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Rapport d’étude 

Méthodes de prise en compte du risque 
dans le calcul socio‐économique 
Justification des choix méthodologiques 
 
Novembre 2015

 
 

Collection « L'essentiel »
Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Rédacteur(s) 

Hélène LE MAÎTRE – DTecITM–CSTM‐DEOST 

téléphone : 33 (0) 1 60 52 33 02  
mél : helene.le‐maitre@developpement‐durable.gouv.fr 
Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Préambule 
Ce rapport a pour objectif d’expliquer les choix méthodologiques retenus dans le rapport « Méthodes de prise en 
compte du risque dans le calcul socio‐économique » [1]. 

Les  coûts  et  avantages  apportés  à  la  collectivité  par  un  projet  de  transport  dépendent  du  contexte 
macroéconomique,  dont  les  évolutions  sont  mal  connues  au  moment  où  les  études  ex  ante  sont  menées.  Cette 
incertitude sur les variables macroéconomiques fait peser un risque dit « systémique » sur la valeur du projet pour 
la collectivité. Dans le cadre des travaux de la commission présidée par le professeur Emile Quinet sur l’évaluation 
socio‐économique  des  projets  [2],  l’accent  a  été  mis  sur  le  besoin  de  mieux  prendre  en  compte  ce  risque  qui 
dépend,  fondamentalement,  de  la  corrélation  entre  les  bénéfices  attendus  du  projet  et  la  richesse  nationale 
mesurée par le PIB.  

Tous les projets ne sont pas exposés de la même façon au risque systémique. Une approche générique de prise en 
compte  du  risque  systémique  s’appliquant  uniformément  à  l’ensemble  des  projets  de  transport  n’est  donc  pas 
pertinente. De fait, le rapport de la commission Quinet a insisté sur le besoin de prendre en compte les spécificités 
des projets évalués quant à leurs expositions au risque systémique. 

De nombreux tests ont été menés, à partir de méthodes différentes, lors des travaux du groupe Quinet, et par la 
suite. Ce rapport vise à documenter l'ensemble des tests déjà réalisés et les conclusions qui peuvent en être tirées 
à propos des avantages et inconvénients que posent les différentes méthodes. Il explique les choix retenus dans le 
rapport [1] qui explique les méthodes de calcul à mettre en œuvre.. 

Il est important de souligner que les travaux présentés dans ce document sont de nature technique. Ils n'engagent 
pas la position du Ministère sur la valeur du taux d'actualisation ni, plus généralement, sur la méthode de prise en 
compte du risque dans les évaluations de projet. 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 1 – novembre 2015


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Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Sommaire
1 - Prise en compte du risque macro-économique – cadrage théorique ........................................6
1.1 - Corrélations des variables macroéconomiques : présentation simplifiée ......................................6
1.2 - Intégration des risques systémiques dans le calcul économique ..................................................7
1.3 - Formules de calcul de l’équivalent certain de la VAN-SE, simplifications possibles et hypothèses
sous-jacentes ........................................................................................................................................7
2 - Méthodes de calcul de l’équivalent certain de la VAN-SE .........................................................16
2.1 - Calcul des PIB et avantages probabilisés ...................................................................................17
2.2 - Calcul de l’équivalent certain sur un modèle de trafic simplifié ...................................................18
3 - Application de la méthode des scénarios...................................................................................21
3.1 - Discrétisation de la distribution des taux de croissance du PIB ..................................................22
3.2 - Tests avec 3 et 5 scénarios tendanciels vs. simulations de Monte-Carlo ...................................23
3.3 - Sensibilité des résultats aux scénarios choisis et au coefficient d’aversion au risque ................27
3.4 - Tests sur la périodicité des tirages sur un modèle simplifié à deux périodes et à élasticité trafic / PIB
forfaitaire..............................................................................................................................................30
3.5 - Sensibilité des résultats à l’horizon d’évaluation .........................................................................31
3.6 - Test de la formule complète vs. formule simplifiée par développement limités...........................31
4 - Les méthodes des bêtas...............................................................................................................33
4.1 - Méthodes de calcul du bêta ........................................................................................................33
4.2 - Application pratique .....................................................................................................................33
4.3 - Calcul du bêta par projet par calcul d’élasticité ...........................................................................34
4.4 - Calcul du bêta équivalent déduit de la méthode des scénarios ..................................................35
4.5 - Test de la formule de base vs. formule des bêtas .......................................................................36
5 - Seuil de prise en compte du risque : test de stress macro-économique ................................37
6 - Conclusion .....................................................................................................................................40
Bibliographie.......................................................................................................................................42
Annexe 1 – présentation des projets ................................................................................................43
Projets routiers ....................................................................................................................................43
Projets ferroviaires ...............................................................................................................................43
Annexe 2 - Décision et risque : utilité, aversion pour le risque et prime de risque .....................45

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Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Introduction 
Le  contexte  économique  d’un  projet  de  transport  est  caractérisé  par  les  conditions  économiques  (coûts,  prix, 
demande,  comportements  des  modes  concurrents),  mais  aussi  naturelles,  technologiques,  sociales.  Tous  ces 
éléments  évoluent,  parfois  de  façon  imprévisible.  Lors  de  l’évaluation  ex  ante  de  l’opportunité  d’un  projet  de 
transport,  il  est  nécessaire  de  faire  des  prévisions  sur  l’évolution  de  ces  différents  éléments  de  contexte,  et  ces 
prévisions sont par construction entachées d’incertitudes. Le risque auquel est exposé le projet est double : 

 les aléas affectant le fonctionnement du projet de transport, pendant sa construction ou son exploitation : 
aléas naturels, industriels, actes malveillants ; 

 les risques économiques : la demande de transports, les coûts, les prix relatifs, la croissance économique, 
etc.  

Ce rapport concerne uniquement la deuxième catégorie.  

Les risques économiques peuvent être distingués en deux groupes : 

 les  risques  non  systémiques,  qui  ne  dépendent  pas  de  la  croissance  macro‐économique.  Il  s’agit  des 
risques liés à la mise en œuvre de l’évaluation. Ils peuvent résulter, par exemple, des erreurs de mesure ou 
de  prévisions  (enquêtes  Origine‐Destination,  estimation  trop  sommaire  du  coût  du  projet,  etc.),  d’une 
modélisation  insuffisante  de  la  situation  initiale  ou  de  la  situation  de  référence.  Ces  risques  sont 
diversifiables  du  point  de  vue  de  la  collectivité,  c’est‐à‐dire  que  leur  variabilité  n’a  pas  d’impact  sur  la 
richesse des individus pris collectivement. Ils peuvent donc être pris en compte dans le calcul économique  
en prenant la valeur moyenne obtenue par des tests de sensibilité ; 

 les  risques  systémiques,  qui  correspondent  aux  risques  macro‐économiques  affectant  la  richesse  de  la 
collectivité (le PIB). Il s’agit de risques non diversifiables, la collectivité y est exposée ; ils doivent être pris 
en  compte  explicitement.  Le  PIB  et  donc  les  coûts  et  les  avantages  du  projet  sont  alors  incertains :  on  a 
plusieurs scénarios possibles de PIB, chacun ayant une probabilité d’occurrence. 

Pour  ces  deux  types  de  risque,  les  coûts  et  avantages  de  projets  sont  des  variables  aléatoires,  que  l’on  peut  
déterminer en utilisant des scénarios auxquels on affecte une probabilité. 

Ce rapport part de la méthode de prise en compte du risque systémique par le calcul de l’espérance de l’utilité et 
se situe dans le cadre général de prise en compte du risque défini par Von Neumann et Morgenstern. A partir de 
cette  formulation,  différentes  simplifications  possibles  du  calcul  sont  déclinées,  avec  une  présentation  des 
hypothèses  sous‐jacentes  et  sous  l’angle  de  leur  mise  en  œuvre  pratique.  Les  hypothèses  des  méthodes  sont 
évaluées à travers des tests sur des projets fictifs routiers et ferroviaires. 

Notations 

Dans  les  formules  suivantes  du  rapport,  a  est  le  taux  d’actualisation,  T  est  l’année  d’actualisation,  le  symbole  E 
représente l’espérance mathématique, Xt représente les avantages du projet à l’année t, et Ct représente le PIB à 
l’année t. 

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Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

1 - Prise en compte du risque macro‐économique – 
cadrage théorique 
1.1 ‐ Corrélations  des  variables  macroéconomiques  :  présentation 
simplifiée 
Dans le calcul de la valeur actualisée nette socio‐économique (VAN‐SE) d'un projet de transports, le lien entre PIB 
et avantages du projet apparaît à la fois au niveau du calcul des coûts et avantages unitaires du projet, mais surtout 
au niveau des trafics, et ce, à plusieurs étapes du calcul, comme le montre le graphique simplifié ci‐dessous. 

PIB

Demande de
transport

Modèle de trafic
Coûts et valeurs
tutélaires (dont Trafics affectés
temps et confort)

Avantages

 
Figure 1 : Liens entre PIB et avantages d'un projet 
 
Le taux de croissance du PIB joue schématiquement à trois niveaux lors du calcul de la VAN‐SE : 

 sur la demande en amont du modèle de trafic via une élasticité demande/PIB ; 

 sur les valeurs tutélaires (principalement valeur du temps et confort) et les coûts au niveau des fonctions 
d’utilité des étapes du modèle de trafic ; 

 sur les valeurs tutélaires utilisées dans le calcul socio‐économique. 

Les  variables  conduisant  au  calcul  de  la  VAN‐SE  sont  donc  liées  entre  elles  de  différentes  façons  aux  différentes 
étapes du calcul. Ainsi, lors de la modélisation de trafic, l'influence du PIB sur les variations de trafics est fonction 
des  autres  variables  des  étapes  du  modèle  de  trafic,  et  notamment  des  caractéristiques  des  itinéraires,  d'où 
l'importance d'avoir une approche spécifique à chaque projet. 

Afin  de  prendre  en  compte  la  spécificité  au  risque  macro‐économique  d’un  projet  de  transport,  il  s’agit  donc  de 
faire  tourner  à  la  fois  le modèle  de  trafic  et  le  calcul  socio‐économique  associé  sous  différents  scénarios  macro‐
économique. Dans les simulations effectuées dans la suite du rapport, seuls des scénarios sur le PIB sont effectués 
mais la méthode s’applique à tous risques systémiques. 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 6 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

1.2 ‐ Intégration  des  risques  systémiques  dans  le  calcul 


économique  
Le décideur fait le choix de faire ou non le projet en fonction de son aversion au risque. Implicitement, il calcule un 
« équivalent sans risque » de la valeur actualisée nette pour son projet. L’équivalent certain de la valeur actualisée 
nette est la valeur actualisée nette d’un projet absolument pas risqué (sa VAN‐SE ne dépend pas du PIB) qui serait 
équivalent  au  projet  risqué  du  point  de  vue  de  la  collectivité.  Si  la  collectivité  est  averse  au  risque,  l’équivalent 
certain  de  la  VAN‐SE  est  inférieur  à  l’espérance  de  la  VAN‐SE :  la  collectivité  préférera  avoir  un  gain  certain 
(l’équivalent certain de la VAN‐SE) plutôt que des gains incertains (l’espérance de la VAN‐SE). 

Utilité d’un projet affectant le bien‐être en présence de risque 

Soit C le niveau de bien‐être sans projet (par exemple la consommation agrégée dans le cas de la collectivité). C’est 
une  variable  aléatoire  dont  la  loi  de  probabilité  est  supposée  connue;  on  peut  se  faire  l'idée  de  C  comme 
représentant  le  PIB  ou  la  consommation  finale  des  ménages,  ou  tout  autre  indicateur  monétarisé  illustrant  le 
"bien‐être" de la collectivité. 

Soit X le projet : X représente à la fois les coûts et les avantages escomptés, qui affectent (en plus ou en moins) la 
consommation de la collectivité. X est également une variable aléatoire de loi de probabilité connue.  

Généralement, les variables aléatoires X et C ne sont pas indépendantes. On suppose que X et C s'expriment dans 
une unité (monétaire) connue et qu’ils sont additifs. 

Avec  cette  formalisation,  la  collectivité,  ayant  une  richesse  C  et  un  projet  qui  rapporte  des  gains  X,  va  donc 
chercher à maximiser  E u (C  X )  , s. c.  E u (C  X )   E (u (C )) .  

Le cadre micro‐économique de Von Neumann Morgenstern (cf. annexe) pour la prise en compte du risque dans un 
projet de transports conduit à considérer la valeur du projet comme l'écart entre la séquence actualisée des utilités 
collectives avec et sans projet, soit : 

VAN‐SE tel que   [ U (C0 + VAN‐SE ) ) ‐ U (C0) )] = t { e ‐.t E [ U (Ct+Xt) – U(Ct) ] }        (1) 


où : 
Xt   représente les avantages nets du projet à l'année t ; 
Ct   représente la richesse collective de référence à l'année t ; 
δ     représente le taux de préférence pure pour le présent ; 
U  représente la fonction d’utilité collective ; 
E(.)  est l’espérance. 

1.3 ‐ Formules  de  calcul  de  l’équivalent  certain  de  la  VAN‐SE, 


simplifications possibles et hypothèses sous‐jacentes 
1.3.1 ‐ Définition  de  la  fonction  d’utilité  et  calcul  de  l’équivalent  certain,  formule 
complète 
On considère pour forme de la fonction d’utilité U (C) = C (1‐) / (1‐). En reprenant la formule (1) avec cette fonction 
d’utilité : 

  

(C0 + VAN équivalente )1γ  (C0 )1γ =  e δ t E (Ct + X t )1γ  (Ct )1γ  
t=1

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Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Cette formule générale s’applique aux mêmes données d’entrée que  les formules suivantes, à savoir les couples 
annuels probabilisés de PIB et d’avantages du projet. 

Les formules présentées dans les parties suivantes sont dérivées de cette formule « à la source » et supposent 
des hypothèses sur la valeur des avantages par rapport au PIB. Elles font des hypothèses plus fortes sur la forme 
de la distribution des taux de croissance du PIB et sur la forme des liens entre avantages du projet et PIB pour la 
dernière formule (dite formule du bêta). 

