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calcanéennes et patellaires
Chez le même éditeur
Autres ouvrages :
Traumatologie du sport, R.-G. Danowski, J.-C. Chanussot, 8e édition, 2012, 592 pages.
Rééducation de l'appareil locomoteur, T1 et T2, A. Quesnot, J.-C. Chanussot,
R.-G. Danowski, 2010 et 2011, 488 et 464 pages.
Mise au point sur les
tendinopathies calcanéennes
et patellaires
31e journée de traumatologie du sport
de la Pitié-Salpêtrière
Sous la direction de
Jacques Rodineau
et
Sylvie Besch
Avec la collaboration de
H. Bard, P. Bossard, M. Bouvard, J.-L. Brasseur, Y. Catonné,
J.-M. Coudreuse, O. Fichez, A. Gérometta, D. Godefroy, H. Guerini,
A. Guillermo, F. Khiami, H. de Labareyre, M. Lamontagne, P. Maillé,
P. Mathieu, S. Merran, P. Middleton, B. Montalvan, G. Morvan,
J.-P. Paclet, J. Parier, F. Préaux, M. Raguet, J. Renoux, E. Rolland,
R. Rousseau, B. Rousselin, M. Sailly, L. Sarazin, A. Simon,
B. Tamalet, F. Thévenin, P. Thoreux, M.-C. Vidal,
V. Vuillemin, R. Vuong, M. Wybier, F. Zeitoun
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M. Lamontagne
Centre hospitalier de l'université de Montréal, hôpital Notre-Dame
1560 Sherbrooke Est, Montréal, Québec, Canada
Il est recouvert sur toute sa longueur par une double membrane de tissu
conjonctif, le périténon. Celui-ci est richement vascularisé et contribue gran-
dement à la vascularisation du tendon lui-même. Légèrement proximale à
son insertion, la bourse rétrocalcanéenne est en étroite relation avec sa por-
tion antérieure. On observe parfois une proéminence postéro-supéro-latérale
du calcanéus (déformation de Haglund) qui peut être associée à la présence
d'une bursite rétrocalcanéenne et à une tendinopathie d'insertion (syndrome
de Haglund) [1].
Microscopie
Le tendon calcanéen « normal » est constitué d'une forte proportion de matrice
extracellulaire dont les éléments principaux sont le collagène, majoritairement
de type I (95 %) mais également de types III, IV, V, VI, XII et XIV et les protéo-
glycans. Il comprend également des fibroblastes spécialisés (ténocytes), dont la
densité au sein du tendon est faible (3 % du poids sec). Ils sont disposés paral-
lèlement entre les fibres de collagène. Les ténocytes sont responsables de la syn-
thèse, de l'assemblage et du maintien du collagène ainsi que de la composition
de la matrice extracellulaire.
La molécule de collagène prend la forme d'une triple hélice. Cette orga-
nisation spatiale permet une meilleure élasticité. Les fibres de collagène se
regroupent pour former des faisceaux primaires qui sont entourés d'un endo-
ténon. Ceux-ci vont de nouveau se regrouper en faisceaux secondaires puis
tertiaires. Entre ces faisceaux, on retrouve le mésoténon qui contient les vais-
seaux sanguins. L'ensemble de ces faisceaux, recouvert du périténon pour
former le tendon lui-même, est orienté parallèlement aux lignes de force du
tendon.
Quant à la matrice extracellulaire, elle est constituée de 70 % d'eau, les
30 % restants représentant de la matière solide dont majoritairement des fibres
de collagène (65 à 75 % du poids sec du tendon). On retrouve des macro-
molécules telles que les protéoglycans (dermatan sulfate, acide hyaluronique,
sulfate de chondroïtine, decorin, versican, lumican) et les glycoprotéines (élas-
tine, fibronectine, tenascin, COMP). De par leur propriété hydrophile, les pro-
téoglycans vont former un gel de haute viscosité, jouant un rôle de support et
de lubrification favorisant un glissement harmonieux. Les fibres d'élastine se
retrouvent en très faible quantité (2 % du poids sec) et de façon non continue,
dispersées entre les fibres de collagène. Elles contribuent à la souplesse du ten-
don. La fibronectine, elle, joue un rôle dans l'adhésion cellulaire.
La vascularisation du tendon vient principalement du périténon. Les
vaisseaux pénètrent le tendon via le mésoténon, principalement à sa face
ventrale.
Le tendon est innervé par différents types de récepteurs dont des nocicepteurs.
D'un point de vue biomécanique, le tendon va se déformer en fonction de la
force appliquée sur celui-ci. Les forces tensiles vont provoquer son étirement et les
forces de compression sa contraction. Les forces de cisaillement vont également
Physiopathologie de la tendinopathie corporéale et de l'enthésopathie 5
Microscopie
La jonction ostéo-tendineuse est constituée de quatre zones distinctes :
• Zone 1 : tissu fibreux ou collagénique tendineux constitué de fibres de colla-
gène organisées en faisceaux parallèles avec des ténocytes allongés recouvrant
le collagène.
• Zone 2 : fibrocartilage de transition non minéralisé : les mêmes faisceaux de
collagène sont présents mais d'orientations variées. Les fibroblastes sont rem-
placés par des chondrocytes organisés en paires et en colonnes qui logent dans
des lacunes de la matrice extracellulaire entre les fibres de collagène séparées.
• Zone 3 : fibrocartilage minéralisé : on trouve encore des faisceaux de col-
lagène. La substance fondamentale se change en sels minéraux et en cris-
taux d'hydroxyapatite. Cette zone est séparée de façon précise par une ligne
perpendiculaire (tidemark) départageant la matrice minéralisée de celle non
minéralisée.
• Zone 4 : os cortical minéralisé constitué d'os lamellaire organisé.
Ces zones vont fusionner progressivement l'une dans l'autre, amenant un
changement graduel de la composition structurelle du tendon vers celle de l'os.
La matrice extracellulaire va se modifier progressivement.
6 Tendinopathie calcanéenne
Physiopathologie
Bien que ces données histologiques soient relativement bien définies, le proces-
sus physiopathologique par lequel elles surviennent et leur ordre d'apparition
demeurent non élucidés. Plusieurs hypothèses ont été soulevées.
Physiopathologie de la tendinopathie corporéale et de l'enthésopathie 7
Encadré 1.1
Anomalies histologiques du tendon calcanéen pathologique [6]
• Collagène :
– Désorganisation des fibres
– Séparation des fibres ou microruptures des fibres ou faisceaux
– Majoration du type III par rapport au type I.
• Ténocytes :
– Augmentation du nombre
– Modification de la morphologie
– Augmentation de l'apoptose.
• Substance fondamentale :
– Augmentée par majoration des protéoglycans et des GAG
– Dégénérescence mucoïde et vacuoles entre les fibres.
• Atteinte vasculonerveuse :
– Néo-vascularisation
– Néo-innervation.
• Autres :
– Nécrose
– Dégénérescence lipoïde.
Encadré 1.2
Modifications moléculaires du tendon calcanéen pathologique
• Augmentation de certains facteurs de croissance
– TGF-bêta, IGF-I, PDGFR, VEGF.
• Augmentation de la concentration de neuropeptides
– Glutamate
– Substance P
– Peptide lié au gène de la calcitonine.
Facteurs extrinsèques
La surutilisation peut avoir plusieurs causes, la plus fréquente étant des erreurs
d'entraînement, tant en terme de durée, d'intensité, de fréquence que du non-
respect de périodes de repos entre les séances. Une mauvaise technique de
course (ex. : supination excessive, flexion dorsale inadéquate), un équipement
défectueux (ex. : mauvaises chaussures de course) ou des entraînements sur
des surfaces inappropriées (surfaces glissantes ou inégales) peuvent également
contribuer au processus pathologique [9–11].
Facteurs intrinsèques
Des facteurs intrinsèques tels qu'une altération fonctionnelle du membre infé-
rieur peuvent également modifier la charge appliquée sur le tendon. Un déficit de
force ou un manque de souplesse du triceps sural sont fréquemment mentionnés
comme des facteurs favorisant la tendinopathie calcanéenne [9] (encadré 1.3).
Il est parfois difficile de savoir s'il s'agit réellement de la cause ou d'une consé-
quence de la tendinopathie [11]. Par ailleurs, l'âge et le sexe masculin sont égale-
ment des facteurs de risque qui ont été documentés.
Certains auteurs font également état d'une prédisposition génétique à déve-
lopper une tendinopathie calcanéenne [6].
Encadré 1.3
Facteurs de risque de tendinopathie calcanéenne [12]
• Sports avec accélération-décélération (basketball, football)
• Tendinopathie calcanéenne préalable
• Augmentation soudaine de la durée ou intensité de la course à pied
• Sexe masculin
• Obésité
• Âge avancé
• Manque de pronation ou au contraire pronation excessive
• Pieds plats
• Pieds creux
• Inégalité de longueur des membres inférieurs
• Utilisation de fluoroquinolones ou de glucocorticoïdes
• Maladies systémiques :
– Insuffisance rénale chronique
– Polyarthrite rhumatoïde
Physiopathologie de la tendinopathie corporéale et de l'enthésopathie 9
Pour Maganaris [9], l'étirement cyclique répété du tendon dans des condi-
tions physiologiques entraînerait une perte de chaleur, induisant des dommages
thermiques et des blessures au tendon puis des microruptures. Ainsi, l'hyper-
thermie pourrait être impliquée dans la physiopathologie des lésions tendi-
neuses induites par l'exercice.
Une autre hypothèse évoquée est celle d'une hypovascularisation du tendon ou
de son enthèse. Il a été postulé qu'avec l'âge, on observait une diminution de la
vascularisation du tendon. Cette hypothèse va à l'encontre des constats échogra-
phiques au Doppler puissance qui met en évidence une néovascularisation dans
une majorité de tendon symptomatique, et très rarement dans les tendons asymp-
tomatiques [10]. Certains auteurs stipulent que cette néovascularisation serait une
réaction adaptative à l'hypoxémie retrouvée dans les tendons dégénératifs [10].
D'un point de vue biomécanique, les études in vivo ont démontré que la
force appliquée au tendon calcanéen, à chaque foulée lors de la course, pouvait
atteindre jusqu'à 4 000 N, ce qui excède la force tensile maximale normalement
reconnue pour ce tendon [13]. Durant un exercice intense, celui-ci subit des
contraintes pouvant atteindre 8 à 10 fois le poids du corps.
Le tendon serait principalement lésé dans son rôle d'amortisseur des
contraintes en traction, durant le freinage en contraction excentrique.
De plus, il est exposé à des forces plus importantes lors des mouvements
de l'articulation subtalaire. Ainsi, les coureurs de type pronateur ou avec un
pied hyperpronateur ou creux seraient plus assujettis à ces majorations de
force sur le tendon. L'hyperpronation serait impliquée dans la genèse de la
tendinopathie corporéale. Par ailleurs, la pronation entraînerait une rotation
tibiale médiale, ce qui activerait le triceps sural. Ceci génèrerait un moment
de force en flexion plantaire et inversion, augmentant la tension le long du
tendon calcanéen, notamment à son insertion, favorisant la survenue d'une
enthésopathie [1].
Aussi, durant la course, le mouvement répété de l'arrière-pied de la prona-
tion vers la supination, puis de nouveau en pronation, entraînerait des forces
de cisaillement avec d'importantes charges excentriques sur la portion médiale
du tendon. Ceci pourrait expliquer la prédominance des lésions dans cette
région [1].
Bien que cette hypothèse de surutilisation semble reconnue, permettant de
comprendre une majeure partie des cas cliniques, elle n'explique pas la survenue
d'une tendinopathie chez des gens peu actifs, obèses ou âgés [12, 14]. D'ailleurs,
une étude récente [15] a démontré une relation entre la pratique sportive et la
tendinopathie calcanéenne corporéale dans 35 % des cas seulement.
De plus, cette hypersollicitation du tendon semble liée à un excès de traction
sur celui-ci. Or, certains auteurs [16, 17] évoquent des forces compressives dans
la genèse des enthésopathies mais également dans celle des tendinopathies cor-
poréales. Ils avancent l'idée que l'invagination du plantaire grêle dans le tendon
puisse entraîner des forces de compression sur ce dernier et ainsi contribuer,
chez certains athlètes, à la survenue de lésions [18]. Cette hypothèse demande
à être validée.
10 Tendinopathie calcanéenne
Enthésopathie calcanéenne
Histopathologie
L'enthésopathie se produit lorsque des phénomènes dégénératifs surviennent
au niveau de l'enthèse elle-même. Benjamin et Kumai [19] ont démontré que ces
changements précédaient l'apparition de l'enthésophyte. Ils incluaient :
• une modification de la distribution des chondrocytes ;
• une augmentation de la matrice extracellulaire ;
• des fissurations longitudinales profondes dans le fibrocartilage ;
• une érosion locale de l'os sous-chondral ;
• une hypervascularisation du tissu conjonctif lâche.
Merkel [20] a analysé histologiquement 11 cas de tendinopathies d'inser-
tion (dont deux au niveau calcanéen). Il a observé, au niveau de l'enthèse, de
l'œdème, une dégénérescence mucoïde, des ruptures de faisceaux de collagène,
de la nécrose, de petites hémorragies et des calcifications. Il a également noté
une prolifération des vaisseaux sanguins avec des lymphocytes et des histio-
cytes. De plus, Scott souligne que la zone normale de fibrocartilage semble être
plus proximale et superficielle que sur un tendon sain [21].
Tout comme pour les tendinopathies corporéales, il n'a pas été observé de
réaction inflammatoire intratendineuse [3].
Selon Benjamin [22], l'enthésophyte peut se former sans nécessité préalable
d'un processus inflammatoire ou de microruptures du tendon. La formation
osseuse à l'enthèse se produirait en intratendineux par ossification endochon-
drale de l'enthèse fibrocartilagineuse.
Il s'agirait d'un mécanisme adaptatif qui augmenterait la surface de contact
de la jonction ostéo-tendineuse, protégeant ainsi cette région lors de charges
mécaniques importantes.
Comme pour le corps tendineux lui-même, la modification architecturale
progressive de l'enthèse peut en diminuer la résistance mécanique et perpétuer
le cycle des lésions.
Physiopathologie
Pour la tendinopathie d'insertion, la physiopathologie semble différer quelque
peu. Bien que l'hypothèse de la surutilisation du tendon soit également la plus
retenue, il existe un élément discordant. En effet, les études cadavériques bio-
mécaniques [23] démontrent que le stress maximal subi par le tendon se situe
au niveau des fibres postérieures et non antérieures, comme on aurait pu s'y
attendre compte tenu de la prépondérance des lésions dans cette région du
tendon.
De plus, si l'hypersollicitation du corps du tendon semble liée à un excès de
forces en traction appliquées sur le tendon, les forces compressives semblent
également impliquées dans la physiopathologie de la tendinopathie d'inser-
tion [16, 17]. Le versant articulaire du tendon est assujetti à moins de forces
de traction mais subirait également des charges compressives [23]. La réponse
Physiopathologie de la tendinopathie corporéale et de l'enthésopathie 11
Références
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[23] Lyman J, Weinhold PS, Almekinders LC. Strain behavior of the distal Achilles tendon :
Implications for insertional Achilles tendinopathies. Am J Sport Med 2004 ; 32 : 457–61.
Chapitre 2
Démarche clinique
et hypothèses diagnostiques
H. Bard
Cabinet médical, 4 rue Léon Vaudoyer, 75007 Paris
Service de chirurgie orthopédique et traumatologique HEGP, Paris
American Hospital of Paris
Examen clinique
Interrogatoire
L'interrogatoire est une étape particulièrement importante en pathologie tendi-
neuse, car il permet souvent d'évoquer le diagnostic sur l'histoire clinique et va
apporter des informations importantes. Il va préciser le siège de la douleur, ses
irradiations parfois trompeuses, l'horaire qui peut être mécanique, inflamma-
toire ou mixte, le mode et les circonstances de début, le retentissement fonction-
nel, les causes ou mouvements déclenchants et les facteurs favorisants éventuels.
Il apprécie le mode évolutif depuis les premiers symptômes et les traitements
éventuels entrepris. Enfin, il note les antécédents, le mode de vie et, chez les
sportifs, il s'informe également du niveau de pratique, des conditions d'entraî-
nement (fréquence, changement d'intensité, terrain…), de la qualité de l'échauf-
fement, du matériel utilisé (chaussures), de l'ancienneté de son renouvellement
ou de ses modifications récentes. En milieu professionnel, il se renseigne sur le
rythme et l'ergonomie du poste de travail.
Examen physique
L'examen s'effectue sur le sujet debout, en décubitus dorsal puis ventral et com-
porte l'inspection, les tests fonctionnels et la palpation.
Examen debout
On étudie la marche à la recherche d'une boiterie en appréciant la dynamique
du pied ; on examine les contours des tendons calcanéens sur le patient vu de
dos, ainsi que la statique de l'arrière-pied et la trophicité musculaire.
Puis, on pratique les tests fonctionnels en charge cherchant à réveiller une dou-
leur avec la montée sur pointe bipodale, puis monopodale et, si ces tests sont néga-
tifs, on fait faire des sautillements sur la pointe des deux pieds, puis sur un pied.
Examen en décubitus dorsal
Cette position permet d'effectuer une dorsiflexion passive de la cheville dont on
mesure l'amplitude qui doit être symétrique en appréciant une éventuelle dou-
leur provoquée. On étudie aussi la flexibilité des ischiojambiers, la mobilité des
genoux et des hanches.
Examen en décubitus ventral
Le patient est placé de façon à ce que les pieds dépassent de la table. On observe
la position du pied qui, normalement, est en léger équin du fait du tonus mus-
culaire, équin qui doit être symétrique. Si le pied est verticalisé, une rupture du
tendon calcanéen doit être suspectée ; si le volume est augmenté, il faut suspec-
ter une raideur de l'articulation talocrurale.
La manœuvre de Thompson [1], décrite en 1962, consiste à empaumer le
mollet et à le presser fortement, afin de provoquer alors une flexion plantaire
de la cheville qui doit être symétrique. L'absence de réponse fait suspecter une
rupture du tendon calcanéen. Cette manœuvre pourrait être potentialisée par
une position quadrupédique. En fait, ce signe aurait été précédemment décrit
par Simmonds en 1957 [2, 3]. Sa signification en est discutée. Pour Thompson
[1], il signifie une rupture complète du tendon avec perte d'intégrité de la por-
tion du tendon dépendant du muscle soléaire, comme le montrent Scott et Al
Chalabi [4], mais pour O'Brien [5], la négativité de ce test dépendrait d'une
insertion intacte de l'aponévrose du gastrocnémien à celle du soléaire. La rup-
ture des faisceaux correspondant aux gastrocnémiens donnerait également une
manœuvre de Simmonds-Thompson positive [3].
La flexion plantaire active reste possible en cas de rupture du tendon cal-
canéen, mais elle n'est pas symétrique et il faut bien regarder non seulement
l'angle de flexion, mais aussi les plis de la peau de la plante du pied [6]. Ceux-ci
sont plus marqués du côté pathologique du fait de la contraction compensatrice
d'autres muscles : tibial postérieur, long fibulaire, long fléchisseur de l'hallux et
fléchisseur commun des orteils.
La flexion plantaire contre résistance n'est pas diminuée en cas de rupture
si l'opposition est faite au niveau de la plante du pied. Pour la mettre en évi-
dence, il faut effectuer une opposition sur le calcanéus en exerçant une traction
sur celui-ci [6].
Démarche clinique et hypothèses diagnostiques 15
Formes cliniques
La tendinopathie calcanéenne a des formes cliniques variées incluant la ten-
dinopathie, la paratendinopathie et la pantendinopathie qui définit l'atteinte
conjuguée du tendon et du péritendon (paraténon) selon la terminologie
proposée par Maffulli [7]. Les situations diagnostiques seront aussi diffé-
rentes selon qu'il s'agit d'une tendinopathie corporéale (mid-portion Achilles
tendinopathy) avec son aspect fusiforme douloureux ou d'une enthésopa-
thie (insertional Achilles tendinopathy), distinction que l'on doit à Clain et
Baxter en 1992 [8].
D'autres tendinopathies non mécaniques doivent être éliminées, démarche
diagnostique qui pourra nécessiter des examens complémentaires. Une bio-
logie usuelle suffira le plus souvent : hémogramme, VS, CRP, uricémie, bilan
lipidique, calcémie. La radiographie et l'échographie sont les deux méthodes
d'imagerie nécessaires et habituellement suffisantes (cf. chapitres 3, 4 et 15
dédiés à l'imagerie).
Pathologie mécanique
La très grande majorité des tendinopathies calcanéennes seront d'origine méca-
nique ou dégénérative. On distingue les tendinopathies corporéales des enthé-
sopathies (cf. chapitre 1). Mais il peut s'agir plus rarement dans ce contexte
d'une paraténonite (péritendinite), d'une bursite microtraumatique préachil-
léenne (ou rétrocalcanéenne) éventuellement favorisée par une dysplasie du cal-
canéus (maladie de Haglund) ou de bursites rétroachilléennes par conflit avec
la chaussure.
Pathologie rhumatismale
Rhumatismes inflammatoires
Le premier diagnostic à envisager, a fortiori lorsqu'il s'agit d'un sujet jeune,
de sexe masculin ayant une atteinte bilatérale, est une spondylarthropathie.
L'enthésite calcanéenne est révélatrice de ce rhumatisme inflammatoire dans
environ 25 % des cas. L'horaire est alors franchement inflammatoire et la dou-
leur siège à l'enthèse du tendon calcanéen ou de l'aponévrose plantaire super-
ficielle à la face inférieure du talon. On recherchera les autres signes de la
maladie en s'aidant des critères diagnostiques (Amor, ASAS). La radiographie
standard sera souvent normale, mais elle peut montrer des signes de calcanéite.
L'échographie a fait l'objet de discussions sur son utilité diagnostique mais les
dernières études montrent l'absence de signes spécifiques, la présence d'une
hyperhémie au Doppler puissance n'étant pas discriminante entre une patho-
logie mécanique et une pathologie inflammatoire [9–12]. C'est l'IRM qui sera
l'examen le plus discriminant en montrant un hypersignal intraosseux caracté-
ristique de l'enthésite, mais la présence d'une bursite préachilléenne, a fortiori
érosive, est aussi un argument important en faveur d'un rhumatisme inflamma-
toire, polyarthrite rhumatoïde, spondyloarthrite, rhumatisme psoriasique ou
arthrite juvénile [13].
