisation de systèmes objectifs
[17] Yoon KH, Bae DK, Cho SM, et al. Standard anterior cruciate
d'évaluation tridimensionnelle de la laxité est néces- ligament reconstruction versus isolated single-bundle aug-
saire pour affiner ces résultats. mentation with hamstring autograft. Arthroscopy 2009 ; 25 :
Déclaration de conflit d'intérêt : B. Sonnery-Cottet 1265–74.
déclare être consultant pour Arthrex ; P. Colombet [18] Sonnery-Cottet B, Zayni R, Conteduca J, et al. Posterolateral
bundle reconstruction with anteromedial bundle remnant preser-
déclare être consultant pour SBM, Amplitude.
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with 24 months follow-up. Orthop J of Sports Med 2013.
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Place de l'arthroplastie
dans les fractures récentes
de la tête radiale chez l'adulte
N. BONNEVIALLE
N. Bonnevialle
A B C
Figure 7.1 En position neutre (a), le ligament annulaire n'est pas mis en tension, l'interligne radio-ulnaire proximal est visible.
En supination (b) et en pronation (c), la tête radiale oppose son plus grand diamètre à l'incisure radiale de l'ulna, et le ligament
annulaire est mis en tension, l'espace articulaire est fermé, d'après F. Duparc [9].
GD : grand diamètre ; PD : petit diamètre.
Place de l'arthroplastie dans les fractures récentes de la tête radiale chez l'adulte 87
20
40
Varus / Valgus
15 30
Abduction - deg
20
10 TR - LCU
TR+LCUP+LCUA
TR+LCUP 10
5 TR
INTACT
0
TR Section Résect. Prothèse
0 Intacte LCU TR
0 20 40 60 80 100 120 140
Flexion coude - deg Figure 7.4 Évaluation de la stabilité en valgus apportée par
les différents modèles de prothèses de TR.
Figure 7.2 Résultats de l'étude biomécanique de Morrey
et al. [10] rapportant l'importance de l'instabilité en valgus du
coude dans les différents degrés de flexion lorsque la TR est
réséquée, en association avec une section de ligament collaté- crâne, condyle médial, latéral et TR). La perception
ral ulnaire (LCU) et en particulier de faisceau antérieur (LCUA) d'un olécrane proéminent en arrière fait suspecter
ou postérieur (LCUP). une luxation du coude, la fracture de la TR pouvant
éventuellement s'intégrer dans le cadre d'une « ter-
rible triade » (fracture de la coronoïde et de la TR
associée à une luxation postéro-latérale du coude)
25 ou d'une fracture luxation proximale des deux os de
l'avant-bras.
20 Surtout, il faut rechercher les lésions associées à la
fracture de TR :
Abduction - deg
15
• une ecchymose médiale visible peut être le signe
Contribution d'une atteinte du LCU associée (figure 7.5) ;
de la TR • une douleur, un œdème de l'avant-bras et du poignet
10
sont en faveur d'une lésion de la membrane interos-
LCU
seuse (syndrome d'Essex-Lopresti).
5
Bilan d'imagerie
0
0 20 40 60 80 100 120 140 Il comprend des radiographies standard du coude
Flexion coude - deg de face, de profil et une incidence de la TR (profil
oblique à 45°, incidence de Greenspan) [14]. Il faut
LCU+TR LCUP rechercher avec une attention particulière des lésions
LCUP+LCUA Intact associées comme une fracture de la coronoïde. Le
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Classifications Médial
avec blocage mécanique ou incongruence articulaire. permettant une mobilisation précoce de l'articulation.
Le type III, caractérisé par une comminution, n'est pas Elle est ainsi une alternative à une ostéosynthèse diffi-
accessible à l'ostéosynthèse et nécessite soit une résec- cile ou à la résection arthroplastique.
tion, soit une prothèse (tableau 7.1) [18].
En dehors de la faible reproductibilité intra- et inter Fracture isolée multifragmentaire
observateur de ces classifications, leur principale fai-
blesse réside dans l'absence de prise en compte des de la tête radiale
lésions associées, pourtant retrouvées dans près de Ce caractère « isolé » est particulièrement difficile à
80 % des fractures multifragmentaires (en particulier affirmer avec certitude malgré les arguments cliniques
les fractures de type III) [2–4]. et paracliniques précités. Il s'agit le plus souvent de
La classification de la Mayo Clinic est exhaustive fractures en apparence isolée.
en ce sens et mérite d'être retenue (figure 7.10) [19]. De ce fait, en cas d'impossibilité de reconstruire la
Elle reprend la description de la fracture de TR de TR, la résection arthroplastique n'est pas recomman-
Mason et lui associe une lettre correspondant à une dable. En effet, il a été démontré qu'en cas de résec-
lésion associée, représentée par une majuscule si elle tion arthroplastique pour fracture multifragmentaire
est traitée. Par exemple, une fracture de TR de type III type III, il apparaît une migration proximale dans près
Lcm est une fracture de type III de Mason, avec rup- de 50 % des cas, une déviation en valgus du coude
ture du ligament collatéral radial réparée (L), fracture dans 30 % des cas et, à moyen terme, une arthrose
de la coronoïde (c) et rupture du ligament collatéral huméro-ulnaire secondaire dans 50 % des cas [21].
ulnaire (m) non traitées. L'arthroplastie prothétique est donc l'alternative
immédiate à l'ostéosynthèse stable, lorsque celle-ci est
Schéma thérapeutique impossible.
et indications
Terrible triade du coude
Les fractures de type I relèvent d'un traitement fonc-
tionnel et les fractures de type II d'une réduction et Cette triade associe une luxation postéro-latérale du
ostéosynthèse stable [2, 20]. coude, une fracture de la TR et une fracture du pro-
La prothèse de TR ne se discute que dans les frac- cessus coronoïde. La réduction simple étant souvent
tures de type III non ou difficilement accessibles à instable, un traitement chirurgical est justifié.
une réduction anatomique avec ostéosynthèse stable Son but est de reconstruire « à tout prix » la colonne
latérale du coude incluant TR et LCR, sous peine de
voir apparaître une instabilité postéro-latérale [13].
Il n'y a aucune place ici pour une résection de la TR
Tableau 7.1 lorsque l'ostéosynthèse est impossible. Il s'agit d'une
Modification de la classification de Mason
selon Hochkiss [18]
Type I Fracture de la TR ou du col du radius Classification de la Mayo Clinic
indication de prothèse de TR, associée à une ostéosyn- rôle de stabilisateur secondaire en valgus [10]. Enfin,
thèse de la coronoïde et à une réinsertion du LCR (au un taux élevé d'ostéolyses réactionnelles aux particules
niveau du pilier latéral, à l'aide d'ancres généralement de silicone (« siliconite ») et de fractures d'implant a
ou de points transosseux). L'abord médial pour réin- été rapporté, nécessitant une ablation plus ou moins
sertion du LCU se fait à la carte, si le coude est encore précoce de la prothèse, ce qui en fait un implant non
instable à l'issue de ce traitement [22]. recommandé actuellement [31].
A B C
Figure 7.11 Exemples d'implants : (a) modulaire à cupule mobile (bipolaire) ; (b) modulaire avec angle fixe d'orientation de la
tête en pyrocarbone ; (c) monobloc.
Source personnelle
• la restitution de l'épaisseur et du diamètre de la tête La préparation du radius très étroit doit être pru-
native ; dente pour éviter les microfractures du col. En cas de
• la restitution de la hauteur de la TR : un implant tige cimentée, un ciment à basse viscosité semble mieux
trop bas est à risque d'instabilité résiduelle du coude, adapté. L'obturation diaphysaire par un fragment de
et un implant trop haut génère une hypercontrainte tête ou un obturateur artificiel permet un scellement
condylienne excessive. Ce défaut de positionne- sous pression et évite les fuites distales de ciment.
ment est source de détérioration articulaire rapide Enfin, la mise en place de la prothèse ne garantit pas
et raideur douloureuse du coude, d'autant plus qu'il un coude et un cadre antébrachial stables, si les lésions
existe des lésions ostéochondrales traumatiques du associées ne sont pas traitées :
capitulum [37]. • pour prévenir une instabilité du coude, la réinser-
La reconstitution sur table de la tête native, comme tion du complexe ligamentaire collatéral radial sou-
dans un « puzzle », permet d'une part d'être sûr d'avoir vent détaché en proximal et des muscles épicondyliens
extrait l'ensemble des fragments intra-articulaires, latéraux sur ancres (ou points transosseux) est néces-
d'autre part de déterminer le diamètre d'implant le saire, notamment dans la cadre de la terrible triade, au
plus proche de la TR du patient (figure 7.13). même titre qu'une fixation de la coronoïde (si le frag-
Un contrôle fluoroscopique, prothèse d'essai en ment osseux le permet). Un abord médial complémen-
place, est recommandé pour confirmer ce choix. En taire pour réinsertion du LCU puis pose d'un fixateur
cas d'hésitation entre deux tailles, mieux vaut choisir externe si celle-ci ne suffit pas, peut s'avérer utile en
la plus petite des deux ! cas d'instabilité persistante (figure 7.15) ;
La restitution de la hauteur est la seconde difficulté • pour prévenir d'une instabilité du cadre antébra-
technique et elle doit être aussi rigoureuse que possible. chial due à un syndrome d'Essex-Lopresti, la sta-
Si le cadre antébrachial est instable (syndrome d'Essex- bilisation de l'articulation radio-ulnaire distale par
Lopresti), il faut d'abord réduire et fixer l'articulation brochage en supination, associée éventuellement à la
radio-ulnaire distale par brochage avant de choisir réparation du complexe triangulaire (triangular fibro-
l'implant et sa hauteur, pour ne pas être trompé par cartilage complex ou TFCC), est recommandée afin
une ascension anormale du radius par rapport à l'ulna. de permettre une cicatrisation de la membrane inter
Plusieurs repères anatomiques permettent d'aider au osseuse. Le diagnostic de syndrome d'Essex-Lopresti
bon positionnement en hauteur en s'aidant de la fluo- repose sur une imagerie préopératoire (échographie
roscopie (figure 7.14) : ou IRM) et surtout sur sa recherche peropératoire à
• alignement de la prothèse sur l'incisure ulnaire de l'aide du radius joystick test décrit par Soubeyrand
profil, sans la dépasser ;
• interligne huméro-ulnaire symétrique entre le ver-
sant médial et le versant latéral.
Le recours aux implants d'essai est indispensable,
afin de recouper le col du radius au niveau de l'inci-
sure radiale de l'ulna pour abaisser l'implant si celui-
ci est trop haut, ou d'augmenter la hauteur du col
prothétique grâce à la modularité de certaines tiges si
l'implant est trop bas.
Complications
Figure 7.15 Stabilisation du coude par fixateur externe dans le Descellement aseptique
cadre d'une instabilité postéro-latérale résiduelle après traite-
Il ne semble pas y avoir de corrélation entre le des-
ment d'une « terrible triade » avec remplacement prothétique,
réinsertion du ligament collatéral radial, de la coronoïde et du cellement de la tige et l'existence de symptômes. En
ligament collatéral ulnaire. effet, un liseré périprothétique est fréquent et peut
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A B
Figure 7.16 Joystick test décrit par Soubeyrand traduisant la présence d'une lésion de la membrane interosseuse [38].
Épaule en abduction rotation interne, et avant-bras en pronation, le col du radius saisi par une pince est tiré latéralement. Le test est
négatif (a) lorsque le radius reste immobile en regard du capitulum. Il est positif (b) lorsque le radius est mobile et se translate latéra-
lement.
94 N. Bonnevialle
Tableau 7.2
Principales séries de prothèses de tête radiale mises en place dans le cadre de fractures récentes
Référence N Type Flexion/ Pronation/ Force Résultat Recul
d'implant extension supination objectif moyen
(grip test satisfaisant
(°) (°) comparatif) (%) (années)
O'Driscoll. Le désassemblage de la cupule est alors Les lésions ostéochondrales du capitulum contem-
possible [26]. poraines du traumatisme initial ne sont pas rares et
Quoi qu'il en soit, le traitement de l'instabilité rési- s'aggravent du fait de l'hyperpression prothétique. Si
duelle après implantation d'une prothèse de TR est une érosion du capitulum apparaît radiologiquement,
basé sur celui des lésions ligamentaires et osseuses asso- l'ablation de l'implant permet de soulager des dou-
ciées, et non sur la reprise de l'implant lui-même qu'il leurs (figure 7.18).
faut conserver s'il est bien positionné. La pose d'un
fixateur externe pour neutraliser les forces luxantes
peut s'avérer utile pour protéger la cicatrisation. L'arthrose
L'arthrose du capitulum est liée d'une part au trauma-
tisme cartilagineux initial, d'autre part à l'augmentation
Hyperpression capitulo-radiale des contraintes sur ce compartiment par la prothèse et/
ou overstuffing ou la persistance d'une instabilité postéro-latérale.
L'hyperpression sur le condyle huméral par la prothèse Généralement, l'arthrose progresse et atteint le com-
de TR entraîne une raideur douloureuse du coude. partiment huméro-ulnaire ; l'ablation de la prothèse de
Elle est généralement la conséquence d'une erreur de TR semble accélérer cette évolution.
positionnement de la prothèse, le plus souvent trop
haute [1, 22, 37].
Cependant, même en cas de positionnement optimal,
Conclusion
la persistance d'une instabilité du cadre antébrachial La prothèse de TR s'intègre parfaitement dans la stra-
(syndrome d'Essex-Lopresti) avec non-cicatrisation tégie thérapeutique des fractures multifragmentaires
de la membrane interosseuse peut entraîner cette de la TR non accessibles à une ostéosynthèse fiable
hyperpression. (type III).
A B
Figure 7.17 Patient jeune, à 4 ans de recul d'une fracture complexe de la TR traitée par une prothèse bipolaire cimentée.
Malgré le bon résultat clinique (a), l'implant est descellé avec une bascule de la tige dans une chambre de lyse diaphysaire (b).
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A B
Figure 7.18 Érosion majeure du capitulum liée à un implant positionné trop haut (a) avec vue peropératoire (b) au moment de la
dépose de la prothèse.
96 N. Bonnevialle
La résection arthroplastique doit être évitée en [13] Mansat P. Instabilité traumatique du coude de l'adulte. In :
urgence, tant les lésions ligamentaires sont fréquentes Conférence d'enseignement 2002. Cahier d'enseignement de la
Sofcot no 79. Paris : Expansion Scientifique ; 2002. p. 141–62.
et risquent d'occasionner une instabilité du coude et/ [14] Greenspan A, Norman A. The radial head, capitellum view :
ou du cadre antébrachial. Les implants en silicone sont useful technique in elbow trauma. AJR Am J Roentgenol
déconseillés ; il est difficile d'affirmer la supériorité 1982 ; 138 : 1186–8.
d'un type de prothèses par rapport à un autre. [15] Soubeyrand M, Lafont C, Oberlin C, et al. The "muscular her-
La technique de pose doit être rigoureuse pour ajus- nia sign" : an original ultrasonographic sign to detect lesions
of the forearm's interosseous membrane. Surg Radiol Anat
ter la hauteur prothétique et éviter l'hyperpression sur 2006 ; 28 : 372–8.
le capitulum, source de douleurs et/ou raideurs, ou à [16] Mason ML. Some observations on fractures of the head of the
l'inverse une instabilité résiduelle. radius with a review of one hundred cases. Br J Surg 1954 ; 42 :
Le traitement des lésions associées est indispensable 123–32.
pour assurer la stabilité du coude. [17] Broberg MA, Morrey BF. Results of treatment of fracture-dis-
locations of the elbow. Clin Orthop Relat Res 1987 ; 216 :
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Remerciements [18] Hotchkiss RN. Displaced fractures of the radial head : inter-
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L'auteur remercie les professeurs P. Mansat et 1–10.
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© 2015, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
99
L. Obert
un abord articulaire ou une arthroscopie sont néces- faut restituer la longueur de la diaphyse radiale ;
saires pour réduire sous contrôle de la vue et fixer à une ostéosynthèse directe par plaque est préférable
l'aide d'ostéosynthèses miniaturisées : plaques de doigts, au fixateur externe qu'il faut éviter. C'est ici que les
broches filetées, vis (figures 8.5 à 8.8). longues plaques épiphysaires palmaires trouvent leur
En cas de perte de substance chondrale, certains ont place (figures 8.9 à 8.11) [10].
proposé : En cas de fracture de la styloïde ulnaire, le résultat
• un spacer en silicone au niveau de la perte de subs- est fréquemment mauvais surtout quand la fracture
tance, retiré entre 4 et 6 mois [9] ; est proximale ou déplacée. Il ne faut la fixer que s'il
• une greffe de cartilage costal, jamais réalisée en s'agit d'une fracture proximale avec instabilité radio-
urgence et qui est un ultime recours [9]. ulnaire. La fixation de ces petits fragments osseux est
néanmoins iatrogène malgré la miniaturisation des
implants.
Contrôle des lésions de l'articulation
radio-ulnaire
Dans ces fractures à haute énergie, il faut impérative-
ment chercher une extension des lésions à la diaphyse
et/ou à l'articulation radio-ulnaire.
En cas de fracture avec extension diaphysaire et
luxation de l'articulation radio-ulnaire (lésion de
Galeazzi), qui déstabilise le cadre antébrachial, il
Figure 8.6 Après un abord direct et une réduction par broches Figure 8.8 Résultats cliniques avec recul de 2 ans : il existe
de chaque fragment, une broche d'arthrodèse temporaire une raideur même si elle est compatible avec une utilisation
radio-ulnaire pour 6 semaines a été mise en place. quotidienne.
Lésions à haute énergie du poignet 103
Lésions associées
Il faut aussi rechercher et traiter en urgence des lésions
associées telles qu'une fracture du scaphoïde ou une
compression du nerf médian.
Luxations radio-carpiennes
Mécanisme, diagnostic et types
lésionnels
C'est Dumontier qui a réactualisé l'analyse et la prise
en charge des luxations radio-carpiennes [11]. Ces
lésions rares sont fréquemment dorsales, 5 à 6 fois
Figure 8.10 Ostéosynthèse par une longue plaque épiphysaire plus souvent que palmaires, et surviennent lors d'une
avec arthrodèse temporaire de l'articulation radio-ulnaire dis- chute d'un lieu élevé, d'un accident industriel ou de la
tale pour 6 semaines est le principe de traitement d'une telle voie publique.
lésion. La broche doit rentrer par la tête ulnaire et un contrôle Les luxations dorsales seraient le résultat d'une
sous amplificateur est indispensable. hyperextension, avec déviation frontale et rotation du
carpe sous le radius, l'hyperextension seule étant pro-
bablement incapable de générer une luxation radio-
carpienne. La composante de rotation génère des
lésions radio-ulnaires.
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Traitement
Toutes les luxations irréductibles, ouvertes ou avec
Une fixation stable des lésions osseuses et ligamen- Garcia Elias M, Mathoulin C, editors. Articular injury of the
taires est indispensable, en urgence ou dans les jours wrist FESSH Instructionnal course book. Stugart : Thieme
Publishers ; 2014. p. 105–10.
suivants selon l'état du patient. [10] Obert L, Lepage D, Sergent P, et al. Post-traumatic malunion
Des lésions associées sur le même membre ou des of the distal radius treated with autologous costal cartilage
lésions identiques controlatérales, dues à la haute graft : a technical note on seven cases. Orthop Traumatol Surg
énergie du traumatisme, doivent être systématique- Res 2011 ; 97 : 430–7.
ment recherchées. [11] Dumontier C, Meyer zu Reckendorf G, Sautet A, et al.
Radiocarpal dislocations : classification and proposal for
Il faut expliquer à ces patients jeunes qu'en dépit treatment. A review of twenty-seven cases. J Bone Joint Surg
du traitement chirurgical (réduction et fixation tem- Am 2001 ; 83 : 212–8.
poraire des interlignes articulaires intéressés, fixation [12] Wang GX, Zhu XJ, Wang ZG, Zhou HD. Operative treatment
osseuse et réparation ligamentaires), il ne retrouvera for adult patients with simultaneous fracture and dislocation
pas une mobilité normale du poignet. of ipsilateral elbow and radiocarpal joint : 3 cases report.
Zhongguo Gu Shang 2012 ; 25 : 345–7.
Cette raideur, variable d'un patient et d'une lésion [13] Lyas AM, Mudgal CS. Radiocarpal fracture-dislocations.
traumatique à l'autre, va de pair avec une arthrose J Am Acad Orthop Surg 2008 ; 16 : 647–55.
post-traumatique quasi constante. [14] Nyquist SR, Stern PJ. Open radiocarpal fracture-dislocations.
Déclaration de conflit d'intérêt : L. Obert n'a aucun J Hand Surg Am 1984 ; 9 : 707–10.
conflit d'intérêt en lien avec le présent article, mais [15] Herzberg G, Comtet JJ, Linsheid RL, et al. Perilunate disloca-
tions and fracture-dislocations : a multicentric study. J Hand
déclare avoir des liens d'intérêts avec les sociétés Surg Am 1993 ; 18 : 768–79.
FX solutions, Zimmer, Medartis, Evolutis, Biotech [16] Mayfield JK, Johnson RP, Kilcoyne RK. Carpal dislocations :
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F. Loisel, E. Jardin, N. Gasse, D. Lepage n'ont aucun Surg Am 1980 ; 5 : 226–41.
conflit d'intérêt en lien avec le présent article. [17] Clément P, Laulan J, Sicre G. Les lésions triquétro-lunaires
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113
Matériovigilance
et traçabilité
P. TRACOL
P. Tracol
Introduction Historique
La chirurgie orthopédique est très dépendante du maté Plusieurs dates jalonnent l'histoire de la matério
riel. Le grand essor des dispositifs médicaux (DM) au vigilance :
cours des 30 dernières années a été source d'immenses • 1987 : création de la Commission nationale
progrès. En contrepartie, ces dispositifs sont de plus en d'homologation qui devait identifier les dispo
plus sophistiqués et peuvent défaillir. sitifs potentiellement dangereux nécessitant une
La sécurité des patients exige le dépistage rapide de autorisation de mise sur le marché. La procédure
tout dysfonctionnement d'un DM afin de prendre les prévoyait que le fabricant signale tout accident ou
mesures nécessaires, il s'agit de la matériovigilance. dysfonctionnement grave survenu avec un produit
Cette sécurité implique également la nécessité de retra homologué ;
cer le chemin d'un dispositif tout au long de sa durée • 1990 : première directive européenne sur les dispo
de vie, c'est la traçabilité. sitifs médicaux ;
• 1996 : naissance officielle de la matériovigilance, la passant par les prothèses articulaires. Le nombre de
Commission nationale d'homologation étant rempla produits commercialisés se situe entre 1 et 2 millions,
cée par : avec autant de références, pour un chiffre d'affaires de
– la Commission de matériovigilance initialement 20 milliards d'euros [1].
rattachée au ministère de la Santé puis à l'Agence
française de sécurité sanitaire des produits de santé
(Afssaps) en 1998, Homologation
– le G-Med créé à la même date pour assurer la
surveillance de la mise sur le marché des produits La réglementation et l'homologation des DM ont
de santé conformément aux règles européennes du débuté avec la directive européenne 90/385/CEE [2]
marquage CE ; complétée en 1993 par la directive 93/42 C [3]. Celle-ci
• 1998 : création de l'Afssaps ; a défini les conditions d'utilisation des DM et a intro
• 2012 : remplacement de l'Afssaps par l'Agence duit la notion de « nouvelle approche » à l'échelle
nationale de sécurité du médicament et des produits européenne. Ainsi, la résolution européenne du 7 mai
de santé (ANSM). 1985 [4] a imposé la libre utilisation des dispositifs
Parallèlement, la SOFCOT organise la matériovigi dans la communauté économique européenne (CEE) à
lance avec notamment : deux conditions :
• l'AVIO (Association pour la vigilance en matière • les normes édictées doivent assurer une garantie de
d'implants orthopédiques) de 1994 à 1999 ; qualité conforme ;
• le GEDIM (Groupe d'étude des dispositifs médi • chaque autorité membre doit s'assurer de la sécurité
caux) de 1999 à 2006 ; sur son territoire.
