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L'information géographique

La mine de charbon : Comment faire comprendre l'organisation et le


fonctionnement d'une mine ?
Jean Chardonnet

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Chardonnet Jean. La mine de charbon : Comment faire comprendre l'organisation et le fonctionnement d'une mine ? . In:
L'information géographique, volume 5, n°2, 1941. pp. 32-37.

doi : 10.3406/ingeo.1941.5075

http://www.persee.fr/doc/ingeo_0020-0093_1941_num_5_2_5075

Document généré le 06/01/2016


Fig. 5. — Structura plissée.
Relief appalachien l'érosién a enlevé les terrains tendres et a laissé en saillie

:
les rochss dures (Bretagne).
:

J. GARNIER.

LA MINE DE CHARBON
Comment faire comprendre l'organisation et le fonctionnement d'une mine?
cuirasse artificielle, sans laquelle les venues d'eau
noieraient très rapidement la mine. Brusquement la
celui
de
l'organisme
abattageNul
houille,
du
dutravail
mineur
charbon
bien
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c'est
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complexe
en un
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carrier
mine
des
que est,
lainstallations
quiplus
carrière
abatsimple
en réalité,
des
: blocs
que
un cage s'est arrêtée au niveau d'une galerie.

nombreuses, au fond comme à la surface; le charbon


lui-même ne peut être utilisé tel qu'il sort de la mine,
mais doit subir un traitement mécanique dans les
usines « du jour »; il peut être partiellement traité
dans des cokeries annexées à la mine, et les produits
de récupération du four à coke donnent, à leur tour,
naissance à une importante industrie chimique. La
mine moderne comprend donc un ensemble
d'installations nécessaires au travail de la mine et aux
traitements très variés appliqués au charbon; elle
offre l'un des exemples les plus complets d'intégration
industrielle.
Jsz:
LA FOSSE PROPREMENT DITE
Vêtus de coutil léger — car il fait chaud au fond
—, la tête couverte du chapeau de cuir bouilli aux
larges bords, la traditionnelle barette, une lampe de Fig. 1 — Coupe schématique verticale d'une fosse.
mineur à la main, quittons le « carreau » de la mine Légende
.

et passons dans une cage d'ascenseur suspendue à un puits servant au personnel et à l'évacuation de l'air vicié,
:

chevalement. galeries bowettas.


