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ABRAHAM

Abraham appelé d’abord Abram. En hébreu Abram signifie père élevé. La transformation de
ce vocable en celui d’Abraham n’a pas d’explication étymologique satisfaisante. Le texte
commente ce changement en disant : « car je te rends père d’une multitude de nations » (Ge
17:5). Ce commentaire trouve sans doute une justification dans la terminaison raham, mais
nous n’en connaissons pas la raison. Abraham est fils de Térah, ancêtre des Hébreux, père
des croyants, ami de Dieu (Ge 11:26 ; Ga 3:7-9 ; Ja 2:23). Des critiques veulent voir dans les
récits relatifs à Abraham l’histoire de l’origine et des migrations d’une tribu. Abraham serait
un nom collectif et tribal. Mais une tribu ne prend pas de femmes, n’a pas un âge, une
parenté. Les textes ici sont trop clairs. Ce qui est raconté dans la Genèse a trait à des actes
individuels. Les écrits postérieurs, ceux du Nouveau Testament en particulier (Jn 8:33-42 ; Ga
3:6-9, etc.), présentent toujours Abraham comme un personnage historique. S’il est question
des Bene Israël (enfants d’Israël) comme peuple, jamais Abraham n’est désigné comme un
peuple, ou une tribu. On ne peut absolument pas invoquer dans ce sens les expressions « race
d’Abraham » de Esa 41:8, « postérité d’Abraham » de Ps 105:6 ; et encore moins Mi 7:20.