• ORTHORISQ : organisme agréé d'accréditation des Cette résolution implique une confiance mutuelle
chirurgiens orthopédistes depuis 2007 ; entre les États membres.
• la commission matériovigilance de la SOFCOT Rapidement, la réglementation, extrêmement com
depuis 2012. plexe, impose à la Commission européenne d'éditer
Il est impossible de parler matériovigilance et tra une série de guides à l'attention des fabricants et des
çabilité sans évoquer la notion de DM car ces trois états membres (guide MEDDEV ou Guidelines rela-
notions sont intimement liées. Pour des raisons didac ting to medical devices directives) [5].
tiques, cet exposé comportera trois parties : Enfin, en matière de DM, il n'y a pas d'autorisa
• le dispositif médical ; tion de mise sur le marché (AMM). Les conditions
• la matériovigilance ; d'utilisation sont laissées sous la responsabilité
• la traçabilité. des entreprises, tandis que les pouvoirs publics se
concentrent sur des actions d'encadrement, de surveil
lance des marchés et des incidents.
Dispositif médical (DM)
Définition Classification des dispositifs
médicaux [3]
Le Code de la santé publique (articles L. 52211-1 et
Son but est d'éviter que ne se reproduisent des inci d'avoir entraîné la mort ou une grave dégradation de
dents graves mettant en cause des DM en prenant des l'état de santé d'un patient, de l'utilisateur, ou d'un
mesures préventives ou correctrices appropriées. tiers. Ceci inclut notamment une ré-intervention
Elle repose sur le signalement obligatoire des chirurgicale, la survenue de séquelles importantes,
incidents, une circulation rapide des informations une hospitalisation ou une prolongation de l'hospi
ainsi qu'un enregistrement et une centralisation des talisation. Les patients peuvent également signaler un
déclarations. incident à l'ANSM directement. Dans les établisse
Son champ d'application est extrêmement vaste, ments, le signalement se fait auprès du correspondant
elle concerne tous les DM, les consommables à usage local de matériovigilance de l'établissement de santé
unique ou non, les équipements, les implants actifs et (CLMV).
passifs (art. L. 5212 du Code la santé publique). Le risque encouru en cas de non-déclaration d'un
incident de matériovigilance est de 4 ans d'emprison
nement et 75 000 € d'amende (art. L. 546-2 du Code
Organisation de la matériovigilance de la santé publique) [16].
(art. R. 5212-4 du Code de la santé Le rôle du CLMV est fondamental : il est l'intermé
diaire entre l'ANSM et les utilisateurs. Il enregistre
publique) et valide tout incident déclaré par un utilisateur, il
En France, elle a été confiée à l'ANSM [15]. recommande le cas échéant les mesures conservatoires
Elle repose sur le principe de la déclaration des inci à prendre, il signale les incidents à l'ANSM et informe
dents, avec comme corollaire le risque de sous-déclara les fabricants des événements. Il doit donc être clai
tion. Toutefois, le taux de déclaration est en constante rement identifié dans l'établissement, connu des pro
amélioration, traduisant la prise de conscience des fessionnels et facilement joignable par une procédure
professionnels (figure 9.1). appropriée.
La matériovigilance est organisée en trois niveaux,
local, national et européen. L'enquête préliminaire
Échelon local Le CLMV est chargé de mener l'enquête préliminaire
afin de prendre les mesures conservatoires éventuelle
Elle est organisée autour des établissements de santé, ment nécessaires.
des fabricants, ainsi que de toute personne ayant Il dispose pour ce faire d'un arbre décisionnel qui lui
connaissance d'un incident ayant entraîné un risque est fourni par l'ANSM au dos du formulaire CERFA
pour elle-même ou un tiers. Tous les incidents graves de déclaration (figure 9.2).
ou risques d'incident grave doivent être déclarés sans
délai auprès de l'ANSM (art. L. 5212-2 du Code de
la santé publique). Les autres incidents peuvent être La déclaration
déclarés de façon périodique. On définit par incident
Celle-ci se fait à l'aide de la fiche CERFA disponible
grave toute situation ayant entraîné ou susceptible
sur le site Internet de l'ANSM.
Elle doit être rédigée rapidement, de la manière la
Appréciation de la gravité
Nature des conséquences cliniques observées ? -décès
-menace du pronostic vital
-incapacité permanente ou importante
Conséquences observées non graves ou
Conséquences observées graves -hospitalisation ou prolongation d’hospitalisation
pas de conséquence (risque d’incident)
-nécessité d’intervention médicale ou chirurgicale
-malformation congénitale
OUI NON ayant rempli sa fonction n’ayant pas rempli sa fonction Gravité ?
Fréquence incident ? Gravité ? Fréquence incident ? Gravité ? Non grave ou risque non grave Risque grave
Pas de Déclaration Déclaration Déclaration Pas de Déclaration Déclaration Déclaration Pas de Déclaration Déclaration
déclaration facultative facultative obligatoire déclaration facultative facultative obligatoire déclaration facultative obligatoire
D E F G H I J K L M N
de santé. Il est le correspondant privilégié de l'ANSM en Elle est chargée d'évaluer la sécurité d'emploi, l'ef
cas d'enquêtes ou travaux intéressant les DM. ficacité et la qualité des produits médicaux. Elle en
assure la surveillance et conduit des inspections sur
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En matière de DM, l'ANSM a pour mission de : • d'un point d'information de l'ANSM ;
• enregistrer et évaluer les incidents et risques d'inci • de la diffusion d'alertes auprès des correspondants
dent qui lui sont déclarés ; de matériovigilance des établissements ;
• informer le ou les fabricants concernés ; • d'une diffusion sur le site Internet ou par voie de
• demander toute enquête complémentaire y compris mailing auprès des abonnés et les CLMV.
auprès du CLMV ;
• prendre les décisions nécessaires ;
• informer les États membres de la Commission Échelons européen et international
européenne. La matériovigilance à l'échelle européenne repose sur
la directive 2007/47/C modifiant la directive 93/42/
CEE [18]. Il est spécifié que :
Évaluation des dossiers • les fabricants doivent mettre en place et tenir à jour
une procédure systématique d'examen des données
Elle repose sur deux modes d'expertise complémen
acquises sur le DM depuis sa production, et mettre
taires :
en œuvre des moyens appropriés pour appliquer les
• interne par des évaluateurs appartenant à l'agence ;
mesures correctives nécessaires. Cet engagement com
• externe par des experts mandatés.
prend l'obligation pour le fabricant d'informer les
L'évaluation des dossiers se fait en trois étapes :
autorités compétentes d'éventuels incidents dès qu'il
enregistrement, évaluation, retour d'information.
en a connaissance ;
L'évaluation doit permettre de classer les évé
• les États membres adoptent les mesures nécessaires
nements en quatre groupes de gravité croissante
pour que les informations portées à leur connais
(figure 9.3) : mineur, spécifique, majeur, critique,
sance concernant les incidents liés à un disposi
en fonction de trois facteurs : la fréquence, la gra
tif soient enregistrées et évaluées selon un système
vité ainsi que la détectabilité selon la méthode
centralisé [13].
AMDEC (analyse des modes de défaillance et de
Le Medical Device Expert Group (MDEG) est le
leur criticité).
principal groupe de l'UE dans le secteur des dispo
Le retour après traitement peut être :
sitifs médicaux [19]. Plusieurs publications émanent
• une décision de police sanitaire prise par la direc
du MDEG ou de sous-groupes du MDEG, notam
tion générale de l'ANSM sous forme d'actions cor
ment le COEN (COmpliance and ENforcement
rectrices envers le fabricant (rappels, modifications,
group) chargé d'organiser la surveillance du marché
retrait) ;
européen [1].
• des informations ou recommandations générales
Enfin, l'International Medical Device Regulators'
concernant un ensemble de DM.
Forum (MDRF) a été créé en octobre 2011. Cette orga
Il n'y a pas de retour d'information direct auprès
nisation réunit des représentants des autorités compé
du déclarant, celui-ci se fait en principe par l'intermé
tentes de différents pays (Europe, États-Unis, Canada,
diaire du site Internet de l'ANSM sous la forme :
Australie, Japon) ainsi que des représentants de l'in
dustrie afin de discuter de nouvelles orientations et de
l'harmonisation de la législation concernant les DM.
– auprès des fabricants : analyse des explants incri Que faire du dispositif incriminé ? Il est recommandé
minés par un bureau indépendant, reprise de tous aux professionnels de conserver le dispositif, de ne pas
les plans de conception et assemblage de l'interface le remettre au fabricant, sauf demande expresse de
tête–col, l'ANSM. Il doit par contre être remis pour une exper
– en externe : nomination d'un groupe d'experts tise judiciaire.
désignés par la SOFCOT ; Faut-il informer le fabricant ? Ce n'est pas une obli
• 10 août 2001 : 56 ruptures. Décision du directeur gation mais il est recommandé de lui faire parvenir
de l'Afssaps de suspendre toutes les têtes en céramique pour information une copie de la déclaration. Dans
de zircone. Inspection du site de production et mise en tous les cas, il sera averti par l'ANSM.
évidence d'une non-maîtrise de la fabrication suite à
une modification des processus de cuisson ;
• août 2001– mai 2002 : réflexion d'un groupe
d'experts céramistes et orthopédistes. Le groupe Traçabilité
conclut que les éléments présentés par le fabricant
sont insuffisants et que la suspension ne peut pas Définition
être levée ;
La traçabilité est définie comme étant l'ensemble
• juillet 2002 : décision de sécurité sanitaire avec
des procédures et des contrôles permettant de suivre
retrait du marché et interdiction d'utilisation des têtes
l'historique d'un produit depuis sa fabrication jusqu'à
en céramique de zircone.
son administration au patient [20]. Selon la norme
ISO 8402, il s'agit de « l'aptitude à retrouver l'histo
La matériovigilance en pratique rique, la localisation ou l'utilisation d'une entité, au
moyen d'identifications enregistrées ». Elle est régie en
Qui doit déclarer ? Tous les professionnels de santé France par le décret du 29 novembre 2006 qui fixe des
exerçant à titre libéral, indépendants ou salariés ont règles particulières de matériovigilance pour certains
obligation d'informer l'ANSM de tout incident de DM [21].
matériovigilance rencontré au cours de leur exer La traçabilité fait partie des droits fondamentaux
cice professionnel. La non-déclaration d'un incident des patients : « Toute personne a le droit d'être infor
expose à des sanctions pénales. mée sur son état de santé. Cette information porte sur
Que déclarer ? Tout comportement anormal d'un les différentes investigations, traitements ou actions
DM, à l'exception des conséquences d'un mésusage. de prévention qui sont proposés. (…) Lorsque, pos
Par exemple, une révision anormalement précoce térieurement à l'exécution des investigations, traite
et inexpliquée d'une prothèse articulaire doit être ments ou actions de prévention, des risques nouveaux
déclarée. sont identifiés, la personne concernée doit en être
Comment déclarer ? Les praticiens exerçant en éta informée, sauf en cas d'impossibilité de la retrouver. »
blissement de santé peuvent alerter directement leur (Art. L. 1111-2, loi no 2002-303 du 4 mars 2002.)
CMLV qui assurera la déclaration auprès de l'ANSM. La notion de traçabilité concerne essentiellement
Cette information devra être tracée. Il est possible les DM implantables, elle a pour objectif d'identifier
de déclarer directement à l'ANSM avec l'imprimé rapidement les porteurs de DM lorsqu'une action de
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Cerfa téléchargeable à l'adresse Internet suivante : rappel est nécessaire et d'identifier les DM chez les
https://www.formulaires.modernisation.gouv.fr/gf/ patients en cas d'incident. Elle repose sur le numéro
cerfa_10246.do Fin 2015, un portail commun des de lot.
vigilances verra le jour, simplifiant la procédure.
Pourquoi déclarer ? Un incident unique n'aura pas
d'intérêt pour la collectivité, cependant, la multiplica
Différents types de traçabilités [20]
tion du même incident permet d'alerter les tutelles et Il existe cinq types de traçabilités, sanitaire, financière,
de mettre en œuvre les mesures sanitaires nécessaires. logistique, juridique et scientifique :
Il s'agit donc d'un devoir civique vis-à-vis de tous nos • la traçabilité financière concerne les DM rembour
collègues et des patients. sés hors groupe homogène de soins (GHS) qui figurent
Quelles sont les suites de la déclaration ? S'il ne s'agit sur la liste des produits et prestations facturées en plus
pas d'un incident critique nécessitant une réaction (liste des produits et prestations remboursables ou
immédiate, l'ANSM enverra au déclarant un récépissé, LPPR). De cette traçabilité découle le remboursement
l'incident sera inscrit dans une base de données. En cas des frais engagés par l'établissement pour l'acquisition
de fréquence élevée, une enquête sera diligentée. du dispositif [22] ;
120 P. Tracol
chaque niveau d'emballage du DM et fournir les infor [3] Directive 93/42/C CEE du Conseil du 14 juin 1993 relative
mations sur l'IU afin d'alimenter la base EUDAMED. aux dispositifs médicaux. Journal Officiel des Communautés
européennes L. 169 du 12/07/1993.
• Les importateurs et les distributeurs doivent véri [4] Résolution du conseil du 7 mai 1985 concernant une nouvelle
fier les IU apposés par les fabricants et enregistrer l'IU approche en matière d'harmonisation technique et de norma
des DM qu'ils détiennent dans leurs propres systèmes lisation. Résolution du conseil 85/C 136/01. Journal Officiel
d'information ainsi que les références des acheteurs du des Communautés européennes C. 136 du 4/06/1985.
dispositif. Les importateurs doivent en plus s'assurer [5] European Commission. DG health and consumers. Guidelines
on a medical devices vigilance system ; January 2013 MEDDEV
que l'IU a bien été enregistré dans EUDAMED. 2.12-1 rev 8.
• Les établissements de santé doivent enregistrer l'IU [6] Arrêté du 20 avril 2006 fixant les règles de classification des
des DM qu'ils ont acquis et être en mesure d'établir, dispositifs médicaux, pris en application de l'article R. 5211–7
pour certains types de DM, un lien entre un dispositif du Code de la santé publique.
utilisé et un patient. Ils devront se donner les moyens [7] Directive 2005/50/CE de la commission du 11 août 2005 :
reclassifications des prothèses articulaires de la hanche
de lire les étiquetages et de communiquer avec la base du genou et de l'épaule dans le cadre de la directive 93/42/
de données internationale. CEE relative aux dispositifs médicaux. Journal Officiel des
La mise en place de l'IU sera effective aux États-Unis Communautés européennes L. 210 du 12/08/2005.
pour les dispositifs de classe III dès 2015. L'objectif à [8] European Commission. DG health and consumers. Guidelines
l'échelon européen est de rendre obligatoire l'IU dès relating to the application of the council directive 93/42/e.e.c
on medical devices. June 2009. MEDDEV 2.4/1 Rev 9.
2017 pour tous les DM. [9] European Commission. DG health and consumers. Clinical
evaluation : a guide for manufacturers and notified bodies ;
Décember 2009. MEDDEV 2.7.1 Rev 3.
Conclusion [10] Regulation of the European Parliament and of the council on
medical devices, and amending Directive 2001/83/EC, Regulation
Que de chemin parcouru en 25 ans ! Grâce à l'opiniâ (EC) No 178/2002 and Regulation (EC) No 1223/2009.
treté de quelques chirurgiens pionniers et précurseurs, [11] European Parliament. Amendments adopted by the European
Parliament on 22 October 2013 on the proposal for a regula
les pouvoirs publics ont pris conscience de l'impor tion of the European Parliament and of the Council on medi
tance de la matériovigilance et de la surveillance des cal devices, and amending Directive 2001/83/EC, Regulation
DM. (EC) No 178/2002 and Regulation (EC) No 1223/2009,
Aujourd'hui, la matériovigilance est parfaitement COM/2012/0542 - C7-0318/2012 - 2012/0266(COD).
structurée à l'échelle nationale et européenne, avec [12] Fouretier A, Bertram D. New regulation on medical devices in
Europe : What to expect. Expert Rev Med Devices 2014 ; 11 :
une participation active des professionnels de santé. 351–9.
La nouvelle réglementation européenne a amélioré la [13] Sorenson C, Drummond M. Improving medical device regula
sécurité autour des DM, de l'innovation et du mar tion : the United States and Europe in perspective. Milbank Q
quage CE. 2014 ; 92 : 114–50.
D'autres défis attendent la communauté des chirur [14] Décret nº 96–32 du 15 janvier 1996 relatif à la matériovigi
lance exercée sur les dispositifs médicaux et fixant les missions
giens orthopédistes : l'exhaustivité des déclarations des correspondants locaux : articles R. 665–48 à R. 665–64.
de matériovigilance qui va nécessiter toujours plus de Journal Officiel du 17/01/1996.
pédagogie, mais surtout le développement de registres [15] Décret nº 2012–597 du 27 avril 2012 relatif à l'Agence natio
de prothèses, seul moyen de connaître exactement nale de sécurité du médicament et des produits de santé. JORF
la sinistralité des dispositifs que nous utilisons au no 0102 du 29/04/2012, p. 7653, texte no 12.
sitifs médicaux et modifiant le code de la santé publique. JORF [25] Recommandations à l'attention des fabricants de dispositifs
no 278 du 1/12/2006, p. 18096, texte no 37. médicaux concernés par la mise en place des règles de traçabi
[22] Décret no 2005–1023 du 24 août 2005 relatif au contrat de lité précisées par le décret du 29 novembre 2006 et l'arrêté du
bon usage des médicaments et des produits et prestations men 26 janvier 2007. ANSM ; novembre 2007.
tionné à l'article L. 162–22-7 du Code de la sécurité sociale. [26] Communication from the commission to the European
JORF du 26/08/2005. Parliament, the Council, the European Economic and Social
[23] Décret no 2002–637 du 29 avril 2002 relatif à l'accès aux Committee and the Committee of the regions. Safe, effec
informations personnelles détenues par les professionnels et les tive and innovative medical devices and in vitro diagnostic
établissements de santé en application des articles L. 1111–7 medical devices for the benefit of patients, consumers and
et L. 1112–1 du Code de la santé publique. JORF no 101 du healthcare professionals. Brussels, 26/9/2012 COM(2012)
30/04/2002, p. 7790, texte no 8. 540 final.
[24] Arrêté du 26 janvier 2007 relatif aux règles particulières [27] Regulation of the European Parliament and of the Council
de la matériovigilance exercée sur certains dispositifs médi on medical devices, and amending Directive 2001/83/
caux, pris en application de l'article L. 5212–3 du Code de la EC, Regulation (EC) No 178/2002 and Regulation (EC)
santé publique. JORF no 35 du 10/02/2007, p. 2567, texte No 1223/2009 Brussels, 26.9.2012 COM(2012) 542 final
no 26. 2012/0266 (COD).
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125
Comment informer
en orthopédie et traumatologie
Connaissances fondamentales, encadrement
médico-légal et recommandations pratiques
P. GLEYZE, H. COUDANE P. Gleyze
celle qui régit les relations entre les hommes et positif, se construit la communication corticale et
l'éthique particulière, celle qui est liée aux soins) et abstraite (néo-cortex) de l'échange par l'apprentis-
donc à l'information [10]. Le praticien se doit pour sage et la compréhension des données échangées [14]
cela d'être exemplaire aux yeux du patient parce
que son pouvoir soignant lui a été concédé par la
société [2, 10–12]. La loi y est donc particulièrement
Les textes et recommandations
attentive et, de ce fait, le droit du patient à savoir est
désormais une donnée constitutive de faute médi-
La loi du 4 mars 2002 :
cale et de perte de chance, comme nous le verrons. un nouveau régime
de responsabilité médicale
Les incidences pratiques d'un défaut Les textes à connaître sont la loi du 4 mars 2002 et le
d'information Code de déontologie médicale.
Un patient non informé sur une opération est un Loi du 4 mars 2002
patient qui a peur, qui a des doutes sur le praticien
tout autant que sur sa capacité personnelle à assumer La loi du 4 mars 2002 [1], dont les articles ont été
l'épreuve que constitue cette opération. Le manque intégrés au Code de la santé publique, contient tous les
d'informations contribue largement au nomadisme, articles relatifs à l'information (encadré 1) et en par-
à la surmédicalisation de réassurance, à la baisse de ticulier l'article L. 1141–2 qui stipule que « toute per-
l'observance, aux ruptures thérapeutiques pouvant sonne a le droit d'être informée sur son état de santé.
décompenser d'éventuelles comorbidités, aux recours Cette information porte sur les différentes investiga-
médico-légaux [5, 7–9], à la déresponsabilisation, aux tions, traitements ou actions de prévention qui sont
surcoûts économiques, etc. Plus que le défaut d'infor- proposés, leur utilité, leur urgence éventuelle, leurs
mation, c'est souvent un défaut de considération qui conséquences, les risques fréquents ou graves nor-
est ressenti par le patient [10]. malement prévisibles qu'ils comportent ainsi que sur
les autres solutions possibles et sur les conséquences
prévisibles en cas de refus ». La loi précise également
Les bénéfices attendus clairement l'obligation d'information du patient en
cas d'infection nosocomiale (art. L. 1144–4) et l'obli-
de l'information du patient gation faite au praticien et/ou à l'établissement de
Un patient bien informé sera plus actif, aura une meil- santé d'apporter la preuve qu'il(s) a(ont) bien exécuté
leure image de son praticien, de son établissement et son(leur) devoir d'information (art. L. 1111–2).
du système de soins en général. Il acceptera également
mieux les complications éventuelles et leur prise en Code de déontologie médicale
charge par le praticien [13].
Le décret no 95–1000 du 5 septembre 1995 portant
sur le Code de déontologie médicale [3] comporte un
Neuroscience de la communication certain nombre d'articles relatifs à l'information et au
degré de maturité s'agissant des mineurs, soit tenu d'apporter une information au patient dans son
à leurs facultés de discernement s'agissant des domaine, qu'il soit prescripteur ou exécutant. Il est
majeurs sous tutelle. ». important qu'une coordination se mette en place au
Article L. 1144–4 : « Toute personne victime sein de l'équipe médicale afin, d'une part, que l'en-
ou s'estimant victime d'un dommage imputable semble des informations soit transmis à l'ensemble de
à une activité de prévention, de diagnostic ou l'équipe et que, d'autre part, il existe un échange entre
de soins, ou ses ayants droit si la personne est les constatations de chacun des intervenants [16].
décédée ou le cas échéant son représentant légal, Ainsi, les risques encourus au cours de l'intervention
doit être informée par le professionnel, l'établis- doivent être annoncés par le chirurgien orthopédiste et
sement de santé, les services de santé ou l'orga- les risques inhérents à la prise en charge anesthésique
nisme concerné sur les circonstances et les causes par le médecin anesthésiste. Cette prise en charge glo-
de ce dommage. Cette information lui est délivrée bale est clairement rappelée dans l'article 64 du Code
au plus tard dans les 15 jours suivant la décou- de déontologie médicale [3] : « Lorsque plusieurs
128 P. GLEYZE, H. COUDANE
médecins collaborent à l'examen ou au traitement avec leur fréquence de survenue, leurs modalités thé-
d'un malade, ils doivent se tenir mutuellement infor- rapeutiques, leur évolution habituelle, la possibilité de
més ; chacun des praticiens assume ses responsabilités séquelles, etc. » [1, 15].
personnelles et veille à l'information du malade. » Si l'on reprend l'exemple d'une prothèse totale de
hanche, l'information doit porter sur les risques de :
blessure vasculaire, lésion nerveuse, fracture, mal-
Le(s) destinataire(s) de l'information position prothétique, maladie thromboembolique,
Le destinataire de l'information est le patient lorsqu'il infections nosocomiales, saignement, hématome, com-
est en état de la recevoir et d'exprimer sa volonté. À plications cardiaques ou respiratoires (pouvant entraî-
défaut, le médecin peut se retourner vers un proche ou ner la mort), hépatites transfusionnelles, luxation,
vers son entourage (art. 34, 35 et 36 du Code de déon- escarres…
tologie) ou avoir recours à la personne de confiance, Dans les complications tardives, il faut particulière-
correspondant à un « interlocuteur nouveau » (art. 11 ment insister sur la possibilité de l'« usure » et de la
de la loi du 4 mars 2002 et art. L. 1111–6 du Code de « fracture de la prothèse » qui, qu'elle qu'en soit la
la santé publique). cause (vice de pose ou défaut de fabrication), peut
Il existe des cas particuliers que nous verrons plus entraîner la mise en jeu de la responsabilité du chirur-
loin : l'urgence, le patient mineur, le patient privé de gien qui a réalisé l'intervention.
liberté, le patient sous une mesure de sauvegarde de Il ne faut pas occulter non plus le risque « mortel »,
justice. tout comme les risques « moindres » mais dont la
répercussion fonctionnelle peut être ressentie comme
un véritable handicap (inégalité de longueur par
Quand et comment informer ? exemple).
