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maginé par Richard Balducci après une rencontre insensée avec un gendarme assez débonnaire en

poste à Saint-Tropez, le film raconte les aventures de Ludovic Cruchot, un gendarme très
zélé, muté dans la cité balnéaire de Saint-Tropez, sur la côte d'Azur, avec le grade de maréchal des
logis-chef. Il y découvre une brigade où il fait bon vivre et participe aux récurrentes chasses aux
nudistes et aux nombreuses activités détente de sa brigade, dirigée par l'adjudant Gerber, quelque peu
dépassé.
Ludovic Cruchot est interprété par Louis de Funès, autour duquel tout le film a été construit. L'adjudant
Gerber est joué par Michel Galabru et les autres gendarmes par Jean Lefebvre, Christian Marin et le
duo Grosso et Modo. Nicole, la fille de Cruchot, est incarnée par Geneviève Grad. Conçu comme
une « petite comédie sans prétention », avec un budget peu élevé, le film est tourné de juin à juillet
1964, en extérieurs à Belvédère et à Saint-Tropez ainsi qu'aux studios de la Victorine (Nice). La bande
originale est composée par Raymond Lefebvre et comprend la chanson Douliou-douliou Saint Tropez,
qui remportera un franc succès.
Sorti en salles le 9 septembre 1964, Le Gendarme de Saint-Tropez rencontre à la surprise générale un
succès considérable, arrivant en tête du box-office français de l'année 1964 avec plus de 7,8 millions
d'entrées. L'accueil critique est partagé mais Louis de Funès remporte une Victoire du cinéma pour son
interprétation. Installé pour la première fois en haut du box-office, l'acteur voit sa carrière et sa célébrité
définitivement lancées.
Ce triomphe inattendu entraînera la réalisation d'une suite, Le Gendarme à New York, dès l'année
suivante, puis d'autres, formant finalement une série composée de six films, dont le dernier est sorti
en 1982.

Synopsis[modifier | modifier le code]


Synopsis court[modifier | modifier le code]

Le port de Saint-Tropez (ici en 2005), là où Cruchot rencontre Merlot et Fougasse.


Grâce aux loyaux services rendus à une commune non nommée des Hautes-Alpes1,Note 1, où il était
jusqu'ici en poste, Ludovic Cruchot, gendarme, est muté dans le Var, à Saint-Tropez tout en étant
promu maréchal des logis-chef.
Arrivé sur les lieux de sa nouvelle affectation, Cruchot participe aux vaines et répétitives chasses
aux nudistes organisées par son supérieur, l'adjudant Gerber, tandis que de son côté sa fille unique
Nicole, qui s'ennuyait autrefois à mourir dans son village, est éblouie par le luxe de sa nouvelle ville.
Mais, n'arrivant pas à se faire accepter par les jeunes bourgeois de la station balnéaire, elle s'invente
un père fictif richissime : celui-ci serait milliardaire, possèderait un yacht dans cette cité et s'appellerait
Archibald Ferguson, qu'elle n'aurait jamais rencontré.
Contraint par Nicole et bien malgré lui, Cruchot va se retrouver au cœur du manège de sa fille, qui va le
mêler à son histoire et par là même, à la recherche d'un Rembrandt volé (au musée de l'Annonciade),
lorsque les amis de cette dernière chercheront à le rencontrer. Il essayera pourtant et par tous les
moyens de préserver son identité officielle intacte au vu de son adjudant et de ses collègues.

Synopsis détaillé[modifier | modifier le code]


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Fiche technique[modifier | modifier le code]

C'est le vol par les amis de Nicole de la fameuse Mustang de Ford, un modèle alors tout neuf à l'époque, qui est
l'origine des péripéties autour du Rembrandt volé.