I. Chronologie.

1. Abram avait 75 ans quand il reçut l’ordre de gagner Canaan (Ge 12:4). Il avait habité
avec sa famille Our, en Chaldée, où il épousa Sara. Après le décès de son frère Harân,
il quitta Our avec son épouse et son neveu Lot, sous la conduite de Térah, son père, et
vint s’établir à Harân (Ge 11:28,31). Il y demeura vraisemblablement plusieurs années,
jusqu’à la mort de Térah (Ac 7:4). Où Abraham reçut-il l’ordre de partir pour Canaan ?
à Our, ou à Harân, également mentionnées dans les textes. On peut aisément penser
que l’ordre de Dieu déjà donné à Our dut être répété à Harân, de quitter son pays et
sa famille. À partir de Harân, Abraham semble obéir. Il ira de là en Canaan ; mais son
obéissance ne sera pas totale, puisqu’il prendra Lot avec lui. Aussi bien, ce ne sera
qu’après la séparation d’avec Lot que les promesses relatives à l’Alliance
commenceront à s’accomplir (Ge 13:14). Abraham était-il le premier-né de Térah ? Il
est cité le premier dans la liste de ses frères (Ge 11:26-27). Il se peut que la place de
ce nom soit due à la vocation d’Abraham, qui fut l’ancêtre du peuple élu. De Harân en
Canaan, quelle route suivit Abraham ? Sans doute celle de Damas, car une grande voie
de communication conduisait par là de Mésopotamie en Canaan. Abraham avait 75
ans lorsqu’il quitta Harân ; il vécut 10 ans en Canaan avant de prendre Agar comme
concubine (Ge 16:3) ; il était âgé de 86 ans lorsqu’Agar lui enfanta Ismaël (Ge 16:16).
Le voyage entre Harân et le pays de Canaan ne dura donc pas plus d’une année.
2. Pendant les 10 premières années de ses pérégrinations en Canaan, Abraham dressa
ses tentes à Sichem, puis à Béthel (Ge 12:6,8). De Béthel, il reprit sa route vers le midi
(Ge 12:9), et fut poussé par la famine jusqu’en Égypte (Ge 12:10). Là, craignant pour
sa vie, il fit passer Sara pour sa sœur (Ge 12:10-20). Il revint en Canaan et se retrouva
à Béthel (Ge 13:1,3). Vu l’accroissement de leurs biens, Abraham et Lot se séparèrent.
Lot choisit la plaine du Jourdain (Ge 13:5-12). Alors Abraham plia ses tentes et alla se
fixer aux Chênes de Mamré, à Hébron (Ge 13:18).
3. Durée du séjour aux Chênes de Mamré : au moins 15 ans, peut-être 23 ou 24 ans.
Abraham, qui avait conclu une alliance avec les Amoréens chefs de clan (Ge 14:13)
poursuivit Kedorlaomer (Ge 14:1-16), et fut béni par Melchisédek (Ge 14:17-24). Dieu
promet un fils à Abraham, le croyant, et confirme son alliance avec lui : le pays de
Canaan sera son héritage (Ge 15). Naissance d’Ismaël (Ge 16). 13 ans plus tard, la
promesse, se vérifie (Ge 16:16; 17:1). L’effort de l’homme cherchant à accomplir lui-
même la promesse, ne change en rien le plan de Dieu. L’héritier de Canaan ne sera pas
le fils de l’esclave, mais celui de la femme libre ; ce ne sera pas l’enfant de la chair,
mais l’enfant de la promesse. L’Éternel, renouvelant son alliance avec Abraham, lui
prescrit le signe de la circoncision, et change le nom d’Abram en celui d’Abraham (Ge
17). Sodome est détruite (Ge 18,19).
4. Séjour dans le Midi de Canaan : environ 15 ans, pendant l’enfance d’Isaac. Sara est
prise pour le harem d’Abimélek (Ge 20). Isaac naît quand Abraham a 100 ans ; peu
après, il renvoie Ismaël (Ge 21:1-21). Abraham appelle Beér-Chéba (puits du serment)
un puits qu’il possède, auprès duquel il fait alliance avec Abimélek (Ge 21:22-34). Isaac
ayant quelque peu grandi (Ge 22:6), l’historien Josèphe suppose qu’il avait 25 ans
(Antiquités 1.13. 2), la foi d’Abraham est soumise à une épreuve publique par le
commandement de sacrifier son fils unique. Obéissant à cet ordre, Abraham et Isaac
se rendent dans les montagnes de Moriya, où la miséricorde divine substitue un bélier
à Isaac. Ils reviennent ensuite à Beér-Chéba (Ge 22:1-19).
5. Retour à Hébron. Après 20 ans de tranquillité, Sara y meurt à l’âge de 127 ans (Ge 23).
6. Nouveau séjour dans le Midi de Canaan, d’à peu près 38 ans, avec Isaac. Après la mort
de Sara, Abraham, âgé de 140 ans, envoie chercher en Mésopotamie une femme de
sa propre famille pour son fils Isaac (Ge 24:67; 25:20). Éliézer ramène Rébecca, qui
rencontre Isaac à Lahaï-roï, peut-être à l’endroit appelé aujourd’hui Aïn-Unweileh (Ge
24). On rapporte ensuite qu’Abraham épouse Qetoura (Ge 25). Voir Qetoura. À 175
ans, Abraham meurt et il est enseveli dans la caverne de Makpéla (Ge 25:1-9).
7. Date de sa vie. La datation de la vie d’Abraham dépend de la date de l’Exode (voir
Exode, date de l’). Si on accepte la chronologie dite longue, Abraham est entré en
Canaan vers 2100 ou encore 1900 avant Jésus-Christ, — selon qu’on voit la durée du
séjour d’Israël en Égypte de 400 ans ou de 200 ans environ. Évidemment la chronologie
dite courte donne une autre date pour son entrée en Canaan : vers 1750 Ge 14 place
Abraham dans un contexte historique. Cependant les noms des 4 rois venus de l’Orient
et ceux des 5 rois des villes de la plaine du Jourdain n’ont pas laissé de traces dans
d’autres documents archéologiques. Autrefois certains assimilaient Amraphel à
Hammourabi mais cette hypothèse a été rejetée. Toutefois la Genèse donne une
chronologie intérieure et personnelle de la vie d’Abraham. La voilà : Abraham est
appelé par Dieu à Harân à 75 ans (Ge 12:4) ; Abraham avait 86 ans à la naissance
d’Ismaël (Ge 16:16) ; Abraham est âgé de 99 ans au moment de l’alliance de la
circoncision, et lors de la conception d’Isaac (Ge 17:1) ; Abraham a 100 ans à la
naissance d’Isaac (Ge 21:5) et Sara avait environ 90 ans ; Sara est morte à 127 ans et
Abraham à 175 (Ge 23:1-25:7). Puisque Isaac avait 60 ans à la naissance d’Ésaü et de
Jacob, Abraham a connu ses petits-fils pendant une quinzaine d’années (Hé 11:9).
Nous connaissons bien la législation civile qui réglait la vie d’Abraham et des autres
patriarches par le Code d’Hammourabi et les tablettes de Nuzi (voir Hammourabi ;
Nuzu). Ces documents sont postérieurs à Abraham (Code d’Hammourabi, 18e siècle ;
tablettes de Nuzi, 16e siècle) mais avant d’être écrites, déjà ces lois se pratiquaient.
Ce sont les livres de K. A. Kitchen, Traces d’un monde (P.B.U., 1977), pages 101-107 et
de J. A. Thompson La Bible et l’Archéologie (LLB, 1988), pages 31-38, qui donnent des
détails concernant l’observation de cette législation dans la vie familiale et civile des
patriarches, souvent se rapportant à la question de mariage et d’héritier, si importante
pour Abraham. Il existe une quinzaine de parallèles entre ces lois et les actes des
patriarches. Le fait que ces lois, codifiées au 18e siècle et au 16e siècle, furent
observées par les patriarches confirmerait que ces hommes ont vécu dans la première
moitié du 2e millénaire avant Jésus-Christ.