 
Tableau 1 : Présentation synthétiques des méthodes de prise en compte du risque

Méthode  Formule  Hypothèses et méthode 


d’approximation 

  

Méthode au   
(C 0 + VAN  SE)1 γ  (C 0 )1 γ =  e δ t E (C t + X t )1 γ  (C t )1 γ
numérateur,  t=1
formule « à la   
source » 
Développements limités sur 

Méthode au   X  VAN‐SE << C0 et Xt << Ct  
numérateur,  VAN  SE = 
t=1
e ( δ  ) t E   t t
e
 

formule approchée    
Développements limités sur 
Méthode au   
 cov C t ; X t    VAN‐SE << C 0, Xt << Ct et en 
VAN  SE   
1
.u '  E ( C ) .
 E ( X )      
E (C t )   u’(C) 
numérateur, 
t  0  (1   )
t t t

formule approchée  
(rapport Gollier) 
Elasticité déterministe β 
Méthode du bêta       C  1  2 C2  C2  't  entre les avantages du projet 
(au dénominateur)  VAN  SE  
t t0 
e 
 2 
X t     et le PIB, mouvements 
 
 browniens géométriques du 
taux de croissance du PIB 

1.3.2 ‐ Calcul  de  l’équivalent  certain :  formule  approchée  par  développements  limités 
et effets sur l’actualisation 
En reprenant les notations précédentes : 

  

(C 0 + VAN équivalente )1 γ  (C 0 )1 γ =  e δ t E (C t + X t )1 γ  (C t )1 γ ,  
t=1

soit : 

 VAN équivalente 1γ     1 γ



1 γ   Xt 
C
1 γ
1    1 =  e E Ct 1 
δ t
   1  
0
 C0   t=1    Ct  
  
 
De façon approchée, en considérant VAN‐SE << C0 et Xt << Ct avec : 
γ : aversion pour le risque de la collectivité ; 
μ : taux de croissance moyen sur la longue durée du PIB ; 
 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 8 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

alors : 

VAN équivalente 
 1γ X 
C0
1γ
1    =  e δ t E Ct 1    t   
C0 t=1  Ct 

Pour  chaque  scénario  i  de  PIB,  le  niveau  de  PIB  à  l’année  t  est  :  C i t  C0 e (   i ) t ,  avec  ε  l’écart  au  taux  de 
croissance moyen tel que ε + μ = taux de croissance annuel du PIB. 

On obtient alors : 


 X 
VAN équivalente,approchée =  e ( δ  ) t E   t t  . 
t=1 e 

Cette formule montre que l’on actualise les avantages du projet avec un taux « tendanciel » : δ+ γ μ ; puis avec un 
taux  d’actualisation  spécifique  au  scénario  considéré :  ε  γ.  La  validité  de  ces  développements  limités  est  testée 
dans la suite de ce rapport sur plusieurs projets. 

1.3.3 ‐ Calcul  de  l’équivalent    certain:  formule  approchée  par  développements  limités 
et prime de risque 

La formulation de l’équivalent certain de la VAN‐SE présentée dans cette partie permet de calculer directement la 
prime  de  risque  du  projet  (différence  entre  la  VAN‐SE  du  projet  sans  prise  en  compte  du  risque  et  l’équivalent 
certain du projet). 

Si  X  est  petit  devant  C  (i.e.  si  le  projet  est  marginal  par  rapport  au  PIB,  ce  qui  est  généralement  le  cas),  la 
transposition  du  cadre  ci‐dessus  à  la  décision  (par  un  décideur  public  dénommé  ci‐après  "la  collectivité")  d'un 
projet peut se formuler de la façon suivante : 

E u (C  X )   E u (C )  u ' (C ). X   

soit, au premier ordre : 

E u (C  X )   E (u (C ))  E u ' (C ) .E ( X )  covu ' (C ); X   

Prise en compte de la temporalité des flux  

La valeur d'un projet, pour un agent (ou la collectivité) dont la fonction d’utilité est U, s’exprime comme la valeur 
actualisée  de  l’espérance  intertemporelle  de  l’utilité,  espérance  calculée  sur  l’espace  de  probabilités  des 
événements de chaque période t. 

En notant X1, …Xt, … XT les flux liés au projet pour chaque année t et C1, …Ct, … CT la richesse de la collectivité à chaque 
année t, δ le taux de préférence pure pour le présent, on obtient : 

E[u Ct  X t ]  1


.E (u (Ct ))  E u ' (Ct ) .E ( X t )  covu ' (Ct ); X t   

 (1   ) t
 =   
t  0  (1   )
t
t 0 
 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 9 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Un projet crée de la valeur pour la collectivité si  E u (C  X )   E u (C )  , soit : 


 1 
  (1   ) .E u' (C ) .E ( X )  covu' (C ); X   0  
t t t t t
t 0  

NB : dans les formules d’actualisation de ce rapport, on emploie, selon les cas et en fonction des facilités de calcul, 
t
des facteurs d’actualisation exprimés soit sous la forme :  (1 )t  ; soit sous la forme :  e  

On  peut  donner  une  formulation  analytique  simplifiée  de  l’espérance  de  l’utilité  ci‐dessus,  avec  certaines 
hypothèses sur la forme de cette fonction d’utilité. 

On peut appliquer à la formule précédente un développement au second ordre : 

u ' (Ct )  u ' E (Ct )   Ct  E (Ct ).u ' ' E (Ct )  ,  

et on obtient : 

 1

  (1   ) .E u ' E (C )   C
t t t  E (C t ) .u" E (C t ) .E ( X t )   cov u ' E (C t )   C t  E (C t ) .u" E (C t ) ; X t   
t 0  


 1 
  .u ' E (C t ) .E ( X t )   u" E (C t ) cov C t ; X t   
t  0  (1   )
t

En introduisant l’aversion au risque de la collectivité:  

 E (C ).u" E (Ct ) 
 ,  
u ' E (Ct ) 

et en supposant qu’elle est constante, on obtient l’équivalent certain de la VAN‐SE : 

   covC t ; X t  
.u ' E (Ct ) . E ( X t )  
1
  (1   ) t
E (C t ) 
  
t 0  

En pratique, ceci revient à corriger le calcul de VAN‐SE sans risque d'un terme égal à la valeur actualisée du terme 
suivant : 

cov C t ; X t 

 
E ( X t ). E (C t )  ;  

où Xt sont les avantages du projet ;  Ct est le PIB, et  est l'aversion collective pour le risque. 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 10 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Soit, avec a le taux d’actualisation sans risque au sens du rapport Lebègue : 


1 cov C t ; X t 
VAN équivalent e  E (VAN )    (1  a)
t 0
t
E (C t )
  Quantifie la corrélation 
entre les avantages Xt du 
projet à l’année t et la 
  richesse Ct de la collectivité 
Aversion pour  à l’année t 
  le risque de la 
collectivité  
 

 
Espérance de  le coût pour la collectivité du 
  la VAN   caractère incertain du gain 
apporté par le projet 
 

Si  la  collectivité  est  averse  au  risque,  l’équivalent  certain  de  la  VAN  est  inférieur  à  l’espérance  de  la  VAN  :  la 
collectivité  préférera  avoir  un  gain  certain  (l’équivalent  certain  de  la  VAN)  plutôt  que  des  gains  incertains 
(l’espérance de la VAN). La différence entre l’équivalent certain de la VAN et l’espérance de la VAN est ce que la 
collectivité est prête à  payer pour éviter le risque.  Cette grandeur est définie comme  la prime de risque comme 
définie dans la formule ci‐dessus. 

Cette  prime  de  risque  est  le  produit  de  l’aversion  pour  le  risque  de  la  collectivité,  et  d’une  grandeur  actualisée 
proportionnelle à la corrélation des avantages Xt du projet à l’année t et de la richesse Ct de la collectivité à l’année 
t, corrélation quantifiée par la covariance dans la formule ci‐dessus. 

1.3.4 ‐ Calcul de l’équivalent certain par la méthode des bêtas : formule approchée et 
hypothèses de comportement du PIB 

Cette partie développe d’abord une formulation analytique très sommaire de la VAN‐SE, où le lien entre le bilan du 
projet  et  le  PIB  se  présente  de  façon  intuitive  par  un  lien  (appelé  ci‐après  « élasticité »)  entre  leurs  valeurs 
moyennes  et  leurs  variances  respectives.  Cette  formulation  sommaire  permet  de  réaliser  des  calculs  simples  (il 
suffit de calculer un  taux  d’actualisation adapté  (dit « risqué ») et de l’appliquer à la séquence des avantages en 
scénario tendanciel), mais est tributaire de la connaissance de ces élasticités. 

Cette  partie  développe  une  formulation  analytique  faisant  une  hypothèse  sur  la  forme  de  la  distribution  de 
probabilité du PIB (hypothèse de mouvements browniens géométriques). Elle montre ainsi que, si le bilan du projet 
est  lié  au  PIB  à  travers  une  élasticité  constante  et  si  le  flux  de  richesse  collective  suit  un  mouvement  brownien 
géométrique, alors les paramètres à considérer pour calculer le taux « équivalent » se réduisent à cette élasticité et 
au taux de croissance et à la volatilité du PIB. La part du risque dans le taux « équivalent » peut alors être identifiée 
en fonction de la volatilité du PIB et de l'élasticité du projet.  

Formulation analytique sommaire de l’espérance du bilan 

On  peut  reformuler  le  calcul  de  l’espérance  du  bilan  proposée  en  partie  1  et  déterminer  un  taux  d’actualisation 
« équivalent » (tenant compte du risque) α’ à l’aide de la formule suivante : 

 

VAN  SE équivalent certain   e  't X t  
t t0

dans laquelle t0 désigne la date de mise en service du projet éventuellement différente de la date d'actualisation 
t=0. Comme dans les parties précédentes, la fonction d'utilité est choisie telle que u'(Ct) = (Ct/C0)‐γ avec γ coefficient 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 11 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

d'aversion  relative  pour  le  risque.  On  fait  ici  une  hypothèse  simplificatrice  dans  laquelle  l'espérance  du  PIB  est 
supposée croître avec un taux annuel µ, soit : 

E C t   C 0 e t   

On suppose en outre que l’espérance des effets du projet peut s’exprimer comme une valeur croissante au cours 
du temps, liée à l’espérance de la richesse de la façon suivante : 


 E C t  
EX t   X 0e t
 X 0    
C
 0 

Le terme X0 correspond à une constante de calage et non à la valeur de Xt en t=0 étant entendu que Xt n'est défini 
qu'à  partir  de  t=t0.  La  deuxième  égalité  présente  le  paramètre  ε  qui  est  l’élasticité  de  l’espérance  de  Xt  à 
l’espérance du PIB Ct. Cette élasticité peut être différente de l'élasticité entre les variables aléatoires sous‐jacentes 
Xt et Ct. 

Hypothèse de mouvement brownien géométrique du PIB 

On suppose ici que l'évolution du PIB est régie par un mouvement brownien géométrique, ce qui implique que la 
distribution de Ct est : 
C
C t  C 0 e Rt  avec  RtC ~ N (  C t ,  C t )   

i.e.  RtC  est  une  variable  aléatoire  gaussienne  de  moyenne  µCt  et  d'écart‐type   C t   avec  t  exprimé  en  années1. 
Cette  évolution  correspond  exactement  à  une  succession  d'applications  de  taux  de  croissance  annuels 
indépendants les uns des autres et suivant tous une loi normale de moyenne µC et d'écart‐type σC. 

Les calculs de l'espérance et de la variance du PIB donnent alors : 

 
 1 2
 C   C  t
 et  var(C t )  E (C t ) e
 C2 t
E (C t )  C 0 e  
 1   
2 2

Connaissant la distribution de Ct ainsi que l'expression de u' i.e. u'(Ct)=(Ct/C0)‐γ, il est possible de calculer E(u'(Ct)) : 

 1 
    C   C2  t
E u ' (C t )   C 0 e  2 
 

Evolutions des avantages du projet et du PIB selon des mouvements browniens 
géométriques corrélés 

Pour  aller  plus  loin  dans  la  détermination  analytique  du  taux  équivalent  à  partir  de  paramètres  explicites,  on 
s'intéresse  ici  à  des  évolutions  particulières  des  flux  du  projet  Xt,  en  envisageant  une  hypothèse  d'évolution  de 
ceux‐ci  et  du  PIB  selon  des  mouvements  browniens  géométriques  corrélés.  Cette  hypothèse  a  notamment  été 
utilisée dans l'annexe 4 du rapport Gollier de juin 2011 [11].  

1
Il faut bien noter ici qu'il n'est pas possible de faire sortir t de la variable RtC comme cela est pourtant fait dans l'annexe 4 du
rapport Gollier de juin 2011. En effet, mettre t en facteur d'une variable gaussienne indépendante du temps dans l'exponentielle
conduirait à une variance de ln(Ct) en t2, ce qui ne correspond pas à un mouvement brownien géométrique pour lequel cette
variance doit être linéaire en t.

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 12 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Encadré : écriture de l’espérance de l’utilité dans le cas de mouvements géométriques browniens du PIB et des 
avantages du projet 

Un  mouvement  brownien  géométrique  est  un  processus  stochastique,  une  variable  aléatoire  qui  évolue  dans  le 
temps selon une constante et des chocs aléatoires indépendants. Si l’on prend l’exemple de la richesse collective 
Ct, sa valeur à l’instant t est : 


Ct  C 0 exp  C t   C BtC   
où  BtC   est  un  pré‐mouvement  brownien,  c’est‐à‐dire  que  les  différences  BtC  BtC1   sont  indépendantes  et 
identiquement distribuées selon une loi normale centrée réduite. 

Par conséquent, la distribution jointe à l’instant t des flux Xt et Ct est : 
C X
C t  C 0 e Rt  et  X t  X 0 e Rt   

où (RtC, RtX) forme un vecteur gaussien de moyenne et de matrice de covariance données par 2 

 RtC        C2  C  X  
 X  ~ N   C t ;  t    
R     X      X2  
 t    C X  

Une telle écriture considérant simultanément Ct et Xt comme des variables aléatoires présente l'avantage de tenir 
compte à la fois des aléas sur l'évolution du PIB (extérieurs au projet) et des aléas sur l'évolution des avantages du 
projet qui traduisent non seulement la dépendance de ces derniers au PIB mais aussi des erreurs commises dans la 
récupération des données et la chaîne de modélisation. En écrivant Xt/X0=(Ct/C0)RtX/RtC , le rapport RtX/RtC apparaît 
comme une élasticité aléatoire. Il peut également être utile de calculer la loi de probabilité conditionnelle de Xt ou 
du taux RtX sachant la valeur du PIB ou du taux RtC. Il s'agit donc de calculer la loi d'une composante d'un couple 
gaussien connaissant l'autre composante. Cette loi est toujours une loi normale donnée ici par : 

  X ~  
RtX ~ N    X  ( C   C ) t ; 1   2  X t    
RtC  ~C t
 C  

La corrélation des avantages du projet au PIB réside dans le paramètre ρ. Cette écriture englobe le cas particulier 
d'une élasticité déterministe et constante ζ entre Xt et Ct correspondant à RtX=ζ RtC et impliquant µX= ζ µC, σX=| ζ | 
σC, et ρ =1. 

