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12 leçons sur l’Europe

12 leçons
sur l’Europe
par Pascal Fontaine,
ancien collaborateur de Jean Monnet et professeur
à l’Institut d’études politiques de Paris

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Sommaire

12 leçons sur l’Europe


1. L’Union européenne: pourquoi? 4

2. Dix grandes étapes 8

3. L’élargissement et la politique de voisinage 12

4. Comment fonctionne l’Union? 16

5. Que fait l’Union? 22

6. Le marché intérieur 28

7. L’Union économique et monétaire et l’euro 32

Vers une société de l’information


8. et de la connaissance 36

9. L’Europe des citoyens 40

Une Europe de liberté, de sécurité


10. et de justice 44

Quel rôle pour l’Union européenne


11. dans le monde? 48

12. Quel avenir pour l’Europe? 54

Chronologie de la construction européenne 58

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1. L’Union européenne:
pourquoi?

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e
L’Europe, au XXI siècle, a pour mission:

12 leçons sur l’Europe


• de garantir la paix;

• de consolider la réunification du continent;

• d’assurer la sécurité de ses citoyens;

• de favoriser le développement économique et social et de faire face


avec succès aux défis de la mondialisation;

• de préserver l’identité des peuples européens et de respecter leur diversité;

• de faire rayonner les valeurs auxquelles sont attachés les Européens, tels
le développement durable, les droits de l’homme, l’économie sociale
de marché.

I. La paix Autorité, la production du charbon et de


l’acier de pays autrefois ennemis avait une
Avant qu’elle ne se concrétise en un vérita- grande portée symbolique. Les matériaux de
ble projet politique, l’idée européenne resta la guerre se transformaient en instruments de
limitée au cercle des philosophes et des vi- réconciliation et de paix.
sionnaires. La perspective des «États-Unis
d’Europe», selon la formule de Victor Hugo,
correspondait à un idéal humaniste et paci- II. La réunification
fique. Les tragiques conflits qui brisèrent le
e
du continent européen
continent durant la première moitié du XX
siècle lui ont apporté un brutal démenti. L’Union européenne (UE) a favorisé l’unifi-
cation allemande après la chute du mur de
Il a fallu attendre les réflexions issues des Berlin en 1989. Tout naturellement, après
mouvements de résistance au totalitarisme, la décomposition de l’Empire soviétique en
pendant la Seconde Guerre mondiale, pour 1991, les anciens pays communistes d’Eu-
voir émerger un nouvel espoir: dépasser les rope centrale et orientale, soumis pendant
antagonismes nationaux, créer les conditions des décennies à la tutelle autoritaire du
d’une paix durable. Une poignée d’hommes pacte de Varsovie, ont à leur tour retrouvé au
d’État courageux, tels Robert Schuman, Kon- sein de la famille démocratique européenne
rad Adenauer, Alcide De Gasperi, Winston la maîtrise de leur destin.
Churchill, se sont engagés entre 1945 et
1950 pour convaincre leurs peuples d’entrer Ce processus se poursuit aujourd’hui avec la
dans une ère nouvelle: celle d’une organisa- candidature de plusieurs pays de la région
tion structurée de l’Europe de l’Ouest fondée des Balkans, et l’ouverture de négociations
sur des intérêts communs, garantie par des avec la Croatie ainsi qu’avec la Turquie en
traités assurant l’égalité de chaque État et le octobre 2005.
respect du droit.

Robert Schuman (ministre des affaires étran- III. La sécurité


gères du gouvernement français) a repris une
e
idée de Jean Monnet et, le 9 mai 1950, a L’Europe du XXI siècle reste confrontée aux
proposé la création d’une Communauté défis de la sécurité. L’UE doit garantir effica-
européenne du charbon et de l’acier (CECA). cement la sécurité des États qui la composent.
Placer sous une autorité commune, la Haute Elle doit travailler de manière constructive

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avec les régions se situant sur ses frontières: La solidarité est le corollaire nécessaire à ce
le sud de la Méditerranée, les Balkans, le Cau- grand espace de libre concurrence. Elle s’il-
case, le Moyen-Orient. Elle doit également lustre de façon concrète pour les citoyens:
protéger ses intérêts militaires et stratégiques quand ceux-ci sont les victimes d’inondations
à travers ses alliances, telle l’Alliance atlan- ou d’autres catastrophes naturelles, le bud-
tique en particulier, et l’émergence d’une vé- get de l’UE dégage des crédits d’aide aux si-
ritable politique européenne de sécurité et de nistrés. En plus, le vaste marché continental
défense commune (PESD). de 500 millions de consommateurs doit être
profitable au plus grand nombre d’acteurs
Sécurité intérieure et sécurité extérieure sont économiques et sociaux. Les Fonds structurels
les deux faces de la même médaille: la lutte gérés par la Commission agissent en complé-
contre le terrorisme et la criminalité organisée ment et en incitation aux interventions des
impose une coopération étroite entre les ser- États et des régions pour réduire les écarts de
vices de police des États membres. La consti- développement. L’UE, à travers le budget de
tution d’un «espace de liberté, de sécurité et l’Union et les crédits de la Banque européen-
de justice» au sein de l’UE, où chaque citoyen ne d’investissement (BEI), favorise l’extension
est protégé par la loi et a le même accès à la des infrastructures de transport (autoroutes,
justice, ouvre un nouveau chantier qui exige trains à grande vitesse) qui ont pour effet de
une coordination accrue des actions des gou- désenclaver les régions périphériques et de
vernements. Des organes tels qu’Europol, le stimuler les échanges transeuropéens.
système de police européen, ou Eurojust, qui
promeut la coordination entre les procureurs,
les juges et les officiers de police des États V. L’identité des Européens dans le
membres, sont également appelés à renforcer monde et dans l’Union européenne
leur rôle et leurs moyens d’intervention.
Les sociétés postindustrielles européennes
deviennent de plus en plus complexes. Les ci-
IV. La solidarité économique toyens ont connu une élévation continue de
et sociale leur niveau de vie, mais des écarts importants
subsistent et peuvent même s’accroître avec
L’Europe s’est construite sur la base d’objec- l’adhésion des anciens pays communistes.
tifs politiques. Mais ce sont des fondements C’est pour cela qu’il est important que les
économiques qui lui ont donné sa dynami- pays membres de l’UE travaillent ensemble
que et assuré son succès. pour résoudre leurs problèmes.

Pour assurer la croissance et faire face à la Toutefois, ces efforts ne sont pas accomplis
concurrence mondiale, dans un siècle où aux dépens de l’identité culturelle et lin-
les tendances démographiques privilégient guistique distincte des pays de l’Union. Au
d’autres continents, les pays européens doi- contraire, de nombreuses activités de l’Union
vent continuer à s’unir. Pris isolément, aucun contribuent à créer une nouvelle croissance
de nos États n’est en mesure de faire suffisam- économique fondée sur les particularités ré-
ment le poids pour défendre ses intérêts dans gionales et la grande diversité des traditions
le commerce mondial. De même, les straté- et des cultures.
gies commerciales et les investissements des
entreprises européennes ont besoin d’un es- À terme, tous les pays participant à l’Union
pace plus vaste que le marché national pour sont gagnants. On se rend compte, après un
bénéficier des économies d’échelle et trouver demi-siècle d’intégration européenne, que
de nouveaux clients. L’UE a favorisé l’ouver- l’ensemble de l’Union pèse beaucoup plus sur
ture d’un grand marché unique: elle s’emploie les plans économique, social, technologique,
à faire disparaître les obstacles aux échanges commercial mais aussi politique que la sim-
et les rigidités administratives qui entravent ple addition des États membres. Il y a bien
l’action des acteurs économiques. une valeur ajoutée européenne, une prime à
l’action commune.

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© Sylvain Grandadam/Van Parys Media

Unie dans la diversité — un panneau bilingue d’une rue de Malte.

Pourquoi? VI. Les valeurs


• Parce que l’Europe est la première puis- L’Union veut promouvoir une vision huma-
sance commerciale du monde et joue, à ce niste et progressiste de l’homme, placé au
titre, un rôle déterminant dans les négocia- cœur d’une révolution de la planète, qu’il lui
tions internationales, telles que l’Organi- appartient de maîtriser et non de subir. Les
sation mondiale du commerce (OMC), qui seules forces du marché ou le recours à l’ac-
réunit 149 pays membres et dans la mise tion unilatérale ne peuvent garantir la satis-
en œuvre du protocole de Kyoto sur la faction des besoins des peuples.
pollution atmosphérique et les changements
climatiques. L’UE est donc porteuse d’un message et d’un
modèle auxquels ses citoyens adhèrent en
• Parce qu’elle prend position sur les ques- grande majorité. Les droits de l’homme, la
tions sensibles pour le citoyen telles que la solidarité sociale, la liberté d’entreprendre, le
protection de l’environnement, les énergies partage équitable des fruits de la croissance,
renouvelables, le principe de précaution dans le droit à un environnement protégé, le res-
la sécurité alimentaire, l’aspect éthique de la pect des diversités culturelles, linguistiques
biotechnologie, la sauvegarde des espèces et religieuses, l’harmonieuse synthèse entre
animales menacées, etc. la tradition et le progrès constituent pour
les Européens un véritable patrimoine de
• Parce qu’elle a su lancer des initiatives valeurs.
positives au sommet de Johannesburg sur le
développement durable en 2002. La Charte des droits fondamentaux de l’UE,
proclamée à Nice en décembre 2000, énu-
Le vieil adage «l’union fait la force» garde mère tous ceux dans lesquels les vingt-cinq
aujourd’hui son sens pour les Européens. États membres et les citoyens se reconnais-
D’autre part, l’Union n’a pas pour effet d’uni- sent aujourd’hui. Ce patrimoine rassemble les
formiser les modes de vie, les traditions et les Européens quand ils se comparent au reste
valeurs propres à chacun des peuples qui la du monde. Par exemple, la peine de mort est
composent; elle fait de la diversité une de ses abolie dans tous les pays de l’Union.
valeurs essentielles.

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2. Ten historic steps

2. Dix grandes étapes

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1951: Naissance de la Communauté européenne du charbon
et de l’acier (CECA) entre les six pays fondateurs

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1957: Traités de Rome instituant un marché commun

1973: Les Communautés passent à neuf membres et développent


leurs politiques communes

1979: Premières élections européennes au suffrage universel direct

1981: Premier élargissement méditerranéen

1993: Ouverture du grand marché intérieur

1993: Entrée en vigueur du traité de Maastricht


qui institue l’Union européenne

1995: L’Union compte quinze membres

2002: Mise en circulation de l’euro

2004: Dix nouveaux pays membres entrent dans l’Union

1. Le 9 mai 1950, la déclaration Schu- d’Allemagne, France, Italie, Luxembourg et


man, instituant une Communauté euro- Pays-Bas). La Communauté a d’abord été
péenne du charbon et de l’acier (traité de une entreprise de paix, puisqu’elle est par-
Paris du 18 avril 1951), limite sa première venue à associer dans un ensemble institu-
réalisation à l’ouverture du marché commun tionnel régi par le principe d’égalité les vain-
du charbon et de l’acier entre les six États queurs et les vaincus de la dernière guerre
fondateurs (Belgique, République fédérale intraeuropéenne.
© CE

Le 9 mai 1950, Robert Schuman, ministre français des affaires étrangères, présente publiquement
les idées qui sont à l’origine de la création de l’Union européenne. Le 9 mai marque donc l’anniversaire
de l’UE.

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2. Les six États membres décidèrent le 4. En juin 1979, la première élection au
25 mars 1957 (traité de Rome) de construi- suffrage universel direct du Parlement
re une Communauté économique euro- européen fait franchir à la Communauté
péenne (CEE) sur la base d’un marché européenne un pas décisif. Les élections se
commun plus large, couvrant toute une tiennent tous les cinq ans.
gamme de biens et de services. Les droits de
douane industriels sont totalement éliminés 5. En 1981, l’adhésion de la Grèce et, en
le 1er juillet 1968 et les politiques commu- 1986, celles de l’Espagne et du Portugal ren-
nes, principalement la politique agricole et forcent le flanc sud des Communautés, tout
la politique commerciale, seront mises en en rendant plus impérative la mise en œuvre
place durant cette décennie. de programmes de solidarité régionale.

3. Les succès des Six décident le Danemark, 6. Un certain «europessimisme» sévit au


l’Irlande et le Royaume-Uni à les rejoindre. début des années 80, alimenté par les effets
Le premier élargissement, qui fait passer les de la crise économique mondiale. Pourtant,
Communautés de six à neuf membres en à partir de 1985 naît un nouvel espoir de
1973, s’accompagne aussi de la mise en relance de la dynamique européenne. Sur
œuvre de nouvelles politiques sociale, en- la base d’un livre blanc, présenté en 1985
vironnementale, régionale — avec la créa- par la Commission présidée par Jacques
tion du Fonds européen de développement Delors, la Communauté décide d’achever
régional (FEDER), en 1975. la construction du grand marché intérieur
er
pour le 1 janvier 1993. Cet objectif am-
bitieux et cette date sont consacrés dans

© Reuters

Chute du mur de Berlin en 1989 et disparition progressive des barrières qui divisaient le continent
européen.

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l’Acte unique européen, signé en février Il faut faire face ensemble à la concurrence
er
1986 et entré en vigueur le 1 juillet 1987 des États-Unis et des pays nouvellement in-
dustrialisés. Il faut favoriser l’innovation et

12 leçons sur l’Europe


7. La chute du mur de Berlin, suivie de la les investissements dans les entreprises et
réunification allemande en octobre 1990, et adapter les systèmes éducatifs à la société
la démocratisation des pays d’Europe cen- de l’information.
trale et orientale, libérés de la tutelle de
l’Union soviétique, elle-même dissoute en Les réformes sont d’autant plus nécessaires
décembre 1991, transforment profondé- que les défis du chômage et du coût crois-
ment la structure politique du continent. sant des régimes de retraites pèsent de la
même manière sur les économies des États
Les États membres négocient un nouveau membres. L’opinion publique attend de plus
traité sur l’Union européenne, dont les en plus des gouvernements qu’ils apportent
lignes directrices sont fixées par le Conseil des solutions pratiques à ces défis.
européen, composé des chefs d’État ou de
gouvernement des États membres, à Maas- 10. À peine constituée, l’Europe des Quinze
tricht, en décembre 1991. Le traité entre en entame la marche vers un nouvel élargis-
er
vigueur le 1 novembre 1993. En ajoutant sement d’une ampleur sans précédent. Les
au système communautaire un système de anciennes «démocraties populaires» du bloc
coopération intergouvernementale dans soviétique (la Bulgarie, la Hongrie, la Polo-
certains domaines, le traité crée l’Union gne, la République tchèque, la Roumanie et
européenne. la Slovaquie), les trois États baltes issus de
la décomposition de l’Union soviétique (l’Es-
8. Ce nouvel élan et l’évolution de la tonie, la Lettonie et la Lituanie), l’une des
géopolitique du continent conduisent trois Républiques de l’ex-Yougoslavie (la Slové-
nouveaux pays à entrer dans l’Union le nie) et deux pays méditerranéens (Chypre et
1er janvier 1995: l’Autriche, la Finlande et Malte) frappent à la porte de l’UE au milieu
la Suède. des années 90.