II. La foi d’Abraham.

La religion de Basse-Mésopotamie dès la période historique, apparaît comme une religion


à la fois très complexe et très évoluée. « Dès qu’elles deviennent accessibles aux yeux de
l’historien, écrit le R. P. Dhorme, les anciennes religions mésopotamiennes ont déjà atteint
un remarquable degré d’évolution qui les classe à part des religions dites primitives :
fétichisme, animisme, totémisme… ». Le panthéon sumérien comprend des dieux du monde,
des divinités astrales, des dieux de la nature, des dieux nationaux. Il y avait Anu, Enlil, Enki,
Nergal, Inanna, etc. Ces dieux sont parfois liés aux héros des mythes sumériens. C’est de toute
cette religion et de tout ce milieu qu’est sorti Abraham. Chose intéressante, dans les poésies
sumériennes, on trouve certaines références à un paradis terrestre appelé Dilmun (« le pays
de Dilmun est pur, le pays de Dilmun est propre … est très clair »), ainsi qu’à la création
d’hommes, de la végétation et des animaux « de la plaine, artistiquement produits ». Les
Sumériens ont aussi leur version du Déluge : leur « Noé » s’appelle Zuisudra. Pour ce qui est
de la religion d’Abraham suite à la révélation du « Dieu de gloire » qui lui apparut dans la ville
sumérienne d’Our, un changement radical s’est produit. Désormais Abraham croyait en un
seul Dieu tout-puissant (Ge 17:1), éternel (Ge 21:33), le Très-Haut (Ge 14:22) ; Seigneur et
Créateur du ciel et de la terre, maître réel et légitime de toute création (Ge 24:3), juste Juge,
administrateur du monde (Ge 18:25). « Abraham crut à l’Éternel », c’est-à-dire au seul Dieu
qui l’avait appelé (Ge 15:6 ; cf. Ro 4:3, Ga 3:6) ; et plein de sa foi, il obéit, il adora et il maintint
l’honneur de son Dieu. Pour fortifier la foi d’Abraham, Dieu a employé 2 moyens :
1. Il s’est révélé Lui-même pour que, grâce à cette révélation, Abraham pût apprendre à
le connaître (relire Ge 12:1-3,7; 13:14-18; 15; 17:1-21).
2. Il a mis à l’œuvre la foi d’Abraham, il a conduit son serviteur dans des situations qui
réclamaient l’exercice de cette foi. À cet égard, voici les expériences que Dieu a
suscitées à Abraham :
a) rupture des liens familiaux (Ge 12:1-9) ;
b) famine (Ge 12:10-20) ;
c) richesse (Ge 13) ;
d) puissance (Ge 14) ; attente d’un fils (Ge 16), et
e) l’épreuve suprême par laquelle Abraham devait donner toute la mesure de sa foi,
l’appel au sacrifice d’Isaac, son fils unique et bien-aimé (Ge 22). L’épître aux Hébreux
dit : « C’est par la foi qu’Abraham offrit Isaac, lorsqu’il fut mis à l’épreuve » (Hé 11:17-
18).

