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Autour de cette stèle présentée lors de l’exposition Aventure Champollion à la Bibliothèque Nationale
de France en 2022. Elle fut découverte en 1901 sur le site de Tantah, entre Alexandrie et Le Caire,
comme l’indiquait W. Froehner1, qui l’a léguée au Cabinet des Médailles de la BnF.
On en présentera également une traduction en français, ainsi qu’une hypothèse de déchiffrage d’un
patronyme difficile à lire en Τϰ**ς.
Dédicace gravée sur une stèle cintrée à l'intérieur d'un naos égyptisant
À droite en parallèle la lecture donnée par The Packard Humanities Institute (qui reprend celle de
Louis Robert; voir plus bas) sous la référence SB5:8957
ὑπὲρ βασιλέως Πτολεμαίου Σωτῆρος Ἴσιδι Σονονάει, θεᾷ Μεγίστη, ϰαὶ τοῖς συννάοις θεοῖς
Πτολεμαῖος Ὀννώφρεις Πόμστος, μητρὸς Τϰ․․․ις ϰαὶ Ὀασσύχιον ἡ γυνὴ ϰαὶ τὰ τέϰνα πάντα
[ε]ὐχήν. (ἔτους) λʹ, Φαμενὼθ ιεʹ.
1
Wilhelm Froehner (Karlsruhe, 17 août 1834-Paris, 22 mai 1925) est un archéologue et numismate français,
d'origine badoise.
Visualisation
ΥΠΕΡ ΒΑΣΙΛΕΩΣ
ΠΤΟΛΕΜΑΙΟΥ ΣΩ-
ΤΗΡΟΣ ΙΣΙΔΙ ΣΟΝ-
ΟΝΑΕΙ ΘΕΑ ΜΕΓΙΣ-
ΤΗ ΚΑΙ ΤΟΙΣ ΣΥΝΝ-
ΑΙΟΣ ΘΕΟΙΣ ΠΤΟΛ-
ΕΜΑΙΟΣ ΟΝΝΩΦΡΕ-
ΙΣ ΠΟΜΣΤΟΣ ΜΗΤΡ-
ΟΣ ΤΚ**Σ ΚΑΙ ΟΑΣ-
ΣΥΧΙΟΝ Η ΓΥΝΗ ΚΑΙ
ΤΑ ΤΈΚΝΑ ΠΑΝΤΑ
[Ε]ΥΧΗΝ Λ ΦΑΜΕΝΩΘ ΙΕ
Éléments notables
Également désignée Snonais, y compris via l’adjectif Snonaitiakē Σνοναιτιαϰης comme sur cette stèle
E 27113, exposée au Louvre, dédiée à Cléopâtre VII:
Voir également mention d’un autel commun5 à Isis Sonona, Harpocrates6 et Premarres7 à Soknopaiou
Nesos, cf Packard Humanities. Cette mention avait été relevée par Louis Robert, voir plus bas.
synnaios theois
σύν·ναος: honoré dans un même temple (naos); on rencontre parfois la formule συννάοις ϰαὶ
συμβώμοις, avec σύμ·ϐωμος: adoré sur le même autel.8
Nous adopterons l’hypothèse suivant laquelle cette suite de noms Πτολεμαῖος Ὀννωφρεις Πομστος
μητρὸς Τϰ**ς est à interpréter comme Ptolemaios [fils de] Onnophris, [petit-fils de] Pomstos, sa mère
étant Tk**s.
Ceci étant en rapprochement avec ces formules systématiques de type “Ptolemaios, son of Nestosiris,
grandson of Petheus, mother Thermouthis, drachmas 4” qui se trouvent par exemple sur ces relevés
fiscaux datés de 172-173 A.D. sur le Papyrus de Michigan 4.224, accessible sur le site Papyri.info
εὐχήν
Accusatif de εὐχή prière, vœu.
2
Voir l’article Lesonis sur wikipedia-deutsch
3
Dans l'Égypte antique, Epiphi est le onzième mois du calendrier nilotique (basé sur la crue du Nil). C'est le
troisième mois de la saison Chémou.
4
Traduction en anglais provenant de Ptolemaic and Early Roman Egypt, de John S. Kloppenborg, p.210.
5
Qui ne relèverait pas nécessairement de la triade (Alexandrine?) Sarapis-Isis-Harpocrates, ni de celle de
Isis-Harpocrate-Anubis. D’autre part, Isis possède d’autres épithètes, cf Esenchebis, Eseremphis, Nepherses,.
Nephremmis, …
6
From Ancient Greek Ἁρποϰράτης (Harpokrátēs), from Egyptian ḥr-pꜣ-ẖrd, from ḥr (“Horus”) + pꜣ (“the”) +
ẖrd (“child”).
