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Les vérités de Jack Donovan

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October 1, 2018

Jack Donovan n’est pas vraiment le genre d’homme que l’on a envie de
contredire. Ce quadra américain, chauffeur de camion devenu leader
underground, est l’incarnation même du badass crâne rasé au corps tatoué
et sculpté par le lever de fonte. Ajoutez à ce portrait, la pratique assidue de
la boxe, la camaraderie virile et un goût affirmé pour les discussions autour
d’un feu de camp et vous aurez Conan le Barbare… La comparaison n’est
d’ailleurs pas anodine puisque ce film est culte chez Jack Donovan,
tellement culte d’ailleurs qu’il s’est fait tatouer chacune des lettres formant
CROM (le dieu tutélaire du héros de Howard) sur quatre de ses phalanges.
Son compte Instagram le montre souvent en action, sur un ring, dans la
forêt ou juché au milieu de ruines. Il peut y apparaitre seul mais il y est plus
souvent entouré des membres de son clan, les Loups de Vinland, ou en
compagnie de Paul Waggener, la figure charismatique d’Opération
Werewolf, un autre clan païen survivaliste.
L’erreur consisterait cependant à s’arrêter sur cette image caricaturale pour
ne considérer Jack Donovan que comme une brute épaisse aux idées
courtes. Sa pensée qu’il énonce principalement dans deux livres, « The way
of men» et « Becoming a Barbarian » est bien plus profonde qu’il n’y parait.

La fin du rêve américain

Le constat initiant la réflexion de Jack Donovan est celui de la fin du rêve


américain. L’oligarchie qui dirige le pays a trahit les idéaux de souveraineté
et liberté des pionniers. Une caste composée d’hommes faibles et de
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femmes surdiplômées défend aujourd’hui ses intérêts financiers et ses
business mondialisés en manipulant l’opinion, envoyant à l’extérieur de
pauvres gars pour défendre des puits de pétrole ou réduisant, à l’intérieur
des frontières, toute contestation par l’émasculation psychique de ceux qui
auraient normalement la force de s’opposer. Car dans la vision de Jack
Donovan, la féminisation de la société, tant sociologique qu’idéologique,
aiguillonnée par des groupes féministes influents, vise à éteindre toute
virilité d’en-bas, à faire taire et à culpabiliser tous ceux qui auraient un taux
de testostérone suffisamment élevé pour menacer le pouvoir des hommes
d’en-haut, conscients de leur faiblesse.
Cet assaut contre les valeurs viriles mené par les féministes, les tenants du
marxisme culturel et aussi par les groupes gays et transgenres s’inscrit
donc dans une opération d’envergure voulue mais qui s’explique
également par « la loi des cycles » régissant les civilisations qu’Oswald
Spengler comparait à des organismes vivants naissant, croissant et
mourant. L’Amérique devient peu à peu, selon les termes de Donovan, une
« société masturbatoire de bonobos » à l’image de cette espèce de singes
au sein de laquelle les femelles, en sur-représentation, dirigent et ont la
charge de distribuer la nourriture, d’élever les petits et de réguler les
rapports sexuels qui ne favorisent pas les dominants mais permettent à
chaque mâle d’avoir accès à toutes… et à tous : la société bonobo
pratiquant une sexualité permanente, étant égalitaire et… bisexuelle.
A cette espèce de singes qui peut se permettre de tels partages parce
qu’elle occupe des environnements naturels, riches en ressources, où elle
ne côtoie pas d’autres espèces, Donovan oppose l’organisation sociale,
structurée et hiérarchisée, des chimpanzés dont les mâles dominants sont
les garants de la survie du groupe dans des zones où la nourriture est plus
rare et les espèces concurrentes, plus nombreuses.

L’effondrement de la société occidentale qui vient avec son corollaire de


chaos, provoquera la violence et la rareté des ressources. Et pour Jack
Donovan, il faut d’ores et déjà rompre avec la société « bonobo » de fausse
abondance, de consommation et « d’amusement », dans laquelle nous
vivons, pour réapprendre à être violents et organisés, structurés au sein
d’un groupe restreint mais solidaire, ce « clan » qui garantira l’accès aux
ressources à ses membres quand tous s’affronteront.