L'information doit être donnée au calme, au cours La Haute Autorité de santé (HAS) recommande que
d'un entretien individuel (art. L. 1111–2 de la loi du le contenu de l'information sur les complications soit
4 mars 2002), dans un lieu adéquat (bureau de consul- basé sur des données validées (par la SOFCOT par
tation), et surtout à distance « raisonnable » de la date exemple), mais demande aussi de privilégier la pré-
prévue pour la prothèse totale de hanche. sentation des bénéfices attendus de l'intervention par
Ce délai « raisonnable » n'est pas normé mais peut rapport à ses risques [4].
être considéré comme devant être de l'ordre de 4 à Enfin, l'information doit rester compréhensible, ce
8 semaines. qui pose le problème du niveau de compréhension des
L'information ne prend pas fin à l'issue de la consul- patients [6] et en particulier des patients étrangers et
tation, elle doit être continue, permanente et répétée, des « malentendants ».
en particulier en cas de complications secondaires ou
d'événements indésirables [7, 8, 15].
La preuve de l'information :
Le contenu de l'information : elle revient au chirurgien
une source de conflit Preuve, présomption, témoignage
Une mention précisant que ceux-ci ont été dictés L'usage de documents d'information référencés, vali-
devant le patient et remis à ce dernier est un élément dés par des experts, établis avec le concours de sociétés
de preuve intéressant ; savantes et reprenant point par point les thèmes obli-
• des brochures informatives remises au patient ; gés de l'information préopératoire (cf. infra la consul-
• voire une citation de témoins « impartiaux » sur le tation informative) permet de compléter utilement
comportement habituel du chirurgien à la fois dispo- l'information orale (voir annexe 1) [4, 19].
nible et communicatif. Ces documents doivent faire l'objet d'une actualisa-
Toutefois, aucun de ces éléments ne fait intervenir tion fréquente, car toute fiche qui serait non conforme
directement le patient et n'aura donc jamais la même aux données acquises de la science orthopédique
valeur d'engagement que la signature d'un formulaire pourrait susciter la poursuite tant civile que pénale
de reconnaissance d'information (attestation d'infor- des rédacteurs, des diffuseurs et/ou des utilisateurs.
mation) et/ou de consentement éclairé, à la condition Ceci reviendrait en effet à dispenser une information
expresse que ces derniers aient été librement obtenus inexacte, sauf à considérer que l'utilisateur la corrige
dans les conditions optimales et démontrant clairement verbalement et de façon manuscrite.
que le délai de réflexion a été respecté (fourni à la date
de la consultation « informative » et signé à une date
ultérieure).
L'évaluation de la qualité
Le consentement éclairé peut reprendre les formula- de l'information
tions de la loi et du Code de déontologie (« j'ai bien
Elle peut s'envisager à trois niveaux : celui du patient,
bénéficié d'une information loyale, claire et appropriée,
celui des praticiens et celui des juges.
etc. »). Son principe est de préciser de manière « géné-
rique » les attendus de la loi (« j'ai bien bénéficié d'une
information dont le contenu correspond aux recom- Évaluation par le patient
mandations, dans des conditions appropriées, avec un Les travaux sur le sujet sont rares. Giraudet-Lequintrec
délai de réflexion raisonnable et ce document en atteste, et al. [20] ont montré toute l'ambiguïté des comporte-
etc. »). ments des patients « souhaitant être informés de tous
Mais un consentement éclairé ne peut être consi- les risques sans pour autant être inquiétés ».
déré que comme un énoncé de principe validé par le Une information parcellaire (type résumé d'infor-
patient car il ne peut pas, contrairement à une attes- mation recto verso) peut avoir un impact négatif sur
tation d'information citant des documents référencés, la relation avec le praticien, car elle génère spontané-
apporter la preuve du contenu de l'information four- ment de la défiance (49 % des cas) [13]. Ceci est dû
nie ni donner la traçabilité des conditions de cette au fait que si l'on ouvre les portes de la réflexion au
information. patient et que celui-ci, une fois seul, ne peut avoir de
La conjonction d'un document signé et d'un faisceau réponses à des interrogations et des inquiétudes ini-
d'éléments indiquant une « ambiance » de pratique tiées par ce début de connaissance, celles-ci deviennent
informative représente le « maximum » que le praticien vite incontrôlables, en particulier si elles sont associées
peut fournir comme éléments de preuves [7, 8, 17, 18]. à des recherches personnelles non encadrées (Internet,
les voisins, certains confrères…).
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complications (il saura quoi faire) et rend le patient dire, en clair, le dossier médical dont la constitution
plus actif dans le processus de soins [13]. et la tenue revêtent un caractère réglementaire [1,
L'application des recommandations en matière 4, 7–9, 15, 17, 21]. Le patient a désormais un accès
d'importance du contenu de l'information et de sa direct à son dossier médical (art. L. 1111–7 du Code
compréhension est impossible en pratique orale exclu- de la santé publique) : il y cherchera (comme l'expert)
sive (il faudrait 3 heures d'entrevue pour une prothèse parfois vainement la notion de traçabilité de l'infor-
de hanche) [13, 19], ce qui oblige à la compléter par mation… Nous reviendrons sur ce point.
des supports destinés à prolonger la consultation, à Deux techniques d'indemnisation sont possibles :
condition que ceux-ci soient validés et maîtrisés par • dans un premier cas, le patient recherche l'indemni-
le praticien. sation globale du préjudice ;
Lors du congrès de la SOFCOT en 2000, Savornin • dans le second, il recherche l'indemnisation du pré-
et al. [21] rapportaient que la moyenne des informa- judice né du défaut d'information par l'application de
tions assimilées par une série d'opérés concernant les la théorie de la perte de chance, qui a tendance à pros-
complications chirurgicales détaillées lors des consul- pérer à partir du moment où les autres moyens sont
tations préopératoires était seulement de 28 % lors inefficaces.
de la première consultation postopératoire, ce qui Ainsi dans le contexte actuel, le dossier médical ne
confirme les travaux de Ghrea, Dumontier et al. [22]. peut plus se contenter d'être un élément nécessaire au
Lors du meeting de l'AAOS en 2002, il était indiqué suivi médical des patients. Les pièces qu'il contient, et
que ce taux de complications mémorisées n'était que sur lesquelles nous reviendrons, doivent pouvoir un
de 37 % dans l'étude anglaise de Zubairi et al. [23]. jour servir à son information, à apporter la preuve que
Enfin, l'étude canadienne de Mohamed et al. [24] l'information a bien été donnée, ou à justifier le fait
indiquait que 45 % des patients ayant participé à une que l'information n'a pas été donnée.
très sérieuse étude randomisée étaient incapables de
décrire les risques qui leur avaient été présentés orale- Cas particuliers
ment et par écrit.
Les risques nouveaux identifiés
L'article L. 1111–2 du Code de la santé publique
Évaluation des pratiques professionnelles prévoit que « lorsque, postérieurement à l'exécution
Dans le cadre de sa mission d'évaluation des pratiques des investigations, traitements ou actions de préven-
professionnelles, la HAS qui recommande « la mise en tion, des risques nouveaux sont identifiés, la personne
place d'une évaluation régulière des pratiques fondée concernée doit en être informée, sauf en cas d'impossi-
sur des enquêtes auprès des patients afin de savoir si bilité de la retrouver ».
une information leur a été donnée et de quelle manière La loi ne donne aucun délai de prescription de cette
et sur l'analyse rétrospective des dossiers médicaux obligation et oblige, par là, à assurer un véritable sys-
afin de vérifier que l'information y figure ». tème de veille, de traçabilité et de suivi qui prend toute
L'information des patients est obligatoire mais elle sa valeur dans le suivi des dispositifs médicaux (c'est-
n'est certainement pas effectuée par tous [5–8, 12]. à-dire des prothèses).
Les avocats le savent et en cas de plainte pour une
Pensées «subliminales» : Je veux/ne veux pas être opéré Mon avenir travail/loisir? Le risque? Quelle heure est-il? Oui mais c’est un accident de travail!
LE PATIENT
IMPACT
Positif : Il est bien Il sait Il me respecte Oui c’est cela Oui mon problème est...
Négatif : Il ne me plaît pas Il n’est pas sûr Il m’agresse Il ne s’occupe pas de moi Je ne peux pas dire
ACTIONS CLÉS : DISPONIBLE 2sec dans les yeux RALENTIR Passion MONTRER INTÉRÊT
LE PRATICIEN
FORMULATIONS : Bonjour, Quel âge, etc... Allongez-vous Votre organe, 1.Vous vous demandez peut être si...
Installez-vous Votre atteinte 2. Avez-vous des questions particulières?
Les alternatives, etc...
Figure 10.1 Support oral : la consultation soignante, modalités pratiques d'échange des informations.
explicite que cette information est d'ordre général et disponibilité ; il existe désormais des techniques permet-
ne peut se substituer à l'information qui sera donnée tant au chirurgien de s'approprier ou d'apprendre ces
par le praticien en cas de procédure opératoire. notions comportementales nouvelles [14, 27].
• Première consultation orale « informative ». L'information constitue un nouvel état d'esprit qui
• Remise d'un contenu complémentaire d'informa- doit s'adapter aux nouvelles conditions sociétales :
tion sous format papier, électronique ou par un accès cette obligation légale doit devenir une préoccu-
en ligne sur une plate-forme dédiée et sécurisée [6, pation permanente, témoin d'une réelle volonté de
28] et comportant des éléments de démonstration de notre part. Elle impose une nouvelle organisation
la personnalisation de l'information (identifications, et l'exécution de démarches nouvelles qui visent à
attestations, annotations, etc.). obtenir un dossier médical dans lequel tous les élé-
• Signature éventuelle d'une « attestation d'informa- ments constitutifs de l'information ont une place
Il ne faut pas avoir peur de cette notion d'informa- [2] Rauch R. Histoire de la santé. Coll Que sais-je ? Paris : PUF ;
tion même si elle a bouleversé nos conditions d'exer- 1995.
[3] Article 35 du Code de déontologie médicale a été modifiée par
cice professionnel et ne pas la réduire à une prévention le décret no 2012–694 du 7 mai 2012.
exclusive d'un risque médico-légal, même si nos assu- [4] HAS. Guide méthodologique : élaboration d'un document
reurs nous y poussent. écrit d'information à l'intention des patients et des usagers du
L'Art du Soin, c'est un Homme meilleur pour des système de santé. Paris : HAS ; 2005.
soins meilleurs [27]. L'homme meilleur se construit [5] Delaunay C, de Thomasson E. Sinistralité en chirurgie ortho-
pédique, état des lieux et perspectives. Rev Chir Orthop 2006 ;
dans l'échange avec l'autre. L'information du patient 92(suppl. no 5) 2S157-2S168.
qui va être opéré en est l'opportunité la plus extraor- [6] Picard R. Rapport Technologies et connaissances en santé.
dinaire mais aussi la plus obligée et la plus efficace No 2012/11/CGEIET/SG. Conseil général de l'économie, de
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qui nous est offerte. Nous n'avons rien à perdre mais l'industrie, de l'énergie et des technologies. Ministère de l'In-
tout à gagner à y consacrer chacun un peu de temps et dustrie déc. 2013.
[7] Hureau J. Le devoir médical d'information, le consente-
d'intelligence [31]. ment ou le refus éclairé. In : Hureau J, Poitout D, editors.
Déclaration de conflit d'intérêt : P. Gleyze est le fon- L'expertise médicale en responsabilité médicale et en répara-
dateur et le gérant de la société d'édition Persomed tion du préjudice corporel. 2e éd Paris : Masson ; 2006. p.
Multimédia Santé dédiée à l'information des patients 171–852e éd.
et éditrice de l'Encyclopédie multimédia des gestes [8] Revol M, Marie Servant M. Manuel de survie du chirurgien.
Montpellier : Sauramps Médical ; 2006.
médicaux et des opérations chirurgicales (appel à pro- [9] Panorama du risque médical. Rapport annuel Groupe
jet e-santé 2 – investissements d'avenir, fonds de soli- MACSF ; nov. 2014.
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134 P. GLEYZE, H. COUDANE
à celle recommandée pour la population générale, estimation diagnostique d'infection du site opératoire
c'est-à-dire annuelle. Dans cette population, le risque (ISO), la symptomatologie infectieuse étant moins évi-
infectieux lié aux actes pratiqués en cabinet den- dente chez les sujets âgés [48].
taire doit être relativisé. Il existe en effet beaucoup
plus de bactériémies induites par les actes de la vie
quotidienne (brossage dentaire, mastication) que par Sexe
des soins dentaires [43]. Ainsi, l'antibioprophylaxie Les données démographiques suggèrent que le sexe
n'est plus indiquée lorsqu'un geste bucco-dentaire masculin expose à une augmentation du risque
est réalisé chez un patient ayant une prothèse articu- infectieux [31].
laire [44]. En effet, le risque d'IPA n'est pas diminué par
l'antibioprophylaxie et l'analyse des bénéfices/risques
et du coût est en défaveur d'une antibioprophylaxie Prédisposition génétique
systématique [45].
Une prédisposition génétique à l'ISO pourrait exis-
ter, due à une prévalence plus élevée de certains gènes
Lésions cutanées codant des protéines impliquées dans la résorption
Il est important de prendre en compte le nombre et osseuse et un polymorphisme génétique de la réponse
la qualité des cicatrices préexistantes, la présence d'un immunitaire [49, 50]. Il n'existe aucun test de dépis-
lymphœdème, d'une trophicité cutanée médiocre, tage actuellement.
d'une vascularisation altérée ou d'un excès de tissu
adipeux. Néanmoins, l'évaluation du risque infectieux Antécédents locaux
de ces états est subjective.
De toute évidence, les foyers infectieux cutanés évo- Des antécédents chirurgicaux locaux et notamment
lutifs (érysipèle, ulcère ou folliculite) sont une contre- les reprises d'arthroplasties augmentent le risque
indication à une arthroplastie tant que ces lésions ne d'IPA [40, 51, 52], probablement par l'allongement
sont pas cicatrisées, car une infection hématogène ou de la durée opératoire, l'altération des tissus péri-arti-
par contiguïté est possible. Une prise en charge derma- culaires ou la méconnaissance d'une infection. Toute
tologique préalable est nécessaire. reprise d'arthroplastie étant suspecte d'infection, il est
Il semble que l'eczéma et l'intertrigo ne constituent prudent de réaliser systématiquement une documenta-
pas un facteur de risque s'ils sont secs et non infectés ; tion microbiologique.
le risque lié au psoriasis est discuté [46, 47].
Obésité °
Diabète °
Anticoagulation efficace ° ° Âge
Intoxication tabagique ° ° Sexe masculin
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Le risque infectieux étant persistant et évolutif toute [15] Berrou J, Fougeray S, Venot M, et al. Natural killer cell func-
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Nouvelles méthodes
de gestion de la douleur
en chirurgie ambulatoire
M. BEAUSSIER, D. SCIARD, A. SAUTET
M. Beaussier
toire [23]. Plusieurs travaux montrent clairement la trouve une indication privilégiée dans la chirurgie de la
corrélation entre le développement de la pratique de cheville et du pied, permettant une reprise plus simple
l'ALR et le succès des interventions majeures du genou de la déambulation et réduisant le risque de chute par
et de l'épaule en ambulatoire [24]. rapport à des blocs nerveux du membre inférieur plus
Ces techniques d'ALR doivent évoluer et suivre le étendus [32]. Ainsi, l'injection d'un mélange de ropiva-
développement de la chirurgie vers le « mini-invasif » caïne, morphine et AINS au niveau du site opératoire
afin de conserver un rapport bénéfice/risque favorable procure une analgésie significative après chirurgie de
pour les patients. L'analgésie locorégionale évolue ainsi l'hallux valgus [33]. Ces mélanges de produits antal-
rapidement. La technique du repérage échographique giques utilisés en infiltration répondent le plus souvent
des nerfs procure actuellement un taux de succès à des habitudes locales et sont mal codifiés. À ce jour,
proche de 100 % avec des délais plus courts d'instal- il n'existe pas que très peu de preuves formelles de l'in-
lation des blocs et une réduction des risques associés térêt de produits adjuvants en complément aux anes-
(injection intravasculaire, blessure nerveuse…). thésiques locaux pour l'infiltration. Sur l'infiltration
Cette nouvelle technique de « repérage échoguidé » per- d'une cicatrice cutanée, l'intérêt de l'adjonction d'un
met également de réaliser des blocs nerveux auparavant AINS à la bupivacaïne est controversé et ne semble pas
plus difficiles à pratiquer. Ainsi, il est désormais possible être supérieur à l'administration systémique du même
de repérer aisément des troncs nerveux distaux afin de anesthésique local [34, 35]. L'adjonction d'adrénaline
procurer une analgésie plus sélective en conservant la en infiltration a été préconisée par certains afin d'aug-
motricité des membres. Ces blocs distaux semblent par- menter la durée d'action de l'anesthésique local et de
ticulièrement intéressants pour la chirurgie de l'extrémité réduire le saignement local. Avec les anesthésiques
du membre supérieur. Ainsi, lors d'un bloc axillaire, la locaux de longue durée d'action, tels que la ropiva-
réalisation d'un blocage sélectif distal avec un anesthé- caïne, le bénéfice de l'adrénaline est faible, voire inexis-
sique local de longue durée d'action au niveau des ter- tant pour les fortes concentrations [36]. En revanche,
ritoires concernés par la chirurgie elle-même offre une l'infiltration locale d'adrénaline expose au risque de
analgésie prolongée et un confort important aux patients nécrose cutanée en cas d'injection superficielle, et
opérés en ambulatoire de la main ou du poignet [25]. d'instabilité hémodynamique due à la résorption systé-
Ce concept s'applique également à l'analgésie après mique (hypertension, mais aussi hypotension artérielle
chirurgie du membre inférieur. Le bloc des segments des faibles concentrations). Pour ce qui concerne l'ins-
infrapatellaires du nerf saphène permet une analgésie tillation intra-articulaire, le bénéfice de la morphine
efficace après arthroscopie du genou, sans aucune fai- associée à la bupivacaïne par rapport à la bupivacaïne
blesse musculaire du quadriceps et avec un impact fonc- seule est prouvé, notamment sur les douleurs à la
tionnel positif allant jusqu'à plusieurs semaines après la 24e heure postopératoire [37]. De même, l'intérêt des
chirurgie [26]. Dans la chirurgie percutanée de l'hallux AINS semble plus net en instillation intra-articulaire
valgus en ambulatoire, les blocs distaux du pied sont qu'en infiltration cutanée [38].
d'une grande efficacité et permettent une déambulation Les durées d'action de ces blocs nerveux péri-
plus rapide qu'un bloc proximal du nerf sciatique [27]. phériques et des techniques d'infiltration locale en
Les techniques d'infiltration d'un anesthésique local, injection unique sont limitées. Elles ne couvrent le
dans une cicatrice ou une articulation, permettent plus souvent que les 12 à 24 premières heures pos-
un blocage de l'influx douloureux à son origine, au topératoires, ce qui est insuffisant pour certains actes
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niveau même du site opératoire, sans blocage moteur. chirurgicaux, mettant les patients dans une situation
Elles sont pratiquement dépourvues d'effets indé- difficile lorsque la douleur à la levée du bloc, surve-
sirables et sont donc particulièrement indiquées en nant à domicile, n'a pas été anticipée [39]. Plusieurs
ambulatoire [28]. Après ligamentoplastie du genou, solutions sont envisageables afin d'augmenter la
l'infiltration locale, combinant injection cicatricielle durée d'action de ces techniques. La mise en place
et injection intra-articulaire, est aussi efficace qu'un d'un cathéter périnerveux permettant la poursuite de
bloc fémoral [29]. La chirurgie de décompression du l'analgésie sur plusieurs jours est une solution adap-
nerf médian au canal carpien peut être réalisée sous tée qui apporte un bénéfice démontré par rapport à
infiltration locale [30]. L'infiltration intra-articulaire l'injection unique d'un anesthésique local [40]. Cette
en injection unique (pour éviter le risque de toxicité technique, qui est encore paradoxalement peu utilisée,
sur le cartilage) d'un mélange d'anesthésique local ne pose plus de problème technique grâce au repérage
de morphine et d'AINS permet une analgésie de très échographique [41]. La prolongation de cette analgé-
bonne qualité sans aucune répercussion musculaire sie locorégionale sur 2 à 3 jours permet d'accélérer la
après arthroscopie du genou [31]. L'infiltration locale réhabilitation postopératoire après chirurgie majeure
152 M. BEAUSSIER, D. SCIARD, A. SAUTET
en ambulatoire [42, 43], avec des effets bénéfiques Il est recommandé de fournir aux patients des
pouvant s'étendre jusqu'à 7 jours après une inter- ordonnances antalgiques dès la consultation afin qu'ils
vention sur l'épaule, supérieurs à ceux des patients puissent disposer de ce traitement dès leur retour à
n'ayant eu qu'un bloc par injection unique [44]. Il a domicile sans avoir à ressortir de chez eux le jour de
été montré que la gestion à domicile de ces dispositifs l'intervention [7].
analgésiques était réalisable, économiquement intéres- La compréhension par le patient du déroulement et
sante et sûre [45, 46]. des enjeux de la prise en charge ambulatoire est un
La mise en place d'un cathéter permet également critère majeur de réussite. Pour les sujets âgés, le rôle
de prolonger la durée d'une infiltration cicatricielle. de l'accompagnant est primordial. Ce dernier doit être
Ceci a été démontré dans la prise en charge de la dou- présent lors de la délivrance des informations.
leur d'une prise de greffon iliaque [47] ou de la dou- La réalisation des blocs nerveux se fera au mieux dans
leur cicatricielle après intervention sur le genou ou la un espace spécifique (salle de pré-induction) afin de ne
hanche [48]. Cependant, la chondrotoxicité des anes- pas retarder le programme opératoire et occuper inuti-
thésiques locaux administrés en continu en intra-articu- lement les salles d'opération. Compte tenu des durées
laire a été incriminée dans la survenue de chondrolyses de réalisation parfois longues, notamment des blocs du
de l'épaule et doit par conséquent être formellement membre inférieur, il faut anticiper leur programmation.
évitée dans cette indication, mais probablement égale- Contrairement à des idées encore fortement répan-
ment pour toutes les autres articulations [49, 50]. dues, il est désormais possible, et même recommandé,
L'adjonction de dexaméthasone, par voie intravei- de laisser un patient sortir de l'unité d'ambulatoire
neuse ou périnerveuse, permet de prolonger signifi- avec un bloc nerveux fonctionnel, qui lui garantit une
cativement la durée d'un bloc nerveux périphérique analgésie [7]. Toutefois, cela doit s'accompagner d'une
et a, en outre, des effets anti-émétiques et stimulants information sur l'évolution temporelle de ce bloc (anti-
particulièrement bénéfiques dans le contexte de l'am- cipation du relais analgésique) et sur la prévention des
bulatoire [51]. Actuellement, ce bénéfice de la dexa- risques éventuels liés à ce blocage (blessure…). Pour
méthasone remet en cause certaines indications de la chirurgie du membre inférieur, l'apprentissage préo-
cathéters analgésiques périnerveux, par exemple dans pératoire du béquillage est particulièrement important
la chirurgie du pied [32] ou de l'épaule [52]. pour assurer la sécurité du patient.