•Titre original français : Le Gendarme de Saint-Tropez


•Titre italien : Una ragazza a Saint-Tropez
•Réalisation : Jean Girault
•Assistants réalisateur : Jean Mylonas et Marc Simenon
•Scénario : Richard Balducci, Jacques Vilfrid et Jean Girault
•Photographie : Marc Fossard
•Montage : Jean-Michel Gautier et Jean Feyte
•Musique : Raymond Lefebvre
•Douliou-douliou Saint-Tropez, chanson composée par Raymond Lefebvre, écrite par André Pascal et
chantée par Geneviève Grad.
•Décors : Sydney Bettex
•Son : Jacques Gallois (prise de son) et Bernard Bourgouin (montage)
•Photographe de plateau : Marcel Dole
•Effets spéciaux et cascades : Gil Delamare
•Producteurs : Gérard Beytout et René Pignères
•Sociétés de production : Société nouvelle de cinématographie (SNC) et Franca Films
•Société(s) de distribution : Société Nouvelle de Cinématographie
•Affichiste : Clément Hurel
•Budget : 1 350 000 francs2,3
•Pays de production : France et Italie
•Langue originale : français
•Format : couleur (Eastmancolor) et noir et blanc — 35 mm — 2,35:1 — son mono — Filmé avec du
matériel Dyaliscope
•Genre : Comédie
•Durée : 90 minutes
•Dates de sortie :
•France : 9 septembre 1964
•Italie : 1964
•Belgique : 19 mars 1965

Distribution[modifier | modifier le code]


• La brigade de Saint-Tropez :
• Louis de Funès : le maréchal des logis-chef Ludovic Cruchot
• Michel Galabru : l'adjudant GerberNote 2
• Jean Lefebvre : le gendarme Lucien Fougasse
• Christian Marin : le gendarme Albert Merlot
• Guy Grosso : le gendarme Gaston Tricart
• Michel Modo : le gendarme Jules Berlicot
• Geneviève Grad : Nicole Cruchot, la fille de Ludovic
• France Rumilly : sœur Clotilde, la religieuse à la 2CV
• Nicole Vervil : Mme Cécilia Gerber, la femme de l'adjudant
• Claude Piéplu : André-Hugues Boiselier, riche tropézien
• Madeleine Delavaivre : Mme Boiselier
• Maria Pacôme : Mme Émilie Lareine-Leroy
• Martine de Breteuil : la duchesse d'Armentières
• Pierre Barouh : le gitan
• Giuseppe Porelli (VF : Jean-François Laley) : Mr Harpers
• Gabriele TintiNote 3 (VF : Pierre Trabaud) : un homme de main de Mr Harpers
• Maurice Jacquin Jr.Note 4 : un homme de main de Mr Harpers
• Jean Droze : Lucas, un matelot du yacht
• Les jeunes de Saint-Tropez
• Daniel Cauchy : Richard
• Patrice Laffont : Jean-Luc
• Franck Vilcourt : Christophe Boiselier, le fils à papa
• Jean-Pierre Bertrand : Eddie
• Pierre Gare : Daniel
• Sylvie Bréal : Jessica
• Norma Dugo : Aliette
• Yveline Céry : Clotilde
• Michèle Wargnier : Mylène
• Fernand Sardou : le paysan au tracteur
• Jacques Famery : le prince oriental
• Paul Bisciglia : le conseiller du prince
• Jean Panisse : un bistrotier de Saint-Tropez
• Henri Arius : un pêcheur sur son bateau
• Jean Girault : le marchand de vêtements sur le port de Saint-Tropez4
• Raoul Saint-Yves : Bishop, l'ivrogne à la fête des BoiselierNote 5
• Claudia Lebail
• Paul Mouchnino (danseur à la réception de la villa)

Réalisation[modifier | modifier le code]


