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ANALYSE
POLITIQUE DE
L’ÉCONOMIE
[1/4]
Inégalité et Hiérarchie
[Les cahiers de vacances de
Jacques Fradin]
Jacques Fradin - paru dans lundimatin#348 (Aout-2022), le 23 août 2022

Rien de telles que les vacances


pour s’aérer un peu les neurones
tout en reprenant quelques bases
parfois trop vites survolées
pendant l’année. Reconnaissons-le,
l’œuvre de Jacques Fradin que
nous publions par bribes et éclats
depuis plusieurs années, n’est pas
forcément des plus accessibles. Elle
n’en est pas moins aussi redoutable
qu’incontournable pour quiconque
tente de cerner les grands enjeux
philosophiques et révolutionnaires
de l’époque. Nous allons donc
pro�ter de ce mois d’août pour
publier quatre articles en forme de
synthèse autour de la question de
l’économie politique. Comme pour
tout ce qui compte dans l’existence,
il faudra là encore s’accrocher et
s’acharner.

Cette introduction à l’analyse


politique de l’économie, à la
reformulation de la critique de
l’économie politique, cette
introduction sera divisée en deux
épisodes.
Le premier épisode dé�nira le
problème et présentera quelques
résultats.
Le second épisode présentera une
analyse plus détaillée, et plus
technique.
Cette série sera donc consacrée à la
critique de l’économie politique,
critique reformulée et qui sera
déployée par étapes.

Premier épisode

L’économie (du) capitalisme critiquée


En termes de despotisme politique

Nous emprunterons un sentier


escarpé qui nous conduira de la
critique de l’économique
(« économique », ainsi est nommée la
science économique standard),
critique qui sera notre base de
lancement, à la reformulation de
l’économie politique (ce qui est déjà
un terme critique) en termes
d’analyse politique du despotisme
économique (le capitalisme,
correctement conceptualisé).
Il s’agira d’une généralisation
radicale de la plus classique
(marxiste) critique de l’économie
politique ; généralisation qui
permettra de développer l’idée de
destruction (ou de déconstruction) de
l’économie politique, pour en arriver
à l’analyse politique que nous
nommerons non économie : analyse
non économique de l’économie.
De la critique de l’économie politique
à l’analyse politique de l’économie ;
tel sera le chemin, semé de
dif�cultés.
Une pièce essentielle de notre
dispositif déconstructif, de notre
sentier escarpé, consistera en la
formulation d’une anti-économique,
que nous nommerons économie
générale, par référence à Keynes et
au post-keynésianisme.
Cette anti-économique ne sera qu’un
intermédiaire (disons pédagogique)
développé comme complément à la
critique de l’économie politique [1].
Néanmoins, il ne s’agira pas, dans
cette série, de construire une sorte de
manuel d’anti-économique, comme il
y en a beaucoup.
L’anti-économique, ou l’économie
générale, ne sera introduite que
comme un marchepied critique pour
en arriver à la non économie.
Cette non économie analysant le
caractère intégralement politique de
l’économie politique. L’antagonisme,
l’inégalité, la guerre civile
permanente, le chaos,
l’imprévisibilité, étant des termes
centraux de la non économie.
Où donc « politique » signi�era :
domination, emprise, colonisation,
constitution du travail, mise au
travail, accumulation primitive
permanente ou sans cesse reprise.
La domination despotique,
caractéristique du capitalisme,
s’exprimant « économiquement », en
termes monétaires comptables, par
l’inégalité et la hiérarchie.
Contrairement à l’économique
(standard) qui �ctionne des agents
égaux, voire identiques, la non
économie se développe à partir de
l’axiome de l’inégalité. La non
économie est une analyse politique
de cette inégalité (hiérarchie
déterminant « la réalité »).
Pour le dire en termes adamiques,
sinon académiques : que devient
l’économie politique lorsque l’axiome
de l’inégalité n’est plus un axiome
interdit, ou refoulé, ou dénié, et n’est
plus inversé en principe d’égalité,
avec le stéréotype de la concurrence
des égaux ?
Que devient l’économie politique
lorsque l’on place l’oligarchie, les
oligarques, et les oligopoles au centre
des analyses ?
Reprise du fameux débat (datant des
années 1930 keynésiennes) sur « la
concurrence monopolistique » ;
concurrence monopolistique qui se
déploie en : corruption, achat d’un
ministre président, achat de la loi
donc, lobbying intensif, secret des
affaires et mensonges industriels,
espionnage généralisé, direction et
contrôle de l’information, publicité
politique, défense totalitaire du mode
de vie consumériste, etc.

Nous allons envisager


l’économie comme un système de
pouvoir et la critique de l’économie
politique (ou de l’économique
théorique, cette dogmatique de
l’économie monde) comme l’analyse
de ce système de pouvoir.
L’avantage du capitalisme sur tous
les autres systèmes despotiques est
que, pour ce capitalisme, le pouvoir
se dévoile immédiatement sous une
forme épurée, une forme numérique ;
dis-moi combien tu gagnes, je dirai
qui tu es.
Dans le capitalisme le pouvoir
compose un tableau, un tableau
numérique, le tableau de la
répartition inégalitaire.
C’est ce tableau de la répartition
inégalitaire ou hiérarchique qui sera
posé comme le centre de la critique.
Et ce tableau de l’inégalité exprime
« la loi de la valeur », autant que cette
« valeur » est correctement analysée
comme MESURE (tous ces points
étant décortiqués dans la suite ; mais
pour les personnes stressées voir
tout de suite les notes 8 & 10)
Nous plaçons la MESURE au point de
départ de la critique.
La mesure : mesurer ayant le sens
actif d’instituer, puis la mesure
effectuée ayant le sens passif
d’institution instituée.
La mesure, au sens passif d’ordre
institué, est le résultat d’une guerre
de colonisation ; et, institution
stabilisée (localement ou
temporellement), elle est l’expression
d’un pouvoir : la capacité de mesurer
ou d’imposer des mesures (de
prendre des mesures).
Pleinement déployée, dans le
capitalisme (capitalisme constitué
par ce déploiement, dont
l’informatique n’est qu’un avatar), la
mesure se présente sous forme d’une
gigantesque forêt de tableaux
numériques, comme l’univers des
livres comptables (les nouveaux
livres sacrés) ou des banques (les
organisations qui tiennent les
comptes de tous, y compris de ceux
qui ne tiennent pas de compte).
Que résume ce terme de mesure
(avec sa polysémie essentielle,
comme le jeu avec « prendre des
mesures ») ?
Des codes moraux, avec la
comptabilité des peines, et, donc, « la
mesure de l’humain » [2], œil pour
œil, dent pour dent, l’équivalence, le
talion (la réciprocité), la grande
comptabilité du pouvoir, le pouvoir
exprimé en termes comptables (les
gros = les riches, les plus pesants =
les plus forts), voilà ce qui organise
l’économie.
Nous ne partirons pas de la
production (des « biens » ou des
utilités ou des plaisirs, petits ou
grands) ; nous partirons de l’ordre
numérique comptable ; nous
partirons de la hiérarchie des
pouvoirs.
Par exemple, mais tout sera
développé, « les prix », d’abord
introduits au sens empiriste non
élaboré (celui de l’économique
standard), les termes des échanges
(souvent pensés en termes
physiques, des « prix relatifs »), ces
« prix » seront reconceptualisés en
termes d’éléments comptables (il n’y
a que des prix monétaires, le troc
étant un mythème de l’économique) ;
les « prix » éléments comptables
s’obtiennent au moyen de calculs
comptables (de « coûts ») et de
calculs stratégiques (expression du
pouvoir oligopolistique).
Il faut toujours penser le terme
« calcul » (comme le terme de
« mesure ») en un sens stratégique :
les calculs comptables sont des
calculs stratégiques, voire militaires
(lorsqu’un État soutient l’économie :
les ventes d’armes, les pots de vin, le
président voyageur de commerce).
L’élément de base de l’analyse
critique de l’économie comme
système de pouvoir (ou de mesure)
est le tableau comptable (monétaire)
de la répartition des revenus.
La répartition des revenus est
l’expression directe, mesurée
monétairement, de la distribution du
pouvoir.
Le tableau numérique de la
répartition, cette expression actuelle
des plus anciens codes ou livres
moraux (codes moraux maintenant
désignés sous l’appellation de « loi de
la valeur » : la valeur monétaire fait
loi), ce tableau statistique dessine le
portrait moral du monde capitaliste.
Dans ce cadre, intégralement
numérique, on peut poser la
question : comment chaque entité
comptable (entreprise, ménage) peut
modi�er son « emprise » (ou son
empire) ? Cette « emprise » se
nommant « pouvoir d’achat »,
pouvoir explicité par l’achat ou la
dépense.
Pour le capitalisme, qui résume
l’histoire des despotismes, le pouvoir
s’exprime par le pouvoir d’achat ; et,
vice versa, le pouvoir d’achat mesure
le pouvoir.
Dont la grande corruption [ 3] est le
trait saillant.
Toute critique de l’économie qui ne
commencerait pas par l’analyse
critique de la corruption et
l’explicitation du rôle central
omniprésent de cette corruption, une
telle critique est dès l’abord
disquali�ée.
La stratégie Uber (telle qu’analysée
par Timothy Mitchell [4]) est une
stratégie oligopolistique classique :
d’abord vendre à perte pour écraser
les concurrents et, ensuite, espérer
gagner en pouvoir monopolistique,
utiliser tous les ressorts de la
corruption pour faire modi�er les
lois [5], acheter des décideurs
politiques (« le meilleur achat » est
celui d’un ministre candidat à la
présidence), pratiquer une stratégie
de tension de style militaire (susciter
des manifestations).