9. Désormais, l’Union des Quinze pour- Le désir de stabilité du continent et l’as-


suit sa marche vers le projet le plus spec- piration à étendre le bénéfice de l’unifica-
taculaire qu’elle puisse offrir aux citoyens: tion européenne à ces jeunes démocraties
le remplacement de leur monnaie nationale favorisent leur démarche. Les négociations
er
par l’euro. Le 1 janvier 2002, la monnaie d’adhésion sont ouvertes à Luxembourg en
européenne circule dans les douze pays de décembre 1997. L’Europe des Vingt-cinq de-
er
la zone euro et prend le statut de grande vient une réalité le 1 mai 2004. La Bulga-
monnaie de paiement et de réserve à côté rie et la Roumanie suivent le mouvement le
er
du dollar. 1 janvier 2007.

Les Européens doivent faire face ensemble


aux multiples défis de la mondialisation.
L’accélération des progrès technologiques
et l’utilisation toujours grandissante de l’in-
ternet participent à la modernisation des
économies. Mais les profondes mutations
que subit le tissu économique entraînent
également des déchirures sociales et des
chocs culturels.

La «stratégie de Lisbonne» adoptée par


l’Union en mars 2000 s’est fixé pour objectif
d’adapter l’économie européenne aux nou-
velles conditions de l’économie mondiale.

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3. L’élargissement
et la politique de voisinage

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• L’Union européenne est ouverte à tous les États européens qui remplis-
sent les critères démocratiques, économiques et politiques nécessaires.

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• À la suite de plusieurs vagues d’élargissement, l’Union est passée de
6 à 27 États membres. D’autres pays encore sont candidats à l’adhésion.

• L’Union européenne, avant de conclure à l’unanimité tout nouveau traité


d’adhésion, doit vérifier sa propre capacité d’absorption et de fonctionne-
ment de ses institutions.

• Les élargissements successifs ont eu pour effet de renforcer la démocratie,


de stabiliser la sécurité du continent et d’élargir son potentiel d’échanges
et de croissance économique.

I. La réunification du continent c. D’autres candidats


La Turquie, membre de l’Organisation du
a. L’Europe des Vingt-cinq traité de l’Atlantique Nord (OTAN), pays
Le Conseil européen, réuni en décembre associé à la Communauté européenne de-
2002 à Copenhague, a fait franchir au pro- puis 1963 et candidat à l’adhésion depuis
cessus d’unification européenne l’une des 1987. Sa situation géographique et son
étapes les plus importantes de toute son histoire politique ont longtemps fait hésiter
histoire. En décidant de faire adhérer dix l’Union à donner une réponse positive à sa
er
nouveaux pays à partir du 1 mai 2004, demande. Finalement, le Conseil européen
les Quinze n’ont pas seulement élargi la a ouvert, en octobre 2005, les négociations
surface géographique ni accru le nombre d’adhésion, en même temps qu’à un autre
de citoyens de l’Union européenne. Ils ont pays candidat, la Croatie. Aucune date
mis fin à la coupure brutale du continent, n’est actuellement fixée pour l’éventuelle
divisé depuis 1945 entre le monde libre et entrée en vigueur d’un traité d’adhésion de
le monde communiste. ces deux pays à l’issue des négociations
d’adhésion.
Ce cinquième élargissement a une portée
politique et morale. Il a permis à des pays d. Les pays des Balkans occidentaux
également européens, de par leur situation Principalement originaires de l’ex-Yougo-
géographique, leur culture, leur histoire, slavie, ces pays se tournent également vers
leurs aspirations, tels que la République l’Union européenne pour accélérer leur re-
tchèque, l’Estonie, Chypre, la Lettonie, la Li- construction économique, la normalisation
tuanie, la Hongrie, Malte, la Pologne, la Slo- de leurs relations mutuelles longtemps
vénie et la Slovaquie, de rejoindre la famille meurtries par des guerres ethniques, na-
démocratique européenne et de partager le tionales et religieuses, et consolider leurs
grand dessein des pères fondateurs. institutions démocratiques. L’Union euro-
péenne a accordé le statut de «pays can-
b. Les nouvelles adhésions didat» à l’ancienne République yougoslave
La Bulgarie et la Roumanie sont devenues de Macédoine en décembre 2005. Les pays
candidates à l’adhésion en 1995. Pour ces potentiellement candidats sont l’Albanie, la
deux pays, le processus a duré plus long- Bosnie-et-Herzégovine, le Monténégro et la
temps que pour les dix autres, mais ils ont Serbie.
finalement rejoint l’Union européenne le
1er janvier 2007, portant le nombre d’États
membres de l’UE à vingt-sept.

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II. Les conditions d’adhésion les États membres et les États adhérents
selon leurs procédures constitutionnelles
a. Les critères juridiques respectives.
La construction européenne s’est toujours
présentée comme un processus politique Les pays candidats se voient offrir durant les
et économique ouvert à tous les pays euro- années de négociations des aides qui facili-
péens disposés à adhérer aux traités consti- tent leur rattrapage économique. En ce qui
tutifs et à reprendre l’acquis communau- concerne l’élargissement de 2004, la stra-
taire. L’article 237 du traité de Rome sti- tégie de préadhésion comprenait un volet
pule: «Tout État européen peut demander à financier d’un montant total de 41 milliards
devenir membre de la Communauté.» d’euros destinés essentiellement à financer
des actions structurelles permettant aux
L’article F du traité de Maastricht ajoute nouveaux pays de faire face à leurs obliga-
que les États membres ont des systèmes de tions de nouveaux membres.
gouvernance fondés sur des principes démo-
cratiques.
III. L’Union européenne, jusqu’où?
b. Les «critères de Copenhague»
En 1993, face à la demande des ex-États com- a. Frontières géographiques
munistes à faire partie de l’Union, le Conseil Les débats qui ont accompagné dans la
européen a précisé trois critères à remplir pour plupart des pays membres la ratification du
adhérer à l’Union. Au moment de son adhé- traité sur la Constitution européenne ont
sion, un pays doit disposer:

• des institutions stables garantissant la


démocratie, la primauté de droit, le respect
des droits de l’homme et des minorités ainsi
que leur protection;

• d’une économie de marché viable capa-


ble de faire face aux pressions concurrentiel-
les et aux forces du marché à l’intérieur de
l’Union;

• de la capacité à assumer les obligations © Inger Hogstrom/Van Parys Media


découlant de l’adhésion, et notamment à
souscrire aux objectifs de l’Union. Le pays
doit aussi disposer d’une administration
publique capable d’appliquer la législation
européenne.

c. Le processus d’adhésion
Les négociations d’adhésion ont lieu entre
chaque pays candidat et la Commission
européenne, qui représente l’Union euro- La «Perle de l’Adriatique», Dubrovnik en Croatie.
péenne. La décision de faire entrer un nou-
vel État membre dans l’Union doit être prise montré les interrogations des opinions euro-
à l’unanimité par les États membres réunis péennes sur la question des frontières fina-
au sein du Conseil, après avis de la Com- les de l’Union européenne et de son iden-
mission. Le Parlement européen doit donner tité. La question ne trouve pas de réponse
son avis conforme à la majorité absolue des simple, d’autant plus que les États membres
membres qui le composent. Tous les traités n’ont pas tous la même perception de leurs
d’adhésion doivent être ensuite ratifiés par intérêts géopolitiques ou économiques.

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Les pays baltes et la Pologne plaident en fa- d’une candidature à l’adhésion, au terme
veur de l’adhésion de l’Ukraine. L’éventuelle d’un processus de négociation, à l’Union
adhésion de la Turquie posera sans doute européenne. Les premiers accords ont

12 leçons sur l’Europe


la question de la place de certains États du été conclus avec la Croatie et l’ancienne
Caucase, comme la Géorgie ou l’Arménie. République yougoslave de Macédoine, et
l’Albanie a suivi. Les autres pays qui pour-
L’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la raient éventuellement devenir candidats à
Suisse ne sont pas membres de l’Union euro- l’adhésion dans ce contexte sont la Bosnie-et-
péenne, bien qu’ils remplissent les conditions Herzégovine, le Monténégro et la Serbie.
d’adhésion, parce que leur opinion publique
n’y consent pas à l’heure actuelle. • Les accords suivant la «politique de
voisinage» concernent les pays de la Médi-
La situation politique du Belarus ainsi que terranée du sud, les pays du Caucase du Sud
la situation stratégique de la Moldova po- et les pays d’Europe orientale qui ne sont
sent toujours un problème. Il est clair que la pas actuellement déclarés comme éligibles
Russie ne peut devenir membre de l’Union à l’Union européenne.
européenne, dans sa configuration politique
actuelle, sans la déséquilibrer politiquement
et géographiquement.

b. Conditions administratives
De plus, les institutions actuelles de l’Union
sont conçues, depuis le traité de Nice de 2003,
pour vingt-sept États membres au maximum.
Tout dépassement de ce chiffre devra faire
l’objet d’une nouvelle négociation intergou-
vernementale définissant les rapports entre
les États membres au sein des institutions.

La capacité de l’Union à fonctionner selon les


principes de base des traités (voir chapitre 4,
«Comment fonctionne l’Union?») est égale-
ment en cause avec plus de trente États. Les
procédures de décision doivent être profon-
dément revues pour éviter la paralysie et per-
mettre de maintenir une capacité d’action.

De plus, des questions aussi sensibles que


l’usage des langues officielles se poseront. En
2007, l’adhésion de la Bulgarie et de la Rou-
manie a porté le nombre de langues officielles
assurées dans l’UE de 21 à 23.

IV. Pays candidats et non candidats


L’Union européenne, pour gérer les relations
qu’elle entretient avec les pays proches,
candidats ou non à l’adhésion, poursuit des
politiques en parallèle:

• les «accords d’association et de sta-


bilisation» (AAS) qui ouvrent la possibilité

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.4. How does the EU work?

4. Comment fonctionne
l’Union?

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• Le Conseil de ministres de l’Union européenne, représentant les États,
est l’institution décisionnelle principale de l’Union. Quand il se réunit

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au niveau des chefs d’État ou de gouvernement il est le Conseil
européen et donne les grandes impulsions politiques de l’Union.

• Le Parlement européen représente les peuples et partage le pouvoir


législatif et budgétaire avec le Conseil.

• La Commission européenne, chargée de définir l’intérêt commun


de l’Union, dispose du droit d’initiative et assure la mise en œuvre
des politiques européennes.

I. Le «triangle décisionnel» européens. C’est le cas notamment des rè-


glements, directives et recommandations
Plus qu’une confédération d’États, moins adoptés par les institutions de l’Union.
qu’un État fédéral, l’Union européenne est
une construction nouvelle qui n’entre pas Ces lois, et de façon plus générale les po-
dans une catégorie juridique classique. Elle litiques de l’Union européenne, sont le ré-
se fonde sur un système politique original sultat de décisions prises par le triangle ins-
en permanente évolution depuis plus de cin- titutionnel reliant le Conseil, représentant
quante ans. les États membres, le Parlement européen,
représentant les peuples, et la Commission,
Les traités (constituant le droit primaire) organe indépendant des États et garante de
sont à l’origine de nombreux actes juridiques l’intérêt général des Européens.
(dits «de droit dérivé») qui ont une incidence
directe sur la vie quotidienne des citoyens a. Le Conseil de l’Union européenne
et le Conseil européen
Le Conseil de l’Union européenne (le Conseil
de ministres) est l’institution décisionnelle
principale de l’Union européenne. Chaque
pays de l’Union en exerce la présidence, par
rotation, pour une durée de six mois. Il réu-
nit les ministres des pays membres de l’UE
selon la matière inscrite à l’ordre du jour:
affaires étrangères, agriculture, industrie,
transports, environnement, etc.

Le Conseil dispose du pouvoir législatif, se-


lon la «procédure de codécision», qu’il par-
tage avec le Parlement européen. Il exerce
également avec le Parlement le pouvoir
budgétaire. Le Conseil arrête les accords
internationaux négociés au préalable par la
Commission.

Selon les traités, les décisions prises au sein


© CE

du Conseil sont délibérées à la majorité sim-


ple, à la majorité qualifiée ou à l’unanimité,
Le Parlement européen: son vote est votre voix. selon les matières.

17
13-03-07.FR-0.2.indd 317 14/03/2007 11:53:06
Nombre de votes au Conseil attribué à chaque pays

Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni 29


Espagne, Pologne 27
Roumanie 14
Pays-Bas 13
Belgique, République tchèque, Grèce, Hongrie, Portugal 12
Bulgarie, Autriche, Suède 10
Danemark, Irlande, Lituanie, Slovaquie, Finlande 7
Estonie, Chypre, Lettonie, Luxembourg, Slovénie 4
Malte 3

Total: 345

Un minimum de 255 votes sur 345 (c’est-à-dire 73,9 %) est requis pour constituer
une majorité qualifiée. En plus:

• toute décision doit être approuvée par une majorité (dans certains cas deux tiers)
des États membres;
• tout État membre peut demander confirmation que le nombre de votes favorables
représente au moins 62 % de la population totale de l’UE.

Dans des domaines essentiels, tels que l’ad- vers la politique étrangère et de sécurité
hésion d’un nouvel État, la modification des commune (PESC), mécanisme de rappro-
traités ou la mise en route d’une nouvelle chement et d’expression d’une diplomatie
politique commune, le Conseil doit statuer commune des États membres.
à l’unanimité.
b. Le Parlement européen
Dans la plupart des autres cas, le Conseil Le Parlement européen est l’organe d’ex-
doit statuer à la majorité qualifiée, c’est- pression démocratique et de contrôle poli-
à-dire qu’une décision du Conseil n’est vala- tique de l’Union qui participe également au
ble que si elle recueille un nombre précis de processus législatif. Depuis 1979, ses mem-
votes favorables. Le nombre de votes dont bres sont élus au suffrage universel tous les
dispose chaque pays est pondéré selon la cinq ans.
taille relative de sa population.
Le Parlement tient normalement ses ses-
Le Conseil européen se réunit en principe sions plénières à Strasbourg et des sessions
quatre fois par an, sous la présidence du supplémentaires à Bruxelles. Ses vingt
chef d’État ou de gouvernement qui exerce commissions, qui préparent les travaux des
la présidence du Conseil de l’Union, et séances plénières, ainsi que les Groupes po-
compte comme membre de droit le prési- litiques, se réunissent la plupart du temps à
dent de la Commission. Bruxelles. Le siège du secrétariat général est
installé à Luxembourg et à Bruxelles.
Le traité de Maastricht a consacré le rôle du
Conseil européen comme centre d’impul-
sion des principales initiatives politiques de
l’Union et organe d’arbitrage des questions
litigieuses qui n’ont pu trouver d’accord au
sein du Conseil de l’Union européenne.