Rhumatismes microcristallins
Les tendinopathies calcanéennes ne sont pas rares au cours des rhumatismes
microcristallins, mais, en général, elles ne sont pas révélatrices ou symptoma-
tiques et encore moins isolées. Néanmoins, une maladie goutteuse peut se révé-
ler par une tendinopathie calcanéenne aiguë. La chondrocalcinose est aussi un
diagnostic à évoquer [14], le rhumatisme à apatite étant exceptionnel sur ce
site.
Tendinopathies iatrogènes
Les tendinopathies iatrogènes se rencontrent plus fréquemment avec l'utilisa-
tion large de fluoroquinolones et de statines, et le tendon calcanéen est un
site préférentiel des ruptures ou des tendinopathies [17–23]. Les tendinopa-
thies secondaires aux fluoroquinolones peuvent survenir très rapidement après
l'initiation du traitement. Les tendinopathies liées à la prise de statines ne sont
pas dose-dépendantes et peuvent se voir avec toutes les statines dans des délais
très variables, de quelques mois à plusieurs années de traitement, en règle chez
des sujets de plus de 60 ans. Les glucocorticoïdes pris au long cours restent une
cause de fragilisation tendineuse à ne pas négliger, à côté des effets délétères
connus en injection locale [24].
Tendinopathies fragilisantes
Diverses maladies, sans être une cause directe de tendinopathies, peuvent être
fragilisantes pour le tendon. Il s'agit du diabète, des maladies de l'axe cortico-
surrénalien, de l'hyperparathyroïdie, de l'hypothyroïdie, de l'insuffisance rénale
chronique, de l'amylose, des rhumatismes inflammatoires, des maladies auto-
immunes (maladie lupique) et des rhumatismes microcristallins.
Des affections héréditaires sont aussi à rechercher en cas de pathologie tendi-
neuse multiple. Citons principalement les maladies où l'hyperlaxité ligamentaire
généralisée est habituelle ou fréquente, les syndromes d'Ehlers-Danlos (forme
hypermobile), le syndrome de Marfan et l'ostéogenèse imparfaite, puis les mala-
dies de surcharge comme l'hémochromatose et les maladies de surcharge lipi-
dique et des affections plus rares comme l'ochronose, l'aspartylglycosaminurie,
les mucopolysaccharidoses, les glycogénoses, les dystrophies musculaires et les
myopathies congénitales, et enfin le syndrome de Larsen (ostéochondrodysplasie).
18 Tendinopathie calcanéenne
Diagnostic différentiel
La première étape est d'éliminer une désinsertion myotendineuse du triceps.
Ensuite, le diagnostic va se poser avec les nombreuses étiologies de douleurs du
talon [28]. Cependant, c'est surtout lorsque le tendon calcanéen est normal clini-
quement qu'il faut envisager les différentes causes de douleurs du talon postérieur.
Parmi les causes mécaniques, le diagnostic se pose avec les bursites pré- et
rétroachilléennes, associées ou non à une maladie de Haglund, les fractures de
fatigue du calcanéus et chez l'enfant la maladie de Sever. Le diagnostic avec une
talalgie plantaire se pose peu en pratique, mais on a vu que l'association était
possible entre une tendinopathie calcanéenne et une aponévropathie plantaire
superficielle, qui doit faire rechercher une cause inflammatoire.
Les autres causes de talalgies postérieures sont locales (pathologie tumorale
ou infectieuse du calcanéus, syndrome du carrefour postérieur, arthropathies
de l'arrière-pied), neurologiques (radiculopathie S1, neuropathie tronculaire) et
rarement vasculaires.
Le syndrome du carrefour postérieur [29–32] est défini par des douleurs pos-
térieures de la cheville consécutives à une pathologie de conflit faisant interve-
nir plusieurs structures :
• osseuses (talus et ses tubercules postérolatéral et postéromédian, os trigone,
malléole postérieure du tibia, thalamus du calcanéus) ;
• ligamentaires (ligament talofibulaire postérieur, ligament tibiofibulaire
postérieur) ;
• tendineuses (tendon long fléchisseur de l'hallux essentiellement, le fléchisseur
commun des orteils et le tibial postérieur étant plus à distance) ;
• vasculonerveuses avec le pédicule tibial postérieur ;
• capsulosynoviales au niveau de l'articulation talo-crurale et sous-talienne
postérieure.
Des muscles surnuméraires, une insertion myotendineuse basse ou une
hypertrophie musculaire peuvent également jouer un rôle. Qu'il s'agisse d'un
mécanisme d'hyperextension plantaire répétée (danseurs) ou de lésions mor-
phologiques favorisées parfois par un trouble de la statique, les causes de ce
syndrome sont nombreuses : fracture d'un tubercule postérieur, d'un os tri-
gone, synovite postérieure, kyste synovial, anomalie musculaire, conflit osseux
postérieur. Une imagerie sera nécessaire : l'IRM prendra une place importante,
l'échographie étant de peu de secours [31, 33].
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Chapitre 3
Imagerie des fausses
tendinopathies calcanéennes
Introduction
Plusieurs pathologies peuvent mimer une tendinopathie calcanéenne ; le rôle
de l'imagerie dans ce cas est « d'innocenter » le tendon calcanéen mais aussi de
rechercher la pathologie responsable de la symptomatologie.
En raison de la possibilité d'étude comparative et de sa spécificité dyna-
mique, l'échographie complète idéalement les clichés standard [1–5] qui
restent, néanmoins, indispensables pour analyser la face postérieure des arti-
culations et effectuer une étude statique de profil en charge. La résonance
magnétique (IRM) complète le bilan dans trois situations : si le « couple »
clichés standard/échographie ne permet pas le diagnostic, en cas de suspicion
de syndrome du carrefour postérieur et pour un éventuel bilan préopératoire.
En dehors des bursites rétrocalcanéennes, classiquement étudiées avec
les pathologies de l'enthèse, des péritendinopathies et des douleurs proje-
tées, les cinq pathologies les plus fréquemment rencontrées sont : les lésions
du tendon du muscle plantaire, les anomalies musculaires, l'atteinte du
Kager, le syndrome du carrefour postérieur et les pathologies osseuses.
tendon calcanéen (il en est de même lors d'une douleur du mollet). Il peut être
le siège de plusieurs pathologies.
A B C
D E F
Figure 3.1. Rupture du tendon du muscle plantaire.
A, B : échographie avec coupe axiale montrant une gaine vide (A) et coupe longitudinale
du tendon rétracté et épaissi (B). C, D, E, F : IRM (T2 FatSat) en coupe sagittale (C) et
coupes axiales (D, E, F) montrant une rupture complète du tendon plantaire (flèche).
Imagerie des fausses tendinopathies calcanéennes 23
Tendinopathie et péritendinopathie
Ces lésions se manifestent par un épaississement, souvent isolé, du tendon du
muscle plantaire, dont la structure est respectée, s'accompagnant parfois d'une
réaction péritendineuse entourant uniquement le tendon plantaire (figure 3.3).
A B
Figure 3.2. Rupture partielle du plantaire en coupe axiale (A) et en coupe
longitudinale (B) avec présence d'un tendon nettement épaissi et hétérogène après
un épisode de douleur brutale au versant médial du tendon calcanéen.
A B
Figure 3.3. Tendinopathie du plantaire en coupe axiale (A) et en coupe longitudinale
(B) ; il est épaissi et hypoéchogène mais sa structure fibrillaire est bien visible.
24 Tendinopathie calcanéenne
près d'un tiers des ruptures totales du tendon calcanéen (figure 3.4) et elle est
souvent douloureuse à la phase cicatricielle [7]. L'aspect et la symptomatologie
peuvent être similaires après peignage du tendon calcanéen, le tendon du muscle
plantaire se retrouvant incarcéré au sein du tendon calcanéen (figure 3.5).
A B C
D E
Figure 3.5. IRM (A, B) : coupes sagittales, (C) : coupe frontale, (D) : coupe axiale
et échographie (E) montrant le piégeage du tendon plantaire dans une cicatrice de
peignage du tendon calcanéen.
Imagerie des fausses tendinopathies calcanéennes 25
A B C
Figure 3.6. Soléaire accessoire.
Cliché de profil (A) montrant le comblement du triangle prétendineux ; coupe longitudinale
échographique (B) et coupe axiale IRM (C).
26 Tendinopathie calcanéenne
A B
Figure 3.7. Coupe sagittale échographique (A) et IRM (T2 FatSat) (B) montrant
une infiltration de la graisse de Kager.
du long fléchisseur de l'hallux qui passe entre les deux tubercules postérieurs du
talus ; un épanchement au sein de la gaine et/ou son épaississement peuvent être
la cause mais aussi la conséquence de ce conflit. Trois variantes m
orphologiques
peuvent également être présentes et intervenir dans ce conflit : un muscle long
fléchisseur de l'hallux descendant trop bas (figure 3.10), un muscle accessoire
et un ligament intermalléolaire postérieur (figure 3.11).
Après des clichés standard de profil comparatif en flexion plantaire, le rôle
de l'échographie, en cas de conflit postérieur, se limite à confirmer le diagnostic
en montrant la distension des récessus postérieurs (figure 3.12) et une anoma-
lie tendineuse ou musculaire, mais c'est l'IRM qui est la technique à effectuer
car elle fait le bilan global de ce conflit en montrant ses répercussions osseuses
(figure 3.13).
Pathologies osseuses
En dehors de la composante osseuse de ce conflit postérieur vu ci-dessus,
des fractures de fatigue peuvent entraîner une symptomatologie posté-
rieure mal définie. Les plus fréquentes se situent à la face supérieure de la
grande apophyse calcanéenne ; elles sont bien repérées sur le cliché standard
Imagerie des fausses tendinopathies calcanéennes 29
Figure 3.10. Muscle long fléchisseur de l'hallux descendant trop bas à l'origine
d'un conflit du carrefour postérieur.
A B
Figure 3.11. Ligament intermalléolaire postérieur.
Coupes axiale (A) et sagittale (B).
de profil qui montre une ligne dense perpendiculaire aux travées du spon-
gieux (figure 3.14). En cas de doute, ce diagnostic peut, bien entendu, être
confirmé par tomodensitométrie ou par IRM (figure 3.15). Une localisation
plus trompeuse est la fracture de fatigue de la face postérieure de la grande
apophyse calcanéenne en regard de l'insertion basse du tendon calcanéen
dont la symptomatologie se confond avec celle d'une enthésopathie. L'IRM
est la technique de choix dans ce cas en montrant les deux composantes, ten-
dineuse et osseuse (figure 3.16).
A B
Figure 3.13. IRM coupe sagittale (A : T2 FatSat, B : T1) montrant un syndrome
du carrefour postérieur avec remaniement œdémateux de la syndesmose de l'os
trigone et arthropathie sous-talienne postérieure.
Figure 3.15. Fracture de fatigue TDM (A) et IRM coupe sagittale (B : T2 FatSat,
C : T1) montrant une fissure de l'apophyse postérieure du calcanéus.
Conclusion
Il faut évoquer ces cinq faux diagnostics de pathologie tendineuse en cas de
symptomatologie atypique ou d'évolution anormale sous traitement. S'ils n'ont
pas été réalisés, les clichés de profil comparatifs, en flexion plantaire, précèdent
les autres investigations associées à une échographie bilatérale avec étude dyna-
mique pour éliminer une lésion du tendon du muscle plantaire, une variante
musculaire, une lésion du Kager et/ou montrer une distension des récessus pos-
térieurs. Si nécessaire, une IRM est ensuite réalisée pour confirmer un conflit
postérieur ou une fracture de fatigue.
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Chapitre 4
Imagerie des tendinopathies
calcanéennes corporéales
Introduction
Le tendon calcanéen (ou tendon d'Achille), tendon distal du muscle triceps
sural, puissant propulseur du corps pendant les phases 5 et 6 du pas, est un ten-
don original à de multiples points de vue.
• Biomécanique : comme tous les muscles, le triceps a deux insertions, l'une
proximale, l'autre distale. L'anatomie classique, celle du cadavre couché sur le
dos sur la table de dissection, considère que le point fixe du triceps est proxi-
mal et donc que son rôle, en rapprochant le pôle postérieur du calcanéus du
genou, est une flexion plantaire de la cheville. L'anatomie fonctionnelle, celle de
l'homme vivant, debout, apporte une vision différente : in vivo, le point fixe du
triceps est le plus souvent distal et son action principale, via le calcanéus agis-
sant comme une poulie, est de propulser le corps vers l'avant [1, 2] (figure 4.1).
• Origine : né des lames tendineuses terminales des muscles soléaire (monoarti-
culaire) et gastrocnémiens médial et latéral (biarticulaires), le tendon calcanéen
est un tendon composite dont les deux sous-unités ont des propriétés bioméca-
niques différentes [1] (figures 4.2 et 4.3).
• Trajet : contrairement aux huit autres tendons de la cheville, le tendon calca-
néen est rectiligne ; dès lors, il est le seul qui n'ait pas besoin de système rétina-
culaire, ni de gaine synoviale. Le tendon coulisse dans un simple dédoublement
du fascia superficialis, entouré de tissu cellulograisseux. Il n'y a donc pas de
Figure 4.4. Trace d'accolement visible entre les deux composantes du tendon
calcanéen sur une échographie sagittale (A) et axiale (A'). B, B'. Application
pathologique : hémitendinose dorsale (astérisque) n'affectant que la partie
gastrocnémienne du tendon.
Imagerie des tendinopathies calcanéennes corporéales 37
Imagerie pathologique
Le tendon calcanéen est concerné par quatre pathologies : les tendinoses cor-
poréales (focales ou globales), les ruptures (complètes ou incomplètes), les péri-
tendinites et les pathologies distales (tendinopathies distales, enthésopathies,
désinsertions et bursopathies pré et rétro-achilléennes) [1]. Ces dernières, inti-
mement liées même si elles peuvent exister séparément, seront abordées dans un
autre chapitre de cet ouvrage.
Imagerie des tendinopathies calcanéennes corporéales 39
Tendinoses
Le plus souvent mécaniques, elles peuvent – rarement – être secondaires à la prise de
médicaments (fluoroquinolones, statines, corticoïdes, etc.). Cliniquement, le tendon
calcanéen apparaît augmenté de volume (de manière focale ou globale), sensible,
source de douleurs chroniques, notamment lors des activités physiques. Certaines
tendinoses demeurent cependant asymptomatiques. La lésion anatomique initiale
est la rupture d'une fibre tendineuse, à la manière d'un toron d'une corde. Cette
rupture de fibre cicatrise sous forme d'un microcal conjonctif. La somme des micro-
cals fibreux est à l'origine des images observées en imagerie. Si les ruptures restent
localisées à la même région, leur somme forme un nodule focal, le plus souvent dou-
loureux et palpable : d'où le terme de tendinose nodulaire (figures 4.6 et 4.7). Si les
ruptures de fibres sont réparties dans tout le tendon, les microcals infiltrent la tota-
lité de celui-ci qui prend un aspect ventru, en fuseau : d'où le terme de tendinose glo-
bale fusiforme (figure 4.8). Parfois, en raison de leur origine différente, seules sont
affectées les fibres d'origine soléaire ou gastrocnémienne (figure 4.4B). La biopsie
des zones pathologiques a mis en évidence une altération des fibres tendineuses, une
néovascularisation, des plages de hyalinisation, la présence de glycosaminoglycanes
extracellulaires à l'origine d'un appel d'eau (d'où l'hypoéchogénicité en échographie
et l'hypersignal en IRM T2), mais pas de cellules inflammatoires, d'où l'abandon
du terme de « tendinite » en faveur de la terminologie plus logique de « tendinose ».
Figure 4.11. Rupture complète du tendon calcanéen. Cas facile, mais rare.
Rupture franche, avec solution de continuité nette (flèches) ; A : schéma ; B : IRM sagittale
T2 ; C : échographie sagittale.
Ruptures incomplètes
Beaucoup plus rares que les ruptures complètes, à tel point que leur existence
fut niée, les ruptures incomplètes sont souvent d'origine traumatique sur tendon
44 Tendinopathie calcanéenne
Figure 4.12. Rupture complète du tendon calcanéen. Cas plus difficile, mais le
plus fréquent.
Les fibres tendineuses sont toutes rompues mais pas toutes au même niveau, comme les
doigts entrelacés de deux mains qui se séparent ; A : schéma en coupe sagittale ; B : schéma
en coupe axiale ; B' : échographie axiale correspondant au schéma B ; C et D : échographie
et IRM sagittales correspondant au schéma A.
sain. Il peut s'agir d'un traumatisme direct (coup de pied, coup de caddie, trau-
matisme pénétrant…) ou indirect (contraction brutale et très violente du triceps
sural). Des biopsies ont montré que certaines zones hypoéchogènes en échogra-
phie ou hyperintenses en IRM T2, qualifiées de foyer de tendinose, correspon-
daient en réalité à des microruptures.
Fissurations
Ce sont des dissections longitudinales du tendon. Autant les fissurations du
tendon tibial postérieur et des tendons fibulaires sont fréquentes, autant celles
du tendon calcanéen sont rares. Elles se traduisent par la présence d'une plage
hypo- ou anéchogène en échographie, hyperintense en IRM, allongée, parallèle
au grand axe du tendon et surviennent surtout sur des tendons antérieurement
tendinosiques (figure 4.15).
Imagerie des tendinopathies calcanéennes corporéales 45
Péritendinites
Les péritendinopathies calcanéennes comportent histologiquement du tissu
inflammatoire. Ce point est important, car leur traitement diffère de celui des
tendinopathies non inflammatoires.
Les péritendinopathies d'origine mécanique sont secondaires à une sur-
charge mécanique, une friction anormale ou à un traumatisme direct. Elles se
traduisent par un liseré hypoéchogène ou hyperintense péritendineux : image
en rail dans le plan longitudinal (figure 4.16) et en cocarde dans le plan axial,
notamment s'il existe du liquide (par exemple du sang après un traumatisme).
Les péritendinopathies non mécaniques peuvent être d'origine métabolique,
inflammatoire, infectieuse… En fonction de cette origine, l'imagerie pourra
mettre en évidence des calcifications, des tophi… péritendineux. Une hyperhé-
mie réactionnelle au Doppler ou une prise de contraste en IRM est fréquente
quelle qu'en soit l'étiologie. Elle n'a pas de spécificité.
Conclusion
L'étude du tendon calcanéen, très puissant, superficiel, original, d'importance
majeure mais paradoxalement méconnue, repose sur deux examens (clinique
et échographique) qui, s'ils sont bien réalisés, sont susceptibles de résoudre la
quasi-totalité des problèmes diagnostiques. L'IRM doit être réservée aux cas où
l'échographie achoppe.
Références
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Chapitre 5
Pathologies de l'enthèse
distale d'Achille
Introduction
L'enthèse distale du tendon d'Achille (tendon calcanéen) ne se situe pas sur
toute la face postérieure du calcanéus. Il faut diviser celle-ci en deux parties :
les deux tiers distaux où le tendon s'attache et le tiers proximal, recouvert par
une bourse de glissement tapissée d'une synoviale qui ne comporte pas d'inser-
tion [1]. À l'état normal, cette bourse contient fréquemment quelques gouttes
de liquide dont la quantité peut se majorer de manière physiologique après
effort (figures 5.1 et 5.2). Les pathologies mécaniques prédominent à ce niveau,
mais on peut également y retrouver : l'enthésite inflammatoire dans le cadre
d'une spondylarthropathie, et/ou une bursite inflammatoire dans le cadre d'une
maladie de la synoviale (une polyarthrite rhumatoïde en particulier) [1–4]. Ces
lésions peuvent être inaugurales.
Les pathologies retrouvées au niveau de la région de l'enthèse sont : les
diverses formes d'enthésopathie, les désinsertions distales mais aussi le conflit
de Haglund et les bursopathies pré- et rétrotendineuses [1–7].
Enthésopathies
L'enthèse du tendon calcanéen peut contenir des enthésophytes (ossifiés)
(figure 5.3). Ils sont le plus souvent non symptomatiques mais, parfois, coexistent
avec une enthésopathie symptomatique ou entraînent un conflit avec le contre-
fort de la chaussure, ce qui peut être à l'origine d'une bursopathie rétrotendineuse
Dans certains cas, seule la région médiale ou latérale de l'enthèse est affectée
(figure 5.6) ; un trouble de la statique frontale est souvent sous-jacent à cette
atteinte partielle [1].
Conflit de Haglund
Ce n'est pas une enthésopathie, mais une tendinopathie basse résultant d'un
conflit entre la face antérieure du tendon et le coin postérosupérieur du calca-
néus qui peut présenter une saillie anormale favorisant le conflit : déformation
constitutionnelle et/ou pied creux qui, en verticalisant le calcanéus, déplace vers
l'arrière son coin postérosupérieur (figure 5.11). La mesure de l'angle décrit
par Chauveaux [16, 17] sur des clichés standard comparatifs du pied et de la
cheville de profil, en charge (indispensables), est essentielle pour quantifier la
statique ainsi que cette déformation éventuelle et pour orienter le traitement.
L'échographie statique et dynamique montre bien le conflit entre la face anté-
rieure du tendon et le calcanéus. Dans ce cas, les fibres tendineuses antérieures
ne restent plus à distance du coin postérosupérieur du calcanéus mais arrivent
au contact de la corticale. Ce conflit entraîne leur dilacération, équivalent de
véritable rupture partielle (figure 5.12) [1–4, 19–21].
Figure 5.14. IRM : coupe sagittale en T2 FatSat. Maladie de Haglund avec perte
de substance de la partie antérieure du tendon et bursite.
56 Tendinopathie calcanéenne
Figure 5.15. IRM : coupe sagittale en T1. Maladie de Haglund avec perte
de substance de la partie antérieure du tendon et bursite.
Bursopathies prétendineuses
Cette affection est rarement isolée, souvent associée aux enthésopathies. Vu les
importantes variations physiologiques de la bourse préachilléenne (figure 5.19),
son caractère pathologique ne peut être affirmé que par comparaison avec le
côté opposé, si celui-ci est sain. Plus que sa taille ou sa composante liquidienne,
parfois impressionnantes, c'est l'épaisseur des parois de la bourse et leur
Figure 5.19. Bursite isolée, mécanique, chez un adolescent ayant fait des efforts
sportifs inhabituels.
