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Voies d’abord du coude


(en dehors de l’arthroscopie)
J.-M. Féron, C. Dumontier

Le coude est une région anatomique complexe de par la morphologie des structures ostéoarticulaires
et la densité des structures vasculonerveuses qui traversent la région. Cette articulation intermédiaire,
relativement superficielle, est particulièrement exposée aux fractures et luxations, aux instabilités ou
aux raideurs séquellaires ainsi qu’aux pathologies dégénératives ou inflammatoires. La multiplicité des
situations cliniques et parfois leur très grande complexité justifient le nombre des voies d’abord décrites.
Compte tenu des rapports anatomiques, les voies postérieures associent une relative sécurité à la pos-
sibilité d’extensions proximales et distales pouvant satisfaire la plupart des interventions chirurgicales.
Néanmoins les autres voies d’abord doivent être bien maîtrisées, tant pour la prise en charge des patho-
logies focales que lors d’associations lésionnelles diffuses pouvant requérir des abords multiples. Leurs
descriptions sont regroupées topographiquement selon la situation de l’incision cutanée : postérieure,
médiale, latérale et antérieure.
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Mots-clés : Coude ; Anatomie du coude ; Voies d’abord du coude

Plan indispensable pour l’exposition en toute sécurité de la zone à opé-


rer. De très nombreuses voies d’abord ont été décrites, certaines
■ Introduction 1 n’étant que des variantes les unes des autres. Nous ne décrivons
que les voies les plus couramment utilisées, regroupées selon la
■ Rappel d’anatomie topographique 1 topographie de l’incision cutanée en voies postérieures, médiales,
■ Installation du patient 2 latérales et antérieures. Certaines voies peuvent être combinées
■ Voies d’abord postérieures 2 soit simultanément, soit en utilisant la même incision cutanée,
Voies postérieures interrompant la continuité de l’appareil certaines peuvent être élargies aux segments de membres sus-
extenseur du coude 3 et/ou sous-jacents et sont à privilégier dans les lésions étendues
Voies postérieures préservant la continuité de l’appareil ou étagées. Leur réparation doit permettre en postopératoire une
extenseur du coude 6 mobilisation articulaire précoce pour lutter contre la raideur, prin-

cipale complication des lésions du coude.
Voies d’abord latérales 10
Voie latérale de Kaplan 11
Voie de Kocher
Voie postérolatérale de Boyd
11
12  Rappel d’anatomie
■ Voies médiales 12 topographique
■ Voies d’abord antérieures 13
Voie antérolatérale d’Henry 13 Le coude est suffisamment superficiel pour que la plupart des
Voie antéromédiale ou anté-ulnaire 14 repères osseux ou musculaires soient accessibles à la palpation
permettant au chirurgien de repérer la ou les incisions cutanées.
■ Conclusion 14
La région du coude répond à l’articulation du coude et s’étend
de haut en bas entre un plan transversal passant à deux travers
de doigts au-dessus de la ligne biépicondylienne et un plan pas-
sant par deux travers de doigts en dessous d’elle. On distingue
 Introduction deux grandes régions : en avant le pli du coude, en arrière la
région olécranienne, séparées par deux lignes verticales passant
Les choix et réalisations des voies d’abord du coude peuvent par l’épicondyle médial et l’épicondyle latéral.
s’avérer techniquement difficiles tant en traumatologie qu’en La région antérieure ou pli du coude présente trois reliefs mus-
chirurgie réglée. Une parfaite connaissance de l’anatomie neuro- culaires, l’un médian correspondant au muscle biceps brachial et
vasculaire et musculoligamentaire de la région est un prérequis au muscle brachial antérieur, et deux latéraux correspondant aux

EMC - Techniques chirurgicales - Orthopédie-Traumatologie 1


Volume 13 > n◦ 1 > mars 2018
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0467(17)63117-9
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groupes musculaires insérés respectivement sur les épicondyles


médial et latéral. Entre ces saillies, deux dépressions ou sillons
parabicipitaux médial et latéral recouvrent les gouttières du même
nom. Dans la gouttière bicipitale médiale sont situés l’artère bra-
chiale qui se divise en artère ulnaire et radiale, le nerf médian, le
rameau antérieur de l’artère récurrente ulnaire. Dans la gouttière
latérale, le nerf cutané latéral de l’avant-bras perfore le fascia anté-
brachial pour devenir superficiel à un ou deux travers de doigts en
aval du pli du coude, le nerf radial chemine au fond et se divise en
sa branche postérieure motrice et sa branche antérieure sensitive.
La région olécranienne située en arrière présente le relief
musculaire médian du muscle triceps brachial et celui immédiate-
ment en dessous osseux de l’olécrane délimitant de part et d’autre
deux gouttières. Dans la gouttière épicondylo-olécranienne
médiale chemine le nerf ulnaire.
L’articulation du coude, formée par les surfaces articulaires de
l’humérus distal, de l’ulna et du radius proximal au sein d’une
unique capsule articulaire, permet non seulement le mouvement
de flexion-extension du bras sur l’avant-bras mais également la
rotation de l’avant-bras ou mouvement de pronosupination.
La stabilité articulaire est assurée par les structures capsuloliga- Figure 1. Installation en décubitus latéral pour un abord postérieur du
mentaires. Le ligament collatéral ulnaire (LCU) est un éventail coude.
fibreux dans lequel on distingue arbitrairement trois faisceaux
antérieur, moyen et postérieur, le faisceau antérieur, le plus
important mécaniquement, est tendu des deux tiers externes du d’éventuels contrôles radiographiques (Fig. 1). L’utilisation d’un
processus épicondylien médial au tubercule sublime de l’ulna, au garrot pneumatique impose de le positionner très proximal pour
bord médial du processus coronoïde. garder le champ opératoire stérile en pensant qu’on peut être
Le ligament collatéral radial (LCR), auquel on décrit également amené à étendre vers le haut l’incision humérale. Le passage d’un
trois faisceaux, s’insère proximalement sur la partie distale du ®
Élastoplast en rappel sous le garrot et que l’on fixe au moignon de
processus épicondylien latéral et s’épanouit pour se terminer, par l’épaule assure son maintien proximal pendant le badigeonnage
l’intermédiaire du ligament annulaire, sur la partie proximale du et le champage. L’utilisation d’un garrot stérile remédie à cette
bord médial de l’ulna. C’est son faisceau postérieur qui a un rôle difficulté.
mécanique prépondérant. On associe sur le plan fonctionnel, du Une installation en décubitus ventral suppose une anesthésie
fait de son action sur la stabilité rotatoire de l’ulna, plutôt que générale et la mise en place d’appuis thoraciques et pelviens avec
de sa fonction négligeable d’extenseur de l’avant-bras, le muscle les précautions habituelles. L’épaule du patient doit être suffisam-
anconé qui s’insère sur l’épicondyle latéral et se termine au bord ment déjetée en dehors pour pouvoir fléchir le coude, le bras étant
latéral de l’ulna. sur un appui. Toute extension antérieure est ici extrêmement dif-
Les nerfs radial et ulnaire sont particulièrement exposés dans ficile.
la chirurgie du coude imposant un repérage initial systématique La position en décubitus latéral est préférable, permettant
selon la voie d’abord utilisée. éventuellement de réaliser le geste opératoire sous anesthésie loco-
Le nerf radial passe de dedans en dehors, en arrière de régionale (si le temps opératoire ne dépasse pas 1 heure car la
l’humérus, dans la gouttière humérale de torsion, entre les chefs position n’est pas confortable pour le patient) et de mobiliser
médial et latéral du triceps. Il se projette à la face postérieure l’épaule en extension et rotation ce qui permet de passer en avant
de l’humérus environ 20 cm proximal au processus épicondy- à partir d’une voie postérieure élargie. Le bras repose sur un étrier
lien médial et à 14 cm du processus épicondylien latéral, puis dont le positionnement est souvent difficile. L’étrier ne doit pas
contourne l’humérus pour traverser le septum intermusculaire être trop large pour ne pas gêner la mobilisation peropératoire
latéral [1] au tiers distal d’une ligne joignant le processus épicon- du coude (notamment la flexion qui doit être complète), ni trop
dylien latéral à l’acromion [2] , puis passe entre les muscles brachial étroit sinon c’est le garrot qui bascule d’un côté ou de l’autre.
en arrière et brachioradial en avant et en dehors. C’est à ce niveau, Pour ne pas gêner l’opérateur, le support de l’étrier est rapproché
entre les deux muscles, qu’il est le plus facile à retrouver. En regard du patient en veillant à ne pas appuyer sur son thorax/abdomen
de l’interligne articulaire, le nerf est plaqué sur la capsule articu- en fonction des morphologies individuelles.
laire et se projette au milieu du capitulum. Après sa division, la La position en décubitus dorsal ne présente pas toutes ces diffi-
branche postérieure, ou nerf interosseux postérieur (NIP), passe cultés mais l’abord postérieur n’est possible qu’en plaçant le bras
entre les deux chefs du muscle supinateur, et répond par son du patient sur son thorax ce qui suppose d’avoir un aide qui
intermédiaire à la tête radiale puis au col du radius. maintienne la position pendant l’intervention. Elle permet, en
Le nerf ulnaire croise d’avant en arrière le bord médial du bras, revanche, un accès aisé au prélèvement d’une autogreffe iliaque.
pour se situer en arrière du septum intermusculaire qu’il perfore, Pour les voies latérales, l’utilisation d’une table à bras est habi-
environ 8 cm en amont du processus épicondylien médial, puis tuelle mais sa largeur peut gêner l’opérateur. Une planchette
descend verticalement dans la gouttière épicondylo-olécranienne courte est recommandée pour permettre de poser le bras et de
médiale, fermée en arrière par un fascia qui contribue à le mainte- le mobiliser pour accéder facilement aux voies latérales sans être
nir en place et dont la forme est variable. Plus distalement, le nerf gêné.
ulnaire, après avoir contourné le processus épicondylien médial, Enfin toutes ces installations doivent permettre de faire un
passe entre les deux chefs du muscle fléchisseur ulnaire du carpe contrôle radioscopique peropératoire. Une autogreffe osseuse doit
(FUC), souvent relié par un renforcement fibreux appelé arcade être anticipée pour prévoir un champ opératoire au niveau de la
d’Osborne et zone de compression habituelle du nerf ulnaire [3] . crête iliaque antérieure ou postérieure selon la position du patient
et adapter en conséquence le mode d’anesthésie.

