Vous êtes sur la page 1sur 63

Pauvreté et Inégalités, politiques

de lutte contre l’exclusion


I- PAUVRETÉ : APPROCHES ET MESURE
 Réduire la pauvreté est une préoccupation majeure de
tout gouvernement cherchant à améliorer le bien-être des
citoyens.
 Les idées avancées par les recherches en matière de
pauvreté sont plus ou moins différentes, mais convergent
toutes vers l’établissement d’un cadre conceptuel
mettant en exergue la détermination des groupes
pauvres, et cherchant à dégager les principales causes
de la pauvreté afin d'établir des plans d’actions ayant
comme principal objectif d’atténuer ce phénomène
I- PAUVRETÉ : APPROCHES ET MESURE

 L’appréhension de la pauvreté, d’une manière


concise, est une tâche très compliquée, voire
impossible.
 La complexité de la pauvreté est sentie dès que
l’on cherche à la définir puis à trouver les
méthodes pour la mesurer.
 En outre, c’est un concept hétérogène,
multiforme et à caractère multidimensionnel qui
varie dans le temps et dans l’espace
I- PAUVRETÉ : APPROCHES ET MESURE
 Distinction entre pauvreté et inégalité
 La pauvreté correspond à une ou plusieurs situations
jugées comme "inacceptables" ou encore "injustes" sur
les plans économique et social , Asselin et al (2000).
 Cependant, la détermination de l'espace de référence à
considérer pour identifier ce type de situations est
problématique et est sujet à plusieurs débats.
I- PAUVRETÉ : APPROCHES ET MESURE
 La pauvreté est l'insuffisance de ressources matérielles,
comme la nourriture, l’accès à l’eau potable, les vêtements,
le logement, et des conditions de vie en général, mais
également de ressources intangibles comme l’accès à
l’éducation, l’exercice d’une activité valorisante, le respect
reçu des autres citoyens.
 La pauvreté peut toucher des personnes isolées ou des
groupes et populations entières.
 La pauvreté est généralement considérée comme un
phénomène multidimensionnel. La dimension pécuniaire
est la plus fréquemment prise en compte.
LES APPROCHES DE LA PAUVRETÉ
 Lutter contre la pauvreté implique de mesurer le phénomène et
d’en analyser les causes, pour proposer des politiques adéquates.
 La mesure de ce phénomène suggère de définir la population
pauvre et l’intensité de sa pauvreté.
 Dans la revue de littérature des mesures de la pauvreté, on
distingue deux tendances : l’approche monétaire soutenue par les
welfaristes ou utilitaristes. C'est une approche qui se base sur le
bien-être. L’approche non monétaire est soutenue par les non
welfaristes.
 Ces deux approches se distinguent l’une de l’autre par
l’importance qu’attache l’analyste à la manière dont l’individu
juge lui-même son bien-être et par la gamme de facteurs qu’elles
s’efforcent de prendre en compte.
1- L’APPROCHE MONÉTAIRE
 Cette approche place la conceptualisation du bien-être dans
l’espace de l’utilité. Elle vise à baser les comparaisons du bien-
être, ainsi que les décisions relatives à l’action publique,
uniquement sur l'utilité des individus, c'est-à-dire sur les
préférences de ces derniers (Ravallion, 1994).
 Le degré de satisfaction atteint par un individu par rapport aux
biens et services qu’il consomme est supposé définir son bien-être.
 L’utilité n’étant pas directement observable, les ressources
(revenus–dépenses) sont utilisées pour l’approximation du bien-
être, dans cette approche
1- L’APPROCHE MONÉTAIRE

 Toutefois, cette définition implique la


connaissance d’indicateurs du niveau de
satisfaction.
 Les indicateurs peuvent être choisis en termes
monétaires (il s‟agit alors de revenu ou le cas
échéant de dépense de consommation)
1- L’APPROCHE MONÉTAIRE
 Le problème qui se pose est celui de la connaissance de la
frontière monétaire (seuil) qui permet d‟établir une démarcation
entre les pauvres et les non pauvres.
 Les questions qui se posent ici :
 A partir de quel seuil un individu, ou un ménage, peut-il être
considéré comme pauvre ?
 Quel serait l‟unité d‟analyse : l‟individu ou le ménage ? ou
plutôt ne faut-il pas établir une échelle d‟équivalence
permettant la comparaison entre des ménages de tailles et de
compositions différentes ?
1- L’APPROCHE MONÉTAIRE
 Dans ce cadre, la mesure de la pauvreté s‟appuie soit sur le
revenu, soit sur la consommation, traduite en valeur monétaire. Le
référentiel de cette approche est la théorie du bien-être, elle
s‟appuie sur l‟utilisation du revenu (ou de la consommation)
comme mesure de bienêtre. Un seuil monétaire est ainsi défini en
deçà duquel un individu/ménage est considéré comme pauvre.
 Ce seuil peut être estimé soit à partir du revenu, très variable, soit
de la consommation plus stable dans temps. Il est censé déterminé
une pauvreté absolue ou une pauvreté relative.
 Cette approche monétaire est sujette à des critiques. En effet,
il est possible de classer comme pauvre un individu favorisé
matériellement mais non comblé, et inversement comme non
pauvre un individu peu favorisé mais néanmoins comblé.
2- L’APPROCHE NON MONÉTAIRE