Le Conseil européen aborde également les


problèmes d’actualité internationale à tra-

18
13-03-07.FR-0.2.indd 318 14/03/2007 11:53:15
Nombre de membres au Parlement Le Parlement exerce une fonction législative
européen par pays 2007-2009 auprès de l’Union à trois niveaux:

12 leçons sur l’Europe


Allemagne 99 • à travers la procédure dite «de coopéra-
Autriche 18 tion», introduite par l’Acte unique européen
Belgique 24 entré en vigueur en 1987, il participe à l’éla-
Bulgarie 18 boration des directives et des règlements en
Chypre 6 se prononçant sur les propositions de la Com-
mission européenne, que celle-ci est invitée à
Danemark 14
modifier pour tenir compte de la position du
Espagne 54 Parlement;
Estonie 6
Finlande 14 • depuis 1987 également, la procédure
France 78 dite «d’avis conforme» soumet à la ratifica-
Grèce 24 tion du Parlement la conclusion d’accords
Hongrie 24 internationaux (négociés par la Commis-
Irlande 13 sion) ainsi que tout nouvel élargissement
Italie 78 de l’Union;
Lettonie 9
Lituanie 13 • le traité de Maastricht, signé en 1992,
institue la procédure dite «de codéci-
Luxembourg 6
sion» qui renforce le rôle du Parlement aux
Malte 5 côtés du Conseil dans des domaines
Pays-Bas 27 importants: libre circulation des travailleurs,
Pologne 54 marché intérieur, éducation, recherche, envi-
Portugal 24 ronnement, réseaux transeuropéens, santé,
République tchèque 24 culture, consommateurs… En application
Roumanie 35 de ce pouvoir, le Parlement européen peut,
Royaume-Uni 78 à la majorité absolue de ses membres, rejeter
Slovaquie 14 la position commune, arrêtée par le Conseil
Slovénie 7 et mettre fin à la procédure. Une procédure
Suède 19 de conciliation est néanmoins prévue par
le traité.
Total 785
Les groupes politiques au Parlement européen

Situation
octobre 2006
Total: 785

19
13-03-07.FR-0.2.indd 319 14/03/2007 11:53:15
Le Parlement partage également avec le dans la conduite des politiques communes
Conseil le pouvoir budgétaire: il adopte dont le budget lui est confié: recherche et
le budget de l’Union. Il a aussi la possibi- technologie, aide au développement, cohé-
lité de le rejeter, ce qui s’est déjà produit sion régionale, etc.
à plusieurs reprises. Dans ce cas, toute la
procédure budgétaire est à recommencer. La Commission dispose pour l’assister d’une
Préparé par la Commission, le budget fait la administration, composée de trente-six di-
navette entre le Conseil et le Parlement. Le rections générales (DG) et services, dont
Parlement a pleinement utilisé ses pouvoirs le siège est réparti principalement entre
budgétaires pour influer sur les politiques Bruxelles et Luxembourg.
de l’Union.

Le Parlement est l’organe de contrôle démo- II. Les autres institutions


cratique de l’Union: il dispose du pouvoir de et organes
renverser la Commission en adoptant une
motion de censure à la majorité des deux a. La Cour de justice
tiers. Il contrôle également la gestion quoti- La Cour de justice des Communautés euro-
dienne des politiques communes en posant péennes, dont le siège est fixé à Luxembourg,
des questions orales et écrites à la Com- est composée d’un juge par État membre et
mission et au Conseil. Enfin, le président assistée de huit avocats généraux, qui sont
en exercice du Conseil européen informe le désignés d’un commun accord par les gou-
Parlement des résultats obtenus par cette vernements, pour un mandat de six ans re-
instance. nouvelable. Leur indépendance est garantie.
Le rôle de la Cour est d’assurer le respect du
c. La Commission européenne droit européen et l’interprétation et l’appli-
La Commission européenne est l’un des cation correctes des traités.
organes clés du système institutionnel de
l’Union européenne. Ses membres sont b. La Cour des comptes
nommés pour cinq ans d’un commun accord La Cour des comptes, créée en 1975 et ayant
par les États membres après un vote d’inves- son siège à Luxembourg, est composée d’un
titure du Parlement. Elle est contrainte à la membre pour chaque pays de l’Union, dési-
démission collective lorsqu’elle est censurée gné d’un commun accord pour six ans par
par le Parlement européen devant lequel les États membres après consultation du
elle est responsable. Parlement européen. Elle vérifie la légalité
et la régularité des recettes et des dépenses
Depuis 2004, la Commission compte un de la Communauté ainsi que sa bonne ges-
commissaire par État membre. tion financière.

La Commission jouit d’une large indépen- c. Le Comité économique


dance dans l’exercice de ses attributions. et social européen
Elle incarne l’intérêt commun et ne doit se Le Conseil et la Commission sont assistés par
soumettre à aucune injonction de l’un ou le Comité économique et social européen
l’autre État membre. Gardienne des traités, (CESE). Celui-ci est formé de membres repré-
elle veille à la mise en œuvre des règlements sentant les différentes catégories concernées
et des directives adoptés par le Conseil et le de la vie économique et sociale, nommés par
Parlement, et peut recourir à la voie conten- le Conseil pour une durée de quatre ans.
tieuse devant la Cour de justice pour faire
appliquer le droit de l’Union. d. Le Comité des régions
Le Comité des régions (CdR), mis en place par
Organe de gestion, la Commission exécute le traité sur l’Union européenne, est composé
les décisions prises par le Conseil, par exem- de représentants des collectivités régionales
ple dans le domaine de la politique agricole et locales, nommés par le Conseil sur proposi-
commune. Elle dispose d’un large pouvoir tion des États pour quatre ans. Il est consulté

20
13-03-07.FR-0.2.indd 320 14/03/2007 11:53:24
f. La Banque centrale européenne
La Banque centrale européenne (BCE), située
à Francfort, a la responsabilité de gérer l’euro

12 leçons sur l’Europe


et la politique monétaire de l’Union (voir le
chapitre 7, «L’Union économique et monétaire
et l’euro»).
© Marcy Maloy/Photodisc Red/Getty Images

La Cour de justice garantit le respect de la


loi européenne — elle a fait en sorte que les
mères bénéficient d’un traitement équitable
lorsqu’elles reprennent leur travail.

par le Conseil ou la Commission dans les cas


prévus par le traité et peut émettre des avis de
sa propre initiative.

e. La Banque européenne
d’investissement
La Banque européenne d’investissement (BEI),
située à Luxembourg, est compétente pour ac-
corder des prêts et des garanties pour la mise
en valeur des régions moins développées et
pour la reconversion d’entreprises.

21
13-03-07.FR-0.2.indd 321 14/03/2007 11:53:24
.5. What does the EU do?

5. Que fait l’Union?

22
13-03-07.FR-0.2.indd 322 14/03/2007 11:53:28
• L’Union agit dans les domaines où son action est profitable
aux États membres:

12 leçons sur l’Europe


• les politiques de solidarité (appelées aussi politiques de cohésion)
dans les domaines régional, agricole et social;

• les politiques d’innovation, en favorisant les progrès dans


les domaines d’avenir comme la protection de l’environnement,
la recherche et l’innovation technologique, l’énergie.

• L’Union dispose pour cela d’un budget qui permet d’agir en addition
et en complémentarité des États membres. Ce budget est modeste par
rapport à l’économie européenne — il représente au maximum 1,24 %
du revenu national brut de l’ensemble des pays.

I. Les politiques de solidarité d’emploi. Il concerne les États membres et les


régions les moins développés. Les domaines
Les politiques de solidarité ont principale- d’action seront le capital physique et humain,
ment pour objet d’accompagner la réalisa- l’innovation, la société de la connaissance,
tion du marché intérieur (voir le chapitre 6, l’adaptabilité aux changements, l’environne-
«Le marché intérieur») et d’en corriger les ment et l’efficacité administrative;
déséquilibres par des mesures structurelles
favorisant les régions en retard ou les sec- • la compétitivité régionale et l’emploi:
teurs de production en difficulté. Cet impé- cet objectif vise à renforcer la compétitivité,
ratif d’une solidarité entre les États membres l’emploi et l’attractivité des régions, en de-
et les régions s’est encore accentué avec l’ar- hors de celles qui sont les moins favorisées.
rivée de 12 nouveaux États membres dont Il doit permettre d’anticiper les changements
les revenus sont très inférieurs à la moyenne économiques et sociaux, promouvoir l’inno-
de l’Union. L’Union doit également appor- vation, l’esprit d’entreprise, la protection de
ter sa contribution à la reconversion des l’environnement, l’accessibilité, l’adaptabi-
secteurs d’activités durement touchés par la lité et le développement de marchés du tra-
concurrence mondiale en pleine expansion. vail inclusifs;

a. L’action régionale • la coopération territoriale européen-


La politique régionale de l’Union est fondée ne: ce nouvel objectif vise à renforcer la
sur des transferts financiers. Ces transferts coopération aux niveaux transfrontalier,
profitent au développement des régions en transnational et interrégional. Il vise à
retard, à la reconversion de certaines zones promouvoir des solutions communes pour
industrielles, à l’aide aux chômeurs de lon- des autorités voisines dans les domaines
gue durée, à l’insertion professionnelle des du développement urbain, rural et côtier, le
jeunes, à la modernisation des structures développement des relations économiques
agricoles et aux zones rurales défavorisées. et la mise en réseau des petites et moyennes
entreprises (PME).
Les crédits alloués aux actions régionales
par les perspectives financières 2007-2013 Ces objectifs seront financés par des fonds
sont concentrés autour de trois objectifs: spécifiques, les Fonds structurels, qui
viennent compléter ou stimuler les efforts
• la convergence: cet objectif vise à des États, des régions et des investissements
accélérer la convergence des États mem- privés:
bres et des régions les moins développés par
l’amélioration des conditions de croissance et

23
13-03-07.FR-0.2.indd 323 14/03/2007 11:53:38
• le Fonds européen de développement
régional (FEDER), finance le renforcement
de la cohésion économique, sociale et terri-
toriale en réduisant les disparités régionales
et en soutenant le développement et l’ajus-
tement structurel des économies régionales,
y compris la reconversion des régions indus-

© Chris Windsor/Photodisc Red/Getty Images


trielles en déclin.

• le Fonds social européen (FSE), fi-


nance la formation professionnelle, l’aide à
l’emploi et l’insertion professionnelle.

À côté de ces Fonds structurels, il existe un


Fonds de cohésion, qui finance les infras-
tructures de transport et d’environnement
dans les États membres dont le produit inté-
rieur brut (PIB) par habitant est inférieur à
90 % de celui de l’Union.
La production des aliments que vous
b. La politique agricole consommez: la qualité est aussi importante que
commune (PAC) la quantité.
Le traité de Rome de mars 1957 avait fixé
à la PAC des objectifs qui ont été largement Le monde agricole se voit confier de nouvelles
atteints: assurer un niveau de vie équita- tâches: assurer une certaine activité économi-
ble à la population agricole, stabiliser les que au sein de chaque territoire et entretenir
marchés, assurer des prix raisonnables aux la diversité de nos paysages. Cette diversité
consommateurs, moderniser les structures et la relation harmonieuse entre l’homme
agricoles. D’autres principes progressive- et les terroirs, la reconnaissance d’une
ment mis en place ont correctement fonc- «civilisation rurale» sont des éléments
tionné. La sécurité des approvisionnements importants de l’identité européenne.
a été assurée pour les consommateurs, qui
ont pu bénéficier de prix stables, à l’écart La Commission prévoit également de per-
des fluctuations du marché mondial. Le fi- mettre à l’Europe d’exercer une influence
nancement de la PAC transite par le Fonds dans les règles de l’Organisation mondiale
européen d’orientation et de garantie du commerce: privilégier la qualité des ali-
agricole (FEOGA). ments, le principe de précaution et le bien-
être des animaux. De même, l’Union a enta-
Victime de son succès, la politique agricole mé une réforme de sa politique de la pêche,
a dû redéfinir ses méthodes pour limiter qui vise à réduire les surcapacités des flottes
une croissance de production qui dépassait de pêche, à protéger les ressources de la mer
largement celle de la consommation et gé- tout en aidant financièrement les personnes
nérait des coûts considérables à la charge qui quittent ce secteur.
du budget de l’Union. La réforme de la PAC
commence à porter ses fruits: la PAC a su c. La dimension sociale
maîtriser ses productions. Les agriculteurs Une politique sociale volontariste tente de
sont encouragés à participer à une agricul- corriger les déséquilibres les plus flagrants.
ture durable, sauvegardant l’environnement Le Fonds social européen a été mis en place
et le milieu rural, et contribuant à améliorer en 1961 pour promouvoir les facilités d’em-
la qualité ainsi que la sécurité de notre ali- ploi et la mobilité professionnelle et géogra-
mentation. phique des travailleurs.

24
13-03-07.FR-0.2.indd 324 14/03/2007 11:53:44
L’aide financière n’est pas le seul instrument • prévenir et atténuer les changements
concrétisant la vocation sociale de l’Union. climatiques et le réchauffement planétaire;
Cette aide ne suffirait pas à remédier à

12 leçons sur l’Europe


l’ensemble des situations dues à la crise ou • protéger les habitats naturels ainsi que
au retard de développement de certaines la faune et la flore sauvages;
régions. Les effets dynamiques de la crois-
sance doivent en priorité favoriser le progrès • traiter les problèmes liés à l’environne-
social. Celui-ci est également accompagné ment et à la santé;
par une législation garantissant un «socle»
de droits minimaux. Cet espace social est • préserver les ressources naturelles et
à la fois constitué de règles inscrites dans gérer les déchets.
les traités, comme l’égalité de rémunération
à travail égal entre hommes et femmes, et Tout au long de ce programme d’action
issu de directives portant sur la protection et des cinq programmes qui l’ont précédé,
des travailleurs (hygiène et sécurité sur le et après plus de trente années de fixation
lieu de travail) et sur les normes de sécurité de normes, l’UE a mis en place un système
essentielles. élaboré de protection de l’environnement.