 Installation du patient
 Voies d’abord postérieures
C’est un temps très important que le chirurgien ne peut pas
déléguer. Il faut vérifier que l’installation permette de mobili- Les voies d’abord postérieures sont utilisées dans la majo-
ser facilement le coude en peropératoire (notamment en flexion rité des interventions chirurgicales sur le coude. La dissection
complète), tant pour réaliser le geste chirurgical que permettre est facile, et l’extension tant médiale que latérale est réalisable

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en mobilisant des lambeaux fasciocutanés en pleine épaisseur, lambeaux fasciocutanés. On peut alors dans ce plan s’étendre
préservant la vascularisation et les plexus nerveux sous-cutanés. en dehors et en dedans sans dépasser dans un premier temps
Elles sont de deux types principaux, celles qui interrompent le septum intermusculaire. En dedans, le nerf ulnaire est systé-
la continuité de l’appareil extenseur du coude et celles qui matiquement repéré dans son environnement graisseux. Souvent
la préservent (Tableau 1). Elles ont en commun de permettre masqué en haut par les fibres du muscle triceps, il est plus faci-
l’exposition de la totalité de l’humérus distal et de l’ensemble des lement visible à l’entrée de la gouttière épicondylo-olécranienne
surfaces articulaires du coude, de pouvoir être élargies, d’éviter les médiale ulnaire. Il est libéré en préservant sa vascularisation, mis
structures vasculonerveuses, à l’exception du nerf ulnaire dont le sur un lacs sans tension afin de ne pas être comprimé ou lésé lors
repérage initial doit être la règle. du geste chirurgical. Si les rameux articulaires sont habituellement
L’incision cutanée est longitudinale, suffisamment longue, sacrifiés, la première branche motrice destinée au FUC doit être
d’environ 15 cm (pour les fractures, soit 10 cm proximal au proces- identifiée et mobilisée avec le nerf. Puis, en fin d’intervention, le
sus épicondylien médial, et se poursuivre en distal au moins 5 cm nerf est laissé en place ou transposé en avant selon la nécessité de
sur l’ulna), pour permettre un abord étendu sans souffrance cuta- la chirurgie réalisée.
née. Compte tenu de la fragilité cutanée en regard de l’olécrane [4] , Toutes les voies d’abord postérieures ont en commun d’affaiblir
certains auteurs préconisent de décaler l’incision en dehors ou en plus ou moins l’appareil extenseur.
dedans pour diminuer les tensions sur la peau à son sommet.
Une fois la peau incisée, on se porte directement sur le fascia
recouvrant le triceps que l’on incise et relève de chaque côté sans
décollement avec le derme et le tissu sous-cutané créant ainsi deux “ Point fort
Tableau 1.
Le repérage premier du nerf ulnaire est indispensable dans
Différentes voies d’abord postérieures du coude selon l’attitude vis-à-vis toute voie postérieure.
de la continuité de l’appareil extenseur.
Interruption de l’appareil extenseur
Section du tendon tricipital (VY)
Olécranotomie Extra-articulaire Voies postérieures interrompant la continuité
Intra-articulaire de l’appareil extenseur du coude
Préservation de l’appareil extenseur
Voie transtricipitale longitudinale Campbell Elles permettent d’aborder l’articulation et la face postérieure de
Gschwend l’humérus distal en relevant le triceps après section de son tendon
ou en réalisant une ostéotomie de l’olécrane.
Réflexion médiale de l’appareil Bryan-Morrey
extenseur
Section du tendon tricipital
Réflexion latérale de l’appareil TRAP
extenseur O’Driscoll Des voies relevant le muscle triceps par ténotomie ou désin-
Kocher élargie (assimilée sertion, seule subsiste la ténotomie en V (Fig. 2) ou U inversé
aux voies latérales) décrite par Campbell en 1932, puis modifiée par Van Gorder [5] . Si
Voie paratricipitale bilatérale Alonso-Llames cette voie garde un intérêt dans les raideurs du coude par sa pos-
Schildhauer sibilité d’allongement du triceps par une plastie de glissement en
V-Y, elle n’est pas recommandée car elle affaiblit l’appareil exten-
TRAP : triceps reflecting anconeus pedicle approach. seur et expose à des séquelles fonctionnelles, est délétère pour la

Figure 2. Ténotomie en V selon Campbell. 1.


Muscle triceps ; 2. nerf ulnaire ; 3. olécrane.
A. Incision du tendon après repérage du nerf
ulnaire.
B. Le lambeau de triceps à pointe proximale est
basculé vers le bas.
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Figure 3. Différents types d’olécranotomie.


A. MacAusland.
B. Muller.
C. Chevron.

A B C

D E F
Figure 4. Fracture distale de l’humérus C3 associée à une fracture de l’olécrane.
A, B. Radiographies initiales.
C. Abord postérieur en relevant le triceps profitant de la fracture de l’olécrane (olécranotomie spontanée).
D. Fixation temporaire par broches.
E, F. Radiographies postopératoires.

