Vous êtes sur la page 1sur 5

Jean-Luc Godard

https://www.youtube.com/watch?v=GhYzeqTrmOU

Jean-Luc Godard est un cinéaste franco-suisse né le 3 décembre 1930 à Paris. Figure


emblématique du mouvement appelé la Nouvelle Vague, il est réputé pour la maîtrise
complète de chacun de ses films en étant à la fois scénariste, réalisateur, dialoguiste et
monteur. En plus de 60 ans de carrière, il a contribué à développer un cinéma d’un genre
nouveau, mettant des héros jeunes et insouciants au centre du jeu. Plusieurs de ses films,
parmi lesquels À Bout de souffle (1960), Le Mépris (1963) ou encore Pierrot le Fou (1965),
sont ainsi considérés comme des classiques du cinéma français.

De critique d’art à cinéaste autodidacte


Né le 3 décembre 1930 à Paris, Jean-Luc Godard passe son enfance entre ses grands-
parents qui habitent la capitale française et ses parents qui sont partis à Genève. Alors que la
Seconde Guerre mondiale éclate, il est envoyé en sécurité auprès de ses parents sur les
bords du lac Léman. Au lendemain de la guerre, Jean-Luc Godard revient à Paris passer son
baccalauréat, mais se révèle peu sérieux et le rate à deux reprises. Alors qu’il passe ses
journées à regarder des films à la Cinémathèque de Paris, il tombe par hasard sur les textes
d’Éric Rohmer, alors critique pour la Revue du Cinéma. Il est fasciné par le style de
l’écrivain, et s’intéresse alors au métier de critique.

C’est dans cette même Cinémathèque que Jean-Luc Godard rencontre en 1949 ses
amis François Truffaut, Claude Chabrol et Jacques Rivette, avec qui il crée le Bulletin du
ciné-club du quartier latin. Les compères y écrivent des critiques de cinéma amateurs et
participent même au Festival du film maudit de Biarritz en 1950. De 1951 à 1953, Jean-Luc
Godard devient critique professionnel pour la nouvelle revue Les Cahiers du cinéma, puis
devient un court moment cadreur pour la télévision suisse.

Profitant de cette expérience, il réalise ses premiers courts-métrages : Opération Béton


(1953), qui relate la construction d’un barrage hydroélectrique en Suisse, puis Une Femme
coquette (1955). Il enchaîne avec deux réussites : Tous les Garçons s’appellent Patrick
(1958) puis Charlotte et son jules (1958) avec le jeune acteur Jean-Paul Belmondo.

Une figure de la Nouvelle Vague


Suivant les traces de François Truffaut, Jean-Luc Godard s’essaie au grand écran et
tourne À Bout de souffle (1960) qui lance véritablement sa carrière de réalisateur. Le film,
dont le héros Michel Poiccard assassine un policier, devient la figure de proue du mouvement
cinématographique de la Nouvelle Vague. Ses prochains films seront dans la même veine,
avec des sujets d’actualité à la limite du révolutionnaire. C’est ainsi que Le Petit Soldat,
pourtant tourné en 1960, ne sort qu’en 1963 après trois ans de censure.

Les années soixante sont une suite de succès pour le réalisateur avec Une Femme est une
femme (1961), Vivre sa Vie : film en douze tableaux (1962) et surtout Le Mépris (1963),
avec Brigitte Bardot en tête d’affiche. La mise en avant de sujets tabous et l’éclosion de
héros jeunes, souhaitant se défaire du carcan familial et social, deviennent le fil rouge de la
Nouvelle Vague. Dans Pierrot le Fou (1965), le héros incarné par Jean-Paul Belmondo est
aux prises avec des gangsters en plein road-movie. Il tourne ensuite Masculin
féminin (1966), dans lequel son personnage principal est un inadapté social. En pleine
Guerre Froide, il propose La Chinoise (1967), une comédie dramatique traitant de la pensée
marxiste-léniniste.

https://fluxdeconnaissances.com/information/page/read/68570-comment-definir-la-nouvelle-
vague

https://enseignants.lumni.fr/fiche-media/00000000505/francois-truffaut-parle-de-la-nouvelle-
vague.html

Documentaires et retour au septième Art


Après les événements de Mai 68 en France, Jean-Luc Godard prend du recul avec son
métier de cinéaste et se lance dans une action de documentariste à travers le monde. Il
tourne alors British Sounds (1969) en Grande-Bretagne, Pravda (1969) à Prague ou encore
Vladimir et Rosa (1970) à Berlin. Après un bref retour au cinéma avec Tout va bien (1972),
dans lequel jouent Yves Montand et Jane Fonda, Jean-Luc Godard retente des courts et
moyens-métrages durant les années soixante-dix.
Avec l’INA, il crée une série documentaire télévisuelle intitulée Six fois deux / Sur et sous la
communication (1976) qui laisse le public perplexe. Il faut attendre les années quatre-vingt
pour que Jean-Luc Godard fasse un grand retour sur le grand écran avec Sauve qui peut (la
vie) (1980).