A  partir  des  hypothèses  de  mouvement  brownien,  tous  les  termes  de  la  VAN‐SE  peuvent  être  calculés  et  les 
paramètres introduits plus haut µ, σ, η et ε peuvent être identifiés. Les paramètres µ et σ ont déjà été identifiés 
avec les seules hypothèses sur le PIB. Il vient maintenant : 

 1 2 
  X   X t
E ( X t )  X 0e  2 
 

2
Pour les mêmes raisons que dans la note (1), t doit apparaître comme facteur dans la moyenne et la matrice de covariance et
non comme facteur des taux. Si t apparaissait en facteur des taux dans les exponentielles, on aurait une matrice de covariance
2
en t contredisant ainsi l'hypothèse de mouvements browniens géométriques.

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 13 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Le cas d'une élasticité déterministe entre Xt et Ct donne une relation non linéaire entre l'élasticité ζ et l'élasticité 
1
 C   2 C2
entre espérances ε  qui fait aussi intervenir les caractéristiques d'évolution du  PIB :    2  β est défini 
1
 C   C2
2
comme dans le rapport Gollier de juin 2011 par     X  cov(ln X t , ln C t )  
C var(ln C t )

On  note  que  dans  le  cas  d'une  élasticité  constante  déterministe,  β  est  précisément  égal  à  cette  élasticité  ζ.  Sa 
valeur dépend du projet. 

Utilisation des hypothèses de mouvement brownien dans les formulations analytiques 
simplifiées de l’espérance du bilan 

Dans le cas d'une hypothèse d'élasticité constante, on est donc en mesure de construire un modèle d’actualisation 
basé  sur  une  hypothèse  d'évolution  des  avantages  du  projet  et  du  PIB  selon  des  mouvements  browniens 
géométriques corrélés. La formule ci‐dessous correspond à une élasticité constante β. 

 

VAN  SE équivalent certain   e  't E ( X t )  avec   '    C   2 C2   C2   
1
 
t t 0 2

Soit, en reprenant les notations du rapport Quinet,   

E( X t )
  VAN   1  r   
t
t T
  

1
Avec      '  r   ,  r    C   2 C2  et     C2  
2

et : 
 δ : préférence pure pour le présent ; 
 µC : moyenne de la distribution du taux de croissance annuel du PIB ; 
 σC : écart type de la distribution du taux de croissance annuel du PIB ; 
 γ : coefficient d’aversion au risque de la collectivité. 
 

Ce  taux  équivalent  α’  se  décompose  en  quatre  termes  dont  les  trois  premiers  ont  été  commentés  dans  l'article 
« Comment intégrer le risque dans le calcul socio‐économique » [Gollier 2005] : 
 δ: préférence pure pour le présent ; 
 γµC : effet richesse (la décroissance de l'utilité marginale et l'augmentation supposée de la richesse µC>0 
tendent à faire privilégier un gain immédiat par rapport à un gain à venir) ; 
 ‐1/2γ2σC2 : effet précaution (la convexité de l'utilité marginale est telle que l'augmentation de l'incertitude 
sur la consommation future accroît la valeur d'un gain futur) ; 
 γ β σC2 : effet du projet (qui augmente le taux d'actualisation pour un projet pro‐cyclique i.e. β >0 et qui le 
diminue dans le cas contraire). 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 14 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

La formule obtenue à partir des hypothèses spécifiques d'évolution des flux montre que l'effet du risque attaché 
au  projet  est  a  priori  du  même  ordre  de  grandeur  que  l'effet  précaution,  à  savoir  proportionnel  à  σC2.  Dans 
l'hypothèse  où  l'écart‐type  σC  du  taux  de  croissance  du  PIB  est  du  même  ordre  de  grandeur  que  sa  moyenne,  il 
apparaît  immédiatement  que  l'effet  précaution  et  l'effet  du  risque  sont  d'un  ordre  de  grandeur  inférieur  aux 
termes classiques de préférence pure pour le présent et d'effet richesse. 

De  plus,  si  l'élasticité  β  vaut  γ  /2  alors  ces  deux  termes  se  compensent.  Plus  généralement,  si  β  >  γ  /2    alors 
l'incertitude sur le PIB tend à augmenter légèrement le taux équivalent tandis que si β < γ /2  alors l'incertitude 
sur le PIB tend à diminuer légèrement le taux équivalent. 

Effet richesse et effet précaution 

Comme  l’utilité  marginale  est  convexe  avec  la  consommation,  une  augmentation  de  l’incertitude  sur  la 
consommation  future  augmente  la  valeur  d’un  euro  supplémentaire  en  t,  telle  que  mesurée  par  l’espérance  de 
l’utilité  marginale.  L’incertitude  augmente  donc  la  valeur  actualisée  nette  des  avantages  lointains  du  projet,  ou, 
autrement  dit,  réduit  le  taux  d’actualisation.  Exactement  comme  les  ménages  augmentent  leur  épargne  lorsque 
leurs revenus futurs deviennent plus aléatoires, au niveau collectif, il est efficace d’accroître les investissements en 
situation d’incertitude macroéconomique. C’est ce qu’on appelle l’effet précaution. A contrario, l’anticipation de la 
richesse future (hypothèses de croissance du PIB) a tendance à diminuer les avantages nets lointains du projet, soit 
à  augmenter  le  taux  d’actualisation  :  puisque  l’on  sait  que  l’avenir  sera  plus  riche  que  le  présent,  il  est  plus 
intéressant de consommer dès maintenant plutôt que d’épargner. 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 15 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

2 - Méthodes de calcul de l’équivalent certain de la 
VAN–SE 
Afin de calculer l’équivalent certain de la VAN‐SE, il est nécessaire de connaitre la distribution des PIB annuels Ct et 
la distribution des avantages annuels probabilisés Xt associés. 

En pratique, la distribution des avantages du projet en fonction de la distribution des taux de croissance du PIB est 
compliquée  à  obtenir  car,  comme  montré  sur  le  graphique  ci‐dessous3,  la  relation  entre  avantages  et  PIB  est 
complexe et passe par le modèle de trafic et le calcul des avantages annuels en fonction du trafic. 

Valeurs du temps VAN-SE

Coût de circulation
(carburant, péage, coûts fixes
Surplus des
PIB usagers
(+ autres Spécificités économiques Caractéristiques des itinéraires,
variables et territoriales configuration du réseau – dont congestion
macro,
ex : prix de Coûts de
l’énergie) Variations de trafic entre le construction,
Demande Affectation scénario de référence et le d'entretien et
scénario de projet d'exploitation

Gains de
Valeurs tutélaires hors
pollution,
temps
GES, sécurité

 
Figure 2 : Liens entre PIB et avantages d'un projet 

Différentes approches permettent d’estimer la distribution des avantages d’un projet en fonction de la distribution 
des taux de croissance du PIB. Elles sont présentées dans les paragraphes suivants et synthétisées dans le tableau 
suivant. 

 
Tableau 2 : présentation des méthodes de calcul des avantages probabilisés

Méthode de calcul de la  Principe  Commentaires  


distribution des avantages 
annuels en fonction du PIB 

Monte‐Carlo sur le modèle de  Appliquer des simulations de Monte‐ Temps de calcul (grand nombre de 


trafic  Carlo aux variables clés du modèle de  tirages du PIB) 
trafic et du calcul socio‐économique 

Monte‐Carlo sur un modèle  Raccourcir le temps de calcul en  Perte partielle de la précision du lien 


de trafic simplifié  simplifiant le modèle de trafic   entre avantages du projet et PIB. 

3
Ce graphique est pertinent pour l’analyse des projets routiers interurbains ; l’analyse d’autres projets, pour lesquels on voudrait
prendre en compte les dimensions multimodales et/ou temporelles, est encore plus complexe. Le résultat reste le même : les
avantages d’un projet dépendent fortement du contexte macroéconomique, et de façon non triviale.

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 16 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Méthode de calcul de la  Principe  Commentaires  


distribution des avantages 
annuels en fonction du PIB 

Monte‐Carlo sur la base de  Diminuer le nombre de tirages avec un  Temps de calcul fonction du nombre de 


scénarios  nombre limité de couples (avantage,  tirages et affinement « artificiel » du 
PIB) par an et en déduire une relation  calcul 
entre PIB et avantages pour le projet 
puis faire des tirages de Monte‐Carlo 
sur cette relation 

Méthode des scénarios  Diminuer le nombre de tirages avec un  Connaissance des VAN‐SE par scénario 


nombre limité de couples (avantage,  (lisibilité des résultats) et nombre de 
PIB) par an  tirages limité (3 ou 5). Pas de tirages du 
PIB tous les ans. 

Méthode des bêtas  Pas de calcul explicite de la distribution  Perte de l’analyse du risque spécifique 


des avantages   du projet face aux risques macro‐
économiques par la simplification à 
L’élasticité des avantages au PIB est  l’extrême du lien entre avantages 
résumée par une valeur, dont on  annuels et PIB. 
suppose qu’elle est la même pour des 
projets « de même type ».  

2.1 - Calcul des PIB et avantages probabilisés


Le PIB, ainsi que d’autres variables d’entrée du calcul socio‐économique, suit un processus stochastique, et la VAN‐
SE en dépend. La VAN‐SE peut être estimée par des simulations de Monte Carlo. Plus précisément, il est possible 
de déterminer la distribution de la VAN‐SE dite actualisée sans risque, c’est‐à‐dire conditionnelle à une réalisation 
de la chronique de PIB ; puis, à partir de cette distribution, de calculer l’équivalent certain de la VAN‐SE du projet. 
La méthode est schématisée ci‐dessous : 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 17 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Choix des variables  Paramétrage des distributions de probabilité 
aléatoires (ex : PIB)  et des corrélations

Génération de scénarios aléatoires 

Utilisation du modèle de trafic pour chaque scénario 
et calcul des avantages annuels

Distribution de probabilité des avantages annuels

Calcul de l’équivalent certain de la VAN‐SE à partir des distributions du PIB et des 
avantages annuels et de la distribution de la VAN‐SE 

Figure 3 : Etapes de la méthode de Monte-Carlo 

Cependant, cette méthode est très couteuse en temps de calcul et demande de connaitre les lois de probabilité 
des variables que l’on souhaite probabiliser et leurs corrélations.  
La loi de distribution des avantages du projet peut être estimée de façon simplifiée : 
 en raccourcissant le temps de calcul par tirage : 
– soit en simplifiant le modèle de trafic, au prix d’une perte de précision ;  
– soit en estimant une élasticité des avantages au PIB, calculée pour le projet à partir d’un nombre 
limité de couples (avantage, PIB) pour des dates données ; 

 en limitant fortement le nombre de tirages, donc en simplifiant le processus stochastique suivi par le PIB 
par le biais de l’utilisation de scénarios ; 

 en utilisant une méthode approximée, fondée sur des coefficients dits « beta », supposés valides pour des 
groupes  de  projets  homogènes.  Ceci  permet  de  s’affranchir  du  besoin  de  calculer  explicitement  les 
avantages  annuels  en  fonction  du  PIB  mais  si  la  typologie  de  projets  n’est  pas  adéquate,  la  perte  de 
précision peut être énorme. 

2.2 - Calcul de l’équivalent certain sur un modèle de trafic simplifié


Le  temps  de  calcul  pour  une  simulation  de  trafic  standard  peut  varier  entre  quelques  dizaines  de  minutes  et 
plusieurs heures ou plus, sur des machines normales. Cela ne permet pas l’application en pratique de simulations 
de Monte‐Carlo, ou plusieurs centaines de tirages sont en principe nécessaires. La première simplification possible 
pour calculer la distribution de la VAN‐SE consiste à diminuer le temps de calcul par tirage, en utilisant des modèles 
de trafic simplifiés, et donc plus rapides. 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 18 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

2.2.1 ‐ Première méthode: modèle simplifié et simulations de Monte‐Carlo 

Modèle de trafic avec le réseau 
complet 

Choix des variables clés (PIB par 
Modèle de trafic simplifié 
exemple) 

Paramétrage des distributions de  Génération de scénarios 
probabilité et des corrélations  aléatoires 

Distribution de probabilité 
des avantages annuels 

Calcul de l’équivalent certain de la VAN‐SE à partir des 
distributions du PIB et des avantages annuels 
 
Figure 4 : Etapes de la méthode de Monte-Carlo avec un modèle simplifié 

 
Dans cette première méthode, il s’agit de créer un modèle simplifié à partir d’élasticités estimées sur le modèles de 
trafic complet, de moindre précision qu’un modèle de qualité mais beaucoup plus rapide en temps de calcul (ex : 
un  modèle  sur  tableur).  Bien  qu’elles  ne  permettent  pas  de  mesurer  efficacement  le  risque  systémique,  les 
simulations de Monte Carlo sur des modèles de trafic simplifiés restent cependant utiles pour la prise en compte du 
risque financier. 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 19 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

2.2.2 ‐ Deuxième méthode : simulations de Monte Carlo sur des grilles de sorties 

Choix des variables clés (PIB par 
exemple) 

Définition de combinaisons de  Utilisation du modèle de trafic avec 
variables clés  le réseau complet 

Définition de lois de distribution  Avantages annuels en fonction des 
pour les variables clés  variables clés

Calcul d’une fonction donnant les avantages  du 
Génération de scénarios  projet en fonction des variables clés, à partir des 
aléatoires sur les variables  avantages en fonction des variables calculées 
clés  préalablement grâce au modèle de trafic complet 

Calcul de l’équivalent certain de la VAN‐SE à partir des 
distributions du PIB et des avantages annuels 

 
Figure 5 : Etapes de la méthode de Monte-Carlo à partir de grilles de sorties des modèles de trafic 

 
Une deuxième méthode consiste à essayer de reproduire la relation entre PIB et avantages à partir d’une grille de 
sorties  du  modèle  de  trafic.  L’idée  consiste  à  reproduire  la  relation  entre  PIB  et  avantages  à  partir  d’un  nombre 
limité  de  tirages  puis  de  lancer  des  simulations  de  Monte‐Carlo  sur  cette  base.  Il  s’agit  en  quelque  sorte  d’un 
modèle de trafic simplifié à l’extrême, composé d’autant d’élasticités avantages/PIB que l’on a de tirages du modèle 
initial. 