III. L’Alliance.

Le point central de la vie d’Abraham, sa raison d’être, c’est l’Alliance que Dieu conclut
avec lui et dont l’importance déborde le cadre de l’Alliance du Sinaï. Voir Alliance. L’Alliance
du Sinaï intéressait Israël, sa formation interne ; elle avait une portée transitoire. Son
accomplissement en Jésus-Christ devait la rendre caduque dans son culte (cf. Hé 9; 10).
L’Alliance avec Abraham intéressait sans doute d’abord Israël qui, par elle devenait le peuple
élu (Ge 17:7) et recevait de Dieu un pays (Ge 17:8; 15:18) ; mais elle intéressait par Israël
toutes les nations de la terre dont Israël devait être l’instrument de salut (Ge 12:3 ; Esa 49:6).
Elle devait être perpétuelle (Ge 17:7), et elle n’a jamais été rompue par Dieu. Suspendue dans
ses effets par la désobéissance d’Israël, elle retrouvera toute sa portée dans les temps
messianiques lorsqu’Israël converti au Christ sera réintégré, selon le mot de Paul, dans les
prérogatives de l’Alliance (Ro 11:15). Cette Alliance qui devait, par le moyen d’Israël, relier
les hommes à Dieu, a été conclue par une série de démarches divines : Ge 12:1-3 : Les
premières dispositions de l’Alliance sont énoncées dans l’appel adressé à Abram. Ge 13:14-
17 : Abram s’étant séparé de Lot, Dieu lui montre le pays qu’il veut lui donner et lui parle
d’une postérité innombrable qui devait se réaliser en Christ (Ga 3:6,14,29). Ge 15:1-6 :
L’Éternel rassure Abram inquiet parce qu’il n’a pas de fils. Ge 15:7-17 : L’Éternel scelle
l’Alliance par le sacrifice mystérieux des animaux partagés. Il passe lui-même entre les
morceaux sous les traits des flammes (cf. Jér 34:18). L’Alliance cesse alors d’être promesse,
Ge 15:18-21. Ge 17:1-8 : Abraham a 99 ans. L’Éternel renouvelle son Alliance et en précise le
caractère. Le nom d’Abram est changé en Abraham. Ge 17:9-14 : Le signe de l’Alliance sera la
circoncision. Ce rite est, en réalité, comme la signature d’Israël au contrat de l’Alliance. Ge
17:15-21 : L’Éternel promet à Abraham un fils par Saraï qui sera nommée Sara. Ge 22:15-18 :
L’Éternel, qui a éprouvé la foi d’Abraham, scelle alors l’Alliance par un serment, comme pour
donner à son serviteur une plus solide assurance et une base renouvelée pour sa foi en la
promesse de Dieu (cf. Hé 9:13 et suivants).

IV. Le sein d’Abraham.

Expression que Jésus lui-même emploie dans Lu 16:22 et qui a trait au séjour des âmes
rachetées après la mort, c’est-à-dire au Paradis. Les Juifs pensaient avec bonheur à l’accueil
que leur feraient Abraham, Isaac et Jacob dans ce Paradis (4Macc. 13.17). Ils se réjouissaient
d’entrer en communion avec lui et se voyaient, pour ainsi dire, reposant sur son sein. Dans le
langage rabbinique du IIIe siècle après Jésus-Christ, l’expression être dans le sein d’Abraham
signifie : avoir pénétré dans le Paradis. A. L.
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ISAAC
Isaac (SEGOND, Français Courant, JÉRUSALEM, T.O.B.) : rire. Le fils d’Abraham et de Sara, né
au sud du pays, sans doute à Beér-Chéba (Ge 21:14,31) lorsque son père avait 100 ans et sa
mère à peu près 90 ans (Ge 17:17; 21:5). Quand Dieu fit la promesse que Sara aurait un fils,
Abraham, incrédule, se mit à rire (Ge 17:17-19). Plus tard, entendant la même promesse
formulée par un étranger qui s’était arrêté au campement, Sara eut aussi un rire incrédule
(Ge 18:9-15). Après la naissance de l’enfant, elle reconnut avec joie que Dieu lui avait donné
sujet de rire, à elle et à ses amis (Ge 21:6). Pour rappeler le souvenir de ces événements et la
fidélité de Dieu, Abraham appela l’enfant Isaac, ce qui signifie « il rit » (Ge 21:3). Il le circoncit
le 8e jour (Ge 21:4). Isaac, fils de la promesse et héritier légitime, jouissait de plus grands
privilèges qu’Ismaël, fils d’Abraham et de sa servante (Ge 17:19-21; 21:12; 25:5,6).