tailles,
1° Les installations du fonds. — Le puits. — La puits servant à la montée du charbon et à l'entrée de
cage commence à descendre à la vitesse d'un train l'air frais.
Les flèches marquent le trajet de l'air dans la mine.
express (8 à 12 mètres à la seconde) dans un puits
assez large. De temps à autre, la lueur vive et
fugitive d'une lampe électrique marque l'affleurement Les galeries d'accès. — Une longue galerie, une
d'une galerie; car le puits dessert plusieurs « « bowette » s'ouvre rectiligne et faiblement éclairée
quartiers » superposés (fig. 1). Parfois un bétonnage par la lueur courte de nos lampes ; creusée dans
clair, un cuvelage, entoure le puits sur quelques le roc, cimentée, assez large, elle rappelle le
mètres de hauteur : les suintements dans la paroi souterrain du métro en miniature. Toute blanche, elle
32 rocheuse nous avertissent du rôle protecteur de cette est recouverte d'une poudre incombustible : les coups
de poussière, dus à l'inflammation brusque de la charbon, — travail pénible, pour le mineur, par sa
poussière de charbon, sont ainsi évités. Une porte position, par la forme musculaire nécessaire pour
interrompt parfois notre longue marche; plus loin, il manier le marteau et l'enfoncer, par l'atmosphère
faut se baisser pour passer sous une planche dont chaude et encrassée de la taille, par le vacarme
l'équilibre instable supporte des masses de gravats : saccadé des marteaux en action (fig. 3). Les morceaux
utiles protections contre les incendies qu'arrêtent la arrachés à la veine s'éboulent dans la galerie de la
porte, ou la planche s'affaissant sous un souffle taille; des manœuvres les entassent sur de larges
explosif et comblant ainsi la galerie. De gros tuyaux bandes caoutchoutées des « convoyeurs », roulant sur
longent la bowette : grosses conduites d'air des cylindres, ou, à grandes pelletées, ils les jettent
comprimé, conduite d'eau sous pression pour combattre dans de grands couloirs en tôle, mus d'un lent
les incendies, conduite destinée à évacuer l'eau qui mouvement en avant, puis d'un mouvement rapide en
sourd dans les galeries. Peu de vie dans ces inter- arrière; le charbon parvient ainsi au train de berlines.
A côté du manœuvre qui déblaie le charbon, un boi-
seur étaie le « toit » de la taille de bois verticaux et
horizontaux, à mesure que l'extraction progresse. Mais
il ne suffit pas de boiser la taille, car tôt ou tard, le
bois cède et se brise sous la poussée; pour éviter
des éboulements, il faut combler le vide laissé par
l'extraction du charbon : un autre convoyeur apporte
dans la taille des déblais de toute sorte; des
manœuvres aveuglent le vide à grandes pelletées. La
taille progresse ainsi, dans le même sens, par
Fig. 2. — Coupe du bassin minier du Pas-de-Calais extraction et remblaiements successifs. Parfois la roche trop
dans la région de Bruay résistante ne se laisse pas abattre par le seul marteau-
(La coupe passe par le puits 7 bis des mines de Bruay.)
piqueur : le « boute-feu » fait une sape et tire des
coups de mine pour faire sauter des barres de charbon
minables souterrains : à des croisements quelques plus dur. Sous la direction du chef porion, qui
ouvriers, quelques mots laconiques échangés qui possède une connaissance pratique approfondie de son
confirment que rien n'est à signaler; mais du fond obscur, métier, mineurs, boiseurs, boute-feu, manœuvres se
une légère cloche, un ronflement de moteur groupent, solidaires, dans l'équipe qu'impose le
introduisent dans ce silence la vie : des rails parcourent travail de la taille. Mais ce travail n'a été lui-même
en effet la galerie, rangeons-nous pour laisser passer possible que grâce à l'association de nombreuses
un train de wagonnets, de « berlines », chargés de installations de surface aux installations du fond.
charbon, qui, remorqués par une locomotive à air
comprimé, s'acheminent vers le puits de sortie .
Mais la galerie s'enfonce, elle n'est plus cimentée,
elle est moins droite, la bowette boisée commence :
des troncs d'arbres de 2 à 3 mètres forment des
charpentes en trapèze, à quelque distance les unes des
autres; derrière elles, un clayonnage de bois empêche
les éboulements; la circulation des wagonnets devient
plus active, des bruits parviennent, secs et
discontinus : la vie pénètre la galerie; après avoir parcouru
plus d'un kilomètre dans les souterrains, nous
parvenons à la taille, là où la veine de charbon est soumise
à l'extraction.
La taille. — Les veines noires de houille
apparaissent luisantes, de grosses empreintes de fougères
s'inscrivent çà et là sur certains blocs; d'innombrables
plissotements ploient la veine en tous sens, ailleurs
une petite faille la terminent brusquement au contact
de calcaires grisâtres. Le bassin houiller du Nord de
la France est ainsi haché de grandes failles obliques;
celle de Ruitz, dans la région de Bruay (fig. 2), a
un rejet de 1.100 mètres environ, et le niveau dit Fig. 3. — La taille à gauche le mineur abat le charbon
de la « Poissonnière », proche du crétacé artificiel au avec un marteau-piqueur relié par un tube aux conduites
:

Nord-Est de cet accident, plonge à 1 .500 mètres de d'air comprimé; à droite un manœuvre enleva le charbon
profondeur au Sud. La figure 3 montre bien ce grand abattu et le jette dans le couloir oscillant (1er plan).
Premiers boisements dans la taille.
synclinal houiller couché au Nord et chevauché (Mines de Lens.)
partiellement au Sud par le dévonien. (Comm. par M. Dion.)
Pénétrons dans la taille, couloir long et bas de
plusieurs dizaines de mètres, où l'on ne peut se tenir 2° Les travaux du jour (fig. 4). — Certains sont
debout; 50 à 60 ouvriers y travaillent : une dizaine en effet nécessaires à la vie du « fond », d'autres
de mineurs s'attaquent à la veine de charbon la tête traitent le charbon extrait.
protégée de la barette, allongés, couchés ou à genoux,
:

ils tiennent à la main, non plus le pic, mais le Les annexes du fond. — Ramener à la surface les
marteau pneumatique, un instrument acéré, mû à l'air lourdes berlines de charbon, assurer la descente
comprimé, qui frappe de coups violents la couche de quotidienne de plusieurs équipes, envoyer au fond déblais 33
et bois, ces opérations répétées nécessitent des bon brut qui remonte du puits d'extraction : les blocs
instruments élévatoires nombreux et puissants. En général de houille sont de dimensions trop inégales, mêlés à
une fosse comprend au moins deux puits, l'un réservé des débris et à des ardoises. Il faut les trier et les
à la montée du charbon dans des cages à plusieurs calibrer. Ce travail se fait dans d'immenses halls :
étages, l'autre servant au personnel et à la descente on commence par y cribler le charbon pour séparer les
des bois, tous deux coiffés du chevalement grêle de gros blocs des petits; sur une immense estrade à plan
poutrelles métalliques auquel sont accrochées les incliné, il est distribué sur dés tamis animés d'un
cages ; la manœuvre est commandée pour chaque mouvement de va-et-vient; seul le charbon de calibre
puits d'un bâtiment proche des chevalements et inférieur passe dans les trous des tamis : on sépare
utilise des moteurs électriques. ainsi, par exemple, les charbons ayant plus et moins
de 50 millimètres de grosseur : les plus gros sont
dirigés sur une large bande où ils passent lentenment
devant des ouvriers et des ouvrières (fig. 5) : ceux-ci
enlèvent à la main les pierres, ensuite évacuées sur
le terril. Les morceaux de plus petit calibre ne
peuvent être épierrés à la main, et vont dans de grands
bacs, où ils sont séparés des débris par épuration
pneumatique, et, à leur tour, calibrés en toutes sortes
de grosseurs. Sous peine d'embouteiller la sortie du
puits d'extraction, l'usine de lavage doit avoir une
capacité considérable et traiter les charbons au fur
et à mesure de l'extraction : celle de la Compagnie
de Béthune, à Bully-Grenay, peut traiter dans ses
immenses halls 7.500 tonnes de charbon par jour.
La Centrale électrique. — Toutes ces opérations
nécessitent l'emploi constant de machines marchant
à l'électricité : moteurs électriques des appareils
élévatoires, pompes, ventilateurs, immenses tamis, tables
d'épuration pneumatique, tapis roulant. Souvent la
Compagnie minière complète l'intégration en
alimentant, avec son propre charbon, une centrale
thermique, qui sert à plusieurs fosses, voire à toutes les
fosses de la Société; la concentration s'opère ainsi

Fig. 4. — Le(Mines
puits ded'extraction
à Lens
gauche.
: (Comm.
fosseet n°l'usine
par
2.) M.de Dion.)
lavage