A cause du réseau évolutif, du modèle de trafic lui‐même et des valeurs tutélaires qui ne sont pas constantes en 
euros  constants,  la  relation  avantages/PIB  dépend  de  t  et  ne  peut  pas  se  résumer  à  une  simple  élasticité.  Par 
conséquent, cette méthode reste couteuse en temps, car il est nécessaire de faire un nombre de sorties du modèle 
de  trafic  suffisamment  important  pour  pouvoir  interpoler  la  relation  avantages/PIB,  à  toutes  les  années 
d’affectation. Finalement, cette méthode est au moins aussi coûteuse que la méthode des scénarios de PIB, et plus 
complexe. 

2.2.3 ‐ Troisième méthode : utilisation de scénarios probabilisés 

La méthode dite « des scénarios » consiste à utiliser directement une distribution discrète des chroniques de PIB 
plutôt qu’en partant d’une distribution continue sous‐jacente à des simulations de Monte‐Carlo. Plus précisément, 
cette  méthode  consiste  à  approximer  le  processus  stochastique  PIB  par  un  processus  stochastique  d’une  grande 
simplicité, le support de sa distribution étant limité à quelques éléments. Par analogie avec les tests de sensibilité, 
ces points sont appelés « scénarios ». A chaque scénario est associée une probabilité. 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 20 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Les avantages sont calculés à partir de sorties du modèle de trafic que l’on fait tourner sous chacun des scénarios 
de PIB. Cette méthode permet de ne pas perdre la spécificité de la relation entre avantages au PIB du projet et de 
calculer facilement l’équivalent certain de la VAN‐SE. 

 
Choix des variables clés (PIB par
exemple) 

Définition de scénarios Utilisation du modèle de trafic


probabilisés de variables clés avec le réseau complet
(par exemple 3 ou 5 scénarios) 

Avantages annuels probabilisés


en fonction des variables clés 

Calcul de l’équivalent certain de la VAN-SE à partir


du PIB et des avantages annuels probabilisés 
 

Figure 6 : Etapes de la méthode de prise en compte du risque par des scénarios probabilisés 
 

Cette  approche  permet  de  calculer  un  équivalent  certain  à  partir  d’un  nombre  limité  de  scénarios,  tout  en 
conservant la précision d’un modèle de trafic complet. Cette méthode conserve la spécificité du projet par rapport 
aux variations de PIB. Ceci dit, l’approximation du processus stochastique PIB est très forte. La partie suivante teste 
la  solidité  de  cette  approche  et  tente  d’estimer  le  nombre  de  scénarios  nécessaires  pour  calculer  l’équivalent 
certain de la VAN‐SE avec une précision suffisante. 

3 - Application de la méthode des scénarios 
 

Cette partie détaille la méthode des scénarios et teste diverses configurations pour sa mise en œuvre : 

 tests sur le nombre de scénarios à utiliser (simulations de Monte Carlo, 3 scénarios ou 5 scénarios) ; 

 sensibilité des résultats aux scénarios choisis, calibrage des scénarios ; 

 tests sur la périodicité des tirages sur un modèle simplifié à deux périodes et à élasticité trafic / PIB 
forfaitaire ; 

 sensibilité des résultats à l’horizon d’évaluation ; 

 test de la validité des développements limités dans la formule simplifiée de calcul au numérateur. 
 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 21 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

3.1 - Discrétisation de la distribution des taux de croissance du PIB


La méthode dite « des scénarios » consiste à calculer l’équivalent certain de la VAN‐SE à partir d’une distribution 
discrète du PIB. Les avantages sont calculés à partir de sorties du modèle de trafic que l’on fait tourner sous chacun 
des scénarios de PIB. Cette méthode permet de ne pas perdre la spécificité de la relation entre avantages au PIB du 
projet et de calculer facilement l’équivalent certain de la VAN‐SE. 

En reprenant la formule générale :  

  

(C0 + VAN équivalente )1γ  (C0 )1γ =  e δ t E (Ct + X t )1γ  (Ct )1γ   
t=1

avec : 
  Cti le PIB du scénario i à l’année t ; 
  Xti les avantages de l'année t dans le scénario i ; 
E(.) l’espérance ; 
  δ le taux de préférence pure pour le présent (=1%) ; 
N le nombre de scénarios macro‐économiques ; 
γ l’aversion pour le risque de la collectivité (=2) ; 
pi probabilité du scénario i ; 
t0 : année précédant la mise en service ; 
T : année d’actualisation ; 
H l’horizon d’évaluation 

la formule devient : 

 δ t N 
 

(C0 + VAN équivalente )  (C0 ) =  e  pi (C i t + X i t )1  (C i t )-1  , 
1 1

t=1  i 1 

ce qui permet d’en déduire explicitement la VAN‐SE équivalente : 

C 0     pi
H 3   
1
C it  C it  X it 
1


t t0 1 n 
 i 1 (1  δ ) t T 
  VAN  SE   
1 H
   pi
 3   
1
C it  C it  X it  1


C0 t t0 1n  i 1 (1  δ ) t T 

Dans cette partie, on teste la validité de l’hypothèse de discrétisation de la distribution des taux de croissance du 
PIB en calculant des équivalents certains pour un projet avec un modèle de trafic simplifié avec des simulations de 
Monte‐Carlo, cinq puis trois scénarios. 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 22 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

3.2 - Tests avec 3 et 5 scénarios tendanciels vs. simulations de Monte-


Carlo
La méthode par scénarios a un coût en termes de temps de calcul : la démultiplication des scénarios de croissance 
entraîne  une  démultiplication  équivalente  des  temps  de  calcul  liés  aux  simulations  de  trafic.  Le  temps  de  calcul 
associé  aux  simulations  de  trafic,  et  le  manque  de  relation  simple  entre  hypothèses  de  PIB  et  trafic  interdisent 
l’utilisation de scénarios trop nombreux ainsi que l’application de méthodes de Monte‐Carlo. 

L’objet de cette partie est de déterminer le nombre de scénarios distincts minimum permettant la mise en œuvre 
efficace de la méthode par scénarios. Afin d’avoir toujours un scénario central, on ne considère que des cas où le 
nombre  de  scénarios  est  impair.  Les  tests  sont  réalisés  sur  des  projets  simplifiés,  afin  de  s’affranchir  ici  de  la 
contrainte de temps de calcul, dans une certaine mesure. De fait, comme le montre la suite de la note, on constate 
qu’il est clairement suffisant de prendre en compte trois scénarios distincts. 

3.2.1 ‐ Présentation des projets stylisés 

Les projets testés sont les suivants : 

Projet P1 : projet de doublement d’une route nationale ordinaire à 2x1 voies sur 50 kilomètres par une autoroute à 
2x2 voies à péage de 55 km. Il n’y a pas d’échangeur intermédiaire. Le terrain est supposé « plat ». La demande 
initiale est de 30000 véhicules dont 10% de PL. On fait des affectations sur deux arcs selon la loi d'Abraham. 

Projet P2 : projet de doublement d’une route nationale ordinaire à 2x1 voies sur 20 kilomètres par une 2x2 voies 
de 25 km. Le terrain est supposé « plat ». La demande initiale est de 20000 véhicules dont 8% de PL. On fait des 
affectations sur deux arcs selon la loi d'Abraham. 

Hypothèses : 

On applique les valeurs de l'instruction cadre de 2007. L'élasticité de la demande au PIB est de 1,1. Les élasticités 
des valeurs unitaires du coût généralisé au PIB sont les suivantes : 
 Valeur du temps VL :  Elasticité de 0,7 à la croissance du PIB par tête. 
 Valeur du temps  PL :  Elasticité de 2/3 à  la croissance du PIB. 
 Sécurité :    Elasticité de 1 à la croissance du PIB par tête. 
 Externalités environnementales :  Elasticité de 1 à la croissance du PIB par tête. 

Trois calculs de la VAN‐SE sont comparés pour chaque projet : 

 Le premier correspond au calcul de la VAN‐SE non risquée avec un taux d’actualisation de 4%. 

 
T
VAN - SE non risquée   e  4% t .E ( X t )  
t 0

 Le second calcul correspond à un calcul avec prise en compte du risque à partir d’une distribution discrète 
du taux de croissance du PIB (3 scénarios ou 5 scénarios) : 

  

(C 0 + VAN  SE scénarios )1 γ  (C 0 )1 γ =  e δ t E (C t + X t )1 γ  (C t )1 γ  
t=1

 Le  troisième  calcul  correspond  à  un  calcul  avec  prise  en  compte  du  risque  à  partir  d’une  distribution 
continue du taux de croissance du PIB simulée par des tirages de Monte Carlo  

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 23 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

  

(C 0 + VAN  SE Monte Carlo )1 γ  (C 0 )1 γ =  e  δ t E (C t + X t )1 γ  (C t )1 γ  
t=1

Les  deux  graphiques  ci‐dessous  illustrent  la  discrétisation  de  la  fonction  de  répartition  de  la  loi  normale  utilisée 
dans le calcul de la VAN‐SE scénarios. 

Moyenne = 1,5% (par an) ; écart‐type = 0,003  Moyenne = 1,5% (par an) ; écart‐type = 0,005 

1,0 1,0

0,8 Discrete({};{}) 0,8 Discrete({};{})

Minimum 0,900 Minimum 0,500


Maximum 2,10 Maximum 2,50
0,6 Moyenne 1,50 0,6 Moyenne 1,50
Ecart type 0,297 Ecart type 0,495

Normal(1,5;0,3) Normal(1,5;0,5)
0,4 0,4
Minimum - 8 Minimum - 8
Maximum +8 Maximum +8
Moyenne 1,50 Moyenne 1,50
0,2 Ecart type 0,300 0,2 Ecart type 0,500

0,0 0,0
0,0

0,5

1,0

1,5

2,0

2,5

3,0
0,8

1,0

1,2

1,4

1,6

1,8

2,0

2,2

Figure  7  :  Comparaison  des    distributions  cumulées  des  lois  Figure  8  :  Comparaison  des    distributions  cumulées  des  lois 
normale et discrète du TCAM du PIB  normale et discrète du TCAM du PIB 

3.2.2 ‐ Résultats  

Résultats avec un écart type du taux de croissance du PIB à 0.003 

Calcul  avec  3  scénarios  probabilisés  sur  le  taux  de  Calcul  avec  5  scénarios  probabilisés  sur  le  taux  de 
croissance du PIB :  croissance  du  PIB  (moyenne  :  1,5%  /  an  :  écart‐type  : 
0,003) : 
4
TCAM  du PIB  probabilité  TCAM du PIB probabilité
1 %  25 %  0,9 % 6 % 
1,5 %  50 %  1,2 % 25 % 
 
2 %  25 %  1,5 % 38 % 
1,8 % 25 % 
2,1%  
6 % 

  Projet P1  Projet P2    Projet P1  Projet P2 

VAN‐SE non risquée  719 M €  97,5 M€  VAN‐SE non risquée 719 M €  97,5 M€ 

VAN‐SE scénarios  692 M €  93,0 M€  VAN‐SE scénarios  700 M €  94,3 M€ 

 
VAN‐SE Monte‐Carlo  699 M €  94,1 M€  VAN‐SE Monte‐Carlo 699 M €  94,1 M€ 

4
Taux de croissance annuel moyen

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 24 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Résultats avec un écart type du taux de croissance du PIB à 0.005 

Calcul  avec  3  scénarios  probabilisés  sur  le  taux  de  Calcul  avec  5  scénarios  probabilisés  sur  le  taux  de 
croissance du PIB :  croissance  du  PIB  (moyenne  :  1,5%  /  an  :  écart‐type  : 
0,005) : 
TCAM du PIB  probabilité TCAM du PIB probabilité
0.8 %  25 %  0,5 % 6 % 
1,5 %  50 %  1,0 % 25 % 
 
2.2 %  25 %  1,5 % 38 % 
2,0 % 25 % 
 
2,5% 6 % 

  Projet P1  Projet P2    Projet P1  Projet P2 

VAN‐SE non risquée  719 M €  97,5 M€  VAN‐SE non risquée 719 M €  97,5 M€ 

VAN‐SE scénarios  666 M €  88,3 M€  VAN‐SE scénarios  665 M €  88,1 M€ 

 
VAN‐SE Monte‐Carlo  665 M €  88,0 M€  VAN‐SE Monte‐Carlo 665 M €  88,0 M€ 

3.2.3 ‐ Conclusion  sur  le  nombre  de  scénarios  à  partir  de  tests  sur  des  projets 
simplifiés 

Les simulations précédentes montrent qu'il est possible de calculer un équivalent certain de la VAN‐SE (ou prendre 
en compte le risque par un calcul "au numérateur" qui endogénéise le taux d’actualisation) en utilisant une loi de 
probabilité discrète du taux de croissance annuel moyen.  

Le grand avantage de cette méthode est qu'elle reflète la diversité des projets étudiés : le caractère spécifique du 
risque  est  matérialisé  par  le  terme  E (U ( X t  Ct ))   où  la  forme  des  avantages  et  leur  lien  avec  le  PIB  sont 
particuliers au projet. 

Ce  calcul  peut  se  faire  avec  un  nombre  réduit  de  réalisations  des  trends  de  croissance  :  3  ou  5.  Ces  calculs 
apparaissent faisables sur des maquettes de projets et fournissent une erreur faible (notamment avec 5 scénarios) 
par  rapport  à  un  calcul  "pur"  avec  des  tirages  de  Monte  Carlo  plus  complets  (effectués  ci‐dessus  sur  une  Loi 
Normale). 

Les calculs ci‐dessus ont été effectués en considérant que la source de risques est le trend de croissance sur longue 
période.  Ceci  est  cohérent  avec  les  durées  d'actualisation  longues  (30  à  50  ans)  qui  caractérisent  les  projets  de 
transports. Certes, on pourrait arguer que cette formulation en tendance ne reflète pas les situations de chocs de 
court terme (1 à 5 ans) au cours de la durée de vie du projet, et notamment le début de sa période d'actualisation, 
mais il faut garder à l'esprit que, pour des périodes d'actualisation aussi longues, c'est la tendance qui compte, et 
non pas tant les fluctuations autour de la tendance.  