Afin d’éprouver et d’affermir la foi d’Abraham, Dieu lui ordonna d’offrir Isaac en
holocauste (Ge 22:6). Le jeune homme avait peut-être 25 ans, dit Josèphe. Par déférence
pour son père et pour l’ordre de Dieu, Isaac y consentit. Abraham ayant mis son fils sur l’autel
et prouvé ainsi qu’il était prêt à livrer à Dieu tout ce qu’il possédait de plus cher, l’ange du
Seigneur intervint pour empêcher la consommation du sacrifice. Un bélier fut agréé à la place
du jeune homme. C’était la condamnation formelle des sacrifices d’enfants, pratiqués par les
Cananéens et par beaucoup d’autres peuples idolâtres, et la révélation de l’horreur que Dieu
éprouve pour de telles immolations (Ge 22:1-18 ; Lé 18:21; 20:2 ; De 12:31). Deux autres
leçons se dégagent pour nous du sacrifice d’Isaac. Selon Hé 11:17-19 :
1. Abraham fait preuve d’une foi sublime. Dieu lui avait aussi promis une nombreuse
postérité issue d’Isaac (Ge 17:19; 21:12).
2. D’autre part ce même fils devait être offert en holocauste : le patriarche en conclut
très simplement que Dieu le ressuscitera des morts.

Enfin, le sacrifice d’Isaac est incontestablement un type de la Croix. Le fils unique, bien
aimé, longtemps promis et attendu, est offert à Moriya, soit tout près du Calvaire (Ge 22:2 ;
2Ch 3:1) ; il consent librement à sa mort, porte le bois de son supplice, s’avance vers le
supplice seul avec son père, qui étend la main pour le frapper lui-même (Esa 53:4,6,10). Isaac,
sauvé par l’offrande sanglante d’un substitut (le bélier), est rendu à Abraham « par une sorte
de résurrection » ; Jésus, accomplissant entièrement le type, meurt lui-même comme notre
substitut qui subit le châtiment de Dieu, auquel il est rendu par la véritable résurrection.

Isaac habitait au Midi (Negueb), près du puits de Lachaï-roï (Ge 24:62). Il aimait la
solitude ; contemplatif et sensible, il souffrit profondément de la mort de sa mère (Ge
24:63,67). Il se maria à 40 ans, mais en avait déjà 60 lorsque naquirent ses fils (Ge 25:20,26).
La famine sévissant, Isaac remonta à plus de 80 km vers le nordjusqu’à Guérar (Ge 26:1,6).
Là, l’Éternel lui apparut, lui dit de ne pas descendre en Égypte, et réitéra le serment qu’il avait
fait à son père (Ge 26:2-5). Abraham avait jugé prudent, en pays étranger (Ge 20:13), de faire
passer Sara pour sa sœur. Isaac, dont la femme courait le même danger à Guérar, essaya
aussi de présenter Rébecca comme sa sœur, mais en vain (Ge 26:6-11 ; cf. Ge 12:10-20). Isaac
quitta cette ville et dressa ses tentes dans la vallée portant le même nom (Ge 26:17). Il rouvrit
les puits que son père avait forés. Puis, il se rendit à Beér-Chéba, qui resta longtemps le centre
de son campement (Ge 26:23; 28:10). C’est là qu’une nuit l’Éternel lui apparut pour
l’encourager. Isaac imitant son père, bâtit un autel (Ge 26:24,25). Abimélek, roi de Guérar,
rendit visite à Isaac et conclut un traité avec lui (Ge 26:26-31). Ce pacte donna à Isaac
l’occasion de faire revivre le nom de Beér-Chéba, qu’Abraham avait déjà donné à ce lieu pour
perpétuer le souvenir d’un serment (hébreu chebha’, sept et chabha’, jurer, chebhou’ah,
serment ; Ge 26:33 ; cf. Ge 21:31). Ésaü, l’aîné des 2 fils d’Isaac, était son favori, bien que Dieu
eût déclaré que l’aîné serait asservi au plus jeune (Ge 25:28). Rebecca et Jacob abusèrent de
la vieillesse d’Isaac, qui avait plus de 100 ans (cf. Ge 27:1 avec Ge 25:26; 26:34), et de sa
cécité. Trompé quant à l’identité de ses fils, Isaac conféra au cadet la bénédiction d’Abraham.
Peu après, à l’instigation de Rebecca, qui voulait préserver Jacob de la fureur d’Ésaü mais
allégua un autre motif, Isaac envoya Jacob à Harân pour qu’il y trouvât une femme de la
famille de Laban (Ge 27:46-28:5).