Il faut aussi ventiler la mine, y introduire de l'air


frais, et évacuer l'air vicié : une dose d'oxyde de
carbone supérieure à 1,8% peut en effet entraîner la
mort, et le grisou, amoncelé en poches, produire de
terribles explosions. L'air frais entre par un puits, l'air
vicié sort par l'autre (fig. 1); sur chaque puits, des
ventilateurs puissants activent le courant d'air; on
crée aussi souvent au-dessus du puits de sortie une
dépression barométrique qui attire à elle l'air impur.
Le chevalement du puits de sortie est par suite
entièrement clos, gros bâti massif aux murs de ciment
armé, contrastant avec l'autre chevalement dont le Fig. 5. — Epierrage à main dans l'usina de triage.
squelette grêle de poutrelles métalliques laisse (Fosse n° 11 des Mines de Lens.)
pénétrer l'air frais dans la mine. (Comm. par M. Dion.)
Plus loin, de grosses pompes aspirent l'eau qui
sourd dans les galeries : à Anzin, 26 pompes dans le cadre élargi de la Compagnie minière (fig. 6) .
extraient, chaque jour, des milliers de mètres cubes Les Mines de Bruay possèdent ainsi une grande
d'eau; la vie de la mine en dépend : sans pompage, centrale de 60.000 kw à Labuissière, et une centrale
la mine se noie automatiquement. Une chaudronnerie auxiliaire de 5.000 kw. La Compagnie d'Anzin a
répare le matériel, berlines, marteaux, etc., une lam- édifié deux importantes centrales : celle de Thiers peut
pisterie recharge les lampes. La vie du fond n'est donc fournir 72.000 kw.
possible que grâce à ces installations de surface, qui La concentration industrielle est déjà considérable;
assurent les communications entre le carreau et le toutefois la production d'une mine est rarement
fond, la ventilation, l'évacuation des eaux et la vendue dans sa totalité, après traitement mécanique :
réparation du matériel. sur les 7.500 tonnes produites journellement par
l'usine de Bully, 1.900 au moins sont gardées par la
Les usines de traitement mécanique du charbon. Compagnie et utilisées dans des fours à coke :
34 - — La mine ne peut livrer à la consommation le l'intégration s'amplifie.
Récupérés les premiers, les goudrons se condensent
LES FOURS A COKE ET LE DEVELOPPEMENT par refroidissement; puis, l'ammoniaque est retiré à
DE L'INTEGRATION l'état de sulfate, un engrais; le benzol est enfin fixé
par l'huile et rectifié. Mais la chaîne ne se limite pas
1. Le four à coke (fig. 7). — La métallurgie est à cette triple récupération : débarrassé de ces
grosse consommatrice de coke; or le coke fourni par éléments, le goz comprend beaucoup d'hydrogène qui
les houilles grasses, contenant de 20 à 26 % de peut servir à produire de l'ammoniaque par synthèse
matières volatiles, est, par suite de sa distillation de 20 avec l'azote, et de l'essence par synthèse avec du
à 26 c/o plus léger que la houille : on a donc avantage charbon broyé, enrobé d'huile : de là, toute une
à le transporter à l'état de coke plutôt que de houille; nouvelle série d'usines : usine produisant l'azote, usine
la cokerie s'intègre à la mine. pour purifier l'hydrogène en le débarrassant du
Le four à coke est une longue cellule, haute de 2 méthane, usine d'ammoniaque synthétique, awec de
à 3 mètres, très étroite, dont les parois réfractaires puissants blockhaus en béton, usine d'acide azotique
sont rougies par la combustion des gaz dans les à partir de l'ammoniaque, usine de sulfate
tuyaux des parois. De pareils fours sont toujours grou- d'ammoniaque, usines de formol, d'alcool, etc., usines toutes
BASSIN HOUlUtRMWlÇAIS
DU NORD H WJ PAS DfCAlAIS
LEGENDE
Usine chimique o

Fig. 6. — Bassin houiller français du Nord et du Pas-de-Calais.