Ceci dit, des tests sur des projets de durée de vie plus courte avec des chocs de court terme sur la croissance sont 
envisageables. De même, il n'a pas été fait de tests sur l'impact d'autres trends macro‐économiques, tels que les 
prix relatifs ou les comportements de mobilité.  

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 25 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

3.2.4 ‐ Tests complémentaires avec 3 ou 5 scénarios sur des vrais projets 

Cette partie approfondit le choix du nombre de scénarios en utilisant 3 ou 5 scénarios. La méthode de Monte‐Carlo 
n’est  pas  appliquée  ici  pour  des  raisons  de  temps  de  calcul,  les  modèles  de  trafic  n’étant  pas  simplifiés.  Dans  la 
suite  de  cette  partie,  quatre  projets  routiers  réels  anonymisés  présentés  en  annexe  1  sont  utilisés.  Pour  chacun 
d’entre eux, la méthode par scénarios est appliquée, avec trois puis cinq scénarios.  

La comparaison des deux approches montre que l’amélioration de la précision des résultats n’est pas justifiée par 
l’augmentation substantielle des temps de calcul.  

Scénarios 

La première combinaison de scénarios est composée :  
 un scénario central de croissance de 1,5% par an du PIB ; 
 un scénario de crise de baisse du PIB de 2% par an pendant 10 ans, puis hausse du PIB de 0,5%  par an ; 
 un scénario de reprise de hausse du PIB de 2,5% par an. 
 

La probabilité des scénarios est la suivante :  
 
Scénario  Probabilité 
Crise  20% 
Central  50% 
Reprise  30% 

 
La  deuxième  combinaison  de  scénarios  est  composée  des  3  scénarios  précédents  complétés  de  deux  scénarios 
moyens : 

 le scénario "bas" de croissance de 1% par an du PIB ; 

 le scénario "haut" de croissance de 2% par an du PIB. 

Afin de conserver la moyenne et l’écart type de la distribution de scénarios précédente, la probabilité des scénarios 
est la suivante : 
Scénario  Probabilité 
Crise  17.20% 
Bas  17.50% 
Central  18.80% 
Haut  23.30% 
Reprise  23.20% 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 26 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

R é s u l t a t s   d e s   t e s t s   s u r   d e s   p r o j e t s   r o u t i e r s 5 

Les  graphiques  ci‐dessous  donnent  la  distribution  des  VAN‐SE  pour  les  quatre  projets  considérés  dans  le  cas  où 
cinq scénarios sont pris en compte. 
Tableau 3 : distributions des VAN des projets routiers testés
 

   

Le  tableau  suivant  montre  que  les  VAN‐SE  calculées  sur  la  base  de  cinq  scénarios  sont  très  proches  de  celles 
obtenues par le calcul avec trois scénarios. 
Tableau 4 : Différence relative des VAN-SE risquées obtenues avec 5 scénarios et 3 scénarios
P1  P2  Déviation 1  Déviation 2 

‐0.56 %  ‐0.01 %  ‐2.7 %  ‐0.4 % 

Sur  les  quatre  projets  routiers  testés,  la  différence  de  résultats  avec  3  ou  5  scénarios  est  inférieure  à  5  %. 
L’utilisation de 3 scénarios semble donc suffisante.  

3.3 ‐ Sensibilité des résultats aux scénarios choisis et au coefficient 
d’aversion au risque 
Les scénarios sont caractérisés et différenciés les uns des autres par les tendances de long terme portant sur le PIB. 
D’autres facteurs de risque systémiques, jouant significativement à la fois sur les effets du projet et le PIB, peuvent 
également être utilisés dans ces scénarios (c’est notamment le cas du prix de l’énergie).  

5 NB : les échelles ne sont pas les mêmes sur les 4 graphiques ci-dessous.

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 27 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

S’il apparaît, dans la description des risques, que certains risques systémiques peuvent affecter significativement 
certains  facteurs  (corrélés  au  PIB)  ou  certaines  sous‐périodes  de  la  période  de  projection,  les  scénarios  macro‐
économiques peuvent alors se différencier plus fortement sur ces facteurs ou ces sous‐périodes. 

Tests sur des scénarios probabilisés du PIB incluant des scénarios de "rupture" de 
moyen terme 

On note que les scénarios de PIB utilisés ci‐dessous comportent des "ruptures" significatives, ce qui peut avoir deux 
effets :  

 sortir  du  domaine  d'application  des  développements  limités  utilisés  pour  l'application  des  formules 

 e  

approchées  de  (C 0 + VAN équivalente )1 γ  (C 0 )1 γ = δ t
E (C t + X t )1 γ  (C t )1 γ   présentées  en 
t=1
partie 1.3 ‐ Formules de calcul de l’équivalent certain de la VAN‐SE, simplifications possibles et hypothèses 
sous‐jacentes ; 

 rendre l'application des élasticités hasardeuses. 

Par  ailleurs  les  variations  brutales  de  PIB  ont  des  conséquences  sur  les  comportements  et  les  anticipations  des 
agents que les modèles de trafic ne sont pas conçus pour pouvoir représenter. 

Scénarios extrêmes

Les  scénarios  de  PIB  présentent  un  taux  de  croissance  annuel  moyen  du  PIB  qui  varie  dans  le  temps,  incluant 
notamment des scénarios de récession de moyen terme (selon les cas, 5 ou 10 ans). L'ajout de ces scénarios est 
destiné  à  illustrer  l'effet  de  fluctuations  du  PIB  sur  des  périodes  inférieures  à  50  ans,  en  plus  de  l'effet  de 
l'incertitude sur la tendance du PIB sur 50 ans. Aussi, les scénarios avec fluctuations de PIB infra‐période de 50 ans 
conservent‐ils une tendance moyenne égale au scénario central (soit 1,5 % pan), ce qui suppose donc une forme de 
rattrapage (cela s'est d’ailleurs observé dans l’histoire). Le scénario le plus extrême  ci‐dessous correspond à une 
baisse du PIB de 5 % par an pendant 10 ans, sa probabilité est de 2 %.  

Scénarios probabilisés du PIB variant dans le temps

Les scénarios de PIB testés présentent des taux de croissance annuel moyen du PIB varie dans le temps. Les TCAM 
du PIB sont présentés pour chaque scénario dans le tableau ci‐dessous : 
SCENARIO  SCENARIO  SCENARIO  SCENARIO  SCENARIO  SCENARIO  SCENARIO  SCENARIO  SCENARIO 
PIB ‐ TCAM 
1  2  3  4  5  6  7  8  9 
Probabilité  6%  24%  36%  24%  6%  1%  1%  1%  1% 

Quinquennat                 

1  0,50 %  1,00 %  1,50 %  2,00 %  2,50 %  ‐2,50 %  ‐5,00 %  0,00 %  1,50 % 

2  0,50 %  1,00 %  1,50 %  2,00 %  2,50 %  ‐2,50 %  1,85 %  0,00 %  1,50 % 

3  0,50 %  1,00 %  1,50 %  2,00 %  2,50 %  1,95 %  1,85 %  0,00 %  1,50 % 

4  0,50 %  1,00 %  1,50 %  2,00 %  2,50 %  1,95 %  1,85 %  0,00 %  1,50 % 

5  0,50 %  1,00 %  1,50 %  2,00 %  2,50 %  1,95 %  1,85 %  0,00 %  ‐5,00 % 

6  0,50 %  1,00 %  1,50 %  2,00 %  2,50 %  1,95 %  1,85 %  2,00 %  1,95 % 

7  0,50 %  1,00 %  1,50 %  2,00 %  2,50 %  1,95 %  1,85 %  2,00 %  1,95 % 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 28 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

SCENARIO  SCENARIO  SCENARIO  SCENARIO  SCENARIO  SCENARIO  SCENARIO  SCENARIO  SCENARIO 


PIB ‐ TCAM 
1  2  3  4  5  6  7  8  9 

8  0,50 %  1,00 %  1,50 %  2,00 %  2,50 %  1,95 %  1,85 %  2,00 %  1,95 % 

9  0,50 %  1,00 %  1,50 %  2,00 %  2,50 %  1,95 %  1,85 %  2,00 %  1,95 % 

10  0,50 %  1,00 %  1,50 %  2,00 %  2,50 %  1,95 %  1,85 %  2,00 %  1,95 % 

>10  0,50 %  1,00 %  1,50 %  2,00 %  2,50 %  1,95 %  1,85 %  2,00 %  1,95 % 

PIB en base 100 en 2015

350

300
SCENARIO 1
SCENARIO 2
250
SCENARIO 3
SCENARIO 4
200 SCENARIO 5
SCENARIO 6
SCENARIO 7
150
SCENARIO 8
SCENARIO 9
100

50
2015 2020 2025 2030 2035 2040 2045 2050 2055 2060 2065

Figure 9 : scénarios de PIB 

Résultats 

Pour le projet 1, on obtient les résultats suivants : 
Tableau 5 : VAN-SE des projets sous différents scénarios et différentes méthodes de prise en compte du risque
Scénarios variant dans 
P1  Sigma = 0.003  Sigma = 0.005  Scénarios extrême   le temps  

VAN‐SE non risquée  719 M €  719 M €  719 M€  719 M€ 

VAN‐SE scénarios  692 M €  666 M €  632 M€  628 M€ 

VAN‐SE Monte‐Carlo  699 M €  665 M €  ‐  ‐ 

NB : Afin de conserver une comparabilité des résultats, la moyenne de la distribution des TCAM du PIB est de 1.5%. 

Le calcul en équivalent certain correspond à un taux d'actualisation équivalent de : 

 4,42 % pour les scénarios extrêmes ; 

 4,43 % pour les scénarios variant dans le temps. 

Les résultats sur le projet 1 montrent que l’impact de la prise en compte du risque macro‐économique sur la valeur 
de  l’équivalent  certain  de  la  VAN‐SE  dépend  principalement  de  l’écart  type  des  scénarios  choisis.  Plus  cet  écart 
type est important, plus la VAN‐SE prenant en compte le risque sera faible. Cet effet est intuitif : plus on suppose 
que le futur est risqué plus la une prime de risque sera importante.  

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 29 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Afin  de  comparer  des  projets  entre  eux,  il  est  nécessaire  que  les  comparaisons  soient  effectuées  à  moyenne  et 
écart type du taux de croissance du PIB identiques. 

3.4 - Tests sur la périodicité des tirages sur un modèle simplifié à deux
périodes et à élasticité trafic / PIB forfaitaire
L'objet de cette partie est de tester, sur des scénarios de PIB simplifiés à l'extrême, le fait que l'on retrouve des 
"primes  de  risques  équivalentes"  relativement  faibles,  y  compris  en  considérant  des  scénarios  de  PIB  contrastés 
entre sous‐périodes. 

On  simplifie  alors  le  projet  à  l'extrême,  en  gardant  2  sous‐périodes  de  25  ans,  donc  avec  2  bifurcations  des 
scénarios macro‐économiques, l’une en 2012 et l'autre en 2037. 

On a ainsi le schéma suivant : 

TCAM 2037‐2062
TCAM 2012‐2037
Scénario 1 
+1,5 % 

+1,5  %  Scénario 2 
‐1,5 %

+1,5 % Scénario 3 

‐1,5 % 
‐1,5 % Scénario 4 
 
Figure 10 : scénarios de PIB en deux périodes 

Le projet est "normalisé", un coût d'investissement de 100 000 Euros, et des avantages nets la première année de 
4 000 Euros. La VAN du projet (au taux de 4%, sans risque, avec un TCAM du PIB de 1,5 % par an) est de l'ordre 9 
500 Euros. 

Les  résultats  obtenus  sont  du  même  ordre  de  grandeur que  précédemment,  le  taux  d'actualisation  équivalent 
intégrant le risque macroéconomique lié aux scénarios ci‐dessus, est de 4,4 % 

NB : avec une élasticité avantages / PIB de 1 (au lieu de 2) le taux d'actualisation équivalent est de 4,25 %. 

En conclusion, il apparaît que, si l'on reste dans un cadre où le risque porte sur la tendance de la croissance (ce qui 
apparaît  légitime  pour  des  projets  de  transports  qui  s'analysent  à  moyen  terme),  les  "primes  de  risques" 
équivalentes sont relativement faibles (de l'ordre de 0,4 %) ; le fait de rajouter des scénarios de PIB plus heurtés ne 
modifie pas fondamentalement cet ordre de grandeur, sauf à considérer que l'incertitude sur le PIB devienne de 
nature chaotique6. 

6
cf. approche de Barrow citée dans le rapport Gollier : risque de baisse de PIB de 50 % chaque année, de probabilité de 2 %

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 30 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

3.5 ‐ Sensibilité des résultats à l’horizon d’évaluation 
Les  tests  ci‐dessous  présentent  la  sensibilité  des  calculs  avec  prise  en  compte  du  risque  à  l’horizon  d’évaluation 
choisi. Globalement, plus le projet est risqué, moins il est sensible à une variation d’horizon d’évaluation car le taux 
d’actualisation sous‐jacent sera d’autant plus élevé que le projet est sensible au risque macro‐économique. 

Si l’horizon d’évaluation choisi est 2140, les scénarios doivent donc être prolongés jusqu’en 2140. Ceci suppose de 
réaliser une affectation de trafic à cet horizon ou d’utiliser une élasticité du trafic au PIB de 2070 à 2140 afin de 
connaître les avantages jusqu’en 2140. 

Horizon 2070 
VAN, M€  ASP autoroute  Déviation locale  Déviation 
transit 
VAN‐SE formule complète  2 043  180  326 

VAN‐SE en scénario central 
2 134  158  366 
actualisée à 4 %, 

VAN risquée/VAN non 
96%  114%  89% 
risquée 

Horizon 2140 
VAN, M€  ASP autoroute  Déviation locale  Déviation 
transit 
VAN‐SE formule complète  4 148  270  630 

VAN‐SE  en  scénario  central 


4 580  227  682 
actualisée à 4 %, 

VAN  risquée/VAN  non 


91%  119%  92% 
risquée 

3.6 ‐ Test  de  la  formule  complète  vs.  formule  simplifiée  par 


développement limités 
Dans  cette  partie,  on  teste  sur  des  projets  routiers  et  leurs  variantes  la  validité  du  calcul  au  numérateur  par 
développements limités. 