En adoptant, en 1991, la charte européenne Les problèmes abordés sont extrêmement


des droits sociaux fondamentaux, le variés — le bruit, les déchets, la protection
Conseil européen de Maastricht définit les des habitats naturels ou les gaz d’échappe-
droits dont devrait bénéficier le monde du ment, les produits chimiques, les accidents
travail dans toute la Communauté: libre cir- industriels, les eaux de baignade, ou encore
culation, juste rémunération, amélioration la création d’un réseau européen d’infor-
des conditions de travail, protection sociale, mation et d’assistance pour les situations
associations et négociations collectives, de crise, qui intervient lors de catastrophes
formation professionnelle, égalité de traite- écologiques telles que les marées noires ou
ment entre hommes et femmes, information, les incendies de forêt.
consultation et participation des travailleurs,
protection de la santé et de la sécurité sur le Plus récemment, les craintes concernant les
lieu de travail, protection des enfants, des effets de la pollution sur la santé ont trouvé
personnes âgées et des handicapés. Cette un écho dans le plan d’action «Environ-
charte a été intégrée à Amsterdam en juin nement et santé» adopté pour la période
1997 dans le corps du traité et est applica- 2004-2010. Ce plan établit le lien entre
ble à tous les États membres. la santé, l’environnement et la politique
de recherche.

II. Les politiques d’innovation La réglementation européenne offre un ni-


veau de protection globalement identique
La dimension européenne est présente dans sur tout le territoire de l’UE, mais la politique
le cadre de vie du citoyen en s’attaquant aux est suffisamment souple pour tenir compte
défis concrets de la société: la protection de des circonstances locales. Elle est aussi mise
l’environnement, la santé, l’innovation tech- à jour en permanence. Par exemple, la déci-
nologique, l’énergie, etc. sion a été prise de refondre la réglementa-
tion relative aux produits chimiques afin de
a. L’environnement remplacer la législation établie petit à petit
et le développement durable par un système unique d’enregistrement,
La pierre angulaire de l’action de l’UE dans d’évaluation et d’autorisation des substan-
le domaine de l’environnement est un pro- ces chimiques (REACH — Registration, Eva-
gramme d’action qui s’intitule «Environne- luation and Authorisation of Chemicals).
ment 2010: notre avenir, notre choix» et qui
couvre la période allant de 2001 à 2010, en
mettant l’accent sur la nécessité de:

25
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recherches et en multipliant les applications
industrielles.

L’action de l’Union s’est voulue complémen-


taire des actions nationales: elle favorise les
projets regroupant plusieurs laboratoires de
plusieurs États membres. Elle stimule des

© Andersen Ross/Digital Vision/Getty Images


efforts menés aussi bien dans le domaine
de la recherche fondamentale, comme la
fusion thermonucléaire contrôlée, source
d’énergie potentiellement inépuisable pour
e
le XXI siècle, que dans les industries les plus
stratégiques menacées sur le plan industriel,
comme l’électronique et l’informatique.

Les programmes-cadres constituent le princi-


pal instrument de financement de la recher-
che européenne. Le septième programme-
cadre de recherche et de développement
technologique couvre la période 2007-
La recherche stimule la croissance économique.
2013. Le budget de plus de 50 milliards
Ce système reposera sur une base de don- d’euros sera en grande partie consacré à
nées centrale qui sera gérée par une nouvelle des domaines tels que la santé, l’alimen-
Agence européenne des produits chimiques tation et l’agriculture, les technologies de
établie à Helsinki. L’objectif est d’éviter la l’information et de la communication, les
contamination de l’air, de l’eau, des sols et nanosciences, l’énergie, l’environnement,
des bâtiments, de préserver la biodiversité les transports, la sécurité, l’espace et les
et d’améliorer la santé et la sécurité des ci- sciences socio-économiques. D’autres pro-
toyens de l’UE, grâce à un système égale- grammes valoriseront les idées, le personnel
ment conçu pour maintenir la compétitivité et les capacités, par des travaux de recher-
de l’industrie européenne. che aux frontières de la connaissance, par
un soutien aux chercheurs et au développe-
b. L’innovation technologique ment de leur carrière et par la coopération
Convaincue que l’avenir de l’Europe réside internationale.
dans la capacité des Européens à tenir leur
rang dans la course technologique, la Com- c. L’énergie
munauté européenne a, dès son origine, Près de 80 % de la consommation d’éner-
évalué à sa juste mesure l’effet mobilisateur gie de l’UE est assurée par des combustibles
et la valeur en termes d’investissement pour fossiles — pétrole, gaz naturel et charbon.
le futur de la recherche menée en commun. Une proportion importante et toujours
Aux côtés de la CEE, a été lancé, en 1958, plus grande de ces combustibles fossiles
l’Euratom — consacré à l’exploitation en provient de l’extérieur de l’UE. La dépen-
commun de l’énergie atomique à usage civil dance à l’égard des importations de gaz
et doté de son propre centre de recherche. et de pétrole, de 50 % aujourd’hui,
Ce «Centre commun de recherche» (CCR) est pourrait passer à 70 % d’ici à 2030. L’UE sera
composé de neuf instituts répartis sur quatre donc plus vulnérable face aux ruptures
sites, Ispra (Italie), Karlsruhe (Allemagne), d’approvisionnement ou hausses de prix
Petten (Pays-Bas) et Geel (Belgique). provoquées par les crises internationales.
Elle doit aussi réduire sa consommation
Mais l’accélération de la course à l’innova- de combustibles fossiles afin d’inverser la
tion a rendu nécessaire le fait d’aller au-delà tendance au réchauffement de la planète.
et de susciter le plus grand brassage pos-
sible de scientifiques, en décloisonnant les

26
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12 leçons sur l’Europe
© Targa/Van Parys Media

L’exploitation des sources d’énergie naturelles de la planète est une façon de lutter
contre le changement climatique.

L’avenir exige de combiner plusieurs élé- • d’une recette provenant des contribu-
ments: économiser l’énergie en l’utilisant tions des États membres et fondée sur leur
de manière plus intelligente, développer les richesse respective.
sources d’énergie alternatives (en particulier
les énergies renouvelables en Europe) et Chaque budget annuel s’inscrit dans le
renforcer la coopération internationale. Il se- cadre de perspectives financières program-
rait possible d’économiser un cinquième de mées sur sept ans. Elles sont décidées sur
la consommation énergétique d’ici à 2020 proposition de la Commission, à l’unanimité
en modifiant le comportement des consom- par les États membres et après négociation,
mateurs et en utilisant des technologies qui puis accord avec le Parlement européen.
améliorent l’efficacité énergétique. Pour la période 2007-2013, ces perspecti-
ves s’élèvent à 864,4 milliards d’euros.

III. Le budget de l’Union


et les ressources propres
Pour financer ces politiques, l’Union dispose
d’un budget annuel qui se monte à plus de
120 milliards d’euros. Ce budget est financé
par des ressources propres qui sont plafon-
nées à 1,24 % du revenu national brut de
l’ensemble des États membres.

Ces ressources sont principalement tirées:

• des droits de douane perçus sur les pro-


duits importés de l’extérieur, y compris les
prélèvements agricoles;

• d’une fraction de la taxe de la valeur


ajoutée perçue sur les biens et services dans
l’ensemble de l’Union;

27
13-03-07.FR-0.2.indd 327 14/03/2007 11:53:50
.7. Economic and monetary union
(EMU) and the euro

6. Le marché intérieur

28
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• Le marché intérieur est l’une des plus grandes réussites de l’Union
européenne: graduellement, les restrictions aux échanges et à la libre

12 leçons sur l’Europe


concurrence ont été éliminées entre les États membres, favorisant
la hausse du niveau de vie.

• Le marché intérieur n’est pas encore devenu un espace économique


unique. Certains secteurs d’activités (services publics) restent soumis aux
lois nationales.

• Les États restent encore principalement souverains en matière de fiscalité


et de redistribution sociale.

• Pour que la libéralisation du marché intérieur puisse profiter au plus


grand nombre d’entreprises et de consommateurs, des politiques
d’accompagnement (transports, concurrence) sont initiées par l’Union.

I. La réalisation de l’objectif Le résultat était l’Acte unique européen,


de 1993 qui est entré en vigueur en juillet 1987.
Il prévoit:
a. Les limites du marché commun
Le traité instituant la Communauté écono- • l’extension des compétences de la Com-
mique européenne de mars 1957 a permis munauté à des politiques nouvelles (social,
la suppression des barrières douanières recherche, environnement);
intracommunautaires et l’établissement
d’un tarif douanier commun à l’égard des • l’établissement progressif du marché in-
pays hors CEE. Cet objectif a été atteint le térieur au cours d’une période expirant à la
er
1 juillet 1968. fin de décembre 1992;

Mais les droits de douane ne constituent • l’usage plus fréquent du vote majori-
qu’un aspect du protectionnisme. D’autres taire au Conseil de ministres.
entraves aux échanges ont, dans les années
70, empêché la réalisation complète du
marché commun. Les spécifications techni- II. Le bilan du marché intérieur
ques, les normes de santé et de sécurité, la
réglementation nationale concernant l’exer- a. Les entraves physiques
cice des professions, le contrôle des changes, Tous les contrôles aux frontières au sein de
restreignaient la libre circulation des person- l’Union sur les marchandises ont été suppri-
nes, des marchandises et des capitaux. més, ainsi que les contrôles douaniers sur
les personnes. Les contrôles de police (lutte
b. L’objectif 1993 contre la criminalité et la drogue) subsistent
En juin 1985, le président de la Commis- ponctuellement.
sion, Jacques Delors, rend public un livre
blanc prévoyant la suppression, en sept ans, L’accord de Schengen, conclu entre un premier
de toutes les entraves physiques, techniques groupe de pays de l’UE en 1985 puis étendu
et fiscales à la libre circulation dans l’espace à d’autres pays (le Royaume-Uni et l’Irlande
de la Communauté. Son objectif est d’accroî- ne l’ont pas signé), organise la coopération
tre les possibilités d’expansion industrielle et policière, une politique d’asile et d’immigra-
commerciale à l’intérieur d’un grand espace tion commune, afin de rendre possible l’abo-
économique unifié, à la mesure du grand lition totale des contrôles des personnes aux
marché américain. frontières à l’intérieur de l’Union (voir le chapi-
tre 10, «Une Europe de liberté, de sécurité et de

29
13-03-07.FR-0.2.indd 329 14/03/2007 11:54:01
justice »). Les nouveaux États membres ayant tout le territoire de l’Union, grâce aux direc-
adhéré depuis 2004 s’alignent progressive- tives sur les passations des marchés publics
ment sur les normes de l’espace Schengen. de services, de fournitures et de travaux, y
compris dans des secteurs tels que l’eau po-
b. Les entraves techniques table, l’énergie et les télécommunications.
Les États membres ont adopté, pour la
plupart des produits, le principe de recon-
naissance mutuelle des réglementations III. Les chantiers en cours
nationales. Tout produit légalement fabri-
qué et commercialisé dans un État membre a. Les services financiers
doit pouvoir être mis sur le marché de tout Un plan d’action de l’UE visant à créer un
autre État membre. marché intégré pour des services financiers
avant 2005 est à présent achevé. Il permet-
La libéralisation du secteur des services est tra de réduire les coûts de l’emprunt pour
acquise grâce à la reconnaissance mutuelle les entreprises et les consommateurs et
ou à la coordination des réglementations proposera aux épargnants un éventail plus
nationales d’accès ou d’exercice de certaines large de produits d’investissement — plans
professions (avocats, médecins, tourisme, d’épargne et régimes de retraite — qu’ils
banque, assurances, etc.). Néanmoins, la li- pourront acquérir auprès de fournisseurs
bre circulation des personnes est loin d’être européens de leur choix. Les frais bancaires
accomplie. En effet, certaines catégories pour les virements transfrontaliers ont été
de travailleurs qui souhaitent séjourner ou réduits.
exercer leur activité dans un autre État mem-
bre se heurtent à de multiples obstacles. b. Les barrières administratives et
techniques à la libre circulation des
La Commission a pris des initiatives pour biens et des services
favoriser la mobilité de ces actifs, notam- Les pays européens restent souvent réti-
ment par le biais de la reconnaissance des cents à accepter les standards et normes des
diplômes ou des qualifications pour les autres pays ou parfois à reconnaître l’équi-
métiers (plombier, menuisier, etc.). valence des qualifications professionnelles.
La fragmentation des systèmes fiscaux na-
Grâce à l’ouverture des marchés nationaux tionaux nuit également à l’intégration et à
de l’UE, le prix des appels téléphoniques l’efficacité du marché.
nationaux n’est plus qu’une fraction de ce
qu’il était il y a dix ans. L’utilisation de l’in- c. Piratage et contrefaçon
ternet pour la téléphonie vocale, soutenue Une protection est requise pour éviter le
par les nouvelles technologies, va augmen- piratage et la contrefaçon des produits de
ter. Les tarifs aériens ont chuté de manière l’UE. La Commission européenne estime que
significative en Europe sous la pression de ces pratiques coûtent chaque année des
la concurrence. milliers d’emplois à l’UE. C’est la raison pour
laquelle la Commission et les États membres
c. Les entraves fiscales s’efforcent de renforcer la protection des
Elles ont été réduites grâce à l’harmonisa- droits d’auteurs et des brevets.
tion des taux de TVA. La fiscalité sur les reve-
nus des capitaux mobiliers a fait l’objet d’un
accord entre les États membres et d’autres IV. Les politiques d’accompagnement
pays tiers (y compris la Suisse) appliqué en du marché intérieur
juillet 2005.
a. Les transports
d. Marchés publics L’activité de la Communauté s’est concen-
Conclus au nom des administrations à trée sur la libre prestation des services dans
l’échelle centrale, régionale ou locale, ils le domaine des transports terrestres, notam-
font désormais l’objet d’une concurrence sur ment le libre accès au marché des transports

30
13-03-07.FR-0.2.indd 330 14/03/2007 11:54:05
difficultés qui frappent l’industrie des
chantiers navals en Europe.

12 leçons sur l’Europe


b. La concurrence
Présente dans les traités de Rome, la poli-
tique commune de la concurrence est l’in-
dispensable corollaire de l’application des
règles de liberté d’échanges au sein du mar-
© Strauss/Curtis/Van Parys Media

ché intérieur européen. Elle est appliquée


par la Commission européenne qui en est le
garant avec la Cour de justice.

Le principe de cette politique est d’éviter


que toute entente entre entreprises, toute
aide publique ou monopole abusif ne faus-
sent le libre jeu de la concurrence au sein du
marché commun.