Env. 20 ans plus tard, Isaac se trouvait près d’Hébron, où il avait séjourné à la fin de la vie
de son père (Ge 35:27 ; cf. Ge 23:2). C’est en ce lieu qu’il mourut, à l’âge de 180 ans (Ge
35:28,29). Ses 2 fils l’enterrèrent dans la caverne de Makpéla, tombeau d’Abraham, de Sara,
et de Rebecca (Ge 49:30,31). Le Nouveau Testament fait allusion à Isaac, le fils de la promesse
(Ga 4:22,23) et déclare qu’il a manifesté sa foi au cours de sa vie de nomade habitant sous la
tente, bénissant Ésaü et Jacob « en vue des choses à venir » (Hé 11:9,20).

Les tablettes de Nuzu aujourd’hui Yorghan Tepe, découvertes dans ce lieu proche de la
Kirkuk moderne (Iraq) entre 1925 et 1941, non seulement illustrent la vie et les coutumes des
patriarches, mais donnent des exemples semblables à la naissance d’Ismaël (Ge 16:1-6). Le
code de mariage de Nuzu stipulait qu’une femme stérile devait fournir à son mari une esclave
comme concubine. Si cette esclave avait un fils, celui-ci ne devait pas être renvoyé. Ceci
explique l’hésitation d’Abraham à renvoyer Ismaël à la demande de Sara. Cette demande
était contraire à la coutume, et Abraham ne céda qu’en face de l’intervention de Dieu et de
la promesse formelle faite à Ismaël également (Ge 21:9-13) Voir Nuzu.
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Honneur. (Hébreu kabhod : poids, honneur, gloire ; grec timê : honneur). Respect et estime
dont jouit une personne ou une chose. Dans la Bible, l’honneur revient à Dieu à cause de ce
qu’il est et de ce qu’il fait (Lé 10:3 ; 1Ch 29:12 ; Da 4:34). Le mot honneur va de pair avec
des termes tels que gloire, paix (Pr 21:21 ; Ro 2:7,10), dons et présents (Da 2:6), richesse,
sagesse, force et louange (Ap 5:12), action de grâces et puissance (Ap 7:12).

L’homme, qui a reçu une place unique dans la création, est honoré par Dieu (Ps 8:5). Il
doit aussi honorer ses parents (De 5:16 ; Mt 19:19), les vieillards (Lé 19:32), les anciens de
l’Église (1Ti 5:17), les maîtres (1Ti 6:1) et le roi (1P 2:17). Il a ce même devoir vis-à-vis de son
prochain (Ro 12:10), des serviteurs de Dieu (Ph 2:29), des femmes (1P 3:7) et des veuves
(1Ti 5:3). L’esclave fidèle doit être honoré par son maître (Pr 27:18). Dans 1Co 12:23-24,
l’apôtre Paul recommande d’entourer « d’un plus grand honneur » les gens méprisés par la
société. L’honneur fait partie des biens eschatologiques : il est la récompense finale de la
justice (Jn 5:44 ; Ro 2:7 ; Hé 2:7 ; 2P 1:17). Dans 1Ti 5:17-18, Paul demande « que les anciens
qui dirigent bien soient jugés dignes d’un double honneur (ou d’une double rémunération)
surtout ceux qui prennent de la peine (kopiaô : se fatiguer) à la prédication et à
l’enseignement, car l’Écriture dit : Tu n’emmuselleras pas le bœuf qui foule le grain, et :
L’ouvrier mérite son salaire ».