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Figure 5. Technique d’olécranotomie transversale, intra-articulaire. 1. Muscle


triceps ; 2. nerf ulnaire ; 3. olécrane ; 4. anconé.
A. Dissection du tendon tricipital et repérage du trait d’ostéotomie.
B. Relèvement du triceps en proximal.
C. Anticipation de l’ostéosynthèse par vis.
D. Fixation de l’olécranotomie par cerclage-haubanage selon la technique de
l’Association pour l’étude de l’ostéosynthèse (AO).

vascularisation du triceps, entraînant une possible nécrose du une meilleure exposition que d’autres voies préservant l’appareil
lambeau distal et augmentant le risque d’infection. La mobili- extenseur. Si elle garde l’avantage d’une cavité sigmoïde intacte
sation active en extension et passive en flexion doit être évitée dont le rôle de « contre-moule » facilite parfois la réduction d’une
pendant six semaines, imposant une attelle de protection et une fracture de la trochlée, elle a l’inconvénient de nécessiter égale-
rééducation différée [6] . ment une ostéosynthèse de l’olécrane.

Olécranotomie Olécranotomie transarticulaire (Fig. 5)


C’est celle qui offre la meilleure exposition de l’humérus distal,
L’abord transolécranien, décrit initialement en 1915 par
permettant de visualiser plus de 50 % de la surface articulaire [8, 9] .
MacAusland dans les ankyloses de coude, popularisé par Casse-
Le tendon tricipital est disséqué dans sa partie distale, le coude
baum [7] dans les fractures articulaires de l’humérus distal, est
étant à 90◦ . Une capsulotomie longitudinale est effectuée en
encore le plus utilisé. Il permet de relever le triceps en laissant
regard de chaque versant de l’olécrane permettant de repérer le
son tendon terminal pédiculé sur un fragment d’olécrane (Fig. 3).
niveau du trait d’ostéotomie (Fig. 5A), qui se situe à environ 2 cm
La réparation solide de l’appareil extenseur impose une ostéosyn-
du sommet de l’olécrane, au niveau de la partie moyenne de la
thèse du processus olécranien. Plusieurs variantes techniques sont
grande cavité sigmoïde, à la jonction entre la portion verticale
décrites selon le niveau de l’ostéotomie, de la morphologie du
trait, et du type de fixation (Fig. 4). et horizontale de l’olécrane. À ce niveau la cavité sigmoïde est
fréquemment dépourvue de cartilage. Une compresse peut être
Olécranotomie extra-articulaire facilement glissée dans l’articulation, permettant de repérer la
Elle s’apparente plus à une variante de la ténotomie basse du partie la plus étroite de l’ulna et de réaliser en toute sécurité
tendon tricipital que de la voie transolécranienne. Le triceps est l’ostéotomie en protégeant la surface articulaire [10] . Avant de réa-
relevé avec la partie postérieure de l’olécrane par une ostéoto- liser l’ostéotomie transversale, on peut anticiper l’ostéosynthèse
mie oblique ne pénétrant pas la cavité sigmoïde. Elle n’offre pas par une vis à compression (si c’est le mode de fixation choisi) dans

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Figure 6. Voie longitudinale transtricipitale. 1. Muscle triceps ; 2. nerf ulnaire ; 3. olécrane ; 4. anconé ; 5. crête ulnaire.
A. Exposition du triceps après repérage du nerf ulnaire et ligne d’incision longitudinale.
B. Les deux valves fascio-myo-périostées sont réclinées exposant toute la région postérieure du coude.
C. Fermeture en un plan : noter les points transosseux au niveau de l’olécrane.

l’axe de l’ulna en forant un orifice de vis avec une mèche de dia- cutanées du matériel de fixation, ce sont surtout les irritations
mètre 4,5 mm dans la partie proximale et de diamètre 3,5 mm dans dues aux broches, vis ou cerclages qui conduisent à des réinter-
le canal médullaire de l’ulna [11] (Fig. 5C). L’ostéotomie est réalisée ventions plus ou moins précoces pour ablation du matériel, en
à la scie oscillante puis complétée par un petit ostéotome ; le tri- moyenne chez un tiers des patients. Les troubles de consolida-
ceps est ensuite relevé, avec la capsule articulaire postérieure qui tion, cal vicieux et pseudarthroses varient dans les séries de 0 à
lui adhère, vers le haut (Fig. 5B). Pour cela, le muscle anconé, dont 30 % [16, 17] ; pour pallier ce risque, certains auteurs préconisent
la fonction de stabilisateur dynamique du coude a été récemment une ostéotomie en « chevron » [11] , ou une ostéosynthèse rigide
soulignée [12] , est habituellement séparé du muscle vaste latéral au par plaque [18] .
travers duquel provient son innervation issue d’une branche ter-
minale du nerf radial. Afin de préserver son innervation, Athwal
et al. [13] ont proposé de réaliser un lambeau d’anconé en isolant Voies postérieures préservant la continuité
le muscle dans son intervalle avec le muscle extenseur ulnaire du de l’appareil extenseur du coude
carpe (EUC) et en le détachant en sous-périosté de bas en haut
de l’ulna jusqu’au niveau de l’ostéotomie. Le muscle anconé est Même si certaines de ces voies sont très anciennes, elles ont eu
alors relevé solidaire du muscle triceps. Si l’on relève le triceps un regain d’intérêt dans les années 1980, du fait de l’émergence de
au-delà de 7,5 cm de l’interligne articulaire latéralement, il est la chirurgie prothétique du coude car elles préservent l’intégrité
prudent d’isoler le nerf radial pour ne pas le léser lorsqu’il perfore de l’olécrane, facilitant la mise en place du composant ulnaire des
le septum intermusculaire latéral [14] . prothèses. Elles se sont également progressivement imposées en
Afin d’améliorer la réduction de l’ostéotomie et la stabilité traumatologie, domaine où l’abord transolécranien était la réfé-
rotatoire de la fixation, une coupe en « chevron » a été propo- rence.
sée, pointe tournée vers le bas offrant une plus grande surface
osseuse en contact et respectant l’insertion ulnaire du LCU, soit Voie d’abord transtricipitale longitudinale (Fig. 6)
tournée vers le haut afin de pénétrer l’articulation au niveau de Décrite à la fin du XIXe siècle (Farabeuf, Ollier) dans la chirur-
la portion la moins profonde de la trochlée [11] . Dans tous les gie de résection articulaire du coude, elle permettait de conserver
cas, l’ostéotomie est débutée à la scie oscillante et terminée par une fonctionnalité à l’appareil extenseur du coude. Elle repose sur
deux petits ostéotomes pour briser la charnière antérieure [13] . le concept anatomique de la double continuité, superficielle des
L’irrégularité des berges obtenues aiderait la qualité de la réduc- fascias brachial et antébrachial, et profonde par l’insertion péri-
tion et la stabilité [2] . La fixation préconisée dans ce cas est plutôt ostée sur l’ulna des fibres tendineuses et musculaires du triceps et
un haubanage sur deux broches de Kirchner selon la technique de des muscles antébrachiaux (fibres de Sharpey). C’est l’extension
l’Association pour l’étude de l’ostéosynthèse (AO) (Fig. 5D), qu’un de la voie initialement décrite par Campbell au niveau huméral et
vissage axial. prolongée sur la crête ulnaire [19, 20] . Elle a été promue par Signo-
On peut reprocher à l’olécranotomie de créer une fracture ret et al. dans le traitement des fractures complexes de la palette
supplémentaire dans des situations traumatiques déjà souvent humérale [21] et pour les prothèses de coude par Gschwend, dont
complexes, d’allonger significativement le temps opératoire elle porte souvent le nom [22] , puis beaucoup plus tard par Ziran
et la perte sanguine [15] et d’ajouter sa propre morbidité à et al. [23] .
l’intervention. Le triceps étant exposé comme précédemment et le nerf ulnaire
Les complications, toutes confondues, sont rencontrées dans repéré, le tendon du triceps est incisé longitudinalement dans le
près de 25 % des cas ; outre les rares désunions ou effractions sens des fibres en son milieu ainsi que le périoste huméral ; les

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Figure 7. Voie de Bryan-Morrey (A, B). 1.