La concurrence accrue a conduit à une baisse Toute entente tombant sous le coup des rè-
des tarifs aériens et au développement gles du traité est soumise à une notification
du trafic. auprès de la Commission européenne, qui
peut imposer directement une amende à des
internationaux et les activités de cabotage, entreprises qui ne respecteraient pas son ju-
c’est-à-dire l’admission des transporteurs gement, ou pour absence de notification. En
non résidents sur le marché des transports ce qui concerne les aides non notifiées ou
nationaux d’un État membre. Des décisions illégales, la Commission peut en exiger le
ont été prises pour harmoniser les conditions remboursement. Toute concentration d’en-
de concurrence pour les transports routiers, treprises qui pourrait créer une situation de
notamment les conditions d’accès à la pro- position dominante doit être notifiée à la
fession et au marché, la liberté d’établisse- Commission.
ment et de prestation de services, les durées
de conduite et la sécurité. c. La protection des consommateurs
La politique des consommateurs de l’UE
La politique commune des transports aé- permet aux citoyens européens d’acheter
riens doit faire face aux effets de la concur- avec confiance des marchandises dans tous
rence du transport à l’échelle mondiale: la les États membres. Tous les consommateurs
libéralisation du ciel européen s’effectue par bénéficient du même niveau élevé de pro-
étapes et a pour conséquences un partage tection. Les produits que vous achetez et les
plus souple des capacités des grandes com- aliments que vous mangez sont soumis à
pagnies, l’accès réciproque aux marchés et des tests pour vérifier qu’ils sont de la plus
la liberté de fixation des tarifs, assortie de haute qualité. L’UE prend des mesures pour
clauses de sauvegarde afin de tenir compte que vous ne soyez pas trompé par des com-
des obligations de service public et des im- merçants peu scrupuleux ou victime de pu-
pératifs de l’aménagement du territoire. blicité mensongère ou trompeuse. Vos droits
sont protégés et vous pouvez demander
Les transports maritimes sont soumis aux réparation où que vous vous trouviez dans
règles de concurrence qui s’appliquent l’Union, que vous ayez fait vos achats dans
aussi bien aux armateurs européens qu’à ceux un magasin, par correspondance, par télé-
naviguant sous pavillon de pays tiers. Ces phone ou sur l’internet.
règles tentent de contrôler les pratiques tari-
faires déloyales (pavillons de complaisance),
mais également de faire face aux graves

31
13-03-07.FR-0.2.indd 331 14/03/2007 11:54:05
7. L’Union économique
et monétaire et l’euro

32
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• L’euro est la monnaie unique de l’Union européenne. Douze des quinze
États membres de l’Union ont introduit l’euro en 1999 pour les

12 leçons sur l’Europe


transactions financières et, en 2002, les pièces et les billets sont
mis en circulation.

• Trois pays n’ont pas participé à cette union monétaire (le Danemark,
la Suède et le Royaume-Uni).

• Les nouveaux pays s’apprêtent, quand ils rempliront les critères requis,
à rejoindre la zone euro.

• Parallèlement à l’objectif de stabilité monétaire, qui est à la base de la


politique de la Banque centrale européenne, les États membres
favorisent la recherche d’une croissance plus soutenue et
d’une convergence économique.

I. Les phases historiques la réunification de l’Allemagne et de tensions


de la coopération monétaire monétaires accrues en Europe, la lire italien-
ne et la livre sterling quittent le SME. En août
a. Le système monétaire 1993, les pays du SME décident d’élargir
européen (SME) temporairement les marges de fluctuation à
À la suite de la décision des États-Unis en 15 %. Entre-temps, pour empêcher d’impor-
1971 de supprimer la relation fixe entre le tantes fluctuations des taux de change entre
dollar et l’étalon-or qui permettait la stabi- les monnaies européennes et pour éliminer
lité monétaire mondiale depuis la Seconde les dévaluations compétitives, les gouverne-
Guerre mondiale, il est mis fin au système de ments de l’Union européenne décident de
taux de change fixes. Les gouverneurs des relancer le projet d’union monétaire véritable
banques centrales de la CEE décident de et d’introduire une monnaie unique.
réduire à 2,25 % les marges de fluctuation
entre les monnaies européennes et créent le Au Conseil européen de Madrid en juin
système monétaire européen (SME). 1989, les dirigeants de l’Union européenne
adoptent un plan en trois phases pour une
Entré en vigueur en mars 1979, le SME re- union économique et monétaire. Ce plan est
pose sur trois éléments: intégré au traité de Maastricht sur l’Union
européenne, adopté par le Conseil européen
• l’ECU: panier composé des monnaies de en décembre 1991.
tous les États membres.

• les mécanismes de change: chaque II. L’Union économique


monnaie a un cours pivot rattaché à l’ECU. et monétaire
Des marges de fluctuation de 2,25 % sont
autorisées autour des cours bilatéraux. a. Les trois étapes selon le traité de
Maastricht
• les mécanismes de crédit: les États
er
transfèrent à un fonds commun 20 % de La première phase s’est ouverte le 1 juillet
leurs réserves en devises et en or. 1990. Elle comprend:

b. Du SME à l’Union économique et • la liberté totale de circulation des capi-


monétaire (UEM) taux dans l’Union (fin du contrôle des chan-
Le système monétaire européen a connu ges);
une histoire contrastée. En 1992, à la suite de

33
13-03-07.FR-0.2.indd 333 14/03/2007 11:54:15
© Janez Skok/Corbis
Les marchands de Ljubljana ont troqué le tolar slovène contre l’euro le 1er janvier 2007.
• l’augmentation des moyens destinés à commune de la Belgique, de l’Allemagne, de
corriger les déséquilibres entre les régions l’Espagne, de la France, de l’Irlande, de l’Ita-
européennes (Fonds structurels); lie, du Luxembourg, des Pays-Bas, de l’Autri-
che, du Portugal et de la Finlande (la Grèce
er
• la convergence économique, à travers les rejoint le 1 janvier 2001). La Banque
la surveillance multilatérale des politiques centrale européenne remplace l’IME: elle est
économiques des États. désormais responsable de la politique mo-
nétaire qui est définie et exécutée en euros.
er
La deuxième phase débute le 1 janvier
er
1994. Elle comprend: Le 1 janvier 2002, les billets et les pièces li-
bellés en euros sont mis en circulation. C’est
• la mise en place de l’Institut monétaire le début de la période de retrait des pièces
européen (IME) à Francfort. L’IME est com- et des billets nationaux qui s’est terminée
posé des gouverneurs des banques centrales définitivement le 28 février 2002. Depuis
de l’Union; lors, seul l’euro peut être utilisé dans toutes
les transactions scripturales et fiduciaires.
• l’indépendance des banques centrales
nationales; b. Les critères de convergence
Les conditions de passage à la troisième
• la réglementation sur la réduction des phase sont fixées dans un protocole énumé-
déficits budgétaires. rant cinq critères de convergence:

La troisième phase était la naissance de • stabilité des prix: le taux d’inflation ne


er
l’euro: le 1 janvier 1999, les onze mon- peut dépasser de plus de 1,5 % la moyenne
naies des États participants disparaissent au des trois États ayant la plus faible inflation;
profit de l’euro qui devient ainsi la monnaie

34
13-03-07.FR-0.2.indd 334 14/03/2007 11:54:20
• taux d’intérêt: les taux d’intérêt à long d. L’eurogroupe
terme ne peuvent varier de plus de 2 % par L’eurogroupe est la réunion informelle des
rapport à la moyenne des taux des trois ministres des finances des pays membres de

12 leçons sur l’Europe


États ayant les taux les plus bas; la zone euro. Ces réunions ont pour objet
une meilleure coordination des politiques
• déficits: le déficit public national doit économiques et la surveillance des politi-
être inférieur à 3 % du PIB; ques budgétaires et financières des États
membres, ainsi que la représentation de
• la dette publique ne peut excéder l’euro dans les enceintes monétaires inter-
60 % du PIB; nationales.

• stabilité des cours: les taux de change e. Les nouveaux États membres
devront être restés dans la marge de fluc- et l’UEM
tuation autorisée durant les années précé- Les nouveaux États membres ont tous vo-
dentes. cation à rejoindre la zone euro. La Slovénie
est le premier des nouveaux États membres
c. Le pacte de stabilité remplissant les critères et a introduit l’euro
er
et de croissance le 1 janvier 2007.
Le Conseil européen d’Amsterdam de juin
1997 adopte un pacte de stabilité et de
croissance qui est un engagement perma-
nent de stabilité budgétaire, permettant
de sanctionner financièrement un pays
membre de la zone euro qui s’exposerait à
un déficit budgétaire supérieur à 3 %. Jugé
trop contraignant, ce pacte a été réformé en
mars 2005.
© Creativ Studio Heinem/Van Parys Media

L’euro: la monnaie commune à plus de 310 millions de citoyens en Europe.

35
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8. Vers une société
de l’information
et de la connaissance

36
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Priorité à la croissance et aux emplois:

12 leçons sur l’Europe


• faire face à la mondialisation en rendant à l’économie européenne
sa capacité de compétitivité (libéralisation des télécommunications,
des services, de l’énergie);

• faire converger les programmes de réforme des États membres


en facilitant l’échange de «bonnes pratiques»;

• concilier l’impératif de croissance et de compétitivité avec les objectifs


de cohésion sociale et de développement durable qui caractérisent
le modèle européen;

• attribution des Fonds structurels décidés dans le cadre des perspectives


financières 2007-2013 aux objectifs de formation, d’innovation
et de recherche.

Au début des années 90, deux phénomè- interdépendantes et nous voyons naître une
nes majeurs ont commencé à révolutionner «économie globale»; d’autre part, la révolu-
l’économie et la vie quotidienne dans toutes tion technologique: l’arrivée de l’internet et
les régions du monde, y compris l’Europe. des nouvelles technologies de l’information
D’une part, la mondialisation: les économies et de la communication.
du monde entier deviennent de plus en plus
© IMAGEMORE Co, Ltd/Getty Images

Les Européens doivent s’équiper face au marché de l’emploi actuel.

37
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© Javier Larrea/Van Parys Media
La santé des retraités de demain se prépare dès aujourd’hui.

I. Le processus de Lisbonne des actions dans toute une série de domai-


nes: la recherche scientifique, l’éducation,
a. Les objectifs la formation professionnelle, l’accès à l’in-
Les responsables politiques de l’Union euro- ternet et les transactions en ligne. Elle en-
péenne se sont rendu compte qu’il fallait globe également la réforme des systèmes de
moderniser en profondeur l’économie euro- protection sociale européens. Ces systèmes
péenne pour conserver sa compétitivité vis-à- sont certes capables d’assumer sans heurts
vis des États-Unis et d’autres grands acteurs les indispensables évolutions structurelles
de l’économie mondiale. Réuni à Lisbonne de nos sociétés, mais ils doivent être mo-
en mars 2000, le Conseil européen a fixé dernisés pour qu’ils deviennent durables et
pour l’UE l’ambitieux objectif de devenir, pour que les générations futures puissent
d’ici à 2010, «l’économie de la connaissance en bénéficier.
la plus compétitive et la plus dynamique du
monde, capable d’une croissance économi- Chaque année, au printemps, le Conseil
que durable accompagnée d’une améliora- européen se réunit pour passer en revue la
tion quantitative et qualitative de l’emploi mise en œuvre de cette stratégie.
et d’une plus grande cohésion sociale».

b. La stratégie II. Bilan et priorité à l’emploi


Le Conseil européen a également adopté
une stratégie concrète pour atteindre cet Le Conseil européen du printemps 2006 n’a
objectif. La «stratégie de Lisbonne» englobe pas caché que le bilan du processus lancé à
Lisbonne six années auparavant est mitigé:
il a donc décidé de tenir compte du taux
de chômage encore élevé dans un grand

38
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nombre d’États membres et de recentrer les • d’aller au-delà de la méthode ouverte
priorités de l’Union sur la croissance et l’em- de «coordination», fondée sur une logique
ploi. Pour accroître la productivité de ses simplement intergouvernementale, en ren-

12 leçons sur l’Europe


économies et renforcer la cohésion sociale, dant à la Commission sa fonction d’impul-
l’Europe doit continuer à miser principale- sion et d’initiative auprès des États, notam-
ment sur la connaissance, l’innovation et la ment par la diffusion des «bonnes pratiques»
valorisation du capital humain. en Europe;

À l’initiative du président de la Commission, • d’accélérer les réformes entreprises


José Manuel Barroso, les vingt-cinq mem- dans les secteurs des marchés financiers,
bres de l’Union ont décidé: de la sécurité sociale, dans la libéralisa-
tion des télécommunications et du secteur
• d’accroître les investissements en de l’énergie.
matière de recherche et d’innovation;

39
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9. L’Europe des citoyens

40
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• Les citoyens européens peuvent déjà exercer certains droits qui découlent
de leur appartenance à l’Union: circuler, résider, travailler en Europe.

12 leçons sur l’Europe


• Dans la vie quotidienne, l’Union encourage et finance des programmes
qui rapprochent les citoyens notamment dans la formation scolaire
et universitaire et dans le domaine de la culture.

• La conscience d’une appartenance à l’Union européenne ne se fera que


progressivement, à travers les résultats concrets et les réussites
de celle-ci, et à l’issue d’un plus intense effort d’explication.

• L’Europe des citoyens reposera sur la multiplication des symboles


d’identification commune. Le plus connu est la monnaie unique, l’euro,
mais il existe aussi le drapeau et l’hymne européens.

I. Circuler, résider, travailler soins médicaux éventuellement nécessaires


en Europe lors de leur voyage.

Le premier droit du citoyen européen est


de pouvoir circuler, travailler et résider II. Exercer ses droits de citoyen
dans toute l’Union. Le traité de Maastricht
a consacré ce droit dans le chapitre sur la Cependant, l’Européen n’est pas seulement
citoyenneté. un consommateur ou un acteur de la vie
économique et sociale. Il est dorénavant un
Les États membres ont adopté une directive citoyen de l’Union. L’Europe des citoyens a
instaurant un système de reconnaissance gagné en qualité à Maastricht avec la dé-
mutuelle des diplômes de l’enseignement cision de donner le droit de vote et l’éli-
supérieur. Ce texte s’applique à toutes les gibilité aux élections municipales et aux
formations universitaires d’une durée d’au élections européennes à tout citoyen de
moins trois ans, et est fondé sur le principe l’Union résidant dans un État membre dont
de la confiance mutuelle dans la validité des il n’est pas ressortissant.
filières d’enseignement et de formation.
Le traité consacre ce principe dans son
Hormis les activités entraînant des préroga- article 17: «Il est institué une citoyenneté de
tives de puissance publique (police, armée, l’Union. Est citoyen de l’Union toute person-
affaires étrangères, etc.), les services de ne ayant la nationalité d’un État membre.
santé, l’enseignement et les services publics La citoyenneté de l’Union complète la ci-
commerciaux pourront s’ouvrir à tout ressor- toyenneté nationale et ne la remplace pas.»
tissant d’un pays de l’Union. Quoi de plus
naturel que de recruter un teacher britanni-
que pour enseigner l’anglais aux élèves de III. Les droits fondamentaux
Rome ou d’inciter un jeune diplômé belge à
tenter sa chance à un concours administratif Le traité d’Amsterdam, entré en vigueur
en France. en 1999, représente une avancée dans
le renforcement des droits fondamentaux.
Depuis 2004, les citoyens européens qui se Une procédure de sanctions permet de sus-
déplacent dans l’Union européenne, peu- pendre les droits d’un État membre qui viole-
vent obtenir une carte européenne d’assu- rait des droits fondamentaux. À Amsterdam,
rance maladie, délivrée par les États mem- le principe de non-discrimination, jusque-là
bres, qui leur facilite la prise en charge des appliqué à la nationalité, a été également

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étendu au sexe, à la race, à la religion, à du clonage reproductif des êtres humains,
l’âge et à l’orientation sexuelle. Ce principe le droit à l’environnement, les droits des en-
de non-discrimination a été aussi renforcé fants et des personnes âgées ou le droit à
en ce qui concerne l’égalité entre les hom- une bonne administration.
mes et les femmes.