Il faut alors introduire la


marchandise homogène et abstraite
en place des supposés « biens » (ce
« bien » qu’apporterait l’économie, si
morale : le bien c’est bien !).
Ce que nous désignerons par le terme
marchandise-H (homogène ou
hégémonique) est la particule
élémentaire du système capitaliste ;
particule qui n’existe que sous forme
de combinaisons, combinaisons que
nous nommerons « blocs de
pouvoir ».
Ce sont ces « blocs de pouvoir » qui
forment la trame de la répartition (ou
de la distribution inégalitaire des
pouvoirs).
Il s’agit bien de dépasser la critique
marxiste classique du fétichisme ; ici
en éliminant les caractéristiques
physiques du dit « bien ». En ne
retenant que l’effet de domination ou
d’emprise hégémonique (par « la
société de consommation »).
L’aspect physique (« valeur d’usage »)
du « bien » n’est qu’un leurre ou un
piège : un attrape gogos.
Avec le jeu pervers sur la peur de
retomber dans la misère noire (celle,
par exemple, des Irlandais de la
grande famine ; mais misère
provoquée par la politique coloniale
britannique).
Même le chef ma�eux, ayant le plus
mauvais goût, pour des ambiances
néo-pharaoniques, et ayant des
capacités de dépense sans limite, est
lui-même piégé par « l’ostentation »
(et son ascension sociale « nouveau
riche »).
Encore une fois, l’économie n’est pas
un système de production de
« biens » ou de satisfactions,
l’économie est un système de
domination hiérarchique qui
manipule « le bien » ou les besoins
(arti�cialisés) ; l’économie est un
système despotique qui repose sur la
croyance et qui « fait croire » que
« l’amour » (plus que le « soin » !) est
au centre de sa dynamique.
L’économie ne doit jamais être
pensée comme un système
technique de production de « biens »,
mais doit toujours être pensée
comme un système politique de
conformation, de dressage, de
manipulation. C’est, disons, un
système de psychologie sociale
normative.

Il faut dépasser la critique de


l’économie politique ; qui s’est trop
souvent transformée en nouvelle
économie politique alternative. Il
faut repenser l’économie politique en
termes radicalement et
intégralement politiques (encore une
fois « politique » signi�ant
antagonisme : la guerre, pas la
concurrence paci�que).
Et, ainsi, repenser l’économie
politique jusqu’en ses plus in�mes
éléments :
Les prix et les revenus seront
repensés en termes de « blocs de
pouvoir » ;
La concurrence sera repensée en
termes de guerre économique, de
coups tordus, d’assassinats ou
d’emprisonnements arbitraires ; avec
des oligopoles armés et des
oligarques manipulant les cercles
politiques (supposés
« démocratiques », mais sous la
domination des lobbies), et, surtout,
avec un personnel politique
« vendu » (ou « asservi »
intellectuellement, les fanatiques
néolibéraux, relire note 5) ;
Du reste, « la véritable vente » (ou « le
véritable achat ») consiste en l’achat
politique de la loi au moyen de
l’achat des rédacteurs de la loi
(toujours mettre la corruption au
centre des analyses) ;
Les marchandises, « les biens », ne
seront plus jamais pensés en termes
physiques de valeurs d’usage (ou
d’utilités), ni en termes
psychologiques normatifs d’objets
utiles ou désirés (puisque les agents
désirants sont fabriqués en usine,
dans l’usine sociale [6]) ; nous
abandonnerons les classements de
style : matériel militaire, biens de
luxe, biens de consommation, etc.,
parce que ces classements physiques
masquent l’essentiel : la répartition
des revenus ; un sous-marin
nucléaire n’est-il pas un bien de luxe
ou est-il un bien de première
nécessité ?
Une marchandise n’est que
l’expression d’une position (de
classe) dans le tableau de la
répartition.
Une marchandise est un marqueur
social : quel rapport entre le château
fort reconstruit à neuf, le long de la
Dordogne, par exemple, et
appartenant à un Ambassadeur de
France, avec un titre nobiliaire (et
des titres boursiers) et la maison
Phénix d’un « castor » banlieusard,
exilé quelque part au milieu de la
Brie (faute de revenu suf�sant), et
devant chaque jour faire des navettes
de 100 kilomètres pour venir
travailler à Paris ?
Une marchandise n’existe que
comme représentation d’un certain
état de revenu (ou de pouvoir).
L’ensemble physique des biens, si
cher aux néoclassiques, est strati�é
ou fragmenté en sous-ensembles ni
denses ni continus : tous les biens ne
sont pas accessibles à tous, avec des
magasins réservés ; cela valant pour
les riches, quel millionnaire
s’installerait au milieu de la Brie
plutôt qu’à Montfort l’Amaury, et,
évidemment, pour les pauvres, qui ne
passent pas leurs Week ends dans
les boutiques de luxe de la place
Vendôme.
Et comme ce sujet (du BIEN) est
entièrement déformé par la
propagande consumériste (et sa
dogmatique économique, qui offre
une version élaborée du
consumérisme dans la fameuse
« théorie du consommateur »), nous
devrons commencer par nous
attaquer à lui.
Non pas à la manière néoclassique
de l’imaginaire individualiste et
échangiste (la super propagande
consumériste) ; ni à la manière de
Marx, tentant de repenser cette
marchandise comme « fétiche » [7] ;
mais de manière intégralement
politique, en introduisant
directement l’antagonisme comme
noyau de l’analyse critique de la
marchandise : dépasser le fétichisme
en dévoilant le grand con�it qui est
au fond de l’économie, le con�it pour
la domination impériale ; et dont « la
société de consommation »,
l’American way of life, n’est qu’un
aspect (de guerre froide : balancer le
développement dans les pattes des
communistes !).
Il faudra penser la marchandise, les
biens, les plaisirs, les vacances, le
sport, etc., comme des éléments
stratégiques ; et, en particulier, des
éléments de propagande : faire croire
aux pégreleux que, maintenant, les
seigneurs les aiment !

