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Le Non-Verbal
Le Non-Verbal
Selon Knapp et Hall (2005), dans une conversation ordinaire entre deux
personnes :
- 35% du contenu du message provient du canal verbal
- 65% provient de sources non verbales.
On est souvent inconscient de ce que l'on fait de notre corps, de notre voix ou
de l'espace qui nous entoure lors de nos interactions avec autrui, On agit et l'on
réagit sans réfléchir à la façon dont nos actions et nos réactions renforcent ou
déforment les messages verbaux que l'on émet.
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Rares sont ceux qui aiment leur image : le malaise que l’on éprouve quand on se voit en vidéo vient du fait que cette
image n’est pas celle, inversée et bien connue, du miroir (car la caméra nous remet dans le bon sens !) : on redécouvre alors
son physique, sous des angles inédits, une image qui en plus est en mouvement ( miroir), comme autonome, sans contrôle
alors que l’on est soi-même immobile…
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pour la première fois, ou l'on serre fermement la main de celle qui nous reçoit pour
un entretien d'embauche.
a. La réitération
Les comportements non verbaux renforcent (voire accentuent) le message
verbal en répétant le contenu.
Ex : On ouvre les bras en disant en même temps « bienvenue ».
b. La contradiction
Le comportement non verbal peut au contraire contredire ou annuler le
message verbal.
Ex : à la fin d’un cours, le professeur dit « Des questions ? » …mais tout en
rangeant ses affaires et en montrant qu’il veut partir !
c. La substitution
Les indices non verbaux remplacent parfois le message verbal.
Ex : un simple pouce levé pour dire à quelqu'un que l’on va bien.
d. La régulation
Enfin, les messages non verbaux servent parfois à réguler la circulation des
messages verbaux dans une conversation et à déterminer qui prendra ou cédera la
parole. On utilise le contact visuel, la posture, les gestes et la voix pour signaler
qu’on a fini de parler ou pour céder la parole à quelqu'un, ou encore pour montrer
qu’on écoute.
Ex : les hochements de tête qui montrent l’écoute
a. La territorialité
Nous avons besoin d'avoir un territoire bien défini. La territorialité est une
variable importante de la communication interpersonnelle. Les exemples de
territorialité sont innombrables : votre place dans un train ou sur la plage, votre
chambre à coucher, la place que vous occupez dans une salle de classe, votre
voiture au milieu du trafic, etc…
Ces territoires, qui organisent notre quotidien, sont parfois durables, parfois
seulement ponctuels3 : en tout cas, tout envahissement de cet espace personnel est
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Proxémique : étude de la distance entre 2 personnes qui communiquent, ainsi que de la manière dont on
organise et utilise l’espace autour de nous.
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Ex : dans le métro ou une file d’attente, espaces tribaux ponctuels, on accepte des règles dictées par la nécessité
(promiscuité, contact, impolitesse…).
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vécu comme une agression et génère des comportements de défense ou des rituels,
donc influencent nos relations.
1. Le territoire tribal : on fait partie d’un pays (avec son drapeau, son
hymne, son langage…), d’un club ou d’une association (avec sa charte, son
règlement, ses rites initiatiques…) ou… d’une entreprise (d’ailleurs tout visiteur
étranger est immédiatement « badgé » !).
b. La distance
Hall (1966) a défini quatre zones ou distances que l’on respecte dans la vie
quotidienne en fonction du type d’échange et de la relation que l’on
entretient avec l’autre personne :
a. Postures et gestes
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Encore une fois, nos postures parlent à notre insu. Test facile : croisez les doigts ou les bras, puis… inversez ce croisement.
Que remarquez-vous ? Ce que l’on a fait d’abord naturellement et aisément, devient malaisé et plus laborieux…
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Un bon moyen de rassurer son interlocuteur est …de lui ressembler ! Sans le
caricaturer, on peut adopter la même posture que lui, par exemple bouger avec lui.
C’est la technique de synchronisation (ou « miroir »).