Un iconoclaste du monde du cinéma


Fidèle à sa réputation de détourneur de classiques, il revisite aussi l’opéra de
Carmen avec Prénom Carmen (1983) puis la vie de la Vierge Marie au travers de Je Vous
salue, Marie (1984). Les deux films font scandale dans le monde entier mais plaisent au
public de l’Hexagone.
Il surfe sur cette vague et demande à Johnny Hallyday, Nathalie Baye et Claude
Brasseur de jouer dans un polar nommé Détective (1985). S’essayant à la comédie avec
Soigne ta Droite (1987), il réalise ensuite Nouvelle Vague (1990) avec Alain Delon dans le
rôle principal. La suite de sa carrière est pourtant ponctuée d’échecs commerciaux et
critiques avec notamment For Ever Mozart (1996) qui ne comptabilise que 56 000 entrées
dans toute l’Union européenne, ou Notre Musique (2004), avec 28 000 entrées sur le
territoire français.

5 raisons qui font de Godard un réalisateur emblématique


Une réinvention totale de l'art de faire des films
Chez Jean-Luc Godard, la structure est abolie, les règles sont mises de côté, l'interdiction
n'est qu'une porte dérobée vers la permission. Films après films, le réalisateur se hisse en
emblème de la Nouvelle Vague, ce courant unique du cinéma français qui agit comme un
tsunami sur les productions de l'époque et fait table rase des codes du cinéma pour mieux le
réinventer. Rien que pour cela, Jean-Luc Godard est un magicien, le Picasso du cinéma.

Le tournage selon le réalisateur se fait sans script, les acteurs sont libres d'improviser, de
restituer la réalité telle qu'elle est, parfois vulgaire et crasse, d'autre fois lumineuse et
curieuse. La prise de son est authentique, les faux raccords légions. Le travail artisanal et
original ne l'effraie pas, bien au contraire. En raison de ses moyens, le cinéaste doit innover :
il filme les Champs-Elysées depuis un triporteur pour « A Bout de Souffle », utilise un fauteuil
roulant pour réaliser ses travellings… rien ne l'effraie.

Un réalisateur provocateur
Jean-Luc Godard était un réalisateur unique et haut en couleur et c'est sans doute ce qui le
rend si inoubliable. Mais derrière le cinéaste de génie se trouve un homme plein de verve et
d’audace, provocateur comme personne.
Ses interventions sont toujours dirigées contre l'ordre établi. Son film « Je vous Salue Marie »
(1985) froisse l'église en montrant une Vierge dans son plus simple appareil. Par ailleurs, les
dialogues de ses films offusquent… beaucoup de monde. « Allez vous faire foutre », fait-il
dire à Belmondo au tout début d'un de ses films, et d'une certaine manière c'est une
philosophie qu'il applique en permanence, repoussant toujours plus loin la bienséance.
Sa personnalité troublante a sans aucun doute contribué à le faire connaître au-delà de la
sphère des cinéphiles. Il n'y a qu'à voir la séquence de Visage, Villages d'Agnès Varda où
son amie et collègue conduit la photographe JR jusqu'à son domicile en Suisse pour trouver
porte close. C'est un «sale rat» dira face caméra la cinéaste hébétée. Elle n'est pas loin de la
vérité mais c'est également ce qui fait la notoriété du réalisateur. Jusqu'à son dernier souffle,
qu'il a choisi sur ses propres termes par le biais du suicide assisté en Suisse, Jean-Luc
Godard donne l'image d'un homme libre qui joue selon ses propres codes, sans peur de
provoquer ou de fâcher l'assemblée.