L’élimination radicale de
l’aspect physique, « valeur d’usage »,
des biens, élimination par laquelle
nous commencerons, tellement ce
sujet est hérétique (et para-doxique),
cette élimination est le résultat du
déploiement de la déconstruction (et,
ici, de la casse) de l’idéologie
individualiste échangiste du
consommateur « libre ».
Le fameux sujet consommateur
« libre » (la nouvelle �gure époquale
du consommateur touriste) n’est
qu’un agent de circulation.
Cette critique, au-delà du fétichisme,
qui fait fond sur la DÉNÉGATION
(symptôme d’une maladie mentale),
et analyse la déréliction
consumériste (avec les sauveurs
oligarchiques), cette critique est
nécessaire pour la critique
écologiste.
L’écologie politique doit commencer
par analyser la marchandise
abstraite, la valeur d’échange sans
valeur d’usage, ou, la valeur
d’échange qui constitue la valeur
d’usage.

Un démarrage en trombe
Travail Abstrait &
Marchandise Abstraite

Nous commencerons par un point


dif�cile des explications ;
explications qui seront, ensuite,
longuement développées, avec des
reprises.
Nous allons critiquer, déconstruire,
défaire, reformuler, reconstruire,
l’analyse classique marxiste
nommée critique de l’économie
politique [8].
Cette analyse marxiste classique
commence de manière dualiste, ou
avec un dualisme souvent développé
de manière dialectique (avec la
libération du mal ou du péché que
représente « la valeur d’échange » et
la rédemption par « la valeur
d’usage »).
La marchandise pourrait être
envisagée de DEUX manières :
(1) D’abord comme « bien » (avec le
thème de la rédemption), ou comme
support d’utilité, « valeur d’usage »,
c’est-à-dire comme objet physique
spéci�que, un produit ou un service ;
disons qu’il s’agit de la qualité de la
marchandise, son utilité ;
(2) PUIS comme support de
valorisation ou comme �uide
transporteur d’évaluation ou de
valeur, « la valeur d’échange », là où
la marchandise est étiquetée par un
prix, le prix du bien (qu’il faut acheter
pour être rédimé) 
Ce prix représentant une quantité
monétaire, associée à une quantité
physique (la correspondance prix –
quantité) ; l’introduction du prix (ou
du cours) générant DEUX mesures
différentes, la mesure monétaire, le
prix, et la mesure physique, un poids,
par exemple, ou un temps de service.
Ce dualisme « valeur d’usage »,
utilité, quantité physique
consommable, « valeur d’échange »,
expression comptable,
enregistrement d’un chiffre
(d’affaire), ce dualisme se retrouve
pour le travail ; avec le dualisme
travail abstrait – travail concret.
C’est cette analyse dualiste, qui
associe, par exemple, un prix à une
quantité, que nous allons critiquer
puis rejeter.
Ce rejet n’étant qu’une application de
la critique déconstruction du
métaphysique, métaphysique
caractérisé par de tels dualismes
(voir note 1, et notre impossibilité de
développer, ici, la lourde question de
la critique du métaphysique, critique
qui, cependant, devrait être
préliminaire ; nous substituerons au
dualisme dialectique la dualité non
dualiste non métaphysique).
Nous allons expliquer qu’il n’y a pas
plus de dualisme travail abstrait –
travail concret, le travail abstrait
étant le travail indifférent dé�ni par
une évaluation monétaire, par un
salaire, le travail abstrait est le
travail salarié mesuré en monnaie,
donc il n’y a pas plus de dualisme
travail abstrait – travail concret qu’il
n’y a de dualisme marchandise
abstraite (terme inexistant dans la
conception marxiste, mais qu’il faut
introduire) – objet concret ou bien.
La marchandise abstraite, que nous
noterons souvent marchandise-H,
homogène, indifférente, aussi
indifférente que le travail abstrait,
« la cochonnerie clinquante », la
verroterie pour les nouveaux
sauvages [9], cette marchandise-H se
dé�nit par un chiffre, le chiffre
qu’elle rapporte (ou que l’on peut
dépenser, la qualité se jugeant par le
prix, la supériorité sociale se
mesurant par la valeur ostentatoire :
le footballeur « nouveau riche » et sa
collection de Lamborghinis).

Plus techniquement, si l’on


dé�nit la marchandise concrète, une
quantité physique de bien (le nombre
de nuitées passées dans un super
palace ou dans un lodge en Namibie,
par exemple), ou le travail concret,
un « boulot » spéci�que, petit ou
grand, supposé producteur de bien
(une livraison de pizza), si l’on dé�nit
ces objets concrets comme des
grandeurs mesurables
monétairement, alors on peut
montrer que ces grandeurs, des
objets supposés concrets, pour être
mesurables, évaluables, inscriptibles
en compte (débit ou crédit), ces
grandeurs doivent être ABSTRAITES
(au sens actif).
L’analyse détaillée du travail abstrait
ou de l’abstraction du travail en
travail salarié s’applique
intégralement à la marchandise, au
bien [10].
Les grandeurs mesurables sont
homogénéisées, indifférenciées (et
aussi moralement !), rendues
indifférentes : seul compte le compte.
Peu importe ce que l’on vend, « la
cochonnerie » (ou du foie de canard
malade), peu importe ce que l’on
produit, « la camelote » (ou du vent,
pour les arnaques si communes), ce
qui COMPTE est que tout cela, qui se
vend ou qui se produit, ou qui est
dérobé (par arnaque ou par extorsion
ou vol), que tout soit transformable
en monnaie (inscriptible en compte).
Ce que nous allons expliciter est
cette indifférence des produits et des
productions.

L’erreur empiriste classique qui


énonce que l’on peut associer un
nombre (abstrait) à une chose
(concrète), voilà ce que nous allons
déconstruire [11].
Et, plus encore, il faudrait
déconstruire cette erreur empiriste
en termes d’énoncé métaphysique
dualiste (avec, encore, ce
métaphysique établi comme dogme
du despotisme).

Si ce point de départ peut


paraître un peu cavalier, néanmoins
il va guider tous les développements.
Autant que le seul travail est le
travail abstrait ou salarié,
inscriptible en compte (comme coût
ou revenu), le seul type de bien est
« la cochonnerie clinquante », la
marchandise abstraite, apporteuse
de chiffre.
L’illustration empirique, et donc tout
à fait insuf�sante, de la
marchandise-H pourrait être
l’ensemble des étalages d’une rue
commerçante d’un quelconque
pèlerinage touristique, une rue de
Lisieux par exemple, avec la pacotille
pour touristes low budget.
De même que la seule qualité d’un
travail, dit concret, est la quantité
monétaire qu’il peut rapporter, la
seule qualité d’un bien, sa supposée
utilité, est la captation monétaire
qu’il permet ; un bien est un piège,
une attrape. Surtout lorsque ce bien
n’est que du vent !
Un bien, mesuré monétairement,
avec un prix, n’est qu’un élément de
répartition.
C’est ce thème de la répartition ou de
la division du revenu généré, le
chiffre (faire du chiffre), qui sera mis
au centre de l’analyse critique.
Le prix ou le cours d’un bien sera
introduit comme un indicateur de
répartition ou d’inégalité.
L’évolution ou la dynamique des
cours ou des prix ne sera jamais
associée à un mécanisme (de
psychologie normative) style offre /
demande ; mécanisme qui exigerait,
pour être explicité et critiqué, d’en
passer par l’analyse de la
géométrisation, et, donc, de la
conformation (de la rationalisation –
l’agent n’est pas rationnel mais
rationalisé).
Le revenu monétaire et sa
répartition inégalitaire
Élément central de la critique