Muscle triceps ; 2. nerf ulnaire ; 3. olécrane ; 4.
anconé ; 5. crête ulnaire.
A. Libération du bord médial du triceps et dissec-
tion sous-périostée de son tendon en continuité
avec le périoste de l’ulna.
B. Luxation en bloc de l’appareil extenseur de
1 dedans en dehors en continuité avec l’anconé
1
désinséré de l’ulna.

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2
3
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épicondyles sont exposés latéralement en sous-périosté. On pour-


suit vers le bas l’incision en détachant en sous-périosté le tendon
tricipital de l’olécrane et en déshabillant de la même façon
les bords latéraux de l’ulna en désinsérant les muscles EUC et
anconé en dehors et le muscle FUC en dedans. On récline de
chaque côté les deux valves « fascio-myo-périostées » réalisées, 7 8 9 10 11
laissant apparaître l’ensemble de l’articulation du coude. Elles res-
tent en continuité brachioantébrachiale tant en superficie qu’en
profondeur, respectant la continuité physiologique de l’appareil
extenseur. 1
On peut s’élargir latéralement sur les colonnes en désinsérant
la capsule au ras de l’os, ce qui maintien à distance le nerf ulnaire 2
sur le versant médial. La mise en flexion complète du coude, 3
associée à une traction postérieure ou une translation antérieure 4
de l’olécrane « squelettisé », permet de visualiser l’ensemble des 5
surfaces articulaires de l’épiphyse humérale [23] . La voie est faci- 6
lement extensible en distal sur l’ulna, permettant d’aborder la
tête radiale en désinsérant le ligament annulaire du lambeau
musculaire auquel il adhère, voire d’aborder la diaphyse ulnaire en
cas de lésions fracturaires étagées. L’extension proximale permet Figure 8. Voie postéroélargie de Kocher. Exposition antérolatérale de
d’aborder la totalité de la diaphyse humérale sous réserve de repé- la colonne. 1. Muscles brachialis et brachioradialis ; 2. colonne latérale de
rer le nerf radial afin de ne pas le léser dans sa gouttière au contact l’humérus ; 3. muscle triceps ; 4. épicondyle latéral ; 5. ligament collatéral
direct de l’os à la face postérieure de l’humérus. Le nerf est plus latéral ulnaire ; 6. muscle anconé ; 7. extenseur radial du carpe ; 8. capsule
facilement repérable au bord latéral de l’humérus lorsqu’il traverse antérieure ; 9. ligament annulaire ; 10. muscle supinateur ; 11. extenseur
le septum intermusculaire entre 9,5 cm et 11 cm de moyenne de ulnaire du carpe.
l’interligne articulaire du coude ; une fois repéré, on peut relever le
muscle vaste latéral du triceps en masse et poursuivre sa dissection
en haut et en dedans jusqu’à la branche d’innervation destinée au longitudinale lors de la flexion du coude du fait de la tension
muscle vaste médial, permettant l’abord de 75 % de la diaphyse physiologique de cette zone « digastrique » [21] .
humérale [24] . En pratique, il est recommandé pour une extension
de l’abord au-delà de 7,5 cm latéralement ou de 13 cm sur la ligne
médiane au-dessus de la trochlée, d’isoler systématiquement le Voie postéromédiale de Bryan-Morrey (Fig. 7)
nerf radial pour éviter tout risque de lésion [14] . Initialement décrite pour l’arthroplastie totale du coude [25]
La fermeture se fait par suture à points séparés au fil non résor- du fait de la préservation de l’olécrane pour la mise en place de
bable des deux lambeaux en un plan avec une attention toute l’implant ulnaire, elle permet également une exposition satisfai-
particulière au sommet de l’olécrane. Pour favoriser la réinsertion sante de l’humérus distal dans les fractures articulaires complexes
à ce niveau, Gschwend préconisait de désinsérer le tendon à ce (Type C AO/OTA [Orthopaedic Trauma Association]) [26] .
niveau avec des petits copeaux osseux, et quand l’os ou les tissus Comparée à la voie transolécranienne, elle présente des avan-
sont fragiles de faire une réinsertion par des fils transosseux [22] ; tages significatifs en termes de durée d’intervention, perte
cette technique est pour nous quasi systématique pour prévenir sanguine, et résultats fonctionnels pour Zhang et al. [22] . Chen
un risque de lâchage de la suture pouvant entraîner en flexion et al. [27] ne retrouvent pas de différences fonctionnelles signifi-
une « boutonnière olécranienne » par luxation de part et d’autre catives entre les deux voies d’abord sauf dans le sous-groupe des
de l’olécrane des deux valves comme évoquée dans la littérature. patients jeunes (< 40 ans).
Même en l’absence d’amarrage transosseux, la zone intermédiaire L’abord superficiel postérieur est identique, le nerf ulnaire est
en regard du sommet de l’olécrane ne subit pas de translation d’emblée repéré et libéré de sa gouttière jusqu’à la première

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Figure 9. Voie postéroélargie de Kocher. Exposition postérolatérale de


la colonne. 1. Muscles brachialis et brachioradialis ; 2. colonne latérale
de l’humérus ; 3. muscle triceps ; 4. capsule postérieure ; 5. épicondyle
latéral ; 6. extenseur radial du carpe ; 7. ligament collatéral latéral ulnaire ;
8. extenseur ulnaire du carpe ; 9. muscle anconé.

Figure 11. Voie de O’Driscoll (triceps reflecting anconeus pedicle


approach [TRAP]) : l’anconé est détaché en sous-périosté de l’ulna proxi-
male ainsi que les fibres de Sharpey du tendon tricipital sur l’olécrane
conservant la continuité périostée entre le triceps (1) et l’anconé (2).

2
extenseur est relevé et luxé en bloc de dedans en dehors en conti-
nuité avec l’anconé que l’on désinsère de l’ulna, exposant ainsi la
totalité de l’articulation du coude (Fig. 7B).
Pour la mise en place d’une prothèse totale de coude semi-
contrainte, les ligaments collatéraux (LCR, LCU) sont désinsérés
de l’humérus permettant facilement en flexion d’exposer toutes
3 les surfaces articulaires pour réaliser aisément une arthroplastie.
Pour favoriser la réinsertion de l’appareil extenseur sur l’olécrane,
les auteurs préconisent lors de la dissection de garder une petite
pastille osseuse en regard du sommet de l’olécrane. Après réduc-
tion de l’appareil extenseur, la réinsertion est assurée par des
sutures transosseuses croisées aux fils non résorbables. Le serrage
des nœuds est fait à 90◦ de flexion en veillant à ne pas les placer
sur le bord sous-cutané afin d’éviter des irritations. L’anconé est
réinséré sur l’ulna et le LCU est réparé selon le type de chirurgie
réalisé. La réparation tricipitale est protégée par une limitation
de l’extension active contre résistance pendant six semaines. Cer-
tains auteurs rapportent des lâchages de suture variant de 10 à
Figure 10. Voie de O’Driscoll (triceps reflecting anconeus pedicle 30 % [28, 29] . Boorman, pour pallier ce risque, utilise cette voie en
approach [TRAP]) : voie d’abord de Bryan-Morrey médiale (1) et voie laissant intacte l’insertion du triceps lors de la mise en place de
d’abord latérale de Kocher (2) convergeant vers l’insertion ulnaire distale prothèse semi-contrainte [30] . Shahane et Stanley [31] ont proposé
de l’anconé (3). une variante de cette technique en combinant séparation lon-
gitudinale du triceps à sa jonction quart médial et trois quarts
branche motrice afin de l’isoler sur un lacs. Le bord médial du latéraux ; la partie médiale est relevée comme dans la voie de
triceps est libéré avec la capsule articulaire jusqu’au tendon dont Gschwend, la partie latérale comme dans celle de Bryan-Morrey.
l’insertion olécranienne est disséquée en sous-périosté en conti- L’intérêt de cette voie d’abord serait de protéger le nerf ulnaire et sa
nuité avec le périoste du bord médial de l’ulna (Fig. 7A). L’appareil vascularisation laissé en position anatomique par la partie médiale