58 Tendinopathie calcanéenne
Conclusion
Les pathologies de la région de l'enthèse sont intéressantes à démembrer par
l'imagerie car une symptomatologie, souvent identique, peut survenir pour des
pathologies très différentes. Il en résulte un diagnostic plus précis qui permet
d'orienter le traitement et d'éviter d'aggraver les lésions par une infiltration
intempestive dans certains cas.
Références
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Doppler ultrasonography of painful Achilles tendons and entheses in patients with and
60 Tendinopathie calcanéenne
Introduction
Le traitement conservateur comporte deux volets : la prise en charge médicale
et la rééducation.
Il comporte trois objectifs.
• Traiter la douleur : c'est le motif de consultation, mais le traitement de la
douleur n'est pas une fin en soi. C'est un résultat attendu mais insuffisant si l'on
cherche à éviter les récidives.
• Favoriser la cicatrisation : les facteurs de cicatrisation tissulaire sont connus. Il
doit exister une bonne perfusion tissulaire. L'innervation est également impor-
tante pour la différenciation tissulaire. Enfin, la réalisation de tractions méca-
niques a un effet bénéfique sur le tendon. Les contraintes mécaniques favorisent
la maturation du collagène et augmentent le nombre de liaisons entre les fibres,
ce qui permet d'en améliorer la résistance [1].
• Éviter les récidives : il faut pour cela identifier les facteurs responsables ou
favorisant la lésion.
Traitement médical
Le repos doit être la première proposition. Le repos absolu et l'immobilisation
sont cependant déconseillés du fait de leur effet nocif sur la vascularisation et
l'innervation locale.
Techniques de rééducation
De nombreuses techniques sont utilisées : la physiothérapie, les massages, les
étirements et le travail musculaire.
La qualité des études sur la cryothérapie est globalement médiocre. Hubbard
[6] note son efficacité sur la douleur. Knobloch [7] montre l'intérêt, par spec-
trophotométrie, du froid itératif peu prolongé (3 fois 10 minutes/jour) sur la
saturation en oxygène du tendon.
Panorama du traitement conservateur 63
Les ondes de choc sont très à la mode dans le traitement des tendinopathies
[9, 10]. Elles sont largement détaillées dans le chapitre 7.
En dehors des techniques de physiothérapie, il y a les techniques de rééduca-
tion proprement dites.
Les massages décontracturants sont très prisés par les patients mais n'ont
pas fait la preuve de leur efficacité dans le traitement des lésions tendineuses.
Joseph [11] ne peut pas conclure sur l'intérêt du massage transversal profond
réalisé seul. Cela pose la question de l'intérêt de l'association de certaines tech-
niques (figure 6.1).
Les effets de la traction et de la mobilisation ont été démontrés chez l'ani-
mal. Il existe une augmentation du contenu en ADN au sein du ténocyte et un
accroissement de la synthèse protéique. L'entraînement augmente la rigidité, la
résistance à la rupture, le poids et la surface tendineuse. Chez l'homme, il est
reconnu que les athlètes entraînés ont un tendon plus épais que les non-sportifs.
À l'inverse, Kay [12] a mis en évidence une diminution persistante de la rigidité
du tendon calcanéen, après la réalisation de contractions statiques maximales
du triceps sural.
Le travail musculaire excentrique a été particulièrement étudié ces dernières
années. De nombreux protocoles ont été proposés depuis le travail initial de
Stanish [13]. Le travail excentrique débute quand l'étirement passif devient
indolore. Il s'effectue à résistance et vitesse progressivement croissantes.
L'objectif est d'amener le tendon à supporter des contraintes en étirement de
plus en plus importantes et de le préparer ainsi à la reprise sportive. Il s'agit
d'un travail progressif, sous-maximal, au cours duquel on accepte la survenue
de douleur lors des répétitions de la dernière série (figure 6.2). Des études plus
récentes ont montré le potentiel de ce travail sur la cicatrisation tendineuse.
De nouveaux protocoles ont vu le jour. Alfredson [14] préconise un travail
biquotidien maximal au cours duquel la douleur est « bienvenue ». Knoblock [15]
Discussion
Le tendon est un tissu vivant sous la « dépendance » du ténocyte. La consomma-
tion d'oxygène est modérée, 7,5 fois moindre qu'au niveau musculaire, témoignant
d'une faible activité métabolique et donc d'une faible capacité de régénération.
L'équilibre entre anabolisme et catabolisme est précaire au niveau du tendon.
De nombreux facteurs interviennent dans la genèse de la lésion : génétiques,
métaboliques, inflammatoires, mécaniques… rendant le traitement difficile.
Le niveau scientifique des études réalisées sur le traitement des tendino
pathies est globalement insuffisant et les résultats parfois contradictoires.
Se pose en fait le choix du critère d'évaluation. La douleur est insuffisante
pour évaluer le résultat de la prise en charge et les scores fonctionnels ne sont
pas suffisamment discriminants. On ne retrouve pas de corrélation entre l'ob-
jectif du traitement et le critère d'évaluation. Le délai de suivi du patient est
important. Il ne doit pas être trop court, mais pas trop long non plus. Ainsi,
avec un recul de 8 ans, tous les traitements sont équivalents puisque pratique-
ment tous les patients se déclarent guéris.
Les études sont donc peu concluantes. Elles ne permettent pas de valider
catégoriquement une technique mais peu d'études réfutent leur intérêt. Cela
laisse au thérapeute une autonomie importante en fonction de son expérience…
ou de sa croyance.
On distingue des études évaluant un traitement unique, d'autres comparant
des traitements à objectif différent. Aucune ne s'intéresse aux associations thé-
rapeutiques possibles, même si pour Maffulli [19] il y a une place pour l'asso-
ciation ondes de choc-travail musculaire excentrique.
Les revues de la littérature sont intéressantes. Hart [20] a ainsi analysé les
effets des injections péritendineuses. Sur 174 publications, seules 41 études
randomisées ont été retenues. Les infiltrations de corticoïdes sont associées
à un risque accru d'atrophie du tendon calcanéen. La sclérothérapie, l'injec-
tion de PRP n'ont pas d'effet négatif… mais pas d'effet positif non plus. Pour
Coombes [21], le traitement par aprotinine et PRP est équivalent à un traite-
ment par placebo. Wilson [22] retrouve un effet positif des AINS administrés
en systémique ou sous forme de topiques. En revanche, l'infiltration, la mise en
place d'orthèse, les ondes de choc et le massage transversal profond sont des
options mais n'ont pas fait la preuve de leur efficacité. Pour Magnussen [23],
il existe un niveau supérieur d'efficacité du travail musculaire excentrique par
rapport aux autres traitements. Rowe [24] arrive à la même conclusion sur le
travail excentrique. Il met également en avant l'intérêt des ondes de choc. En
revanche, le strapping, le repos relatif, le low laser thérapeutique et les exer-
cices concentriques ont un intérêt limité.
Conclusion
Les études réalisées sur le traitement des tendinopathies posent plus de ques-
tions qu'elles ne donnent de réponse.
Panorama du traitement conservateur 67
Références
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68 Tendinopathie calcanéenne
H. de Labareyre
Clinique des Lilas, 49 avenue du Maréchal Juin, 93260 Les Lilas
Hôpital de la Pitié, service d'orthopédie, 83 boulevard de l'Hôpital, 75013 Paris
Introduction
Les ondes de choc (ODC) destinées au traitement des tendinopathies ont fait
leur apparition en France il y a maintenant 14 ans, après quelques années d'uti-
lisation préalable en Allemagne. Elles restent encore relativement méconnues.
Notre objectif est de décrire ce que sont les ondes de choc, leur mode d'ac-
tion et de déterminer quel peut être leur intérêt dans le cadre du traitement des
tendinopathies calcanéennes corporéales, avec analyse bibliographique.
Généralités
En physique, le terme d'ODC est en principe réservé aux ondes sonores. Les
ODC médicales sont ultrasonores. Elles sont d'origine piézo-électrique, électro-
magnétique ou électrohydraulique [1]. Une ODC se caractérise par une augmen-
tation transitoire et brutale de pression de forte amplitude pendant un temps
très court (10 ns). À cette phase d'augmentation, succède une phase de pression
négative, un peu plus prolongée, génératrice des phénomènes de cavitation qui
entrent en ligne de compte dans l'action mécanique des ondes de choc [2].
Par extension, le terme d'ODC est également employé pour dénommer
l'onde mécanique qui se transmet à partir d'un point de percussion directe.
L'image la plus simple que l'on puisse donner pour différencier les deux
familles d'ODC est celle de la vitre que l'on peut casser en provoquant une
Historique
Le terme d'ODC est apparu en médecine dans les années 1980 dans le cadre du
traitement des lithiases urinaires. La lithotritie ultrasonore extracorporelle était
née, bientôt suivie par des techniques de lithotritie intracorporelle, avec choc
direct du calcul par cathétérisme des voies urinaires.
Tendinopathies calcanéennes corporéales : intérêt des ondes de choc 71
Par association d'idées, les thérapeutes ont étudié les possibilités d'action
mécanique des ODC sur la consolidation des pseudarthroses (avec un certain
succès) puis sur les calcifications tendineuses. Les déceptions enregistrées sur
les calcifications, néanmoins associées aux satisfactions liées aux améliorations
fonctionnelles, ont progressivement fait dévier les indications vers les tendino-
pathies non calcifiées. Ces dernières indications sont en cours d'évaluation un
peu partout dans le monde. Les premières publications sont allemandes, par
Dahmen, pour les ODC focalisées en 1992, pour les coiffes des rotateurs [3]
et Rompe, pour les ODC radiales en 1996, dans le cadre de l'aponévrosite [4].
Modes d'action
Action mécanique
L'action mécanique, défibrosante, « traumatisante », est primordiale. C'est
d'elle que l'on attend les résultats à long terme. Les ODC pourraient se compor-
ter comme des « super » massages transverses profonds, largement utilisés en
rééducation. Tout se passe comme si on créait une néo-lésion, à échelle micros-
copique, susceptible de mieux cicatriser ensuite. L'agression que représente une
séance d'ODC est une stimulation des tissus tendineux que l'on souhaite faire
cicatriser.
Ceci veut dire que l'efficacité d'un traitement peut ne pas être observée
immédiatement mais qu'il faut attendre les délais normaux de cicatrisation des
tissus mous, qui sont de l'ordre de 6 semaines, pour apprécier le résultat final.
Certains auteurs suggèrent d'évaluer l'efficacité des traitements après des délais
encore plus longs, avançant la notion de « dépendance-temps ». Cette méthode
nous paraît pouvoir surestimer les résultats car le temps qui passe fait parfois
bien les choses (!) sauf s'ils sont comparés à ceux d'un traitement placebo pen-
dant le même délai.
On observe une hypervascularisation à l'issue d'une séance (prouvée par
écho-Doppler couleur), susceptible d'améliorer le métabolisme local. Des
études chez l'animal ont également noté une augmentation du réseau capil-
laire après traitement par ODC que ce soit à la jonction tendon-os ou après
traumatisme du tendon calcanéen (plaie à l'aiguille ou section-réparation du
tendon) : une meilleure qualité de cicatrisation a également été soulignée [5–8].
Une étude chez le cochon a par ailleurs montré que l'utilisation des ODC au-
delà d'un certain niveau d'énergie était susceptible de créer des lésions ten-
dineuses [9] ainsi qu'une autre étude chez le lapin [10]. Chen confirme que
l'utilisation des ODC améliore la vascularisation, la prolifération des téno-
cytes, la régénération tissulaire alors qu'elle diminue l'œdème et la compo-
sante inflammatoire [11].
72 Tendinopathie calcanéenne
Il n'a jamais été prouvé que les ODC entraînent une destruction des récep-
teurs de la douleur. En revanche, il a été montré que les fibres nerveuses amyé-
liniques, conductrices de la douleur, sont altérées par les ODC [12]. La myéline
qui entoure d'autres fibres nerveuses jouerait un rôle amortisseur protecteur.
Action biochimique
Le deuxième mode d'action est biochimique. On peut en attendre une action
à moyen terme. Les chocs répétés sont à l'origine de libération de substances
antalgiques à un niveau local. D'autre part, les ODC entraînent une diminution
de la concentration de la substance P, neurotransmetteur de la douleur, après
une augmentation initiale [13]. Cet effet vient en complément de l'action méca-
nique et est à l'origine de l'amélioration clinique plus précoce que l'on peut
observer dès les premières séances alors que l'action mécanique n'a pas eu le
temps de se manifester. Des modifications des interleukines ont également été
mises en évidence [14] après application d'ondes de choc.
Théorie du gate-control
Elle explique l'action antalgique immédiate observée en cours de séance ou
juste après. On ne peut en attendre d'efficacité qu'à très court terme.
Efficacité thérapeutique
Les premières études réalisées, les plus anciennes, sont des études ouvertes et
sont résolument optimistes. Plus récemment, sont parues des études scientifi-
quement et statistiquement plus valides (double aveugle, traitement contre pla-
cebo, comparaisons de thérapeutiques) : leurs résultats sont nettement moins
uniformes et difficiles à comparer entre eux (matériels et protocoles différents).
Certains articles retrouvent une efficacité réelle mais d'autres sont plus circons-
pects. Deux méta-analyses évaluent la fiabilité des études en ce qui concerne
le tendon calcanéen [15, 16]. Une grande incertitude persiste concernant les
niveaux d'énergie nécessaires, le nombre de séances et leur espacement.
Contre-indications générales
Deux contre-indications essentielles sont à retenir car elles interdisent d'exercer
une action traumatisante locale :
• les patients sous traitement anticoagulant ou présentant des troubles de la
coagulation ;
• les patients présentant un syndrome douloureux régional complexe de type
algodystrophique.
D'autres sont plutôt des contre-indications de principe ou de bon sens :
• grossesse ;
• pacemaker ;
• tumeur ou infection locale, plaie ;
• proximité pulmonaire ou intestinale ;
• proximité de matériel métallique.
Tendinopathies calcanéennes corporéales : intérêt des ondes de choc 73
En ce qui concerne les enfants, les avis sont actuellement partagés, en parti-
culier pour le traitement de la maladie d'Osgood-Schlatter.
Les bursites et les ténosynovites sont des non-indications aux traitements
par ODC.
Les ondes de choc représentent un traitement pour des indications précises.
Il n'est pas cohérent de les utiliser devant n'importe quel syndrome doulou-
reux. Elles relèvent d'une prescription médicale et la décision thérapeutique ne
devrait pas être prise par le kinésithérapeute susceptible de pouvoir utiliser une
machine.
Options initiales
• L'espacement des séances : il nous avait initialement été proposé de suivre le
modèle allemand qui proposait une série de 6 séances espacées de 2 semaines,
soit près de 3 mois de traitement. Ceci nous est apparu trop long pour une
population de patients sportifs et nous avons pris le parti de raccourcir le délai
entre les séances et de réaliser une séance hebdomadaire, voire 2 séances par
semaine dans le cadre des sportifs de haut niveau à l'INSEP.
• Le nombre des séances : nous avions voulu limiter le nombre de séances à 3
au départ mais notre expérience à l'INSEP, où nous réalisions 3 semaines de
traitement donc 6 séances, nous a montré que les résultats étaient sensiblement
meilleurs dans ce cas. C'est le nombre de séances qui joue un rôle favorable et
non pas le fait de réaliser 2 séances par semaine. Si l'amélioration est suffisam-
ment sensible en cours de traitement, le patient peut décider de l'arrêter avant
la sixième séance. Il s'agit donc de 6 séances au maximum.
• Les paramètres-machine : ils sont au nombre de 3 et nous avons finalement
conservé ceux qui avaient été proposés par les équipes allemandes il y a 14 ans.
Nous réalisons 2 000 coups, à une fréquence de 9 Hz (ce qui fait que la séance
dure un peu moins de 4 minutes) et avec une pression pneumatique allant de
2 à 4 bars, en fonction de la tolérance du patient.
• La mise en tension du tendon : il nous paraît hautement souhaitable de réa-
liser les percussions sur un tendon en tension. Nous demandons au patient de
maintenir une flexion dorsale de cheville pendant la séance. Nous réalisons les
74 Tendinopathie calcanéenne
Résultats
S'agissant d'une étude ouverte, nos résultats ne peuvent être considérés que
comme des évaluations d'efficacité. La crédibilité des résultats croît avec
l'augmentation progressive du nombre de patients (et à condition que nous
gardions effectivement tous les résultats…). Il faut néanmoins noter que ces
résultats restent très stables dans le temps, ne montrant que des oscillations
de quelques dixièmes de points au fur et à mesure que la série augmente.
Le traitement a toujours été isolé, excluant toute autre thérapeutique, à l'ex-
ception de hautes talonnettes destinées à protéger le tendon calcanéen et de
quelques éventuels conseils d'autorééducation.
L'appréciation des résultats est celle des patients. Il ne s'agit pas de notre
appréciation basée sur la modification d'un score fonctionnel sur une échelle
visuelle analogique que nous demandons systématiquement, mais de l'appré-
ciation fonctionnelle du patient lui-même sur sa qualité de vie et ses possi-
bilités sportives. Les bons résultats englobent les patients satisfaits ou très
satisfaits (S et TS) et prêts à recommencer un traitement si besoin était. Les
mauvais résultats comprennent les améliorations incomplètes jugées insuf-
fisantes (I), les impressions de non-efficacité (N) et les aggravations éven-
tuelles (A) (tableau 7.1).
Commentaires
À ce jour, un de nos patients s'est jugé aggravé, soit un risque légèrement supé-
rieur à 0,1 %.
Le chiffre de satisfaction que nous obtenons actuellement est proche de ceux
que nous avions déjà publiés : il était de 68,3 % à l'époque où nous ne réa-
lisions que 3 séances au maximum, parmi 41 patients, puis de 74 % parmi
120 patients [17, 18]. Nous avons observé une grande stabilité des résultats
pour l'ensemble des pathologies depuis le début de notre étude.
Dans les quelques rares cas où pouvaient exister des microcalcifications ou
des calcifications plus importantes au sein du tendon, celles-ci ne se sont jamais
vues modifiées par les ODC. Les calcifications ne sont pas en elles-mêmes des
indications d'ODC.
Tableau 7.1. Résultats du traitement par ODC radiales (actualisation avril 2013)
sur les tendinopathies calcanéennes corporéales.
Total TS + S I+N A
Nbre de patients 740 553 186 1
% 100 74,7 25,2 0,1
Nbre moyen de 4,7 6
séances
76 Tendinopathie calcanéenne
Nous avions trouvé en 2002 que les résultats ne dépendaient pas de l'âge
du patient, du fait de pratiquer un sport (quel qu'il soit) ou non, du type de
tendinopathie (fusiforme ou nodulaire), de l'ancienneté des symptômes, de
l'existence ou non de traitements antérieurs.
Effets secondaires
Les séances d'ODC sont toujours douloureuses mais doivent rester tolérables.
Un patient sur trois considère qu'elles sont très douloureuses.
Les effets secondaires sont habituellement de quatre types : exacerbation
temporaire de la douleur, rougeur et œdème locaux, excoriations cutanées,
ecchymoses retardées (intéressant généralement les zones où le panicule adi-
peux est important et donc exceptionnellement pour le tendon calcanéen). Ils
sont toujours mineurs, n'interdisent jamais la poursuite du traitement et sont
observés dans 10 à 20 % des cas seulement. Seule une publication mentionne
la survenue de migraines et la possibilité de syncopes dans le cadre d'un traite-
ment pour épicondylite (un cas de chaque dans notre expérience, pour d'autres
pathologies que des tendinopathies calcanéennes).
Données de la littérature
On ne retrouve que quelques publications françaises, uniquement sur les ODCR
(tableau 7.2). Ce sont toutes des études ouvertes [18, 19, 20].
La littérature internationale est plus riche, avec un plus grand nombre de
publications sur les ODCF que sur les ODCR. Toutes les études ne sont néan-
moins pas comparables car leurs protocoles sont différents. Une méta-analyse
récente [15] conclut à l'efficacité des ODC : l'association à la rééducation
excentrique potentialiserait les résultats.
Curieusement, on ne retrouve qu'assez peu de publications dans cette locali
sation tendineuse, par opposition aux tendinopathies de la coiffe, aux aponé-
vrosites plantaires et aux tendinopathies du coude, alors qu'il s'agit du motif
de consultation le plus fréquent dans notre série. Nous avons retrouvé neuf
publications dont sept sont plutôt favorables [21–27], une qui ne trouve pas de
supériorité par rapport à la rééducation excentrique [28] et une qui préfère la
chirurgie [9].
Perlick et al. (2002) comparent les ondes de choc avec la chirurgie, à un an,
et jugent les résultats comparables, avec une préférence pour la chirurgie.
Lohrer et al. (2002) rapportent, parmi 40 patients, 60 % de disparition
complète des douleurs et 12,5 % d'amélioration franche, un an après le
traitement.
Peers (2003) rapporte 77 % de bons résultats à 3 mois dans une petite étude
randomisée, en double aveugle, contre placebo (résultats significativement infé-
rieurs), sur 39 patients.
Fridman et al. (2008) rapportent 61 % de résultats S et TS, mais sur 23 ten-
dons seulement.
Rasmussen et al. (2008) réalisent une étude randomisée, en double aveugle,
contre placebo chez 48 patients. Les résultats des ODC sont meilleurs que ceux
du placebo.
Furia (2008) compare les ODC aux traitements classiques chez 68 patients
et plaide en faveur des ODC, après une séance seulement (29 bons résultats sur
34 patients contre 9 sur 34).
Rompe et al. (2009) comparent un traitement avec rééducation excentrique
à un traitement similaire associé aux ODC (68 patients). La rééducation asso-
ciée aux ODC est la méthode la plus performante : il obtient 82 % de bons
résultats avec les ODC contre 56 % avec la rééducation. Le même auteur avait
publié, en 2007, une étude comparant la rééducation seule, la rééducation avec
ODC et l'absence de traitement : la rééducation isolée ou associée aux ODC
arrivait sur un pied d'égalité (respectivement 60 % et 52 % de bons résultats),
en étant supérieure à l'absence de traitement (24 %).
Vulpiani et al. (2009) évaluent les résultats d'un traitement par ODC à 2, 6
et 12 mois avec des évaluations favorables respectives à 47 %, 73 % et 76 %.
Saxena et al. retrouvent une moyenne de plus de 78 % de patients satisfaits,
à un an, pour diverses pathologies du tendon calcanéen.