Le développement d'anesthésiques locaux de longue La gestion des dispositifs de perfusion périner-
durée d'action (72 à 96 h), comme la bupivacaïne veuse continue à domicile ne pose pas, le plus sou-
encapsulée dans des liposomes, couvrant les premiers vent, de problème [45, 55], sous réserve d'une bonne
jours postopératoires après une seule injection en information et compréhension des patients [56].
infiltration locale [53], permettra également d'obtenir Toutefois, cette technique est encore peu utilisée, d'une
une analgésie optimale et prolongée, particulièrement part car d'autres solutions se développent, mais aussi
adaptée à l'ambulatoire, comme cela a été montré du fait de certaines craintes et difficultés organisation-
pour la chirurgie du pied [54]. nelles. En effet, dans notre expérience, environ 25 %
des patients ayant l'expérience des cathéters intersca-
Organisation de la prise en charge léniques après chirurgie de l'épaule en ambulatoire
rapportent des sensations d'insécurité et une anxiété,
La réussite d'une stratégie analgésique commence par une ce qui justifie la mise en place d'un suivi à domicile par
ll est probable que de nouveaux moyens de commu- [10] Mishriky BM, Waldron NH, Habib AS. Impact of pregaba-
nications (SMS, Internet, télémédecine…) entre l'hôpi- lin on acute and persistent postoperative pain : a systematic
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Paralysie obstétricale
du plexus brachial : conduite
à tenir au cours de la première
année
A. ABID
A. Abid
techniques d'imagerie permettant une meilleure ana- rarement un rameau de T2 « plexus post-fixé ». Les
lyse préopératoire conduit à un regain d'intérêt pour racines C5 et C6 s'unissent pour former le tronc pri-
le traitement chirurgical de la POPB. En France, c'est maire supérieur (TPS), C7 forme à elle seule le tronc
à Gilbert et al. [10] que revient le mérite du déve- primaire moyen (TPM), tandis que C8 et T1 s'anasto-
loppement de la chirurgie des POPB vers la fin des mosent pour former le tronc primaire inférieur (TPI).
années 1970. Chaque tronc primaire va à son tour se diviser en deux
La POPB a déjà fait l'objet d'une conférence d'en- branches antérieure et postérieure pour participer à la
seignement par le Dr Jean-Paul Métaizeau en 1993. formation des troncs secondaires. Les deux branches
Nous ne reprendrons pas certaines parties, notamment antérieures des TPS et TPM s'anastomosent pour
l'étiopathogénie qui a été parfaitement décrite dans former le tronc secondaire antéro-latéral (TSAL) qui
cette conférence. Nous envisagerons principalement la va donner naissance au nerf musculo-cutané et à la
prise en charge au décours de la première année de vie racine externe du nerf médian, tandis que la branche
en insistant sur les trois éléments principaux que sont : antérieure du TPI forme à elle seule le tronc secondaire
le diagnostic lésionnel, l'évaluation du pronostic et la antéro-médial (TSAM) qui va donner naissance aux
prise en charge thérapeutique. nerfs : brachial cutané interne, ulnaire et racine interne
du médian. Les branches postérieures des trois troncs
primaires vont s'unir pour former le tronc secondaire
postérieur (TSP) et donner naissance aux nerfs axil-
Anatomie laire et radial.
Parmi les branches collatérales, il faut particulière-
Anatomie descriptive (figure 13.1) ment distinguer le nerf supra-scapulaire qui provient
du TPS. Il assure l'innervation des muscles rotateurs
Le plexus brachial est formé par l'anastomose des
externes de l'épaule.
branches ventrales des nerfs spinaux de C5 à T1 qui
Il est important de distinguer deux segments au
vont donner naissance à sept nerfs terminaux et à
plexus brachial : le segment sus-claviculaire (racines et
une dizaine de branches collatérales. Il reçoit le plus
troncs primaires) et le segment sous-claviculaire (troncs
souvent un rameau de C4 « plexus préfixé » et plus
secondaires et branches terminales). Enfin, rappelons
que le PB présente des liens étroits en proximal avec
le nerf phrénique (branche de C4) dont l'atteinte est
C5 responsable d'une paralysie diaphragmatique. En dis-
tal, il existe des connexions des deux dernières racines
C8 et T1 avec la chaîne sympathique cervicale dont
C6 TP
S 1 l'atteinte est responsable du syndrome de Claude-
Bernard-Horner (SCBH).
C7
TP
C8
M
TS
AL
Anatomie fonctionnelle (tableau 13.1)
TPI La correspondance statistique des myotomes la
POIGNET :
→ Supination C5-C6
→ Extension C5-C6-C7
→ Inclinaison radiale C5-C6-C7 (1)
→ Flexion C6-C7-C8
→ Pronation C6-T1
→ Inclinaison ulnaire C7-C8
(2)
MAIN :
→ Muscles extrinsèques C7-C8-T1
→ Muscles intrinsèques C8-T1 Figure 13.2 Schéma représentant : en proximal, une lésion pré-
ganglionnaire (1) ; en distal, une lésion post-ganglionnaire (2).
160 A. Abid
doit être systématiquement recherchée par une IRM L'interrogatoire retrace l'histoire obstétricale à la
ou un myéloscanner pour une meilleure planification recherche de facteurs de risque. On retrouve souvent
opératoire ; une notion d'accouchement dystocique. Une macroso-
• la lésion post-ganglionnaire est située en aval du mie avec un poids de naissance supérieur à 4 kg est
ganglion rachidien. On en décrit trois types selon la fréquemment associée.
classification de Sunderland [16] : L'inspection retrouve une asymétrie de gesticulation
– type 1 ou neurapraxie de Seddon [17] : il cor- entre les deux membres supérieurs avec une attitude
respond à une simple élongation du PB sans inter- spontanée globale en adduction et rotation internes. Il
ruption de la continuité nerveuse entraînant une faut rechercher d'emblée des signes de gravité en par-
paralysie transitoire, spontanément résolutive, ticulier la triade du SCBH : ptosis, myosis et énophtal-
– type 2 ou axonotmésis : il correspond à une rup- mie (figure 13.3).
ture nerveuse partielle touchant l'axone avec respect La mobilisation peut être douloureuse en particulier
de la gaine. La récupération spontanée est possible la première semaine de vie. Elle permet de confirmer le
avec cependant un risque d'erreur « d'aiguillage », caractère flasque de la monoplégie. À ce stade, il n'y
– type 3 ou neurotmésis : il correspond à une rupture a aucune limitation de la mobilité passive. La mobilité
nerveuse complète avec formation d'un névrome. La active, difficile à obtenir à cet âge, peut être évaluée en
récupération spontanée est impossible mais la lésion s'aidant des réflexes archaïques (Moro pour les rota-
reste accessible à une réparation nerveuse. teurs externes de l'épaule, réflexe grasping pour les
fléchisseurs des doigts), du réflexe myotatique (contrac-
Épidémiologie tion–réponse après étirement du muscle) et de la stimu-
lation du territoire cutané en regard du muscle concerné.
Malgré les progrès dans le domaine obstétrical, l'in- La cotation musculaire, paramètre essentiel pour la sur-
cidence de la POPB est restée stable au cours de ces veillance de la récupération neurologique, peut être éva-
dernières décennies. Ceci peut être lié essentiellement luée à cet âge avec la classification du British Medical
à l'imprévisibilité de la dystocie des épaules et à l'aug- Council jusqu'au score 3 (0 : aucune contraction ;
mentation du poids moyen de naissance [18]. 1 : contraction sans mouvement ou avec ébauche de
L'incidence de la POPB connaît une grande varia- mouvement ; 2 : contraction avec mouvement complet
bilité entre les séries et peut être estimée entre 0,04 et en apesanteur, 3 : contraction avec mouvement com-
0,4 % des naissances vivantes [1–3]. La plus grande plet contre pesanteur ; 4 : contraction contre résistance
enquête épidémiologique, réalisée à l'échelle nationale modérée ; 5 : contraction avec force normale).
aux États-Unis en 2008, rapporte un taux d'incidence Le membre supérieur controlatéral est également
de 0,15 % des naissances vivantes [1]. examiné à la recherche d'une éventuelle atteinte bila-
La fréquence de la présentation occipito-iliaque térale ou d'une fracture associée. Enfin, une origine
gauche antérieure, qui place l'épaule droite sous le centrale doit être écartée par un examen neurologique
pubis maternel, explique la prédominance des lésions général.
du côté droit. Dans 4 % des cas, l'atteinte peut être
bilatérale [18].
La paralysie proximale C5-C6 (Erb-Duchenne), de
loin la plus fréquente, représente 50 à 60 % des cas.
Éléments du diagnostic
Examen clinique
Le diagnostic de la POPB à la naissance est en règle Figure 13.3 Syndrome de Claude-Bernard-Horner chez un nour-
facile et repose uniquement sur l'examen clinique. risson présentant une POPB totale gauche.
Paralysie obstétricale du plexus brachial : conduite à tenir au cours de la première année 161
POPB. Mais le contexte clinique (prématurité, séjour le pronostic et permettra, par conséquent, de guider
en réanimation ou en néonatologie) et l'échogra- les indications thérapeutiques [23]. Pour cela, l'exa-
phie de l'épaule permettent rapidement d'orienter le men clinique doit être répété avec une consultation
diagnostic. planifiée au moins une fois par mois. L'évaluation de
Les anomalies congénitales du plexus brachial, affec- la récupération se basera essentiellement sur le testing
tions relativement rares, ne sont malheureusement musculaire du biceps qui reste, en particulier pour les
diagnostiquées qu'au stade d'exploration chirurgicale six premiers mois, l'indicateur de surveillance le plus
du PB. Dans notre pratique, cette situation a été ren- simple et le plus fiable. L'objectif principal de cette sur-
contrée dans deux cas. veillance est d'identifier les cas où une réparation ner-
Une atteinte neurologique centrale peut éventuelle- veuse précoce est susceptible d'apporter un meilleur
ment être évoquée mais sera rapidement écartée par un résultat fonctionnel qu'un traitement conservateur.
examen neurologique général. Au total, c'est la combinaison de ces trois facteurs
(le type et l'étendue des lésions, le SCBH et la vitesse
de récupération) qui permet de juger de l'évolution et
de guider les indications thérapeutiques.
Évolution et pronostic
Dans la littérature, l'histoire naturelle des POPB est
controversée. Les biais de sélection, l'hétérogénéité des Conduite à tenir la première
lésions du PB et la diversité des mesures d'évaluation année (figure 13.9)
peuvent bien expliquer la grande variabilité de ces
données. Conduite à tenir les trois premiers
La plupart des auteurs s'accordent sur le caractère mois
le plus souvent transitoire des lésions du PB avec un
taux de récupération complète dans 75 à 95 % des Les enfants atteints de POPB, et plus particulière-
cas [22–25]. Des études plus récentes rapportent un ment ceux qui ne récupèrent pas les deux premiers
taux plus faible de 66 %, avec un déficit résiduel dans mois, doivent être pris en charge en milieu spécialisé
20 à 30 % et une altération considérable de la fonction et entourés, dans la mesure du possible, d'une équipe
dans 10 à 15 % des cas [2, 23, 26]. multidisciplinaire.
Le pronostic final d'une POPB est directement Le traitement est d'abord conservateur. Il est basé
lié à l'étendue et au type des lésions nerveuses essentiellement sur la rééducation fonctionnelle. Il
initiales. Si l'étendue des lésions peut être appré- est conseillé, dans un premier temps, de réaliser une
ciée cliniquement, il n'existe, à l'heure actuelle, courte immobilisation coude au corps de 10 à 15 jours
aucun examen permettant d'en préciser le type dans un but antalgique et pour favoriser la cicatrisa-
lésionnel (simple élongation, rupture ou avul- tion d'éventuelles lésions neurapraxiques.
sion). L'évaluation pronostique, à la naissance, La POPB s'accompagne d'un déséquilibre musculaire
repose donc uniquement sur des critères cliniques. entre agonistes et antagonistes pouvant être responsable
Une paralysie totale et la présence d'un SCBH de rétraction et de raideur articulaire avec le développe-
constituent les principaux facteurs de mauvais ment à très court terme de déformations ostéo-articu-
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pronostic. La valeur pronostique de la paraly- laires. L'exemple type est celui rencontré au niveau de
sie diaphragmatique est, par contre, controver- l'articulation scapulo-humérale, particulièrement dans
sée. Elle est souvent citée dans les publications les atteintes partielles avec récupération incomplète.
comme un facteur de mauvais pronostic. Al-Qattan En effet, la faiblesse des muscles rotateurs externes
et al. [27], dans une étude analysant spécifiquement et abducteurs entraîne un déséquilibre musculaire en
la valeur pronostique de l'atteinte du nerf phré- faveur des rotateurs internes avec comme conséquence
nique, ont constaté qu'elle n'avait qu'une faible une fixation progressive de l'épaule en rotation interne.
valeur p rédictive avec 13 % de mauvais résultats. La raideur en rotation interne de l'épaule représente
Dans notre pratique, les cas de POPB associés à une la séquelle la plus fréquente. Elle peut apparaître très tôt
paralysie phrénique, dont deux cas compliqués de et se fixer rapidement par rétraction des parties molles
détresse respiratoire ayant nécessité une hospitali- péri-articulaires. Elle est responsable d'un trouble de
sation, étaient tous de type proximal et ont tous eu croissance de l'articulation gléno-humérale entraînant
une évolution favorable sur le plan neurologique. une rétroversion de la glène et une excentration pro-
Après la naissance, c'est la qualité et surtout la vitesse gressive de la tête humérale. Ces anomalies peuvent
de récupération qui donnera le plus d'information sur apparaître dès l'âge de 5 mois et évoluer rapidement
164 A. Abid
Atteinte partielle
Atteinte totale
Chirurgie nerveuse à
Rééducation / Surveillance
l’âge de 5 – 6 mois
vers une luxation postérieure de la tête humérale [28]. pour d'autres, elle est controversée [3] :
Elle doit donc être dépistée et traitée rapidement avant • 1re situation : la situation la plus évidente, de loin
l'installation des déformations ostéo-articulaires. La la plus fréquente, est celle où la récupération d'une
raideur siège au niveau de l'articulation gléno-humé- force du biceps à + 3 survient au cours des 4 premières
rale et le travail de mobilisation doit porter sur cette semaines. Elle est la traduction clinique d'une simple
articulation. Pour cela, il faut insister sur le travail de élongation du PB (neurapraxie) et la guérison rapide et
l'épaule en position coude au corps tout en maintenant complète est la règle ;
la scapula fixée, évitant ainsi tout mouvement parasite • 2e situation : inversement, dans les atteintes totales,
dans l'articulation scapulo-thoracique. surtout lorsqu'elles sont associées à un SCBH, l'évolu-
comparer les résultats d'enfants dont la récupération neurotisation du nerf supra-scapulaire et les trois racines
a été spontanée et qui ont été opérés secondairement proximales seront réparties sur l'ensemble du PB. Ainsi,
avec un groupe similaire d'enfants qui ont eu à la fois la racine C5 est utilisée pour la greffe du TSAL. Le TSP
une réparation primaire et une chirurgie secondaire. est greffé à partir de C6, tandis que C7 est réservée pour
De même, il n'existe aucune étude prospective per- la greffe du TSAM. Les techniques de neurotisations
mettant de comparer les résultats des enfants opérés à extraplexuelles seront réservées aux atteintes totales
l'âge de 3 mois et ceux qui ont récupéré le biceps entre avec avulsion d'au moins quatre racines.
3 et 6 mois et qui ont eu une chirurgie secondaire. En postopératoire, les sutures nerveuses doivent
Dans notre pratique, l'absence de récupération du être protégées par une immobilisation d'une durée de
biceps à 3 mois dans les POPB proximales justifie la 3 semaines. Deux types d'immobilisation peuvent être
programmation du bilan préopératoire (IRM et EMG) utilisés : simple coquille plâtrée confectionnée en pos-
en vue d'une exploration chirurgicale. Celle-ci est réa- topératoire immédiat ou une orthèjse thermoformée
lisée entre le 5e et 6e mois si le muscle biceps n'a tou- cervico-thoracique associée à une immobilisation du
jours pas récupéré à cet âge. bras coude au corps.
166 A. Abid
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169
La membrane induite
chez l'enfant : technique
et indications
R. GOURON
R. Gouron
Résumé habituelles que sont les pseudarthroses jonctionnelles, la fail-
lite du matériel de stabilisation ou la résorption de la greffe.
La technique de la membrane induite est aujourd'hui tout à Cette technique devient aujourd'hui le gold standard de la
fait adaptable aux reconstructions osseuses segmentaires chez reconstruction osseuse en traumatologie et chirurgie osseuse
l'enfant. La technique est relativement superposable à celle de septique. Elle prend toute son importance chez l'enfant dans
l'adulte. Une entretoise en ciment est interposée et au cours le cadre des reconstructions en chirurgie tumorale. Le délai de
d'un second temps opératoire, survenant 6 semaines après l'in- greffe sera repoussé de manière empirique environ 8 semaines
terposition de l'entretoise, une greffe corticospongieuse mor- après la chimiothérapie. C'est enfin dans le traitement des
celée est installée dans la membrane induite autour du ciment pseudarthroses congénitales que la technique de la membrane
qui aura préalablement été retiré. Une expansion de greffe induite vient d'être introduite, semblant alléger le traitement
par allogreffe en copeaux est possible sans dépasser 30 % du conventionnel souvent long et difficile. Ce n'est que l'évalua-
volume total. La possibilité d'installation d'autogreffe sous tion a plus long terme qui confirmera la supériorité de cette
forme de baguette osseuse est intéressante au cours des recons- technique de reconstruction en pédiatrie.
tructions de longues pertes de substance et dans le cadre des
reconstructions fémorales ou métaphyso-diaphysaires tibiales.
La rigueur d'exécution technique (recouvrement des extrémités Mots clés : Membrane induite. – Reconstruction osseuse.
osseuses par le ciment et qualité de la stabilisation osseuse) – Enfant. – Tumeur. – Pseudarthrose congénitale.
sera le garant de l'absence de survenue des complications
de solvant, qui mélangés donnent en quelques minutes ciment est manipulable et non adhérent, il est moulé
une pâte malléable qui peut être moulée à la demande dans les seringues installées en prenant garde à bien
et qui durcit en une dizaine de minutes par une réaction recouvrir les extrémités osseuses tout particulièrement
chimique de polymérisation exothermique. Dans l'ex- en profondeur et en arrière dans les zones moins acces-
périence de Masquelet en chirurgie osseuse septique, sibles. Le volume de l'entretoise doit toujours être plus
le ciment utilisé est dépourvu d'antibiotique. Ainsi important en diamètre que l'os initial. Pendant la
l'entretoise joue le rôle d'une veille bactériologique là polymérisation, une irrigation régulière par du sérum
où des antibiotiques dissimuleraient une infection tor- physiologique permet un refroidissement du champ
pide [8]. D'autres utilisent un ciment accompagné de opératoire. Après durcissement, les seringues sont
gentamycine dans ces mêmes indications [9] ou pour aisément retirées laissant l'entretoise en place.
protéger le site opératoire de l'infection, tout particu- Dans certains cas, le ciment peut être remplacé par
lièrement chez des patients fragiles en chimiothérapie. des billes de ciment plus facilement instalables dans
Le site doit être préparé avant la mise en place du la zone à reconstruire avec la même efficacité qu'un
ciment. Il faut prévoir une entretoise plus volumi- ciment malléable [8].
neuse que l'os à reconstruire, recouvrant les extrémi- La reconstruction osseuse est à intégrer à la recons-
tés osseuses et la plus lisse possible pour que la future truction des appareils ligamentaires et tendineux adja-
membrane s'en détache sans difficulté. Une interface cents, tout particulièrement en zone péri-articulaire. Il
entre les tissus mous et la zone à reconstruire est instal- est possible d'intégrer des ancres dans le ciment pen-
lée. Il peut s'agir d'un morceau de gant chirurgical [8] dant la phase de durcissement. Ces ancres peuvent
ou mieux d'une demi-seringue de 50 cc découpée lon- ainsi permettre une réinsertion tendineuse sur le
gitudinalement et évasée qui réalisera un véritable ciment (ligament patellaire au tibia, moyen glutéal au
moule au ciment [3, 10]. Ce moule doit déborder les grand trochanter, tendon d'Achille au calcanéum…).
extrémités osseuses pour faciliter le recouvrement par Le tendon ainsi fixé se retrouvera de fait inséré sur
le ciment. Plusieurs demi-seringues suturées entre elles la membrane induite et donc sur l'os néofomé après
peuvent être installées pour les grandes pertes de subs- la greffe (figure 14.3). Cette réinsertion tendineuse est
tance osseuse (figure 14.2). Enfin, ces moules peuvent extrêmement solide. En l'absence d'ancre, les struc-
être évasés pour envisager une reconstruction méta- tures tendineuses ou ligamentaires peuvent aussi être
physaire. On peut s'aider de vis installées sur la plaque réinsérées par l'intermédiaire d'un tunnel réalisé au
dans la zone de perte de substance pour maintenir sein du ciment après durcissement, réalisé au moteur à
l'écartement et l'ouverture des moules. Ces vis reste- la mèche de 2 mm.
ront noyées dans le ciment [3]. Les moules ont de plus
l'avantage de protéger les tissus mous environnants de
la chaleur dégagée par la polymérisation du ciment.
Plusieurs volumes de ciment sont ensuite préparés
en fonction de la taille de la zone à combler. Quand le
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l'adulte [9, 14, 15] mais n'est pas utilisable chez l'en- celle-ci doit être installée dans la cavité membranaire
fant dès lors qu'il existe une croissance résiduelle. Il avant la greffe morcelée. Elle peut être encastrée à
peut être utilisé à physe fermée mais ne doit pas être chaque extrémité osseuse ou vissée en opposition à
utilisé seul, car cette greffe est très compacte et très une plaque d'ostéosynthèse grâce aux trous libres de
difficile à remodeler. Un cas de résorption massive a la plaque dans la zone à combler ou grâce aux vis qui
déjà été décrit avec ce type de greffe [3] même si une avaient été laissées dans le ciment au cours du premier
allogreffe morcelée avait été ajoutée. Le lien entre RIA temps opératoire [3].
et résorption n'est pas certain. La greffe morcelée est ensuite installée dans la cavité
membranaire, en abondance. Il faut prendre garde à ins-
taller un bon volume de greffe à chaque extrémité osseuse.
Retrait de l'entretoise La membrane est ensuite suturée par un surjet
Le ciment doit être retiré en prenant soins de la mem- étanche de fils résorbable. Ce surjet va resserrer la
brane qui l'entoure. Lors de l'abord chirurgical, il faut cavité et donc créer la morphologie définitive de la
retourner le plus directement possible sur la zone à zone greffée. Le reste des tissus est refermé classique-
reconstruire en reprenant les anciennes incisions. Il ment sur drain de Redon. Un lambeau précédemment
faut parfois soulever un lambeau réalisé au moment de réalisé est reposé. Un second temps de couverture peut
la couverture à l'opposé de son pédicule vasculaire. La également être réalisé à cet instant.
membrane est incisée dans l'axe de l'os à reconstruire.
Elle n'est pas adhérente au ciment, mais elle n'est pas
dissociable du muscle environnant. Elle s'ouvre ainsi Soins postopératoires
facilement et peut être écartée par un écarteur autos- La phase postopératoire n'a rien de spécifique. Chez
tatique. Il faut ensuite retirer le ciment sans blesser la le petit enfant, quand la stabilisation osseuse est ren-
membrane. Le ciment peut être fragmenté à la mèche due difficile par la petite taille de l'os, une immobi-
et au moteur en timbre-poste. Des ciseaux peuvent lisation plâtrée est à conseiller jusqu'à consolidation
ensuite permettre l'extraction de l'entretoise morcelée. osseuse [16].
Tous les débris de ciment doivent soigneusement être La consolidation nécessaire à la mise en charge reste
retirés manuellement ou par lavage au sérum physio- difficile à déterminer. La consolidation d'une baguette
logique. Les fils des ancres permettant d'éventuelles osseuse intramembranaire correspond probablement à
réinsertions tendineuses sont sectionnés et emportés la bonne date pour reprendre un appui. Dans le cadre
avec le ciment. En effet, les tendons réinsérés sont d'une greffe morcelée pure, la corticalisation de la
déjà à ce stade solidaires de la membrane induite. Une greffe permet un appui sans crainte.
fois retirée, l'entretoise laisse apparaître une cavité
parfaitement délimitée par la membrane luisante et
vascularisée. Les extrémités osseuses sont exposées à Dépistage des complications
l'intérieur de cette cavité. Les complications ou difficultés de cette technique de
reconstruction osseuse sont fréquentes, mais peuvent
en partie être évitées par une technique rigoureuse.