Une ligne politique assumée


Apolitique, Jean-Luc Godard ne l'est pas. Au contraire, l'engagement et la réflexion autour de
l'action politique sont au coeur de son travail et le rendent incontournable. Il rejoint le collectif
mis en place par d'autres figures de la Nouvelle Vague comme Alain Resnais, Agnès Varda
et Chris Marker pour dénoncer la guerre qui ronge leur génération dans « Loin du Vietnam ».
Son court-métrage, intitulé « Camera's eye », rapproche des sujets éloignés, les grèves des
ouvriers français et l'horreur de la guerre du Vietnam, sans jamais mettre les pieds à Hanoï,
mais en rassemblant images de fiction et d'archives, comme un fil de pensée politique.
La guerre du Vietnam n'est pas l'unique cheval de bataille du réalisateur qui traite aussi du
conflit algérien dans « Le Petit Soldat ». Il embrasse également la cause du peuple
palestinien dans « Ici et Ailleurs » qu'il réalise en 1976 avec Anne-Marie Miéville, sa
collaboratrice devenue ensuite sa compagne. Et quand Jean-Luc Godard ne fait pas de films
majeurs sur la révolution et la guerre, il l'infuse plus ou moins subtilement comme une ligne
de fond dans ses longs-métrages. Ses personnages sont des rêveurs, des révolutionnaires
comme dans « La Chinoise » ou des militants comme Paul dans « Masculin Féminin ».
Derrière la caméra, l'homme est aussi engagé. En 1968, il fait interrompre, avec d'autres
cinéastes de gauche, le Festival de Cannes. Il va jusqu'à s'accrocher au rideau pour
empêcher une projection, appelle à la solidarité avec les étudiants et insulte copieusement
une certaine frange du cinéma international déconnecté de ces enjeux brûlants. L'évènement
devient historique et des décennies plus tard lorsque des films de Godard sont présentés à
Cannes, le réalisateur n'est nulle part en vue. Sans compromis.

Le révélateur d'une génération d'acteurs


Pour le meilleur comme pour le pire, Godard fait partie de ces réalisateurs qui ont construit
des mythes, propulsé des vedettes. Il sublime Brigitte Bardot dans Le Mépris (1963), illumine
Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg dans A bout de souffle (1960), Anna Karina dans une
femme est une femme (prix de la meilleure actrice au festival de Berlin 1961), tourne avec
une très jeune Isabelle Huppert dans Passion Carmen (1979), révèle Juliette Binoche dans
Je vous salue Marie (1985). Les films de Godard portent sa signature mais également celle
des têtes d'affiche qu'il construit. La Nouvelle Vague se voulant l'art de l'improvisation, les
stars, au contact de Godard, deviennent autres, révélées.
Tyrannique, en conflit avec lui-même et avec sa vision du cinéma, arrêté dans ses idées,
Jean-Luc Godard est pourtant un réalisateur avec lequel il est difficile de travailler et encore
plus de vivre. Ses collaborations restent emblématiques de cette dualité. Malgré le caractère
impossible du cinéaste et la détresse dans laquelle sa relation le plonge, Anna Karina, sa
partenaire privilégiée sur le plateau comme dans la vie, tournera avec Godard huit films.
Après elle, c'est avec Anne Wiazemsky qu'il se marie et gagne une nouvelle collaboration
créative dans « La Chinoise » (1967). L'union ne dure pas, conclue par une tentative de
suicide. La dernière partie de sa vie professionnelle et privée, il la partagera avec Anne-Marie
Miéville, cinéaste qui réalisera notamment le moyen-métrage Le livre de Marie en 1984,
prologue à Je vous salue Marie. Il reste aujourd'hui de ces relations, des films
emblématiques, des rôles passionnants et une certaine mise en garde : les icônes ont
toujours leur part d'ombre.

Une érudition permanente


Chez les cinéphiles, l'emblématique Jean-Luc Godard est une icône de la réalisation mais ce
n'est pas le seul terrain sur lequel s'aventure son génie. Artiste touche-à-tout qui met à profit
sa profusion de savoir, sa culture paradoxale et expansive le rend quasi inévitable.
Avant d'être cinéaste, Jean-Luc Godard fut en effet un critique. Figure majeure des Cahiers
du cinéma comme Chabrol, Rohmer ou Truffaut, il partage son savoir et sa vision du cinéma,
de la propagande, de la politique et du statut de l'auteur au public. Ses films sont aussi truffés
de référence à la littérature (sa dystopie « Alphaville » communique allégrement avec le
« 1984 » de George Orwell), la peinture (il dira de « Pierrot le fou » sorti en 1965 que son
« propos est le même que celui d'un peintre »), au cinéma d'autres réalisateurs que lui.
Tout se répond. Il emprunte l'acteur Jean-Pierre Léaud pour Masculin féminin (1966) à son
ami François Truffaut (qui deviendra son ennemi quelques années plus tard) après Les 400
coups , inspire ses semblables et en retour, pioche, sélectionne et réagence la grande
histoire de la culture. Des évocations de Blanche-neige et les sept nains à Fenêtre sur cour
en passant par Le voleur de bicyclettes, son Histoire(s) du cinéma fait figure de testament.

Vous aimerez peut-être aussi