 A l‟opposé de l‟approche monétaire qui traduit


le bien-être à travers les ressources, l‟approche
non monétaire place le bien-être dans l‟espace
des libertés et des accomplissements.
 Cette approche propose et favorise des
politiques ciblées.
2-L’APPROCHE NON MONÉTAIRE
 Les approches non monétaires ont donné lieu à
l'identification de formes spécifiques de privation de
biens et sont fréquemment utilisées dans les études sur
les pays tant développés qu‟en développement.

 Les approches non utilitaristes sont plus diverses. On


distingue deux sous-groupes : l‟approche par les
capacités et l‟approche par les besoins de base.
2-1 APPROCHE NON WELFARISTE BASÉE SUR
LES CAPACITÉS
 L’approche par les capacités de Sen (1990) traduit le bien être à
travers les droits positifs des individus et tente à l‟aide du concept
de « fonctionnement » de transposer ces droits dans un espace
mesurable. L‟individu doit avoir certaines capacités jugées
fondamentales qui sont nécessaires à l‟atteinte d‟un certain
niveau de vie.
 A cet effet, l‟individu doit être adéquatement nourri, avoir une
éducation, être en bonne santé, être adéquatement logé, prendre
part à la vie communautaire, apparaître en public sans avoir honte
etc. Cette approche reconnaît le caractère multidimensionnel de la
pauvreté
2-1-APPROCHE NON WELFARISTE BASÉE SUR
LES CAPACITÉS
 Bien que le revenu ait une énorme influence sur
ce que l'on peut ou ne peut pas faire, il n‟est
qu‟une des dimensions possibles de la pauvreté.
 L'approche par les capacités observe donc le
développement comme un processus d‟évolution
des capacités humaines (Sen, 1990).
 Ce qui importe à Sen est que les gens soient
capables d'être ou de faire avec les biens
auxquels ils ont accès..
2-1-APPROCHE NON WELFARISTE BASÉE SUR
LES CAPACITÉS
 La question fondamentale de l'approche par les capacités
se trouve dans l‟évaluation des fonctionnements des
personnes (leurs êtres et leurs faits) et des capacités
(leurs vraies ou efficaces occasions de réaliser ces
fonctionnements).
 Ainsi, l'approche en termes de « capacités » fournit une
plus large base informationnelle pour le développement
de la conceptualisation que des approches plus
traditionnelles, qui se concentrent typiquement sur les
ressources ou l'utilité.
2-1-APPROCHE NON WELFARISTE BASÉE SUR
LES CAPACITÉS
 Cette approche qui considère les possibilités
met donc la participation efficace et
significative des personnes au centre du
développement.
 La question devient plus complexe, parce qu'il
faut prolonger le nombre de dimensions en
définissant et en mesurant la pauvreté avec
diverses variables.
2-1-APPROCHE NON WELFARISTE BASÉE SUR
LES CAPACITÉS
 Même si Sen fournit plusieurs exemples de capacités valables
(comme être bien nourri ou être en bonne santé), il ne donne pas
une liste spécifique de capacités ou de fonctionnements, ni un
guide qui peut servir au choix des capacités.

 Sen laisse l'approche ouverte pour différentes interprétations et


n‟approuve pas une liste universelle des capacités.