Enfin, le traité d’Amsterdam comporte des IV. L’Europe de la culture


améliorations de la politique de transpar- et de l’éducation
ence et d’accès des citoyens aux documents
des institutions européennes. Le sentiment d’appartenir à une même
collectivité, de partager le même destin,
L’engagement de l’Union en faveur des ne peut être créé artificiellement. L’Europe
droits des citoyens a été confirmé de façon culturelle doit dorénavant prendre le relais
solennelle par la proclamation en décem- de l’Europe économique et contribuer à la
bre 2000 à Nice de la Charte des droits formation d’une conscience commune.
fondamentaux de l’Union européenne.
Cette charte a été élaborée par une con- Les programmes d’éducation et de formation
vention composée de parlementaires eu- ont un rôle à jouer à cet égard. Ils soutien-
ropéens et nationaux, de représentants des nent les programmes d’échange permettant
gouvernements nationaux et d’un membre aux étudiants de se rendre à l’étranger, de
de la Commission. Elle regroupe en six participer à des activités scolaires transna-
chapitres — «Dignité», «Libertés», «Égalité», tionales, d’apprendre de nouvelles langues,
«Solidarité», «Citoyenneté» et «Justice»— etc. L’organisation des écoles et de l’ensei-
54 articles définissant les valeurs fonda- gnement ainsi que le contenu exact des pro-
mentales de l’Union européenne, ainsi que grammes sont encore décidés aux niveaux
les droits civils et politiques, économiques national ou local.
et sociaux du citoyen européen.
Dans le domaine de la culture, les pro-
Les premiers articles sont consacrés à la grammes européens «Culture» et «MEDIA»
dignité humaine, au droit à la vie, au stimulent la coopération entre les program-
droit à l’intégrité de la personne, à la mateurs, les promoteurs, les organismes de
liberté d’expression et au droit à l’objection radiodiffusion et les artistes de différents
de conscience. Le chapitre «Solidarité» pays. Ils aident à produire davantage de
innove en incorporant des droits sociaux et programmes télévisés et de films européens
économiques tels que: et à rétablir l’équilibre entre la production
européenne et américaine.
• le droit de grève;

• le droit à l’information et à la consulta- V. Le Médiateur et le droit


tion des travailleurs; de pétition
• le droit à concilier la vie familiale et la Pour rapprocher l’Union européenne du ci-
vie professionnelle; toyen européen, le traité sur l’Union euro-
péenne a instauré le Médiateur européen. Le
• le droit aux prestations de sécurité médiateur, également appelé ombudsman
sociale et aux services sociaux à l’intérieur selon une tradition scandinave, est désigné
de l’Union européenne ou la protection de par le Parlement européen pour la durée de
la santé. sa législature. Son mandat l’habilite à rece-
voir les plaintes contre les institutions ou les
La Charte promeut également l’égalité organes de l’Union européenne. La saisine
entre hommes et femmes et instaure des du Médiateur appartient à tout citoyen de
droits comme la protection des données, l’Union et à toute personne morale et phy-
l’interdiction des pratiques eugéniques et sique résidant ou ayant un siège statutaire

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Les programmes intégrés d’éducation et de formation tout au long de la vie —
Chiffres estimés pour la période 2007-2013
Domaine Intitulé du Objectifs

12 leçons sur l’Europe


programme de l’UE

L’éducation scolaire Comenius Participation de 5 % des élèves de


l’Union européenne dans des activités
éducatives communes

L’éducation supérieure Erasmus Offrir la possibilité de suivre des études


universitaires à l’étranger à un total de
3 millions d’étudiants

La formation Leonardo da Vinci 80 000 stages par an en entreprises et


professionnelle centres de formation dans un autre pays
européen

L’éducation des adultes Grundtvig Possibilité offerte à 7 000 personnes


par an de bénéficier d’activités
éducatives à l’étranger

Études sur l’intégration Programme Soutien à la recherche et


européenne Jean Monnet à l’enseignement universitaires dans le
domaine de l’intégration européenne

dans un État membre. Saisi d’une plainte, directe entre le processus d’intégration et la
le Médiateur européen tente de régler à volonté populaire. L’Europe démocratique
l’amiable un litige avec les institutions de pourrait être approfondie par l’accroissement
l’Union européenne. du rôle du Parlement, par l’engagement plus
marqué des citoyens à travers les associations
Plus encore, la pratique bien établie du Par- et les formations politiques, par la création
lement européen consistant à accepter des de véritables partis européens.
pétitions de toute personne résidant dans
un État membre reste un lien important en- La mise en circulation en 2002 de la mon-
tre les citoyens et les institutions. naie unique a eu un effet psychologique dé-
cisif. Le consommateur gère ses comptes ban-
caires en euros. Grâce à la fixation des prix
VI. Comment faire participer des biens de consommation et des services
le citoyen européen? dans la même monnaie, utilisée par les deux
tiers de la population de l’Union, il a une vi-
L’Europe des citoyens est à peine née: elle sion transparente du marché. La suppression
reposera aussi sur la multiplication des sym- des contrôles de police aux frontières entre
boles d’identification commune, tels le pas- les pays membres de l’accord de Schengen
seport européen, en circulation depuis 1985, (auquel l’ensemble des pays de l’Union de-
l’hymne (L’hymne à la joie de Beethoven) et vrait progressivement adhérer) accroît déjà la
le drapeau (un cercle de douze étoiles d’or sur conscience d’appartenir à un espace unifié.
fond azur). Un permis de conduire européen
est délivré dans les États de l’Union depuis «Nous ne coalisons pas des États, nous unis-
1996. Une devise a été adoptée: «Unie dans sons des hommes», disait Jean Monnet dès
la diversité». Le 9 mai est déclaré «Journée de 1952. L’adhésion de l’opinion publique à
l’Europe». l’idée européenne reste le grand défi auquel
doivent faire face les institutions.
L’élection directe du Parlement européen,
depuis 1979, a établi un lien de légitimité

43
13-03-07.FR-0.2.indd 343 14/03/2007 11:55:04
L

10. Une Europe de liberté,


de sécurité et de justice

44
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• L’ouverture des frontières intérieures entre pays européens a un avantage
pour le citoyen: celui-ci n’est plus contrôlé lorsqu’il voyage et perçoit

12 leçons sur l’Europe


l’espace européen comme un espace de liberté.

• Néanmoins, cette liberté doit s’accompagner d’un renforcement


des contrôles aux frontières externes de l’Union pour lutter efficacement
contre les trafics, la criminalité, l’immigration clandestine, le terrorisme.

• Les États s’efforcent de coopérer dans les domaines de la police et


de la justice pour assurer une meilleure sécurité.

Les citoyens européens sont en droit de vi- au sein de l’Union européenne tire son ori-
vre librement sans crainte de persécution gine d’un accord intergouvernemental entre
ni de violence, où qu’ils se trouvent sur le l’Allemagne, la France et les pays du Benelux
territoire de l’UE. Cependant, la criminalité signé dans la petite ville frontalière luxem-
internationale et le terrorisme sont parmi les bourgeoise de Schengen en 1985. Il sup-
phénomènes les plus préoccupants pour les prime les contrôles sur les personnes, quelle
Européens d’aujourd’hui. que soit leur nationalité, aux frontières entre
les États membres, harmonise les contrôles
L’intégration au domaine de la justice et des aux frontières extérieures de l’UE et introduit
affaires intérieures n’était pas prévue dans une politique commune en matière de visas.
le traité instituant la Communauté euro- Ainsi s’est créé un espace sans frontières in-
péenne. Mais, avec le temps, il est devenu ternes — l’espace Schengen.
clair que la libre circulation impliquait que
chaque personne, où qu’elle se trouve dans Aujourd’hui, l’acquis de Schengen a été en-
l’Union, ait la même sécurité et le même ac- tièrement intégré dans les traités constitutifs
cès à la justice. La création d’un espace de de l’UE. L’espace Schengen s’est progressive-
liberté, de sécurité et de justice s’est impo- ment élargi. En 2006, treize pays de l’Union
sée au fil des années, par des amendements (Belgique, Danemark, Allemagne, Grèce,
successifs des traités introduits par l’Acte Espagne, France, Italie, Luxembourg, Pays-
unique européen, le traité sur l’Union euro- Bas, Autriche, Portugal, Finlande et Suède)
péenne (traité de Maastricht) et le traité appliquent intégralement les dispositions de
d’Amsterdam. Schengen, ainsi que l’Islande et la Norvège.

Lorsque dix nouveaux pays ont adhéré à


I. Circuler librement l’Union en 2004, celle-ci leur a laissé sept
ans pour remplir les critères d’appartenance
La libre circulation des personnes pose aux à l’espace Schengen.
États membres des problèmes de sécurité
liés à la perte de contrôle des frontières in-
térieures. Des mesures de sécurité compen- II. Politique d’asile
satoires sont nécessaires pour corriger cette et d’immigration
perte de contrôle, en mettant l’accent sur la
défense commune des frontières extérieures L’Europe est fière de sa tradition humanitai-
et la coopération policière et judiciaire dans re d’accueil des étrangers et d’asile pour les
la lutte contre la criminalité qui, désormais, réfugiés menacés et persécutés. Les gouver-
peut se mouvoir sur tout le territoire de nements de l’UE sont aujourd’hui confrontés
l’Union. à la question pressante de savoir comment
réagir, dans un espace dépourvu de frontiè-
L’une des initiatives les plus importantes res intérieures, face à un nombre élevé d’im-
destinées à faciliter les voyages des citoyens migrants légaux et illégaux.

45
13-03-07.FR-0.2.indd 345 14/03/2007 11:55:16
© IOM
Les trafiquants exploitent les plus vulnérables — une coopération internationale de police
est nécessaire.

Les gouvernements de l’UE sont convenus III. Combattre la criminalité


d’harmoniser leurs règles de telle façon internationale et le terrorisme
que les demandes d’asile soient examinées
conformément à un ensemble de principes La contrepartie consiste à avoir une gestion
de base uniformément reconnus dans toute efficace des flux migratoires, des contrôles
l’Union européenne. En 1999, ils se sont aux frontières extérieures, et à lutter contre
fixé l’objectif de se doter d’une procédure l’immigration clandestine. Un effort coor-
d’asile commune et d’un statut uniforme donné est nécessaire pour combattre les
valable dans toute l’Union pour les person- associations de malfaiteurs qui organisent
nes ayant obtenu l’asile. Certaines mesures des filières clandestines d’immigration et
techniques, telles que les normes minimales pratiquent le trafic et l’exploitation des êtres
pour l’accueil des demandeurs d’asile ainsi humains, en particulier des femmes et des
que pour le bénéfice du statut de réfugié, enfants.
ont été adoptées.
La criminalité organisée devient de plus en
Un Fonds européen pour les réfugiés, d’un plus sophistiquée et utilise régulièrement
montant de 114 millions d’euros par an, est des réseaux européens ou internationaux
mis en place. Malgré le degré élevé de coo- pour pratiquer ses activités. Elle a montré
pération entre les États membres, une véri- qu’elle pouvait frapper avec une brutalité
table politique de l’Union en matière d’asile extrême, n’importe où dans le monde.
et d’immigration reste à bâtir.

46
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C’est dans ce contexte qu’a été créé le sys- vailler ensemble sur des enquêtes criminel-
tème d’information Schengen (SIS). Il s’agit les impliquant plusieurs États membres.
d’une base de données complexe qui permet

12 leçons sur l’Europe


aux forces de l’ordre et aux autorités judiciai- Le mandat d’arrêt européen, applicable en-
res compétentes d’échanger des données à tre certains États européens depuis janvier
des fins d’enquête sur des personnes et des 2004, vise à remplacer les longues procédu-
biens, par exemple des personnes recher- res d’extradition.
chées en vue d’arrestation ou d’extradition
ou des véhicules ou des œuvres d’art volés. La nature transfrontalière de la criminalité
exige la mise en place progressive d’une
Suivre la piste des fonds illégaux est aussi politique pénale commune de l’Union, car
l’une des meilleures méthodes pour traquer des définitions différentes de certains com-
les criminels. C’est pour cette raison, autant portements délictueux peuvent compromet-
que pour bouleverser le financement des or- tre la coopération judiciaire. L’objectif est
ganisations criminelles, que l’UE se tourne de doter l’Union d’un cadre commun pour
vers une législation portant sur le blanchi- lutter contre le terrorisme, pour assurer aux
ment d’argent. citoyens un niveau élevé de protection et
pour renforcer la coopération internationale
L’avancée de loin la plus considérable enre- dans ce domaine.
gistrée ces dernières années dans la coopé-
ration entre les forces de l’ordre a été la mise En matière de droit civil, l’Union européen-
sur pied d’Europol, un organisme propre à ne s’est dotée d’une législation qui facilite
l’UE, établi à La Haye, composé de fonction- l’application des décisions de justice dans
naires de police et des douanes. L’Union a des affaires transnationales traitant de di-
élargi les responsabilités d’Europol qui com- vorces, de séparations, de garde d’enfants
prennent le trafic de drogues et de véhicu- et de créances alimentaires, de telle manière
les volés, la traite des êtres humains ainsi que les décisions de justice prises dans un
que les réseaux d’immigration clandestine, pays soient également applicables dans un
l’exploitation sexuelle des femmes et des autre. L’Union européenne a établi des pro-
enfants, la pornographie, la contrefaçon, le cédures communes pour simplifier et accé-
trafic des matières radioactives et nucléai- lérer le règlement de litiges transnationaux
res, le terrorisme, le blanchiment d’argent et dans des affaires au civil peu importantes et
la falsification de l’euro. dont l’issue est non contestée, telles que des
recouvrements de dettes et des faillites.

IV. Vers un espace


judiciaire commun
Dans l’Union européenne, coexistent actuel-
lement des systèmes judiciaires différents,
cloisonnés par les frontières nationales. Si
l’on veut que les citoyens qui vivent dans
l’Union partagent le même sentiment de
justice, cette dernière doit leur faciliter la vie
quotidienne.

C’est le travail d’Eurojust, une structure


centrale de coordination qui est installée
à La Haye depuis 2003, qui constitue la
coopération opérationnelle la plus significa-
tive. Eurojust doit permettre à des autorités
nationales chargées des poursuites de tra-

47
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11 . Quel rôle pour l’Union
européenne dans le monde?

