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Chardonnet Jean. La mine de charbon : Comment faire comprendre l'organisation et le fonctionnement d'une mine ? . In:
L'information géographique, volume 5, n°2, 1941. pp. 32-37.
doi : 10.3406/ingeo.1941.5075
http://www.persee.fr/doc/ingeo_0020-0093_1941_num_5_2_5075
:
les rochss dures (Bretagne).
:
J. GARNIER.
LA MINE DE CHARBON
Comment faire comprendre l'organisation et le fonctionnement d'une mine?
cuirasse artificielle, sans laquelle les venues d'eau
noieraient très rapidement la mine. Brusquement la
celui
de
l'organisme
abattageNul
houille,
du
dutravail
mineur
charbon
bien
sousplus
n'est
: terre.
c'est
nécessite
complexe
en un
Laapparence
carrier
mine
des
que est,
lainstallations
quiplus
carrière
abatsimple
en réalité,
des
: blocs
que
un cage s'est arrêtée au niveau d'une galerie.
et passons dans une cage d'ascenseur suspendue à un puits servant au personnel et à l'évacuation de l'air vicié,
:
Nord-Est de cet accident, plonge à 1 .500 mètres de d'air comprimé; à droite un manœuvre enleva le charbon
profondeur au Sud. La figure 3 montre bien ce grand abattu et le jette dans le couloir oscillant (1er plan).
Premiers boisements dans la taille.
synclinal houiller couché au Nord et chevauché (Mines de Lens.)
partiellement au Sud par le dévonien. (Comm. par M. Dion.)
Pénétrons dans la taille, couloir long et bas de
plusieurs dizaines de mètres, où l'on ne peut se tenir 2° Les travaux du jour (fig. 4). — Certains sont
debout; 50 à 60 ouvriers y travaillent : une dizaine en effet nécessaires à la vie du « fond », d'autres
de mineurs s'attaquent à la veine de charbon la tête traitent le charbon extrait.
protégée de la barette, allongés, couchés ou à genoux,
:
ils tiennent à la main, non plus le pic, mais le Les annexes du fond. — Ramener à la surface les
marteau pneumatique, un instrument acéré, mû à l'air lourdes berlines de charbon, assurer la descente
comprimé, qui frappe de coups violents la couche de quotidienne de plusieurs équipes, envoyer au fond déblais 33
et bois, ces opérations répétées nécessitent des bon brut qui remonte du puits d'extraction : les blocs
instruments élévatoires nombreux et puissants. En général de houille sont de dimensions trop inégales, mêlés à
une fosse comprend au moins deux puits, l'un réservé des débris et à des ardoises. Il faut les trier et les
à la montée du charbon dans des cages à plusieurs calibrer. Ce travail se fait dans d'immenses halls :
étages, l'autre servant au personnel et à la descente on commence par y cribler le charbon pour séparer les
des bois, tous deux coiffés du chevalement grêle de gros blocs des petits; sur une immense estrade à plan
poutrelles métalliques auquel sont accrochées les incliné, il est distribué sur dés tamis animés d'un
cages ; la manœuvre est commandée pour chaque mouvement de va-et-vient; seul le charbon de calibre
puits d'un bâtiment proche des chevalements et inférieur passe dans les trous des tamis : on sépare
utilise des moteurs électriques. ainsi, par exemple, les charbons ayant plus et moins
de 50 millimètres de grosseur : les plus gros sont
dirigés sur une large bande où ils passent lentenment
devant des ouvriers et des ouvrières (fig. 5) : ceux-ci
enlèvent à la main les pierres, ensuite évacuées sur
le terril. Les morceaux de plus petit calibre ne
peuvent être épierrés à la main, et vont dans de grands
bacs, où ils sont séparés des débris par épuration
pneumatique, et, à leur tour, calibrés en toutes sortes
de grosseurs. Sous peine d'embouteiller la sortie du
puits d'extraction, l'usine de lavage doit avoir une
capacité considérable et traiter les charbons au fur
et à mesure de l'extraction : celle de la Compagnie
de Béthune, à Bully-Grenay, peut traiter dans ses
immenses halls 7.500 tonnes de charbon par jour.