 Il souligne la liberté de personnes pour faire leurs propres


choix. Il remarque aussi la nécessité d‟un processus
démocratique pour définir quelles capacités sont les plus
valables dans un contexte spécifique (Sen, 1990).
2-2-APPROCHE NON WELFARISTE BASÉE SUR
LES BESOINS DE BASE
 L‟approche par les besoins de base considère
qu‟un individu doit pouvoir satisfaire certains
besoins fondamentaux qui sont nécessaires à
l‟atteinte d‟une certaine qualité de vie.
 Les principaux besoins de base pris en compte
sont : éducation, santé, hygiène,
assainissement, eau potable, habitat, accès aux
infrastructures de base, etc.
2-2-APPROCHE NON WELFARISTE BASÉE SUR
LES BESOINS DE BASE
 Cette approche multidimensionnelle de la pauvreté est donc une
approche synthétique qui tente de dresser un vecteur de variables
dont la relation serait déterminante dans la reproduction de la
pauvreté. La pauvreté est un processus qui se reproduit à la suite de
la jonction de plusieurs facteurs dont le social, l‟économique et
le spatial.
 Les antécédents de la pauvreté sont de nature variée : ils peuvent
être reliés au statut social de l‟individu (ou groupe d‟individus), à
leurs caractéristiques socio-démographiques, aux conditions
économiques (en termesd‟accès à l‟emploi et à la région de
résidence (PNUD 1991 ; Lollivier et Verger 1997).
 Cependant, les variables qui interviennent en ligne de compte
dans la reproduction de la pauvreté ne sont pas arrêtées, et la
notion de satisfaction des besoins essentiels demeure relative.
2-2-APPROCHE NON WELFARISTE BASÉE SUR
LES BESOINS DE BASE
 L‟approche par les besoins de base a été
développée récemment par Alkire et Fooster
(2007 et 2009). Ces auteurs ont essayé de
déterminer les indicateurs et les dimensions à
prendre en considération pour mesurer la
pauvreté multidimensionnelle.
 Leurs travaux étaient à la base d‟élaboration
d‟un indice multidimensionnel de la pauvreté
(MPI) par l‟initiative d‟Oxford pour la pauvreté
et le développement humain (OPHI).
EN RÉSUMÉ
 Cet indice multidimensionnel est une composition d‟indicateurs
choisis pour leur cohérence avec l‟indice de développement
humain IDH.
 Cette diversité des approches témoigne que la définition de la
pauvreté, et , le choix d‟une méthode de mesure, est un exercice
difficile : chaque approche est fondée à la fois sur des points
forts et des points faibles. En conséquence, le nombre de pauvres
et leur portrait reste protéiforme selon ces approches.
 Cette variabilité dans la définition et la mesure laisse entendre que
la pauvreté est un paradigme empreint de conventions et d‟actes
normatifs.
II- Les Mesures de la
pauvreté
1-LES MESURES DE LA PAUVRETÉ MONÉTAIRE

Pauvreté absolue et pauvreté relative


- L‟expression de la pauvreté absolue sous-entend la non
satisfaction ou juste la satisfaction d‟un minimum vital
en termes de besoins essentiels, jugés indispensables à la
stricte reproduction de l‟individu.
Cette définition a historiquement été utilisée pour la
première fois par l‟économiste anglais B.R.Rowntree,
citée par Rodney Low (1993) .
1-LES MESURES DE LA PAUVRETÉ MONÉTAIRE

 Ce dernier estimait au début du vingtième siècle que


pouvaient être considérés comme pauvres ceux dont les
revenus sont insuffisants pour obtenir les biens
essentiels qui permettent le maintien d‟une santé
purement physique, sous formes en particulier de
nourriture, logement, vêtements et chauffage.

 Sur la base de cette définition de pauvreté, les familles


pauvres ont été identifiées et ont pu accéder à une
indemnité
1-LES MESURES DE LA PAUVRETÉ MONÉTAIRE

 Par la détermination du niveau des besoins fondamentaux,


indépendamment du niveau de vie des couches plus fortunées, la
notion de la pauvreté absolue permet d‟appréhender la sous-
population la plus nécessiteuse, et envers laquelle il faut cibler
d‟urgence les actions d‟allégement de pauvreté.
 Cependant, le principal inconvénient de cette approche tient au
caractère arbitraire de la définition des besoins essentiels. De ce
fait, il sera pratiquement difficile de procéder à une comparaison
de la pauvreté entre nations sur la base de la notion de la
pauvreté absolue (Ravallion, 1992).
1-LES MESURES DE LA PAUVRETÉ MONÉTAIRE

 L’approche de la pauvreté relative, quant à elle, tente de


surmonter cette difficulté en définissant la pauvreté sur
la base des bas revenus par rapport aux revenus de la
population dans son ensemble en fixant le seuil de
pauvreté « revenu minimum souhaitable » à un
pourcentage du revenu moyen ou médian ou à un
certain décile de la distribution des revenus.
 A titre indicatif, pour l’O.C.D.E., tout individu ayant un
revenu inférieur au deux tiers du revenu moyen est
considéré comme pauvre
1-LES MESURES DE LA PAUVRETÉ MONÉTAIRE