Installation de la greffe
Pseudarthroses jonctionnelles
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La technique de Masquelet paraît donc être une tors and could stimulate bone regeneration. J Orthop Res 2004 ;
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Spondylolisthésis L5-S1
de l'enfant et de l'adolescent
P. VIOLAS
P. Violas
Sa fréquence est estimée à 5 % à 6 ans et semble aug- sacrum par rapport aux têtes fémorales, non sou-
menter quelque peu en fin de croissance [2]. Une part mis à variation en fonction de la posture adoptée
génétique est probable étant donné la fréquence de par l'individu [4]. Il faut néanmoins pondérer cette
survenue dans certaines ethnies ainsi que la description affirmation. Une variation de l'incidence pelvienne est
de cas familiaux. Le rôle de traumatismes, et surtout possible, notamment en postopératoire comme l'ont
de microtraumatismes ou de contraintes en hyper- montré Hresko et al. [5] avec une augmentation de
lordose à l'occasion des sports nécessitant ce type de l'incidence pelvienne après une chirurgie par fusion et
mouvement brutal et répété (gymnastique, haltérophi- correction partielle du SPL, augmentation attribuée à
lie), complète un ensemble plurifactoriel de possibles un remodelage sacré et à une mobilité au niveau des
causes de survenue de cette pathologie, à laquelle articulations sacro-iliaques.
s'ajoutent des facteurs dystrophiques locaux comme Il faut également citer la gîte sagittale en T9 (plumb
les anomalies fréquentes du raphé médian postérieur line pour les Anglo-Saxons). La vertèbre T9 est consi-
(spina bifida occulta). dérée comme le centre de gravité du tronc. Cet angle
Cette anomalie de la jonction lombo-sacrée n'appa- est constitué par la verticale abaissée sur les têtes fémo-
raissant qu'après l'âge de l'apprentissage de la marche rales et la droite reliant les têtes fémorales au milieu du
lors de la constitution de la lordose lombaire, cela a corps de T9 (valeur moyenne de 11°).
conduit peu à peu à considérer que son origine pour- Afin de caractériser ces paramètres en pédiatrie,
rait être liée à des adaptations à la fois de l'équilibre Mac-Thiong et al. [6] ont étudié ce qu'ils ont appelé
sagittal du rachis et du complexe lombo-pelvi-fémoral, la balance sagittale normale d'une population de
ainsi qu'à des adaptations de la balance dynamique 341 enfants âgés de 3 à 18 ans et ne présentant pas
sagittale du tronc. de pathologie rachidienne particulière. Les valeurs
De nombreux paramètres, dont on connaît les retrouvées étaient quelque peu différentes de celles
valeurs physiologiques [3], sont pris en compte pour d'une population adulte également sans patholo-
l'analyse de l'équilibre sagittal du rachis en condition gie [7], mais les corrélations des paramètres entre eux
normale et pathologique. Parmi ces multiples para- restaient les mêmes avec notamment la forte corréla-
mètres (figure 15.1), l'incidence pelvienne revêt une tion de l'incidence pelvienne avec la pente sacrée et
grande importance dans la compréhension de sur- à la version pelvienne. Cette corrélation est arithmé-
venue du SPL. L'incidence pelvienne est considérée tique, l'incidence pelvienne étant considérée comme la
comme un caractère anatomique fixé pour chaque somme de la pente sacrée et de la version pelvienne.
individu et qui traduit la position réciproque du D'autres paramètres angulaires comme la lordose
lombaire sont liés à l'incidence pelvienne et cette der-
nière est plus élevée chez les patients présentant un
SPL lombo-sacré [8, 9]. Ainsi, les patients ayant une
forte lordose lombaire présenteraient des contraintes
mécaniques sur la région isthmique de L5 favorables à
la survenue de cette pathologie. L'incidence pelvienne
est intimement liée à la lordose lombaire d'un indi-
vidu et certains auteurs ont proposé un calcul de la
lordose théorique idéale d'un sujet en fonction de son
Critères morphologiques
en imagerie médicale
Les raisonnements à mener pour le SPL qui semble intime-
ment lié à l'équilibre sagittal global du rachis et du pelvis
imposent un bilan radiographique complet en charge de
profil et de face de l'ensemble tronc–bassin et si possible
de l'ensemble du corps. Le système EOS® (EOS imaging)
est un outil permettant la réalisation de cette analyse.
Ainsi, une radiographie de profil centrée sur L5-S1 ne
suffit pas si l'on souhaite réaliser des études cherchant à
analyser l'ensemble du plan sagittal d'un sujet. Des biais
de mesure sont bien entendu possibles. Ainsi, le calcul de
l'incidence pelvienne dont nous avons vu l'importance est
une mesure fiable en l'absence de déformation, mais qui
ne l'est plus dans le cas de modifications importantes du
plateau sacré comme on peut les rencontrer avec un SPL et
une déformation en dôme du plateau sacré. Mac-Thiong
et al. [11] ont défini un néoplateau sacré par rapport aux
points de fuite des tangentes aux bords antérieur et pos- Figure 15.2 Classification de Meyerding afin de définir le pour-
térieur de S1. La ligne ainsi obtenue permet de mesurer centage de glissement antérieur de L5 par rapport à S1.
l'incidence pelvienne et la hauteur du dôme sacré. Une
déformation du plateau sacré est considérée comme signi-
ficative quand elle est supérieure à 25 % de la longueur
du plateau supérieur de S1.
Deux critères morphologiques paraissent indispen-
sables à l'appréciation à la fois du SPL mais aussi de son
risque évolutif et des décisions thérapeutiques à envisa-
ger. Il s'agit du degré de glissement antérieur de L5 par
rapport à S1 ou antélisthesis à l'origine de la classification
de Meyerding (figure 15.2) et de la cyphose lombo-sacrée
ou angle de Boxall (figure 15.3) dont la valeur normale
est comprise entre 90 et 110°. Il peut s'ajouter à cela
d'autres critères d'analyse comme des remaniements dys-
trophiques de la partie antérieure de la première vertèbre
sacrée responsables d'un aspect hypotrophique du pro-
montoire sacré. Il est possible de quantifier cette hypo-
trophie par la mesure de « l'index S1 » [12]. La présence
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SPL à faible déplacement décisions sont beaucoup plus débattues. Il semble que
les défenseurs d'une chirurgie cherchant à corriger
Les SPL à faible déplacement associés à une spondy- la cyphose lombo-sacrée en l'associant à une arthro-
lolyse (ou plus rarement à une dysplasie isthmique) dèse solide argumentent leur choix sur le rétablisse-
sont de loin les plus fréquents. Les motifs de consul- ment en postopératoire d'un équilibre sagittal global
tation pourront revêtir différents aspects : tableau de du tronc satisfaisant et stable sur le long terme. Mais
lombalgies aiguës ou chroniques, isolées ou associées nous allons le voir, les choix de stratégies thérapeu-
à des sciatalgies, boiterie, attitude scoliotique ou sco- tiques sont loin d'être consensuels. Quant aux risques
liose associée (scoliose olisthésique), mais il pourra neurologiques, ils ne sont pas l'apanage uniquement
s'agir aussi de découvertes fortuites lors d'un examen des chirurgies avec instrumentation et corrections des
demandé pour un tout autre motif. déformations lombo-sacrées et ne suffisent pas à justi-
fier une attitude minimaliste.
Traitement
Le choix du traitement chirurgical du SPL à faible
déplacement (grade I ou II) peut prêter à quelques
controverses qu'il s'agisse de la décision ou non d'opé- Figure 15.4 Exemple d'un SPL L5-S1 évolutif (aggravation de
rer, ou du choix de la technique à employer. En cas l'antélisthésis et de la cyphose lombo-sacrée) sur 1 an de recul.
de SPL à grand déplacement (grade III, IV ou V), les Source : collection de J. Sales de Gauzy, Toulouse.
Spondylolisthésis L5-S1 de l'enfant et de l'adolescent 181
peu symptomatiques avec SPL de haut grade. Harris intervention cherchent non seulement à quantifier
et Weinstein [16] sur un travail à plus grand recul se une certaine réductibilité du déplacement lombo-sacré
sont intéressés à deux groupes de patients présentant mais aussi à connaître le degré d'irritation radiculaire
un SPL de grade III ou IV ; ces auteurs ont apprécié en observant l'apparition ou non de signes neurolo-
au plus grand recul les résultats fonctionnels d'un giques du patient positionné dans le hamac.
groupe de 11 patients non opérés et de 21 autres opé-
rés d'une greffe in situ. Ils n'ont pas noté pas de dif-
férence significative au recul (18 ans pour le premier
groupe, 24 ans pour le second) tout en concluant sans Techniques chirurgicales
vraiment d'argument qu'une fusion in situ semblait Reconstruction isthmique
se justifier en cas d'anomalie de la marche et rétrac-
La reconstruction isthmique est à proposer pour des
tion des ischio-jambiers. Beaucoup plus récemment,
spondylolyses s'accompagnant de spondylolisthésis de
Lundine et al. [17] ont rapporté un travail rétrospec-
faible déplacement (grade I généralement). On ne note
tif comparant, à l'aide du questionnaire de qualité de
dans ce cas aucun facteur de gravité tel qu'une cyphose
vie (SRS-30), deux groupes de patients présentant un
lombo-sacrée. Les patients n'ont pas de problème
SPL de grade III à V, l'un opéré par des chirurgies très
neurologique mais une chirurgie est justifiée après
diverses (34 patients) l'autre pas (15 patients), le recul
qu'un traitement conservateur bien mené pendant 6 à
moyen étant de 7 ans et demi. Les patients peu ou pas
12 mois (dispense sportive, kinésithérapie, lombostat)
symptomatiques initialement et non opérés n'avaient
n'a pas permis pas de soulager les douleurs. Une ana-
pas de moins bons scores de satisfaction au recul. Les
lyse de l'absence d'anomalie discale L5-S1 par IRM
auteurs remarquaient que les moins bons pronostics
est nécessaire en préopératoire. La reconstruction
étaient liés à l'importance de la cyphose lombo-sacrée
isthmique est plutôt proposée à des patients en fin de
plus qu'au stade de glissement.
croissance.
tions rachidiennes comme les scolioses est très fiable minimale de 3 mois.
dans la détection de survenue d'événements électro-
physiologiques peropératoires, la surveillance radicu-
laire voire pour certains périnéale en cas de chirurgie
de SPL est beaucoup plus aléatoire, et aucune publica- Fusion in situ avec instrumentation
tion à l'heure actuelle ne peut faire état d'une recom- Son but est d'obtenir une arthrodèse lombo-sacrée
mandation d'examen peropératoire fiable. Des déficits par une greffe osseuse mais en utilisant cette fois une
peuvent apparaître secondairement en postopératoire instrumentation postérieure, le plus souvent par un
et sont liés à des phénomènes ischémiques sur les vissage pédiculaire, des tiges d'ostéosynthèse et une
racines. De nombreuses équipes proposent à ce titre greffe postérieure et postéro-latérale. Une greffe inter-
une installation postopératoire hanches et genoux flé- somatique par greffons osseux seuls ou intégrés dans
chis, avec une extension très progressive sur quelques une cage peut y être associée et complète souvent la
jours avant un lever vers le 5e jour uniquement. Dans volonté d'obtenir une greffe circonférentielle.
le même principe, les équipes installant les patients L'instrumentation peut aussi être confiée à une tech-
dans des hamacs pendant quelques jours avant une nique de vis trans-sacrée.
182 P. Violas
Fusion avec correction des déformations in situ et de rétablir un équilibre lombo-pelvien par une
arthrodèse entre L4 et S1 (figure 15.7).
Même s'il s'agit d'une technique orthopédique, une La voie antérieure instrumentée, couplée ou non
réduction peut être proposée sans instrumentation à une voie postérieure, est quasiment abandonnée,
postérieure ou circonférentielle, grâce à la notion source de beaucoup de complications [19].
de réduction partielle des déformations lombo-
sacrées en décubitus ou sur hamac. La publication de
Dubousset [18] sur les réductions des SPL en hamac Les indications et leurs résultats
suivi de fusion en est l'exemple typique. Elle est néan- L'absence de travaux comparant de manière rigoureuse
moins réalisée le plus souvent avec instrumentation, de les résultats de différentes philosophies et techniques
façon quasi exclusive par voie postérieure. Le souhait chirurgicales, de même que leur corrélation avec les
d'améliorer l'angle lombo-sacré et le glissement verté- résultats fonctionnels à long terme des patients opé-
bral fait proposer différentes techniques d'instrumen- rés, rend difficile la réalisation d'un arbre décisionnel
tation dans le but d'obtenir une fixation solide pour consensuel.
réaliser les manœuvres de réduction nécessaires. De
nombreuses techniques de réduction sont proposées.
La décompression de l'arc postérieur et la libération
des racines sont nécessaires. Un point technique semble
très important lors de la réduction de la cyphose lombo-
sacrée afin de minimiser l'importance de la traction sur
les racines : il s'agit de la résection du dôme saillant et
proéminent du plateau de S1 qui, en raccourcissant la
hauteur de S1, peut diminuer le risque d'étirement des
racines. Souvent, l'arthrodèse circonférentielle par voie
postérieure est confiée là aussi à une greffe antérieure
utilisant des cages intersomatiques (figure 15.5).
Figure 15.6 Spondyloptose L5-S1 avec ostéotomie partielle
Toujours dans l'objectif de restaurer une lordose
de L5 par voie postérieure pour une correction de la cyphose
lombo-sacrée satisfaisante, en cas de SPL majeur lombo-sacrée.
(ptose), certains proposent une exérèse partielle de Source : collection de I. Obeid, Bordeaux.
L5 par voie postérieure (figure 15.6). La décision du
niveau d'une arthrodèse est également débattue et l'ins-
trumentation ne se résume pas au niveau L5-S1. Une
arthrodèse L4-S1 peut être proposée. Il peut s'agir de la
volonté d'éviter la survenue secondaire d'un SPL L4-L5
sus-jacent mais surtout de la difficulté de correction des
SPL à grand déplacement par une fixation uniquement
entre L5 et S1. Ce choix peut aussi être motivé par le
souhait de réaliser l'équivalent d'une arthrodèse L5-S1
Fusion in situ versus correction S'il s'agit de l'indication habituelle du SPL à faible
déplacement, l'arthrodèse postéro-latérale est propo-
La fusion in situ s'adresse au SPL à faible déplace- sée aussi pour tous les grades de SPL et de nombreux
ment lorsque notamment on souhaite s'amender d'une auteurs utilisent cette technique dans les SPL à grand
immobilisation trop lourde et trop longue en postopé- déplacement en justifiant leur choix par l'obtention de
ratoire, confiant au matériel d'ostéosynthèse son rôle résultats fonctionnels satisfaisants à long terme. Ainsi
de maintien dans l'attente d'une greffe osseuse solide. récemment Joelson et al. [21] ont rapporté de bons
Mais, le plus souvent, il s'agit d'une fixation posté- résultats cliniques en utilisant cette technique dans
rieure dans le cas d'un SPL avec un allongement de le cas de SPL à grand déplacement. Le recul moyen
l'isthme (isthme dysplasique), une lamino-arthrectomie de l'étude était de 25 ans (23–35), l'âge moyen étant
devant dans ce cas être réalisée, associée à une libéra- de 43 ans au recul pour des patients opérés en moyenne
tion des racines L5 dans le foramen. Malgré le terme à 15 ans (9–25). Les critères d'évaluation compor-
« in situ », la nature visco-élastique du disque interver- taient six questionnaires d'évaluation fonctionnelle et
téral pathologique L5-S1 entraîne une réduction par- d'échelle de qualité de vie, et un examen clinique. Il n'y
tielle de la déformation lombo-sacrée en décubitus et avait par contre pas de critère d'appréciation radio-
de surcroît sous anesthésie générale, ainsi une fixation logique afin de corréler les résultats cliniques avec
« in situ » apporte souvent une certaine correction en l'analyse radiologique dont l'équilibre sagittal. Dans
peropératoire sans que des manœuvres instrumentales un autre travail de 2014, Longo et al. [22] ont tenté, à
cherchent volontairement à la réaliser. Ce principe est partir d'une analyse de la littérature, de savoir si une
utilisé lors de la technique de vissage trans-sacré et supériorité pouvait être mise en évidence entre une
Bollini et al. [20] ont rapporté leur expérience avec chirurgie avec arthrodèse in situ et une chirurgie avec
cette technique. L'absence de correction importante réduction des déformations. Huit travaux publiés ont
de la cyphose lombo-sacrée ne leur permettait pas de été retenus par les auteurs (cinq séries pédiatriques,
conclure sur l'évolution à long terme de l'équilibre trois séries adultes) avec au total 165 chirurgies avec
sagittal des patients (figure 15.8), mais ils leur sem- réduction et 101 avec arthrodèse in situ. Si une pseu-
blaient que cette technique minimisait le risque de sur- darthrose était plus fréquente dans le groupe in situ
venue de complications neurologiques. Dans le même (17,8 % versus 5,5 %), le taux de déficits neurolo-
esprit, Dubousset [18] rapportait les résultats de 17 cas giques était similaire (7,8 % versus 8,9 %, p = 0,8), et
d'enfants tractés pendant 3 semaines en hamac afin de les auteurs ne pouvaient pas conclure sur la supério-
réduire progressivement les SPL puis en réalisant une rité d'une technique par rapport à l'autre. Schoenecker
fusion sans instrumentation. Pour huit d'entre eux, une et al. [23] ont rapporté douze complications avec un
fois la réduction obtenue (angle lombo-sacré > 100°), syndrome de la queue de cheval dans les suites de
une greffe postéro-latérale in situ avait été réalisée en chirurgies de type Wiltse pour des SPL de grade II à
gardant les patients immobilisés dans un plâtre jusqu'à IV, dont cinq n'ayant pas totalement régressé, alors
consolidation. Les neuf patients pour lesquels la réduc- qu'une étude récente de Lamartina et al. [24] retrou-
tion n'avait pas pu être obtenue avait été opérés par vaient un taux de complications neurologiques rela-
arthrodèse antérieure puis postéro-latérale sans ins- tivement faible (4 %) dans les suites de chirurgie de
trumentation. Ici non plus, il n'y avait pas de résultats SPL de haut grade avec correction angulaire pour un
rapportés sur l'équilibre sagittal global des patients au groupe de 25 patients.
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recul.
à forte incidence pelvienne. Le second (unbalanced lombo-sacrée dans le temps, sans complication neuro-
pelvic version) diffère des deux autres par une pente logique directe rapportée.
sacrée faible, une plus grande version pelvienne et
une cyphose lombo-sacrée plus importante. Ce qui Conclusion
semble important à remarquer dans leur travail, c'est
que 84 % des patients présentant un SPL asymptoma- La proposition d'un algorithme pour la prise en charge
tique étaient classés « à bonne version pelvienne ». Ces des SPL de l'enfant et de l'adolescent se heurte encore
auteurs préconisaient donc une stratégie cherchant à un certain nombre de controverses. Pour les patients
à corriger ou au moins à réduire la cyphose lombo- ayant un angle lombo-sacré proche de la normal et
sacrée uniquement dans les cas de SPL « à mauvaise un SPL à faible déplacement, il semble se dégager une
balance pelvienne ». Toujours en utilisant cette classi- tendance à proposer une chirurgie d'arthrodèse (ins-
fication, Labelle et al. [26] ont montré qu'à partir d'un trumentée ou non) sans correction du glissement de
groupe de 73 patients opérés (17 grade II, 40 grade III, L5 sur S1 et de cet angle. Dans le cas des SPL à grand
13 grade IV et 3 grade V) les patients « unbalanced » déplacement avec une forte cyphose lombo-sacrée, une
devenant « balanced » après l'intervention présen- chirurgie cherchant à obtenir une arthrodèse puissante
taient des modifications posturales sagittales avec une et une correction de l'angle lombo-sacré pourrait per-
diminution des valeurs de la lordose lombaire et une mettre une rééquilibration sagittale globale du tronc,
augmentation de la cyphose thoracique, valeurs ten- nécessitant le moins d'effort d'adaptation possible de
dant donc à se rapprocher de la norme. Dans l'objec- la part du patient, le choix d'une instrumentation pour
tif d'apprécier l'intérêt d'améliorer l'équilibre sagittal, y parvenir étant la technique la plus rapportée dans
Harroud et al. [27] ont cherché à évaluer l'impact de la littérature. Si les résultats de cet objectif pouvaient
l'équilibre sagittal sur la qualité de vie (questionnaire être prouvés grâce à des publications sur le long terme
SRS-22) d'enfants et d'adolescents présentant un SPL corrélant à la fois résultats cliniques et radiologiques,
(117 de bas grade, 32 de haut grade). Les SPL de haut le rôle du chirurgien et notamment de l'orthopédiste
grade et ceux entraînant un déséquilibre vers l'avant pédiatre serait plus clairement défini afin de proposer
(plumb line en avant des têtes fémorales) étaient corré- un traitement permettant d'obtenir un patient asympto-
lés aux plus mauvais scores fonctionnels. matique avec un équilibre sagittal rachidien satisfaisant
Toujours dans cet objectif, en s'inspirant de la tech- et le moins coûteux en stratégie de rééquilibration sur
nique décrite par Jackson, Illharreborde et Mazda [28] le long terme.
ont rapporté leur expérience après 19 ans de recul
(figure 15.9) avec une correction stable de la cyphose
Remerciements
L'auteur remercie pour leur participation à l'élabo-
ration de ce travail : C. Bonnard, B. Ilharreborde,
J.-L. Jouve, J. Leroux, I. Obeid, T. Odent, J. Sales de
Gauzy, R. Vialle.
Déclaration de conflit d'intérêt : aucun.
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187
Fractures pathologiques
chez l'enfant : diagnostic
et conduite à tenir
F. CANAVESE, A. SAMBA, M. ROUSSET
F. Canavese
Tableau 16.1
Étiologies de fracture pathologique chez l'enfant
Âge Forme Bénigne Maligne
0–5 ans Focale Ostéomyélite Radiothérapie
Granulome éosinophile Métastase isolée
Pseudarthrose congénitale du tibia (forme idiopathique) Sarcome d'Ewing
Immobilisation prolongée
Diffuse Maladie de Hand-Schuller-Christian Leucémie
Pseudarthrose congénitale du tibia (forme associée à NF-1) Maladie de Litterer-Siwe
Ostéogenèse imparfaite Tumeurs métastatiques
Ostéopétrose Tumeur de Wilms
Pycnodysostose Neuroblastome
5–10 ans Focale Fibrome non ossifiant Radiothérapie
Kyste osseux simple Métastase isolée
Kyste osseux anévrismal Ostéosarcome
Dysplasie fibreuse monostotique Sarcome d'Ewing
Enchondrome
Pseudarthrose congénitale du tibia (idiopathique)
Ostéomyélite
Immobilisation prolongée
Allongement de membre
Diffuse Dysplasie fibreuse polystotique (syndrome de McCune-Albright) Leucémie
Enchondtromatose (maladie d'Ollier, maladie de Maffucci)
Pseudarthrose congénitale du tibia (associée à NF-1)
Ostéogenèse imparfaite
Ostéopétrose
Pycnodysostose
10–15 ans Focale Fibrome non ossifiant Radiothérapie
Kyste osseux simple Métastase isolée
Kyste osseux anévrismal Ostéosarcome
Dysplasie fibreuse monostotique Sarcome d'Ewing
Chondroblastome
Tumeur à cellules géantes
Ostéome ostéoïde
Ostéomyélite
Immobilisation prolongée
Allongement de membre
Diffuse Ostéogenèse imparfaite Leucémie
d'une fracture pathologique sur os touché par un pro- qu'après avoir étudié ces différents points que le trai-
cessus tumoral malin. tement du patient peut commencer. La prise en charge
L'anamnèse, l'examen clinique et la recherche étio- thérapeutique doit donc d'abord être réfléchie, puis
logique, la confirmation du caractère pathologique de adaptée à chaque situation, particulièrement dans un
la fracture et l'établissement d'une hiérarchie théra- contexte d'urgence, pour préserver les conditions de
peutique entre la maladie causale et la fracture sont conservation du membre lorsque l'on suspecte une
les moments clés du parcours diagnostique. Ce n'est malignité.