pés en batteries de 50 à 1 00 unités. Voici qu'un récentes d'essence synthétique utilisant le reste de
appareil de manutention roule vers l'ouverture d'un l'hydrogène et du gaz à l'eau, obtenu par le passage
four, supportant, dans une énorme pelle, un gros pain
de « fines à coke », finement pulvérisées à leur sortie
du lavage et comprimées dans un moule; l'appareil
s'arrête, la pelle s'introduit dans le four, et, avec elle,
le pain de charbon : une fumée épaisse, jaunâtre et
suffocante, accompagne l'enfournement (fig. 7).
Pendant 30 heures, le charbon distille en vase clos à
près de 1 .000°, le coke s'élabore, les matières
volatiles s'évacuent en haut par des tuyaux. Puis la pelle Illustration non autorisée à la diffusion
pousse le pain de coke vers l'extérieur, vrai mûr
incandescent et brûlant, qui culbute sur un nouvel
appareil, cependant que de puissants jets d'eau l'étei-
gnent, dégageant, au milieu des crépitements, une
épaisse vapeur d'eau. Le coke est chargé dans des
wagons et part pour le haut fourneau.
2. Les industries dérivées (fig. 8). — Echappées
du four à coke, les matières volatiles étaient
autrefois allumées au-dessus du four et perdues; puis on Fig. 7. — Four à coke enfournement.
les utilisa au chauffage des fours. Maintenant elles Cl. Compagnie de Béthune.)
:

commencent à créer une puissante industrie


chimique : les gaz contiennent en effet du goudron, de d'un courant de vapeur d'eau sur du charbon. Une
l'ammoniaque, du benzol et de l'hydrogène, d'où vrai chaîne d'usines toutes solidaires les unes des
dérivent, de proche en proche, et par empiétements autres dérive ainsi de la cokerie, et, par elle de la 3_
successifs, des industries de récupération et de synthèse. mine. Près des grands halls poussiéreux des lavoirs, J>J
Voie Ferrée de'Bulfy-Grênay a Violâmes

(1) Usine de traitementFig.mécanique


Les8. usines
— Undudetype
charbon.
surface
d'intégration

de (2)
la Compagnie
Usine
industrielle
de récupération
de autour
Béthuned'une
ouà Bully-les-Mines.
demine
synthèse.
de charbon.
— (3) Voie ferrée.

elles s'alignent en rangées interminables le long pitaliste, elle constitue autour d'elle un milieu social
d'innombrables voies ferrées, et reliées par de grosses original, d'elle dérive un paysage humain de type
tuyauteries : installations propres et claires, cylindres particulier.
luisants des compresseurs, tableaux de commande Le forage de puits profonds, la construction,
aux multiples l'aménagement et
manettes, ça et l'entretien de
là quelques longues galeries,
ouvriers, bref une les grosses usines
machine que du « jour », les
l'homme contrôle usines chimiques
sans faire lui- qui empl oient
même le travail. des métaux rare?
Du bloc extrait comme
de la taille, on a catalyseurs, tout cela
tiré des engrais, exige des
de l'essence et capitaux
de l'alcool. considérables. Seule
Toutes les parmi les industries
mines, il est vrai, modernes, la
ne s'annexent mine a dû
pas pareille totalement
chaîne d'industries : abandonner le système
ainsi dans le artisanal
bassin du Nord, d'exploitation et
la première s'orienter vers la
forme de grande entreprise
concentration est la plu? capitaliste : dan?
commune. Dan? le Nord de la
le Pas-de-Calais, France, 1 8
par contre, grosses Sociétés
nombreuses sont les concentrent toute le
houillères, comme production
Béthune, Lens, houil ère, et certaines
Courrières, Lié- produisent an-
vin, qui ont la Fig. 9. — Extraits da la car d'E. M. au 1-80.000. nuellement plus
forme complète a) Bruay d'après l'édition T de 3 millions de
d'intégration plus tonnes : Aniche
:

plus ou moins poussée dans le détail (fig. 6) et Anzin dépassent même 4 millions de tonnes.
Autour de la mine, un milieu social original se
développe : elle crée de grosses concentrations urbaines :
INFLUENCE DE LAECONOMIQUE
MINE DE CHARBON
ET HUMAINE Bruay, qui, en 1 837, n'apparaît sur la première
édition de la carte d'E.-M. que comme un modeste
36 La mine de houille crée la grande Compagnie ca- village agricole d'Artois (fig. 9), fait maintenant
figure de grande ville industrielle, avec ses 31.831 fois l'électricité. L'attrait de la mine répond donc à un
habitants (1936), et la densité considérable de sentiment complexe où se mêlent l'habitude, la
365 habitants au km2 la Compagnie minière y tradition paternelle et l'appât d'avantages matériels.
emploie en effet 1 5.600 ouvriers, dont 10.800 occupés Ajoutons-y l'étroite solidarité créée entre des hommes qui
:
au fond et 4.800 côtoient
« au jour ». A ensemble les mêmes
côté de la classe dangers, un fond
socialedirigeante d'altruisme qui
— le personnel pousse aux
des ingénieurs — actes d'héroïsme,
la classe la plus L'homme es1
nombreuse est bien façonné par
celle du mineur. le travail de la
Attaché à la mine.
mine, le mineur Un paysage
ie reste de père humain remplace
en fils ; les progressivement
dangers du métier la campagne
s'estompent de- les constructions


vant l'habitude grêles des
des fréquentes chevalements
descentes : à 1 5 dominent les usines
ans, le fils du noires de la
mineur surface et les
accompagne son père alignements
au fond comme réguliers des usines
manœuvre, puis chimique. Tout
comme boiseur ; autour, sur des
à 20 ans, cet kilomètres, des
apprentissage a cités nouvelles
fait de lui un ont surgi,
mineur. La mine répétant à l'infini le
donne aussi de? même type
salaires élevés, le architectural du
fils travaille au coron , simple,
fond, la femme modeste, souvent
et les filles aux b) Bruay d'après la carts révisée en 11 929. coquet, lorsque
le brouillard et
:

usines de triage
et de lavage. La la patine du
mine nourrit le mineur, elle lui accorde, moyennant charbon ne l'ont pas recouvert d'une monotone
une faible rétribution, la jouissance d'une maison et grisaille. Un peu à l'écart, les cônes réguliers des terrils
d'un jardinet; les soins médicaux, les spectacles, la évoquent l'aspect de minuscules volcans, dont
piscine sont gratuits ou les prix en sont infimes; le l'origine serait humaine et non structurale. La campagne
mineur reçoit le charbon de la Compagnie, le gaz, recule, peu à peu le pays noir progresse.
Jean CHARDONNET.

POUR LES ÉLÈVES DE MOINS DE 13 ANS

LE MIDI MÉDITERRANÉEN

1 . Le Midi méditerranéen est une région de limites Massif Central, par-dessus les Garrigues, barrent
nettes qui créent de violents contrastes : l'horizon septentrional du Languedoc, les Alpes dominent
a) Limites nettes la montagne de 800 à les petites plaines provençales qui s'insinuent entre
1.000 mètres en marque partout les limites et seuls, les plans, les Maures et l'Estérel.
:

deux couloirs, le seuil du Lauraguais et la vallée du c) Contrastes du climat. Dès que l'on franchit les
Rhône ouvrent un passage vers les hautes plaines limites de la Provence ou du Languedoc, la pureté du
françaises. ciel méditerranéen, bleu, sans nuage, indique un autre
b) Contrastes du relief. C'est une région de climat. La lumière vive, se réfléchissant sur les ro-
petites pleines, mais toutes sont resserrées entre la cailles, aveugle. L'ombre paraît plus sombre. A la
montagne (ou le plateau) et la mer vers laquelle douceur bien connue des hivers (Paris, 2°; Nice, 8°;
elles s'ouvrent largement. Le Canigou et les Corbières Montpellier, 6°), succède la chaleur accablante de
enserrent le Roussi Mon, les derniers contreforts du l'été qui dessèche tout (Paris, 18°; Nice, 24°; Mont-

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