 La notion de pauvreté relative est intéressante dans la mesure où


elle tient compte des différents niveaux du bien-être existant
dans la société et de leur évolution dans le temps. Elle s‟accroît
(ou décroît) selon que le revenu national s‟élève (ou se baisse).
 Autrement dit, la pauvreté est envisagée comme une forme
d‟inégalité : sont pauvres les personnes ou les ménages dont le
niveau de vie est inférieur à celui des autres membres de la société
 De même, au vu de son indépendance du caractère arbitraire de la
définition des besoins essentiels, la pauvreté relative a le mérite
d‟assurer la comparabilité entre nations.
1-LES MESURES DE LA PAUVRETÉ MONÉTAIRE

 Cette étape du choix entre définitions relative et absolue


constitue le premier pas dans l‟estimation statistique de la
pauvreté. L‟étape suivante consiste à définir des indicateurs du
bien-être pour identifier le périmètre de la pauvreté.
 Classiquement, seules les dimensions monétaires du bien-être, à
savoir les revenus ou les dépenses de consommation, sont utilisées
pour évaluer la pauvreté, d‟où la notion indicateurs monétaires de
la pauvreté ou pauvreté monétaire
1-LES MESURES DE LA PAUVRETÉ MONÉTAIRE

 Cependant, une telle évaluation reste sommaire et risque


de négliger des dimensions importantes de la situation
réelle.
 Au regard de l‟étroitesse de cette évaluation, de
nouvelles approches ont émergé, offrant la possibilité de
tenir compte d‟indicateurs du bien-être basés sur des
variables autres que le revenu ou la dépense de
consommation (PNUD, 1991 ; Sen, 1995).
 Ce sont les approches de la pauvreté en termes de
condition de vie, qui envisagent la pauvreté comme un
phénomène multidimensionnel.
L’IDENTIFICATION DU SEUIL DE PAUVRETE
 Les approches de pauvreté telles que décrites ci-dessus
se rapportent à des frontières qui permettent de scinder la
population en deux sous groupes pauvres et non pauvres.
Dés lors, il se pose la question de détermination d‟une
ligne de pauvreté qui permette une telle démarcation.
 Cependant, étant donné que la conception de la pauvreté
ne fait pas consensus, les pays conçoivent différemment
le seuil de pauvreté. Pour atténuer les risques liés aux
choix du seuil, les spécialistes des études sur la
pauvreté adoptent deux seuils de pauvreté : celui de
pauvreté relative et celui de pauvreté absolue.
L’IDENTIFICATION DU SEUIL DE PAUVRETÉ
 Au Maroc, le HCP fonde la mesure et la cartographie de
la pauvreté sur le concept de la pauvreté monétaire tel
que défini par la Banque Mondiale.
 Les mesures de la pauvreté et de la vulnérabilité
monétaires sont établies en majorant le seuil de la
pauvreté alimentaire par une allocation non alimentaire.
 L’allocation non-alimentaire est déterminée
conformément à l’approche préconisée par cette
institution internationale.
L’IDENTIFICATION DU SEUIL DE PAUVRETÉ

 Selon cette approche : Le seuil de la pauvreté


alimentaire est approché par le coût d’un panier
de biens et services alimentaires permettant le
minimum requis en calories (1984 kilos calories
par jour et par personne) ; norme recommandée
par la FAO et l’OMS.
 En 2014, il s’établit au même niveau (2331DH
par personne et par an) dans le milieu urbain
etdans le milieu rural
L’IDENTIFICATION DU SEUIL DE PAUVRETÉ

 Le seuil de la pauvreté monétaire est la somme du


seuil de la pauvreté alimentaire et d’une
allocation non-alimentaire.
 Cette allocation est égale au coût des acquisitions
non-alimentaires réalisées par les ménages qui
atteignent juste le minimum alimentaire requis.
En DH de 2014, il est de 4667 DH par personne
et par an en milieu urbain et de 4312 DH par
personne et par an en milieu rural ;
EN RÉSUMÉ
 La détermination du seuil de pauvreté dépend de l’approche
utilisée.
 En effet, si l’approche préconisée est l’approche relative,
le seuil de pauvreté est fixé selon un pourcentage de revenus
ou de dépenses d’une tendance centrale (médiane ou
moyenne), c’est le cas notamment de la France qui fixe le
seuil de pauvreté à 60% du revenu médian de la population.
 Si l’approche adoptée est l’approche absolue, le seuil de
pauvreté est déterminé en deux étapes, d’abord la
détermination du seuil de pauvreté alimentaire et en suite la
détermination du seuil de pauvreté non alimentaire.
LA PROBLÉMATIQUE DE LA DÉFINITION DE LA PAUVRETÉ
ET DU CIBLAGE DES POPULATIONS PAUVRES.