Fractures pathologiques chez l'enfant : diagnostic et conduite à tenir 189
Tableau 16.2
Facteurs de risque de fracture pathologique
Douleur
Diminution de l'épaisseur de la corticale > 50 %
Dimensions > 2,5 × 3,5 cm
Biopsie
Lésion focale maligne
Diminution de l'épaisseur de la corticale > 50 %
Ostéomyélite chronique
Infection Séquestrectomie
Réactivation du processus infectieux
Traitement médicamenteux
Forme polyostotique
Dysplasie fibreuse Grandes lésions
Déformations associées
Zone irradiée
Irradiation Dose délivrée
Âge du patient
déjà pathologique. L'incidence des ostéosarcomes dia- fracturaire d'une masse tumorale, même si les deux
gnostiqués suite à une fracture pathologique est entre entraînent une augmentation de volume du segment
5 et 13 % [9, 10]. corporel touché.
Les fractures survenant sur ostéomyélite sont deve-
nues très rares, non pas que cette affection ait disparu, Recherche étiologique
mais parce que le diagnostic est fait plus précoce-
ment et le traitement antibiotique est entrepris plus Une fois l'anamnèse et l'examen clinique terminés, il
rapidement. Par contre, dans les pays en voie de est utile de se poser les trois questions suivantes :
développement, les fractures secondaires à une ostéo- • Le contexte traumatique est-il compatible avec la
myélite chronique restent relativement fréquentes fracture observée ?
et représentent environ les trois quarts des fractures • Est-ce que la localisation anatomique de la fracture
pathologiques [11]. est typique ?
• Est-ce que la fracture survient sur un os radiologi-
quement normal ?
Si la réponse est oui aux trois questions, la frac-
Anamnèse, examen clinique ture est a priori une fracture habituelle, typique ; si en
et recherche étiologique revanche, la réponse est non à au moins une de ces ques-
tions, il faudra suspecter une fracture pathologique.
Anamnèse Chez l'enfant, une fracture pathologique doit être
suspectée lorsqu'elle est causée par un traumatisme
Devant une fracture suspecte chez un enfant, la minime, quand la localisation de la fracture est inhabi-
démarche de diagnostic étiologique doit débuter par tuelle ou quand une anomalie de la trame osseuse est
une anamnèse rigoureuse. Lors de l'interrogatoire, identifiée sur l'imagerie radiographique.
en plus des questions concernant le traumatisme
(absence de traumatisme, traumatisme minime ou
lésion itérative), on recherchera d'éventuels antécé- Le contexte traumatique est-il
dents de douleur mécanique et/ou inflammatoire, de compatible avec la fracture observée ?
tuméfaction avant la survenue de la fracture, de fièvre, Une fracture sur os pathologique peut survenir en
de perte de poids et on s'intéressera à l'état général l'absence de traumatisme, ou lors d'un traumatisme
récent. Il faudra poser des questions sur la croissance, mineur ou inhabituel, n'entraînant habituellement pas
le développement psychomoteur et les habitudes ali- le type de fracture observée. Une fracture patholo-
mentaires de l'enfant. Il faudra également explorer la gique est définie comme spontanée quand elle survient
présence éventuelle de pathologies rénale (un rachi- en l'absence de tout contexte traumatique ou à la suite
tisme vitamino-résistant ou une ostéodystrophie, par d'un traumatisme minime, de très faible intensité.
exemple) ou hormonale (hyperparathyroïdie primi- Une fracture est définie comme itérative lorsqu'elle
tive, par exemple), sans oublier l'histoire familiale se produit à plus de deux reprises sur le même segment
à la recherche d'antécédents familiaux de dysplasies osseux. Cette survenue doit jusqu'à preuve du contraire
osseuses, maladies métaboliques, maladies neuromus- faire suspecter une fracture pathologique.
culaires ou ostéoporose. Il ne faudra pas oublier de
nique et l'imagerie radiologique standard. temps que le traitement de la lésion responsable d'une
Les examens biologiques à demander dans le cas fracture pathologique.
d'une fracture sur os pathologique sont une numé La biopsie doit être réalisée dans un centre spécia-
ration-formule sanguine, un ionogramme sanguin, la lisé, au mieux par le chirurgien qui prendra en charge
calcémie, les phosphatases alcalines, l'urée, la créati- le patient et conduira le traitement.
nine, la vitesse de sédimentation, la protéine C réac- La biopsie doit bénéficier de la même rigueur que
tive et une électrophorèse des protéines ; en deuxième toute intervention chirurgicale. Elle doit être bien
intention, les marqueurs tumoraux pourront être réalisée pour ne pas compromettre le pronostic et les
recherchés. chances de guérison.
Le scanner et/ou la résonance magnétique nucléaire Le choix entre une biopsie chirurgicale, à ciel ouvert,
(IRM) de la lésion osseuse, l'échographie abdominale, et une biopsie percutanée dépend de plusieurs élé-
le scanner pulmonaire et abdominal, la scintigraphie ments. Une biopsie percutanée est particulièrement
osseuse, l'ostéodensitométrie ou encore des radiogra- indiquée dans les tumeurs du bassin et du rachis,
phies du squelette entier seront réalisés en fonction de souvent d'accès difficiles, et dans les cas de tumeurs
l'orientation diagnostique. récidivantes. La biopsie percutanée est aussi indiquée
192 F. CANAVESE, A. SAMBA, M. ROUSSET
dans les métastases, les hémopathies et dans les cas général. Une immobilisation du membre est néces-
de sarcome d'Ewing dont le diagnostic est plus aisé. saire par un plâtre ou par un fixateur externe dont
Néanmoins, les biopsies percutanées ont un taux de les fiches seront mises à distance de la tumeur : le
succès inférieur à celui des biopsies chirurgicales. En traitement de la fracture passe alors au second plan.
effet, la petite quantité de matériel prélevé rend parfois Le diagnostic sera souvent confirmé par une biopsie,
difficiles les analyses anatomopathologiques et le gra- dont la réalisation est nécessaire avant de débuter le
ding des tumeurs malignes. traitement proprement dit.
Lors d'une biopsie chirurgicale, on utilise le garrot
pneumatique sur un membre surélevé, sans exsangui-
nation, pour travailler dans un environnement non
hémorragique. Le choix de la voie d'abord est essen- Traitement selon l'étiologie
tiel ; le trajet est habituellement le plus direct, confondu
avec celui de l'incision de l'éventuelle future résection Kyste osseux simple
de la tumeur, si cela se révélait nécessaire.
Le kyste osseux simple (KOS) est une lésion focale fré-
La fermeture doit être minutieuse, plan par plan, pour
quente (3 % environ des tumeurs osseuses bénignes). Il
éviter l'essaimage de cellules potentiellement malignes.
s'agit d'une lésion lytique, circonscrite, centrée en zone
Un drainage est autorisé, et certainement préférable
métaphysodiaphysaire. Le KOS est la cause la plus fré-
à un hématome, mais son orifice de sortie doit être
quente de survenue d'une fracture pathologique chez
proche et dans l'axe de la cicatrice pour pouvoir être
l'enfant (figure 16.1) [3, 12–14].
excisé facilement en cas de résection chirurgicale.
La découverte d'un KOS est souvent fortuite suite à
La pièce ne doit pas être fragmentée et doit être
une fracture pathologique ou à l'occasion d'une image-
envoyée au laboratoire d'anatomopathologie non
rie réalisée pour d'autres raisons. L'index de Kaelin et
fixée pour être congelée et permettre des examens de
MacEwen (aire du kyste divisé par le diamètre diaphy-
cytogénétique si nécessaire. Le chirurgien qui réalise
saire au carré) permet d'estimer le risque fracturaire [3].
la biopsie doit enfin donner à l'anatomopathologiste
Le site fracturaire le plus fréquent est l'humérus proxi-
les informations radiologiques et peropératoires de la
mal suivi du fémur proximal [13, 14]. La priorité est la
lésion, ainsi que l'ancienneté de la fracture car l'aspect
prise en charge de la fracture.
histologique des cals osseux peut faire porter, à tort, le
diagnostic de sarcome.
tomie ayant conduit à un sacrifice osseux significatif, l'IRM de l'os atteint, doit être réalisé avant la biopsie.
à une réactivation du processus infectieux ou à un Il doit préciser les limites de la lésion tumorale, ses
traitement retardé. Le diagnostic se fait souvent avec rapports avec l'épiphyse et l'éventuelle extension aux
retard. parties molles.
La présence de signes locaux, érythème, chaleur, La biopsie est une étape obligatoire. Avant sa
œdème, permet d'évoquer le diagnostic, tandis que la réalisation, la fracture pathologique sera stabilisée par
biopsie permet de le confirmer, car les fractures patho- le moyen le plus adapté : plâtre, traction ou fixateur
logiques sur infection peuvent être confondues avec externe. Après la biopsie, le membre doit être protégé
une lésion tumorale maligne. et mis en décharge pour éviter la survenue d'une frac-
Il faut d'abord traiter l'infection : la restauration ture iatrogénique post-biopsie.
d'un environnement métabolique favorable permettra Si la tumeur est chimio-sensible, un traitement néo-
la guérison de la fracture. adjuvant par chimiothérapie est débuté : la fracture
sera traitée plus tard, au cours du traitement chirur-
Sarcomes gical de la tumeur primitive, le plus souvent par une
résection et une reconstruction. La consolidation
Les tumeurs primitives du tissu osseux sont des de la fracture est un signe de bonne efficacité de la
pathologies focales malignes lorsqu'elles sont locali- chimiothérapie.
sées exclusivement à l'os et aux parties molles avoi- Lorsque survient une fracture pathologique, la
sinantes ; en présence de métastases osseuses et/ou consolidation de cette fracture et la bonne réponse à la
extra-osseuses, les sarcomes sont des pathologies dif- chimiothérapie sont des éléments pronostiques favo-
fuses malignes. rables qui feront pencher le traitement en faveur d'une
Le traitement d'une fracture pathologique sur sar- résection chirurgicale conservatrice.
come doit être strict : une erreur diagnostique et/ou
une thérapeutique inadaptée peuvent mettre en jeu le
pronostic vital du patient. La survenue d'une fracture
est un élément péjoratif du pronostic vital et fonction-
nel, car il existe un essaimage des cellules tumorales
dans les tissus adjacents, voire à distance par voie
hématogène. En raison de ce risque, certains auteurs
préconisaient par le passé une amputation. Depuis
plusieurs décennies, différentes études concluent qu'il
n'est pas obligatoire de traiter radicalement par une
amputation lorsque des méthodes de sauvetage de
membre peuvent être réalisées [9, 10].
La localisation de la fracture est importante. En règle
générale, une fracture pathologique sur un fémur reste
moins problématique qu'une fracture sur une jambe
où les paquets vasculonerveux sont souvent atteints
par l'hématome tumoral.
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patient dans les 6 semaines environ qui suivent l'acte sables d'une cyphose dorsolombaire.
chirurgical. La reminéralisation osseuse se fait assez En cas de fracture pathologique, le chirurgien doit
rapidement. prendre en charge la pathologie systémique et la frac-
ture. L'immobilisation plâtrée prolongée peut favori-
Fracture dans les suites ser l'apparition d'une nouvelle fracture, au moment du
d'un allongement de membre déplâtrage.
Il s'agit d'une lésion focale bénigne. Selon la patholo- Pseudarthrose congénitale de jambe
gie de base, le risque de fracture pathologique, après
ablation du fixateur externe dans un programme d'al- La pseudarthrose congénitale de jambe (PCJ) est une
longement, peut aller jusqu'à 50 % (figure 16.7) ; il est lésion pseudo-tumorale focale, lorsqu'elle est isolée ou
particulièrement élevé dans les inégalités de longueurs lorsqu'elle entre dans le cadre d'une neurofibromatose
d'origine congénitale. L'étiologie, l'âge de l'enfant, le de type I (NF-I). Néanmoins, la NF-I est responsable
198 F. CANAVESE, A. SAMBA, M. ROUSSET
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Chez l'enfant, l'évolution locale de la PCJ est insi- 194–200.
[13] Ortiz EJ, Isler MH, Navia JE, et al. Pathologic fractures in
dieuse car elle aboutit presque inéluctablement dans les children. Clin Orthop Rel Res 2005 ; 432 : 116–26.
premières années de vie à une fracture qui ne guérira pas [14] Canavese F, Wright JG, Cole WG, et al. Unicameral bone
et évoluera vers la pseudarthrose (figure 16.8). cysts : comparison of percutaneous curettage, steroid, and
La cause de la pathologie est inconnue. La priorité autologous bone marrow injections. J Pediatr Orthop 2011 ;
doit être la consolidation de la fracture même si celle- 31 : 50–5.
[15] Dormans JP, Dormans NJ. Use of percutaneous intramedul-
ci est obtenue seulement dans 80 % des cas environ, lary decompression and medical-grade calcium sulfate pellets
indépendamment du traitement choisi par le chirur- for treatment of unicameral bone cyst of the calcaneum in
gien orthopédiste [25, 26]. children. Orthopedics 2004 ; 27 : s137-9.
[16] Dormans JP, Pill SG. Fractures through bone cysts : unica-
meral bone cysts, aneurysmal bone cysts, fibrous cortical
[23] Launay F, Yousni R, Pithious M, et al. Fracture dans les suites [25] Shah H, Rousset M, Canavese F. Congenital pseudarthrosis
d'un allongement de membre chez l'enfant : une série de of the tibia : management and complications. Indian J Orthop
58 patients. Orthop Traumatol Surg Res 2013 ; 99 : 52–9. 2012 ; 46 : 616–26.
[24] Simpson AH, Cole AS, Kenwright J. Leg lengthening over [26] Tudisco C, Bollini G, Dungl P, et al. Functional results at the end
an intramedullary nail. J Bone Joint Surg Br 1999 ; 81 : of skeletal growth in 30 patients affected by congenital pseudar-
1041–5. throsis of the tibia. J Pediatr Orthop B 2000 ; 9 : 94–102.
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203
L'amputation et l'appareillage
chez l'enfant
J. GRIFFET
J. Griffet
Résumé L'apparition sur le marché de matériaux nouveaux a b eaucoup
participé à cette évolution. Tout ceci amène de nouveaux
L'amputation d'un membre est toujours vécue comme une malé- critères dans la qualité et l'optimisation des moignons dont la
diction. La connaissance des principes de réalisation d'un moignon qualité devient très influente sur le résultat fonctionnel de la
adapté à un appareillage fonctionnel moderne est indispensable, prothèse.
dans une démarche pluridisciplinaire. Chez l'enfant, la préserva- L'adaptation de l'appareillage, la prise en compte des difficultés
tion de la longueur du moignon est cruciale et doit être appréciée psychologiques et sociales seront réglées en hospitalisation en
en fonction de la croissance restante. médecine physique, au sein d'une équipe médicale, soignante et
L'évolution de l'appareillage prothétique a fait modifier le socio-éducative, en utilisant les outils comme l'imagerie 3D et
concept global des emboîtures et a pour finalité trois objectifs : l'analyse de la marche.
augmentation des surfaces d'appui ; suppression des mouvements
de glissement entre peau et emboîture ; suppression des effets de
Mots clés : Amputation. – Appareillage. – Enfant.
bras de levier.
Introduction être reconsidérés. Notre propos sera basé sur les évo-
lutions techniques de l'appareillage, sur leurs consé-
L'amputation d'un membre, heureusement peu fréquente quences pour le choix de la technique chirurgicale et
chez l'enfant, est toujours vécue, par la famille au départ sur l'adaptation par l'équipe de MPR, en utilisant les
et par l'enfant par la suite, comme une malédiction. nouveaux outils comme l'analyse tridimensionnelle
Aussi, est-il important de bien connaître les principes des membres inférieurs (EOS) et l'analyse quantifiée
de réalisation d'un moignon adapté à un appareillage de la marche (AQM).
fonctionnel. Cette démarche s'inscrit dans une réflexion Nous nous limiterons aux amputations chirurgicales
et une collaboration pluridisciplinaire. Certes, le chirur- du membre inférieur, quelle qu'en soit l'étiologie.
gien orthopédiste pédiatre est le premier concerné, mais
la discussion est indispensable, si possible avant tout Généralités
geste chirurgical, avec un orthoprothésiste compétent en
la matière et avec l'équipe de médecine physique et de Les amputations ont des causes diverses :
réadaptation (MPR) qui prendra en charge cet enfant • traumatiques : écrasement d'un membre par le véhi-
lors de la période d'adaptation. La concertation pluri cule des parents ou accident par un engin agricole ou
disciplinaire se fera pour les soins de cicatrisation, le une tondeuse à gazon (figure 17.1). Le niveau d'ampu-
choix et l'adaptation de l'appareillage, et pour l'accom- tation est variable. Il faut surtout s'adapter au niveau
pagnement social, puis par la suite, en association avec de la lésion initiale ;
l'orthopédiste, pour la surveillance du développement • infectieuses dont le purpura fulminans est la
morphostatique et de la croissance, ainsi que le renou- forme la plus grave, parfois mortelle, avec septicémie
vellement de l'appareillage. Malheureusement, cette (figure 17.2). Le pronostic vital est en jeu et la prise en
amputation se décide souvent en urgence et il est alors charge est urgente avec un risque d'amputation impor-
capital que tout chirurgien connaisse les modalités de tant. Dans la gangrène gazeuse, l'amputation est un
réalisation d'un moignon adapté. acte de sauvetage. En cas d'infection, le niveau d'am-
L'appareillage évolue avec l'apparition de nouveaux putation est à définir précisément afin d'avoir une sec-
matériaux et de nouveaux modèles de prothèses de tion en zone saine et de garder un moignon assez long.
plus en plus fonctionnels et performants. Ceci a une Le risque de récidive septique locale est un piège à évi-
incidence sur les principes chirurgicaux qui doivent ter, lorsque le niveau d'amputation est « limite » sans
A B
Figure 17.1 Accidents de tondeuse à gazon.
A B
Figure 17.3 Ostéosarcome du tiers inférieur du tibia (enfant de 5 ans).
A B
Figure 17.4 Ischémie aiguë iatrogène.
Évolution de l'appareillage
prothétique du membre inférieur :
incidences sur la réalisation
Figure 17.6 Amputation du tiers proximal du fémur.
du moignon chez l'enfant
Le concept global des évolutions des emboîtures a
pour finalité trois objectifs :
servir à boucher le canal médullaire et faire hémostase ; • augmentation des surfaces d'appui dans l'emboîture ;
• les amputations du pied : • suppression des mouvements de glissement entre
– de type Chopart : il faut obtenir un moignon peau et emboîture ;
stable, non douloureux, avec appui distal, appareillé • suppression de tous les effets de bras de levier entre
par une prothèse remontant jusqu'au genou. Une emboîture et segment sus-jacent.
passera à l'âge adulte, lorsque la longueur des seg- plan sagittal. C'est cette articulation qui va comman-
ments de membre aura changé. der la prothèse. Les fausses côtes ne doivent pas tou-
cher la coque en position assise.
1er niveau : la hanche Le matériel prothétique (hanche et genou) est léger
mais peu performant pour l'enfant (figure 17.10). Ce
Le patient est assis sur son ischion, côté amputé. type d'appareillage permet la marche harmonieuse en
Celui-ci peut être guidé dans une loge pour un meil- terrain plat (montées et descentes difficiles).
leur contrôle. La suspension de la prothèse se fait par Quand l'enfant atteint une taille adulte, le choix du
un accrochage au-dessus des crêtes iliaques. matériel prothétique est beaucoup plus performant.
Cette coque enveloppe donc le massif fessier côté Il peut autoriser une démarche plus dynamique et la
amputé et se prolonge par une ceinture recouvrant descente des pentes et des escaliers en pas alternatifs.
l'hémi-bassin opposé. La face antérieure doit se rap- La course est possible mais difficile (figure 17.11).
procher le plus près possible du pubis et de la branche Ce type d'appareillage peut être confortable à la
ischio-pubienne pour laisser la place nécessaire à la marche (périmètre de marche important) mais la
pièce de hanche d'une part, et pour essayer d'obte- boiterie restera toujours perceptible et l'appareillage
nir une surface osseuse importante en contact avec la encombrant.
coque d'autre part (figure 17.8). Il y a peu d'évolution globale pour ce type d'appa-
Un capitonnage trop important de la zone amputée reillage.
limitera les possibilités de contrôle de cette coque et
empêchera d'optimiser la position de l'axe articulaire 2e niveau : le fémur
de la hanche prothétique (figure 17.9).
La qualité de l'empreinte et le choix des matériaux C'est le niveau d'amputation qui a le plus profité des
utilisés apporteront le confort au patient. Cette coque évolutions technologiques.
devra impérativement libérer la charnière lombaire Auparavant la forme des emboîtures était quadran-
pour permettre des mouvements du bassin dans un gulaire nécessitant un serrage très important au niveau
Sup Sup
Supérie
Gau
Vue frontale d’une emboiture Ant Gauche
Figure 17.8 La coque enveloppe le massif fessier avec prolongement par une ceinture sur l'hémi-bassin opposé.
Alignement théorique
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A B C
Figure 17.9 Alignement d'une prothèse totale du membre inférieur.
208 J. Griffet
Figure 17.10 Prothèse légère chez l'enfant, articulation de Figure 17.11 Prothèse performante avec articulation de hanche
hanche déportée, genou à biellette ou frein monté en recurva- type hélix, genou C-Leg® géré par microprocesseur, pied dyna-
tum, pied dynamique en carbone. mique carbone.
Source : Chabloz Orthopédie, adepa.fr et Ottobock.
A B
Figure 17.12 Ancienne emboîture quadrangulaire à serrage antéro-postérieur.
de la racine du moignon avec une déformation par – ce concept a en plus l'avantage de remettre ce fémur
pincement antéropostérieur (figure 17.12). en position d'adduction physiologique. L'extension
Ce serrage entraînait des troubles trophiques limitant de hanche est maintenant possible sans hyperappui
considérablement le périmètre de marche des patients. sur l'ischion et donc sans lordose de compensation
Cette conception traumatisante incitait, quand ils le (figure 17.14),
Encadré 17.1
Critères du moignon idéal
La cicatrice doit impérativement être jolie (atten-
tion aux formes en creux).
− Il n'est pas nécessaire de chercher à conserver
du volume sur le moignon, celui-ci peut entraîner
un phénomène de « pseudarthrose » entre le fémur
et l'emboîture : une faible circonférence en extré-
mité de moignon permettra un meilleur contrôle
de la prothèse.
− Il est préférable de conserver un volume de
A B masse molle sous l'extrémité du fémur (3 à 4 cm)
Figure 17.14 Emboîture : quadrangulaire ne permettant pas pour le confort en charge (ce volume est stabilisé
l'extension par conflit avec l'ischion (a) ; à « ischion intégré » par le manchon).
permettant l'extension de hanche (b). − La longueur du moignon doit laisser suffisam-
Source : Chabloz Orthopédie. ment de place pour le genou prothétique (4 à 5 cm
entre l'extrémité du moignon et l'axe articulaire
adhère au moignon et oriente le volume des masses du genou pour du matériel d'enfant et environ
molles comprimées pour recevoir l'emboîture rigide. 10 cm entre l'extrémité du moignon et l'axe arti-
Cette interface a de nombreux avantages : permet une culaire pour du matériel d'adulte).
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mise en place facile de la prothèse ; adhère au moignon − Le moignon sera toujours performant si sa lon-
et évite tout frottement entre la peau et l'emboîture ; a gueur se situe entre le tiers moyen de la cuisse et la
un effet positif sur les cicatrices (lissage, assouplisse- longueur maximale citée précédemment.
ment) ; distribue parfaitement la pression sur toute la − Attention : cette longueur du moignon doit
surface du moignon et apporte plus de confort, tenir compte de la hauteur des masses molles
– on peut y inclure un coussin en gel de silicone si, situées sous le fémur et il ne faut pas oublier que
par exemple, l'extrémité du fémur est trop saillante, le serrage du moignon par le manchon entraîne
– par contre, il ne doit exister aucune poche d'air toujours un allongement de celui-ci de 1 ou 2 cm.
entre la peau et le manchon (cicatrice invaginée). − Parce que l'ischion est inclus dans l'emboîture,
Dans ce cas, un phénomène d'aspiration se crée un moignon court (= 10 cm) restera parfaitement
entraînant des phlyctènes (mise en place d'un man- exploitable.
chon silicone : figure 17.16).