Dans l'ensemble, ces chiffres recoupent nos résultats.
Conclusion
Les traitements par ondes de choc apportent à nos yeux, de façon indiscutable,
une arme supplémentaire dans l'arsenal thérapeutique face aux tendinopathies
calcanéennes. Ils répondent logiquement aux problèmes posés et ne demandent
qu'un nombre limité de séances ; à ce titre, ils peuvent sans doute être classés
dans les traitements promis à un véritable avenir. Les résultats pourraient être
potentialisés par l'utilisation simultanée des thérapeutiques classiques. La sim-
plicité de la mise en œuvre du traitement est également à mettre en avant ainsi
que le très faible risque iatrogène.
L'apparition de machines à ODCF, de petite taille, rend cette technique
plus accessible et moins coûteuse et ouvrira peut-être de nouvelles possibilités
thérapeutiques.
Un plus grand nombre de publications validées reste cependant nécessaire.
Conflit d'intérêt
Participation aux essais cliniques en tant qu'investigateur principal auprès de
la société EMS.
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Chapitre 8
Bonnes et mauvaises
indications de l'injection
de PRP dans le cadre des
tendinopathies chroniques
calcanéennes du sportif
O. Fichez
Centre de rhumatologie, Le St-Louis, place Pierre Coullet, 83700 Saint-Raphaël
Anatomopathologiques
Certaines « tendinopathies » ne relèvent pas d'un traitement par PRP, en parti-
culier celles en rapport avec les spondylarthropathies nécessitant un traitement
anti-inflammatoire par voie générale.
Au niveau du « péritendon », il peut exister une réaction liquidienne provo-
quée par un processus intrinsèque, comme une maladie inflammatoire ou une
pathologie microcristalline, ou secondaire à un conflit, frottement, sursollicita-
tion de ce péritendon contre une aspérité osseuse ou des tissus mous.
Rappelons que le tendon calcanéen dispose d'une gaine aponévrotique, et non
synoviale, liée au dédoublement des muscles superficiels de la loge postérieure.
Entre cette gaine et le péritendon, se trouve le paratendon composé de deux
feuillets avec un espace virtuel entre les deux et dans lequel se trouve du liquide
susceptible de générer un processus exsudatif responsable de péritendinopathie.
Il apparaît que ces facteurs de croissance n'ont aucun caractère sélectif au
niveau tissulaire et que, par conséquent, l'injection de PRP sur une prolifération
aponévrotique ne fera que majorer celle-ci avec le risque d'une réaction inflam-
matoire secondaire.
C'est le même raisonnement qui va prévaloir face à une bursite ou une téno-
bursite. Ces bursopathies sont le plus souvent conflictuelles avec la chaussure
pour les bourses superficielles de Bovis et peuvent se surinfecter à la manière
d'un hygroma. Pour les bursites profondes, il s'agit le plus souvent d'une réac-
tion secondaire à un conflit avec le bord postéro-supérieur du calcanéus (mala-
die de Haglund).
En pratique
• Si la crépitation douloureuse et la douleur palpatoire sont bien corroborées
par l'imagerie et notamment par l'échographie, il s'agit d'une excellente indica-
tion de l'injection de PRP.
• Si, au contraire, il existe une exostose (figure 8.7), le résultat est, selon notre
expérience, plus aléatoire et nous proposons alors une discussion médico-
chirurgicale pour une résection-peignage et/ou PRP.
Enfin, il semble y avoir un élément de réflexion spécifique à l'enthèse cal-
canéenne, en cas de désinsertion partielle localisée au plan profond supérieur
(figure 8.8) ou au plan superficiel postéro-inférieur :
Bonnes et mauvaises indications de l'injection de PRP 85
• le pronostic des désinsertions partielles profondes est péjoratif avec une pro-
pension à la rupture totale justifiant une désinsertion totale puis une réinsertion
transosseuse ;
• les lésions postéro-inférieures sont de meilleur pronostic et peuvent répondre
à un traitement par PRP s'il existe un ratio dominant de l'atteinte tendineuse
par rapport à la réaction osseuse.
Discussion
L'ambiguïté actuelle des thérapies par utilisation de PRP repose sur le caractère
discordant des études de la littérature.
La problématique de cette équation tient essentiellement à la multitude de
variables d'autant plus difficiles à maîtriser qu'elles concernent la physiologie
de la cicatrisation dont nous ne connaissons pas tous les rouages.
Variabilité cellulaire
Elle s'exprime par une première phase résolutive lymphocytaire qui laisse la
place rapidement à une prolifération capillaire puis, par le biais de TGF bêta et
du FGF, à une formation collagénique.
Il semble, par ailleurs, que les macrophages soient en plus petit nombre à la
jonction os-tendon et qu'ils ont, à proximité de l'os, un rôle plus anabolique
tandis que ceux recrutés aux pourtours de la réparation ont un rôle catabo-
lique permettant un « nettoyage » du tissu local, prélude à toute cicatrisation
[5, 20]. Ceci contribuerait, comme nous l'avons précisé, à privilégier l'injec-
tion de PRP dans les tendinopathies corporéales et, a contrario, à préconi-
ser plutôt un geste chirurgical en cas de prolifération osseuse dominante au
niveau de l'enthèse.
• Le TGF bêta (Transforming Growth Factor), à l'inverse, semble agir sur les
phases de production collagénique, que ce soit lors de la réparation ou du
remodelage.
• Plusieurs arguments semblent montrer que l'origine du TGF bêta 1 pro-
vient bien des plaquettes qui affluent lors de la phase de réparation [5, 20].
À un stade plus tardif, le TFG bêta serait produit par le tissu réparé lui-même
[21, 22].
• Il apparaît, par ailleurs, qu'une augmentation trop importante du TGF bêta
pourrait être responsable d'adhérences contrariant la cicatrisation tendineuse.
On montre ainsi du doigt l'impact possible de la variabilité des différents
concentrés plaquettaires et de facteurs de croissance.
• Le VEGF (Vascular Endotelium Growth Factor) est surtout actif après la
phase inflammatoire, lors des phénomènes de prolifération et de remodelage
cicatriciel intéressant les processus de souffrance tendineuse chronique. Il peut
être stimulé aussi bien par des agressions mécaniques que par d'autres facteurs
biologiques, en particulier l'hypoxie tissulaire. Une augmentation du VEGF
entraîne une cascade de prolifération vasculaire, épi- et intratendineuse, ce qui
amène à discuter de l'injection de PRP et de VEGF en fonction du « statut
Doppler » dont nous reparlerons ultérieurement.
• L'IGF (Insulin Growth Factor) a un rôle à la fois dans la croissance de l'orga-
nisme et dans la réparation tissulaire. Il stimule principalement la prolifération
et la migration des fibroblastes au niveau du site lésé entraînant alors la syn-
thèse collagénique. Chez le rat, l'IGF agit sur la cicatrisation du tendon dès le
premier jour et perdure avec le temps [20].
• Le FGF (Fibroblast Growth Factor) joue un rôle important dans la migra-
tion et la prolifération vasculaire aussi bien in vitro qu'in vivo mais, là aussi,
il semble exister une relation dose/effet avec un effet néfaste lors de doses trop
importantes soulignant l'impact des différentes préparations de PRP.
Conclusion
Le but de cette centrifugation sélective de concentré plaquettaire est d'obtenir
une biothérapie riche en facteurs de croissance dont le caractère autologue lui
confère une parfaite biocompatibilité.
90 Tendinopathie calcanéenne
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Chapitre 9
Traitement chirurgical
P. Thoreux
Service de chirurgie orthopédique, hôpital Avicenne, APHP, 93009 Bobigny
Laboratoire de biomécanique, Arts et Métiers ParisTech, Université Paris 13
D epuis les travaux fondateurs de Kvist [1] et de Saillant et al. [2] dans les
années 1980, peu de choses ont été publiées sur le traitement chirurgical des
tendinopathies corporéales du tendon calcanéen et la revue récente de la littéra-
ture ne retrouve sur ce sujet précis aucune étude de niveau 1 ou 2.
Les tendinopathies calcanéennes restent malgré tout un sujet d'actualité
mais les articles publiés depuis 10 ans concernent principalement les nouvelles
méthodes non chirurgicales (ondes de choc, injections de PRP ou autre produit,
modalités des traitements radioguidés ou non…), la prise en charge des tendino-
pathies d'insertion et le traitement percutané des ruptures. En revanche, aucune
étude prospective, randomisée ou non, de niveau de preuve 1, 2 ou 3, n'a pu être
retrouvée concernant l'évaluation des nouvelles méthodes percutanées, arthros-
copiques ou par mini-abord, pour les tendinopathies strictement corporéales.
Les travaux de Kvist [1] et de Saillant et al. [2] restent donc la référence aussi
bien sur le démembrement des différents types de tendinopathies calcanéennes,
en particulier corporéales, que sur les indications chirurgicales et la codification
des gestes peropératoires nécessaires qui se déclinent en libération des adhé-
rences (± ablation d'une gaine péritendineuse épaissie et/ou inflammatoire),
exérèse de nodules dégénératifs ou autres lésions tendineuses, stimulation de la
cicatrisation et restauration de la vascularisation.
moins pour l'activité en cause, fait partie intégrante de la prise en charge. Les
méthodes non chirurgicales s'étant diversifiées au cours des dernières années
(cf. chapitre 8), il est du devoir du chirurgien de toutes les connaître (classiques
et innovantes) afin de s'assurer qu'elles ont bien été proposées et réalisées cor-
rectement avant de poser une indication opératoire. Le principe de l'indication
chirurgicale, réservée aux échecs des traitements conservateurs, se retrouve dans
plusieurs articles donnant des algorythmes décisionnels pour la prise en charge
des tendinopathies calcanéennes, corporéales ou non [3–8].
Le seul point ayant peut-être évolué est le type de patients à qui s'adresse la
chirurgie ; initialement elle était réservée aux sujets sportifs, de compétition ou
très motivés, souvent dans une tranche d'âge inférieure à 40 ans, l'âge ayant
été individualisé comme un facteur pronostique. Dans la série de Saillant et al.
[2], l'âge moyen était de 30 ans avec un mauvais résultat plus fréquent chez
les sujets plus âgés (33,5 ans en moyenne), en sachant que dans la population
des sportifs de haut niveau, il y avait 97 % d'excellents résultats. Les données
récentes de la littérature retrouvent des séries avec des âges moyens supérieurs à
50 ans, sans que cette question de l'âge ne soit abordée spécifiquement dans la
discussion. Par ailleurs, la proportion de sujets sportifs réguliers, voire de com-
pétition, est beaucoup moins importante qu'elle ne l'était. À titre d'exemple,
Sarimo [9] inclut dans sa série 24 patients d'âge moyen 54 ans, dont seuls 13
pratiquent une activité sportive impliquant de la course. Dans la série de Vega
[10], les 8 patients ayant bénéficié d'un traitement endoscopique avaient un
âge moyen de 43,2 ans (extrêmes de 36 à 60 ans) et étaient tous des sportifs
de loisirs avec une activité variée (football, tennis, jogging). Dans le travail de
Alfredson [11], la moyenne d'âge des 13 patients est de 53 ans mais ils ont la
particularité d'avoir une atteinte bilatérale.
Résultats attendus
Le traitement chirurgical classique a toujours donné de 80 à 90 % de résultats
satisfaisants (excellents et bons) mais au prix, selon les séries, de 10 à 15 % de
complications, principalement cutanées, pouvant parfois laisser des séquelles
importantes. Les résultats sont mêmes supérieurs dans certains sous-groupes
tels les sportifs de haut niveau avec 97 % d'excellents résultats [2]. La qua-
lité de ces résultats établis dans les années 1980 [1, 2] est confirmée par des
études plus récentes, en particulier l'étude multicentrique rétrospective de la
SFA (Société Française d'Arthroscopie), publiée en 2009 [19], et qui fait état de
Traitement chirurgical 97
côté le plus douloureux a été opéré par procédure guidée sous échographie et
Doppler. Les sujets ont repris la marche à J1 et le critère d'évaluation principale
a été la douleur. Il a été constaté une amélioration des symptômes sur les deux
tendons chez 11 patients sur 13, aussi bien à court qu'à long terme. Les études
morphologiques, notamment animales, ont montré la présence de modifica-
tions histologiques tendineuses bilatérales.
Conclusion
Au total, la chirurgie des tendinopathies corporéales du tendon calcanéen
reste la dernière arme du traitement, dès lors que toutes les autres méthodes
ont échoué. Elle donne des résultats tout à fait satisfaisants dans plus de trois
quarts des cas. Le meilleur des traitements chirurgicaux reste l'adaptation des
gestes aux lésions anatomiques observées et aux mécanismes physiopatholo-
giques retenus comme prépondérants dans la genèse des symptômes. Les nou-
velles méthodes, percutanées et/ou endoscopiques, n'ont pas apporté la preuve
de leur supériorité par rapport aux gestes chirurgicaux conventionnels même
si elles sont potentiellement les techniques d'avenir. Par ailleurs, elles n'ont pas,
du moins pour l'instant, fait disparaître les complications cutanées, même si
celles-ci semblent moins nombreuses chez certains auteurs.
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Chapitre 10
Traitement médical
de la pathologie
d'insertion du tendon
calcanéen
J. Parier
Clinique Maussins-Nollet, 67, rue de Romainville, 75019 Paris
Introduction
La pathologie du talon est largement dominée par la souffrance du tendon
calcanéen. Cependant, il existe d'autres diagnostics constituant des pièges
classiques qu'il faut savoir écarter systématiquement.
Parmi ceux-ci, le syndrome du carrefour postérieur peut prêter à confu-
sion du fait de ses irradiations, parfois ascendantes, lors des mouvements
appuyés de flexion plantaire. La fracture de fatigue du calcanéus est plus
rare. La maladie de Sever intéresse les jeunes enfants autour de 10 ans. La
douleur est parfaitement localisée au niveau du talon mais il s'agit purement
d'une maladie de croissance. Les rhumatismes inflammatoires peuvent être
des pièges redoutables, surtout chez les sportifs de haut niveau où le facteur
de surmenage est souvent accusé d'être responsable de tous les maux. Parmi
les atteintes inflammatoires, la spondylarthrite est la plus fréquente. Les souf-
frances neurologiques microtraumatiques sont souvent difficiles à dépister.
Revue de la littérature
Une revue Cochrane sur les tendinopathies calcanéennes a été publiée en 2001
analysant 9 études contrôlées, randomisées. Aucune conclusion véritable n'a pu
être tirée concernant les traitements les plus appropriés [1], en partie à cause
Le travail excentrique
Le travail excentrique est largement utilisé, au moins en première intention.
Les programmes dérivent ou sont proches de celui décrit par Alfredson [17].
Celui-ci implique trois séries de 15 répétitions de travail excentrique, réali-
sées deux fois par jour pendant 12 semaines. Dans son programme original, il
estime qu'une douleur au niveau du tendon calcanéen durant l'exercice est gage
de réussite. Elle semble influencer la compliance aux exercices.
Rompe compare le travail excentrique (E), les ondes de choc (ODC) et
l'absence de traitement [14].
Ont été exclus de son étude les patients ayant :
• à l'échographie, un épaississement et/ou des irrégularités de la structure du
tendon avec des zones d'hypoéchogénicité et une anomalie de l'orientation des
fibres ;
• une bursite pré-achilléenne ;
• des calcifications ou une proéminence osseuse de la partie postéro-supérieure
et latérale du calcanéus sur les radiographies ;
• reçu des injections péritendineuses d'anesthésique ou de corticoïdes.
Les patients inclus présentaient une douleur à l'insertion du tendon cal-
canéen depuis au moins 6 mois, résistant au traitement conservateur. Les
patients, au nombre de 50, étaient âgés de 18 à 70 ans ; 25 ont bénéficié d'un
travail excentrique (série de 15 répétitions avec progression du nombre heb-
domadaire de 1 à 3 et de la charge : augmentation de 5 kilos par semaine) et
25 autres d'ondes de choc (1 séance par semaine pendant 3 semaines, pression
de 2,5 bars, 8 impulsions par seconde).
L'évaluation faite à 4 et 15 mois montre 60 % de bons résultats pour le
groupe excentrique contre 52 % pour le groupe ondes de choc.
Dans une autre étude incluant un groupe témoin, Rompe trouve 24 % de
bons résultats à 4 mois [2].
Quatre autres études ont analysé le travail excentrique [15, 24, 34, 35] : trois
évaluent ce travail avec une amplitude complète, par exemple sur une marche,
contre une seule série avec une amplitude sous-maximale (abaissement du talon
104 Tendinopathie calcanéenne
Quelques conclusions
À l'analyse de la littérature, quelques conclusions s'imposent :
• Le travail excentrique est un traitement efficace de la tendinopathie d'inser-
tion même s'il est moindre que sur le corps du tendon.
• Les résultats sont d'autant meilleurs que le protocole est rigoureux et prolongé.
Le docteur Middleton est impliqué de longue date dans les techniques de réé-
ducation. Nous avons voulu avoir son expertise.
« La place du travail musculaire excentrique dans la prise en charge théra-
peutique des tendinopathies repose sur deux notions :
• l'idée de reprogrammation du complexe musculotendineux via des sollicita-
tions en étirement, proposée par Stanish ;
• la capacité du travail musculaire à favoriser la cicatrisation tendineuse en
stimulant la maturation du collagène et en augmentant le nombre de liaisons,
donc la résistance tendineuse, entre les fibres de collagène.
Il existe manifestement une place pour réaliser un travail musculaire
excentrique dans la prise en charge des tendinopathies d'insertion du tendon
calcanéen.
Si la capacité « cicatrisante » du travail excentrique mérite des études complé-
mentaires, son intérêt en reprogrammation à la pratique de la course est indis-
cutable. En effet, Reber [37] a montré que, lors de la course à pied, le muscle
gastrocnémien était essentiellement sollicité en étirement avec une activité élec-
tromyographique maximale quand le centre de gravité du coureur passait en
avant du centre articulaire de cheville, c'est-à-dire au début du pas postérieur.
Cela permet à Reber de conclure que le muscle gastrocnémien a essentiellement
une activité musculaire excentrique lors de la course à pied.
La reprise ou la pratique de la course à pied nécessite de bonnes capacités
frénatrices du muscle gastrocnémien. Les résultats obtenus dans cette étude per-
mettent d'évoquer le rôle d'une activité musculaire excentrique inadaptée dans
la genèse de la lésion.
Traitement médical de la pathologie d'insertion du tendon calcanéen 105
Quelques conclusions
À l'analyse de la littérature quelques conclusions s'imposent :
• Les ODC sont devenues incontournables dans le traitement des tendinopa-
thies d'insertion.
• Certains protocoles permettent de limiter le nombre des séances d'ODC.
• L'anesthésie locale pour les séances ne paraît pas favorable.
• L'adjonction de produits diététiques est peut-être utile.
Utilisant les ODC depuis près de 15 ans, et avec un minimum de 2 000 trai-
tements, toutes localisations confondues, il paraissait intéressant de connaître
l'expertise du docteur de Labareyre : « Les ODC peuvent parfaitement être
utilisées dans le cadre des enthésopathies calcanéennes. Il va de soi qu'il faut
parler d'une véritable pathologie d'insertion, alors que la présence d'une patho-
logie s'accompagnant d'une bursite pré- ou rétro-achilléenne est une non-indi-
cation au traitement. »
Modalités pratiques
« La proximité osseuse rend cette technique particulièrement douloureuse, ce
qui peut justifier de diminuer la force des impacts, en tout cas en début de trai-
tement. Il n'est pas rare de commencer avec des pressions de 1.5 bar, quitte à
augmenter ensuite en fonction de la tolérance du patient. L'utilisation d'un
anesthésique local rendrait invasive une technique qui n'est qu'agressive et nuit
à la qualité des résultats en faisant perdre le rétrocontrôle du patient qui ne
peut plus guider le thérapeute sur la zone spécifiquement douloureuse [ 25].
Les coups sont délivrés perpendiculairement à la partie postérieure du cal-
canéus, sur un patient en décubitus ventral, en insistant plus particulièrement
sur la zone d'enthèse la plus douloureuse, médiale ou latérale. Si la douleur est
présente sur une large zone, il peut être justifié de réaliser une double séance sur
Traitement médical de la pathologie d'insertion du tendon calcanéen 107
Tableau 10.1. Résultats du traitement par ODC radiales (actualisation avril 2013).
Total TS + S I+N A
Nombre de 201 133 68 1
patients
% 100 66,2 34,7 0,5
Nombre moyen 4,8 6
de séances
108 Tendinopathie calcanéenne
dans la journée qui suit une séance : en effet, s'il existe un effet anesthésique post-
ODC, la règle de la non-douleur sera faussée.
Dans notre expérience, les enthésophytes éventuels ne sont jamais modifiés par
les ondes de choc, même si le résultat est satisfaisant. Cosentino et al. observent
une diminution de l'enthésophyte dans 30 % des cas. »
Analyse de la littérature
« La littérature sur les ODC est pauvre pour cette localisation. Nous n'avons
retrouvé que quatre publications, elles sont toutes favorables.
Cosentino et al. (2001) comparent les ODC à un traitement placebo et
notent une supériorité du traitement effectif.
Furia [25] effectue une seule séance d'ODC chez 35 patients et les compare
à 33 patients qui suivent un traitement traditionnel. Il note 51 % de bons résul-
tats dans le groupe ODC avec une supériorité de ce traitement par rapport à
l'autre qui n'en obtient que 39 %.
Le même Furia, en 2006, dans un article complémentaire avec plus de recul
[26], décrit la même série et avance le chiffre de 82,9 % de satisfaction à 1 an
(contre 39,4 % dans le groupe placebo). Il émet un avis défavorable sur l'utili-
sation d'un anesthésique.
Rompe et al. [14] ont comparé les ODC et la rééducation excentrique dans
une étude randomisée, contrôlée, chez 50 patients. Les résultats sont supérieurs
à 4 mois dans le groupe ODC avec 64 % de bons résultats contre 28 % dans
le groupe excentrique. »
Conclusion
« Les ODC nous paraissent indiquées dans le cadre de l'enthésopathie calca-
néenne avec des résultats qui restent assez modestes puisque, dans notre série,
deux tiers des patients s'estiment satisfaits [14, 21, 25, 26, 39]. »
Le laser
La définition du Laser tient dans ses cinq lettres : Lumière Amplifiée par Stimulation
d'une Émission de Radiation. Cette lumière possède trois caractéristiques essen-
tielles : monochromaticité, cohérence et directivité. Le laser est composé schéma-
tiquement de trois éléments : une cavité de résonance avec un tube en verre fermé
à chaque extrémité par un miroir dont l'un est semi-transparent permettant ainsi
la sortie du rayon, un milieu actif, qu'il s'agisse de gaz, de substance solide ou
liquide, et, enfin, un dispositif de pompage, qu'il soit électrique ou optique.