3.6.1 ‐ Formule de base 

La valeur actualisée nette est définie par l’équation suivante qui égalise l’utilité du gain certain équivalent pour la 
collectivité avec l’espérance d’un gain incertain : 

 e 

U(C0 + VAN équivalente )  U(C0 ) = δ t
E U(Ct + X t )  U(Ct )         (1) 
t=1

 
 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 31 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

3.6.2 ‐ Formule approchée par développements limités 

Comme présenté en partie 1.3.2 ‐Calcul de l’équivalent certain : formule approchée par développements limités et 
effets sur l’actualisation, avec des développements limités ( VAN équivalente << C0 et Xt  << Ct    et en notant que pour 
chaque  scénario  i  de  PIB,  le  niveau  de  PIB  à  l’année  t  est :  C i t  C0 e (   i ) t  ;  l’équivalent  certain  de  la  VAN 
approché par développements limité est : 


 X 
VAN équivalente,approchée =  e ( δ  ) t E   t t                (2) 
t=1 e 

3.6.3 ‐ Comparaison des résultats avec la formule de base et la formule approchée 

Nota :  Les  cases  à  fond  orange  dans  les  tableaux  suivants  correspondent  à  des  cas  où  la  VAN‐SE  en  scénario  de 
stagnation est négative. 

Tests sur des projets routiers 
Tableau 6 : Erreur relative de la méthode approchée au numérateur par rapport au calcul direct d’équivalent certain :

(2)  (1) Cas de  Elasticité  Variante  Variante  Variante  Variante scénario de 


erreur =  
(1) base  de 1  concédée  longue   courte   référence  

projet 1  ‐3.14%  ‐3.08%    ‐29.87%  ‐13.72%   

projet 2  11.56%    11.49%  15.74%  10.01%   

déviation 1  3.62%  4.47%      2.52%  2.66% 

déviation 2  1.34%      ‐1.57%  2.36%   

L’erreur relative du calcul approché par rapport au calcul sans approximation est, sur 13 des 15 projets et variantes 
de projets testés, inférieure à 15%. 

Tests sur des projets ferroviaires 
Tableau 7 : Erreur relative de la méthode approchée au numérateur par rapport au calcul direct d’équivalent certain :

Modernisation de 
RER  IPCS 
  ligne 

(2)  (1) ‐1.5 %  0.83 %  ‐1.17 % 


erreur =  
(1)

La formule approchée semble donner une bonne approximation de l’équivalent certain de la VAN‐SE d’un  projet 
(environ 10 % de variation), mais l’approximation est d’autant plus mauvaise que la sensibilité du projet au PIB est 
grande (l’approximation a tendance à sous‐estimer l’équivalent certain donc à surestimer le risque). 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 32 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

4 - Les méthodes des bêtas 
Cette  partie  revient  sur  l’application  de  la  formule  des  bêtas.  Les  hypothèses  sous  jacentes  et  le  calibrage  des 
paramètres  utilisés  dans  cette  approche  ne  sont  pas  discutés  ici.  Le  bêta  peut  être  soit  déterminée  partir  de  la 
typologie  du  projet  soit  calculé  sur  le  projet.  La  validité  de  l’approche  par  type  de  projet  est  testée  dans  cette 
partie sur des projets routiers et ferroviaires. 

4.1 - Méthodes de calcul du bêta


La méthode des bêtas, consistant à augmenter le taux d’actualisation par une prime de risque spécifique au projet, 
est équivalente à la méthode par scénarios.  

Elle consiste à déterminer le bêta traduisant la corrélation entre les avantages annuels du projet et le PIB, pour en 
déduire la prime de risque β φ propre au projet, et à calculer la VAN‐SE avec un taux d’actualisation augmenté de 
cette prime de risque : 

 

VAN  SE équivalent certain   e  't E ( X t )  avec   '  r      C   2 C2   C2   
1
t t 0 2

E( X t )
Soit  VAN   1  r   
t
t T
 avec  

1
r    C   2 C2  et     C2  
2

Avec : 
 δ: préférence pure pour le présent ; 
 µC : moyenne de la distribution du taux de croissance annuel du PIB ; 
 σC : écart type de la distribution du taux de croissance annuel du PIB ; 
 γ: coefficient d’aversion au risque de la collectivité. 

Ce  modèle  suppose  une  élasticité  constante  β  et  ce  système  d’’actualisation  est  basé  sur  une  hypothèse 
d'évolution des avantages du projet et du PIB selon des mouvements browniens géométriques corrélé (cf. partie 
1.3.4 ‐Calcul de l’équivalent certain par la méthode des bêtas : formule approchée et hypothèses ). 

4.2 - Application pratique


Les bêtas, traduisant la corrélation entre les avantages annuels du projet et le PIB, varient selon chaque projet. Le 
rapport Quinet propose des valeurs de référence, qui varient selon le mode et le type d’avantage : 
 les coûts de construction sont actualisés avec un bêta fixé par défaut à 0,4 ; 
 les avantages de CO2 sont actualisés avec un bêta de 1 ; 
 les autres avantages sont actualisés avec les bêtas par mode suivants : 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 33 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Tableau 8 : bêtas par mode (source : rapport Quinet)


mode  bêta 

Voyageurs urbains  1.1 

Voyageurs régionaux   1.2 

Voyageurs longue distance   1.7 

Ferroviaire fret  1.4 

Conditions d’utilisation des bêtas par mode 
Ces  bêtas  ont  été  calculés  à  partir  de  calcul  de  l’élasticité  des  trafics  par  mode  au  PIB,  sur  la  base  de  séries 
temporelles agrégées. Les bêtas ainsi calculés ne reflètent donc pas la variabilité des élasticités des trafics au PIB 
par section. De même, ils ne prennent pas en compte les spécificités régionales des projets. De plus, les hypothèses 
suivantes ont été faites pour déduire des bêtas à partir des élasticités trafic/PIB : 
‐ les gains de temps forment la majorité des gains du projet ; 
‐ le modèle de trafic est peu sensible au temps ; 
‐ l’élasticité  demande/PIB du  projet  est cohérente avec les  élasticités  tirées des indices de trafic (rappelées ci‐
dessous):  
Mode  Elasticité trafic/PIB (source : tome 2 du rapport Quinet) 

Voyageurs urbains  0.4 (0,3 pour l’élasticité de long terme entre trafic de transport collectif urbain et PIB par tête, 
0,5 pour l’élasticité à court terme). 
Voyageurs régionaux   0.5 pour l’élasticité de long terme et à court terme entre trafic TER et PIB par tête. 

Voyageurs longue distance   1 (1,2 pour l’élasticité de long terme et de court terme entre trafic et PIB par tête pour les 
infrastructures interurbaines de type autoroutières ; 0,7 pour l’élasticité de long terme et de 
court terme entre trafic et PIB par tête pour les infrastructures interurbaines non autoroutières ; 
0,5 pour l’élasticité de long terme et de court terme entre trafic et PIB par tête pour les 
infrastructures routières urbaines) 

Ferroviaire fret  1 (entre 0,5 et 1) 

Le  bêta  par  mode  ci‐dessus  est  la  somme  de  l’élasticité  trafic/PIB  par  mode  et  de  0.7  (élasticité  de  la  valeur  du 
temps au PIB) : ceci suppose que les avantages sont proportionnels au trafic annuel déterminé par une élasticité 
déterministe au PIB, et à la valeur du temps. 

4.3 - Calcul du bêta par projet par calcul d’élasticité


Le  bêta  est  calculé  ici  avec  les  50  couples  (avantage,  PIB)  du  scénario  central.  Le  bêta  est  calculé  de  la  façon 
 X cov(ln X t , ln Ct )
suivante :  ln( X )  a0   ln(C )  ou     . 
C var(lnCt )

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 34 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Tests sur des projets routiers 
Tableau 9 : calcul des bêtas de différents projets
bêtas   Cas de base  Elasticité  Variante  Variante  Variante  Variante scénario 
de 1  concédée  longue   courte   de référence  

projet 1  2.63 0.59 ‐ 5.11 3.18   ‐ 


projet 2  2.86  ‐  2.28 3.17 2.06   ‐ 
déviation 1  2.11 3.16 ‐  ‐  3.4  3.77
déviation 2  2.56  ‐  ‐ 0.9 0.9   ‐ 

Les bêtas des projets et variantes testés sont regroupés autour de 2, et compris entre 0.59 et 3.77 ; ce qui montre 
la variabilité des élasticités des avantages des projets aux variations de PIB, même par type de projets proches. 

1
Les  taux  d’actualisation  résultant  sont  calculés  à  partir  de  la  formule :   '    C   2 C2   C2   et  avec 
2
σ²=0.002. 
Tableau 10 : Taux d'actualisation "paramétrés" de différents projets
taux d'actualisation  Cas de  Elasticité  Variante  Variante  Variante  Variante 
avec σ²=0.002  base  de 1  concédée  longue   courte   scénario de 
référence  
projet 1  4.65 %  3.83 %  ‐ 5.64 % 4.87 %   ‐ 
projet 2  4.74 %   ‐  4.51 % 4.87 % 4.42 %   ‐ 
déviation 1  4.45 %  4.86 %  ‐  ‐  4.96 %  5.11 %
déviation 2  4.63 %   ‐  ‐ 3.96 % 3.96 %   ‐ 

Tests sur des projets ferroviaires 
Tableau 11 : calculs avec prise en compte du risque pour des projets ferroviaires

Modernisation de 
RER  IPCS 
  ligne 

0.58  0.66  0.94 


bêtas 
taux d'actualisation avec σ²=0.002 et 
1 3.83 %  3.86 %  3.60 % 
 '    C   2 C2   C2  
2

9 M€  −12.6 M€  4.5 M€ 


VAN équivalent certain 
‐0.39 M€  ‐9 M€  4.7 M€ 
VAN‐SE 4% 

4.4 ‐ Calcul du bêta équivalent déduit de la méthode des scénarios  
Pour  comparaison  entre  l’approche  par  le  bêta  et  la  formule  « à  la  racine »  dans  laquelle  le  taux  d’actualisation 
risqué  est  endogène,  on  définit  un  « taux  d’actualisation  équivalent  (tenant  compte  du  risque)  α’  à  l’aide  de  la 
formule suivante : 

 

VAN  SE équivalent certain   e  't X t  
t t0

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 35 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Il s’agit du taux d’actualisation qui, appliqué aux avantages du projet en scénario central, permet de retrouver la 
VAN‐SE avec prise en compte du risque par la méthode de base : 

 e 

U(C0 + VAN équivalente )  U(C0 ) = δ t
E U(Ct + X t )  U(Ct )  
t=1

Par  définition,  cette  approche  est  donc  absolument  équivalente  à  la  méthode  dite  des  scénarios  mais  peut 
toutefois fournir un éclairage à un public de culture plus financière. Globalement, si le taux équivalent est inférieur 
à 4%, le projet est peu risqué et plus il est fort, plus le projet est sensible au risque macro‐économique.  

Avec les projets précédents, on obtient les taux suivants : 
Tableau 12 : taux d'actualisation équivalents des projets testés

P1  P2  Déviation 1  Déviation 2 Modernisation 


  RER  IPCS 
de ligne 
Taux d’actualisation 
équivalent, formule «  de  3.8 %  5.24 %  4.87 %  4.14 %  4.10 %  3.92 %  4.37 % 
base » 

Bien que les taux d’actualisation équivalents restent autour de 4 %, la variation entre 3.8 % et 5.2 % sur les projets 
testés  illustre  bien  la  spécificité  des  projets  au  risque  macro‐économique.  De  plus,  on  n’observe  pas,  pour  les 
projets testés, de typologie de projet, que ce soit par mode ou par type de trafic (transit, local). 

4.5 ‐ Test de la formule de base vs. formule des bêtas 
Pour  comparaison  avec  le  numérateur  sur  les  variantes  « cas  de  base »  des  4  projets,  on  utilise  le  « taux 
d’actualisation équivalent (tenant compte du risque) α’ défini dans la partie précédente. 

Ce taux est comparé dans le tableau ci‐dessous au taux d’actualisation résultant du calcul du bêta du projet et de 
l’application  de  la  formule   '    C  1  2 C2   C2 ,  basée  sur  des  hypothèses  de  mouvements  browniens 
2
géométriques du PIB et d‘élasticité constante des avantages du projet au PIB. 
Tableau 13 : taux d'actualisation des projets incluant la prise en compte du risque macro-économique de façon spécifique au
projet et paramétrée

P1  P2  Déviation 1  Déviation 2 Modernisation 


  RER  IPCS 
de ligne 
taux d'actualisation avec 
4.65 %  4.74 %  4.45 %  4.63 %  3.83 %  3.86 %  3.60 % 
σ²=0.002 et bêta 

Taux d’actualisation 
équivalent, formule «  de  3.8 %  5.24 %  4.87 %  4.14 %  4.10 %  3.92 %  4.37 % 
base » 

La méthode du bêta, même avec des bêtas différenciés par projet (et relativement élevés) semble « uniformiser » 
la sensibilité de la VAN‐SE au risque en fonction des projets. De plus, le sens de variation entre taux d’actualisation 
équivalent et taux d’actualisation calculé avec les bêtas n’est pas toujours le même : pour certains projets le risque 
semble sous estimé avec les bêtas, et pour d’autres il semble surestimé. Ces deux effets sont principalement dus à 
l’utilisation d’élasticités avantages/PIB à la place d’un calcul explicite.  

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 36 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

 
Tableau 14 : Erreur relative de la méthode du dénominateur avec bêta spécifique au projet par rapport au calcul direct
d’équivalent certain :
(3)  (1) Cas de  Elasticité  Variante  Variante  Variante  Variante 
erreur =   base  de 1  concédée  longue   courte   scénario de 
(1)
référence  
projet 1 
‐25.24 %  ‐5.71 %    510.55 %  ‐29.91 %   
projet 2 
‐19.49 %    1.15 %  ‐35.03 %  ‐5.19 %   
déviation 1 
‐14.06 %  ‐39.00 %      ‐36.84 %  ‐45.40 % 
déviation 2 
‐15.65 %      30.66 %  1.04 %   
RER 
‐14 %           
Modernisation de 
ligne  ‐ 37 %           
IPCS7 
‐20 %           

Le test de cohérence n’est pas validé avec tous les projets car plusieurs projets ou variantes de projets présentent 
des variations entre la VAN‐SE recalculée au dénominateur et l’équivalent certain supérieures à 20 %. Il s’agit des 
projets  présentant  les  bêtas  les  plus  forts.  La  méthode  au  dénominateur  considère  que  les  projets  ont  une 
élasticité déterministe par rapport au PIB, ce qui n’est pas tout à fait le cas au vu des distributions de VAN‐SE non 
symétriques présentées en annexe 1. Le calcul simplifié au dénominateur n’est donc pas suffisant pour des projets 
présentant des risques importants et la méthode au numérateur, simplifiée ou non, permet de mieux prendre le 
risque macro‐économique en compte pour ces projets. 