Ce nouveau concept d'emboîture nous oblige à
revoir les critères du moignon idéal (encadré 17.1). à ischion intégré donne au patient un confort et un gui-
L'association du manchon adhérent et de l'emboîture dage de la prothèse qui lui garantissent un périmètre
210 J. Griffet
de marche souvent proche de celui des gens valides. gérer aisément toutes les situations avec des genoux
Les possibilités fonctionnelles du patient vont ensuite de conception simple. Certains parviennent même à
dépendre du matériel prothétique utilisable et utilisé. monter les escaliers.
Pour l'enfant, les genoux disponibles, correspon- En grandissant, le choix de matériels prothétiques
dant à leur taille et à leur poids, ont des fonctions limi- s'étoffe et les assistances techniques se multiplient. La
tées. Ils permettent la marche en alternatif, mais ne préflexion du genou, à l'attaque du talon, est même
proposent pas d'assistance à la descente des pentes et reproduite et donne du confort par un léger amor-
des escaliers, encore moins pour les montées. tissement. Les patients peuvent, avec une rééduca-
Par contre, par leur adaptabilité, les enfants ayant tion spécialisée, aborder les descentes d'escalier et les
un moignon suffisamment long sont capables de pentes en toute sécurité, avec peu d'efforts musculaires
(genou C-Leg® Ottobock, référencé Sécurité sociale :
figure 17.17).
Il est possible d'adjoindre à la prothèse un absorbeur
de choc pour plus de confort, un absorbeur de torsion
pour le golf et même un rotateur au niveau du genou
pour s'asseoir en tailleur (figure 17.18).
De nouveaux genoux prothétiques permettant
de monter les escaliers arrivent sur le marché. Ils
fonctionnent par l'association de gyroscope et de
microprocesseurs (genou Genium® Ottobock, non
remboursé : figure 17.19). Ils assistent les patients de
façon très naturelle dans toutes les situations et pro-
mettent des perspectives très encourageantes.
Le confort obtenu avec les nouvelles emboîtures
associées à des lames de course (non-prises en charge)
Figure 17.16 Conseils pour la mise en place d'un manchon sili- Figure 17.17 Genou C-Leg® (Ottobock), référencé Sécurité
cone fémoral. sociale permettant la descente des escaliers.
Source : Chabloz Orthopédie. Source : Ottobock.
A B
Figure 17.18 Genou avec : rotateur (a) ; absorbeur de torsion (b).
L'amputation et l'appareillage chez l'enfant 211
A B
C
Figure 17.20 Prothèses spécifiques adaptées à la pratique des sports pour : la course (a) ; le vélo (b) ; les sports de neige (c).
Source : Chabloz Orthopédie.
212 J. Griffet
peuvent aussi être réalisés spécifiquement à partir d'un Ce type de prothèse peut être placé dès 8 mois,
moulage si la forme du moignon l'impose. quand l'enfant commence à vouloir se mettre en appui
La prothèse n'est plus nécessairement montée en sur ses membres inférieurs (figure 17.24).
flexum, l'ensemble devient plus physiologique. Il subsiste toujours le problème de la croissance des
os qui impose en moyenne deux interventions durant
Chez les enfants la croissance.
Figure 17.21 Emboîture total contact behring avec serrage Figure 17.22 Ancienne emboîture de prothèse tibiale avec
homogène. hyperappuis sous-patellaire et poplité.
A B
Figure 17.23 Manchons : au choix (a) ; sur moulage (b).
Source : Chabloz Orthopédie, adepa.fr.
L'amputation et l'appareillage chez l'enfant 213
A B
Figure 17.24 Gamme de prothèses pour enfants (a) et prothèse dès 8 mois (b).
Source : Chabloz Orthopédie.
214 J. Griffet
A B C
Figure 17.28 Radiographies avec EOS.
Analyse des axes – cliché corps entier : désarticulation du genou sur malformations congénitales (a) ; amputation fémorale chez
un enfant (b) ; amputation chez un jeune adulte : mélorhéostose diagnostiquée à l'âge de 15 ans (c).
Tableau 17.1
Paramètres spatio-temporels (GaitRite®) avec mesure du FAP (functional ambulation profile) = 100*
Paramètres Fonctional ambulation profile : 96
Bilans, objectifs de rééducation Et, parallèlement, il faut redonner au plus vite son
autonomie au patient pour les déplacements et les
et modalités de mise en œuvre [7–10] activités de la vie quotidienne et mettre en place un
étayage psychologique.
La phase initiale : prise Ceci s'exerce au travers :
en charge en phase précoce, • des soins infirmiers : aide à la toilette, pansements,
après l'amputation bandages compressifs du moignon avec une bande
Biflex® au début puis avec un manchon élastique taillé
Dans l'idéal, la prise de contact entre l'enfant, sa sur mesure, évaluation clinique quotidienne de la dou-
famille et le service de MPR aura eu lieu avant l'am- leur et protocoles antalgiques ;
putation. Cette consultation permettra de donner des
explications et de rassurer autant que possible sur
les capacités fonctionnelles futures avec appareillage.
Après l'amputation, le suivi en MPR se fait le plus sou-
vent dans le cadre d'une hospitalisation complète dans
la mesure où l'état de l'enfant requiert une adaptation
pluriquotidienne des soins médicaux.
Dès son arrivée dans le service, il est accueilli par
les membres de l'équipe qui vont procéder au bilan
initial : histoire médicale, circonstances de l'ampu-
tation, lésions associées en cas de polytraumatismes
ou de polyfractures ; état général (désadaptation à
l'effort, infections, anémie post-traumatique ou post-
chimiothérapie, neutropénie) ; niveau de l'amputation,
caractère bilatéral éventuel ; état local du moignon,
caractéristiques de la cicatrice, présence d'œdème du
moignon, amplitudes articulaires des articulations
sus-jacentes ; bilan d'autonomie et évaluation de l'état
thymique.
Il s'agit d'une période où l'on va dans un premier
temps assurer :
• la prévention des complications du postopératoire
immédiat et du décubitus ;
• l'installation au lit, au fauteuil roulant ;
• le suivi de la cicatrisation du moignon ;
• la gestion et la prévention de la douleur en particu-
lier neuropathique [11] ; Figure 17.30 Analyse dynamique de la marche : en bleu courbe
• la prévention d'attitudes vicieuses (flexum) ; normale, en rouge genou Genium®, en vert genou C-Leg®. Le
• la préparation du moignon à l'appareillage.
A B
Figure 17.31. Gait real-time analysis interactive laboratory : réadaptation avec feedback.
L'amputation et l'appareillage chez l'enfant 217
dans les actualités sportives, d'athlètes amputés rem- complément en fonction des frais liés au handicap ou
portant des succès en compétition vient rendre tan- le versement d'une prestation compensatoire du han-
gible une image de soi reconstruite et positive. Ce sera dicap (PCH) ;
le moment de faire établir un contact avec les asso- • l'attribution d'un auxiliaire de vie scolaire si l'amé-
ciations de personnes amputées qui pourront apporter nagement de la scolarité en milieu ordinaire le nécessite.
leur témoignage. Pour l'octroi de ces prestations, un dossier est à
Pendant cette période est exigée une surveillance monter à la maison départementale des personnes
attentive des points d'appui dans l'emboîture par toute handicapées (MDPH), comportant un volet social et
l'équipe de soins et de rééducation, puis par le patient administratif ainsi que médical.
ou ses parents. La demande d'exonération du ticket modérateur
La rééducation comprend : au titre de l'affection de longue durée devra être faite
• un travail de renforcement musculaire, de l'équilibre rapidement car elle viendra faciliter hospitalisation et
et du schéma de marche appareillée, dans les barres appareillage, ce dernier étant pris en charge intégra-
parallèles au début, ensuite avec canne, puis sans lement par les caisses d'assurance maladie, exception
canne ; faite des prothèses de sport.
218 J. Griffet
Il est primordial que le chirurgien cerne parfai- [3] Pfeil J, Marquardt E, Holtz T, et al. The stump capping proce-
tement la finalité de son geste pour optimiser cet dure to prevent or treat terminal osseous overgrowth. Prosthet
Orthot Int 1991 ; 15 : 96–9.
appareillage et que la mise en place de la prothèse se [4] Gritti R. Annali Universali di Medicina. Milano 1857 ;
fasse en parfaite collaboration entre rééducateur et 161 : 5.
orthoprothédiste. [5] Westberry DE, Davids JR, Pugh LI. The Boyd amputation in
L'adaptation de l'appareillage, la prise en compte des children : indications and outcomes. J Pediatr Orthop 2014 ; 34 :
difficultés psychologiques et sociales seront, au mieux, 86–91.
[6] Kobayashi T, Orendurff MS, Boone DA. Effect of alignment
réglées en hospitalisation dans un service de MPR, au changes on socket reaction moments during gait in transfemo-
sein d'une équipe médicale, soignante et socio-éduca- ral and knee-disarticulation prostheses : case series. J Biomech
tive, en utilisant les outils comme l'EOS et l'AQM. 2013 ; 46 : 2539–45.
[7] Bryant PR, Pandian G. Acquired limb deficiencies. 1. Acquired
Remerciements limb deficiencies in children and young adults. Arch Phys Med
Rehabil 2001 ; 82(Suppl 1) : S3–8.
L'auteur remercie A. Eid, M.-P. de Angelis, A. Descotes, [8] Centomo H, Amarantini D, Martin L, et al. Muscle adaptation
patterns of children with a trans-tibial amputation during wal-
P. Chabloz, J. Bredin et J.-P. Flambart qui lui ont per- king. Clin Biomech 2007 ; 22 : 457–63.
mis d'appréhender les nombreux aspects liés à la mise [9] Loiret J, Paysant N, Martinet JM. Analyse de la littérature.
en place d'une prothèse. Évaluation des amputés. Ann Readapt Med Phys 2005 ; 48 :
Déclaration de conflit d'intérêt : aucun. 307–16.
[10] Treby J, Main EA. Survey of physiotherapists involved in pae-
Références diatric lower limb amputee rehabilitation in the British Isles.
Physiotherapy 2007 ; 93 : 212–7.
[1] Krajbich JI. Lower-limb deficiencies and amputations in child- [11] Fournier-Charrière E, Marec-Berard P, Schmitt C, et al.
ren. J Am Acad Orthop Surg 1998 ; 6 : 358–67. Management de la douleur neurologique chronique chez l'en-
[2] Dederich R. Ostéomyoplastie du moignon d'amputation des fant : consignes de bonnes pratiques cliniques. Arch Pediatr
membres inférieurs. Acta Orthop Belg 1966 ; 32 : 633–40. 2011 ; 18 : 905–13.
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221
J.-M. Laffosse
Résumé pas justifiée. Cependant, on peut être amené à convertir une voie
endofémorale en voie transfémorale et il faut l'avoir anticipé en
L'extraction d'une tige bien fixée pose des problèmes techniques planifiant la longueur d'une éventuelle fémorotomie ou d'un
difficiles. L'objectif est de retirer le matériel en place mais aussi volet avec les implants de révision et le matériel nécessaire pour
de préparer la réimplantation prothétique. Une tige cimentée est réimplanter. Une expérience des différentes techniques est indis-
exceptionnellement inextirpable ; la difficulté est l'extraction du pensable, une voie extensive bien réalisée étant moins morbide
ciment et du bouchon. Le risque principal est la fausse route et, qu'une fracture ou une fausse route. On peut résumer la problé-
au moindre doute, il faut réaliser un contrôle radiographique. Les matique à trois grandes techniques que nous décrivons : extrac-
tiges sans ciment sont plus à risque de fracture. Il faut anticiper tion d'une tige sans ciment par voie endomédullaire ; extraction
les difficultés par la connaissance de l'implant et l'évaluation de d'une tige cimentée par voie endomédullaire ; extraction d'une
son ancrage et du stock osseux. La voie endofémorale suffit le plus tige par voie transfémorale avec volet. Les patients doivent être
souvent pour extraire une tige standard bien fixée cimentée ou non informés de ces difficultés et des solutions qui permettent d'y
cimentée. En dehors des reprises infectieuses, des tiges à double faire face.
courbure, des longues tiges trochantéro-diaphysaires, de la pré-
sence d'une incurvation ou angulation diaphysaire fémorale ou de
Mots clés : Révision. – PTH. – Extraction. – Tige. – Fémorotomie.
l'impossibilité de luxer, une voie transfémorale systématique n'est
Voie postérieure
C'est la plus utilisée en raison de sa simplicité et son
adaptabilité. En cas de technique endomédullaire, un
GT proéminent peut gêner l'exposition du canal avec
un risque de fausse route ou de fracture. Son autre
inconvénient est d'augmenter le risque de luxation, très
réduit par l'utilisation d'une cupule à double mobilité.
Figure 18.2 Ancillaire d'extraction des tiges.
Système de masse coulissante (a) monté sur un système de mors
Autres voies enserrant le col (b) ou un système de tulipage (c, d) ou un cro-
chet (e) utile pour les tiges à col modulaire.
• La voie antérieure est surtout séduisante pour les
arthroplasties de première intention ; il faut une grande
expérience pour l'utiliser en ayant à extraire une tige
fémorale bien fixée.
• Les voies antéro-latérales nécessitent une désinser-
tion partielle des fessiers, ce qui les affaiblit et majore
le risque d'instabilité.
Voies étendues
Des difficultés d'extraction prévisibles peuvent faire
choisir une voie étendue d'emblée, avec volet fémoral,
comme nous le reverrons.
Certains matériaux d'ostéosynthèse doivent être adaptées au calibre du fémur ; en l'absence de volet,
disponibles : cerclages métalliques, plaques pour frac- le risque est de sous-dimensionner l'implant et de ne
tures périprothétiques, crochets trochantériens. pas obtenir son intégration.
Un personnel rompu à cette chirurgie est indispen-
sable car les changements de position du membre opéré,
d'instruments, voire du type de prothèse de reprise sont Choix de la technique d'extraction
fréquents et nécessitent anticipation et réactivité.
L'analyse des éléments précédents permettra de décider
a priori si on tente une extraction par voie endofémo-
Quel sera l'implant de reprise ? rale. Elle est possible dans la majorité des cas, ce qui per-
met de réimplanter une tige standard, cimentée ou non.
Quel que soit l'implant envisagé, il faut disposer
Il est des cas, néanmoins, où il est préférable de réa-
d'une tige longue press-fit ou verrouillée pour pouvoir
liser d'emblée un abord élargi transfémoral :
s'adapter à tous les types d'abord (endomédullaire ou
• tiges cimentées :
transfémoral) et pouvoir réimplanter, même en cas de
– ostéolyses proximales avec persistance d'un ancrage
complications peropératoires (fracture, fausse route).
distal,
Il existe plusieurs options :
– longs bouchons (> 30 mm), surtout en cas de tiges
• tige cimentée (standard ou de révision) :
excentrées ;
– elle suppose l'absence d'abord transfémoral qui
• tiges non cimentées :
empêcherait une cimentation sous pression, tandis
– tiges fracturées,
que le passage du ciment dans les traits de fémoro-
– tiges vissées ou revêtues de porométal (figure 18.5),
tomie empêcherait la consolidation osseuse,
– longues tiges trochantéro-diaphysaires à revête-
– certains ont proposé de recimenter une nouvelle
ment intégral,
tige à l'intérieur de tout ou partie de l'ancien man-
– perte de substance osseuse (PSO) diaphysaire
teau de ciment. Aucune complication majeure de
étendue,
cette technique n'a été rapportée [13, 14]. Il faut
– cal vicieux ou incurvation diaphysaire importante ;
disposer d'un implant peu encombrant pour qu'il
• luxation difficile ou à risque :
puisse se loger dans ce qui reste du fourreau tout en
– ascension/médialisation importante(s) de la cupule,
autorisant une couche de ciment suffisante ;
– important enfoncement de la tige,
• tige sans ciment :
– ossifications péri-articulaires abondantes, voire
– tige standard : elle suppose l'absence d'abord
ankylose osseuse,
transfémoral (volet ou fenêtre),
– fémur, en particulier GT très fragile,
– tige de révision : on choisira un implant de lon-
– révisions pour infection chronique.
gueur adaptée à ancrage distal en fémur sain, en
Le volet doit être soigneusement planifié [15]. Il vaut
tenant compte de la courbure fémorale (sagittale
mieux un seul volet pédiculisé, bien vascularisé, que
notamment),
plusieurs fragments dévascularisés qui ne consolide-
– tige de révision verrouillée, il vaut mieux faire
ront pas, voire se résorberont.
un volet d'emblée car ces prothèses doivent être
Figure 18.4 Kit d'ostéotomes à lames souples avec barre cou- Figure 18.5 Tiges réputées inextirpables vissées (1 et 2) ou à
lissante adaptable. revêtement porométal ou équivalent (3 et 4).
Extraction des tiges de PTH bien fixées 225
Sa longueur dépend de la tige en place (figure 18.6) : alors recourir à un volet fémoral de nécessité, de mor-
• tiges sans ciment : bidité moindre que celle d'une fracture.
– avec revêtement macroporeux : le volet sera étendu On extériorise le fémur proximal avec un large écar-
à toute la hauteur de la tige, teur (cf. figure 18.3a et b) prenant appui sous le calcar
– avec revêtement microporeux sur toute sa surface : pour travailler dans l'axe sans manœuvre de force.
on peut sous-dimensionner le volet de 3 à 4 cm, L'extraction de la tige est en général facile, du moins
– avec revêtement incomplet : le volet ne concernera lorsqu'elle est lisse. Dans le cas contraire, elle peut être
que la partie revêtue ; problématique et on se trouve pratiquement ramené
• tiges cimentées : on peut respecter une distance de au cas d'une tige sans ciment ostéo-intégrée.
2 à 3 cm en amont de l'extrémité distale du bouchon, La grande difficulté est l'extraction du ciment et du
ce qui suffit pour le retirer en toute sécurité (sauf si sa bouchon [4, 16]. Ses risques sont la fausse route, les
longueur dépasse 3 cm). fractures, l'extraction incomplète du ciment avec pour
Les repères peropératoires sont le sommet du GT, le conséquence l'aggravation des lésions osseuses pou-
petit trochanter ou des éléments prothétiques (centre vant compromettre la réimplantation fémorale [3, 6].
de la tête, épaulement…).
Dans les autres cas, il faut toujours envisager le pire
scénario, à savoir commencer par une voie endomé- Ablation du ciment
dullaire tout en ayant déjà planifié une voie élargie. Il faut avancer méthodiquement, de proximal en distal,
Il faut informer le patient de toutes ces difficultés en de postérieur en antérieur. Les ciseaux à ciment fins
discutant le rapport bénéfices/risques et évoquer avec et droits doivent être utilisés avec prudence, la partie
lui les différents abords osseux (ostéotomie, fémoro- effilée vers le ciment afin de ne pas s'enfoncer dans l'os
tomie, trochantérotomie…). Ce point doit être égale- et créer une fausse route. On peut cercler le fémur sous
ment abordé avec l'anesthésiste. le petit trochanter pour prévenir une fracture mais pas
une fausse route qui se produit plus distalement. Le
contrôle visuel doit être constant, en s'aidant si néces-
Réalisation pratique saire d'un système de lavage–aspiration–éclairage.
de l'extraction Il faut fendre longitudinalement le fourreau de ciment
afin de l'extraire par gros morceaux (figure 18.7).
Extraction par voie endofémorale Les crochets et les curettes sondent la cavité et
palpent les parois tout en remontant les fragments, une
d'une tige cimentée tige-guide pour alésoirs repère le niveau du bouchon.
Extraction de la tige On perfore ensuite le bouchon à l'aide d'un foret, de
8–9 mm de diamètre, voire un peu plus (les petits dia-
On dégage soigneusement l'épaulement prothétique mètres sont pourvoyeurs de fausses routes), qui doit
de tout ce qui gêne l'extraction par voie haute (tissus rester bien centré (figure 18.8). Cette perforation est
mous, os, ciment) sous peine de fragiliser, voire frac- aisée en cas de bouchon court (15–20 mm) et de tige
turer le GT. centrée, beaucoup plus à risque s'il est long (> 30 mm)
La luxation, souvent facile, évitera toute manœuvre et/ou la tige excentrée. Ramener des fragments d'un
de force pouvant fracturer le GT. Elle est parfois diffi-
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Différents artifices ont été proposés : fait craindre une fausse route que l'on abordera.
• systèmes de visée intracanalaire [17] ou à appui On introduit sur cette tige-guide des alésoirs motorisés
péridiaphysaire pour aléser le fémur [16] ; de taille croissante, rigides ou souples (en cas de fémur
• ultrasons qui désintègrent le ciment par échauffement. courbe), puis on passe le bouchon avec un crochet rétro-
La progression doit être lente et progressive [18]. Ils per- grade (voire un taraud) et on retire ce qui reste du bouchon.
mettent d'éviter un volet ou de réaliser un volet plus court Le ciment étant plus dur que l'os, un fragment de ciment
et de préserver l'isthme en cas de long bouchon [19] ; restant peut entraîner un alésage excentrique avec amincis-
• moteurs à rotation très rapide (Cebotome®, Conmed sement cortical, voire une fausse route ou une fracture. Au
Linvatec Hall) qui fragmentent le ciment, à manier moindre doute, on contrôlera à l'amplificateur de brillance
avec prudence ; de face et de profil la progression des alésoirs. Il arrive que
• système SEG-CES (segmental cement extraction sys- l'on repousse le bouchon distalement, ce qui n'est pas grave
tem), constitué de boulons montés sur une tige filetée, s'il ne gêne pas l'implantation de la nouvelle tige, mais pro-
qui est cimentée dans le fourreau de ciment ; on extrait blématique en cas de reprise septique. La prudence est de
ensuite l'ensemble tige–boulons–ciment [20]. faire un contrôle radiographique et si l'extraction du bou-
Le bouchon perforé, on introduit une longue tige chon s'avère indispensable, de réaliser une fenêtre.
d'alésage fine et souple dans le fémur. Une sensation de En cas de ciment et notamment de bouchon inextir-
contact osseux au niveau du fémur distal est favorable, pable, certains défendent la réalisation d'une fenêtre
alors que la sensation de contact avec les parties molles corticale (figure 18.9) [21]. Les règles à respecter sont :
• un positionnement optimal sous contrôle fluorosco-
pique, de manière à chevaucher l'extrémité distale du
bouchon sur 1 à 2 cm ;
• une longueur de 3 à 4 cm et une largeur inférieure
au quart de la circonférence du fémur ;
• un grand axe confondu avec celui du fémur ;
• des angles arrondis marqués à la mèche de 2,7 mm ;
• un cerclage immédiatement en aval de la fenêtre ;
• une tige prothétique qui doit ponter la fenêtre sur
une distance au moins égale à sa longueur [4].
Il faut tout faire pour se passer de cet artifice à
Figure 18.8 Le bouchon est perforé pour permettre l'introduc- risque de fracture et lui préférer un volet permettant
tion d'un crochet. une exposition parfaite, avec d'excellentes chances de
On peut aussi utiliser un taraud. consolidation.
Une trochantérotomie n'est pas recommandée dans Après avoir dégagé toutes les faces de l'implant, on
ce contexte, sauf dans le cas d'une pseudarthrose alterne quelques manœuvres d'impaction et d'extrac-
trochantérienne que l'on utilisera. Le GT est alors tion pour rompre les derniers ponts osseux et retirer
souvent lytique et fragile. Il ne faut pas y associer un la prothèse à l'aide d'un système d'extraction adapté
volet qui ne ferait qu'aggraver les lésions osseuses. s'il en existe un. En son absence, on peut utiliser une
pince universelle autobloquante enserrant le col, sur
Extraction par voie endofémorale laquelle on pourra frapper.