Nous tentons donc de reformuler ce


qui est traditionnellement nommé
« critique de l’économie politique ».
Une telle analyse mène de la
déconstruction de l’analyse
économique standard, la théorie
néoclassique de l’équilibre
automatique, jusqu’à ce que nous
nommons non économie, une
théorie du pouvoir ou du despotisme,
une théorie du capitalisme en termes
de despotisme, avec sa
caractéristique principale, le CHAOS
ou la crise permanente : la
transformation permanente des
structures du pouvoir économique,
hiérarchique.
Nous posons le chaos en place de
l’équilibre.
Pour en arriver là, l’analyse
déconstructive traversera l’espace de
ce qui est nommé « économie
générale », la théorie générale post-
keynésienne en sa formulation
« théorie du circuit ».
Le capitalisme, considéré comme
despotisme, peut se représenter en
termes d’un système de répartition
inégalitaire ou hiérarchique.
Du point de vue économique,
économique au sens de
représentation numérique, la
distribution du pouvoir s’exprime en
termes de répartition inégalitaire
(richesse et puissance se
confondent).
Le capitalisme se dé�nissant par
l’évaluation universelle, le pouvoir,
qui caractérise l’ordre despotique de
ce capitalisme, ce pouvoir s’exprime
monétairement.
L’analyse politique du capitalisme, la
non économie, peut se concentrer
sur l’analyse de la répartition
inégalitaire (ce point aveugle de
toutes les analyses économiques).
Cette introduction de l’identité
pouvoir = richesse met,
immédiatement, en lumière trois
points initiaux de la non économie :
(1) La répartition inégalitaire :
l’inégalité est un axiome constructif
de l’économie (du) capitalisme (et qui
pose le capitalisme comme
l’expression actuelle du despotisme
le plus archaïque : toute réalité est
inégalitaire).
Cette économie étant un gigantesque
système (ou réseau) numérique
(« �nancier »), l’inégalité, l’ordre
hiérarchique du despotisme, se
présente, évidemment, en termes
numériques : le pouvoir est
directement visible par son
expression �nancière (les comptes
en banque).
Contrairement aux assertions du
marxisme, c’est dans le capitalisme
que l’ordre hiérarchique des pouvoirs
apparaît le plus limpidement, sous
forme de tableaux numériques. Il
faut alors, pour ce despotisme new-
look, déployer le plus gigantesque
système religieux de croyances (en
« la liberté » par exemple), a�n de
cacher l’évident.
(2) L’inégalité fondamentale
implique, évidemment, que les
agents économiques ne sont pas
égaux ! Ces agents ne disposent pas
du même pouvoir, mesuré par le
pouvoir d’achat (ou de corruption).
Il est donc impossible, mensonger, de
poser que l’économie met en relation
des agents de pouvoir équivalent ;
comme le fait la théorie dite de la
concurrence parfaite.
Le principe européen, néolibéral (ou
ordolibéral), de la concurrence juste
et non faussée est donc une fumée
de propagande (mais mirage
idéologique institué comme principe
constitutionnel : l’Europe nouvelle
est donc un grand système
idéologique – là où il est supposé que
toutes les idéologies ont disparu !).
L’inégalité des pouvoirs, observable
immédiatement par la différence des
revenus (ou des « pouvoirs d’achat »),
cette inégalité, les oligopoles, les
oligarques et les oligarchies, cette
inégalité est structurante.
Par exemple, c’est bien la différence
abyssale des pouvoirs d’achat, qui
permet la corruption, l’achat des voix
(le clientélisme), les publics relations
(la propagande « privée »), l’achat des
« experts », par des �rmes chimiques
produisant des pesticides – cela
n’est-ce pas de l’abus de bien social ?
L’expression numérique de cette
hiérarchie, la répartition, doit ainsi
être posée comme le point de départ
de la critique.
(3) Nous retrouvons alors un principe
post-keynésien essentiel : les prix ou
les cours ne peuvent être associés à
une quelconque loi dite naturelle
(selon la psychologie de la nature
humaine) du type offre / demande.
Les prix ne sont pas constitués par le
jeu de l’offre et de la demande (jeu
qui est un résultat normatif) ; ce sont
des indicateurs de répartition ; la
répartition, la distribution des
pouvoirs, l’inégalité étant ce qui
permet la constitution du jeu
économique (les prix résultent de la
géométrisation du monde en ordre
hiérarchique rigidi�é).
Et plus encore, par l’intermédiaire du
Grand Théorème Keynésien,
l’analyse de l’évolution de la
répartition, est-elle plus ou moins
inégalitaire (l’inégalité étant
mesurée par l’indice de Gini, pour
rester simpliste – mais l’inégalité est
une courbure d’espace), cette analyse
est la clé de l’analyse des
�uctuations des cours et des crises.
Pour le dire de manière simple : le
CHAOS est l’expression de l’inégalité.
Ou, encore, inégalité = chaos.
Nous avons proposé ailleurs une
analyse tout à fait différente du
chaos qui règne dans le despotisme
(le despotisme est un ordre au
chaos) ; une analyse directement
politique en termes de dynamique de
la dualité Réel / réalité (nous y
reviendrons dans le second épisode).
Si nous considérons que le
capitalisme est et n’est qu’un
système politique de domination, un
despotisme, l’analyse directement
politique en termes de dualité Réel /
réalité ou de puissance destituante,
cette analyse peut être complétée
dans les termes de l’analyse de
l’erratisme généré par l’inégalité.
Il suf�t de penser que l’inégalité ou la
hiérarchie, la mise en ordre
autoritaire, ne constituent pas des
structures stables, mais forment des
structures à antagonisme (à dualité
non dialectique). La guerre éternelle
des riches contre les pauvres (la
domestication) ou des pauvres
contre les riches (la libération) est le
corrélat de l’inégalité.
Résumons simplement : inégalité =
guerre = chaos.
L’analyse directement politique du
con�it (en termes de puissance
destituante) peut donc facilement
être combinée à cette critique de
l’économie.