7
“Amenemhat III was worshipped as a god with the name of Porramanres, Pramarres or Premarres”, in
Medinet Madi, the town of Amenemhat III, de Edda Bresciani & Antonio Giammarusti. Voir aussi Poimandres
8
Cf Theoi sumbômoi et autels multiples, de Ioanna Patera sur OpenEdition
9
Si l'on considère que phamenoth s’étendait du 10 mars au 8 avril, cette date serait le 25 mars. Nota: la base
trismegistos donne BC 87 Mar 27.
Dans l'Égypte antique, Phaminoth (qui signifie celui d'Amenhotep) est le septième mois du calendrier
nilotique (basé sur la crue du Nil) et le troisième mois de la saison de Peret.
Ptolemaios
Ptolemaios est à la fois le nom du souverain régnant, et celui du dédicant, ce qui reflète la popularité
du terme dans le monde greco-égyptien. D’après le Bailly, πτόλεμος est la forme pré-grecque de
πόλεμος (la guerre).10
Ultérieurement, cette popularité de Ptolemaios put gagner les mondes hébreu, puis chrétien via la
forme Barthelemy, avec Βαρθολομαῖος = “bar tolmai”, “fils de Talmai”; “fils de Ptolémée”
Onnophris
Ce nom est la transcription en grec de wen-nefer, qui est le correspondant égyptien du terme évergète
(εὐεργέτης, bienfaisant, bienfaiteur), lequel était par ailleurs une des épithètes de nombreux
ptolémaïques, cf liste.
Les deux autres noms Pomstos et Oasychion sont bien répertoriés chez Preisigke, voir plus bas en
appendix. Et Tk***s reste à résoudre.
10
D’après G. Dunkel, πτόλεμος et πόλεμος sont liés via le mécanisme dit de terpsimbrotos.
Proposition de traduction
En l’honneur du roi Ptolémée Sôter; par Ptolemaios fils de Onnophris, petit-fils de Pomstos, sa mère
étant Tk**s; et par son épouse Oasychion ainsi que par ses enfants; pour Isis Snonais la très grande
déesse et les dieux qui partagent son temple, ce vœu le 15 du mois de phamenoth dans la trentième
année de son règne.
Nota: on pouvait rencontrer une traduction largement tronquée de notre stèle in The Epigraphy of
Ptolemaic Egypt, publié par Alan Bowman, Charles Crowther, p. 284
TM6431 Dedication: in favour of King Ptolemy IX Soter, by Ptolemaios and his wife
Oasychion and children, to Isis Sonais and the temple-sharing gods.
Appendixes
Froehner a reconnu Ptolémée X12 Soter II. La 30e année du règne donne 86 a. C. n., donc peu
après que Ptolémée fut remonté sur le trône d'Égypte (en 88).
Ὑπὲρ βασιλέως Πτολεμαίου Σωτῆρος Ἴσιδι Σονονάει θεᾷ Μεγίστῇ ϰαὶ τοῖς συννάοις
θεοῖς Πτολεμαῖος Ὀννωφρεις Πομστος μητρὸς Τϰ...ις ϰαὶ Όασσυχιο ἡ γυνὴ ϰαὶ τὰ
τέϰνα πάντα [ε]ὐχήν. (Ἔτους) λ΄ Φαμενώθ ιε΄
La dédicace doit provenir du même sanctuaire qu'une dédicace du Fayoum, OGI, 17513
(achetée en 1895), qui est seule14 à faire connaître la même épithète d'Isis, qui date de la
même époque (105-104 av. J.-C.) et qui nomme les dieux σύνναοι de cette Isis:
Ὑπὲρ βασιλίσσης ϰλεοπάτρας, θεᾶς Εὐεργετίδος, ϰαὶ βασιλέως Πτολεμαίου τοῦ ϰαὶ
᾿Αλεξάνδρου, θεοῦ Φιλομήτορος, Ἴσιδι Σονονάει θεᾶι μεγίστης, ϰαὶ ῾Αρποϰράτηι ϰαὶ
Πρεμά[ρ]ρει, θεοῖς Εὐχαρίστοις. Διονύσιος Δημητρίου ϰαὶ Θασ[ῆ]ς Φίλων[ος ἡ] γυνὴ
ϰαὶ τὰ τέκνα τὴν εἰς τ[ὴ]ν ἀπὸ τοῦ δρόμου Πρεμαρρείους ἄγουσαν εὐθεῖαν ὁδὸν ἐπ[ὶ]
τὸν Νάβλα ϰαὶ τὰς γεφύρας πρὸς εὐχέ[ρειαν] ὡδοποιημένην εἰς ἀμφότ[ε]ρα τὰ ἱερα
τή[ν τε] [δα] πάνην ϰαὶ τὸν βωμό[ν],
(ἔτους) ιγʹ το<ῦ> καὶ ιʹ, Ἐπεὶφ κγʹ.