Être un homme bon, ne suffit pas, il faut plutôt réussir à « être un


homme ».

Dans cette perspective post-apocalyptique, il ne s’agira pas d’être un


homme bon. Pour définir « l’homme bon », Jack Donovan cite un autre
acteur de la manosphère américaine, Brett MacKay, directeur du site
internet « The Art of Manliness » et auteur, avec sa femme, de deux livres
exposant leur vision de la virilité. Pour Mc Kay, cité par Donovan, être un
homme signifie « être habile à maitriser l’approche de la virilité propre à
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votre culture ». Ainsi pour quelqu’un vivant dans une banlieue de l’Ohio,
cela « signifie probablement de garder un travail pour subvenir aux besoins
de sa famille, d’être capable de réparer et d’entretenir les choses à la
maison, ou s’il est seul, d’être doué pour interagir avec les femmes. ».
L’homme bon selon la définition de Mc Kay, toujours cité par Donovan,
consiste à « développer des vertus comme l’honnêteté, la détermination, le
courage, la compassion, la discipline, la justice, la tempérance etc. ». MC
Kay continue en précisant « que vous pouvez être le meilleur chasseur ou
mécanicien au monde, mais si vous mentez, trichez, volez, vous n’êtes pas
un homme bon ». Pour résumer, réussir à être un homme bon, c’est « faire
le boulot », remplir ses devoirs vis-à-vis de sa femme, de son entreprise et
de son pays ; « être un homme bon est une affaire d’équilibre entre les
exigences culturelles de virilité et un engagement individuel de rectitude
morale ». Si Donovan reconnait cette vision de Mc Kay comme une
« dissonance bienvenue » par rapport aux magazines masculins « grand
public » qui « s’intéressent davantage à fabriquer un métrosexuel
sociopathe hyperconsommateur plutôt que de valoriser la virilité », il
n’admet sa validité que dans le domaine professionnel. Car, en fait, la
morale ne permet pas à l’homme de déployer tout son potentiel. Et nous
retrouvons là toute l’influence de Nietzsche sur la vision de Donovan quand
il dénonce « l’honneur tempéré par la prudence, l’ambition modérée par la
compassion envers la souffrance et l’opprimé, l’amour contenu par le
tact… » qui restreint l’homme « à être viril mais pas trop ». Donovan appelle
au contraire à « observer amoralement et de manière aussi dépassionnée
que possible le phénomène de la masculinité » pour l’extraire du contexte
de moralité occidentale et de religiosité judéo-chrétienne. « Il y a donc une
différence entre « être un homme bon » et « réussir à être un homme » »…
surtout en période difficile ! « Réussir à être un homme tient plutôt de la
volonté et à la capacité de remplir le rôle naturel des hommes dans un
scénario de survie. Réussir à être un homme c’est montrer aux autres
hommes que vous êtes le genre de type qu’ils voudraient dans leur équipe
si c’était la merde. Réussir à être un homme n’est pas une quête de la
perfection morale, c’est combattre pour survivre »… et être admiré par les
hommes bons pour cela.

Les vertus tactiques

Jack Donovan se réfère à la « Virtus » romaine dont la racine est le mot Vir
(viril) pour énoncer les valeurs nécessaires à la vie d’un homme et de son
clan, ces vertus tactiques que sont la Force, le Courage, la Maitrise et
l‘Honneur. Elles sont « les vertus pratiques qui doivent primer dans le cas
du pire scénario. ». « Elles sont des vertus simples et efficaces, celles des
hommes qui doivent rendre compte à leurs frères avant tout » ; « amorales
mais pas immorales », elles servent avant tout « à protéger le périmètre »,
à défendre les intérêts de la communauté mais aussi à s’accaparer les

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« calories » des autres en cas de pénurie.
« Force, Courage, Maitrise et Honneur sont les vertus alpha des hommes
partout dans le monde. »