5 - Seuil de prise en compte du risque : test de stress 
macro‐économique 
La VAN‐SE du projet doit être calculée en prenant en compte le risque sur l’environnement macro‐économique (dit 
risque systémique). 

Afin  d’apprécier  de  manière  grossière  si  le  projet  est  exposé,  ou  non,  au  risque  systémique  et  donc  si  les 
affinements du calcul de l’équivalent certain de a VAN‐SE sont utiles, un test de « stress » ou de sensibilité au PIB, 
fondé sur un scénario macro‐économique dégradé peut être effectué en toute première approche. 

Définition du test de stress 

La  VAN‐SE  est  calculée  en  considérant  les  avantages  dans  le  scénario  macro‐économique  tendanciel  et  un  taux 
d’actualisation sans risque de 4%. 


VAN centrale =  e (14%) t X central t  
t=1

Le  scénario  macro‐économique  stressé  se  caractérise  par  une  croissance  du  PIB  de  0  %  par  an  sur  la  durée  de 
prévision.  

7
Installation permanente de contre-sens, cf. Annexe 1 pour la présentation des projets.

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 37 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

La  VAN‐SE  est  calculée  en  considérant  les  avantages  dans  le  scénario  macro‐économique  stressé  et  un  taux 
d’actualisation sans risque de 4 %. 


VAN stress =  e (1 4%) t X stress t  
t=1

Ci‐dessous les VAN‐SE stress sont calculées avec un scénario de stagnation (0% de croissance) et comparées aux VAN 
calculées en scénario central. 

VAN  SEéquivalent certain


VAN  SEnon risquée
Ensuite, le ratio obtenu est comparé au ratio  qui indique la prime de risque du projet, afin 
VAN stress
de vérifier que le ratio 
VAN centrale  < 80 % est suffisant pour présumer du caractère risqué d’un projet. 

Les  scénarios  utilisés  pour  le  calcul  de  la  VAN‐SE  avec  prise  en  compte  du  risque  macro‐économique  consistent 
respectivement : 
 en une croissance « tendancielle » du PIB de 1,5 % par an sur la durée de l’évaluation ; 
 en une « embellie », avec un taux de croissance annuel moyen sur la durée de l’évaluation de 2,5 % ; 
 en une stagnation, avec un taux de croissance annuel moyen nul sur la durée de l’évaluation. 

Les probabilités respectives de ces scénarios sont de : 
 Tendanciel : 50 % ; 
 Embellie : 30 % ;  
 Stagnation : 20 %. 

Tests sur des projets routiers 
VAN stress
Tableau 15 : calcul de pour les projets routiers
VAN centrale
Cas de  Elasticité  Variante  Variante  Variante  Variante 
VAN stress base  de 1  concédée  longue   courte   scénario de 
 
VAN centrale référence  
projet 1 
47.49%  81.12%    VAN‐SE  VAN‐SE   
négative   négative  
projet 2 
38.67%    52.60%  13.41%  46.67%   
déviation 1 
29.49%  24.35%      VAN‐SE  VAN‐SE 
négative   négative  
déviation 2 
26.94%      27.90%  VAN‐SE   
négative  

VAN stress
Les ratios   sont mis en regard des bêtas des projets ci‐dessous afin d’évaluer la capacité de ce ratio à 
VAN centrale
discriminer les projets les moins risqués. 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 38 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Tableau 16 : calcul des bêtas moyens des projets routiers analysés


bêtas   Cas de  Elasticité  Variante  Variante  Variante  Variante 
base  de 1  concédée  longue   courte   scénario de 
référence  
projet 1  2.63 0.59  ‐ 5.11 3.18   ‐ 
projet 2  2.86  ‐  2.28 3.17 2.06   ‐ 
déviation 1  2.11 3.16  ‐  ‐  3.4  3.77
déviation 2  2.56  ‐  ‐ 0.9 0.9   ‐ 

Tests sur des projets ferroviaires 
Tableau 17 : prise en compte du risque systémique sur des projets ferroviaires

Modernisation de  IPCS 
RER 
  ligne 

VAN stress   ‐3.09  ‐18  0.9 

VAN centrale   ‐0.39  ‐9  4.7 

VAN  SE équivalent certain   9  −12.6  4.5 

VAN stress
  VAN‐SE négatives  19 % 
VAN centrale
0.58  0.66  0.94 
bêta 

VAN stress
Pour  les  projets  ferroviaires  et  routiers,  les  ratios  ne  reprennent  pas  exactement  la  sensibilité  au  PIB 
VAN centrale
représentée  ici  par  les  bêtas,  ce  qui  s’explique  par  l’asymétrie  de  la  distribution  des  VAN  par  rapport  aux 
distributions de PIB que, par définition, les bêtas ne peuvent pas représenter.  

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 39 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

6 - Conclusion 
La  méthode  générale  de  prise  en  compte  du  risque  présentée  dans  ce  rapport  est  basée  sur  le  cadre  micro‐
économique de maximisation de l’espérance de l’utilité (cadre de Von Neumann et Morgenstern). Ce cadre donne 
l’équation  générale  correspondant  à  la  méthode  dite  du  numérateur,  qui  peut  être  appliquée  sous  condition  de 
faire une hypothèse sur la forme de la fonction d’utilité, et d’avoir une loi de distribution du PIB (éventuellement 
discrétisée :  on  parle  alors  de  scénarios  probabilisés),  ainsi  que  les  avantages  annuels  correspondants  aux 
réalisations du PIB.  

A partir de cette formule générale, différentes simplifications sont possibles afin de faciliter l’application de cette 
méthode, de deux ordres, représentées dans les 2 tableaux ci‐dessous. 

Tout d’abord, la formule peut être simplifiée afin d’en faciliter l’utilisation et la lecture (cf. tableau 3) :  
 par l’utilisation de développements limités (formules approchées de la méthode au numérateur) ; 
 par  des  hypothèses  sur  les  lois  de  distribution  du  PIB  et  par  une  simplification  du  lien  entre  avantages 
annuels et PIB, résumé par une élasticité bêta : on parle alors de méthode au dénominateur ou méthode 
des bêtas. 
Tableau 18 : Présentation synthétiques des méthodes de prise en compte du risque

Méthode  Formule  Hypothèses  

  

Méthode au   
(C 0 + VAN  SE)1 γ  (C 0 )1 γ =  e δ t E (C t + X t )1 γ  (C t )1 γ
numérateur,  t=1
formule de base   
Développements limités sur 

Méthode au   X  VAN‐SE << C0 et Xt << Ct  
numérateur,  VAN  SE = e
t=1
 ( δ  ) t
E   t t   
e 
formule approchée    
Développements limités sur 
Méthode au   
 cov C t ; X t    VAN‐SE << C0, Xt << Ct et en 
.u ' E (C t ) . E ( X t )  
1
VAN  SE      
E (C t )   u’(C) 
numérateur, 
t  0  (1   )
t
formule approchée  
(rapport Gollier) 
Elasticité déterministe β 
Méthode du bêta       C    C  C  't
 1 2 2 2 
 entre les avantages du projet 
(au dénominateur)  VAN  SE  e
t t0 

 2 
X t     et le PIB, mouvements 
  browniens géométriques du 
taux de croissance du PIB 

Ensuite,  en  pratique,  le  calcul  de  la  distribution  annuelle  de  ces  avantages  peut  se  faire  par  des  simulations  de 
Monte‐Carlo sur le PIB au niveau du modèle de trafic et du calcul socio‐économique. Cependant, la complexité des 
modèles de trafic rend ce type de simulations très chronophage. Le calcul de la distribution des avantages annuels 
du projet peut être simplifié par différentes méthodes (cf. tableau 4), dont notamment : 
 l’utilisation de scénarios probabilisés du PIB (3 semble un nombre suffisant de scénarios) plutôt que d’une 
distribution continue du taux de croissance du PIB ; 
 l’utilisation des bêtas, soit la réduction du lien entre avantages annuels du projet au PIB à une élasticité, 
constante dans le temps. Le bêta peut être calculé par type de projet, mais dans ce cas, le risque spécifique 
du  projet  n’est  pas  évalué.  Il  peut  également  être  calculé  par  projet  mais  dans  ce  cas,  son  utilisation 
suppose une élasticité constante dans le temps et une distribution symétrique des avantages d’un projet 
par rapport au PIB, ce qui n’est généralement pas le cas, notamment à cause des effets réseau. 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 40 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Tableau 19 : présentation des méthodes de calcul des avantages probabilisés

Méthode de calcul de la  Principe de la méthode  Commentaires  


distribution des avantages 
annuels en fonction du PIB 

Monte‐Carlo sur le modèle de  Appliquer  des  simulations  de  Monte‐ Temps  de  calcul  (grand  nombre  de 
trafic  Carlo  aux  variables  clés  du  modèle  de  tirages du PIB) 
trafic et du calcul socio‐économique 

Monte‐Carlo sur un modèle  Raccourcir le temps de calcul par tirage  Perte  de  la  spécificité  du  projet  via  le 
de trafic simplifié  en simplifiant le modèle de trafic   modèle  de  trafic  simplifié  alors  que 
l’enjeu  de  prise  en  compte  du  risque 
est  dans  la  connaissance  du  lien  entre 
avantages et PIB. 

Monte‐Carlo sur la base de  Diminuer  le  nombre  de  tirages  avec  un  Temps de calcul fonction du nombre de 


scénarios  nombre  limité  de  couples  (avantage,  tirages  et  affinement  « artificiel »  du 
PIB)  par  an  et  en  déduire  une  relation  calcul 
entre  PIB  et  avantages  pour  le  projet 
puis  faire  des  tirages  de  Monte‐Carlo 
sur cette relation 
Connaissance  des  VAN‐SE  par  scénario 
Méthode des scénarios  Diminuer  le  nombre  de  tirages  avec  un  (lisibilité  des  résultats)  et  nombre  de 
nombre  limité  de  couples  (avantage,  tirages limité (3 ou 5) 
PIB) par an 
Pas  de  calcul  de  la  distribution  des  Perte  de  l’analyse  du  risque  spécifique 
Méthode des bêtas  avantages   du  projet  face  aux  risques  macro‐
économiques  par  la  simplification  à 
L’élasticité  des  avantages  au  PIB  est  l’extrême  du  lien  entre  avantages 
simplifiée  par  une  valeur,  pouvant  être  annuels et PIB. 
supposée  être  la  même  pour  des 
projets « de même type ».  

Au‐delà de la question du choix des méthodes pratiques de prise en compte du risque, pour lequel les hypothèses 
et  limites  des  variantes  possibles  sont  détaillées  dans  ce  rapport,  plusieurs  points  restent  à  approfondir, 
concernant  le  taux  de  croissance  du  CO2,  la  date  optimale  de  mise  en  service  et  le  choix  de  mises  en  service 
progressives dans un univers incertain.  

Le taux de croissance du CO2 n’est pas clairement défini dans le cadre du risque macro‐économique. Il s’agit de la 
question de la transposition de la règle de Hotelling en univers incertain qui n’est pas résolue. 

Enfin, une méthode basée sur des arbres de décision pourrait être développée à la fois pour le calcul de la date 
optimale  de  mise  en  service  et  pour  l’analyse  de  l’impact  de  l’étalement  dans  le  temps  des  investissements 
combiné  au  contexte  macro‐économique  incertain :  il  s’agit  notamment  de  la  question  des  mises  en  service 
progressives ou partielles. 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 41 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Bibliographie 
[1] Prise en compte du risque macro‐économique dans le calcul socio‐économique – faisabilité d’une méthode 
par scénarios, Rapport d'étude, Cerema, DTecITM, 2014. 
[2] Commissariat  Général  à  la  stratégie  et  à  la  Prospective,  2013,  L’évaluation  socio‐économique  des 
investissements publics, Rapport de la mission présidée par Emile Quinet. 
[3] Les outils d'évaluation des projets routiers – d'Ariane à TransCAD. Rapport d'études, Sétra, 2010. 
[4] La  demande  de  transport  en  2025  ‐  Projections  des  tendances  et  des  inflexions  ‐  note  de  mise  à  jour  mai 
2007, DAEI‐SESP, 2007. 
[5] Centre d’analyse stratégique, 2011, Le calcul du risque dans les investissements publics, Rapport du groupe 
de travail présidé par Christian Gollier. 
[6] Instruction  cadre  relative  aux  méthodes  d’évaluation  économique  des  grands  projets  d’infrastructures. 
Comité des directeurs transport (mis à jour en 2005), MEDDTL, 2004. 

[7] Commissariat Général du Plan, 2005, Révision du taux d'actualisation des investissements publics, Rapport 
de la mission présidée par Daniel Lebègue. 

[8] Actualisation  :  prise  en  compte  du  temps  dans  un  environnement  risqué  dans  Calcul  économique  dans  le 
processus de choix collectif des investissements de transport, Predit, Economica. Gollier C, 2007. 

[9] Déterminants économiques conjoncturels et structurels du trafic, Rapport d'études, Cerema, 2014. 

[10] Prise en compte du risque dans le calcul économique, Rapport d'études,  Sétra, 2012. 

[11] Le  calcul  du  risque  dans  les  investissements  publics,  Centre  d’Analyse  Stratégique,  Rapports  &  Documents, 
n°36, Gollier, 2011. 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 42 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Annexe 1 – présentation des projets 
Projets routiers 
Les tests sont menés sur deux projets de déviation d’agglomération, la déviation 1 et la déviation 2, ainsi que sur 
deux projets d’autoroute, le projet P1 et le projet P2 : 
 la déviation 1 est une déviation d’agglomération de 5 km ; 
 la déviation 2 est une déviation d’agglomération de 7 km ; 
 le projet 1 est une autoroute concédée comprenant 2 déviations d’agglomération, d’une longueur totale 
d’environ 90 km ; 
 le projet 2 est une autoroute non concédée de 2x2 voies présentant un fort trafic PL. 

Les  projets  routiers  testés  dans  le  cadre  de  ce  rapport  ont  été  anonymisés.  Il  s’agit  de  projets  réels  avec  des 
modèles  d’affectation  prix‐temps.  L’affectation  et  le  bilan  socio‐économique  ont  été  effectués  avec  les  modules 
Sétra8 de TransCAD. 