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Figure 12. Voie de O’Driscoll (triceps reflecting anconeus pedicle Figure 13. Voie de O’Driscoll (triceps reflecting anconeus pedicle
approach [TRAP]) : l’anconé (2) détaché en distal au bord sous-cutané de approach [TRAP]) : technique de réinsertion par sutures transosseuses
l’ulna permet de relever le triceps (1) en proximal solidaire du lambeau croisées du triceps sur l’olécrane. 1. Muscle triceps ; 2. anconé.
d’anconé, dont la vascularisation et l’innervation sont préservées.

l’abord se fait dans l’intervalle de Kocher, entre le FUC et l’anconé.


du triceps ainsi que d’offrir une réparation de l’appareil extenseur Ce dernier est relevé en sous-périosté de l’ulna proximale, avec
plus stable. De même que dans la voie transtricipitale longi- son fascia d’attache au triceps vers le dedans laissant apparaître
tudinale, l’abord complet de l’humérus est possible permettant le muscle supinateur. La désinsertion du LCR sur l’épicondyle
l’ostéosynthèse par plaque des fractures intéressant la diaphyse permet d’ouvrir totalement l’articulation du coude autour de la
humérale [1, 32] . charnière du LCU en luxant l’appareil extenseur qui reste attaché
sur l’olécrane. Dans ce cas, une réinsertion est nécessaire en fin
Voie postérolatérale élargie de Kocher d’intervention. Dans la modification de la Mayo, le tendon du
C’est la combinaison de la voie limitée latérale haute de Kocher triceps est totalement désinséré en sous-périosté sur l’olécrane, et
exposant la colonne latérale avec sa portion limitée basse expo- l’appareil extenseur, en continuité avec l’anconé qui reste inséré
sant l’articulation huméroradiale. La jonction des deux portions à son extrémité distale, est récliné de dehors en dedans. Il faut
offre un jour sur l’ensemble de la colonne latérale, le LCR et la libérer le nerf ulnaire pour éviter des étirements ou compressions
tête radiale. La capsule articulaire est incisée. L’incision cutanée, lors des manœuvres en varus de l’avant-bras.
prolongée jusqu’à 6 ou 7 cm de l’épicondyle vers le haut, peut
être postérolatérale, mais l’incision postérieure médiane est sou- Voie d’O’Driscoll : « triceps reflecting anconeus
vent préférée dans cette voie élargie, d’où sa description avec les
voies postérieures. En proximal, la colonne latérale de l’humérus
pedicle approach » (TRAP)
est abordée en avant en disséquant sous le muscle brachial et Cette voie est la combinaison d’un abord de Kocher sur le ver-
le muscle brachioradial (Fig. 8) et en arrière en avant du triceps sant latéral du coude et de Bryan-Morrey sur le versant médial
(Fig. 9). La désinsertion antérieure de la capsule permet d’exposer (Fig. 10). Les deux abords convergent vers l’extrémité distale de
les surfaces articulaires antérieures. Si, classiquement, le LCR est l’anconé. L’anconé est détaché en sous-périosté de l’ulna proxi-
détaché à son insertion haute, il peut être préservé, permettant male ainsi que les fibres de Sharpey du tendon tricipital sur
l’accès à la partie antérieure de l’articulation par une arthrotomie l’olécrane : latéralement la dissection se poursuit en veillant à gar-
en avant de lui et à la partie postérieure par une arthrotomie en der la continuité périostée entre le triceps et l’anconé jusqu’à le
arrière. Cette voie est particulièrement intéressante pour aborder détacher en distal au bord sous-cutané de l’ulna (Fig. 11). Le triceps
la colonne latérale dans les arthrolyses [33] et les fractures coro- peut alors être relevé en proximal solidaire du lambeau d’anconé,
nales de la palette humérale. Il faut prendre garde au nerf radial si dont la vascularisation et l’innervation sont respectées (Fig. 12).
la dissection s’étend au-delà de 8 cm de l’épicondyle. Vers le bas, L’exposition du coude est excellente permettant l’ostéosynthèse

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Figure 14. Voie postérieure para tricipitale. Les bords latéraux du triceps sont incisés et le muscle est décollé de la partie postérieure de l’humérus en ayant
pris soin de repérer au préalable le nerf ulnaire sur le versant médial. En mobilisant le triceps et son tendon d’un côté puis de l’autre, on expose l’extrémité
distale de l’humérus par deux fenêtres médiale (A) et latérale (B). 1. Nerf ulnaire ; 2. humérus ; 3. épicondyle médial ; 4. olécrane ; 5. épicondyle latéral ; 6.
triceps et son tendon.

Voie postérieure paratricipitale


1 2 3 4 5 Initialement décrite par Alonso-Llames [39] pour le traitement
des fractures supracondyliennes de l’enfant, elle est proposée par
Schildhauer [40] dans les fractures distales de l’humérus. L’abord
est identique, les bords latéraux du triceps sont incisés et le
muscle est décollé de la partie postérieure de l’humérus en ayant
pris soin de repérer au préalable le nerf ulnaire. En mobilisant
le triceps et son tendon d’un côté puis de l’autre on expose
l’extrémité distale de l’humérus par deux fenêtres médiale et
latérale (Fig. 14). L’exposition plus limitée de la surface articu-
laire limite ses indications aux fractures sus-articulaires ou peu
complexes [2] . Néanmoins, elle a un regain d’intérêt du fait de sa
vraie préservation de l’appareil extenseur n’imposant aucune pro-
tection en postopératoire [41] . Patterson a proposé une extension
6 distale en passant en dehors dans l’intervalle entre EUC et anconé,
puis en disséquant en sous-périosté l’EUC. En dedans, le FUC peut
Figure 15. Intervalles musculaires des voies latérales. 1. Voie de Kaplan ; être relevé en sous-périosté [42] .
2. voie de Kocher ; 3. extenseur radial du carpe ; 4. extenseur commun
des doigts ; 5. extenseur ulnaire du carpe ; 6. anconé.

 Voies d’abord latérales


des fractures articulaires complexes [34, 35] mais la réinsertion finale La voie latérale du coude est probablement la plus fréquem-
transosseuse du triceps réclame une technique rigoureuse relati- ment utilisée dans la chirurgie des diverses pathologies du coude.
vement complexe [36] (Fig. 13). On peut par cette voie effectuer des gestes sur la partie distale
Pour faciliter la cicatrisation du triceps, le triceps et le lam- et latérale de l’humérus, le LCR et la tête radiale. L’installation
beau d’anconé peuvent être détachés de l’ulna avec une longue est habituellement en décubitus dorsal sur une table à bras en
baguette osseuse facilitant la réinsertion. Cet artifice, assimilable à s’assurant de la complète mobilité du membre supérieur, surtout
une olécranotomie extra-articulaire, proposée par Wolfe et Rana- si l’on envisage une voie médiale complémentaire simultanée.
wat [37] pour les arthroplasties du coude, a été repris par Habib L’abord de la région latérale du coude se fait par une incision
avec succès [38] pour les ostéosynthèses de fractures complexes de plus ou moins longue selon les besoins de l’intervention, en
l’humérus distal par deux plaques. regard du septum intermusculaire latéral jusqu’à l’épicondyle au

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Figure 16. Voie postérolatérale de Boyd.
A. Incision superficielle. 1. Tendon du triceps ; 2. olécrane ; 3. anconé ; 4. incision ; 5. extenseur ulnaire du carpe ; 6. fléchisseur ulnaire du carpe.
B. Exposition profonde. 1. Muscle anconé désinséré de l’ulna et récliné en avant ; 2, 3. muscle supinateur récliné (faisceaux ulnaire et radial) ; 4. portion
divisée du muscle supinateur.