La Force

Nul besoin de trop expliquer cette première vertu pour comprendre son
importance dans la « vision conanesque » de Jack Donovan : « La Force, au
sens le plus strict du terme, est la capacité musculaire d’exercer une
pression. » Il est fondamental pour la vie du clan que ses membres soient
forts pour pouvoir chasser, cultiver, construire et se battre. Aussi, les
hommes doivent-ils entretenir leur force musculaire et s‘entrainer à porter
des choses lourdes, à se déplacer rapidement et à se battre efficacement.
C’est la force qui permet les autres valeurs : sans elle, pas de clan et plus de
liberté personnelle quand les choses se gâtent. Car la Force, n’a pas
seulement une valeur physique, elle est aussi la capacité d’exercer sa
volonté sur l’autre. Il est donc important pour un homme de travailler sa
force et surtout de l’exercer pour lui donner toute sa valeur.

Le Courage

Si la Force est un concept physique simple, le courage implique un risque. Il


implique même un échec potentiel face à la présence du danger. Il se
mesure d’ailleurs contre le danger : « Plus grand est le danger, plus grand
est le courage. » Pour continuer sa démonstration, Donovan rappelle
l’importance de la virtus dans l’antiquité romaine qui désignait le courage
patriotique mais plus encore un comportement agressif durant la bataille
et « la capacité d’affronter et d’endurer la douleur et la mort. » Le courage
est donc lié à l’héroïsme, au sentiment noble de combattre pour l’honneur
mais aussi au courage instinctif de s’imposer dans lla violence. Une vertu
qui est lié à la masculinité et qui doit l’animer, quelque soit notre taille et
note poids. D’ailleurs, c’est celui qui est le plus combattif et le plus
courageux qui a une longueur d’avance sur l’autre, quelque soit le rapport
initial.
Donovan ne nie pas non plus qu’il est utile d’être stratège (ou joueur) et de
pouvoir feindre la combativité pour imposer sa volonté à l’autre sans
combattre ou simplement de l’intimider pour avoir le temps de se
préparer. Mais dans les temps moins sûrs et moins prospères dans
lesquels nous entrons, les bluffs tactiques laisseront plus souvent la place
aux affrontements directs qui se multiplieront et gagneront en violence,
interrogeant chacun sur ses responsabilités et ses éventuelles
provocations outrancières.
Pour reprendre la définition de Jack Donovan, le « Courage est donc la
volonté de risquer un préjudice pour le bénéfice de soi et les autres. Dans
sa forme amorale la plus élémentaire, le courage est un empressement ou
désir passionné de combattre ou tenir le terrain à n’importe quel prix (la
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combativité, le cœur, l’esprit, le thumos). Dans sa forme la plus développée,
civilisée et morale, le courage est la volonté consciente et résolue de
risquer le préjudice pour assurer le succès ou la survie d’un groupe ou
d’une autre personne (courage, virtus, andreia) ».

La Maitrise

L’auteur de « La Voie virile » définit La Maitrise comme « le désir et la


capacité d’un homme de cultiver et démontrer une compétence et une
expertise dans les techniques qui aident à l’exercice d’une volonté sur soi,
sur la nature, sur les femmes et sur les autres hommes. »
La Maitrise est donc une vertu essentielle à la survie du clan ; elle est
précieuse dans l’amélioration de la vie de tous et de chacun (chauffage,
soins médicaux appareils de communication) ou dans l’accès facilité aux
calories (amélioration des techniques de chasse ou de « captations ».
L’ethos du clan étant tactique et utilitariste, la maitrise peut être aussi « une
vertu compensatrice, dans le sens où un homme plus faible ou moins
courageux peut gagner l’estime de ses pairs en apportant quelque chose
de plus grande valeur. » Selon Jack Donovan, c’est d’ailleurs au travers de
cette vertu que les femmes peuvent apporter le plus au clan et qu’elles
sont le plus aptes à entrer en compétition avec les hommes.
Un clan composé d’hommes forts et courageux sera d’autant plus puissant
qu’il maitrisera une technologie particulière, un savoir-faire qui lui est
propre.