En cas d'échec, il faut déterminer précisément les
d'une tige sans ciment bien fixée zones encore non libérées et surtout rechercher un pié-
Après la luxation, il faut exciser les tissus surplombant destal, d'accès très difficile par voie endomédullaire,
l'épaulement prothétique puis dégager le calcar pour le surtout en cas de tige anatomique courbe.
passage des ciseaux. On se fixera un temps d'essai raisonnable, de 30 à
L'objectif est de rompre tous les ponts osseux entre 45 minutes pour l'ablation. Si l'extraction s'avère
fémur et prothèse (figure 18.10). On commence par impossible, on passera à la fémorotomie.
des ciseaux fins, courts et larges à lames souples que
l'on passe de part et d'autre des faces postérieure et
antérieure de la tige, coté biseauté vers l'implant. Il Extraction par abord élargi
faut introduire prudemment le ciseau et surtout le reti- après échec par voie endofémorale
rer sans manœuvres d 'extraction intempestives. On
dégage les faces latérale et médiale de l'implant avec Fémorotomie
des lames plus étroites. En cas de calcar fragilisé, on On réduit la hanche après avoir repositionné la
peut le cercler pour prévenir une fracture. tête fémorale pour ne pas endommager la cupule.
Au fur et à mesure que l'on se rapproche de l'extrémité L'incision est étendue distalement, puis le fascia lata
distale de l'implant, on utilise des ciseaux plus longs et est incisé et le vaste latéral récliné. Si nécessaire, on
plus étroits. Pour rompre les ponts osseux distaux, on peut, pour mieux exposer le fémur, dégager la ligne
introduit au moteur des broches sur les différentes faces âpre en sectionnant le grand fessier à 1 cm de l'os en
de l'implant, en s'efforçant de percevoir leur passage vue de sa réinsertion. Les insertions du vaste sont res-
au-delà de la zone d'ancrage distal. pectées pour ne pas dévasculariser le volet et conser-
ver la continuité du digastrique moyen fessier–grand
trochanter–vaste latéral.
La fémorotomie est délimitée selon la planifica-
tion par des trous de mèche de 2,7 mm. On passe
un cerclage distalement pour prévenir une fracture.
L'ostéotomie est réalisée à la scie oscillante sur la face
latérale du fémur à mi-distance entre la ligne âpre et
le bord antérieur pour pourvoir la convertir en volet
si nécessaire.
On joue prudemment sur l'élasticité osseuse
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A B C D
Figure 18.12 Planification et réalisation d'un volet fémoral.
Marquage à la mèche de 2,7 des limites des corticotomies (a).
Corticotomie transversale en premier puis corticotomie posté-
rieure (b). La corticotomie antérieure peut être marquée par des
trous de mèches en timbre-poste (c). Le volet est prudemment
3-4 cm
relevé avec des ciseaux (d).
Figure 18.13 Perforation puis extraction du bouchon de ciment Figure 18.14 Voie sarcophage de Doré (fenêtres successives)
après réalisation d'un volet fémoral. conservant la continuité de la corticale latérale.
• la longueur du volet doit être suffisante pour retirer extrait la tige du fémur et avant d'implanter la tige de
tout le ciment en conservant au moins 4 cm d'isthme ; reprise. Cette ostéotomie permet de réaligner le fémur
• en cas de bouchon excessivement long, il vaut mieux proximal médial sur la tige, de fermer le fémur et de
planifier un volet plus court associé à une ou deux l'amener au contact de la prothèse ;
fenêtres distales, sous contrôle radiographique, mais • implants fracturés ; la rupture de l'implant peut se
il faut alors disposer d'un implant de reprise pontant situer au niveau :
suffisamment la(les) fenêtre(s). Ici, les ultrasons sont – du col fémoral,
très utiles pour éviter ces fenêtres. – de la jonction d'un col modulaire avec la tige,
– de la jonction entre les parties proximale non
Extraction d'emblée par un abord ostéo-intégrée et distale ostéo-intégrée d'une tige
(cas des ruptures de la jonction métaphyso-diaphy-
élargi saire des prothèses modulaires de reprise).
Volet d'emblée On ne dispose pas alors de système d'extraction de
la tige bien fixée. Il faut réaliser d'emblée une fémo-
La longueur du volet planifié est reportée sur la diaphyse rotomie, voire un volet. Lorsqu'il s'agit d'une tige de
à partir des repères osseux ou prothétiques. Ce volet sera reprise très longue, on peut associer une fenêtre à un
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réalisé sans libération postérieure, sans luxer ni retirer long volet ou utiliser des tréphines.
l'implant. Ceci permet de respecter les parties molles
postérieures (pelvitrochantériens, grand fessier…) et
donc de réduire le risque de luxation postopératoire. Variantes
L'ostéotomie postérieure est réalisée un peu plus en La voie transfémorale de Picault et Vives [22] reprend
avant que celle décrite précédemment. La difficulté le principe des voies élargies avec un volet antéro-latéral
est ensuite de réaliser l'ostéotomie antérieure, surtout proche de celui décrit plus haut, ou deux volets (« technique
sur une hanche très raide peu mobilisable en rotation des trois tiers » avec un volet postérieur et un volet antéro-
externe, puis de relever le volet. latéral), voire trois (« technique des quatre quarts »). Elle
Il existe des cas où la réalisation d'un volet d'emblée comporte une décortication de la ligne âpre qui améliore
n'est pas suffisante : l'exposition et surtout stimule la consolidation osseuse.
• fémur courbe : il faut pour implanter la tige de révi- La technique du sarcophage de Doré [21] consiste en
sion réaliser une ostéotomie de réorientation. Planifiée des fenêtres successives à la face latérale du fémur, permet-
soigneusement, elle peut faciliter l'extraction de la tant de conserver une continuité corticale tout en donnant
tige. Mais il est préférable de la réaliser après avoir accès à la cavité centro-médullaire (figure 18.14). Elle
230 J.-M. Laffosse
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L'auteur dédie ce travail à tous ses maîtres de chirurgie [12] Paprosky WG, Weeden SH, Bowling Jr JW. Component remo-
et tout particulièrement au Pr Jean Puget. val in revision total hip arthroplasty. Clin Orthop Relat Res
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233
Techniques de reconstruction
du ligament patello-fémoral
médial
J. CHOUTEAU
J. Chouteau
Résumé
les classant selon leur mode de fixation, rigide ou au niveau des
Divers traitements de l'instabilité fémoro-patellaire ont été propo- tissus mous. Les difficultés techniques, les avantages et les incon-
sés (abaissement, médialisation de la tubérosité tibiale antérieure, vénients des différentes techniques sont précisés ainsi que les
section du rétinaculum latéral, plicature du rétinaculum médial, protocoles de rééducation postopératoire.
abaissement du vaste médial, trochléoplastie) mais il est difficile Une technique rigoureuse permet de prévenir les complications
d'en analyser les résultats de manière isolée car les techniques sont postopératoires au premier rang desquelles figure la raideur en
souvent combinées entre elles. flexion, due à une greffe trop tendue.
Des études anatomiques et biomécaniques récentes ont montré Un nouvel épisode d'instabilité postopératoire est rare, confir-
que le ligament patello-fémoral médial (LPFM) est le stabilisateur mant la fiabilité de ces reconstructions.
principal de la patella entre l'extension complète et la flexion à 30°.
Ceci explique l'intérêt actuel pour la reconstruction de ce liga-
ment, conforté par des premiers résultats cliniques prometteurs. Mots clés : LPFM. – Techniques chirurgicales. – Patella.
Les techniques de reconstruction du LPFM diffèrent par le choix
du transplant et la technique de fixation. Nous les décrivons en
A B
C D
E
Figure 19.2 Technique de Schöttle.
a. Positionnement radiographique du tunnel fémoral.
b. Forage du tunnel fémoral sous contrôle scopique et passage de la broche guide. Cette broche guide a un trajet ascendant, oblique,
introduction de la greffe dans le tunnel osseux fémo- • le genou est mobilisé de 0 à 90° dans une attelle
ral borgne, la fixation se fait par vis d'interférence articulée ;
à 20° de flexion et après cyclage, pour éviter tout • la marche est autorisée, avec appui partiel de 20 kg
excès de tension du transplant. pendant 3 semaines et appui complet ensuite ;
En postopératoire : • la reprise des sports avec pivot est autorisée entre
4 et 5 mois.
Cette technique peut aussi être réalisée chez l'ado-
lescent avant la fin de la croissance, avec fixation
fémorale sur la physe afin d'éviter une lésion du
cartilage de conjugaison et sans séquelle pour la
croissance [19].
A B
Figure 19.4 Technique de Camanho au tendon rotulien.
a. Prélèvement du transplant.
b. Fixation fémorale par vis et solidarisation au vaste médial.
238 J. Chouteau
• l'appui est repris progressivement à partir de la Ces erreurs sont favorisées par le fait que tous les
deuxième semaine ; transplants utilisés à l'heure actuelle ont une rigidité
• la reprise sportive est autorisée à 3 mois. supérieure à celle d'un LPFM normal.
Pour éviter cette complication, plusieurs contrôles
peropératoires sont recommandés :
Reconstructions du LPFM avec fixation • le positionnement du tunnel fémoral doit être
hybride (fixations patellaire rigide contrôlé par amplificateur de brillance pour éviter
et fémorale sur les parties molles) qu'il ne soit trop proximal [23], même si le repérage
fluoroscopique n'est pas infaillible [14] ;
Elles sont fréquemment pratiquées en pédiatrie, sur • la tension de la greffe, contrôlée par tensiomètre, ne
squelette immature, afin de ne pas léser le cartilage de doit pas dépasser 20 N à 30° de flexion [24].
conjugaison fémoral [21].
Ces techniques peuvent utiliser les mêmes trans- Fracture de la patella
plants que chez l'adulte, comme le tendon du gracilis
ou du semi-tendineux, selon leur calibre. Elle peut être soit peropératoire, due à l'utilisation
La fixation fémorale peut se faire en cravatant le tiers d'ancres vissées dans des petites rotules dysplasiques,
postérieur du LCM pris pour poulie de réflexion [22]. soit postopératoire à partir de 6 semaines par fragili-
Elle peut aussi se faire par ténodèse sur le tendon du sation osseuse si des tunnels osseux patellaires ont été
grand adducteur [21]. réalisés.
Le tendon de la patte-d'oie est prélevé par une courte
incision antéro-médiale en regard de son insertion dis- Atrophie du quadriceps
tale. Yercan [21] recommande un greffon de 4 mm de
Il ne s'agit pas d'une complication spécifique de la
diamètre au moins et de 20 cm de long au moins. Les
reconstruction du LPFM ; tous les protocoles de
deux extrémités de la greffe sont suturées l'une à l'autre.
rééducation cherchent à la prévenir par un travail
Une incision para-patellaire médiale est réalisée pour
musculaire précoce.
l'exposition de la berge patellaire médiale. La fixation
patellaire se fait après passage de la greffe double brin
dans un tunnel de 4,5 mm. La greffe est ensuite passée, Douleurs fémorales et le long
comme chez l'adulte, entre les 2e et 3e plans du rétina- du transplant
culum médial.
La ténodèse sur le tendon du grand adducteur se fait Les douleurs fémorales sont surtout le fait des tech-
en alignant la facette latérale de la patella et la berge niques avec tunnel osseux fémoral et fixation par vis.
latérale de la trochlée à 30° de flexion. Des douleurs le long du transplant ont été rappor-
En postopératoire, le genou est immobilisé pendant tées en cas d'excès de tension de la greffe.
2 semaines dans une attelle à 30° de flexion.
Aucune nouvelle luxation fémoro-patellaire ou rai- Nouvelle luxation fémoro-patellaire
deur postopératoire n'a été rapportée avec cette tech-
Cette complication est rare quand on respecte les indi-
nique au recul de 18 mois [21].
cations actuelles (tableau 19.1). Elle varie de 0 à 4 %
Tableau 19.1
Comparaison des différentes techniques de ligamentoplastie du LPFM
Auteurs n Recul moyen Greffe Mode de Mode de Récidive Raideur
utilisée fixation fixation luxation
(mois) fémorale patellaire
Neri et al. [25] 90 24,3 ST Vis 2 ancres 3 6
interférence
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Arthrodèse arthroscopique
des articulations tibio-
talienne et sous-talienne
X. ROUSSIGNOL X. Roussignol
Arthrodèse tibio-talienne
par arthroscopie antérieure
Indications
Il s'agit essentiellement de l'arthrose post-traumatique
des fractures bimalléolaires ou du pilon tibial et de l'ar-
those dans les suites d'une instabilité chronique tibio-
taliennne. Beaucoup plus rarement, il s'agit de séquelles
de fractures ostéochondrales du talus, d'ostéochondrites
du dôme talien et d'arthrites rhumatismales inflamma- Figure 20.1 Installation en décubitus dorsal simple.
toires. Les contre-indications sont les arthrites chro-
niques infectieuses, l'arthropathie de Charcot évolutive
et l'ostéonécrose massive du talus.
Il est impératif d'évaluer en préopératoire la réduc-
tibilité des désaxations dans les plans sagittal (fré-
quent équin post-traumatique) et frontal. Le dôme
talien doit être globalement centré sous la mortaise
tibio-fibulaire. Il faut aussi s'assurer que l'on pourra
créer une chambre antérieure arthroscopique (absence
d'ostéophyte tibial recouvrant la partie antérieure du
dôme talien).
La chirurgie arthroscopique doit, comme la chirur-
gie à ciel ouvert, permettre d'obtenir dans le frontal
un valgus de 5° et dans le plan sagittal un angle tibio-
talien de 105° ou en discret talus pour permettre une
mobilité globale résiduelle de 1/3 de flexion dorsale et
de 2/3 de flexion plantaire [12].
Installation
Un garrot est habituellement positionné à la racine de
la cuisse pour prévenir un équin tibio-talien dû à la Figure 20.2 Installation en décubitus dorsal avec la mise en
compression des muscles gastrocnémiens. flexion du genou.
L'utilisation d'une arthropompe à basse pression
(inférieure à 30 mmHg) est possible. Un arthroscope tibio-calcanéen ou tibio-talien, clou transcalcanéen)
de 4–5 mm angulé à 30° est habituellement utilisé. est exceptionnel dans les arthrodèses TT, la chambre
Il existe deux installations : de travail se faisant progressivement d'avant en arrière
2 6
7
A B
Figure 20.5 Avivement TT à la curette et à la fraise motorisée.
ouvert ». Il est important, dans les vissages « en croix », Les premières séries recommandaient une sélec-
de visser de façon alternée pour éviter une déviation tion des indications en fonction de l'importance de
frontale du talus. En effet, la mise en compression du la désaxation articulaire frontale et/ou sagittale.
foyer par la vis oblique entraîne une déviation frontale Une désaxation de plus de 15° était habituellement
du talus du côté de l'ostéosynthèse (vis médiale source considérée comme la limite de la technique arthros-
de varus, vis latérale source de valgus). Le point d'in- copique [2, 22–24]. Un équin inférieur à 15° peut en
troduction des vis doit se situer 20 à 30 mm au-dessus effet être réduit par la seule libération des gouttières
de l'interligne articulaire. malléolaires et la résection du cartilage du dôme talien
Dans les arthroses simples centrées, une ostéosyn- et de la mortaise tibio-fibulaire.
thèse par deux ou trois vis canulées obliques médiales Mais d'autres ont étendu les indications de la
tibio-taliennes est possible. Yoshimura et al. [17] ont technique arthroscopique à toutes les déformations
montré, dans une série de 46 patients, que le délai de (jusqu'à 45°), la limite étant cette fois l'expérience de
fusion était moindre et le taux de consolidation meil- l'opérateur [25, 26]. En cas de déformation supérieure
leur dans le groupe des ostéosynthèses par trois vis à 15° (équin, varus, valgus), la simple résection du tissu
frontales obliques tibio-taliennes (diamètre 6,0 mm) chondral et la libération des gouttières m alléolaires ne
que dans celui par deux vis médiales ou deux à trois suffisent pas. Il faut alors réaliser au cours de la même
vis en croix transmalléolaires. Ce vissage frontal tibio- opération et avec la limite du temps de garrot :
talien est surtout recommandé dans la littérature • l'arthrodèse tibio-talienne ;
anglo-saxonne alors qu'il est encore confidentiel dans • et des gestes associés sur les parties molles (libéra-
la littérature française. tion des gastrocnémiens, du tibial postérieur…) et l'os
La revue de la littérature ne valide pas l'intérêt d'un (ostéotomie de varisation du calcanéus, arthrodèse
riel d'ostéosynthèse (plaque tibio-talienne antérieure). L'instrumentation utilisée est identique à celle de
C'est dans ces cas qu'une arthroscopie postérieure peut l'arthroscopie antérieure. On débute, sous contrôle
être proposée, les limites des techniques d'arthroscopie arthroscopique, par la résection de la fibrose posté-
antérieure et postérieure étant identiques en termes de rieure, de dehors en dedans.
désaxation tibio-talienne frontale et/ou sagittale. Les deux repères essentiels sont l'os trigone et le long
fléchisseur de l'hallux (LFH) :
Installation • le LFH est la limite médiale à ne pas franchir avec
l'instrumentation. Contrairement à l'interligne sous-
Elle se fait en décubitus ventral, le pied dépassant de talien postérieur qui est facilement visible, la partie
la table d'opération ou avec un billot permettant de postérieure de l'interligne tibio-talien est recouverte
surélever la jambe (figure 20.6). Le pied doit pouvoir par la capsule, mais aussi par les ligaments tibio-
être positionné à 90°. fibulaires postérieur et transverse, et talo-fibulaire
Un garrot est positionné à la racine de la cuisse. postérieur qui doivent être réséqués (figure 20.7) ;
• l'os trigone doit être également réséqué pour pou-
voir passer avec les instruments entre le LFH et la
Technique opératoire gouttière malléolaire médiale.
Les voies d'abord sont para-achilléennes médiale et Comme pour l'arthroscopie antérieure, il faut débu-
latérale, 1 cm au-dessus de la ligne horizontale passant ter par la résection de la partie horizontale du dôme
par la pointe de la malléole latérale. talien et du plafond de la mortaise jusqu'à exposer l'os
sous-chondral (figure 20.8). Le cartilage des gouttières
malléolaires est ensuite réséqué à la curette. La partie
antérieure du dôme talien est réséquée en mettant la
cheville en talus et en utilisant des curettes courbes. Le
paquet vasculonerveux tibial antérieur est protégé par
la capsule antérieure qui ne doit pas être excisée.
L'ostéosynthèse se fait, comme pour l'arthrodèse
antérieure, avec deux ou trois vis de diamètre supé-
rieur à 5 mm. Elles peuvent être positionnées en croix
(vissage tibio-talien et fibulo-tibio-talien) ou obliques
médiales (vissage tibio-talien).
Résultats
Figure 20.6 Installation pour arthrodèse tibio-talienne par voie Il n'existe pas actuellement de séries publiées de cette
postérieure. technique pour l'instant réservée aux contre-indications
Médial Latéral
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3
1
4
A B
Figure 20.7 Difficulté d'exposition de l'interligne TT par arthroscopie postérieure.
a. Schéma des structures ligamentaires. 1. ligament deltoïdien ; 2. ligament tibio-fibulaire postérieur ; 3.ligament transverse tibio-
fibulaire ; 4. ligament talo-fibulaire postérieur ; 5. ligament calcanéo-fibulaire b. Dissection anatomique avec (en bleu) la fibula. Le ten-
don du long fléchisseur de l'hallux a un trajet vertical descendant en arrière de la malléole médiale.
246 X. Roussignol
Installation et technique
de l'arthroscopie latérale
Le patient est positionné en décubitus dorsal ou laté-
ral, avec un billot sous la fesse homo-latérale pour lut-
Arthrodèse arthroscopique
de l'articulation sous-talienne
postérieure
Indications
Il s'agit principalement des séquelles des fractures tha-
lamiques du calcanéus (figure 20.9) et du processus
latéral du talus et plus rarement de séquelles d'entorses
graves péri-taliennes ou d'arthrites ST. Figure 20.10 TDM de la cheville préopératoire montrant la dif-
L'arthrodèse arthroscopique de l'articulation ST a ficulté d'accès à l'articulation ST avec nécessité d'une résection
été initialement décrite par un abord latéral et pos- première du bloc ostéophytique postérieur talo-calcanéen.
Arthrodèse arthroscopique des articulations tibio-talienne et sous-talienne 247
I A
de l'arthroscopie postérieure
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Résultats
Les arthrodèses ST à ciel ouvert ont un taux élevé de
complications, en particulier au niveau des parties
molles (nécrose, infection, lésion du nerf saphène) et
le taux de pseudarthrose atteint 36 % dans certaines
séries [28, 29].
Figure 20.14 Exemple de positionnement de l'amplificateur de La procédure arthroscopique (tableau 20.1) diminue
brillance. de façon significative le taux de pseudarthrose qui est
Arthrodèse arthroscopique des articulations tibio-talienne et sous-talienne 249
A B
Figure 20.16 Contrôle par amplificateur de brillance de la résection ostéochondrale de l'articulation ST postérieure et vue arthros-
copique de cette résection.
A B
Figure 20.17 Ostéosynthèse par vis canulées calcanéo-talienne avec contrôle à l'amplificateur de brillance en per-opératoire.
Tableau 20.1
Revue de la littérature des résultats des arthrodèses ST arthroscopiques
Auteur N Suivi Position Taux de Temps AOFAS AOFAS Pseudarthroses
(mois) patient fusion de fusion préopératoire postopératoire
(%) (semaines)
Tasto 25 NA DL 100 8,9 NA NA NA
Amendola 11 34 DV 91 10 36 86 1
et al.
Glanzmann 41 55 DD 100 NA 53 84 0
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et Sanhueza
Hernandez
Keun-Bae 16 30 DV 94 11 35 84 1
et al.
Symposium 19 19 DV 94 6 42 72 1
AFCP
AOFAS : score de Kitaoka ; DL : décubitus latéral ; DV : décubitus ventral ; NA : non disponible.
250 X. Roussignol
Arthrodèse tibio-tibiale
et sous-tibiale par arthroscopie
postérieure
Indications
Il existe deux indications principales : les séquelles des
fractures du pilon tibial et du talus et les pathologies
inflammatoires chroniques (polyarthrite rhumatoïde).
Installation
Figure 20.18 Exemple d'enclouage transplantaire après arthros-
Elle se fait en décubitus ventral avec un garrot au copie postérieure TT et ST.
niveau de la racine de la cuisse. Le pied doit dépasser
de la table opératoire pour permettre sa mobilisation
en flexion plantaire ou dorsale. Résultats
Technique opératoire La revue de la littérature se limite à des séries de
quelques cas [8, 34]. Les taux de consolidation
Elle a été décrite par Devos Bevernage et al. [8]. Elle semblent excellents. La principale limite de cette pro-
combine la technique des arthrodèses arthroscopiques cédure est la capacité de réduction de l'équin et de la
TT et ST. déformation dans le plan frontal au moment de l'in-
Elle nécessite donc la réalisation de quatre points de troduction du guide clou.
pénétration arthroscopiques para-achilléens.
Le repère anatomique essentiel est le tendon du LFH
qu'il ne faut pas dépasser à la partie médiale de l'arti-
Conclusion
culation. La résection de l'os trigone doit être systéma- L'arthroscopie est un outil qui permet de diminuer de
tique pour améliorer l'exposition de l'articulation ST façon significative les risques de complications post
postérieure. opératoires (infection, hématome, névromes…) des
Il est important de ne pas déstabiliser l'arrière-pied arthrodèses TT et ST tout en augmentant de façon
La voie d'abord postérieure pour arthrodèse tibio- [16] Feiwell LA, Frey C. Anatomic study of arthroscopic portal
talienne est encore peu pratiquée mais elle simplifie la sites of the ankle. Foot Ankle 1993 ; 14 : 142–7.
[17] Yoshimura I, Kanazawa K, Takeyama A, et al. The effect of
technique opératoire, avec un risque de complication screw position and number on time to union of arthroscopic
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La double arthrodèse (TT + ST) par technique [18] Corso SJ, Zimmer TJ. Technique and evaluation of arthros
arthroscopique nécessite également une expérience copic ankle arthrodesis. Arthroscopy 1995 ; 11 : 585–90.
importante en chirurgie arthroscopique. Son taux de [19] Nielsen KK, Linde F, Jensen NC. The outcome of arthros-
copic and open surgery ankle arthrodesis : a comparative
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