Reformulation de la théorie de
la valeur

Nous allons procéder à une


reformulation de le théorie de la
valeur en termes de théorie de la
mesure ou encore en termes de
théorie de la comptabilité, c’est-
à-dire en termes de géométrisation
monétaire du monde.
Il s’agit de produire une théorie du
capitalisme, capitalisme envisagé
comme systématique, système
d’interrelations comptables.
Cette reformulation se situe dans le
cadre général de la critique
déconstruction reconstruction de la
dialectique hégélienne (renvoi à
Slavoj Zizek). Critique de la
dialectique qui est elle-même une
pièce de la critique de la
métaphysique théo-téléo-logique.
Précisément, c’est sur la base d’une
pensée de l’immanence radicale (ni
spinoziste, ni deleuzienne) ou d’une
analyse des dualités non dualistes
(voir le second épisode) que se
déploie cette reformulation de la
théorie de la valeur.
Le résultat le plus notable de cette
reformulation complexe, de la
critique du métaphysique à la
critique de l’économie, est l’énoncé
d’une théorie de la valeur SANS le
travail (voir notes 8 & 10).
Exactement la doctrine classique de
la valeur travail est généralisée en
théorie de la mesure, c’est-à-dire en
analyse de la réi�cation de l’agir (en
immanence) sous forme d’une
canalisation colonisation numérique,
la valeur, la mesure valeur qui est
une mesure policière (et toute
l’histoire des despotismes doit
commencer par l’histoire des
comptabilités).
La conséquence immédiate de cette
généralisation de la doctrine de la
valeur travail (ou du substantialisme
naturaliste du marxisme ricardien)
en analyse de la colonisation
comptable numérique (la folie de
l’évaluation qui est constituante du
capitalisme) est de produire une
conception du capitalisme en termes
de formation de domination.
Le capitalisme est envisagé comme
un système politique despotique de
type colonial. La valeur est alors
l’effet de cette colonisation ; une
mise en réseau numérique totale
(dont découle la possibilité du « net »
— l’informatique dérivant de la
comptabilité).
Ce système despotique coordonne
des sous-systèmes techniques qui
sont eux-mêmes des pièces
politiques ; la technique incorporée
par le capitalisme a toujours une
�nalité de renforcement de la
domination du système despotique.
Il existe de nombreuses manières
d’expliciter cette caractérisation du
capitalisme en termes de formation
de domination ou comme
accumulation primitive sans cesse
répétée.
Une manière, critique de la
psychologie normative de
l’économique, consiste à mobiliser la
psychanalyse lacanienne (toujours
Zizek).
Dans la tension entre la jouissance
(Réelle) et le désir (plaisir,
satisfaction, demande, en réalité)
l’ordre symbolique, la mesure valeur
comme LOI centrale du symbolique,
avec l’abstraction ou la réduction,
l’ordre symbolique est toujours du
côté du plaisir. La satisfaction est un
effet de la mise en ordre. La mesure,
cette LOI symbolique, fonctionne
comme une forteresse, un rempart,
un abri, contre l’effet déstructurant,
traumatique, inquiétant de la
jouissance ou de la poussée réelle
négative. La LOI (de la valeur) agit
comme « inter-dit » :
ce qui est obligatoirement énoncé (ce
qui est obligatoirement énoncé l’est
sous forme comptable).
L’ordre symbolique établi par la
mesure valeur (la LOI de la valeur :
tout est compté) a pour but de
garantir « la satisfaction » contre la
créativité illimitée de la jouissance.
La LOI ouvre un espace pour
permettre le repos de l’ordre
homéostatique, l’équilibre et le bien-
être.
Dans la théorie économique « les
prix » sont donnés et ne sont jamais
expliqués (pas d’analyse de la forme
valeur, pas d’analyse de la
constitution des espaces de mesure
ou des ensembles numériques).
Un autre résultat important dérive de
cette reformulation de la théorie de
la valeur en termes de colonisation
(de civilisation) : la proposition de
l’identité du capitalisme et de
l’économie.
Exactement, l’idéologie de
l’économie fondamentale, avec un
substrat matériel, physique ou
physiologique, cette idéologie doit
être rejetée comme métaphysique
dualiste.
Toute structure métaphysique
dualiste, valeur d’usage / valeur
d’échange, travail concret / travail
abstrait, bien / marchandise H, réel /
monétaire, industriel / �nancier, est
refusée.
L’idée d’économie fondamentale
« réelle » ou de système techno-
économique est une invention
métaphysique mythologique ;
invention chargée de cacher ou de
rationaliser le despotisme (du)
capitalisme, en �ctionnant une
économie infrastructurelle de style
néoclassique (économie « réelle » qui
serait au service du peuple des
besoins !).
La distinction dualiste si populaire
de l’économie « productive » et de « la
�nance » parasitaire, cette
distinction métaphysique est
intenable ; « la �nance » n’est que
l’organisation comptable qui
constitue le capitalisme.
La théorie de la mesure comptable
monétaire conduit à la proposition
que la valeur d’usage (sociale) est
déterminée ou produite par la valeur
d’échange.
Seul ce qui se vend a,
tautologiquement, de l’utilité : utility
is not but payworthiness, or utility is
purchasing power, utility is revealed
by prices.
Le cercle vicieux de « l’utilité révélée
par les prix » (P. A. Samuelson) se
retrouve pour tout dualisme : seul est
travail concret ce qui se vend, est
salarié ou mercenaire, donc seul est
travail concret le travail abstrait.
L’idée qu’il pourrait y avoir une
économie fondamentale, économico-
technique non monétaire, en
position d’infrastructure ou « avant »
sa transformation vampirisation
capitaliste est un non-sens. Notons
que cet « avant », le fondamental, doit
être repensé en termes « d’en-
dehors » non métaphysique :
« l’avant » n’est plus alors un espace
(« naturel » ou « spontané ») mais un
non-lieu ; non-lieu qui permet
d’expliquer le non-sens du
fondamental métaphysique.
Il est identique d’af�rmer :
(1) la valeur est mesure comptable
monétaire ;
(2) l’économie n’est que capitaliste, il
n’y a pas d’économie non capitaliste.
Le capitalisme en sa systématique
économique de l’évaluation forcenée
est un appareil, une machine sociale,
une mégamachine d’abstraction en
un sens fort constituant.
L’économie (du) capitalisme est un
système politique ou un système
techno-politique.
L’idée métaphysique du dualisme
économie / capitalisme revient à
dépolitiser l’économie ; ou à
dépolitiser la technique ; revient à
introduire la croyance en la
récupération possible (la
rédemption) de l’économie ou de la
technique ; chassons le méchant
capitalisme « �nancier » parasitaire,
il restera « la bonne économie » !
Pour dire les choses autrement : la
société émancipée ne peut jamais
être une société post-capitaliste au
sens d’alter-économique, voire de
super-économique, comme pouvait
se penser le socialisme de la gestion
rationnelle.
La théorie de la valeur
substantialiste, en termes de travail
substance de la valeur, est liée au
fantasme économiste capitaliste de
développement matériel d’une
société « libérée par l’abondance »,
société nommée socialiste ou de
consommation ; soit est liée au projet
d’une société alter économique (ou
alter capitaliste) ; dont le
développement, la sacro-sainte
croissance sotériologique, consiste à
traverser et rationaliser le
capitalisme, déguisé en économie de
marché, à récupérer « le progrès
matériel », le progrès technique, la
productivité, la technoscience
valorisable, que ce capitalisme
(économie de marché) est censé
impulser.
Témoignent de ce nœud théo-
téléologique les développementismes
modernisateurs, souvent auto-
désignés « socialistes » (même après
leur corruption).