Genèse et développement[modifier | modifier le code]
Alors que Richard Balducci travaille à un scénario à propos de Saint-Tropez et qu'il y est en repérage, il
se fait voler sa caméra dans sa décapotable pendant qu’il admirait le panorama à Grimaud. Il va
déposer plainte à la petite brigade de gendarmerie de Saint-Tropez, 2 place Blanqui, mais le gendarme
s'étonne qu'une personne effectue cette démarche à l'heure du déjeuner. Le gendarme lui explique
ingénument qu'il connaît son voleur mais que les gendarmes l'ont raté quelques jours plus tôt et qu'ils
ne peuvent rien faire dans l'immédiat. Richard Balducci s'énerve et promet au gendarme débonnaire
qu'il rendra célèbre une brigade aussi je-m'en-foutiste. Ayant été l'attaché de presse des films de Jean
Girault Pouic-Pouic et Faites sauter la banque avec pour interprète Louis de Funès, il confie sa
mésaventure à ce dernier qui trouve excellente l'idée d'un film sur une gendarmerie de Saint-Tropez.
Balducci rédige un premier synopsis d'une dizaine de pages, avec déjà une chasse aux nudistes,
le port de Saint-Tropez et sa « faune », les cafés célèbres et, tirant l'inspiration d'un article de presse, le
vol d'un tableau5. De Funès envisage rapidement l'opposition entre un gendarme sous-officier très
« service- service », atrabilaire et obséquieux et un autre, plus débonnaire. L'acteur ajoute un détail
décisif, le second sera le supérieur hiérarchique du premier6.
Initialement, Girault ne parvient pas à convaincre les producteurs qui se montrent réticents pour des
raisons opposées : Bourvil, qui a été gendarme dans Le Roi Pandore (1949), a essuyé un échec, Jean
Richard héros du Gendarme de Champignol (1959), a connu un succès qu'ils jugent improbable de se
reproduire6. De plus, ils estiment que Louis de Funès n'est pas bankable et demandent à Girault de
proposer le rôle principal à Darry Cowl ou Francis Blanche, qui déclinent l'offre. Finalement, Girault
exige la première place pour son ami Louis et il l'obtient auprès de Gérard Beytout et son associé René
Pignères, dirigeant la Société nouvelle de cinématographie (SNC), qui acceptent de produire le film
mais pour un petit budget7.

Choix des acteurs[modifier | modifier le code]

Le film lance définitivement la carrière de son interprète principal, Louis de Funès.


Au départ, l'adjudant Gerber doit être interprété par Pierre Mondy. Ce dernier, occupé par une pièce de
théâtre, ne fait pas le film. Il est remplacé par Michel Galabru. Ce dernier aime raconter l'anecdote des
ringards : en vacances avec sa femme à l'hôtel de la Ponche à Saint-Tropez en 1963, il surprend du
balcon de sa chambre une conversation à la terrasse entre les producteurs du film qui ne veulent dans
le casting auprès de de Funès que des acteurs ringards, afin de ne pas les payer de trop dans ce film à
petit budget. De retour à Paris, Galabru apprend qu'il est pressenti dans le casting. Il accepte de faire
ce film « alimentaire » pour un cachet de 6 000 francs8 (soit environ 8 600 euros en 20219), alors que
Louis de Funès est payé dix fois plus.
On impose aux côtés de Louis de Funès des comédiens qui ont déjà fait leurs preuves, Guy
Grosso, Michel Modo, Jean Lefebvre et Christian Marin qui a déjà joué dans Pouic-Pouic 7.

Tournage[modifier | modifier le code]


Le tournage commence le 5 juin 1964 en extérieurs à Saint-Tropez. Les prises de vues de l'intérieur de
la gendarmerie ont lieu dans les décors du studios de la Victorine à Nice mais l'essentiel est réalisé en
extérieur, Jean Girault se ralliant à la tendance initiée par les réalisateurs de la Nouvelle Vague10.
La séquence du début en noir et blanc, lorsque Cruchot est simple gendarme, est tournée dans la
commune de Belvédère dans les Alpes-Maritimes.
La séquence en voiture avec la religieuse est réglée par le cascadeur de l'époque Gil Delamare.