Deux questionnements:
 Qu’est ce que la pauvreté ?
 Qu’est ce qu’une politique publique de lutte contre la
pauvreté ?
Une préoccupation : l’évaluation des politiques publiques
(qu’évalue-t-on ? comment on évalue ? qui évalue ?)
Deux postures: posture scientifique basée essentiellement
sur les statistiques
Posture décomplexée: implique un retour critique sur la
pertinence et sur la cohérence des objectifs fixés, mais
aussi sur l'ensemble du cadre normatif et des
représentations sociales qui les sous-tendent.
LA PROBLÉMATIQUE DE LA DÉFINITION DE LA PAUVRETÉ ET DU CIBLAGE DES
POPULATIONS PAUVRES.

 Précision conceptuelle de la notion de pauvreté ?


 La forme monétaire de la dimension, on obtient le
revenu dans une vision des droits. Pour les
conditions de vie, on obtient les quantités de biens
et de services consommés dans une optique
utilitariste et l’accessibilité à ces biens et services
dans l’optique des droits. La dimension des
potentialités retrace tout capital physique, financier,
humain, social, naturel, insuffisant dans une
optique utilitariste, mais dont le non-accès traduit,
dans une optique des droits, l’absence de
« capacités » des individus.
 la dimension sociale tient compte de
l’importance des réseaux sociaux, dans une
optique utilitariste, mais considérera
l’exclusion sociale, autrement dit la rupture
du lien social, dans l’optique des droits.
 Pour les autres dimensions d’ordre culturel
(identités), politique (participation,
renforcement du pouvoir des femmes,
gouvernance) et éthique (liée aux normes et
valeurs : violence, corruption, etc.), ce type
de réflexion reste encore à systématiser et
doit faire l’objet d’un approfondissement.
 La mise en place d’une carte de la pauvreté,
méthodologie et résultats.
 Comment faire en sorte que les pauvres
soient les premiers bénéficiaires des
politiques de lutte contre la pauvreté?

investir les ressources dédiées à la lutte contre la pauvreté, dans les
secteurs profitant majoritairement aux pauvres

Cibler les pauvres afin de les rendre seuls bénéficiaires du programme ou


de la politique de lutte contre la pauvreté
 Au Maroc, le ciblage est géographique: carte de pauvreté
Carte de pauvreté 1994 se réfère aux données le RGPH
2004 et ENVM 1998/1999.
Carte de pauvreté 2004 grâce au« Poverty
mapping »,permet :la reconstitution des dépenses de
consommation et des indicateurs de la pauvreté et des
inégalités par le biais d’un couplage des données.
Carte de pauvreté 2007 données de l’ENNVM2006/07 et
du RGPH 2004 : estimer des indices de pauvreté à l’échelle
infra-communale par douar en milieu rural et par quartier
en milieu urbain.
Carte de pauvreté 2014
UTILISATION DE LA CARTE DE PAUVRETÉ 2004
ET 2007:
 Le ciblage des communes rurales et des quartiers
urbains pour l’Initiative Nationale pour le
Développement Humain.
 La réforme de la distribution de quota de la farine
nationale de blé tendre subventionnée.
 L’opération de distribution des cartables scolaires
pour les enfants démunis.
 L’identification des bénéficiaires du programme pilote
du Régime d’assistance médicale pour les
économiquement démunis (RAMED).
 Le programme « Tayssir » de transfert conditionnel
dans l’éducation qui vise la lutte contre l’abandon
scolaire.
DIFFICULTÉS ET SOLUTIONS

Deux Difficultés
- Les recensements de population couvrent
l’ensemble des localités mais recueillent peu
d’information sur les conditions de vie.
- - Les informations détaillées sur le niveau de vie
proviennent des enquêtes dont l’échantillon est
de taille limitée.
 Trois possibiltés
1-Augmenter la taille de l’échantillon de l’enquête.
2- Construire un indice de bien-être à partir des
différents indicateurs provenant du recensement.
3- Il s’agit d’incorporer aux données du
recensement une mesure du niveau de vie
observée grâce aux enquêtes auprès des
ménages passant par 2 étapes: l’élaboration
des fichiers des données et la modélisation
économétrique de l’indice du niveau de vie
INÉGALITÉS SOCIALES
 La question des inégalités sociales constitue
une dimension importante dans l’appréciation
du niveau de cohésion sociale.