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Paumes parallèles et
perpendiculaires au sol :
C’est un geste de cadrage, qui fixe
des limites (aux autres, aux
situations). Plus il est tranchant et
raide, plus il manifeste la rigidité, la
fermeté, l’attachement de celui qui
parle à son argument (cf. « c’est
comme ça, et pas autrement ! »).
Geste d’action, de détermination,
qui exprime aussi l’organisation,
l’ordre (de la pensée).
b. Visage et regards
Le visage est la partie du corps que nous regardons le plus lorsque nous
parlons à qqn : c’est là que s’expriment les mots et c’est là que les émotions sont les
plus représentatives. Tous nos messages émotionnels et relationnels passent par le
visage : comme on ne peut le mettre de côté, on déploie de grands efforts pour
maîtriser les expressions que l'on montre aux autres.
Si vous êtes capable d’identifier à coup sûr ces émotions, dites-vous que les
autres les repèrent aussi facilement chez vous…
c. Apparence physique
Tant qu’il n’est pas trop intrusif et agressif, le toucher est assimilé positivement
à l'ouverture, l'aisance relationnelle et la capacité d'exprimer ses sentiments (les
femmes sont d’ailleurs plus enclines à toucher que les hommes).
En 1977, Chris Kleinke fut le premier chercheur à travailler sur l’influence du toucher et la soumission
à une requête. Plus précisément, les chercheurs étudiaient le taux d’acceptation d’une requête, en
fonction du toucher. Les résultats furent éloquents, en voici le cadre :
Dans un premier temps un expérimentateur plaçait quelques pièces de monnaie sur la tablette d’une
cabine téléphonique. Il attendait ensuite qu’un utilisateur entre dans la cabine, puis en ressorte après
avoir téléphoné et s’être saisi de la monnaie. A ce moment-là, l’expérimentateur abordait le sujet en lui
demandant s’il n’avait pas trouvé de l’argent, qu’il avait oublié quelques minutes auparavant. Lors de
cette demande, dans la moitié des cas, l’expérimentateur s’arrangeait pour toucher l’utilisateur une à
deux secondes sur le bras. Pour l’autre moitié des utilisateurs, l’expérimentateur se contentait d’une
requête purement verbale, sans toucher la personne. Les résultats ont montré que :
lors de la requête sans toucher, l’utilisateur restituait la monnaie dans 63% des cas
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lors de la requête avec toucher, l’utilisateur restituait la monnaie dans 93% des cas…
b. La gestuelle
Le geste rond :
- Généralement lent et porteur de douceur, calme, souplesse ;
- Arrondit les angles, rassure ;
- Geste de négociateur qui recherche
l’accord par la non agressivité.
Attention ! Trop de rondeur dans le geste
peut aussi donner l’impression
d’obséquiosité5 ou de mollesse.
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Excès de politesse, de respect par servilité ou flatterie.
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- Marque le dynamisme et la rigueur ;
Attention ! Il peut aussi passer pour agressif et rigide, ridicule même
dans le cas de l’énervement ou de la colère (gestes tétanisés).
Les gestes autistes vont vers soi et non vers l’autre, ils ne cherchent
pas à convaincre mais à se persuader soi-même ; ils se transforment
souvent en auto-contacts. Les gestes « barrières » vont dans le
même sens : ils font pare-chocs, définissent une frontière derrière
laquelle le locuteur s’abrite, refuse ou se met sur la réserve.
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Les gestes parasites sont « à côté » du message. Ils marquent un état
psychique, l’émotion, la peur, l’anxiété, la fatigue, l’agressivité, mais ne
correspondent pas au message que l’on veut faire passer. (Cf. infra les gestes de
dérivation).
Certains gestes, faits avec ou sans expression orale, non contrôlés, sont
généralement à côté du message et nous échappent : ils sont capitaux pour le
décodage car ils expriment souvent l’affectif, la pensée profonde que l’on voudrait
parfois cacher. On les appelle des « adaptateurs ».