La traduction, « double rémunération » ou « honoraire double » s’accorde mieux que


« double honneur » avec le contexte qui parle de salaire et de nourriture (le bœuf qui foule
le grain est fort peu préoccupé d’honneur !). D’autre part, le fait que Paul utilise la même
citation dans 1Co 9:9 pour appuyer le droit des apôtres d’être soutenus par les Églises
semble déterminant pour décider du sens de cette même citation dans ce nouveau
contexte. Le mot timê comporte, en fait, les deux sens : honneur et honoraire. Il semble que
l’apôtre joue sur ce double sens et qu’on devrait traduire diplês timês par « timês dans-les-
deux-sens-du-terme ». (Henry Leenhardt : « Presbytérat et pastorat », Études théologiques
et religieuses, 1946/2, page 342). De plus, les veuves inscrites sur les rôles de l’Église étaient
soutenues par des dons (1Ti 5:3-16). « Double honoraire » pourrait signifier : rémunération
double (de celle des veuves). Voir Gloire.

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DROIT

Droit (Le). Justice. Dieu est un Dieu de justice, c’est pourquoi il veut que le droit règne parmi
son peuple. Il fait lui-même droit à ceux qui sont opprimés (Ps 26:1; 146:7). Son serviteur
annoncera la justice aux nations (Esa 42:1). La Loi contient le droit qui, en fait, est celui de
Dieu. C’est pourquoi les juges, agissant au nom de Dieu sont parfois appelés des dieux (Ps
82:1,6).

Au temps des patriarches, les chefs de famille exerçaient le droit sur les leurs (Ge 38:24).
Sur le conseil de Jethro, Moïse établit des chefs de 100, de 50 et de 10 pour trancher les
différends parmi le peuple (Ex 18:13-26 ; De 1:9-18; 16:18-20). Les prêtres et les Lévites
avaient le devoir d’enseigner le droit au peuple (1Ch 26:29-32 ; 2Ch 19:5-7). Après la mort
de Josué, le peuple d’Israël eut à sa tête des juges, qui fonctionnaient aussi comme
administrateurs et dirigeants. Une femme — Débora — fut juge (Jug 4:5).

Dans l’Ancien Testament, la loi du talion (voir Talion) était appliquée lors d’atteintes
corporelles ou de faux témoignage (Ex 21:23-25 ; Lé 24:19-20 ; De 19:18-21). Les esclaves,
blessés par leur maître, devaient être libérés (Ex 21:26-27), ce qui constituait une sorte
d’amende pour le propriétaire. Les dommages causés au bétail et aux biens d’autrui étaient
compensés en argent (Ex 21:34; 22:5,11,13). Un voleur était fortement amendé (Ex 22:1). Le
blasphémateur était poursuivi (Lé 5:1). Les meurtriers, les sorcières, les devins et les
idolâtres étaient punis de mort (Ex 22:17 ; Lé 20:27; 24:17,21 ; De 13:7; 17:2 et suivants).
On ne faisait « pas mourir les pères pour les fils » et « les fils pour les pères » (De 24:16 ; 2R
14:6), mais la famille d’Akân, complice de son crime, fut lapidée avec lui (Jos 7:24-26). En
Israël, les jugements se rendaient d’ordinaire à la porte de la ville (De 21:19 ; Ru 4:1 et
suivants), mais le roi Salomon jugeait dans une salle de son palais (1R 7:7).

Dans le Nouveau Testament, les accusateurs (ou « adversaires » : Mt 5:25 ; Lu 12:58; 18:3)
déposaient oralement leur plainte, mais ils pouvaient aussi apporter un document écrit (Mt
27:12 ; Jn 8:10; 18:29 ; Ac 23:30,35). Les Juifs firent appel à un avocat nommé Tertulle pour
porter plainte contre Paul auprès du gouverneur (Ac 24:2). Le droit romain donnait à
l’accusé la possibilité de se défendre en présence de ses adversaires (Ac 25:16). En cas
d’irrégularité dans le procès, tout citoyen romain était autorisé à faire appel à César (voir
Appel à César) (Ac 25:11-12). Deux témoins au minimum étaient nécessaires pour
l’établissement d’une plainte et leurs témoignages devaient concorder jusque dans les
détails. Au procès de Jésus, les déclarations des témoins étaient si contradictoires que Jésus
aurait pu être relâché (Mr 14:56-57). Voir Justice.