La Centrale électrique. — Toutes ces opérations
nécessitent l'emploi constant de machines marchant
à l'électricité : moteurs électriques des appareils
élévatoires, pompes, ventilateurs, immenses tamis, tables
d'épuration pneumatique, tapis roulant. Souvent la
Compagnie minière complète l'intégration en
alimentant, avec son propre charbon, une centrale
thermique, qui sert à plusieurs fosses, voire à toutes les
fosses de la Société; la concentration s'opère ainsi
Fig. 4. — Le(Mines
puits ded'extraction
à Lens
gauche.
: (Comm.
fosseet n°l'usine
par
2.) M.de Dion.)
lavage
pés en batteries de 50 à 1 00 unités. Voici qu'un récentes d'essence synthétique utilisant le reste de
appareil de manutention roule vers l'ouverture d'un l'hydrogène et du gaz à l'eau, obtenu par le passage
four, supportant, dans une énorme pelle, un gros pain
de « fines à coke », finement pulvérisées à leur sortie
du lavage et comprimées dans un moule; l'appareil
s'arrête, la pelle s'introduit dans le four, et, avec elle,
le pain de charbon : une fumée épaisse, jaunâtre et
suffocante, accompagne l'enfournement (fig. 7).
Pendant 30 heures, le charbon distille en vase clos à
près de 1 .000°, le coke s'élabore, les matières
volatiles s'évacuent en haut par des tuyaux. Puis la pelle Illustration non autorisée à la diffusion
pousse le pain de coke vers l'extérieur, vrai mûr
incandescent et brûlant, qui culbute sur un nouvel
appareil, cependant que de puissants jets d'eau l'étei-
gnent, dégageant, au milieu des crépitements, une
épaisse vapeur d'eau. Le coke est chargé dans des
wagons et part pour le haut fourneau.
2. Les industries dérivées (fig. 8). — Echappées
du four à coke, les matières volatiles étaient
autrefois allumées au-dessus du four et perdues; puis on Fig. 7. — Four à coke enfournement.
les utilisa au chauffage des fours. Maintenant elles Cl. Compagnie de Béthune.)
:
elles s'alignent en rangées interminables le long pitaliste, elle constitue autour d'elle un milieu social
d'innombrables voies ferrées, et reliées par de grosses original, d'elle dérive un paysage humain de type
tuyauteries : installations propres et claires, cylindres particulier.
luisants des compresseurs, tableaux de commande Le forage de puits profonds, la construction,
aux multiples l'aménagement et
manettes, ça et l'entretien de
là quelques longues galeries,
ouvriers, bref une les grosses usines
machine que du « jour », les
l'homme contrôle usines chimiques
sans faire lui- qui empl oient
même le travail. des métaux rare?
Du bloc extrait comme
de la taille, on a catalyseurs, tout cela
tiré des engrais, exige des
de l'essence et capitaux
de l'alcool. considérables. Seule
Toutes les parmi les industries
mines, il est vrai, modernes, la
ne s'annexent mine a dû
pas pareille totalement
chaîne d'industries : abandonner le système
ainsi dans le artisanal
bassin du Nord, d'exploitation et
la première s'orienter vers la
forme de grande entreprise
concentration est la plu? capitaliste : dan?
commune. Dan? le Nord de la
le Pas-de-Calais, France, 1 8
par contre, grosses Sociétés
nombreuses sont les concentrent toute le
houillères, comme production
Béthune, Lens, houil ère, et certaines
Courrières, Lié- produisent an-
vin, qui ont la Fig. 9. — Extraits da la car d'E. M. au 1-80.000. nuellement plus
forme complète a) Bruay d'après l'édition T de 3 millions de
d'intégration plus tonnes : Aniche
:
plus ou moins poussée dans le détail (fig. 6) et Anzin dépassent même 4 millions de tonnes.