 La réalité des inégalités renseigne sur la nature


du modèle social adopté.

 L’état des inégalités est forcément le fruit d’un


processus cumulatif de fonctionnement de ce
modèle.
 L’appréhension des inégalités sociales passe par l’étude des
disparités de revenu et de consommation et celles de l’accès aux
services et équipements sociaux (accès à l’éducation, à la santé et
au logement, qui impactent largement la dynamique des inégalités
dans une société).

 La question des inégalités est ainsi fortement liée à celle de la


pauvreté et à celle de la solidarité.

 De par sa définition même, le niveau de pauvreté est la conjugaison


d’une insuffisance de la croissance et d’un creusement des
inégalités. En ce sens, l’accroissement des inégalités peut alimenter
la spirale de pauvreté humaine, produire du malaise social et nuire
même au potentiel de croissance économique dans un pays
Le Maroc de toutes les transitions :
 Depuis deux décennies (moitié des années 90), le Maroc est engagé dans un
processus de mutations rapides et de transformations profondes. Ce processus est
d’une telle ampleur qu’on peut qualifier le Maroc aujourd’hui de pays de toutes les
transitions (démocratique, économique, démographique, sociologique et culturelle).

 Le pays consent des efforts très important aux domaines sociaux où il accuse des
retards et des déficits dont les conséquences représentent des menaces pour la
cohésion sociale.

 Les menaces sur la cohésion sociale ne sont pas l'apanage du Maroc ou des pays
de la région MENA, elles s'expriment aussi dans les pays les plus riches jusqu'au
point de justifier la création de ministères de la cohésion sociale.

 Le conflit entre développement, croissance économique et redistribution sociale est


réactivé un peu partout dans le monde ; il impose (dans tous les pays riches ou
pauvres) une interrogation sur la finalité de l’économie et sur l’éthique du
développement.
SUR LE PLAN POLITIQUE ET INSTITUTIONNEL

 L’évolution du pays vers la démocratie, l’État de droit et la


modernisation est un processus dont la cadence s’accélère
depuis la fin des années 90.

 La transition démocratique est attestée par des réformes


majeures visant à affirmer la défense des droits de l’Homme
en général et particulièrement les droits de la femme, de
l’enfant et des catégories sociales fragiles :
 Code des libertés publiques,
 Code du travail,
 Code de la famille et de la femme / nationalité
 ...
ÉVOLUTIONS MAJEURES

 Émergence et dynamisme de la société civile


dans un essor sans précédent dans le pays.

 Multiplication de dispositifs réglementaires et


de conventions de partenariat, qui ont impulsé
de nouvelles formes de régulation, de
responsabilisation, de prise d’initiatives et de
décisions dans le processus de développement
économique et dans le champ de la solidarité.
ÉVOLUTIONS MAJEURES (SUITE)
 Mise à niveau du processus de démocratie locale : la réforme de la charte
communale vise à renforcer les compétences des collectivités locales et
territoriales de manière à obtenir une décentralisation mieux réussie que
par le passé et une meilleure implication des élus locaux dans le processus
de développement.

 Élargissement des compétences des services locaux de l’administration


centrale et nouvelles règles de gestion budgétaire visent une
déconcentration mieux réussie que par le passé et une politique de
proximité.

 Révision de la conception de la régionalisation élargie.

 Mise à niveau du champ politique pour sortir de l’émiettement de la


représentation nationale en favorisant l’émergence de pôles capables de
constituer un gouvernement homogène, apporter de la transparence aux
règles de fonctionnement et de financement des partis tout en renforçant
leur démocratie interne.
ÉVOLUTIONS MAJEURES (SUITE)
 Le pays est doté d’atouts institutionnels importants
pour améliorer la qualité du processus de formulation
et de conduite des politiques publiques et pour
améliorer la qualité de la gouvernance.