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Figure 17. Voie d’abord médiale. 1. Branches du nerf médial cutané antébrachial ; 2. épicondyle médial ; 3. nerf ulnaire ; 4. muscles fléchisseurs et
pronateur ; 5. fléchisseur ulnaire du carpe ; 6. apophyse coronoïde ; 7. ligament collatéral médial.
A. Repère d’incision cutanée et nerfs sensitifs superficiels.
B. Plan musculaire et nerf ulnaire.
C. Abord de l’articulation : les muscles fléchisseurs et pronateurs sont réclinés en arrière avec le fléchisseur ulnaire du carpe.

niveau de la portion brachiale, puis en distal, en ligne selon Voie de Kocher (Fig. 8, 9)
l’intervalle musculaire choisi, soit environ 5 cm de part et d’autre
de l’épicondyle (Fig. 15). L’abord peut être de chaque côté élargi, Elle est également plus connue en France sous le nom de voie de
mais si c’est un choix initial, beaucoup préfère utiliser une incision Cadénat ou de l’anconé. L’incision cutanée distale est légèrement
cutanée médiane postérieure (cf. supra). décalée vers l’arrière, en direction du bord postérieur sous-cutané
de l’ulna. Cette voie utilise l’intervalle entre EUC et anconé pour
aborder le versant latéral du coude. Il est plus facile de repérer cet
Voie latérale de Kaplan intervalle en distal et de progresser en proximal vers l’insertion des
deux muscles. Le nerf radial est protégé par l’EUC. L’articulation
Au niveau de l’épicondyle latéral, l’incision cutanée se poursuit est ouverte en avant du LCR de façon identique à précédemment.
en direction du tubercule dorsal du radius (tubercule de Lister). L’extension proximale permet par une fenêtre antérieure
L’abord profond, après incision du fascia superficiel, se fait en d’aborder la palette humérale en extracapsulaire, en relevant en
passant dans l’intervalle musculaire entre l’extenseur commun sous-périosté le brachial et le reste des extenseurs sur l’épicondyle.
des doigts (ECD) et la masse des extenseurs radiaux du carpe (ERC). La capsule antérieure peut être exposée en avant du LCR, jusqu’au
L’articulation huméroradiale peut être abordée en incisant la cap- faisceau antérieur du LCU. En arrière, une fenêtre postérieure per-
sule articulaire et le ligament annulaire, permettant une excellente met d’exposer la face postérieure de la palette et de l’articulation
exposition de la tête radial et du col en avant du LCR. Le princi- en relevant le triceps de l’humérus et en désinsérant, en continuité
pal danger de cette voie est le risque de lésion du NIP qui est très avec lui, l’anconé de l’ulna. Il faut prendre garde au nerf ulnaire
proche, entre les chefs musculaires du muscle supinateur, limi- si la dissection est poussée très médiale. Cette voie permet, en
tant ainsi l’extension distale. La mise en pronation de l’avant-bras préservant le LCR, l’abord de la capsule antérieure, de la colonne
minimise ce risque en l’éloignant du champ opératoire [43, 44] . latérale et de la capsule postérieure. Elle a été reprise par Mansat [33]
Associée à une désinsertion des muscles épicondyliens, c’est la comme lateral column procedure particulièrement utile dans la chi-
voie d’abord du NIP. Cette voie peut être étendue en haut en dés- rurgie des raideurs du coude ainsi que dans les terribles triades,
insérant l’ERC de l’humérus, sachant que le nerf radial passe à sa permettant l’accès au versant latéral du processus coronoïde, à la
face antérieure entre 32 et 50 mm proximal à l’interligne, et en tête radiale et au LCR pour réparer les lésions ostéoligamentaires.
distal l’ECD peut être désinséré sur 40 mm à partir de l’épicondyle En distal, on peut libérer la diaphyse radiale jusqu’à 6 cm en dés-
sans risque pour le NIP. On peut alors aisément en légère flexion insérant le muscle supinateur et en le relevant en bloc avec le
du coude exposer le processus coronoïde [45, 46] . NIP selon Mekhail [47] . Une variation est également possible en

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Figure 18. Voies antérieures.


A. Différentes variantes d’incision cutanée antérieure. 1. Voie parabicipitale latérale ; 2. voie parabicipitale médiale ; 3. voie transversale dans le pli du coude
(peu utilisée).
B. Voie de Henry, temps superficiels. Le biceps brachial est récliné en dedans. Les rameaux musculaires de l’artère récurrente radiale sont liés. Le nerf radial
est repéré. 1. Muscle biceps brachial ; 2. artère récurrente radiale ; 3. nerf radial.
C. Voie antéromédiale. Les vaisseaux brachiaux et le nerf médian ont été réclinés médialement. Le muscle brachial est incisé longitudinalement pour accéder
à la capsule, puis à l’articulation. Le processus coronoïde est exposé. 1. Muscle brachial ; 2. artère brachiale ; 3. nerf médian.