L’Honneur

Jack Donovan cite « Histoire de l’Honneur » de James Bowman pour


distinguer deux types d’honneur :
– L’honneur instinctif, « de l’ordre du reflexe qui est le désir élémentaire de
répondre lorsqu’on est frappé, pour montrer que l’on se bat pour soi-
même ». « L’honneur instinctif est la marque du serpent à sonnettes, qui a
la réputation de se venger » selon le vieil adage latin « Nemo me impune
lacessit » (Personne ne m’agresse avec impunité) ».
– L’honneur culturel que James Bowman définit comme « une somme de
traditions, histoires et façons de penser d’une société donnée au sujet des
usages propres et impropres de la violence ».
Il cite toujours James Bowman qui reconnait que l’homme peut être en
conflit intérieur entre le désir de se venger, d’infliger une violence à
l’agresseur et le désir de d’être civilisé, de paraitre comme un « homme
bien » aux yeux de tous. Il cherche ainsi qu’elle est la meilleure façon d’être
respectable, d’avoir une attitude honorable. Or, la société occidentale
condamne au contraire toute forme de violence qui serait lié « l’honneur
traditionnel » ; les valeurs égalitaires exigeant plutôt que nous honorions
« tout le monde » et principalement les minorités.

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Pour revitaliser l’honneur et lui redonner sa fonction motrice au sein d’un
groupe, Donovan propose que l’on revienne donc à une approche
ancestrale qui ne consiste pas seulement à honorer un homme pour ses
réalisations et le statut atteint dans la communauté, mais également pour
ses qualités de force et de courage qui ne sont pas toujours l’apanage des
hommes moraux : Donovan reconnaissant de la bravoure qui force le
respect chez des terroristes islamistes, des maffieux ou des seigneurs de
guerre africains. Là aussi, l’honneur doit redevenir une affaire d’hommes et
s’appuyer sur « des liens directs dans la vie réelle avec la possibilité de
honte ou de déshonneur » dans le regard des autres hommes. Dans cette
vision, l’honneur devient une préoccupation pour chacun de ne pas perdre
la face aux yeux de tous. Ce qui bénéficie aussi au groupe survivaliste, cher
à Donovan, puisque ce qui est avantageux dans le maintien d’une
réputation de force et de courage à titre personnel, l’est aussi pour tout un
groupe qui défend son périmètre.

L’homme doit faire preuve de ces quatre vertus au sein d’une communauté
de destin qu’il a choisi et qui l’a choisi. Ce comportement qui l’intégrera et
le distinguera comme individualité au sein du groupe, lui permettra
d’œuvrer au mieux pour développer un périmètre favorable au
développement de cette même communauté (multiplier les liens
d’échanges bénéfiques avec la population) tout en maintenant une
vigilance face aux évènement globaux, facteurs de chaos. Car cet homme
« nouveau » sait aussi pourquoi il a rejoint ce clan d’hommes : pour être le
barbare de la civilisation qui l’a vu naitre et démarrer à nouveau le monde.

Dans un prochain article, hyperlié ici, nous verrons comment Donovan ainsi
que d’autres auteurs et acteurs de la sphère survivaliste, entrevoient cette
refondation du monde au travers du clan.

L’ensemble des citations et phrases entre guillemets sont extraites du livre


« La voie virile » (« The way of men»)

Les livres pour aller plus loin :


La Voie virile – Jack Donovan – Editions « Le retour aux sources » (épuisé
mais disponible en occasion)
Un ciel sans aigles – recueil de textes de Jack Donovan – Editions « Le retour
aux sources »
Devenir un barbare – Jack Donovan – Editions « Le retour aux sources »
Honor: A History – James Bowman (en anglais)
Histoire de la virilité T1 – Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, Georges
Vigarello
La civilisation romaine – Pierre Grimal

A propos de l'auteur

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Alain
Serial-entrepreneur, la curiosité et le goût de l’aventure m’ont conduit dans
de nombreuses contrées pas toujours amicales où j’ai pu observer
l’humain et en apprendre beaucoup.
Des certifications en thérapies brèves (PNL, AT, Hypnose ericksonienne),
une recherche sur la performance dans le récit biographique
(« modélisation héroïque »), une adhésion à la vision nietzschéenne… et
une vie professionnelle à temps plein.

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