Bande originale[modifier | modifier le code]


Le film, tourné en juin et juillet 1964, doit sortir en septembre de la même année : la musique du film
doit donc être enregistrée en août. Or, à cette époque de l'année, la plupart des musiciens et
compositeurs ne sont pas disponibles, étant partis en vacances : Jean Girault, après avoir essuyé
beaucoup de refus de la part de nombreuses personnes, contacte finalement Paul Mauriat et Raymond
Lefebvre, qui n'étaient pas encore partis en vacances. Paul Mauriat, fatigué, laisse Lefebvre travailler
tout seul sur la musique du film mais celui-ci refuse dans un premier temps, voulant prendre du repos
dans sa maison alors récemment acquise dans l'Oise. Il finit par accepter, Jean Girault l'ayant supplié,
et se lance alors dans l'écriture de la musique pour « ne pas laisser tomber » le réalisateur11.
La chanson Douliou-douliou Saint-Tropez, dont les paroles ont été écrites par André Pascal, est
réellement chantée par Geneviève Grad. Elle rencontre beaucoup de succès. D'ailleurs, le pianiste qui
donnait le rythme pour la chanson (la musique n'était pas encore enregistrée) ayant fait des fautes de
mesures lors du tournage de la scène où Nicole chante dans le bar, Raymond Lefebvre est obligé de
commettre à son tour ces fautes de mesures lorsqu'il a enregistré la musique, pour que le son colle à
l'image. Lors d'un interview, le compositeur en rira en commentant : « Ça, c'est la seule fois de ma vie
où il m'est arrivé de faire un truc pareil ! »
Le thème musical du film, la fameuse Marche des Gendarmes, est une idée de Jean Girault : celui-ci
insiste auprès de Raymond Lefèvre pour qu'il fasse un thème proche de la chanson Colonel Bogey
March, rendue populaire en France par le film Le Pont de la rivière Kwai de David Lean12,13. Cette
musique (comme la chanson Douliou-douliou Saint-Tropez), plaît beaucoup au public : elle sera donc
réemployée dans chaque film de la série (sauf dans Le Gendarme se marie, mais son absence durant
tout le film ayant fortement vexé Louis de Funès, elle sera à nouveau utilisée dans les films suivants).
Raymond Lefebvre ré-orchestre deux fois cette musique : en 1970, pour Le Gendarme en balade et,
en 1982, pour Le Gendarme et les Gendarmettes.
Régulièrement crédité « Raymond Lefèvre » par erreur, le compositeur a cette fois-ci son nom
correctement orthographié « Raymond Lefebvre » au générique du film : ce sera de même dans les
génériques des films Les Grandes Vacances, Le Gendarme se marie, Le Gendarme en balade et La
Soupe aux choux, tous de Jean Girault.
La bande-originale du film est plusieurs fois rééditée sous différents supports : par exemple,
l'album Bande-originale du film Le gendarme de Saint-Tropez est sorti en 2010, soit 46 ans après la
sortie du film et 2 ans après la mort de Raymond Lefebvre.
Liste des pistes

Toute la musique est composée par Raymond Lefebvre.


NoTitre Paroles Interprété par Durée
1.Douliou-douliou Saint-Tropez (Chanson du film) André Pascal Geneviève Grad 2:02
2.Marche des Gendarmes 2:30
3.Surf surprise-party 2:50
4.Thème de Nicole 1:27
5.Générique 1:42
10 min.
Non inclus dans cet album

• Zorro est arrivé, interprété par Henri Salvador.