Ligne 9, je ne puis donner de lecture assurée. Froehner lisait Tϰαιις. Il ne semble pas qu'on
puisse lire Tϰουις (pour ces noms, voir le Namenbuch de Preisigke). À la fin de la ligne, on lit
bien un omicron (ΟΑΣ), et non un théta.
11
Louis Robert, né à Laurière (Haute-Vienne) le 15 février 1904 et mort à Paris le 31 mai 1985, est un historien
et archéologue français spécialiste de la Grèce antique et plus particulièrement d'épigraphie et de numismatique.
Il enseigna au Collège de France de 1939 à 1974.
12
Lire IX
13
Nous nous sommes permis de compléter en fonction de la note supra sur Soknopaiou Nesos; avec photo ici.
14
Nota: voir plus haut cette citation en Snonaitiakē - Σνοναιτιαϰης sur la stèle E 27113 du Louvre.
15
Voir la notice BnF de Daniele Foraboschi (1941-2018)
16
Sammelbuch Griechischer Urkunden aus Ägypten, de Preisigke, sur archive.org
Coup de projecteur sur les formes en Τϰ-
Hypothèses
Dans l’hypothèse Tk**is, Τϰνεῖς, Τϰῦτις17, Τϰῦφις, Τϰῶρις seraient des candidats intéressants à
rapprocher des clichés avec ΤΚΝΕΙΣ, ΤΚΥΤΙΣ, ΤΚΥΦΙΣ, ΤΚΩΡΙΣ
Par contre,
➢ si l’on lisait le caractère à gauche du Σ comme un Ν (graphie proche de ceux de
ΟΝΝΩΦΡΕΙΣ et ΣΥΝΝΑΙΟΣ, avec barre oblique peu descendante) et non comme un I
➢ et si l’on lisait celui qui est à droite du Κ comme un Ο plutôt petit, comme par exemple celui
de ΜΗΤΡΟΣ ... et ressemblant un peu à un “9” comme (en miroir) le premier Ο de
ΟΑΣΣΥΧΙΟΝ
Nous aurions alors une lecture en ΤΚΟΝΣ, et nous pourrions être en présence d’une variante
phonétique des formes de type *Τϰοννῆς, *Τϰόννυς, et *Τϰοννῶς18, surlignées ci-dessus dans les
sources citées par D. Foraboschi.
17
Voir Τϰυτις should be Τϰετις dans un recensement de ghostnames
18
Gender: Female; 92 attestations of 7 individuals with this name in documentary texts, pour “Tkonnos”
d’après la base Trismegistos de UCLouvain
Correspondances Grec - Égyptien
On relève une autre forme en Τϰ- non recensée par D. Foraboschi, non particulièrement applicable à
notre stèle, mais qui par contre est accompagnée de sa correspondance en démotique, est citée in
Mummy Labels from Graeco-Roman Egypt in National Museums Scotland, Edinburgh, by Margaret
Maitland sur Academia
Recherches envisageables
Une recherche des correspondants possibles de notre Τϰ- avec (par exemple) des TꜢ-g* reste à
effectuer, typiquement avec le Ägyptischen Personennamen de H. Ranke.
Ceci est également souhaitable pour trouver les étymologies de Pomstos et Oasychion, à l'instar de
celle de Onnophris.
Bibliographie
Trois inscriptions ptolémaïques : dédicaces en l’honneur des souverains lagides, de Natacha Massar
sur Persée.
Mummy Labels from Graeco-Roman Egypt in National Museums Scotland, Edinburgh, by Margaret
Maitland sur Academia
The Epigraphy of Ptolemaic Egypt, de Alan Bowman, Charles Crowther, sur Google_Books.
Visualisation 2
Éléments notables 2
À Isis Sonona, Thea Megistê 2
synnaios theois 3
μητρὸς - γυνὴ - τέϰνα 3
εὐχήν 3
[ἔτους] λ΄ φαμενώθ ιε΄ 3
Proposition de traduction 5
Appendixes 6
Analyse de Louis Robert 6
Supplemento al Namenbuch di F. Preisigke 6
Coup de projecteur sur les formes en Τϰ- 7
Hypothèses 8
Correspondances Grec - Égyptien 9
Recherches envisageables 9
Bibliographie 9