À chaque milieu actif correspond une longueur d'onde.
Les effets biologiques du laser sont fonction de la longueur d'onde, de la
puissance et du mode, continu ou pulsé de l'émission.
Actuellement, trois types de laser sont utilisés en thérapeutique.
• Le laser hélium néon qui émet dans le rouge à très faible puissance avec une
pénétration d'environ 20 à 30 mm.
Traitement médical de la pathologie d'insertion du tendon calcanéen 109
4 semaines, soit à un traitement par laser actif, soit à un placebo à des points
normalisés sur les tendons touchés. Les paramètres dans le groupe de traite-
ment actif étaient les suivants : 810 nm, 100 mW, appliqués à 6 points sur le
tendon pendant 30 s, pour une dose totale de 3 J par point et 18 J par session.
Les paramètres mesurés avant le traitement et après 4 et 12 semaines étaient le
questionnaire VISA-A, la douleur et la force isocinétique.
Dans les deux groupes, il y a eu des améliorations significatives (p < 0,05) à
4 et 12 semaines pour tous les indicateurs de résultats, sauf la force excentrique
pour le groupe placebo à 4 semaines.
La conclusion concernant l'efficacité n'a cependant pas pu être faite en raison
de la faible puissance statistique de cette étude pilote [40].
Quelques conclusions
À l'analyse de la littérature, quelques conclusions s'imposent :
• l'utilisation du laser dans la pathologie d'insertion du tendon calcanéen est
encore mal connue. Il n'existe aucune publication spécifique, randomisée ;
• la multiplicité des protocoles, la diversité des lasers majorent la complexité
des études.
Il s'agit sans doute d'une thérapeutique réservée aux utilisateurs expérimentés.
Le docteur Bellot est une pionnière de l'utilisation du laser CO2 en traumato-
logie du sport puisqu'elle l'utilise depuis 1984. Son expertise dans ce domaine
est donc précieuse.
« Les tendinopathies sont une des indications majeures et parmi celles-ci les
localisations calcanéennes restent les plus fréquentes. Les enthésopathies repré-
sentent 30 % des cas.
L'étude présentée aux entretiens de Bichat sur 300 cas de tendinopathies
calcanéennes traités par laser CO2 nous permet une analyse plus juste de l'effi-
cacité de ce traitement car étaient éliminés de l'étude tous les cas où une autre
thérapie était associée.
Actuellement, ce traitement s'intègre dans une prise en charge plus globale
associant systématiquement le protocole progressif de travail excentrique/
étirements.
En pratique, on débute le laser en monothérapie ; le programme sportif
est allégé en fonction de la douleur. Huit à 15 séances sont nécessaires à rai-
son de 2 à 3 par semaine. Une imagerie précise l'état lésionnel et la présence
éventuelle d'une bursite associée. En fonction du réglage de l'appareil, les
actions sont :
• anti-inflammatoires, anti-œdémateuses ;
• régénératrices, défibrosantes ;
• antalgiques.
Le réglage de chaque séance est donc dicté par l'aspect local et l'échelle de
douleur ; c'est un protocole évolutif bien codifié. Dès l'indolence à l'étirement,
on associe la rééducation en parallèle aux séances de laser. La laserthérapie ne
présente aucune contre-indication et a l'avantage d'être indolore, voire agréable.
Traitement médical de la pathologie d'insertion du tendon calcanéen 111
Dans notre centre, autant nous pouvons associer les ondes de choc au laser
dans les tendinopathies corporéales, autant nous les évitons dans les enthésopa-
thies, car particulièrement douloureuses en regard de leur efficacité décevante
dans cette localisation.
De nombreuses études ont démontré l'inefficacité des soft-laser (quelques
centaines de milliWatts). Malheureusement, ces travaux ne mentionnent pas le
type de laser testé et c'est toute la thérapie laser qui est jugée inefficace. De plus,
il n'y a pratiquement pas d'études traitant du laser CO2.
Le laser à diode infrarouge haute puissance, dernier-né des lasers thérapeu-
tiques, est un laser thermique (8 à 12 Watts) utilisé dans notre centre depuis 2008.
De moindre puissance qu'un CO2 (20 à 50 Watts), il possède néanmoins des
propriétés anti-inflammatoires, anti-œdémateuses et antalgiques réelles.
Les pathologies fraîches, non lésionnelles, sont de bonnes indications dans
ce cas.
Les pathologies plus complexes sont réservées au laser CO2 dans notre
pratique. »
et envisagent soit de vivre avec leur douleur, soit de se faire opérer. La technique
d'injection consiste à réaliser dans la zone pathologique tendineuse, repérée en
échographie, plusieurs passages d'une aiguille de calibre 0,8, en arrivant paral-
lèlement aux fibres tendineuses (fenestration du tendon) puis à injecter le PRP,
2 à 3 cc dans la ou les zones pathologiques, sous échographie.
Nos résultats portent surtout sur les coudes et les genoux. Notre expérience
de prise en charge sur l'insertion du tendon calcanéen est trop réduite pour
livrer des résultats.
Au niveau du tendon calcanéen, l'injection corporéale est difficile car le ten-
don est résistant et les zones pathologiques nombreuses et étendues. Aussi, en
essayant d'être précis lors de l'injection, il est fréquent de piquer plusieurs fois
le patient. Celui-ci devant rester immobile, une anesthésie locale nous paraît le
garant d'un geste technique bien réalisé. Au niveau de l'insertion, la difficulté
est majorée.
Le but du PRP étant de créer une relance du processus de cicatrisation, il
rentre donc de principe dans une stratégie thérapeutique globale de la prise en
charge où interviennent le soulagement articulaire, les conseils de chaussage, la
mise en place éventuelle d'une orthèse plantaire, un travail excentrique progres-
sif et des soins locaux ».
La prolothérapie
Il s'agit d'une solution hypertonique de glucose et d'anesthésique local qui est
injectée le long de la zone douloureuse du tendon, dans le but de stimuler l'in-
flammation [22, 33].
Actuellement, aucune étude publiée ne porte sur les enthésopathies
calcanéennes.
Le polidocanol
En théorie, l'injection d'un produit sclérosant comme le polidocanol, dans les
domaines de la néovascularisation, pourrait scléroser les vaisseaux et éradiquer
les fibres nerveuses génératrices soit directement (par destruction), soit indirec-
tement (par ischémie).
Comme pour la prolothérapie, aucune étude publiée ne porte sur les enthé-
sopathies calcanéennes.
Traitement médical de la pathologie d'insertion du tendon calcanéen 113
Conclusion
La pathologie de l'insertion du tendon calcanéen, qui représente de 5 à 20 %
des souffrances du tendon, a bénéficié depuis quelques années de travaux
spécifiques, en premier lieu pour différencier les tableaux cliniques. Certaines
thérapeutiques médicales semblent désormais incontournables. Les ODC et
le travail excentrique ont démontré leur efficacité même si les résultats sont
moins bons que pour l'atteinte corporéale. D'autres thérapeutiques, PRP,
laser, méritent des études complémentaires pour figurer dans l'arsenal du
praticien.
Remerciements
L'auteur remercie les docteurs Demarais, Guillard et Poiraud.
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Chapitre 11
Résultats de la chirurgie
des tendinopathies calcanéennes
Introduction
Les tendinopathies calcanéennes ont depuis longtemps été démembrées en deux
cadres nosologiques distincts : les tendinopathies corporéales et les tendinopa-
thies d'insertion [1]. Si la pathologie corporéale répond efficacement au trai-
tement médical [2, 3], les problèmes concernant l'insertion ne sont pas encore
totalement réglés [4]. Les résultats des thérapeutiques médicales ou chirur-
gicales sont encore perfectibles et les délais/niveaux de reprise sportive sont
encore trop aléatoires. Si les résultats sont aussi disparates, cela signifie pro-
bablement que la pathologie d'insertion ne se résume pas au seul problème
de conflit type Haglund. Le tendon n'est-il pas aussi incriminé, de même que
l'enthèse ? Et ne faudrait-il pas envisager dans le diagnostic lésionnel de vérifier
si chacun de ces trois acteurs (tendon, enthèse, conflit osseux), isolément ou en
association ne joue pas un rôle dans la genèse des symptômes ?
Ce travail regroupe les tendinopathies d'insertion calcanéenne n'ayant
pas répondu au traitement médical et ayant nécessité un geste chirurgical.
Haglund (1928) avait décrit la triade associant une douleur postérieure, une
inflammation cutanée locale avec callosité et une exostose postéro-supé-
rieure du calcanéus. Cette description princeps est, à notre sens, insuffisante
car elle se limite au problème de conflit. Nous préférons parler de conflit
calcanéen postérieur pur, par opposition aux atteintes tendineuses de stade
évolutif plus ou moins avancé, avec ou sans conflit. La souffrance tendi-
neuse liée au conflit n'est que peu considérée et donc très souvent négligée
Classification
La classification que nous proposons comporte quatre stades. C'est celle que
nous utilisons depuis 2007 ; elle est en cours de validation. Elle est fondée sur
l'analyse IRM et les constatations opératoires :
• Le stade 1 correspond à une simple bursite à l'insertion sans conflit osseux,
elle n'a jamais motivé dans notre série de traitement chirurgical.
• Le stade 2 consiste en un conflit osseux postéro-supérieur avec bursite mais
sans atteinte tendineuse. Il correspond à la maladie de Haglund. Ce stade est, à
notre sens, le seul accessible à la chirurgie endoscopique, puisqu'il n'existe pas
d'atteinte tendineuse associée.
• Le stade 3 comporte une atteinte tendineuse avec ou sans conflit osseux. La
lésion tendineuse est plus ou moins complète après excision des tissus patho-
logiques jusqu'en zone saine. Ce stade est divisé en trois sous-groupes selon
l'importance de l'atteinte. On distingue le stade 3A, caractérisé par une rupture
tendineuse partielle inférieure à 50 % du volume du tendon. Le stade 3B est
une rupture tendineuse supérieure à 50 % du volume tendineux ; il s'agit d'une
fragilisation constituant un véritable « syndrome de menace » conduisant au
risque de totalisation de la rupture. Le stade 3C correspond au stade ultime de
la rupture à l'insertion.
• Le stade 4 est un stade séquellaire avec nécrose tendineuse constituée et
perte de substance plus ou moins importante, comblée par une fibrose cica-
tricielle. Il nécessite un comblement par une autogreffe afin de rétablir le
volume (perte de substance partielle) ou la continuité tendineuse (perte de
substance complète) et la longueur tendineuse optimale (tableau 11.1).
La série
La série est rétrospective, monocentrique, incluant tous les patients ayant été
pris en charge chirurgicalement pour une tendinopathie d'insertion calcanéenne
entre janvier 2008 et juin 2011. Les paramètres usuels que sont l'âge, le sexe, le
sport pratiqué ainsi que le niveau de pratique ont été notifiés en préopératoire.
Tous les patients inclus étaient en échec d'un traitement médical bien conduit
Résultats de la chirurgie des tendinopathies calcanéennes 119
Résultats
La série comportait 33 patients : 31 ont été revus cliniquement dont un présen-
tait une atteinte bilatérale soit 32 chevilles. Deux patients n'ont pu être réévalués
pour des raisons d'éloignement géographique et ont donc été exclus de la série
constituant deux perdus de vue. Il y avait 7 femmes pour 24 hommes, soit un
sex-ratio de 3,4 hommes pour une femme. L'âge moyen était de 41 ans [17–60].
Le délai moyen entre la prise en charge chirurgicale et le début des signes était
de 32,8 mois (6–96 mois). Dix-sept patients pratiquaient la course à pied (mara-
thon, fond, demi-fond, triathlon) représentant la majorité de nos patients, 4 pra-
tiquaient un sport collectif (football, football américain, basket), 4 un sport de
raquette (tennis, badminton), 2 patients pratiquaient le sprint (100 m et 110 m
haies), 1 l'escrime, 1 le lancer de poids, 1 la danse classique, et 1 la plongée sous-
marine. La proportion de patients pratiquant l'athlétisme, toutes disciplines
confondues, est majoritaire dans notre série puisqu'elle représente 65 % de nos
patients, en retrouvant une nette prédominance de coureurs de demi-fond, de
fond et de marathon.
Les niveaux sportifs préopératoires et prélésionnels sont représentés dans la
figure 11.1.
Concernant le type d'atteinte lésionnelle préopératoire, nous avons pu
constater qu'il n'y avait qu'un tiers environ de conflit pur sans atteinte tendi-
neuse, et deux tiers des patients qui présentaient une lésion du tendon calca-
néen (figure 11.2).
Professionnels/
Loisir internationaux
36 % 16 %
Compétition
Compétition nationale
régionale 32 %
16 %
stade 4
13 %
stade 2
34 %
stade 3C
12 %
stade 3B
16 %
stade 3A
25 %
100
90
80 69
66
70 58 60
60 48
50 40
40
30
20
10
0
stade 2 stade 3A stade 3B stade 3C stade 4 global
100 93 93 93
91 94 92
90
80
70
60
50
moyen
40
30
20
10
0
stade 2 stade 3A stade 3B stade 3C stade 4 global
Figure 11.4. Résultats AOFAS postopératoires.
30
28
nombre de patients (n = 32)
26
24
22
20
18
16 préopératoire
14
12 dernier recul
10
8
6
4
2
0
stade 2 stade 3A stade 3B stade 3C stade 4 global
20
18
nombre de patients (n = 32)
16
14
12
10
préopératoire
8
dernier recul
6
4
2
0
0 1 2 3A 3B 4
score Blazina
18
16
14
12,5
12
10,8
délai en mois
10 9 8,5
8
8 moyen
6
6
0
stade 2 stade 3A stade 3B stade 3C stade 4 global
stade lésionnel
Baisse
16 %
Augmente
9%
Idem
75 %
Analyse et discussion
Ce travail a permis de mettre en évidence que les pathologies d'insertion du
tendon calcanéen par conflit calcanéen postérosupérieur touchent préférentiel-
lement les marathoniens et les coureurs de fond ou de demi-fond. Le démem-
brement des lésions du tendon calcanéen, selon une classification originale
préthérapeutique, permet de proposer une variété d'options chirurgicales « à la
carte » et d'améliorer les résultats fonctionnels autrefois insuffisants dans 40 %
des cas, spécifiquement sur l'insertion. Les scores AOFAS global et de Blazina
se sont nettement améliorés avec un score AOFAS moyen de 92/100 et 84 %
des patients passés aux grades 0 et 1 de Blazina. Les résultats peu satisfaisants
sur la classification de Blazina et sur le gain AOFAS sont représentés essentiel-
lement par les stades lésionnels 3A, correspondant aux atteintes tendineuses
de moins de 50 %, avec ou sans conflit postéro-supérieur. C'est ce stade précis
qui nous pose le plus de problème, car l'atteinte tendineuse peut, selon nous,
évoluer vers la guérison après avoir supprimé le conflit et nettoyé la fibrose, ou
poursuivre son chemin vers l'aggravation de la rupture. Nous n'avons aucun
moyen actuellement de savoir quelle sera l'évolution de cette lésion, malgré
l'analyse précise des IRM et de la lésion en peropératoire. Ceci peut s'expliquer
par le fait que, dans ce cas précis, l'enthèse n'est pas modifiée par la chirurgie et
qu'un traitement plus agressif permettrait certainement de traiter l'enthésopa-
thie. Ceci constitue une piste de réflexion.
Douleur
gênant
Aucune
l'activité
douleur
16 %
40 %
Douleur
après
l'activité
44 %
pied avant le début des douleurs. Les complications décrites dans notre série
ont été mineures et n'ont eu pour conséquence qu'un retard dans la reprise de
la pratique sportive. Elles ont toutes été résolutives après un traitement adapté.
Conclusion
Les tendinopathies d'insertion calcanéenne, en échec d'une prise en charge
médicale, peuvent être traitées chirurgicalement avec succès si l'on s'attache à
réaliser une analyse lésionnelle rigoureuse. Le conflit pur ne correspond qu'à
un tiers des cas, les deux autres tiers correspondant à une atteinte tendineuse.
L'ablation seule du coin postéro-supérieur du calcanéus peut donc ne pas suf-
fire dans deux tiers des cas, ce qui va à l'encontre des traitements arthros-
copiques qui ne règlent que le problème osseux. La classification originale
proposée dans cet article permet de réaliser un bilan précis des lésions, notam-
ment tendineuses, souvent laissées pour compte dans l'approche chirurgicale
de ce type de pathologie. L'apport d'une intervention « à la carte » nous semble
représenter la clé de la réussite chirurgicale du traitement de cette pathologie,
mais pour laquelle le stade 3A correspondant à une rupture partielle de moins
de 50 % du tendon, avec ou sans conflit osseux, nous pose le plus de problème.
Faudrait-il dans ce stade être plus agressif ? Probablement pas, car peut-on par-
ler d'échec lorsque, dans ce stade 3A, un marathonien ne peut plus tenir sa dis-
tance mais court sans problème 20 km…
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Chapitre 12
Les tendinopathies patellaires.
Quels sujets ? Quels sports ?
Introduction
Dans le cadre général des technopathies, c'est-à-dire des pathologies déclen-
chées par la pratique d'un geste sportif le plus souvent mal réalisé, le temps de
l'interrogatoire est fondamental. Au cours de celui-ci, il est nécessaire de s'assu-
rer de la cohérence entre le geste sportif et le déclenchement de cette pathologie.
Dans le cas particulier des tendinopathies patellaires, on se doit de retrouver
une sollicitation excentrique de l'appareil extenseur du genou ayant déclenché
la lésion.
Si la littérature est très riche pour tout ce qui concerne le traitement des
tendinopathies, elle se révèle assez pauvre dans le domaine épidémiologique.
On doit donc s'appuyer sur la compréhension biomécanique des éléments
déclenchants.
La cohérence entre le geste sportif et la survenue de la tendinopathie ne suffit
pas à éliminer tous les diagnostics différentiels, en particulier la présence d'un
syndrome rotulien. Le piège vient du fait que non seulement les localisations
douloureuses de ces deux pathologies peuvent être assez proches mais, surtout,
on peut être mal orienté par une imagerie inappropriée. Par exemple, cette der-
nière peut être centrée uniquement sur le tendon patellaire et non sur la patella.
Ferretti [1] avait d'ailleurs insisté sur le fait que 65 % des tendinopathies sié-
geaient à l'insertion du tendon sur la patella.
Éléments de l'interrogatoire
Quelques éléments de l'interrogatoire peuvent d'ores et déjà orienter vers un
syndrome rotulien plutôt que vers une tendinopathie. C'est, par exemple, la
prédominance des douleurs en position assise prolongée ou dans les esca-
liers (notamment lors de la montée) alors qu'en présence d'une tendinopathie,
l'exercice excentrique étant plus contraignant, c'est à la descente que les dou-
leurs devraient être les plus importantes.
Le diagnostic de tendinopathie repose à la fois sur la triade de l'interro-
gatoire avec le mode de survenue de la douleur qui doit être progressif (une
apparition brutale doit systématiquement faire rechercher une rupture par-
tielle du tendon), la localisation et le rythme de la douleur qui doit être liée
à l'activité sportive. La cohérence entre le geste sportif sur un mode excen-
trique et le déclenchement de la douleur doit être retrouvée. Le deuxième temps
repose évidemment sur la recherche de la triade clinique avec une douleur que
l'on recherchera à la palpation, à l'étirement et lors des différents tests isomé-
triques. Il est toujours intéressant de compléter ces tests isométriques par des
tests excentriques en charge, en demandant au patient d'effectuer simplement
une descente en appui monopodal.
La tendinopathie patellaire va donc survenir préférentiellement dans des
sports comprenant une composante excentrique, lorsque le quadriceps va se
contracter en même temps qu'il va subir une contrainte en étirement. L'exemple
le plus caractéristique est celui d'une réception de saut. Ferretti [1] avait souli-
gné la prédominance des facteurs extrinsèques sur les facteurs intrinsèques dans
le déclenchement des tendinopathies.
Un des aspects biomécaniques important est le fait que, lors de la flexion,
la contrainte va s'exercer sur le tendon patellaire en début de flexion, sur la
patella aux alentours de 60° de flexion et sur le tendon quadricipital plutôt aux
alentours de 90° de flexion, ce qui explique que la survenue de tendinopathie
quadricipitale soit surtout l'apanage des cyclistes et des adeptes de l'haltérophi-
lie ou de la musculation.
Par ailleurs, la survenue d'une rupture du tendon quadricipital se produit le
plus souvent lors d'un exercice avec une composante importante de flexion du
genou, le plus souvent aux alentours de 90°.
Quand il prend en considération plusieurs sports, Zwerver [2] a mon-
tré sur 891 sportifs que 8,5 % présentaient un jumper's knee mais que
ce pourcentage passait à 14,4 % pour les volleyeurs, alors qu'il n'était
que de 2,5 % chez les footballeurs. Surtout, il mettait en évidence le fait
que la durée moyenne des symptômes était de 18 mois, ce qui correspond
bien à l'impression que l'on a lors de l'interrogatoire d'une pathologie
souvent très longue à guérir.
D'un point de vue épidémiologique, Witvrouw [3] a constaté que la raideur
musculo-tendineuse était un facteur favorisant de tendinopathie.
Les sports de saut, et en particulier le volleyball [4], le basketball mais
également le handball, vont être de grands pourvoyeurs de tendinopathie patel-
laire. Lors de l'interrogatoire, il sera très important de faire préciser au patient
Les tendinopathies patellaires. Quels sujets ? Quels sports ? 133
à quel moment du saut survient la douleur ; celle-ci doit être logiquement plus
importante à la réception (sollicitation excentrique) que lors de l'impulsion du
saut (sollicitation concentrique).
D'autres sports peuvent également déclencher des tendinopathies, comme la
course à pied ou le football, mais la fréquence de cette pathologie est moindre
que dans les sports comprenant des sauts répétés.