 Cependant, il y a une certaine dichotomie entre la


qualité des institutions et des lois et la qualité des
pratiques, tant que demeurent importantes des
résistances et des inerties aux changements voulus
sur le plan politique. Cette dichotomie étant
probablement la cause des pertes d’efficacité des
politiques publiques.
SUR LE PLAN ÉCONOMIQUE
 La transition est marquée par l’ouverture de l’économie nationale et son
intégration progressive dans l’économie mondiale :

 Libéralisation des échanges : accord OMC, accord d’association avec


l’Union européenne, accord de libre échange avec les États-unis, la
Turquie, la Tunisie, la Jordanie et l’Égypte.

 Efforts constants au cours des deux dernières décennies :


 les années 80 étant celles de l’ajustement structurel, de la
stabilisation macroéconomique et des réformes
structurelles,
 les années 90 étant celles de la libéralisation et de la
déréglementation de la plupart des secteurs de l’économie
ainsi que celles du rattrapage des déficits en matière
d’infrastructures physiques et des déficits sociaux.
CHÔMAGE DE MASSE ET PERSISTANCE DE LA PAUVRETÉ
La question sociale au Maroc revêt deux aspects fondamentaux :

 La situation de plus en plus préoccupante de l’emploi et la montée en


puissance du chômage de masse ;

 La persistance de la pauvreté et des inégalités sociales malgré les efforts des


pouvoirs publics pour les réduire, la répartition des revenus et des patrimoines
au sein de la société marocaine demeurant très inégalitaire.

 Le chômage et la pauvreté ont augmenté durant les années 90 et aujourd’hui :

 12% de la force de travail est inactive ;


 un Marocain sur cinq vit en dessous du seuil de pauvreté.
INÉGALITÉS ET FRACTURE SOCIALE AU MAROC

 Au Maroc, les donnés disponibles sur la question des inégalités


approchent la problématique principalement sous l’angle de la dépense
des familles.

 En 2007 (dernière enquête nationale sur le niveau de vie des ménages


marocains), les 20% les plus aisés consomment 48% de la dépense
totale des ménages, alors que les 20% les moins aisés n’en
consomment que 6,5%.

 Selon les sources, entre 14 et 19 % de la population totale considérée


comme étant pauvre.

 En dehors de la proportion de la population vivant en dessous du seuil


de pauvreté (19%), l’on estime à 25% la part de la population
considérée comme vivant dans des conditions de vulnérabilité
économique. Les vulnérables constituent une menace potentielle à la
stabilité sociale.
FORTE INCIDENCE DE LA PAUVRETÉ RURALE
 L’incidence de la pauvreté au Maroc demeure forte :

 La pauvreté au Maroc reste largement un phénomène rural, avec


66% des pauvres résidant dans les zones rurales alors que leur part
de la population totale est de 46%.

 La part des habitants en zones urbaines parmi les pauvres a augmenté de


27% à 34% au cours des années 90, une augmentation qui a évolué quatre
fois plus vite que le taux d’émigration rurale.

 La plus forte incidence de la pauvreté relative parmi les populations


rurales (22%) comparé à 7,9% dans les zones urbaines témoigne de
la reproduction des disparités socio-économiques entre les deux
régions.
LES CAUSES DE LA FAIBLE PERFORMANCE EN TERMES DE
DEVELOPPEMENT HUMAIN

 Les faibles niveaux de développement atteints en matière


de santé et d’éducation expliquent la faiblesse de l’IDH du
Maroc :
Santé:
 Mortalité infantile élevée : 37°/°°

 Mortalité maternelle : 227 pour 100 000

 Couverture médicale limitée : 17% de la population

Éducation :
 43% de la population adulte (15+) : analphabètes

 1,5 million d’enfants ne sont pas scolarisés


PRIORITÉS NATIONALES DE DÉVELOPPEMENT : ÉVOLUTION
DES APPROCHES

Deux périodes :

 Durant les années 90, les programmes de développement social ciblant


les populations pauvres en milieu rural demeuraient quantitatifs, axés sur
l’offre, avec très peu de participation locale dans la conception et la mise
en œuvre des stratégies, et n’adoptant que très rarement une approche
intégrée ;

 Les approches d’intervention ont récemment évolué d’une manière


positive, dans le contexte de la politique de transition, de la
décentralisation croissante, et de l’émergence d’une société civile
dynamique. Des approches plus intégrées ont été adoptées, basant leur
stratégies d’intervention sur la participation et l’appropriation locale, se
basant sur un partenariat avec la société civile et le privé afin d’assurer
une offre de services plus adaptée et efficace.
L’INITIATIVE NATIONALE DE DÉVELOPPEMENT HUMAIN
(INDH)

 L’INDH, lancée le 18 mai 2005, reflète le niveau


d’engagement politique que les autorités marocaines ont
adopté en termes d’approche intégrée, de concept
holistique du développement humain basé sur des
partenariats au niveau local, concentrant la priorité sur les
catégories les plus pauvres et les plus vulnérables de la
société marocaine, ciblant ainsi 360 des communes rurales
les plus pauvres et 240 quartiers périurbains les plus
déshérités.