Projets ferroviaires 
Par  rapport  aux  simulations  en  mode  routier  une  des  grosses  difficultés  rencontrée  pour  l’application  des 
différentes méthodes de prise en compte des risques sur des projets ferroviaire est l’absence de maitrise que RFF a 
des  modèles  de  trafic.  L’ensemble  des  études  de  trafic  étant  réalisé  par  des  prestataires  externes,  il  n’a  pas  été 
possible pour la réalisation de ce travail de choisir des projets nécessitant un modèle de trafic, avec lequel il aurait 
fallu  boucler  le  bilan  socio‐économique  notamment  pour  la  méthode  au  numérateur.  Par  conséquent,  les  trois 
projets qui sont testés dans cette partie ont des trafics en référence et en projet obtenus à partir du trafic initial via 
des élasticités au PIB et/ou au gain de temps, etc. 
Les résultats présentés dans ce rapport n’ont que valeur d’illustration des méthodes. 

Projet 1 : modernisation d’une section de ligne


Nous avons récupérer le bilan d’un éclairage socio‐économique du projet de modernisation d’une section de ligne. 
Du  fait  entre  autre  du  mauvais  état  de  l’infrastructure,  cette  branche  enregistre  des  ralentissements.  Ainsi,  des 
limitations de vitesse à 60 km/h voire 40 km/h sont établies actuellement sur le tronçon. Le projet vise à permettre 
un rehaussement de la vitesse des trains sur ce secteur de sorte a ce qu’ils puissent circuler à la vitesse nominale 
de  la  ligne  (110  km/h).  Ce  projet  permet  également  d’éluder  un  certain  nombre  de  travaux  (renouvellement  de 
voie, de rails ou encore de ballast par exemple). De plus, les gains d’entretien de la ligne ont été estimes a 0,34 M€ 
par an (CE 2014) pour les 30 premières années puis à 0,23 M€ sur les 20 années suivantes. L’objectif du projet est 
ainsi de permettre le relèvement de la vitesse à 110 km/h sans modification du plan de voie. 
Les principales fonctionnalités du projet sont : 
 la modernisation de la voie unique ; 
 la réalisation de gains d’entretien via la dépose d’aiguilles neutralisées et l’armement modernisé. 
 
Il  permettrait  de  faire  gagner  15  minutes  par  rapport  à  la  situation  actuellement  dégradée  des  circulations.  Le 
périmètre des travaux représente un tronçon de 40 km environ. 

8
Pour la description de ces outils, voir [3]

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 43 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Projet 2 : amélioration de la robustesse d’une ligne de RER 
Plusieurs opérations sont à l’étude dans un objectif d’améliorer la robustesse des lignes de RER. L’analyse de risque 
a  été  appliquée  à  l’évaluation  socioéconomique  d’une  opération  « banalisation »  du  RER,  qui  a  pour  objectif 
d’apporter des solutions pour mieux gérer les situations perturbées et limiter l’impact des incidents sur le temps de 
déplacement des voyageurs. Cette opération consiste à permettre, à l’horizon 2023, la banalisation des voies entre 
deux stations, pour assurer un écoulement minimum du trafic en cas de grand incident. 
Le montant global des investissements, réalisés entre 2014 et 2022 s’élève à 13,4 M€ HT 2013. 

Projet 3 : mise en place d’Installations Permanentes de Contre‐Sens 
RFF met en place progressivement sur les grands axes une politique d’équipement en Installations Permanentes de 
Contre‐Sens (IPCS) qui permettent de faire circuler des trains dans les deux sens sur la même voie lors de périodes 
de travaux ou en cas d’incidents. Le projet d’IPCS étudié consiste à mettre en place un pas d’IPCS d’une vingtaine 
de km. Le reste de la ligne concernée  est déjà équipé en IPCS. La réalisation de ce projet  permettrait  d’éviter la 
mise en place d’ITCS dans le cadre du Renouvellement Voies Ballasts (RVB) prévu entre 2016 et 2018. 
Les méthodes d’analyse de risque ont été réalisées en respectant le cadre méthodologique de Robien. Les résultats 
présentés prennent en compte la valeur résiduelle mais pas le COFP. Ils sont en euros 2012. La mise en service se 
fait en 2017, et l’actualisation en 2016. Concernant l’évolution des trafics par rapport à la situation de référence, 
elle se fait via une élasticité au PIB. Une élasticité de 0.5 pour les voyageurs régionaux et une élasticité de 1 pour 
les voyageurs intercité ont été utilisées. 
L’évolution annuelle du PIB jusqu’en 2020 est estimée à 1.5%, date à laquelle les scenarios de PIB débutent pour la 
méthode au numérateur. 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 44 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Annexe 2 ‐ Décision et risque : utilité, aversion pour le 
risque et prime de risque 
L’aversion au risque peut être illustrée par l'exemple de la loterie : on suppose que l’on propose à un individu une 
loterie  dont  le  gain  est  égal  à  X1  avec  une  probabilité  ½  ou  X2  avec  une  probabilité  de  ½.  Si  l’on  propose  à  cet 
individu un gain certain (X1+X2) / 2 avec une probabilité égale à 1, très généralement, l’individu va préférer le gain 
certain. L’individu devrait même être disposé à accepter un gain inférieur au gain (X1+X2) / 2, dès lors que ce gain 
est certain, plutôt que la loterie initiale. 

La  formalisation  de  l’aversion  pour  le  risque  développée  ci‐dessous  (cf.  encadré)  permet  précisément 
d’appréhender  cette  notion,  et  d’estimer  le  consentement  de  l’individu  à  réduire  ses  gains  (certains)  plutôt  que 
d’affronter le risque de la loterie. Ce consentement de l’individu à réduire ses gains est défini comme la prime de 
risque qu’il est prêt à payer pour réduire le risque (ici, le réduire à zéro). 

Le  cadre  général  de  la  représentation  du  risque  dans  les  comportements  des  agents  suppose  que  les  agents 
économiques  cherchent  à  maximiser  l’espérance  de  l’utilité  retirée  de  leurs  actions  (Morgenstern  et  Von 
Neumann).  

Encadré : décision en situation de risque : formulation de Von Neumann Morgenstern 

On suppose qu’un agent doit décider entre Q actions a1,…aq,…. aQ, en situation de risque.  

Ce risque est caractérisé par N états possibles de la nature, de probabilité: p1,…. pn,… pN . 

Chaque action aq donne lieu, dans l’état de la nature n, à une utilité ou état de richesse : u (aq,n). 

Alors  le  théorème  de  Von  Neumann  –  Morgenstern    (1949)  indique  que    la  décision  de  l’agent  consiste  à 
choisir l’action qui maximise l’espérance de son utilité : 

Max {aq} Σn pn u(aq,n) 

On considère maintenant un agent caractérisé par un niveau de bien être X, lui même soumis à des aléas de loi de 
probabilité de densité f (X). On note E (X) l’espérance de l’utilité selon cette loi de probabilité. L’aversion pour le 
risque caractérise le fait que les agents préfèrent généralement, comme indiqué plus haut, un bien‐être certain au 
même bien‐être risqué. L’aversion pour le risque peut être illustrée à partir du schéma ci‐dessous. 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 45 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

On représente l'utilité liée au gain X, qui est égal à X1 avec une probabilité ½ ou X2 avec une probabilité de ½. 
u(E(X)) est donc égal à u1 avec une probabilité ½ ou u2 avec une probabilité de ½. On a : E(u(X))=1/2.(u1+u2). 

Avec  une  fonction  d’utilité  concave  (i.e.  l’utilité  marginale  décroît  avec  le  niveau  de  bien‐être  ou  de 
consommation) on a donc : E(u(X))<u(E(X)).  

utilité
u2
u(E(X))
E(u(X))=u(e)
u1

X1 e E(X) X2 gains

On  peut  exprimer  cet  écart  entre  l’espérance  de  l’utilité  et  l’utilité  de  l’espérance  en  introduisant  la  notion 
d’équivalent certain et de prime de risque. 

L'équivalent certain des gains X est le niveau de bien‐être e tel que l'espérance de l'utilité des gains X est égale à 
l'utilité de l'équivalent certain, soit u(e)=E(u(X)). 

On  a,  en  général,  avec  une  fonction  d’utilité  concave :  e  <  E(X) :  l’équivalent‐certain  du  bien‐être  est  inférieur  à 
l’espérance  de  bien‐être :  on  retrouve  bien  l’intuition  selon  laquelle  un  individu  préfère  un  niveau  de  bien‐être 
certain plus faible que l’espérance d’un niveau de bien être incertain. 

La  différence  entre  l’espérance  du  bien‐être  et  l’équivalent‐certain  de  ce  bien‐être  s’interprète  comme  le 
consentement à payer d’un agent pour disposer d’une certitude sur son niveau de bien‐être. On désigne alors cette 
différence par la prime de risque. 

Dans l’expression ci‐dessus, si l’on note Π la prime de risque, elle est déterminée comme suit :  

E[u  X ]  u (e)  u[ E ( X )   ]  

L’aversion  pour  le  risque  d’un  individu  est  étroitement  liée  à  la  forme  de  sa  fonction  d’utilité :  plus  celle‐ci  sera 
concave, plus il présentera une aversion élevée au risque. On définit alors l'aversion relative au risque au niveau de 
bien‐être X pour l’individu considéré comme : 

 E ( X ).u' ' ( X )
 . 
u' ( X )

En situation de neutralité face au risque,  γ=0.  

Les  individus  se  caractérisent  par  des  aversions  pour  le  risque  qui  leur  sont  spécifiques  (et  sont  également 
spécifiques au niveau de « gain » ‐ donc de consommation ou de richesse auquel on s’intéresse). 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 46 – novembre 2015


Méthodes de prise en compte du risque dans le calcul socio‐économique –  rapport d’étude 

Ceci est vrai déjà pour des aléas caractérisés par des probabilités objectives. 

Mais,  au‐delà,  les  individus  se  construisent  une  représentation  subjective  des  probabilités  réelles.  De  nombreux 
travaux ont porté sur la perception des risques par les individus, et notamment des risques de faible probabilité : 
on  constate  souvent  que  les  événements  de  faible  probabilité  voient  leur  probabilité  sous‐estimée  par  les 
individus.  

On parle  d’ambiguïté lorsque la loi de probabilité est subjective, c’est‐à‐dire qu’elle est estimée par l’individu selon 
ses  croyances,  qu’il  ait  ou  non  des  informations  sur  la  distribution  objective  et  la  nature  de  l’espace  des 
probabilités 

Les agents préfèrent également connaître les probabilités de la situation risquée dans laquelle ils prennent leurs 
décisions,  plutôt  que  de  rester  dans  l’ignorance  de  leur  valeur  objective  c’est‐à‐dire  en  situation  d’incertitude. 
Cette situation correspond à une aversion pour l’ambiguïté.  

Il existe des différences entre les mesures individuelles et collectives de l’aversion au risque. En général, le groupe 
a une capacité à supporter les risques qui est supérieure à celle d’un individu isolé. Ceci tend à modérer l’aversion 
collective pour le risque. D'un autre côté, la pression sociale peut conduire les individus à se conformer à certaines 
normes de comportement, conduisant alors à un alignement sur l’aversion la plus répandue ou celle des "leaders" 
du comportement. 

La collectivité reste tout de même averse au risque. Cette aversion au risque justifie l’incorporation de primes de 
risque dans l’évaluation des projets publics. 

Plusieurs  méthodes  existent  pour  calculer  l'aversion  au  risque  de  la  collectivité,  de  nombreux  travaux  ayant  été 
effectués.  Les  méthodes  de  calcul  de  l'aversion  pour  le  risque  sont  basées  soit  sur  les  préférences  individuelles, 
auquel cas elles doivent être corrigées pour être applicables à un risque pour la collectivité sur la richesse, soit sur 
la demande sur des biens tels que l'alimentation, considérés comme ayant une valeur collective marquée, soir sur 
des  préférences  révélées  par  les  gouvernements  au  travers  de  leurs  choix.  Les  valeurs  trouvées  se  situent  en 
général entre γ = 0,5 à 3,5. 

Dans la suite de ce rapport, on supposera connue l'aversion pour le risque de la collectivité pour son bien‐être. On 
supposera également, pour simplifier, que le bien‐être s’exprime de façon univoque dans un indicateur monétarisé 
(par exemple, la consommation finale des ménages ou le PIB). 

« Les rapports » Cerema-DTecITM – 47 – novembre 2015


Résumé 

Dans  le  cadre  des  travaux  de  la  Commission  présidée  par  le  professeur  Emile  Quinet  sur  l’évaluation  socio‐
économique  des  projets,  l’accent  a  été  mis  sur  le  besoin  de  mieux  prendre  en  compte  le  risque  dit
« systémique »  dans  l’évaluation  des  projets.  Ce  risque  systémique  traduit,  schématiquement,  la  corrélation
entre les bénéfices attendus du projet, et la richesse nationale (PIB).  

Le rapport de la Commission Quinet a, en particulier insisté, sur le besoin de prendre en compte le caractère
 
spécifique  au  projet  considéré,  du  risque  systémique.  De  nombreux  tests  ont  été  menés,  sur  beaucoup  de
méthodes  différentes,  lors  des  travaux  du  groupe  Quinet  et  par  la  suite,  en  2014.  Ce  rapport  vise  à  les
documenter de façon organisée et pédagogique et fournit donc deux fonctions:  

 permettre  à  un  chargé  d'étude  de  rentrer  dans  le  sujet  de  la  prise  en  compte  du  risque  systémique  de
façon efficace ; 

 documenter l'ensemble des tests déjà réalisés et les conclusions qui peuvent en être tirées à propos des
avantages et inconvénients que posent les différentes méthodes (sur ce point, beaucoup de choses sont
encore  en  débat,  notamment  le  lien  entre  méthode  des  scénarios  et  Monte‐Carlo,  d'une  part,  et  la
question des bêtas par type de projet d'autre part, sur lequel le rapport donnera des éléments factuels
concluants. 

Il  est  important  de  souligner  que  les  travaux  présentés  dans  ce  document  sont  de  nature  essentiellement
scientifique et calculatoire. Ils n'engagent pas la position du Ministère sur la valeur du taux d'actualisation ni
plus généralement sur la méthode de prise en compte du risque dans les évaluations de projet. 

 
 

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économique des investissements publics,  Cerema, 2014, 

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d'études,  Cerema, 2015. 

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Document consultable et téléchargeable sur le site http://www.Sétra.developpement-durable.gouv.fr

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