On retrouve également quelques cas de tendinopathies dans la pratique du
cyclisme et dans toutes les autres activités sportives d'endurance. Dans ce cas, la
lésion est plus liée à une hyperutilisation du tendon patellaire que réellement à
une sollicitation typiquement excentrique du tendon. Dans le cas particulier du
vélo, il semble qu'une hauteur de selle inadaptée puisse en être l'origine.
Toutes les activités qui se déroulent sur plan incliné sont également géné-
ratrices de tendinopathie comme la randonnée ou le trail. Encore une fois,
il est très important de faire préciser au patient à quel moment surviennent
les douleurs et, pour avoir cette cohérence entre la biomécanique et le dia-
gnostic, on doit retrouver une douleur qui prédomine lors des exercices en
descente.
Certains sports, comme par exemple le tennis, en raison de l'absence de
courses prolongées et surtout de sauts, pourraient être épargnés par cette
lésion. Il n'en est rien car le genou du joueur de tennis, comme celui du
joueur de squash, va être sollicité lors de tous les efforts en flexion, en parti-
culier pour aller jouer des balles amorties.
Un des aspects particuliers de l'épidémiologie concerne les patients asymp-
tomatiques. Fredberg [5] a montré que l'échographie permettait de détec-
ter 29 % de tendinopathies (calcanéennes ou patellaires) chez des patients
asymptomatiques et que 17 % d'entre eux pouvaient développer une ten-
dinopathie patellaire au cours de la saison. Loin de vouloir défendre le fait
qu'une détection systématique par imagerie est nécessaire, cela souligne le
fait que la fréquence de ces tendinopathies est peut-être sous-estimée.
Conclusion
Le diagnostic de tendinopathie patellaire ne doit pas être posé trop rapi-
dement. Il convient systématiquement de rechercher et/ou d'éliminer, via
l'examen clinique, la présence d'un syndrome rotulien comme diagnostic
différentiel ou dans certains cas comme pathologie associée à la tendinopa-
thie patellaire.
La cohérence entre la biomécanique et le diagnostic de tendinopathie doit
toujours être retrouvée.
Références
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134 Tendinopathie patellaire
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study. Am J Sports Med 2002 ; 30 : 488–91.
Chapitre 13
Démembrement, signes
cliniques, diagnostics
différentiels
M. Raguet
Clinique Priollet Courlancy, 2 avenue du Général de Gaulle, 51000 Châlons-en-Champagne
Introduction
Nous avons souhaité aborder le vaste chapitre des douleurs antérieures du
genou survenant chez le sportif. Le « sauteur » est le plus souvent concerné par
cette pathologie (jumper's knee) mais tous les athlètes peuvent être intéressés,
à tout âge et quel que soit leur sexe, avec cependant une prédominance mas-
culine. La clinique représente une étape primordiale dans l'approche diagnos-
tique. Les examens complémentaires, judicieusement demandés en fonction des
antécédents et des données cliniques, vont confirmer ou redresser le diagnostic.
Il faut se souvenir que la radiographie doit rester le premier examen à prati-
quer, les renseignements qu'elle fournit sont souvent suffisants pour confirmer
ou non la suspicion clinique de jumper's knee.
Généralités cliniques
Interrogatoire
Plusieurs données doivent être précisées :
• l'âge du patient ;
• les activités sportives réalisées ainsi que leur fréquence et leur intensité ;
• les antécédents au niveau du genou avec notamment la notion de douleurs
dans l'enfance ou en début d'adolescence, ayant entraîné un arrêt sportif de
Examen physique
Il commence toujours par l'analyse du morphotype, le patient étant debout, de
face, dos contre un mur, pieds parallèles et, si nécessaire, patellas au zénith. Il
convient ensuite d'étudier la marche, le sujet étant vu de face puis de dos. On
mesure la distance doigts-sol, les genoux en extension, afin de mettre en évi-
dence une rétraction des chaînes musculaires postérieures.
Le patient étant en décubitus ventral, on mesure la flexion du genou via la
distance talon-fesse.
En décubitus dorsal, on recherche la présence d'une tuméfaction, d'un empâ-
tement diffus ou localisé, genou en extension, avec et sans contraction du qua-
driceps, puis en flexion jusqu'à 90°. L'axe de l'appareil extenseur est noté à 30°
de flexion.
La palpation, effectuée avec un doigt, recherche l'existence d'un point dou-
loureux bien précis. Tout le tendon patellaire (TP) est exploré, notamment au
niveau de ses insertions. Son volume est apprécié par rapport au genou contro-
latéral. Le tissu cellulaire sous-cutané est palpé ; parfois une crépitation nei-
geuse est mise en évidence.
Démembrement, signes cliniques, diagnostics différentiels 137
de la pointe de la patella due à une séquelle de SLJ. Dans ce cas, selon certains
auteurs [11], le TP rentrerait en conflit avec la face antérieure de la pointe patel-
laire. Dans certaines formes de ces grosses pointes, la lésion reste localisée à la
patella et ne diffuse jamais au tendon proximal.
Diagnostic positif
L'interrogatoire recherche un épisode douloureux dans l'enfance ou l'ado-
lescence. Celui-ci a pu être oublié ou ne pas avoir existé (SLJ asymptoma-
tique).
Le début des symptômes récents est soit aigu lors de l'impulsion ou de la
réception d'un saut, soit progressif.
L'examen clinique recherche le signe spécifique de cette lésion (figure 13.1) : la
palpation au doigt retrouve un point douloureux localisé au niveau de la pointe
de la patella sur un genou en extension, disparaissant sur le genou en flexion à
90°, la mise en tension des fibres superficielles du TP, non pathologiques, pro-
tège la zone lésionnelle de la compression par le doigt. Il n'existe pas de crépi-
tation à la palpation de l'extrémité inférieure de la patella comme cela peut être
retrouvé dans les SLJ de l'enfant ou de l'adolescent.
Les examens complémentaires à demander sont un cliché de profil en
extension et à 30° de flexion (mesure de la hauteur patellaire et morpho-
logie de la pointe) et un profil en rayons mous à la recherche de petites
calcifications.
Si le bilan radiographique est normal et que l'IRM révèle un hypersignal,
il s'agit d'une vraie tendinopathie d'insertion. Si, en revanche, la radiographie
montre des remaniements osseux, parfois très importants, de la pointe de la
patella, il s'agit d'une tendinopathie d'insertion sur séquelle de SLJ. Dans ce
cas, les lésions sont parfois plus étendues et intéressent toute la zone osseuse
remaniée.
A B
Figure 13.1. Test spécifique de la tendinopathie d'insertion.
A. Deux doigts d'une main de l'examinateur poussent la patella vers le bas pour faire
« sortir » la pointe. Le pouce de l'autre main appuie modérément sur la pointe de la patella.
Le test est positif si une douleur est déclenchée (examen comparatif). B. Même test genou
en flexion à 90°, la douleur n'est plus déclenchée.
Démembrement, signes cliniques, diagnostics différentiels 139
Clinique
L'âge d'apparition des symptômes est variable allant de l'adolescence au
sujet d'âge mûr où, dans ce cas, nous sommes en présence d'une arthrose
du tiers inférieur de la patella. Un traumatisme peut être révélateur, mais le
plus souvent la symptomatologie s'installe insidieusement jusqu'à devenir
invalidante.
Le patient se plaint d'une douleur antérieure du genou évoquant tout à fait
un syndrome rotulien. À la douleur s'associent deux phénomènes typiques des
syndromes de l'engagement : le blocage et/ou le dérobement du genou à l'at-
taque du pas. Ces deux signes sont la traduction du conflit entre le pôle infé-
rieur de la patella et le passage de la convexité trochléenne. La douleur entraîne
soit une contraction du quadriceps et un blocage ou, à l'inverse, une inhibition
et un dérobement en flexion (figure 13.2).
140 Tendinopathie patellaire
A B
Figure 13.2. Test du syndrome de l'engagement.
A. Genou en extension maintenu par la main de l'examinateur, le pouce appuyant
modérément sur la partie inférieure de la patella. B. Le genou est ensuite fléchi
en maintenant toujours cette pression. Le test est positif si une douleur est déclenchée
et si le patient reconnaît cette douleur.
A B
Clinique
Le diagnostic différentiel avec les tendinopathies d'insertion concerne les syn-
dromes préfracturaires [17], voire les fractures vraies non déplacées.
Tout le problème est de faire le diagnostic au stade précoce avant les signes
radiographiques. Les douleurs sont d'apparition progressive, rythmées par l'ac-
tivité sportive. Elles évoquent d'emblée un problème patellaire. L'interrogatoire
recherche une augmentation de l'activité et l'absence de traumatisme claire-
ment identifié.
La palpation au doigt met en évidence une zone douloureuse sur la face anté-
rieure de la patella au niveau tiers moyen – tiers inférieur. Il n'y a pas d'œdème
ou d'hématome sous-cutané. Le reste de l'examen est normal.
142 Tendinopathie patellaire
Clinique
L'interrogatoire ne retrouve pas d'antécédents particuliers. Le début est pro-
gressif, sans traumatisme déclenchant. Les douleurs peuvent évoluer depuis
plusieurs mois avec une aggravation progressive malgré les traitements déjà
réalisés (infiltrations, ondes de choc…). L'examen met en évidence un gros
tendon plus ou moins douloureux à la palpation avec quelquefois un Aï
crépitant. Rarement, des nodules sont perçus. Les radiographies sont le plus
souvent négatives, en dehors des calcifications, ne révélant aucune anomalie
fémoro-patellaire. Le diagnostic est fait à l'échographie et à l'IRM. Les lésions
du tiers moyen sont rares et c'est tout l'intérêt de bien connaître les diagnostics
différentiels possibles.
Diagnostics différentiels
Maladie de Hoffa
Elle a été décrite en 1904 par Albert Hoffa comme étant une altération de la
boule graisseuse sous-patellaire. L'anatomie du ligament de Hoffa correspond
à une volumineuse frange graisseuse de forme quadrangulaire et pyramidale.
La base s'insère sur les deux tiers supérieurs de la face postérieure du tendon
patellaire et sur la face postérieure de la pointe de la patella ; sa partie inférieure
repose sur la surface préspinale ; son bord supérieur est renforcé par un liga-
ment cellulo-graisseux partant de la face postérieure de la pointe de la patella
et se fixant à la partie antérieure et supérieure de l'échancrure intercondylienne.
Ce renforcement prend le nom de ligament adipeux ou plica infrapatellaris. Sur
les côtés, le paquet adipeux se prolonge jusqu'à la moitié inférieure des bords
de la patella. Le ligament adipeux isole le TP de la trochlée en formant un véri-
table coussin.
Démembrement, signes cliniques, diagnostics différentiels 143
L'étiologie de la maladie de Hoffa est traumatique avec une phase aiguë puis une
phase chronique [18]. Les lésions apparaissent soit après un choc direct antérieur
avec hémarthrose, soit après de multiples microtraumatismes dans les sports avec
contraintes en extension. Des facteurs prédisposants sont souvent retrouvés : dys-
plasie fémoro-patellaire avec patella haute, genu recurvatum et séquelles d'entorses.
Dans tous les cas, il existe une hypertrophie du ligament de Hoffa qui comble
tout l'espace intercondylien et pouvant se développer de chaque côté du tendon
(figure 13.4).
Cette hypertrophie est due à la réaction inflammatoire et à la transformation
fibreuse de tout le Hoffa et du plica infrapatellaris, suite aux saignements post-
traumatiques. Ce tissu fibreux peut se transformer en tissu fibro-cartilagineux
et, plus rarement, donner des ossifications [15]. Dans notre expérience, nous
avons plusieurs cas de dégénérescence kystique du Hoffa avec de belles images
en IRM ; la physiopathologie est pour nous la même.
Une forme particulière est représentée par le conflit supérolatéral (figure 13.5).
La partie supérieure du Hoffa forme un coussin entre le tendon patellaire et le
A B
Figure 13.5. Conflit supérolatéral sur patella haute et trochlée saillante sans
atteinte du TP.
144 Tendinopathie patellaire
Clinique
À la phase aiguë, on retrouve une douleur antérieure, parfois une hémarthrose.
La pratique du sport est difficile. À l'examen, il existe un flessum antalgique
réductible.
En chronique (au-delà de 3 mois), la douleur est antérieure, sous la patella,
le long du tendon et diffusant de chaque côté. La clinique évoque tout à fait
un syndrome rotulien douloureux avec, parfois, la sensation de crépitations.
Le diagnostic est clinique avec la recherche du signe de Hoffa (figure 13.6) :
le genou est en flexion à 90°, l'examinateur exerce une pression sur le bord
médial du TP et le genou est porté rapidement en extension. Le signe est posi-
tif quand cette manœuvre déclenche une vive douleur dans les 10 derniers
degrés d'extension. Un autre signe spécifique est retrouvé dans la maladie
de Hoffa : genou en extension, la contraction du quadriceps fait apparaître
une tuméfaction longitudinale de chaque côté du TP témoin de l'extrusion
du ligament adipeux hypertrophique (figure 13.4). Ce test est quelquefois
douloureux.
A B
Figure 13.6. Manœuvre de Hoffa.
A. Pression sur le bord médial du TP, le genou en flexion à 90˚. B. Le genou est ensuite mis
rapidement en extension. Le test est positif si une douleur est déclenchée dans les derniers
degrés d'extension.
Démembrement, signes cliniques, diagnostics différentiels 145
Bursites prépatellaires
Les douleurs sont antérieures avec un œdème et une rougeur en phase aiguë. La
palpation, qui peut être douloureuse, retrouve un empâtement du tissu cellu-
laire sous cutané. La radio montre rarement une calcification dans la poche de
l'hygroma (forme chronique).
Clinique
L'interrogatoire recherche des antécédents de douleur dans l'enfance ou l'ado-
lescence avec la notion de maladie d'OS. Cet épisode a pu passer inaperçu ou
être oublié. Il faut préciser, comme d'habitude, l'importance de la douleur et du
handicap.
L'examen de profil montre souvent une tuméfaction plus ou moins volumi-
neuse siégeant juste au-dessus de la TTA. La palpation de cette tuméfaction est
douloureuse. Il faut bien sûr rechercher une rétraction des chaînes antérieures
en décubitus ventral.
La radiographie avec une incidence en rayons mous confirme le diagnostic.
Diagnostic différentiel
Le seul diagnostic différentiel est la bursite prétibiale en phase inflammatoire
mais l'aspect est différent. Cette bursite peut être favorisée par une TTA hyper-
trophique, séquelle d'OS. La douleur siège en regard de la TTA avec œdème et
rougeur cutanée. À l'examen, il existe un empâtement du tissu cellulaire sous-
cutané. Très rarement nous retrouvons une calcification sous la peau.
Conclusion
L'interrogatoire et l'examen clinique donnent une bonne approche du diagnos-
tic d'un jumper's knee. Les diagnostics différentiels ou les lésions associées sont,
en fait, le vrai problème.
Pour les tendinopathies d'insertion proximale, les diagnostics différentiels
sont : le syndrome de l'engagement sur patella haute associée, ou non, à une
trochlée saillante, le conflit supérolatéral avec, ou non, image dans le tiers laté-
ral du TP, les chondromalacies post-traumatiques du pôle inférieur de la patella
et les fractures de fatigue du tiers inférieur de la patella.
Pour les tendinopathies du tiers moyen, les diagnostics différentiels sont la
maladie de Hoffa dans ces différentes formes et notamment le conflit supérola-
téral et les bursites prépatellaires.
Démembrement, signes cliniques, diagnostics différentiels 147
Références
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148 Tendinopathie patellaire
Introduction
Le diagnostic de tendinopathie patellaire est le plus souvent facile et essentiellement
clinique compte tenu du caractère très superficiel du tendon qui est facilement
palpé. Les diagnostics différentiels ne se discutent que dans les formes atypiques
ou trompeuses. On peut alors évoquer selon le contexte toutes les pathologies
susceptibles de donner des douleurs ou des tuméfactions antérieures proches du
tendon patellaire. Les examens d'imagerie seront raisonnablement demandés en
fonction du doute clinique.
Différents examens
Clichés simples
Ce sont les premiers examens à effectuer. Il faut réaliser le bilan habituel de
genou douloureux, le plus souvent bilatéral, comprenant un cliché de face
et de profil strict, des incidences axiales à 30 et à 60° de flexion, quadriceps
décontractés. L'incidence dite en schuss est fréquemment réalisée de façon
systématique car elle fait partie du bilan radiologique standard d'une dou-
leur du genou. Elle est cependant moins utile dans le cas particulier qui nous
intéresse. Le cliché de profil strict est le plus souvent fait vers 30° de flexion
car il constitue le meilleur compromis, pratiquement toujours suffisant, bien
que certains auteurs aient insisté sur l'intérêt de certains profils, très légère-
ment différents, réalisés pour explorer l'articulation fémoro-patellaire. Ces
clichés simples montrent bien la morphologie des structures osseuses, notam-
ment patellaire, trochléenne et tibiale ainsi que l'aspect de l'articulation
fémoro-patellaire. Les parties molles sont naturellement mal visibles mais
sont quand même analysables grâce au contraste spontané fourni, notam-
ment par le paquet de la graisse de Hoffa. On voit très bien les calcifications
et la présence éventuelle d'un épanchement articulaire (qui oriente vers une
pathologie articulaire).
Échographie
Elle est souvent réalisée du fait de sa simplicité. Elle montre bien le tendon
patellaire mais est peu utile pour la plupart des diagnostics différentiels qui inté-
ressent les structures osseuses ou articulaires.
IRM
Elle représente de loin l'examen le plus complet et le plus performant pour
étudier l'ensemble du genou. Malgré les inconvénients que l'on connaît
(coût, caractère statique), c'est l'examen qu'il faut demander lorsque se
pose un réel problème diagnostique devant une douleur ou une tuméfac-
tion antérieure.
Scanner et arthroscanner
Ils ne se justifient que dans certains cas très particuliers et jamais en première
intention.
Maladie de Sinding-Larsen-Johansson
C'est l'équivalent de la maladie d'Osgood-Schlatter sur la pointe de la patella.
Elle entraîne une lésion progressive de l'enthèse proximale du ligament patel-
laire. Elle touche les adolescents de 10 à 14 ans. Le diagnostic est également
évoqué cliniquement devant une douleur de la pointe de la patella. Les clichés
standard ne sont pas toujours nécessaires. S'ils sont pratiqués, ils montrent
un épaississement des parties molles et des remaniements de la pointe de la
patella avec une construction osseuse et une fragmentation plus ou moins
nette (figure 14.3).
Nous ne décrirons pas toutes ses pathologies bien connues [3]. Nous ver-
rons simplement comment en faire le diagnostic. Le premier examen d'imagerie
à réaliser est représenté par des clichés simples, très riches d'information s'ils
sont bien faits et bien analysés. Les surfaces articulaires osseuses et l'articula-
tion fémoro-patellaire sont bien visibles sur le cliché de genou de profil et sur
des incidences axiales à 30 et 60° de flexion, quadriceps décontractés [4]. On
analyse sur ces trois clichés complémentaires :
• la morphologie de la patella et de la trochlée à la recherche d'une malforma-
tion congénitale même minime (patella bipartita, defect dorsal de la patella),
d'une dysplasie rotulienne ou plus souvent trochléenne avec trochlée insuffi-
samment creusée, signe du croisement, éperon sus-trochléen déstabilisant la
patella lors de son engagement sur la trochlée ;
• la bonne régularité des surfaces osseuses sous-chondrales (figure 14.5) ;
• la position de la patella par rapport à la trochlée dans le plan sagittal (patella
haute ou basse) et dans le plan axial (patella centrée ou subluxée) ;
• l'épaisseur de l'interligne fémoro-patellaire ne traduisant que grossièrement
l'épaisseur du cartilage.
Ces clichés simples sont les premiers à devoir être réalisés et suffisent le plus
souvent au diagnostic de ces pathologies.
Les autres examens ne se conçoivent que dans un deuxième temps et dans
des buts précis car tous (IRM, scanner simple, arthroscanner) n'apportent
pas les mêmes informations. L'IRM est à demander si l'on souhaite étudier
l'ensemble du genou et notamment l'os sous-chondral devant une douleur
imprécise (figure 14.6). Le scanner et l'arthroscanner ne sont justifiés que
dans des indications précises pour répondre clairement à quelques questions.
Diagnostics différentiels radiologiques 155
Plica médio-patellaire
La présence d'une plica médio-patellaire est fréquente et le plus souvent banale.
Elle est considérée comme un simple reliquat embryonnaire sans valeur patho-
logique [6]. Sa mise en évidence en IRM ou en arthroscanner est le plus sou-
vent fortuite. Elle peut éventuellement devenir symptomatique lorsqu'elle est
Diagnostics différentiels radiologiques 159
Conclusion
Le diagnostic de tendinopathie patellaire est le plus souvent facile cliniquement.
Des circonstances de survenue inhabituelles, des tableaux cliniques difficiles
ou trompeurs, peuvent faire discuter des diagnostics en rapport avec des patho-
logies intéressant les structures anatomiques proches. Les examens d'imagerie
deviennent alors utiles. Les clichés simples sont les premiers à être réalisés, sur-
tout lorsque l'on suspecte une pathologie de l'articulation fémoro-patellaire. En
cas de doute avec d'autres diagnostics, l'IRM représente l'examen de choix car
elle permet l'exploration la plus fine et la plus complète des structures osseuses
et des parties molles.
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Chapitre 15
Imagerie des tendinopathies
patellaires
Introduction
Les lésions du tendon patellaire sont fréquentes chez les athlètes pratiquant des
sports de sauts ou impliquant un surmenage de l'appareil extenseur du genou
(volleyball, basketball, tennis…). Le jumper's knee (tendinopathie d'insertion
patellaire) constitue la principale atteinte de ce tendon et sera le sujet de ce cha-
pitre (les diagnostics différentiels seront développés par d'autres auteurs). Nous
n'aborderons pas le thème de l'imagerie postopératoire.
Figure 15.1. IRM 3 Teslas d'un tendon patellaire normal montrant la continuité
des fibres du tendon quadricipital et du tendon patellaire (flèches).
On visualise également une image linéaire en hypersignal T1 graisseuse située à l'insertion
du tendon sur la patella correspondant aux indentations entre le tendon et la graisse de
Hoffa (tête de flèche).
Imagerie des tendinopathies patellaires 163
A B
Figure 15.5. Jumper's knee typique en échographie.
A. Coupe sagittale montrant une zone hypoéchogène tendineuse profonde sous l'insertion
du tendon sur la pointe patellaire. B. Coupe axiale montrant une zone hypoéchogène
tendineuse profonde médiale sous l'insertion du tendon sur la pointe patellaire.