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PERE
Père.
1. L’ascendant immédiat de quelqu’un (Ge 42:13) ; ou le grand-père (Ge 28:13) ; ou
encore un ancêtre plus éloigné (Ge 17:4). Voir Parents.
2. Celui qui, le premier, a exercé tel ou tel métier, ou a été à la tête d’un groupe social
(Ge 4:20). Ancêtre, chef, ou l’un des chefs d’une ville (1Ch 2:51; 4:14,18).
3. Celui qui a, à l’égard d’un autre, une attitude paternelle et sage (Ge 45:8 ; Jug 17:10;
18:19). Titre exprimant le respect, l’honneur. On le décernait à l’homme ayant le
droit d’enseigner, surtout si c’était un vieillard (1S 10:12 ; 2R 2:12) ; aux conseillers
du roi et aux premiers ministres (Ge 45:8).
4. Dieu, considéré comme Créateur de la race humaine (Mal 2:10 ; Antiquités 4.8.24 ;
cf. Ac 17:28) ; ou comme celui qui engendre et garde avec amour ceux qui
deviennent, par la nouvelle naissance, ses enfants spirituels (Ro 8:15 ; Ga 4:6) ; ou
encore comme Celui qui a, avec Jésus, un rapport mystérieux et ineffable de
paternité divine (Mt 11:26 ; Lu 22:42). Voir Dieu (Noms de), 6. ; Oraison dominicale.

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PATRIARCHE

Patriarche, du grec patria, race, pays, et archein, commander. Père et chef d’une famille,
d’un clan. Le Nouveau Testament appelle patriarches les ancêtres du peuple hébreu, de la
race juive. Ce nom est donné à Abraham (Hé 7:4), aux 12 fils de Jacob (Ac 7:8,9) au roi David
(Ac 2:29). En général le titre de patriarche est conféré aux hommes pieux et aux chefs de
famille dont l’Ancien Testament rapporte la biographie et qui ont vécu avant Moïse, par
exemple aux patriarches antédiluviens mentionnés dans Ge 5. Sous le régime patriarcal, le
commandement du clan appartenait de droit à son fondateur. Le fils aîné, ou le descendant
aîné en ligne directe, héritait de cette autorité. Le chef de chaque famille composant la tribu
exerçait une autorité analogue au sein de sa famille.

Le régime patriarcal précéda l’établissement de la théocratie, qui fut promulguée au


Sinaï ; sous ce régime, chaque chef de famille exerçait les fonctions de sacrificateur et Dieu
se révélait à lui. Pour l’âge des patriarches, voir aux noms des divers patriarches et
Chronologie I.

Note archéologique. La période des patriarches est si bien éclairée par les découvertes
des textes de Mari, Nuzi, Alakakh, Ebla, Égypte (voir ces mots ainsi que Hammourabi,
Horiens, Sodome), que les patriarches sont maintenant acceptés par la plupart des exégètes
comme des personnages historiques, ayant vécu dans un contexte social et politique réel,
alors qu’il y a quelques années seulement, pratiquement tout ce qui les concernait était
considéré comme « légendaire ». Les coutumes observées par ces hommes pour leur vie
conjugale, pour leurs héritages, même pour les marchés qu’ils traitaient, suivaient la
législation mésopotamienne de leur époque (voir la carte). Pour plus de détails, voir A.
Parrot, Abraham et son temps ; J. A. Thompson, La Bible à la lumière de l’archéologie, Ligue
pour la lecture de la Bible. Voir Nuzu.

Villes importantes du temps des patriarches. La période patriarchale a été éclairée par les
fouilles effectuées à Tell el-Amarna, Alalakh, Ebla, Ras Shamra, Mari, Nuzu et Our. ==>
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