Autour de la mine, un milieu social original se
développe : elle crée de grosses concentrations urbaines :
INFLUENCE DE LAECONOMIQUE
MINE DE CHARBON
ET HUMAINE Bruay, qui, en 1 837, n'apparaît sur la première
édition de la carte d'E.-M. que comme un modeste
36 La mine de houille crée la grande Compagnie ca- village agricole d'Artois (fig. 9), fait maintenant
figure de grande ville industrielle, avec ses 31.831 fois l'électricité. L'attrait de la mine répond donc à un
habitants (1936), et la densité considérable de sentiment complexe où se mêlent l'habitude, la
365 habitants au km2 la Compagnie minière y tradition paternelle et l'appât d'avantages matériels.
emploie en effet 1 5.600 ouvriers, dont 10.800 occupés Ajoutons-y l'étroite solidarité créée entre des hommes qui
:
au fond et 4.800 côtoient
« au jour ». A ensemble les mêmes
côté de la classe dangers, un fond
socialedirigeante d'altruisme qui
— le personnel pousse aux
des ingénieurs — actes d'héroïsme,
la classe la plus L'homme es1
nombreuse est bien façonné par
celle du mineur. le travail de la
Attaché à la mine.
mine, le mineur Un paysage
ie reste de père humain remplace
en fils ; les progressivement
dangers du métier la campagne
s'estompent de- les constructions
■
vant l'habitude grêles des
des fréquentes chevalements
descentes : à 1 5 dominent les usines
ans, le fils du noires de la
mineur surface et les
accompagne son père alignements
au fond comme réguliers des usines
manœuvre, puis chimique. Tout
comme boiseur ; autour, sur des
à 20 ans, cet kilomètres, des
apprentissage a cités nouvelles
fait de lui un ont surgi,
mineur. La mine répétant à l'infini le
donne aussi de? même type
salaires élevés, le architectural du
fils travaille au coron , simple,
fond, la femme modeste, souvent
et les filles aux b) Bruay d'après la carts révisée en 11 929. coquet, lorsque
le brouillard et
:
usines de triage
et de lavage. La la patine du
mine nourrit le mineur, elle lui accorde, moyennant charbon ne l'ont pas recouvert d'une monotone
une faible rétribution, la jouissance d'une maison et grisaille. Un peu à l'écart, les cônes réguliers des terrils
d'un jardinet; les soins médicaux, les spectacles, la évoquent l'aspect de minuscules volcans, dont
piscine sont gratuits ou les prix en sont infimes; le l'origine serait humaine et non structurale. La campagne
mineur reçoit le charbon de la Compagnie, le gaz, recule, peu à peu le pays noir progresse.
Jean CHARDONNET.
LE MIDI MÉDITERRANÉEN
1 . Le Midi méditerranéen est une région de limites Massif Central, par-dessus les Garrigues, barrent
nettes qui créent de violents contrastes : l'horizon septentrional du Languedoc, les Alpes dominent
a) Limites nettes la montagne de 800 à les petites plaines provençales qui s'insinuent entre
1.000 mètres en marque partout les limites et seuls, les plans, les Maures et l'Estérel.
:
deux couloirs, le seuil du Lauraguais et la vallée du c) Contrastes du climat. Dès que l'on franchit les
Rhône ouvrent un passage vers les hautes plaines limites de la Provence ou du Languedoc, la pureté du
françaises. ciel méditerranéen, bleu, sans nuage, indique un autre
b) Contrastes du relief. C'est une région de climat. La lumière vive, se réfléchissant sur les ro-
petites pleines, mais toutes sont resserrées entre la cailles, aveugle. L'ombre paraît plus sombre. A la
montagne (ou le plateau) et la mer vers laquelle douceur bien connue des hivers (Paris, 2°; Nice, 8°;
elles s'ouvrent largement. Le Canigou et les Corbières Montpellier, 6°), succède la chaleur accablante de
enserrent le Roussi Mon, les derniers contreforts du l'été qui dessèche tout (Paris, 18°; Nice, 24°; Mont-