L'échographie avec étude en Doppler puissance est l'examen de choix pour confir-
mer la pathologie tendineuse et en faire un bilan initial. En revanche, en cas de
doute diagnostique important ou de suspicion d'association lésionnelle, l'IRM sera
d'emblée préférée.
168 Tendinopathie patellaire
Quand la réaliser ?
Dans le cadre diagnostique
Une imagerie n'est pas utile si la clinique est évidente.
Une échographie peut s'envisager si elle est le premier temps d'un traitement
échoguidé. Nous avons, en revanche, déjà évoqué l'utilité de cette imagerie
en cas de doute diagnostique, de résistance au traitement ou de suspicion de
pathologie intriquée [4].
L'exemple des joueurs de beach-volley est intéressant puisque Pfirmann
et al. [5] ont démontré, grâce à l'échographie, que les douleurs antérieures du
genou pendant le match sont plus souvent corrélées à des tendinopathies du
quadriceps alors que les tendinopathies patellaires « échographiques » n'étaient
pas significativement corrélées aux douleurs.
Il faut noter que plusieurs études attestent de la présence d'anomalies tendi-
neuses hypoéchogènes chez les sportifs asymptomatiques [6, 7]. Dans les ten-
dinopathies patellaires, elles ne semblent donc pas forcément en lien avec de
possibles douleurs.
Dans le même ordre d'idée, dans la tendinopathie calcanéenne, l'importance
des anomalies échographiques (Doppler puissance ou zone hypoéchogène) ini-
tiales n'est, a priori, pas corrélée à la sévérité et à l'évolution clinique [8].
170 Tendinopathie patellaire
Figure 15.15. Exemple de suivi IRM d'un joueur de tennis soulagé après
injection de PRP.
A. IRM en séquence T2 avec saturation de la graisse avant PRP montrant une zone en
hypersignal sous la pointe patellaire particulièrement marquée. B. IRM après PRP et
amélioration clinique, montrant une quasi-disparition de la zone d'hypersignal T2.
Imagerie des tendinopathies patellaires 173
réelles conclusions sur l'utilité du suivi et, au final, aucun critère de reprise de
l'activité n'a été dégagé de l'imagerie échographique ou de l'IRM (toujours sous
réserve de l'absence de méthode d'évaluation quantitative).
Conclusion
L'imagerie de la tendinopathie patellaire est souvent le premier temps des
méthodes thérapeutiques guidées (ou plus rarement de la chirurgie). Bien que
le diagnostic soit clinique, l'échographie est la méthode d'imagerie de première
intention après un bilan radiologique bien conduit. L'IRM est à réserver aux
doutes diagnostiques. L'échographie peut être utile dans le cadre du dépistage
des jumper's knee dans les sports à risque. L'imagerie ne semble pas nécessaire
ou efficace dans le cadre du suivi thérapeutique, sous réserve du développement
futur de méthodes de quantifications des dégâts structuraux et de la vasculari-
sation en IRM, comme en échographie.
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Chapitre 16
Les tendinopathies patellaires.
Panorama thérapeutique
Introduction
Les tendinopathies patellaires sont des maladies mécaniques, microtrauma-
tiques de surmenage de l'appareil extenseur du genou qui s'opposent aux ten-
dinopathies microcristallines, inflammatoires ou iatrogènes.
Le tendon patellaire est une lame tendineuse large, très épaisse et aplatie
d'avant en arrière qui, sous le sésamoïde patellaire, correspond à la partie d'in-
sertion du quadriceps sur le tibia. De par sa taille, il s'agit du 2e plus gros tendon
de l'organisme après le tendon calcanéen. Néanmoins, son diamètre transversal
est variable et il a été montré qu'il peut diminuer de 22 % après 90 squats [1].
Le tendon patellaire s'insère sur le sommet et la face antérieure de la patella et
non sur la pointe. Il peut être observé de façon variable des fibres tendineuses
provenant de la face postérieure de la pointe et venant faire saillie à l'arrière du
tendon [2]. Les fibres les plus superficielles n'ont aucune insertion patellaire et
sont en continuité depuis le quadriceps jusqu'au tibia. Le tendon se porte en bas
et en dehors et se rétrécit un peu de haut en bas pour s'insérer sur et en dessous
de la tubérosité tibiale antérieure dont il est séparé, à sa partie supérieure, par
une bourse séreuse profonde et superficielle [3]. Les fibres tendineuses ont une
orientation parallèle dans le plan sagittal mais convergent dans le plan coronal
vers leur insertion tibiale [2].
Il est très important pour la compréhension de cette pathologie et le choix
de la stratégie thérapeutique de distinguer les atteintes du tendon patellaire par
leur localisation.
Panorama thérapeutique
Le repos est une des bases du traitement. Repos ne veut pas dire immobilisa-
tion. Il s'agit d'un repos relatif ayant pour objectif la disparition des douleurs
dans la vie courante et la reprise de certaines activités douces et indolentes [32].
Les médicaments anti-inflammatoires per os demeurent très usités, 90 % des
cas dans l'enquête de 2004 [15]. Dans cette étude, les topiques locaux étaient
utilisés une fois sur deux et la kinésithérapie seulement dans 20 % des cas. Les
anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ont à présent un support physiopa-
thologique et un effet validé sur la douleur à court terme, notamment dans les
formes aiguës ou récentes.
Parmi les agents physiques antalgiques, l'étude de la cryothérapie, TENS,
ondes électromagnétiques, ultrasons et soft laser donnent des résultats contra-
dictoires qui ne permettent, à ce jour, ni de prôner, ni d'éliminer ces techniques
[33]. Certains utilisent l'électrolyse percutanée guidée par l'échographie, notam-
ment dans les atteintes distales [34].
Le réentraînement physique, et notamment le renforcement excentrique, est
un traitement de première intention très largement utilisé depuis la description
180 Tendinopathie patellaire
par Stanish et Curwin au milieu des années 1980 [35]. Son objectif est d'amé-
liorer la douleur en stimulant les mécanorécepteurs, la synthèse et le réaligne-
ment du collagène. La rééducation est débutée dès que la douleur de repos a
disparu [16]. En effet, passée la phase inflammatoire, un étirement contrôlé
du tendon accélère la synthèse du collagène, favorise la formation et l'aligne-
ment de nouvelles fibres, renforçant les propriétés de résistance du tendon [16].
Une rééducation infra douloureuse est donc proposée très tôt dans la stratégie
[16]. Le protocole comprend la succession d'étirements, de travail statique et
excentrique du quadriceps selon une progression régulière guidée par l'indo-
lence. Il est précédé d'un échauffement et suivi systématiquement par des étire-
ments. Au stade initial, les exercices s'effectuent à vitesse lente et faible charge.
Progressivement, la vitesse d'exécution s'accroît puis la charge jusqu'à 80 % de
la force maximale [36]. Sa réussite est conditionnée par le niveau de connais-
sance du thérapeute, la précision dans l'exécution des exercices et l'évaluation
des douleurs. De très nombreuses études ont ensuite validé cette thérapeutique
avec plusieurs variantes. À partir du schéma initial, il est possible de le préco-
niser aux formes récentes (stades 1–2 de Leadbetter) sur un plan déclive, 3 fois
par semaine avec une progression sur 6 semaines. Une douleur entre 3-5/10
est tolérable pendant la séance de rééducation. Celle-ci doit diminuer après la
séance et avoir disparu le lendemain [35, 37]. Le repos sportif devrait être sys-
tématique pendant la durée du traitement [37].
En 2006, Bahr compare chez 40 sportifs atteints de tendinopathie patellaire stade
3 le renforcement musculaire à une ténotomie traditionnelle. À 11 mois de recul, il
ne trouve pas de différence entre les deux groupes. La rééducation, et notamment le
travail excentrique, semble le traitement de choix en 1re intention [38, 39].
Les ondes de choc extracorporelles radiales ou focales sont utilisées depuis
plus de deux décennies pour traiter les tendinopathies, notamment patellaires.
Il s'agit d'une thérapeutique utilisant des ondes mécaniques acoustiques oscil-
lantes d'une durée de 10 microsecondes [37]. Les ondes de choc agiraient par
action sur la substance P, en stimulant la régénération cellulaire et la synthèse
du collagène et en détruisant les calcifications [40, 41]. Une partie des effets
bénéfiques pourrait provenir de l'action sur le système nerveux local et le gate
control [26]. Lorsque les ondes de choc sont utilisées sur une tendinopathie
distale, elles favoriseraient l'activité ostéoblastique [42]. Néanmoins, plusieurs
revues récentes de la littérature démontrent que le traitement par ondes de choc
des tendinopathies patellaires est un traitement prometteur, mais dont l'effica-
cité ne peut aujourd'hui être prouvée. Les études publiées sont de bas niveau
de preuve et sont critiquables sur le plan méthodologique. Les protocoles mis
en œuvre sont hétérogènes, notamment concernant l'énergie, le nombre et la
fréquence des séances, et l'utilisation ou non d'une anesthésie locale [37, 43].
Il convient de mettre le patient au repos pendant la durée du traitement car le
tendon supporte temporairement moins bien la charge [37].
De nombreuses techniques d'injection sont ou ont été utilisées dans les
tendinopathies patellaires (corticoïdes, prolothérapie, aprotinine, sang auto-
logue, plasma riche en plaquettes, sclérosants). Le niveau des études relatant
Les tendinopathies patellaires. Panorama thérapeutique 181
ces différentes injections est globalement assez bas et les méthodologies très
hétérogènes. De l'ensemble des techniques se dégagent des résultats positifs.
Les corticoïdes sont les plus anciens à avoir été utilisés. Ils diminuent la
douleur, l'œdème et l'éventuelle inflammation, mais ils ne peuvent réparer les
lésions dégénératives du tendon [44]. Les corticoïdes agissent sur la douleur à
court terme mais, sur le long terme, ils sont les seuls à exposer à un risque plus
élevé de récidives et de ruptures [37, 44]. Une étude récente in vitro sur le ten-
don patellaire montre que l'utilisation de dexaméthasone diminue le pool de
cellules souches et favorise la formation de tissu non tendineux [45].
L'injection de glucose hypertonique, ou prolothérapie, accompagné d'anes-
thésique local a été décrite dans quelques études, surtout sur d'autres tendons
tels que le tendon calcanéen ou épicondylien latéral. Ce traitement semble agir
sur les douleurs à court et moyen terme, mais sans supériorité comparé à la réé-
ducation excentrique [46].
Le polidocanol est un agent sclérosant utilisé dans le traitement des varices.
Son utilisation dans les atteintes tendineuses date du début des années 2000.
Le but de ce traitement est de détruire les néo-vaisseaux accompagnés de leur
innervation car ils seraient responsables de la douleur qui accompagne les ten-
dinopathies chroniques. Les études sur cette technique sont peu nombreuses
et peu fiables sur le plan méthodologique ; elles suggèrent néanmoins un effet
positif sur la douleur à court terme. Ce traitement pourrait faire courir un
risque de nécrose locale du tendon [44]. Hoksrud, dans une première étude en
2006, a comparé 16 tendinopathies recevant des injections de polidocanol sous
échographie au niveau de la zone néovascularisée à 17 recevant de la lidocaïne
adrénalinée. L'effet a semblé intéressant sur le court terme (4 mois). Cependant,
le groupe contrôle a reçu le traitement actif à partir de 4 mois interdisant par, là
même, toute conclusion sur l'efficacité du protocole sur le moyen et long terme
[47]. Le même auteur, dans une étude prospective sur 101 patients sans groupe
témoin, retrouve une amélioration des douleurs pendant les 6 premiers mois
pour 64 % d'entre eux. Il ne décrit pas d'effet secondaire mais seuls 20 % des
patients obtiennent un score VISA-P > à 95 [48].
L'aprotinine est un inhibiteur de collagénase que les chirurgiens cardiovas-
culaires utilisaient antérieurement, notamment dans les situations à haut risque
hémorragique. La surmortalité causée par l'usage d'aprotinine injectable a
conduit la commission européenne puis l'AFSSAPS au retrait, à présent mon-
dial, de sa commercialisation depuis 2008. Un risque anaphylactique existe en
outre de l'ordre d'1/1 000 (Van Ark). Capasso [49] puis Orchard l'ont utilisé
dans le traitement des tendinopathies car plusieurs travaux retrouvent dans les
atteintes chroniques une élévation des métalloprotéases (MMPs). Les études
publiées sont très rares et sous forme de séries restreintes de cas ou de travail
prospectif sans groupe contrôle. Elles suggèrent que ce traitement aurait pu
faire partie de l'arsenal thérapeutique de seconde intention [44].
L'utilisation des plasmas riches en plaquettes (PRP) dans le traitement des ten-
dinopathies suit une courbe exponentielle sur tous les continents. Elle a été précé-
dée par l'injection de sang autologue total [44]. L'objectif de cette thérapeutique est
d'apporter sur le site d'une lésion tendineuse et à son pourtour, une concentration
182 Tendinopathie patellaire
Indications thérapeutiques
Traitement de la douleur
La douleur est le symptôme presque exclusif de la tendinopathie patellaire [32].
Son évolution a été bien classifiée par Blazina [53], Leadbetter [57] puis le
Victoria Institute (score VISA). Si la douleur se prolonge, elle va s'accompagner
d'une baisse de la force du quadriceps puis d'une diminution de la fonction de
l'appareil extenseur, notamment dans les gestes sportifs sollicitant la détente
verticale [30].
Tout naturellement, la thérapeutique est donc avant tout un traitement de la
douleur puis de la fonction. Le risque est de permettre la poursuite des activi-
tés nocives et l'aggravation progressive des lésions [32]. Plutôt que d'imposer
un repos total, il convient d'obtenir l'indolence par une limitation des activi-
tés et un arrêt des gestes nocifs. Lors des poussées aiguës ou des tendinopa-
thies très récentes, il peut être licite de prescrire un traitement d'AINS sur une
courte durée per os et en topique local associé à des glaçages. Les ondes de choc
peuvent avoir un intérêt. Le sportif surveille l'évolution de ses symptômes par
une auto-évaluation hebdomadaire du score de Leadbetter ou VISA. Une éva-
luation clinique (declin squat test) et échographique mensuelle est programmée.
Tendinopathie proximale
En pratique, lorsque la tendinopathie proximale est vue précocement après
l'apparition des signes cliniques, les lésions sont le plus souvent réversibles
(stades 1 et 2 de Leadbetter). Le traitement sera fondé sur le repos relatif, les
ondes de choc puis le réentraînement musculaire selon le protocole de Stanish.
Une reprise normale peut être espérée dans les 3 premiers mois.
Si la tendinopathie est vue tardivement, les symptômes sont installés, ryth-
més par le niveau d'activité. Les lésions sont le plus souvent irréversibles (stades
3 et 4 de Leadbetter). L'itinéraire thérapeutique du patient est souvent déjà
chargé. Après élimination des diagnostics différentiels et une phase courte de
repos relatif, il convient de choisir une stratégie thérapeutique efficace. Celle-ci
tiendra compte du bilan lésionnel précis et des traitements antérieurs. Dans ce
cadre, les ondes de choc, les injections de PRP couplées à un criblage à l'aiguille
associées à une rééducation rigoureuse peuvent être tentées. Il est inutile de
prescrire une rééducation intensive sur des lésions graves installées depuis plus
d'un semestre. Un échec thérapeutique marqué par la persistance ou le retour
rapide des douleurs à la reprise normale des activités, après 3 mois de prise en
charge sérieuse, doit faire prendre sans tarder un avis chirurgical.
Tendinopathie distale
Il s'agit alors d'une vraie enthésopathie. Celle-ci se développe essentiellement à
partir de séquelles d'une ostéochondrose d'Osgood-Schlatter. La jonction ten-
don-tubérosité tibiale n'est pas fonctionnelle et est douloureuse lors des efforts.
Lors d'une poussée aiguë ou de l'apparition des symptômes, les AINS per os ou
en topique local peuvent se justifier sur une période courte associés au repos
relatif. Les ondes de choc doivent être essayées [60] pendant 3 semaines puis
évaluées 6 semaines plus tard. Lorsque la chirurgie s'impose, elle s'adresse à
l'adulte jeune (19 ans dans la série d'Orava, 24 pour Sarimo). Elle doit restituer
une enthèse anatomique, fonctionnelle, solide, ce qui n'est pas toujours aisé
lorsque l'ostéochondrose a laissé des noyaux d'ossification secondaire migrer
dans la partie distale du tendon. La technique chirurgicale fait appel à l'exci-
sion des ossicules et du tissu tendineux dévitalisés. Il peut s'y associer le forage
de l'épiphyse, l'ablation d'une bursite pré-tibiale ou la régularisation d'une sur-
face hérissée de la tubérosité tibiale. Les résultats sont bons pour au moins
83 % des 70 cas rapportés par Orava [61]. Sarimo rapporte un très bon résultat
chez 21 des 24 sportifs opérés (87 %). Le retour au niveau antérieur est obtenu
en 8 à 12 semaines [62].
Les tendinopathies patellaires. Panorama thérapeutique 185
Traitement étiologique
Il convient de s'intéresser à la correction de la posture, au changement des équi-
pements nocifs, à l'étude des gestes techniques, aux limitations des amplitudes
articulaires, aux raideurs et déficits musculotendineux. Mais tous ces efforts
ne sauraient être couronnés de succès, et/ou diminuer l'incidence des tendi-
nopathies patellaires sans rétablir un calendrier physiologique. La surcharge
chronique de pratique est un facteur étiologique majeur des tendinopathies
patellaires [10]. Il convient de rechercher et d'éviter la dose seuil [16].
Prévention
En 2001, Cook nous avait montré sur 326 volleyeurs juniors qu'une sensibilité à
la palpation d'un tendon patellaire asymptomatique doit être considérée comme
normale [63]. Les anomalies échographiques semblent très communes chez le
danseur professionnel, mais seule la présence d'une zone hypoéchogène focali-
sée peut prédire la survenue d'une tendinopathie symptomatique et inciter à
prendre des mesures préventives [64]. Pour Cook (52 basketteurs juniors d'élite),
une zone hypoéchogène du tendon patellaire à l'échographie multiplie par 4,2 le
risque d'avoir une tendinopathie symptomatique, surtout chez le garçon [65]. Sur
74 escrimeurs de haut niveau asymptomatiques, Giombini retrouve 8 tendons
patellaires anormaux à l'échographie. Trois ans plus tard, 25 % d'entre eux seront
devenus symptomatiques [66]. À l'inverse, une équipe danoise a pratiqué, sur des
joueurs de badminton, une échographie du tendon patellaire en début et fin de
saison (niveau de preuve 2). La présence d'une activité Doppler n'a pas montré de
lien avec une éventuelle symptomatologie, ni de valeur prédictive quant à la sur-
venue d'une tendinopathie en cours de saison. Par conséquent, la présence d'une
activité Doppler au sein d'un tendon ne signifie pas pour autant l'existence d'une
pathologie, mais pourrait traduire des phénomènes adaptatifs [67].
Prévenir la tendinopathie patellaire nécessite de connaître précisément ses
facteurs de risque. Beaucoup d'entre eux ont été soulevés mais seuls neuf
semblent prouvés : l'augmentation du poids et de l'indice de masse corporelle,
le rapport taille-hanche, l'inégalité de longueur des jambes, l'affaissement de
l'arche plantaire, le manque de souplesse des quadriceps et des ischiojambiers,
la baisse de la force musculaire du quadriceps et le haut niveau de performance
de détente verticale [65, 68, 69].
Dans une autre étude, Hägglund observe 51 clubs de football européens
d'élite (2 229 joueurs). La tendinopathie patellaire n'est pas favorisée par une
surface de jeu particulière ; seuls une haute charge de travail et l'indice de masse
corporelle sont des facteurs de risque de survenue de cette pathologie [21].
L'étude statique et dynamique du pied a été faite chez 78 volleyeurs de niveaux
différents. La tendinopathie patellaire semble plus présente sur les morphotypes
normaux par rapport aux « pronateurs » [70].
La stratégie de saut a été analysée par Edwards : les sportifs atteints se récep-
tionnent avec une flexion de genou et une extension de hanche majorées par
186 Tendinopathie patellaire
rapport aux sujets sains, ainsi qu'un recrutement musculaire dont le séquen-
çage est différent [71]. Dans le même ordre d'idée, Richards a étudié un petit
échantillon de volleyeurs internationaux touchés par une tendinopathie patel-
laire. Trois facteurs de risque prédictifs d'une tendinopathie se dégagent de ses
observations : l'augmentation de la force de réaction au sol, l'augmentation
de la flexion du genou et celle de la rotation latérale du tibia [72]. Certains
retrouvent, sur un cliché de profil strict à 30° de flexion en rotation neutre,
une pente d'inclinaison sagittale de la patella plus faible (25,6 vs 30,8°) chez
les sportifs porteurs d'une tendinite patellaire, suggérant un facteur intrinsèque
anatomique [73].
Toujours à la recherche de facteurs de risque, Backman dans les suites des
travaux de Richards en 2002 [74], étudie sur une saison 75 basketteurs juniors.
La diminution de la flexion dorsale de la cheville (< 36°5) prédispose, pour lui, à
un risque accru de tendinopathie patellaire. Or, cette diminution est une consé-
quence fréquente des traumatismes répétés de la cheville chez le basketteur [22].
Si le renforcement excentrique a prouvé son efficacité curative, il n'en est
rien sur le plan préventif. Dans une étude danoise de niveau 1, le renforcement
excentrique régulier au cours d'une saison de football ne prévient pas la surve-
nue de tendinopathie patellaire douloureuse sur une population de 209 footbal-
leurs asymptomatiques [75].
Cependant, un des plus importants facteurs de risque est extrinsèque :
la surcharge d'entraînement [10]. Dans l'élite professionnelle, la surcharge
paraît intentionnelle avec, par exemple sur une année, plus de 40 matchs en
rugby, 60 en basketball, 50 en football, 200 jours de course en cyclisme.