• La Marche des compagnons, composée par Jacques Loussier (thème de la série Thierry la Fronde)
Montage[modifier | modifier le code]

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Accueil[modifier | modifier le code]


L'affiche du film est réalisée par Clément Hurel, à l'instar des films suivants14.
Accueil critique[modifier | modifier le code]
À sa sortie, Le Gendarme de Saint-Tropez passe d'abord totalement inaperçu auprès de la presse15.
Seul Le Parisien libéré lui consacre une petite notule16. Les jours suivants, de nombreux journaux,
constatant l'attrait du public, publient leur avis15. Le film reçoit des critiques globalement favorables16.
La tonalité générale de la critique est à l'heureuse surprise16. Robert Chazal, soutien sans faille de
l'acteur, est le seul à ne pas être étonné, proclamant que « c'était gagné d'avance » dans France-
Soir16: « Louis de Funès en gendarme, c'est déjà drôle. En faire le gendarme d'un petit village des
Alpes à qui sa conduite vaut d'être muté à Saint-Tropez comme maréchal des logis-chef, cela devient
irrésistible »17 ; il inscrit positivement le métrage dans « la tradition de la bonne gauloiserie
française »a. Le Parisien libéré livre une seconde critique plus élaborée et enthousiaste d'André
Lafargue : « C'est la très bonne surprise de la rentrée : un film français drôle et sans prétention,
visiblement mûri au soleil des vacances dont il nous apporte un joyeux reflet ! Des situations
amusantes, des comédiens excellents, une profusion de gags parfaitement exploités et un climat de
bonne humeur font que l'on prend un plaisir sans mélange à cette production qui ne vise à rien d'autre
qu'à notre distraction. Le rire ici doit désarmer l'esprit critique. À quoi servirait d'ailleurs de faire la fine
bouche ? »16,18. Patrick Thévenon de Paris-Presse-L'Intransigeant félicite « une œuvre singulièrement
honnête : elle vise bas mais ne s'en cache nullement. À force de limiter ses ambitions et de le
proclamer bien haut, on finit par obtenir plus qu'on n'osait espérer. (…) Les dialogues ne sont même
pas vulgaires et la parodie des milieux tropéziens, bien qu'un peu simplette, fait sourire parfois »16 ;
titrant son article « C'est James Bond avec Louis de Funès », il salue la richesse des moyens et
l'utilisation de la couleur, détonnant avec la pauvreté habituelle des comédies françaises18. Pascal
Brienne dans Les Lettres françaises reconnait qu'« on n'attendait certes pas grand-chose de ce film de
Jean Girault et l'on n'en est que plus surpris d'y trouver une gaieté, un entrain et pourquoi pas un
rythme qui n'ont rien de forcé. C'est léger, hyperléger, mais seul le pisse-froid de service trouvera
matière à faire le difficile »16,17,13.
« C'est le genre de comédie sans prétention que l'on aime aller voir en rentrant de
vacances… histoire de les prolonger un brin et d'oublier pour un moment
encombrements et vapeurs d'essences ! (…) Le film sera peut-être démodé dans dix
ans, mais l'on ne pourra pas reprocher aux auteurs de n'avoir point su utiliser les
possibilités artistiques de ce presque défunt été '64 : le soleil, Zorro et Saint-Trop' en
toile de fond. Plus une adorable enfant blonde, Geneviève Grad, la fille du gendarme
qui porte à ravir l'uniforme tropézien. Une charmante façon, somme toute de
poursuivre ses vacances… ou de les commencer ! »
— Marie-Dominique Mistler, L'Aurore, 10 septembre 196416,17,18.
La plupart des critiques voient en Louis de Funès l'atout majeur du film16. S'il remarque « Michel
Galabru et Jean Lefebvre [qui] composent deux amusants types de gendarmes très différents, le gros
et le maigre, le tonitruant et le timide », Pierre Mazars dans Figaro soutient surtout que cette « aimable
pochade » tourne autour de Louis de Funès, « grommelant, soliloquant, reniflant, faisant bouger ses