48
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• L’Union exerce progressivement une influence dans le monde quand elle
s’exprime «d’une seule voix» dans les négociations internationales.
C’est le cas pour les négociations commerciales.

12 leçons sur l’Europe


• Dans le domaine de la défense, chaque État reste souverain, qu’il fasse
partie d’une alliance militaire telle l’Alliance atlantique ou qu’il dispose
d’un statut de neutralité. Néanmoins, ils s’engagent ensemble dans
certaines missions de paix et développent des coopérations militaires.

• La région sud-méditerranéenne et l’Afrique, pour des raisons historiques


et de proximité géographique, font l’objet d’une attention particulière
de l’Union européenne (politiques d’aide au développement, préférences
commerciales, aide alimentaire, coopérations, droits de l’homme).

L’Union européenne a atteint le statut son «deuxième pilier» — un domaine d’action


de grande puissance mondiale sur les où prédominent les concertations intergouver-
plans économique, commercial et moné- nementales ne faisant intervenir que margi-
taire. D’autres ont dit qu’elle est devenue nalement la Commission et le Parlement. Le
un géant économique mais est restée un mode de décision est fondé sur le consen-
«nain politique». L’expression est excessive. sus avec la possibilité pour tel ou tel État de
L’Union européenne pèse de tout son poids s’abstenir.
dans les enceintes internationales telles
que l’OMC, les organismes spécialisés de a. Le paysage politique et stratégique
l’Organisation des Nations unies (ONU), les de l’UE en 2006
sommets mondiaux sur l’environnement et L’adhésion quasi simultanée des anciens
le développement. pays communistes à l’OTAN et à l’UE et
l’orientation pacifique prise par la direction
Cependant, il reste aux États membres de de la Russie ont mis fin à plus d’un demi-
l’Union à faire encore de nombreux progrès siècle de guerre froide. Le continent euro-
sur les plans diplomatique et politique pour péen se réunifie dans la paix et les coopé-
s’exprimer d’une seule voix sur les enjeux dé- rations transfrontalières telles que la lutte
cisifs de la planète: la stabilité et la paix, les contre la criminalité internationale, les
relations avec les États-Unis, le terrorisme, le trafics humains et l’immigration clandestine
Proche-Orient, le rôle du Conseil de sécurité et le blanchiment d’argent sale.
de l’ONU. Plus encore, le cœur des souve-
rainetés nationales, les systèmes de défense Un partenariat structuré est établi entre
militaire restent aux mains des dirigeants l’Union européenne élargie et ses voisins,
nationaux liés entre eux seulement par les dont certains ont vocation, à moyen terme,
engagements contractés dans le cadre des à rejoindre l’Union.
alliances telles que le pacte atlantique.
Les États-Unis ont accepté que les Euro-
péens, engagés dans une action militaire à
I. Une politique de défense laquelle les Américains ne seraient pas partie
commune en gestation prenante, puissent utiliser certains moyens
logistiques (détection, communication, com-
La politique étrangère et de sécurité com- mandement et transport) de l’OTAN.
mune (PESC) et la politique européenne de
sécurité et de défense (PESD), prévues par Le terrorisme qui ensanglante la planète
les traités de Maastricht (1992), d’Amster- depuis les attentats du 11 septembre 2001
dam (1997) et de Nice (2001), ont défini à New York et Washington, puis de Madrid
les principales missions de l’Union en ma- en 2004 et de Londres en 2005, a profon-
tière de défense. L’Union a ainsi développé dément modifié la donne stratégique. Les

49
13-03-07.FR-0.2.indd 349 14/03/2007 11:55:38
© CE
L’aide en temps de crise – les soldats de l’UE aident à restaurer la paix au Congo.

Européens doivent coopérer plus étroite- sera composée d’éléments prélevés sur des
ment dans la recherche d’informations per- forces nationales prédésignées.
mettant de mettre hors d’état de nuire les
auteurs des attentats et leurs instigateurs. Néanmoins, la mise en place d’un Comité
La coopération avec les États-Unis et les politique et de sécurité (COPS), d’un Comité
pays attachés à la démocratie et aux droits militaire de l’Union européenne (CMUE)
de l’homme dépasse aujourd’hui le cadre et d’un État-major de l’Union européenne
des alliances défensives traditionnelles. (EMUE), placés sous l’autorité du Conseil
et situés à Bruxelles, donne déjà à l’Union
b. Réalisations concrètes dans les un outil politico-militaire pour répondre aux
domaines de la politique étrangère et missions qu’elle s’est fixées: actions huma-
de la sécurité commune nitaires hors d’Europe, missions de paix et
En application du traité d’Amsterdam, la d’interposition.
nouvelle fonction de «haut représentant de
la PESC» a été confiée à M. Javier Solana par Le prix très élevé et la sophistication crois-
le Conseil européen en 1999. sante des technologies militaires rendent
de plus en plus nécessaires les coopérations
Les pays membres de l’UE, qui veulent industrielles en matière d’industrie d’arme-
constituer entre eux une politique européen- ment entre les États membres de l’Union. De
ne de sécurité et de défense conformément même, l’éventuelle intervention conjointe
aux traités, se sont fixé un objectif concret: des forces armées européennes sur un théâ-
pouvoir projeter une force de réaction rapide tre extérieur impose de faire progresser la
assistée d’un soutien naval et aérien, mobili- standardisation et l’interopérabilité des ma-
sable pendant un an. Cette force de réaction tériels. Le Conseil européen de Thessaloni-
rapide ne constituera pas encore une vérita- que (juin 2003) a décidé la mise en place de
ble armée européenne intégrée puisqu’elle l’Agence européenne de défense.

50
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Depuis 2003, l’Union européenne a accompli La politique commerciale de l’Union euro-
une série de missions de maintien de la paix péenne est étroitement liée à sa politique
et de gestion de crise. La plus importante de développement. Dans le cadre de son

12 leçons sur l’Europe


d’entre elles fut celle effectuée en Bosnie- système de préférences généralisées (SPG),
et-Herzégovine, où une force militaire de l’UE accorde un accès en franchise de droits
l’UE (EUFOR) de 7 000 hommes a remplacé de douane ou un accès préférentiel à taux
les forces de maintien de la paix de l’OTAN réduit à son marché à la plupart des impor-
en décembre 2004. tations en provenance des pays en déve-
loppement et des économies en transition.
Elle va encore plus loin avec les quarante-
II. Une politique commerciale neuf pays les plus pauvres du monde, dont
ouverte sur le monde l’intégralité des exportations — à la seule
exception des armes — peut, dans le cadre
L’Union européenne est favorable au systè- d’un programme lancé en 2001, bénéficier
me fondé sur des règles mis en place à l’Or- d’un accès au marché de l’UE en franchise
ganisation mondiale du commerce (OMC), de droits de douane.
qui constitue un gage de sécurité juridique
et de transparence dans la conduite du com- En revanche, l’Union européenne n’a pas
merce international. L’OMC fournit un cadre d’accords commerciaux spécifiques avec ses
dans lequel ses membres ont la possibilité de principaux partenaires commerciaux parmi
se défendre contre des pratiques déloyales, les pays développés, tels que les États-
comme le dumping — la vente de produits à Unis et le Japon, avec lesquels les relations
des prix inférieurs à leur coût —, employées commerciales sont gérées au moyen des
par des exportateurs pour concurrencer leurs mécanismes mis en place dans le cadre de
rivaux. Enfin, l’OMC prévoit une procédure l’OMC. Les États-Unis et l’Union européenne
de règlement des différends dans le cas où cherchent à développer des relations fon-
un litige surgit entre deux partenaires com- dées à la fois sur l’égalité et le partenariat.
merciaux — ou plus.
© Reuters

Le vin est l’une des principales exportations de l’UE vers son plus grand partenaire commercial,
les États-Unis.

51
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Néanmoins, les États membres n’ont pas C’est en novembre 1995 que l’Union
tous la même conception des relations di- européenne a jeté les bases du nouveau
plomatiques, politiques et militaires à établir partenariat euro-méditerranéen lors de la
des deux côtés de l’Atlantique. conférence de Barcelone à laquelle ont
participé tous les États membres de l’UE
L’Union européenne accroît ses échanges et les États riverains de la Méditerranée
avec les nouvelles puissances émergentes (à l’exception de l’Albanie, de la Libye et
et les autres régions du monde, telles que des pays de l’ex-Yougoslavie). Cette confé-
l’Amérique latine et centrale ou la Chine et rence a permis de définir les contours d’un
l’Inde. Ces accords commerciaux prévoient nouveau partenariat comprenant:
également des coopérations d’ordres techni-
que et culturel. • un dialogue politique et un partenariat
de sécurité entre les pays participants, fondé
notamment sur des mécanismes de règle-
III. Les relations entre l’UE ment pacifique des conflits et le contrôle des
et les pays méditerranéens armements;

Vis-à-vis des pays du sud de la Méditerra- • l’intensification des relations économi-


née, qui, par leur proximité géographique, ques et commerciales interrégionales. L’as-
les affinités historiques et culturelles, les flux pect majeur est la réalisation d’une zone de
migratoires existants et potentiels, représen- libre-échange euro-méditerranéenne d’ici à
tent des partenaires de première importance, 2010;
l’Union a traditionnellement choisi de mener
une politique d’intégration régionale appe- • un partenariat dans les domaines
lée «approche globale méditerranéenne». social, culturel et humain.

© EC

L’accès à l’eau potable est une priorité de l’UE.

52
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Une assistance financière de 5,3 milliards Le nouvel accord comporte des change-
d’euros pour la période 2000-2006 a été ments qualitatifs considérables par rapport
accordée aux pays méditerranéens. Dans à ceux qui l’ont précédé, puisqu’il passe de

12 leçons sur l’Europe


le cadre des perspectives financières 2007- relations commerciales fondées sur l’accès
2013, l’instrument européen de voisinage au marché à des relations commerciales
et de partenariat (IEVP), succédera, en plus étendues. De nouvelles procédures ont
les fusionnant, aux actuels programmes été définies pour faire face aux problèmes
MEDA II et Tacis (portant sur les pays de violation des droits de l’homme.
de l’Est).
L’Union a consenti des concessions com-
IV. L’Afrique merciales particulières pour tous les pays
les moins développés, dont trente-neuf sont
La relation entre l’Europe et l’Afrique sub- signataires de l’accord de Cotonou. Depuis
saharienne est ancienne: elle date de la 2005, ils peuvent exporter librement prati-
conception même du traité de Rome, en quement tous les types de produits sur le
1957, qui faisait des pays et des territoires marché de l’Union. Le Fonds européen de
d’outre-mer de certains États membres des développement finance les programmes
associés. Le processus de décolonisation en- ACP grâce à un budget compris entre 2 et 3
tamé au début des années 60 a transformé milliards d’euros par an.
ce lien en une association d’un type diffé-
rent, entre pays souverains.

L’accord de Cotonou, signé en 2000 dans


la capitale du Bénin, marque une nouvelle
étape de la politique de développement
de l’Union européenne. Cet accord, qui lie
l’Union aux pays d’Afrique, des Caraïbes et
du Pacifique (ACP), est l’accord le plus am-
bitieux et le plus vaste conclu entre des pays
développés et des pays en développement.
Il a succédé à la convention de Lomé, signée
en 1975 à Lomé, capitale du Togo, puis ré-
gulièrement mise à jour.

L’objectif fondamental de ce vaste accord


d’assistance et d’échanges commerciaux est
resté le même. Il s’agit «de promouvoir et
d’accélérer le développement économique,
culturel et social des États ACP et d’appro-
fondir et de diversifier leurs relations [avec
l’Union européenne et ses États membres]
dans un esprit de solidarité et d’intérêt mu-
tuel» (citation de la convention de Lomé).

53
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12. Quel avenir pour l’Europe?

54
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• L’unification européenne progressera dans les domaines où les États
membres constateront l’insuffisance des seuls moyens nationaux

12 leçons sur l’Europe


pour faire face aux défis de la mondialisation.

• Le chantier institutionnel définissant les règles du jeu entre les États


membres et l’Union, et entre celle-ci et les citoyens, reste ouvert. Le thème
du traité établissant une Constitution pour l’Europe sera au cœur des
discussions dans les années à venir, quels que soient la forme et
le contenu du texte qui sera finalement adopté.

«Un jour viendra où toutes les nations du justice et la solidarité. Ce pacte est en voie
continent, sans perdre leur qualité distincte de consolidation sur l’ensemble du continent.
et leur glorieuse individualité, se fondront Un demi-milliard d’êtres humains ont choisi
étroitement dans une unité supérieure et de vivre sous le règne du droit et en harmo-
constitueront la fraternité européenne. Un nie avec des valeurs séculaires au centre
jour viendra où il n’y aura plus d’autres desquelles se situent l’homme et sa dignité.
champs de bataille que les marchés s’ouvrant
aux idées. Un jour viendra où les boulets et D’autres défis se présentent, nés de la
les bombes seront remplacés par les votes.» révolution technologique en cours, qui
transforme profondément l’environnement
Il aura fallu plus d’un siècle pour que ce dans lequel les Européens, comme l’ensem-
discours prémonitoire et prophétique de Vic- ble du monde industrialisé, sont appelés à
tor Hugo, prononcé en 1849, passe de l’uto- évoluer. L’essentiel est de comprendre que
pie à la réalité. Deux guerres mondiales, d’in- ces défis ont une dimension qui dépasse les
nombrables conflits intraeuropéens et des frontières traditionnelles. Le développement
millions de morts auront jalonné cet espace durable, l’équilibre démographique, le dyna-
de temps et fait perdre parfois jusqu’à toute misme de l’économie, la solidarité sociale,
espérance. Aujourd’hui, la première décen- les réponses éthiques à apporter aux progrès
e
nie du XXI siècle s’ouvre sous de meilleurs des sciences du vivant ne peuvent plus être
auspices. Mais les risques et les défis, efficacement traités dans le cadre national.
s’ils ont changé de nature, restent présents. La solidarité envers les générations futures
est également en jeu.
L’élargissement de l’Union s’est poursuivi
selon le calendrier fixé par les institutions L’Europe en construction touche désormais
de l’Union. «L’Europe a enfin pu réconcilier l’ensemble du continent. Mais elle fait
son histoire et sa géographie», a pu souli- partie d’un monde en profond boulever-
gner une haute personnalité de l’un des sement. La planète est à la recherche de
nouveaux États membres. À l’avenir, l’Union ses points d’équilibre. La résurgence des
devrait encore poursuivre son extension. sentiments religieux dans le monde islami-
Elle devra d’ici là, en accord avec les que, les épidémies et la famine en Afrique,
opinions publiques, définir ses frontières les tentations de l’unilatéralisme en Amé-
ultimes, qui seront géographiques, politiques rique du Nord, l’explosion démographique
et culturelles. et économique en Asie et les délocalisa-
tions industrielles sont autant de phéno-
Le pacte fondateur entre nations souverai- mènes qui concernent aussi l’Europe.
nes, décidées à partager leurs destins et Celle-ci doit à la fois se concentrer sur son
à exercer ensemble une partie croissante propre développement et s’immerger dans
de leur souveraineté, porte sur les atten- la globalisation. L’Union a encore beaucoup
tes les plus profondes des peuples: la paix, de progrès à accomplir avant de s’exprimer
la sécurité, la démocratie participative, la d’une seule voix et d’être un acteur crédible