En termes anthropologiques,
plus classiques, la proposition de
l’identité du capitalisme et de
l’économie signi�e : il n’existe pas
d’invariants anthropologiques.
Invariants qui, justement,
dé�niraient l’économie
fondamentale, le gros invariant an-
historique.
Tout le monde sait qu’il faut
travailler pour vivre et que, donc,
l’économie (l’organisation technique,
l’artisanat, le boulot, etc.) est
universelle. Il y a toujours eu de
l’économie, même les hommes
préhistoriques pensaient
économiquement (sans le savoir).
Nous soutenons (à charge de
l’expliciter) que l’institution du
capitalisme produit une rupture, la
rupture de l’économie, et introduit
l’économicisation (ou la
colonisation) des formes de vie non
économiques (anté-économiques, si
l’on veut).
Le capitalisme, comme forme
élaborée du despotisme le plus
archaïque, déploie l’ordre
hiérarchique qui dé�nit tout
despotisme ; il déploie cet ordre
archaïque en le rendant
systématique ou total. Et c’est cette
systématicité ou totalité
(l’interrelation comptable générale,
« la �nance ») qui dé�nit l’économie.
Le capitalisme doit être envisagé
comme systématique (comme
économie), comme formation sociale
politique totale. Tous les éléments
que l’on peut imaginer voir dans des
formations despotiques antérieures
(comme le travail des esclaves, ou la
monnaie pour payer les mercenaires,
ou des marchés locaux, etc.), tous ces
éléments composants forment
désormais une structure et ne
prennent sens que par cette
systématique.
Si l’on était rigoureux, il faudrait
distinguer entre les éléments non
interreliés (le travail esclave n’est
pas salarié, la monétisation n’a
qu’une emprise in�me, l’impôt
monétaire n’existe pas, etc., les
termes travail ou monnaie ou impôt
devant être soigneusement redé�nis)
et leur systématisation ou leur
interrelation générale.
Ainsi la valeur, l’évaluation
monétaire universalisée, est la
caractéristique centrale du
capitalisme, justement parce qu’elle
est universelle ; de tous les
despotismes, seul le capitalisme est
devenu une énorme machine
comptable, bientôt mécanisable, avec
des agents mécanisés, avec la
pensée devenant du travail cognitif
(le travail étant dé�ni par sa
monétisation, le salariat – le travail
concret est dé�ni par le travail
abstrait).
Il faut donc dire, radicalement, la
valeur est un élément du capitalisme
et n’est qu’un élément du
capitalisme ; il n’y a pas de valeur
hors du capitalisme. De même la
monnaie, la base numérique
comptable de la valeur, son écriture,
est et n’est qu’un élément du
capitalisme ; il n’y a pas de monnaie
hors du capitalisme.
Si l’on parle rapidement, et avec
erreur, de « monnaies non
capitalistes », des monnaies
archaïques, comme l’or des sauvage
(Keynes), il faut toujours avoir en tête
qu’il s’agit d’une facilité de langage
(qui mène à l’erreur de l’invariant
trans-historique et à la téléologie
métaphysique) et que ces dites
monnaies primitives n’ont rien à voir
avec la monnaie (comptable
�nancière) du capitalisme. À ce sujet
il est essentiel de comprendre que la
monnaie est une simple écriture ;
qu’il ne peut y avoir de « monnaie
matérielle », que la monnaie n’est pas
de l’or (revenir à Keynes dont nous
développerons certains thèmes dans
le deuxième épisode).
Pour distinguer soigneusement
lesdites monnaies primitives de la
monnaie capitaliste, la seule
monnaie de compte (ou �nancière), il
faudrait utiliser des mots différents.
Mais il semble que les sciences
sociales, trop pressées de passer
« aux applications », n’ont pas la
patience de la conceptualisation
rigoureuse.
Au moins pour qu’il y ait monnaie
(du) capitalisme, il faut un système
bancaire développé, c’est-à-dire un
réseau de comptes interreliés (les
banques sont des teneurs de comptes
qui tiennent la comptabilité de ceux
qui ne tiennent pas de
comptabilité !).
Le capitalisme est dé�ni par cette
interrelation des écritures
comptables : il est donc toujours
« �nancier ».
Notons le décalage que nous opérons
par rapport à la théorie néoclassique
(et par rapport au marxisme
métaphysique) : les néoclassiques
traitent aussi des interrelations, mais
uniquement des interrelations
techniques entre des marchés
naturalisés, ce qui est l’expression
parfaite de l’économie fondamentale
mythique (avec des « prix relatifs »
non monétaires).
La monnaie étant une écriture,
l’écriture de la valeur, la monnaie ne
se dé�nissant que par les virements
de compte à compte, des écritures
comptables, le capitalisme est un
système abstrait d’écriture ; une
vaste �ction réalisée.
Notons encore que le rejet de la
dialectique hégélienne (téléologique)
contient le refus de l’idée de
« germe » : la monnaie primitive
serait « le germe » de la monnaie (du)
capitalisme, chercher l’erreur !
Et, bien sûr, mais nous le répétons
sans cesse, il faut dire : le travail,
toujours mort, est et n’est qu’un
élément du capitalisme.
Le travail esclave (si l’on conserve le
terme travail) n’est pas « le germe »
du travail salarié : ce n’en est que
l’analogue structural ; l’homologie
esclave – salarié trouve sa place
dans une rétroprojection, celle du
despotisme déployé vers le
despotisme ancien (l’anatomie de
l’homme est la clé de l’anatomie du
singe : il s’agit d’homologie, non pas
de téléologie, même inversée).
Sur ce sujet du travail, nous
partageons la critique de Moishe
Postone ou la doctrine de la
WertKritik (en particulier son
Manifeste contre le Travail).
Mais, curieusement, la WertKritik
continue de partager une version
ancienne du marxisme, celle de la
théorie ricardienne de la valeur
travail, et, donc, commet une erreur
sur la dé�nition de la valeur en
parlant de mesure de la valeur et en
continuant de se référer à la
substance travail (qui est une bonne
substance métaphysique). La critique
de la WertKritik n’est donc pas allée
assez loin ; ce qui amène cette
doctrine à continuer à soutenir les
idées les plus éculées sur « l’auto-
destruction » du capitalisme, ici
« auto-destruction » due à
l’évanouissement du supposé
contenu travail de la valeur. Mais
l’analyse de la crise (�nale !), par
cette WertKritik n’est que la
conséquence d’une mauvaise
reformulation de la valeur ; malgré la
splendide critique du travail.
Nous pouvons écrire :
Doctrine de la valeur travail
substantialiste = doctrine du
capitalisme sotériologique ou
téléologie économiste de la
croissance (il faut passer par le
capitalisme pour récupérer
l’économie substantielle).
Insistons : la doctrine de la valeur
travail contient trois erreurs :
(1) Une mauvaise dé�nition de la
mesure : non pas mesure de la valeur
(ce qui est métaphysique) mais
valeur mesure ;
(2) L’incompréhension de la
signi�cation de l’opération politico-
policière de mesure : la mesure est
« abstraction », colonisation,
canalisation, réi�cation ; erreur de la
réduction de la mesure à la
recherche d’une « substance
commune numérique » ;
(3) Cercle vicieux de la substance
travail qui doit être numérique et,
donc, doit être informée par sa
forme : la substance a la forme de sa
forme, et, donc, cette forme
détermine la substance.
Le seul travail, ayant un sens
économique, est le travail salarié, le
travail évalué, le travail couché dans
des livres de compte.
Avec l’impôt, le salariat est un des
éléments d’un système comptable
monétaire.
L’idée même de « travail mesurable »,
selon n’importe quelle dimension,
temps, chaleur, énergie, n’a de sens
que pour le capitalisme
universellement comptable.
Rétroprojeter cette propriété
historiquement spéci�que comme
« invariant an-historique » est
simplement une erreur
« européanocentriste », c’est du
racisme pur et dur.

La reformulation de la théorie
de la valeur en termes directement
politiques de despotisme autoritaire,
cette reformulation est liée à un
projet politique émancipatoire non
économique de formes de vie
indistinctement anti-capitalistes &
anti-économiques.
L’émancipation est l’émancipation
HORS de l’économie ; et non pas
l’émancipation PAR LA VOIE de
l’économie.
Changeons alors de registre ; pour
parler du capitalisme comme
religion.
La nouvelle laïcité doit être anti-
économique et non pas simplement
anti-religieuse ; à moins de
comprendre que l’économie est la
nouvelle religion.
L’émancipation est l’émancipation
hors du travail ; et non pas
l’émancipation par la généralisation
du taylorisme.
SORTIE de l’économie, économie vue
comme systématique monétaire
comptable, capitalisme, et non pas
économie vue comme économie
fondamentale physiocratique (cette
économie fondamentale n’étant
qu’un mythème métaphysique).
Rejet de l’emprise des systèmes
techno-scienti�ques qui ne sont que
des supports matériels des réseaux
comptables, la connexion
informatique des banques (notons
encore que la monnaie est une
écriture et que son support est
indifférent, le papier étant le plus
classique – mais un support
d’écriture n’est pas l’écriture, la
monnaie n’est pas de l’or).
Le communisme de SORTIE de
l’économie sera donc anti-
économique, anti-travailliste ;
comme il est anti-démocrate (« la
démocratie » n’étant que le prête nom
du despotisme).