sourcils et cliqueter ses mâchoires, [il] nous ravit et nous étonne encore par la variété de ses jeux de
physionomie… Il est infiniment plus à l'aise que dans d'autres films où il avait également le premier rôle
mais dont le scénario et le personnage lui convenaient beaucoup moins »16,18. Marie-Dominique
Mistler de L'Aurore relève aussi ce « ce personnage comique excessivement drôle et bourré de
tics » et Libération applaudit ses « grimaces impayables »16.
Certains critiques se font plus distants, à l'instar de La Dernière Heure pour qui le film « amuse
vraiment sans jamais déchoir. Son petit côté boy-scout et canular est rafraîchissant » ou Le Soir qui
considère qu'« on peut voir une ébauche de comédie dans la façon dont Jean Girault campe la faune
tropézienne, mais la bouffonnerie des situations l'emporte »19. La Croix déplore « un tout, tout, tout
petit film que sauvent tout juste — et encore, j'exagère tellement — la présence, les grimaces, malgré
tout désopilantes, le jeu de Louis de Funès que flanquent deux ou trois compères du même tabac qui
lui renvoient gentiment la balle (…) Il y si peu de film, si peu de scénario, si peu de dialogues ! (…) Cela
peut distraire ? Certes, avec le mauvais temps qui vient, l'essentiel au cinéma, c'est d'être à l'abri,
non ? Et puis, je vous l'ai dit, de Funès, quelque film qu'on lui fasse jouer, même les pires, s'arrange
toujours pour avoir du talent. C'est toujours ça… »16.
Les titres cinéphiliques raillent la petite comédie. Jean Collet parle dans Télérama d'un « cinéma
de patronage pour nos arrière-grands-pères » : « Si vous êtes fatigué, si vous avez trop bien mangé, si
vous aimez le comique troupier, si vous avez le rire facile, si vous n'avez jamais vu un film de Tati, alors
vous réunissez les conditions nécessaires pour apprécier Le Gendarme de Saint-Tropez »17.
Les Cahiers du cinéma estiment que « De Funès semble avoir toujours avoir plus d'idées que ses
employeurs : c'est que le cinéma français manque moins d'acteurs à possibilités burlesques que
d'auteurs qui seraient les premiers à rire de leurs grimaces. Les Marx durent un jour
emprisonner Florey dans une cabine insonorisée pour cause d'hilarité trop bruyante sur le plateau : à
coup sûr, Girault n'a gêné ici personne… »17.
La critique la plus acerbe est une lecture politisée d'Henry Chapier dans Combat20. S'il ne reproche à
Louis de Funès que de n'être qu'« une sorte de nounours des familles », il cherche avant tout « à
décomposer les ingrédients de ce film » pour déceler, selon le titre de son article, « un reflet d'une
société bien française »20. Il explique le succès par la vacuité du sujet, l'aspect paradisiaque de Saint-
Tropez et le dénouement heureux et moral17. Surtout, il dénonce une représentation positive de
l'appareil répressif20,17. La critique cinéphilique de gauche réclame à cette époque des œuvres
mettant en cause l'ordre social, le pouvoir en place, la bourgeoisie, le capitalisme et voit donc dans
ce Gendarme et les futurs films funésiens un discours conservateur, effaçant les conflits sociaux auprès
des masses21.
« La bêtise que l'on magnifie est aseptisée, passée à l'étuve. Ici, on fait beaucoup
pour la réputation bon enfant du gendarme. Ces saintes forces de l'ordre ! Non
seulement elles vous donnent l'impression que Paris est une immense prison à l'air
libre, mais il faut encore qu'on les supporte à l'écran, sous des traits angéliques.
Évidemment, ça n'est pas du tout complaisant, et tout à fait fidèle à l'image d’une
certaine société française ! On comprend que ce genre de cinéma ait les faveurs du
pouvoir. Avec une telle politique de loisirs, il peut régenter un peuple avachi en paix !
On ne va tout de même pas gaspiller l'argent en stimulant les aberrantes recherches
de quelques intellectuels ! »
— Henry Chapier, « Un reflet d'une société bien française », Combat,

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