réalisant une ostéotomie de l’épicondyle, qui permet de relever L’incision suit l’axe du bras en regard de la cloison inter-
en bloc les extenseurs et le LCR, mais impose une réinsertion musculaire qu’on palpe le plus souvent au-dessus du processus
transosseuse secondaire. épicondylien médial qui est dans l’axe du bras. Au niveau de
l’interligne, l’incision cutanée est de préférence légèrement déca-
lée en arrière, en regard du nerf ulnaire entre l’épicondyle médial
Voie postérolatérale de Boyd et l’olécrane, afin d’éviter les problèmes cicatriciels. Lors de la dis-
section sous-cutanée, il faut se méfier de la branche dorsale du nerf
Décrite par Boyd en 1940, elle permet l’abord simultané des
cutané antébrachial médial, qui croise de façon variable l’incision
trois articulations du coude : huméro-ulnaire, huméroradiale et
et dont la section est responsable de douleurs névromateuses par-
radio-ulnaire proximale [48] . Elle est de ce fait particulièrement
fois très invalidantes (Fig. 17A). Le nerf ulnaire est facilement
intéressante pour traiter des lésions complexes comme les frac-
repéré et isolé au bras en incisant le fascia qui le recouvre, juste
tures de Monteggia ou les terribles triades [49] . L’incision cutanée
en arrière du septum intermusculaire médial, puis sa dissection
d’environ 8 cm débute juste en arrière de l’épicondyle latéral
se poursuit dans la gouttière épicondylo-olécranienne jusqu’à
au bord latéral du tendon tricipital, puis se poursuit en regard
l’arcade du FUC, puis entre les insertions des chefs ulnaire et
du bord latéral de l’olécrane puis au bord sous-cutané de l’ulna
épicondylien de ce muscle (Fig. 17B). À ce niveau, on veille
jusqu’à sa jonction du tiers supérieur et moyen selon la distance
à respecter sa branche proximale d’innervation. L’abord articu-
à aborder. Le fascia est incisé longitudinalement en regard de
laire est possible en rabattant en bas et en avant les muscles
l’intervalle entre anconé et ulna, puis l’anconé et l’EUC sont dés-
épicondyliens médiaux qui peuvent être détachés en bloc de
insérés en sous-périosté de l’ulna de proximal en distal, et relevés
leur insertion humérale par une ostéotomie de l’épicondyle, en
vers l’avant en masse en respectant le pédicule vasculaire distal.
ayant au préalable préparé le trajet de la vis pour sa réinser-
L’insertion ulnaire du muscle supinateur peut alors être désinsérée
tion. On préfère actuellement les désinsérer en sous-périosté, ce
afin d’écarter le muscle en avant, sa masse protégeant le NIP. La
qui permet une exposition identique de la partie médiale de
partie latérale de l’ulna et le radius proximal sont exposés (Fig. 16).
l’articulation huméro-ulnaire, du processus coronoïde [50] et du
LCU. Le nerf ulnaire est écarté en arrière avec le FUC, mais sa mobi-
lisation antérieure permet d’accéder à la capsule postérieure si
 Voies médiales nécessaire.
L’extension de cette voie est possible en dehors en désinsérant
Elles sont moins utilisées que les voies latérales pour aborder le muscle brachial sur l’humérus, en distal en se prolongeant vers
l’articulation. Elles trouvent leurs indications dans la pathologie la crête ulnaire ou en proximal par la voie médiale de l’humérus,
du nerf ulnaire, les lésions du LCU et les fractures du proces- dite « voie des vaisseaux ».
sus coronoïde. Elles sont souvent associées à une voie latérale L’abord isolé du processus coronoïde peut se faire de façon plus
dans les arthrolyses à ciel ouvert. L’essor de la chirurgie arthrosco- limitée : Hotchkiss [51] propose d’aborder la coronoïde over the
pique en a limité les indications (synovectomies, ablation de corps top en désinsérant les muscles épicondyliens (fléchisseurs et pro-
étrangers). Le patient est installé en décubitus dorsal, le membre nateur) de leur insertion humérale. Les muscles fléchisseurs sont
supérieur reposant sur une table à bras. disséqués longitudinalement en distal en préservant la partie pos-
L’abord médial du coude peut se faire par extension d’une voie térieure du FUC dont on a laissé intact le chef d’insertion huméral
postérieure, mais une voie médiale pure est préférée, sachant que (Fig. 17C). Huh et al. ont montré que l’abord dans l’intervalle
son exposition est limitée par l’impossibilité de s’agrandir vers entre les deux faisceaux du FUC (FUC-Split) offrait un jour trois
l’avant-bras. fois plus important [52] .

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Tableau 2.
Tableau récapitulatif des voies d’abord du coude.
Abord Voie Gestes Avantages Inconvénients Dangers
Postérieur Transolécranienne Ostéosynthèse de Exposition excellente Ostéotomie de l’olécrane Nerf ulnaire
l’humérus distal Perte du contre-moule Nerf radial (relèvement
olécranien du triceps)
Transtricipitale Ostéosynthèse de Exposition large Dévascularisation de Nerf ulnaire
longitudinale l’humérus distal Extensions distale l’olécrane (?) Fragilisation Nerf radial (extension
Arthroplasties (ulna) et proximale de l’appareil extenseur proximale)
(humérus) possibles
Postéromédiale de Ostéosynthèse de Exposition large Fragilisation de l’appareil Nerf ulnaire
Bryan-Morrey l’humérus distal extenseur
Arthroplasties
Paratricipitale selon Ostéosynthèse de Respect de l’intégrité de Exposition limitée par le Nerf ulnaire
Schildhauer l’humérus distal l’appareil extenseur triceps, accès alternatif
dans les fenêtres latérale et
médiale
Postérolatérale élargie Ostéosynthèse de Exposition de la Désinsertion du tendon Nerf ulnaire
de Kocher l’humérus distal colonne latérale, de tricipital dans la Nerf radial
Arthrolyses l’articulation modification de la Mayo
huméroradiale Accès à Faiblesse tricipitale
la capsule articulaire
antérieure et
postérieure
O’Driscoll (TRAP) Ostéosynthèse de Exposition large Désinsertion du tendon Nerf ulnaire
l’humérus distal tricipital Nerf radial (relèvement
Arthroplasties Faiblesse tricipitale du triceps)
Latéral Kaplan, Kocher Ostéosynthèse colonne Extension proximale Proximité du NIP au Nerf radial
latérale, capitulum, tête exposant la colonne niveau du col du radius. NIP
radiale. Arthroplastie tête latérale Mise de l’avant-bras en
radiale, arthrolyse pronation pour éloigner le
Réparation LCR nerf lors de la désinsertion
du muscle supinateur
Postérolatérale de Boyd Lésions complexes : terrible Accès à l’olécrane, la Proximité du NIP au NIP
triade tête radiale et la niveau du col du radius.
Fracture de Monteggia coronoïde Risque de synostose radio
-ulnaire
Médial Médiale (Hotchkiss) Réparation LCU, lésions du Abord du nerf ulnaire Exposition limitée Nerf cutané
nerf ulnaire, ostéosynthèse Abord direct de la Élargissement par antébrachial médial
de la coronoïde, arthrolyse coronoïde ostéotomie du condyle Nerf ulnaire
médial
Antérieur Antérolatérale d’Henry Fracture du capitulum Extension distale Exposition limitée Nerf cutané
Lésion du nerf radial Proximité du NIP antébrachial latéral
Réinsertion du tendon Nerf radial, NIP
bicipital
Antéromédiale Abord artère brachiale, nerf Abord direct Abord très limité, Nerf cutané
médian, coronoïde, surface proximité avec les antébrachial médial
articulaire antérieure vaisseaux et nerfs Artère brachiale, nerf
médian

TRAP : triceps reflecting anconeus pedicle approach ; NIP : nerf interosseux postérieur ; LCR : ligament collatéral radial ; LCU : ligament collatéral ulnaire.

Le nerf ulnaire reste habituellement en arrière, mais Ring et Jupi- Voie antérolatérale d’Henry
ter préfèrent, pour aborder la coronoïde et le LCU, le transposer
en avant et le récliner avec l’ensemble des muscles fléchisseurs- Elle présente une incision cutanée en « baïonnette » : la branche
pronateur [53, 54] . proximale commence 7 à 8 cm au-dessus du pli du coude, au bord
Jost propose une voie médiale élargie combinant les avantages latéral du biceps, puis transversale parallèle au pli de flexion et
de l’accès over the top de la coronoïde avec l’abord complet de la branche distale s’engage au milieu de l’avant-bras sur 5 cm au
l’ulna médiale en respectant le plan internerveux entre FUC et les plus (Fig. 18A). Rappelons que c’est à ce niveau que le nerf cutané
muscles fléchisseurs-pronateur [55] . latéral de l’avant-bras perfore le fascia antébrachial pour devenir
superficiel et est particulièrement vulnérable dans cet abord. La
dissection profonde passe dans l’intervalle entre muscle brachia-
lis et muscle brachioradialis, où le nerf radial est identifié et suivi
 Voies d’abord antérieures jusqu’à sa bifurcation (Fig. 18B). L’artère récurrente radiale est liga-
turée et l’artère radiale est réclinée en dedans avec le muscle rond
Elles sont rarement utilisées du fait de la densité des structures pronateur, sans traction excessive, le coude étant semi-fléchi et
vasculonerveuses de la région. Elles offrent une exposition limi- en supination maximale. La capsule articulaire est incisée pour
tée adaptée à des gestes localisés, comme les réinsertions distales aborder le capitulum.
du biceps, la chirurgie du tunnel radial, ou l’abord de lésions vas- Si le radius proximal doit être exposé, le NIP est à haut risque.
culaires, nerveuses ou osseuses spécifiques. L’installation est en Soit le nerf radial est disséqué jusqu’à sa bifurcation entre branche
décubitus dorsal, le membre reposant en supination sur une table sensitive antérieure et NIP dans le muscle supinateur pour le
à bras. contrôler, soit en supination complète, le muscle supinateur est