Résumons la reformulation.
Pour dé�nir le concept de
Marchandise-H en termes de
grandeur mesurable évaluable ou
pour dé�nir le travail comme travail
abstrait salarié et inscriptible en
compte monétaire, il faut d’abord
dé�nir un champ de mesure, le
chant de la valeur.
Le chant de la valeur est un espace
de mesure constitué par
géométrisation.
La géométrisation est une géo-
maîtrisation politique.
Cet espace de mesure peut être écrit
comme un triplet (E, F, m) où E le
domaine des grandeurs abstraites
politico-sociales symbolique (la
marchandise abstraite est un objet
symbolique à la Baudrillard), donc où
E est homogène au domaine F des
comptes.
Il est important de noter que cet
espace F de mesure, de
comptabilisation, est préalable : c’est
cela que signi�e colonisation. Le
compte vient toujours avant l’objet.
Dans le triplet (E, F, m) les grandeurs
mesurables, marchandises abstraites
social-politiques symboliques, ne
sont plus que des objets comptables
dé�nis et constitués par leur mesure
comptable.
Il est donc impossible, comme nous
l’avons expliqué plus haut,
d’envisager les marchandises
abstraites, dont le travail, comme des
objets « doubles ».
Dans le chant de la valeur il n’y a pas
de place pour des choses
« empiriques concrètes ».
C’est pourquoi un « capitalisme vert »
est une impossibilité.
Nous pouvons présenter la géo-
maîtrisation, l’abstraction réalisée ou
incarnée, au moyen d’une critique de
la dialectique du travail.
Mais nous pouvons également la
présenter en termes de processus
historique, le processus de la
colonisation capitaliste,
l’accumulation primitive
permanente.
Bien entendu, ces deux
présentations, critique de la
dialectique du travail et analyse
historiale non téléologique,
auxquelles nous pourrions ajouter
une reformulation de l’anthropologie
politique manière Alain Testart, ces
présentations appartiennent à des
ordres totalement différents qui ne
sont combinés que pour leur effet de
rupture.
Ce que cache l’analyse
substantialiste de la valeur, en
termes de substance travail, est le
processus historial de colonisation
ou de réduction de l’agir au travail,
travail enrégimenté, organisé,
calculable ; la théorie de la valeur
travail refoule l’opération militaro-
politique de réduction de l’invention
institutionnelle, comment composer
une forme de vie communiste, à la
techno-politique du pouvoir
hiérarchisé. Ce que cache le soi-
disant universel technique du « il
faut toujours travailler » est un
processus politique de renforcement
de la domination.
La possibilité même de l’évaluation
sans limites, de l’extension illimitée
du champ de la valeur, exprime le
renforcement de l’autoritarisme du
despotisme économique. Ce
despotisme que nous nommons
toujours éco-Nomique ou étho-
Nomique processus de normalisation
de tous les aspects de la vie,
processus nomothétique et
performatif, « la civilisation ».
Et pour �nir par l’École de Francfort :
tout progrès de la civilisation est un
progrès de la barbarie.

Copule
Mathèmes de la Domination
Mesure : le schématisme
énergétique

Cette section copulatoire a pour objet


d’introduire le deuxième épisode (qui
sera, lui-même, scindé en deux, pour
des raisons d’espace).

Le cadre du schématisme a été


donné dans le série Punk anarchism,
Punk anarchism, lundimatin, LM
277 et suite, à partir du 1er mars 2021,
10 épisodes + Épilogue (voir note 8).
Résumons les points essentiels.
Nous partons de la dualité Réel / Réal
(réalité réalisée).
Cette dualité est une formalisation
du thème de la guerre (civile).
Le Réel est déterminant en dernière
instance (DDI).
Nommons le Matière Énergie.
Ce Réel est non consistant, anté-
catégorique.
On peut le considérer comme le Vide,
vide de déterminations.
Mais aussi comme l’anti-Réal, le vide
de réalisations.
Ce Réel est un chaosmos de poussées
à vide chaos-logiques.
Le Réel est l’ensemble des
puissances négatives destituantes ;
qui propagent le chaos dans la
réalité.
Pour le dire autrement : au début se
trouve la rébellion, la force faible ou
pauvre ; mais ces forces faibles sont
désastreuses.
Le Réel est « source de tout » : de
l’énergie illimitée du vivre, ou de la
rage de vivre, de la violence (vie-aux-
lances).
Ce Réel est la généralisation non
métaphysique du Travail ;
généralisation négative ou « vidée ».
Le Réal de la réalité effective est
constituant, sans être déterminant.
Le pouvoir est producteur ; et la
production est effet de pouvoir.
La question fondamentale de la
composition d’un ordre effectif Réal
est celui d’arrêter le mouvement
désastreux de la puissance
destituante Réelle ; tout en en
conservant l’énergie.
Comment rendre harmonieux le
désastre ou comment mettre de
l’ordre dans le chaos ? Tâche à la fois
nécessaire ET vaine (dualité de la
guerre civile).
Dualité (non dualiste et sans
résolution) signi�e qu’il est
nécessaire de poser deux axiomes
pour déployer la théorie des
institutions (ou de la valeur).
Si le Réel est DDI, source de
l’institution (la poussée de vie),
source de toute énergie, néanmoins
ce Réel ne « produit » pas
l’institution.
Pour employer un vieux vocabulaire,
l’institution (la valeur) est « auto-
constituée ».
La réalité Réale est constituée par
captation ou retournement de
l’énergie Réelle.
Comme l’énergie Réelle n’a pas de
SENS (elle est non métaphysique, ni
téléologique ni �nalisée), elle a
besoin d’être DIRIGÉE, conduite.
Tout ordre social est une CONDUITE
d’ÉNERGIE.
Le pouvoir réalisé est une centrale de
captation d’énergie et de
transformation « productive » de
cette énergie à vide.
Le pouvoir est donc constituant,
architectural, bâtisseur, organisateur.
Tout ce qui se nomme RICHESSE.
Mais toute richesse sera détruite (en
dualité).
La seule matière disponible pour le
pouvoir et la production est la rage
de vivre ; qui est �nalement
désastreuse. On peut nommer cette
rage de vivre « liberté » (mais liberté
toujours négative) ; elle constitue
l’agir, en Réel, et désubstructurant.
L’agir est négatif ; et sa captation
transformation en force est un
problème redoutable et religieux.
Comme la caractéristique de l’agir
(Réel) est d’être SANS SENS (ou d’être
un NON SENS), la première étape de
la captation consiste à générer du
SENS (ce qui est un travail religieux).
Pour l’analyse en dualité, non
métaphysique, l’agir sans sens prend
la place du travail orienté, ce thème
téléologique du dualisme
métaphysique.
Il n’y a pas d’autre Réel que la
rébellion : dégoût, refus, rejet, révolte,
rébellion, insurrection.

Seul le soulèvement est Réel :


c’est le mouvement de la puissance
rebelle, une puissance d’agir, mais
négative, improductive.
Cette puissance est celle de la femme
indigène pauvre, naufragée,
méprisée, humiliée.
Cette force pauvre qui ne peut jamais
être annihilée (« la vie ») ; toujours
elle sera en mouvement, là,
maintenant, ou ailleurs, bientôt. Sans
autre but que le mouvement sans
but.
C’est la force qui électrise le monde,
l’énergie inépuisable, durable,
renouvelable à l’in�ni, de l’origine du
monde.
Cette force est l’inconsistance
permanente qui détruit tout par son
agir insurrectionnel.
Le Réel fait du monde un chaos qu’il
est impossible de stabiliser
dé�nitivement.
Alors le monde réalité réalisée
apparaît comme prison (ou caverne).
Le monde est l’effet canalisé de la
puissance Réelle, mais ce monde
n’est pas lui-même Réel ; c’est un
artefact constituant la réalité, royale,
dominante.
Comme un château fort ou une haute
tour de guet qui menacent la plaine
électrique.
Mais, pierre à pierre, ce château a été
élevé par la captation des forces
pauvres et par la machination de ces
forces.
Le château de la domination
surveille, menace, est le lieu de
cohésion des bandes esclavagistes ;
ce château qui dépend de la
puissance négative (à vide) qu’il
réprime, en transformant la
puissance en force productive
exploitable ; comme un château
�ottant dans les nuages ; comme une
image malé�que, un dieu méchant,
une idole sanguinaire.
Devant laquelle tous plient le genoux
et détournent le regard.
Ce dieu de pacotille qui �xe pour tous
leur mesure, leur place, leur action,
leur travail.
Au château, les machinistes
s’affairent : sans cesse capter
l’énergie inépuisable et si redoutable ;
transformer l’inconsistance durable
de cette énergie en �ux régulier et
permanent.
Tout en connaissant sa dangerosité
renouvelée ; tout en acceptant que le
chaos que cette énergie propage soit
inévitablement, et mortellement, la
force motrice de la machine
énergétique humaine.
La machine énergétique humaine est
une machine religieuse : machine
double théologico-politique à la
Agamben-Esposito.
La valeur est la production de la
machine théologico-politique ;
production religieuse pour constituer
une emprise sur l’énergie humaine
en lui conférant un sens, sens
toujours religieux.