Diagnostics différentiels
Toutes les lésions de l'articulation fémoro-patellaire sur une patella, centrée ou
non, peuvent occasionner des douleurs antérieures du genou. Nous attirons
l'attention sur l'association d'une tendinopathie patellaire avérée et d'une
chondropathie patellaire chez le jeune basketteur surentraîné alors qu'il n'a
pas encore atteint sa maturité locomotrice. La présence d'un épanchement
doit être un signe clinique d'alerte sérieux. L'évolution récente de l'image-
rie IRM permet une confirmation du diagnostic, en un seul temps, de cette
redoutable association lésionnelle. Les fractures de fatigue de la patella sont
rares. Elles atteignent les sportifs dont l'appareil extenseur du genou est sur-
mené, notamment en course en montagne et trail, en course d'orientation, en
saut et au volleyball. Ces fractures peuvent être transversales ou longitudi-
nales et peuvent toucher la pointe. Le diagnostic est souvent tardif (2–8 mois)
après le début des symptômes. Le traitement conservateur n'est pas toujours
suffisant [76].
Les plica sont des replis synoviaux qui sont, dans la majorité des cas, asymp-
tomatiques. Ils se développent au-dessus, sous ou en dessous de la patella et
peuvent, dans certains cas, créer un obstacle à la congruence de l'articula-
tion fémoro-patellaire lors des mouvements de flexion. Ils donnent alors des
Les tendinopathies patellaires. Panorama thérapeutique 187
Conclusion
Le terme « tendinopathie patellaire » est insuffisant et imprécis. Il convient de classi-
fier l'atteinte tendineuse en fonction de sa localisation et du type de lésion observée
[26]. L'atteinte proximale est la plus fréquente et ressemble fort à une pathologie
de conflit à distance de l'enthèse. L'atteinte distale, plus rare, est une vraie enthéso-
pathie souvent consécutive à des séquelles d'ostéochondrose. Il n'y a pas de paral-
lélisme anatomoclinique. Toutes les lésions n'ont pas forcément une expression
clinique mais un nodule hypoéchogène en échographie ou en hypersignal en IRM
accompagnant le plus souvent une tendinopathie symptomatique. Deux tiers des
patients présentant une rupture sont asymptomatiques avant l'accident [16]. La
stratégie thérapeutique doit s'appuyer sur le bilan lésionnel et le retentissement
sur la fonction. Sur le plan médical, le réentraînement physique excentrique dis-
pose d'un haut niveau de preuve d'efficacité. Les ondes de choc et les injections de
PRP doivent confirmer leur intérêt. Après 3–6 mois d'un traitement médical bien
conduit, le traitement chirurgical est indiqué s'il n'y a pas d'amélioration. Il n'y a
pas de gold standard quant à la technique chirurgicale à utiliser aujourd'hui. Le
retour au même niveau de performance peut dépasser un semestre.
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Chapitre 17
Mise au point sur le traitement
des tendinopathies
patellaires par le travail
musculaire excentrique
B. Tamalet, P. Maillé
Centre technique national Fernand-Sastre, Domaine de Monjoye, 78120 Clairefontaine-en-Yvelines
Introduction
La tendinopathie patellaire est une pathologie microtraumatique fréquente
dans certains sports sollicitant particulièrement l'appareil extenseur, que ce
soit par les sauts répétés (volleyball, basketball, sauts en athlétisme) ou la
frappe de balle au pied comme au football. La compréhension incomplète
de la physiopathologie des tendinopathies est une des raisons expliquant la
multiplicité des propositions thérapeutiques [1]. De nombreuses options thé-
rapeutiques sont communes avec la plupart des tendinopathies et particuliè-
rement celles touchant le tendon calcanéen [2]. Parmi ces armes, une des plus
étudiées est l'entraînement musculaire excentrique. Depuis sa description ini-
tiale par Stanish et Curwin en 1985 [3], les techniques ont évolué, soutenues
par les résultats probants d'études cliniques. Les protocoles ont bénéficié éga-
lement de l'apport de l'isocinétisme permettant une meilleure quantification
des paramètres de force et de vitesse. Cependant, à travers ce nouvel outil, les
princeps de la méthode initiale ont changé passant de la chaîne cinétique fer-
mée à la chaîne cinétique ouverte, ce qui n'est plus compatible avec les prin-
cipes d'autorééducation prônés dès le départ.
la douleur chez tous les patients du groupe déclive et pas de changement dans le
groupe sur terrain plat. Six patients reprennent le sport dans le premier groupe
contre un seul dans le deuxième groupe. Quatre des 6 restent au même niveau
à 15 mois.
La même équipe [10] publie, un an plus tard, une étude concernant 17 vol-
leyeurs de haut niveau pratiquant le protocole devenu usuel de flexions mono-
podales excentriques (3 séries de 15 matin et soir). Un des groupes travaille
sur plan incliné à 25° avec douleur, en augmentant la charge de 5 en 5 kg, de
manière à ce que les séries soient toujours douloureuses. L'autre groupe pra-
tique, pied à plat sur une marche de 10 cm, la progression de la charge devant
être indolore, la descente et la montée du squat se faisant sur la jambe atteinte.
La différence avec l'étude précédente concerne également la flexion ici limi-
tée à 60° (par rapport à 90° auparavant). Les exercices étaient réalisés en pré-
saison pendant 12 semaines. Les résultats sont évalués par le score VISA [11]
(Victorian Institute of Sport Assessment : score fonctionnel du genou plus spé-
cialement adapté au sport pliométrique (figure 17.2). Les deux groupes ont vu
progresser leur score VISA à 12 semaines et à 12 mois, sans différence entre les
deux groupes sauf pour la probabilité d'amélioration clinique, supérieure dans
le groupe « plan incliné ».
198 Tendinopathie patellaire
3. Do you have pain at the knee with full active non-weight bearing knee extension?
6 12 18 24 30
Severe No
Pain / pain
Unable 8b. If you have some pain while playing sport, but it does not stop you from
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
completing your training, for how long can you train?
Severe No
Pain / pain
Unable 0 5 10 15 20
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
5. Do you have problems when squatting? 8c. If you have pain that stops you from playing sport, for how long can you train?
Severe No
Problems pain Nil 0 – 10 mins 10 – 20 mins 20 – 30 mins > 30 mins
/ Unable
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
0 2 5 7 10
6. Do you have pain during or immediately after doing 10 single leg hops?
Severe No
Pain / pain
Unable
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 TOTAL VISA SCORE
Échauffement, étirement ?
Depuis Stanish, seule une équipe [8] a inclus les étirements dans son proto-
cole jusqu'à l'étude récente de Dimitrios qui montre la supériorité des résultats
dans le groupe étirement [19]. Néanmoins, il est difficile d'imaginer que les
patients dans certaines études continuant ou reprenant le sport aient été privés
d'étirements.
trique, le choix d'exercice en chaîne fermée est donc le plus logique. La simplicité
du protocole de demi-squat unipodal a permis sa diffusion large.
Néanmoins, concernant le football, le choix d'une rééducation en chaîne
ouverte paraît cohérent avec la préparation à la reprise des shoots. Aucune
étude ne comporte une population spécifiquement composée de footballeurs,
compte tenu de la relative faible incidence des tendinopathies patellaires dans
ce sport, comparativement au volley-ball ou basket-ball.
Pour la pratique
L'entraînement excentrique est un moyen efficace de traitement des tendino-
pathies patellaires chroniques des sportifs, avec des résultats durables dans le
temps. La majorité des protocoles proposés sont fondés sur les principes appli-
qués au tendon calcanéen : une autorééducation biquotidienne comportant
des demi-squats unipodaux réalisés à vitesse lente, sur plan incliné, avec des
charges croissantes au fur et à mesure que les douleurs s'amenuisent. L'arrêt du
sport est conseillé pendant les six premières semaines de traitement, puis reprise
des sports légers. Après 12 semaines de soins, le sport est repris à son intensité
normale. Des études restent à mener pour comparer ce protocole à l'entraîne-
ment excentrique en isocinétique.
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204 Tendinopathie patellaire
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Chapitre 18
Place des injections de plasma
riche en plaquettes (PRP)
et des ondes de choc (ODC)
Quelles indications ?
Faut-il réserver l'indication d'un traitement par PRP aux seules lésions intra-
tendineuses ou peut-on aussi l'étendre aux formes avec conflit avec la pointe de
la patella ? Doit-on le réserver aux échecs des traitements classiques ou peut-on
l'envisager en première intention ?
Qu'injecte-t-on ?
En 2013, les techniques d'obtention du PRP sont multiples : prélèvement direct
à la micropipette comme le préconise Sanchez ou bien kits de prélèvement
et de centrifugation fournis par le commerce. Dix-sept kits sont aujourd'hui
sur le marché avec, pour chacun, des protocoles d'extraction différents. Il est
donc difficile (voire impossible) de savoir exactement ce que l'on injecte. En
2012, Kelberine au Symposium de Grenoble rapporte les résultats d'une étude
à paraître sur le contenu en facteur de croissance des concentrés obtenus par
sept des kits les plus utilisés. Ces résultats suscitent la réflexion. Les meilleurs
procédés ne multiplient que par six la concentration en facteur de croissance.
Les plus médiocres ont un facteur de concentration nul ! Il apparaît donc
surprenant que ces différents PRP puissent avoir le même effet thérapeutique.
Modalités pratiques
Le tendon doit être mis au moins partiellement en tension. C'est la raison pour
laquelle nous réalisons actuellement les séances sur un patient assis, genou à
angle droit, pied au sol. Nous exerçons alors une pression horizontale face au
patient. Les résultats sont meilleurs que ceux que nous obtenions initialement
avec un patient genou étendu et un tendon patellaire lâche.
La proximité osseuse rend cette technique particulièrement doulou-
reuse, ce qui peut justifier de diminuer la force des impacts, en tout cas en
début de traitement. Il n'est pas rare de commencer avec des pressions de
1,5 bar, quitte à augmenter ensuite en fonction de la tolérance du patient.
L'utilisation d'un anesthésique local rendrait invasive une technique qui
n'est qu'agressive et nuit à la qualité des résultats, en faisant perdre le rétro-
contrôle du patient qui ne peut plus guider le thérapeute sur la zone spéci-
fiquement douloureuse.
moins bons que ceux obtenus actuellement. Nous avions des résultats favo-
rables dans moins de 50 % des cas. Depuis notre changement technique, les
chiffres augmentent progressivement et constamment ; les mauvais résultats ini-
tiaux n'ont cependant pas été enlevés de la série. Il est tout à fait possible que le
chiffre de satisfaction actuel soit encore sous-évalué.
Le traitement a toujours été isolé, excluant toute autre thérapeutique, à l'ex-
ception de quelques éventuels conseils d'autorééducation (Stanish).
La poursuite du sport : si l'on admet que les ODC créent des microlésions, il
n'est pas incohérent d'essayer de guider leur cicatrisation vers la fonction que
l'on souhaite récupérer. De ce fait, le repos sportif absolu n'a jamais été imposé.
Nous avons incité à la poursuite de l'entraînement, à condition de respecter la
règle de la non-douleur et de se limiter aux activités foncières (sports explosifs
suspendus). Règle de non-douleur veut dire que l'on peut tolérer une douleur
d'échauffement qui ne doit pas durer plus de 5 minutes ainsi que des douleurs
au refroidissement. En revanche, la réapparition d'une douleur en cours d'exer-
cice doit faire suspendre l'activité sans chercher à forcer. De cette façon, on
estime que l'on ne produit pas de microlésions supplémentaires. Nous interdi-
sons l'activité sportive dans la journée qui suit une séance : en effet, s'il existe
un effet anesthésique post-ODC, la règle de la non-douleur sera faussée.
La littérature sur les ODC est pauvre pour cette localisation.
Lohrer et al. [2] rapportent 67,4 % de bons résultats à un an parmi 45 tendi-
nopathies patellaires, en effectuant le traitement sur un tendon détendu.
Peers et al. [3] obtiennent 66 % de bons et très bons résultats sur 28 genoux
et concluent à une efficacité comparable des ODC et de la chirurgie sur les ten-
dinopathies chroniques.
Wang [4] compare un groupe de 30 genoux traités par ODC et un groupe de
24 genoux traités traditionnellement ; 90 % des patients du groupe ODC auraient
un bon ou un excellent résultat, largement au-dessus du groupe comparatif.
Vulpiani et al. [5] traitent 83 genoux par ODC et obtiennent un taux de
satisfaction à 73,5 %.
Van Leeuwen [6] fait la revue de la littérature et conclut que les ODC semblent
prometteuses sans qu'il soit possible de déterminer un protocole défini.
Deux études randomisées contrôlées ont été annoncées dans la littérature :
la première est destinée à comparer les ondes de choc focalisées et les ondes de
choc radiales (The Topshock study), et la deuxième va étudier l'efficacité des
ondes de choc focalisées (The Topgame study), uniquement dans le cadre des
tendinopathies patellaires.
210 Tendinopathie patellaire
Références
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Chapitre 19
La chirurgie dans le traitement
de la tendinopathie patellaire
Introduction
La tendinopathie patellaire est une affection fréquente chez les sportifs inten-
sifs, notamment dans les sports à impulsion.
La principale problématique autour de cette lésion concerne la prise en
charge thérapeutique. En effet, le diagnostic clinique est assez simple dans un
contexte sportif, mais il faut savoir évoquer les diagnostics différentiels et les
formes associées de douleurs de la pointe de la patella. Ces dernières sont nom-
breuses et les douleurs peuvent être purement fonctionnelles dans le cadre d'un
syndrome fémoro-patellaire, d'une patella alta ou d'une instabilité patellaire,
par exemple. Il faut éliminer les fractures de fatigue patellaires et les patella
bipartita qui décompensent chez le sportif. La palpation douloureuse de la
pointe patellaire ne fait pas systématiquement le diagnostic. Si la sensibilité de
ce signe est de 97 %, sa spécificité et sa valeur prédictive positive ne sont res-
pectivement que de 70 % et 67 % [1]. L'examen clinique ne peut se résumer à
la palpation de la pointe et doit être précis et complet pour rechercher toutes
les autres causes qui peuvent se manifester sous cet aspect un peu stéréotypé.
L'échographie et l'IRM complètent et précisent l'examen clinique et affirment
le diagnostic lésionnel et son stade évolutif.
Le traitement conservateur [2] comporte diversement et de manière non
exhaustive le repos sportif, la rééducation excentrique, les ondes de choc, le
laser, les PRP et la mésothérapie. L'ensemble de ces traitements peut suffire à
guérir les symptômes, mais le plus souvent au prix d'une indisponibilité spor-
tive difficile à admettre pour le pratiquant et son entourage. Certains auteurs
ont démontré que la durée moyenne d'évolution des symptômes était de 3 ans.
Des études épidémiologiques ont rapporté que 53 % des sportifs qui souffraient
de cette pathologie ont avoué avoir mis fin à leur carrière sportive en raison de
douleurs du tendon patellaire. Cela souligne l'importance de la prise en charge
thérapeutique d'une lésion parfois déroutante qui, même opérée, peut laisser
des séquelles douloureuses.
Lorsque les symptômes persistent et perturbent de façon marquée la pra-
tique sportive, la chirurgie peut devenir nécessaire.
Dans moins de 10 à 38 % des cas [3], l'atteinte se situe à l'insertion basse,
dans le cadre d'une séquelle de maladie d'Osgood-Schlatter, ou au niveau du
corps tendineux lui-même. Dans ces deux situations, la réponse chirurgicale est
bien codifiée et assez simple. En cas d'atteinte basse, il suffit d'exciser l'apophy-
site et, si le corps tendineux est pathologique, un peignage sera efficace pour
obtenir la cicatrisation.
Cependant, dans 90 % des cas, l'atteinte se situe plus haut, à la pointe patel-
laire. Cette localisation est plus complexe à prendre en charge, car l'origine
de la lésion est multifactorielle, associant un conflit à la pointe patellaire, une
maladie du tendon et une pathologie de l'enthèse elle-même.
Si la certitude diagnostique ne pose plus de problème et que l'imagerie est
en corrélation avec l'examen clinique, la chirurgie devient indiquée après échec
de la prise en charge médicale. Concernant l'insertion patellaire, la technique
opératoire n'est pas codifiée et stéréotypée. Elle doit savoir s'adapter au bilan
lésionnel pré/peropératoire et tenir compte de la gravité de la lésion et de sa
cause. Il peut s'agir d'une séquelle d'apophysite (Sinding Larsen), d'un conflit
sur une méga pointe patellaire par exemple, qui sera excisée. La fibrose cicatri-
cielle peut être étendue et nécessiter elle aussi une excision. Le tendon patellaire
peut présenter une variété lésionnelle importante dont les traitements seront
différents (tableau 19.1).
Suites opératoires
La rééducation débute le lendemain sur arthromoteur. L'appui soulagé est
immédiat en fonction de la douleur. Le drainage est retiré dès l'assèchement du
site opératoire. Une immobilisation relative est recommandée jusqu'au verrouil-
lage quadricipital. La flexion est accompagnée jusqu'à 90° jusqu'à la 6e semaine.
214 Tendinopathie patellaire
Résultats chirurgicaux
Il s'agit d'une étude rétrospective monocentrique évaluée de façon totalement
indépendante des opérateurs. Vingt-six cas de tendinopathie patellaire ont été
traités chirurgicalement : 21 ont nécessité une résection de la pointe patellaire plus
ou moins associée à un peignage, un cas a nécessité une réinsertion transosseuse
par la technique des doubles U inversés, 8 cas ont subi un renforcement local sans
autogreffe et 3 cas ont eu recours à une autogreffe tendineuse (tableau 19.1).
La répartition par type de sport pratiqué est reportée dans le tableau 19.2.
L'âge moyen des patients au moment de l'intervention était de 28,5 ans (18-
43). La série comprenait 19 hommes et 3 femmes. Il y avait 4 cas bilatéraux. La
reprise du sport, le niveau sportif pré- et postopératoire, le résultat fonctionnel
par le score de Blazina [5] pré- et postopératoire, les complications et la satis-
faction ont été analysés.
Tous les patients étaient des sportifs : 4 de niveau international, 12 de niveau
national, 2 de niveau régional et 4 de loisirs. Tous ont eu des séances de kinési-
thérapie, 53 % ont été traités par de la mésothérapie, 42 % ont eu une thérapie
par ondes de choc, 37 % ont eu un traitement par PRP, 16 % des infiltrations
et 5 % de la cryothérapie. En préopératoire, il y avait 4 cas classés Blazina 3A,
20 cas classés Blazina 3B et 2 cas classés Blazina 4.
Concernant les antécédents médicaux, deux patients avaient subi une ligamen-
toplastie du LCA au tendon patellaire. Un patient avait été opéré d'une exérèse
d'un clapet cartilagineux et de microperforations associées à une tendinopa-
thie patellaire. Un patient footballeur professionnel présentait une tendinopa-
thie postopératoire après mise en place d'un enclouage centromédullaire par voie
médiane transtendineuse. Un boxeur professionnel présentait une tendinopathie
calcifiante dans les suites d'une réparation d'une rupture du tendon patellaire.
Le recul moyen est de 41,5 mois. La durée moyenne des symptômes avant
l'intervention était de 29 mois. L'EVA moyenne est passée de 79,3 (60–100) en
préopératoire à 23,7 (0-100) au dernier recul (figure 19.1).
La répartition des résultats fonctionnels selon le score de Blazina est reportée
dans la figure 19.2. Il est intéressant de constater que le stade « absence de dou-
leur », Blazina 0, n'est retrouvé que dans 14 cas (53 %). Ceci est en adéquation
avec les travaux de Ferretti [6] qui publie 63 % de genoux totalement indolores
à 5 ans de la chirurgie et confirme nos résultats.
Le délai moyen de reprise de la course était de 7,2 mois (4–14) et celui pour
la reprise du sport pratiqué était de 9,2 mois (6–14). Dix neuf cas (73 %) ont
retrouvé un niveau sportif supérieur ou identique au niveau préopératoire et
5 cas (19 %) ont un niveau inférieur. Deux patients (8 %) n'ont pas repris
d'activité sportive (figure 19.3).
90
79,3
80
70
60
50
40
30 23,7
20
10
0
Préopératoire Postopératoire
Figure 19.1. Évolution de l'EVA chez les patients opérés.
25
20
20
15 14
Préopératoire
10 Postopératoire
5 4 4
3 3
2 2
0
0 1 2 3A 3B 4
Pas de
reprise
8%
Niveau
sportif
diminué
19 % Niveau
sportif
identique
73 %
Cas particuliers
Cette série comporte le cas d'un patient de 22 ans qui présentait des douleurs
de la pointe patellaire, datant de 2 mois, avec une rupture partielle du tendon à
l'IRM. Son EVA préopératoire lors de la pratique du football était de 80/100.
Les constatations opératoires confirmaient l'IRM et retrouvaient une rupture
partielle du tendon patellaire de plus de 50 % à l'insertion. Devant cette lésion
et la qualité médiocre du tendon en peropératoire, une plastie de glissement
simple, ou associée à un lambeau périosté, nous paraissait insuffisante. Nous
avons donc pratiqué une résection complète de l'insertion tendineuse suivie
d'une réinsertion complète après excision des tissus pathologiques. Ce patient
a un recul actuellement de 15 mois avec une EVA à 10/100 en pratiquant le
football. Il a repris la course à 8 mois et le football à 10 mois. Il a retrouvé un
niveau sportif identique à son niveau préopératoire et se dit satisfait de son
intervention.
Concernant les complications, un patient opéré des deux côtés à 8 ans d'in-
tervalle, a présenté 2 phlébites, une de chaque côté. Celles-ci ont été traitées par
une anticoagulation curative d'une durée de 3 mois et n'ont pas eu de retentis-
sement fonctionnel.
Dans cette série, un patient a récidivé après une résection de pointe et pei-
gnage. Il s'agissait d'un basketteur professionnel opéré initialement en 2001
puis repris 22 mois plus tard par un élargissement de la résection de pointe et
un peignage itératif. Ce patient a repris la course à 4 mois, le basket à 7 mois et
il ne ressent aucune douleur à 9 ans de recul.
Cette série permet de formuler quelques remarques.
Concernant la chirurgie de la tendinopathie patellaire, les résultats demeurent
satisfaisants mais imparfaits. Même si trois sportifs sur quatre ont pu reprendre
leurs activités sportives au même niveau, il faut garder en mémoire que 8 %
n'ont pas repris et 19 % ont baissé de niveau. Ces résultats sont en a déquation
La chirurgie dans le traitement de la tendinopathie patellaire 217
sportif [8] (et son chirurgien !) doit surmonter dans le temps et qui peut parfois
compromettre l'avenir sportif… Il est utile de connaître ces quelques résultats
dans le but d'informer le patient et son entourage.
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