55
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sur la scène diplomatique stratégique et po- bre 2004, répond à l’exigence d’une sim-
litique du monde. plification des traités et d’une meilleure
transparence des processus de décision au
Les institutions de l’Union ont fait leurs sein de l’Union. Le citoyen doit savoir «qui
preuves, mais elles doivent être adaptées fait quoi en Europe» pour se sentir concer-
pour faire face à la révolution du nombre né, participer aux élections européennes et
et à l’accroissement des tâches de l’Union. apporter son soutien à l’idée européenne.
Plus le nombre de membres de l’Union La Constitution clarifie les compétences en-
s’accroît, plus les forces centrifuges mena- tre l’Union, les États et les régions. Elle éta-
cent. Les visions d’intérêts à court terme blit que la construction européenne se fonde
devront s’effacer devant les priorités du sur une double légitimité: celle des peuples
long terme. Les acteurs de cette aventure dont peuvent se prévaloir directement les
sans précédent doivent mesurer leurs res- citoyens et celle des États qui reste le cadre
ponsabilités en agissant de telle sorte que légitime des sociétés.
l’ensemble institutionnel européen continue
à fonctionner efficacement. Toute réforme Le cadre constitutionnel dont les vingt-sept
décisive du système actuel doit garantir États membres décideront finalement de
la pluralité et le respect des différences qui doter l’Union à partir des discussions qui
constituent la richesse des nations d’Europe. reprendront en 2007 devra être ensuite
Elle doit aussi se concentrer sur le processus adopté soit à travers les ratifications par-
de décision. La recherche systématique de lementaires nationales, soit à travers des
l’unanimité conduirait à la paralysie. Seul consultations populaires directes. En tout
un système politique et juridique, accompa- état de cause, l’immense effort d’information
gné de poids et de contrepoids (checks and déjà amorcé et promu en 2006 à l’initiative
balances), et fondé sur le vote majoritaire de la Commission européenne, sous le signe
pourra fonctionner. du «Plan D» — comme démocratie, dialogue,
débat — doit être poursuivi pour remporter
La Constitution, adoptée par les vingt-cinq l’indispensable soutien de l’opinion publi-
chefs de gouvernement à Rome, en octo- que européenne.

© Flying Colours/Digital Vision/Getty Images

L’Europe – un marché d’idées.

56
13-03-07.FR-0.2.indd 356 14/03/2007 11:56:05
La Constitution européenne

12 leçons sur l’Europe


Historique

Pour faire face aux multiples défis qu’allait poser à l’Union européenne son élargisse-
ment aux pays d’Europe centrale et orientale, le Conseil européen, en décembre 2001, a
convoqué une Convention chargée d’élaborer un projet de traité de Constitution.

Cette Convention a conduit ses travaux en 2002 et 2003 sous la présidence de Valéry
Giscard d’Estaing. Elle a réuni cent cinq «conventionnels», représentant les gouverne-
ments des États membres ou candidats, les parlements nationaux, le Parlement européen
et la Commission.

La Convention adopte par consensus en juin 2003 son projet de traité.

Le traité est formellement signé à Rome le 29 octobre 2004.

Le processus de ratification est entamé dans tous les États membres: une majorité des
pays qui ont procédé à cette ratification a approuvé le traité par voie référendaire ou
parlementaire. À la suite du résultat négatif du référendum organisé en France en mai
2005 et aux Pays-Bas en juin 2005, le Conseil européen des 16 et 17 juin 2005 a ouvert
une période de réflexion quant à l’avenir de l’Europe.

Les principales innovations de la Constitution européenne

• L’élection du président du Conseil européen, à la majorité qualifiée, pour un mandat


de deux ans et demi renouvelable.

• L’élection, à la majorité simple par le Parlement européen, du président de la Com-


mission, sur proposition du Conseil européen, «compte tenu des élections au Parlement
européen».

• La création d’un poste de ministre des affaires étrangères de l’Union.

• L’intégration de la Charte des droits fondamentaux dans le traité.

• L’extension du vote à la majorité qualifiée au sein du Conseil.

• Le renforcement du pouvoir législatif et budgétaire du Parlement européen.

• Une présentation plus claire de la répartition des compétences entre l’Union et


les États membres.

• Un rôle confié aux parlements nationaux pour faire respecter le principe


de subsidiarité.

57
13-03-07.FR-0.2.indd 357 14/03/2007 11:56:09
Chronologie de
la construction européenne

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13-03-07.FR-0.2.indd 358 14/03/2007 11:56:10
1950 1965
9 mai 8 avril
Robert Schuman, ministre français des af- Signature du traité de fusion des exécu-

12 leçons sur l’Europe


faires étrangères, propose, dans un discours tifs des trois Communautés instituant un
inspiré par Jean Monnet, la mise en com- Conseil et une Commission uniques. Il en-
er
mun des ressources de charbon et d’acier trera en vigueur le 1 juillet 1967.
de la France et de la République fédérale
d’Allemagne dans une organisation ouverte 1966
aux autres pays d’Europe. 29 janvier
Compromis dit «de Luxembourg». À la suite
Puisque cette date peut être considérée d’une crise politique, la France accepte de
comme la naissance de l’Union européenne, reprendre sa place au Conseil en contrepar-
le 9 mai est devenu une fête annuelle: la tie du maintien de la règle de l’unanimité
«Journée de l’Europe». lorsque des «intérêts très importants» sont
en jeu.
1951
18 avril 1968
er
Les Six signent à Paris le traité instituant la 1 juillet
Communauté européenne du charbon et Élimination, avec un an et demi d’avance,
de l’acier (CECA). Elle entrera en vigueur le des derniers droits de douane entre les États
23 juillet 1952, pour une période de membres pour les produits industriels et
cinquante ans. mise en place du tarif extérieur commun.

1955
er
1969
er
1 et 2 juin 1 et 2 décembre
Réunis en conférence à Messine, les minis- Sommet de La Haye. Les chefs d’État ou de
tres des affaires étrangères des Six décident gouvernement décident de pousser plus loin
d’étendre l’intégration européenne à toute l’intégration européenne.
l’économie.
1970
1957 22 avril
25 mars Signature, à Luxembourg, du traité permet-
Signature à Rome des traités instituant la tant le financement progressif des Commu-
Communauté économique européenne nautés par des ressources propres et l’exten-
(CEE) et l’Euratom. Elles entreront en vi- sion des pouvoirs de contrôle du Parlement
gueur le 1er janvier 1958. européen.

1960 1972
4 janvier 22 janvier
Signature de la convention de Stockholm Signature, à Bruxelles, des traités d’adhésion
créant, à l’initiative du Royaume-Uni, l’Asso- des nouveaux membres des Communautés
ciation européenne de libre-échange (AELE), européennes (Danemark, Irlande, Norvège
comprenant plusieurs pays européens qui et Royaume-Uni).
ne sont pas États membres de la CEE.
1973
1963 er
1 janvier
20 juillet Entrée du Danemark, de l’Irlande et du
Signature, à Yaoundé, de la convention Royaume-Uni dans les Communautés euro-
d’association entre la CEE et dix-huit pays péennes (référendum négatif en Norvège).
africains. Les Communautés comptent neuf États
membres.

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1974 17 et 28 février
9 et 10 décembre Signature à Luxembourg et à La Haye de
Sommet de Paris, où les neuf chefs d’État ou l’Acte unique européen. Il entre en vigueur
er
de gouvernement décident de se réunir régu- le 1 juillet 1987.
lièrement en Conseil européen (trois fois par
an), proposent d’élire le Parlement européen 1989
au suffrage universel et décident la mise en 15 et 18 juin
œuvre du Fonds européen de développe- Troisièmes élections directes européennes.
ment régional.
9 novembre
1975 Ouverture du mur de Berlin.
28 février
Signature, à Lomé, d’une convention (Lomé I) 1990
entre la CEE et 46 États d’Afrique, des Ca- 3 octobre
raïbes et du Pacifique (ACP). Réunification allemande.

22 juillet 1991
Signature du traité renforçant les pouvoirs 9 et 10 décembre
budgétaires du Parlement européen et Le Conseil européen à Maastricht adopte un
créant la Cour des comptes européenne. Il traité sur l’Union européenne. Il prévoit une
er
entre en vigueur le 1 juin 1977. politique étrangère et de sécurité commune,
une coopération plus étroite dans les domai-
1979 nes de la justice et des affaires intérieures et
7 et 10 juin la création d’une Union économique et mo-
Première élection au suffrage universel des nétaire, y compris une monnaie unique.
410 membres du Parlement européen.
1992
1981
er
7 février
1 janvier Signature du traité sur l’Union européenne
er
Entrée de la Grèce dans les Communautés à Maastricht. Il entre en vigueur le 1 no-
européennes. Les Communautés comptent vembre 1993.
dix États membres.
1993
1984 er
1 janvier
14 et 17 juin Mise en place du marché unique.
Deuxièmes élections directes du Parlement
européen. 1994
9 et 12 juin
1985 Quatrièmes élections européennes.
7 janvier
Jacques Delors devient président de la Com- 1995
er
mission (1985-1995). 1 janvier
Entrée de l’Autriche, de la Finlande et de
14 juin la Suède dans l’Union européenne (réfé-
Signature de l’accord de Schengen, qui vise à rendum négatif en Norvège). L’UE compte
abolir les contrôles aux frontières entre les pays quinze États membres.
membres des Communautés européennes.
23 janvier
1986
er
Entrée en fonction de la Commission prési-
1 janvier dée par Jacques Santer (1995-1999).
Entrée de l’Espagne et du Portugal dans les
Communautés européennes. Les Commu-
nautés comptent douze États membres.

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27 et 28 novembre 10 et 13 juin
Conférence euro-méditerranéenne de Barce- Cinquièmes élections européennes.
lone, engageant un partenariat entre l’UE et

12 leçons sur l’Europe


les pays du sud de la Méditerranée. 15 septembre
Entrée en fonction de la Commission prési-
1997 dée par Romano Prodi (1999-2004).
2 octobre
Signature du traité d’Amsterdam. Il entre en 15 et 16 octobre
er
vigueur le 1 mai 1999. Conseil européen de Tampere consacré à la
réalisation d’un espace européen de liberté,
1998 de sécurité et de justice.
30 mars
Lancement du processus d’adhésion des 2000
nouveaux pays candidats. Ce processus va 23 et 24 mars
englober Chypre, Malte et dix États d’Eu- Le Conseil européen de Lisbonne définit une
rope centrale et orientale. nouvelle stratégie de l’Union visant à ren-
forcer l’emploi, la réforme économique et la
1999
er
cohésion sociale dans une économie fondée
1 janvier sur la connaissance.
Début de la troisième phase de l’UEM: les
onze monnaies des États participants dispa- 7 et 8 décembre
raissent au profit de l’euro. La monnaie com- À Nice, le Conseil européen adopte le texte
mune est introduite sur les marchés finan- d’un nouveau traité qui réforme le système
ciers. La Banque centrale européenne (BCE) décisionnel de l’UE dans la perspective de
est désormais responsable de la politique l’élargissement. Les présidents du Parlement
monétaire. La Grèce les rejoint en 2001. européen, du Conseil européen et de la
Commission proclament solennellement la
Charte des droits fondamentaux de l’Union
européenne.
© Reuters

Une nouvelle monnaie a fait son apparition en 1999, lorsque l’euro est introduit pour les transactions
financières (moyens de paiement autres que les espèces). Les billets et les pièces ont suivi en 2002.

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2001 22 novembre
26 février Entrée en fonction de la Commission prési-
Signature du traité de Nice. Il entre en vi- dée par José Manuel Barroso.
er
gueur le 1 février 2003.
2005 er
14 et 15 décembre 29 mai et 1 juin
Conseil européen de Laeken. Adoption d’une Référendum négatif sur la Constitution en
déclaration sur l’avenir de l’Union ouvrant la France, puis aux Pays-Bas.
voie à la future grande réforme de l’Union et
convocation d’une Convention, présidée par 3 octobre
Valéry Giscard d’Estaing, afin de préparer Ouverture des négociations d’adhésion avec
une Constitution européenne. la Croatie et la Turquie.

2002
er
2007
er
1 janvier 1 janvier
Mise en circulation des pièces et des billets La Bulgarie et la Roumanie adhèrent à
en euros dans les douze pays de la zone l’Union européenne.
euro.
La Slovénie rejoint la zone euro.
13 décembre
Conseil européen de Copenhague. Accord
sur l’adhésion de dix pays candidats (la
République tchèque, l’Estonie, Chypre, la
Lettonie, la Lituanie, la Hongrie, Malte,
la Pologne, la Slovénie et la Slovaquie)
er
le 1 mai 2004.

2003
10 juillet
Conclusion des travaux de la Convention sur
l’avenir de l’Europe; adoption d’un projet
de traité établissant une Constitution pour
l’Europe.

4 octobre
Ouverture de la Conférence intergouverne-
mentale chargée de rédiger le traité consti-
tutionnel.

2004
er
1 mai
Adhésion à l’UE de la République tchèque,
de l’Estonie, de Chypre, de la Lettonie, de la
Lituanie, de la Hongrie, de Malte, de la Polo-
gne, de la Slovénie et de la Slovaquie.

10 et 13 juin
Sixièmes élections européennes.

29 octobre
Adoption à Rome de la Constitution euro-
péenne.

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L’Union européenne

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Commission européenne

12 leçons sur l’Europe


par Pascal Fontaine

Luxembourg: Office des publications officielles des Communautés européennes


2007 — 62 p. — 16,2 x 22,9 cm

ISBN 92-79-02868-5

Quelle est la mission de l’Union européenne? Pourquoi et comment a-t-elle été créée?
Comment fonctionne-t-elle? Qu’a-t-elle déjà accompli pour ses citoyens et quels sont
les nouveaux défis auxquels elle est confrontée aujourd’hui? Comment peut-elle mobiliser
davantage ses citoyens?

À l’heure de la mondialisation, l’Union européenne peut-elle rivaliser avec les autres grandes
économies tout en préservant ses valeurs sociales? L’Europe peut-elle continuer à jouer un rôle
majeur sur la scène internationale et participer à la lutte contre le terrorisme?

Voici quelques-unes des questions auxquelles répond Pascal Fontaine — expert en affaires
européennes et ancien professeur d’université — dans la réédition de 2007 de sa brochure
12 leçons sur l’Europe, destinée au grand public.

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