[1] Le keynéso-marxisme étant aussi


important que le freudo-marxisme, ou le
lacano-marxisme, comme étape
intermédiaire de la critique.

Renvoyons au plus classique : Paul


Mattick :
Marx et Keynes, Les limites de l’économie
mixte, publié en 1969 ; achevé en 1953 ;
Theory as Critique, Essays on Capital,
1944-1970, reedition 2018 ; this book is a
collection of essays previously published
and now reelaborated.
Cet ouvrage très important contient les
chapitres suivants, qui nous concernent
au premier chef :
2. Marx’s Abstraction, 3. Questions of
Method, 4. Theory as Critique ;

Lire la note de Charles Reeve, sur le


dernier ouvrage de Paul Mattick,
Marxisme, dernier refuge de la
bourgeoisie, édition posthume, 2011 :
Charles Reeve, entremonde.net, Éditions
Entremonde.

[2] La mesure de l’humain, qu’elle soit


morale, monétaire ou comptable, la
morale se dé�nissant en termes
comptables (« les gens de peu », les
pégreleux), la mesure comparative de
l’humain est la base de toute société et de
toute économie.
Il faudrait, sans cesse, revenir à cette
inégalité essentielle, inégalité assumée
comme « ordre » ou hiérarchie, ordre
sacré.
Il ne peut exister d’ordre social sans
comparaison des humains, et donc sans
mesure de ces humains.
Le despotisme, qui culmine dans le
capitalisme, est un ordre moral
inégalitaire ; qui « sait » distinguer les
« gens de bien » (avec des « biens », il
faudra sans cesse revenir sur ce terme
moral, central en économie, « les biens »)
et les « gens de rien ».
Évidemment nous commentons La
Généalogie de la Morale de Nietzsche !
Par-delà le bien et le mal, ainsi pourrait
s’introduire « la loi de la valeur », ce code
du capitalisme, l’expression codi�ée,
numérique, rigide, de la hiérarchie (du)
despotisme.

[3] Il faut commencer par lire Pierre


Lascoumes.
Favoritisme et corruption à la française,
petits arrangements avec la probité, 2010 ;
Sociologie des élites délinquantes, de la
criminalité en col blanc à la corruption
politique, seconde édition, 2018 ;
L’économie morale des élites dirigeantes,
2022.
Nous posons toujours « la corruption »
comme un thème central ; qui ne peut
introduire, au cœur des dispositifs, la
corruption, ne sera jamais capable
d’analyser la dynamique de ces
dispositifs.

[4] Revue du Crieur N° 15, UBER EATS,


Comment le capitalisme dévore l’avenir ;
Repris dans Médiapart, 12 juillet 2022.

[5] Uber Files : un asservissement


volontaire aux intérêts privés, Médiapart,
Martine Orange, 12 juillet 2022.

[6] Voir, par exemple, Fascisme ou


Économisme Ultra ? Nous voulons les
deux, lundimatin, LM 164, 8 novembre
2018.

[7] L’analyse marxiste du fétichisme est


une étape obligatoire. Mais cette analyse
marxiste, cacher les relations sociales
derrière le choix « libre » des
consommateurs, consommateurs qui, par
fabrication d’usine, DÉNIENT
l’ordonnancement productif, avec sa
prédation, sa corruption, son exploitation,
son manque d’honnêteté, le vol, le pillage,
l’assassinat, les désastres écologiques (« il
faut du gaz » !), cette analyse marxiste du
fétichisme est incomplète.
Il faut retravailler Jean Baudrillard, pour
dépasser ce stade critique (et introduire le
consommateur fabriqué en usine ;
rappelons que l’économie ne s’intéresse
pas à la production des choses, mais à la
production des humains disciplinés ;
l’économie n’est pas un système
technique, mais un système politique de
mise en ordre hiérarchique – voir note
suivante 8, Qu’est-ce que l’économie, LM
59).
La Marchandise-H est un objet
symbolique, au sens de Baudrillard.
Le système des objets, La consommation
des signes, 1968 ;
Pour une critique de l’économie politique
du signe, 1972 ;
L’échange symbolique et la mort, 1976.

[8] Une précédente analyse critique,


Signi�cation politique de la théorie de la
valeur, lundimatin, LM 346, 4 juillet 2022,
combinée à :
L’autonomie relative, lundimatin, LM 343,
13 juin 2022,
peuvent servir d’introduction à cette
longue explication (où « nous allons nous
expliquer »).
Mais, encore une fois, toute la partie
critique du métaphysique, et, ici, critique
du dualisme, ne sera qu’évoquée, bien que
ce soit la plus importante déconstruction
à effectuer : la critique de la dialectique
dualiste.
Nous devons là renvoyer à notre longue
critique de la dialectique dualiste :
Punk anarchism, lundimatin, LM 277 et
suite, à partir du 1er mars 2021, 10
épisodes + Épilogue.
Ce dernier texte est beaucoup plus
détaillé, concernant la critique du
dualisme dialectique métaphysique.
Maintenant, cette présente analyse,
l’analyse politique de l’économie, reprend,
de manière plus technique, de plus
anciennes analyses :
Qu’est-ce que l’économie ? lundimatin,
LM 59, 3 mai 2016 ;
La série Paci�cation et Colonisation,
lundimatin, LM 123 du 20 novembre 2017
à LM 130 du 22 janvier 2018 ;
Suivie de :
Refermer le plus ancien débat sur la
valeur,
Troisième Série, Le noyau politique
colonial de l’économie, la valeur,
lundimatin, LM 135 du 28 février 2018, LM
143 du 23 avril 2018.

[9] Nous introduisons ainsi « le


fétichisme ».
Dire que la marchandise-H est
indifférente revient à dire qu’il est
indifférent au consommateur de
connaître « les conditions sociales de la
production » : le consommateur est un
indifférent conformiste ; attrapé par la
verroterie clinquante ou ostentatoire des
palaces de la séparation (apartheid).
Sur la cochonnerie nommée « bien » (et
chemin du paradis) :
Ulrich Brand, Markus Wissen, Le Mode
de Vie Impérial, 2021 ;
Stefano Boni, Homo Confort, 2022 ;
Razmig Keucheyan, Les Besoins
Arti�ciels,2019, La Nature est un Champ
de Bataille, 2018 ;
Et dans un genre plus ostentatoire :
Grégory Salle, Superyachts, 2021.

[10] Relire note 8 et :


Signi�cation politique de la théorie de la
valeur, lundimatin, LM 346, 4 juillet 2022.

[11] Cette proposition n’étant qu’une


expression particulière de la fameuse
question « des mots et des choses ». Nous
y reviendrons en détail : la comptabilité
est un système d’écriture avec une langue
particulière, numérique, exprimée
monétairement ; la monnaie, le système
monétaire, n’étant qu’un système
d’écritures comptables. Une gigantesque
�ction performative (un texte religieux).
Jacques Fradin (Jacques-Fradin) Économiste anti-
économique, mathématicien en guerre contre l'évaluation,
Jacques Fradin mène depuis 40 ans un minutieux travail
de généalogie du capitalisme.

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