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44-320  Voies d’abord du coude (en dehors de l’arthroscopie)

désinséré du radius à son origine, et relevé avec précaution, son [13] Athwal GS, Rispoli DM, Steinmann SP. The anconeus flap transolecra-
corps protégeant le NIP. non approach to the distal humerus. J Orthop Trauma 2006;20:282–5.
La remise en pronation permet de dérouler le radius proximal. [14] Uhl RL, Larosa JM, Sibeni T, Martino LJ. Posterior approaches to the
On veille à ne pas refermer les fascias dans cet abord. Cette voie humerus: when should you worry about the radial nerve? J Orthop
peut être étendue en distal jusqu’au poignet. Trauma 1996;10:338–40.
[15] Zhang C, Zhong B, Luo CF. Comparing approaches to expose type
C fractures of the distal humerus for ORIF in elderly patients: six
Voie antéromédiale ou anté-ulnaire years clinical experience with both the triceps-sparing approach and
olecranon osteotomy. Arch Orthop Trauma Surg 2014;134:803–11.
Elle a une incision similaire, mais la branche proximale est au [16] Coles CP, Barei DP, Nork SE, Taitsman LA, Hanel DP, Bradford Hen-
bord médial du biceps. Le nerf cutané latéral antébrachial doit être ley M. The olecranon osteotomy: a six-year experience in the treatment
respecté, il est plus facilement identifié lorsqu’il perfore le fascia of intraarticular fractures of the distal humerus. J Orthop Trauma
à environ 3 cm au-dessus de l’épicondyle médial. La dissection 2006;20:164–71.
profonde est variable selon les structures à aborder et le tendon du [17] Gainor BJ, Moussa F, Schott T. Healing rate of transverse osteotomies
biceps est le meilleur repère, définissant trois intervalles : central of the olecranon used in reconstruction of distal humerus fractures. J
entre le biceps et le paquet vasculonerveux (artère brachiale et South Orthop Assoc 1995;4:263–8.
nerf médian), latéral en dehors du biceps et médial en dedans [18] Schmidt-Horlohe K, Wilde P, Bonk A, Becker L, Hoffmann R. One-
des vaisseaux. Par ces fenêtres, les structures antérieures du coude third tubular-hook-plate osteosynthesis for olecranon osteotomies in
peuvent être abordées directement. Par cette voie, un abord direct distal humerus type-C fractures: a preliminary report of results and
complications. Injury 2012;43:295–300.
de la coracoïde peut se faire à travers le muscle brachial [56, 57] .
[19] Campbell W. Campbell’s operative orthopaedics. St Louis, MO:
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La multiplicité des voies d’abord et leurs risques respectifs de respectant l’appareil extenseur. Son intérêt dans la synthèse des frac-
complications imposent au chirurgien qui pratique la chirurgie tures de la palette humérale. J Chir 1986;123:746–8.
du coude d’avoir une connaissance précise de l’anatomie régio- [22] Gschwend N, Loehr J, Ivosevic-Radovanovic D, Scheier H, Munzinger
nale. Si celle-ci va dicter, en fonction des lésions, le choix des voies U. Semiconstrained elbow prostheses with special reference to the GSB
d’abord, l’expérience et les habitudes du chirurgien jouent égale- III prosthesis. Clin Orthop 1988;232:104–11.
ment un rôle essentiel pour privilégier un abord plutôt qu’un autre [23] Ziran BH, Smith WR, Balk ML, Manning CM, Agudelo JF. A true
(Tableau 2). L’incision cutanée médiane postérieure, avec toutes triceps-splitting approach for treatment of distal humerus fractures: a
preliminary report. J Trauma 2005;58:70–5.
ses variantes de dissection profonde et de possibilités d’extension,
[24] Axelrod TS. Exposures of the elbow. Hand Clin 2014;30:415–25, v.
permet de traiter la plupart des lésions du coude, traumatiques ou [25] Bryan RS, Morrey BF. Extensive posterior exposure of the elbow. A
dégénératives et est qualifiée de « voie universelle ». Si les voies triceps-sparing approach. Clin Orthop 1982;166:188–92.
latérales ou médiales ont des indications limitées, leurs possibili- [26] Iselin LD, Mett T, Babst R, Jakob M, Rikli D. The triceps reflecting
tés d’extension doivent être maîtrisées pour répondre à l’éventail approach (Bryan-Morrey) for distal humerus fracture osteosynthesis.
des lésions traumatiques ou de la chirurgie des raideurs. Cer- BMC Musculoskelet Disord 2004;15:406.
taines voies limitées ont vu leur intérêt décroître, supplantées par [27] Chen G, Liao Q, Luo W, Li K, Zhao Y, Zhong D. Triceps-sparing versus
l’émergence des techniques arthroscopiques. olecranon osteotomy for ORIF: analysis of 67 cases of intercondylar
fractures of the distal humerus. Injury 2011;42:366–70.
[28] Pierce TD, Herndon JH. The triceps preserving approach to total elbow
Déclaration de liens d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens arthroplasty. Clin Orthop 1998;354:144–52.
d’intérêts en relation avec cet article. [29] Hildebrand KA, Patterson SD, Regan WD, MacDermid JC, King GJ.
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14 EMC - Techniques chirurgicales - Orthopédie-Traumatologie

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Voies d’abord du coude (en dehors de l’arthroscopie)  44-320

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J.-M. Féron, Professeur des Universités, Praticien Hospitalier (jean-marc.feron@aphp.fr).


Service de chirurgie orthopédique et traumatologique, Hôpitaux universitaires Est Parisien Saint-Antoine, Université Pierre et Marie Curie (UMPC), 184, rue
du Faubourg-Saint-Antoine, 75012 Paris, France.
C. Dumontier, Professeur des Universités.
Urgence Main Guadeloupe, Clinique Les eaux claires, ZAC Moudon Sud, 97122 Baie-Mahault, Guadeloupe.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Féron JM, Dumontier C. Voies d’abord du coude (en dehors de l’arthroscopie). EMC - Techniques
chirurgicales - Orthopédie-Traumatologie 2018;13(1):1-15 [Article 44-320].

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Iconosup 19
Fracture sus- et intercondylienne : abord par voie d'O'Driscoll, triceps reflecting anconeus pedicle approach (TRAP) (a, b). 1.
Appareil extenseur récliné en haut ; 2. l'anconé est détaché en sous-périosté de l'ulna proximale ainsi que les fibres de Sharpey du
tendon tricipital sur l'olécrane ; 3. anconé ; 4. tendon tricipital.
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Iconosup 20
Voie d'O'Driscoll modifiée par Habib (olecranon flip osteotomy).
a. Exposition et réduction provisoire d'une fracture sus- et intercondylienne de l'humérus. 1. Baguette osseuse olécranienne avec
l'insertion de l'anconé.
b. Ostéosynthèse par deux plaques.
c. Réinsertion transosseuse de la baguette. 1. Triceps ; 2. anconé.
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Iconosup 21
Voie de Schildhauer. Fracture de l'humérus distal (C3) avec comminution de l'épicondyle et du capitulum.
a à c. Vue opératoire des fenêtres latérales (a, b) et médiale (c).
d. Ostéosynthèse par deux plaques, noter le nerf ulnaire sur lacs.
e, f. Radiographies postopératoires.
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Iconosup 22
Voie de Kocher pour ostéosynthèse de la tête radiale.
a. Installation sur table à bras.
b. Exposition du ligament annulaire.
c. Exposition de la fracture après capsulotomie.
d. Réduction de la fracture.
e. Ostéosynthèse par vis.
f, g. Radiographies postopératoires.
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