 L’INDH constitue aujourd’hui la pierre angulaire et le cadre


de référence pour le processus du développement humain
au Maroc.
INDH (SUITE)

 L’Initiative était appelée à contribuer à :


 l’atténuation des disparités sociales entre les citoyens et
 des disparités spatiales entre les régions du Maroc à
travers :
 la lutte contre la pauvreté,
 la marginalisation,
 la précarité et
 le sous-équipement au niveau des zones ciblées des
équipements de base nécessaires pour élargir l’accès
des populations concernées aux infrastructures de
base sur le plan de l’enseignement, de la santé, de
l’électricité, de l’eau potable, de l’assainissement, des
transports, de la culture et des sports.
L’APPROCHE ET LA DÉMARCHE

 L’approche:
 Ascendante, participative, intégrée et décentralisée
mettant à contribution l’ensemble des opérateurs
concernés sur le plan local :
 Services de l’État déconcentrés
 Collectivités locales
 Élus
 Société civile

 La démarche:
 Appropriation des projets par les populations concernées
 Continuité des interventions et pérennité de leurs acquis
AUTRES ACTIONS SOCIALES PRIORITAIRES
 Renforcement des actions mises en œuvre dans le cadre des
filets de sécurité: système de compensation destiné à soutenir
les prix des denrées de base et des interventions dévolues à
l’Entraide Nationale, la Promotion Nationale et à l’Agence de
Développement Social

 Encouragement de l’économie sociale animée essentiellement


par les associations et les coopératives

 Système de transferts monétaires conditionnés : versement


d’allocations aux ménages démunis pour favoriser l’accès de
leurs enfants à l’enseignement et lutter contre les déperditions
scolaires (mécanisme bénéficiant à 40 000 familles dans 139
communes rurales).
POLITIQUES SOCIALES PEU INCLUSIVES ET PEU COHÉSIVES

 En dépit de tous les efforts, les retards sociaux persistants ne sont pas
résorbés au rythme qui conviendrait afin de pouvoir affronter les nouveaux
défis sociaux qui se profilent rapidement à l’horizon. Les disparités de
genre et les disparités entre régions sont toujours aussi profondes.

 Une faible mutation structurelle de l’économie : les secteurs productifs


n’ont enregistré que de modestes performances ; les taux de croissance de
l’agriculture ont été fluctuants et en nette baisse ces dernières années ; la
croissance du secteur manufacturier ne compense pas suffisamment les
médiocres performances de l’agriculture.

 Incontestablement, la réduction de la pauvreté requiert une croissance


forte. La croissance économique élargit les opportunités de participation
des pauvres aux bénéfices de l’accroissement des richesses produites.
Mais la croissance à elle seule ne suffit pas à réduire la pauvreté. Le Maroc
reste toujours confronté au double défi de la croissance des revenus et de
la redistribution.
LES CONDITIONS NÉCESSAIRE À UNE STRATÉGIE PLUS
EFFICACE
 Mettre fin à la pauvreté humaine, lutter contre les inégalités sociales, prévenir
l’exclusion sociale, nécessitent une volonté et une compréhension des enjeux
du développement social et qui crée les conditions nécessaire à une stratégie
plus efficace plus inclusive et plus cohésive de développement social.

 La réponse à apporter à toutes ces questions tient en un seul mot : la


gouvernance.

 Il ne s’agit ni de changer de politiques, ni de changer de programmes et


encore moins de textes de loi ou de dispositions institutionnelles.

 Car la finalité de ces politiques, de ces programmes et de ces textes de


loi est globalement bonne.

 Il ne s’agit pas non plus d’insuffisances de financement, même si les


besoins sont immenses par rapport aux ressources mobilisables.
LES CONDITIONS NÉCESSAIRE À UNE STRATÉGIE PLUS
EFFICACE (SUITE)

 Il s’agit de constater avec lucidité que la cause majeure


d’inefficacité des politiques sociales réside dans :
 leur dispersion institutionnelle,
 leur morcellement,
 leur verticalité excessive et leur cloisonnement, rendant leur
intégration et leur coordination le plus souvent
problématique.

 il existe bien au Maroc un conflit authentique entre


croissance économique et redistribution ; pour atténuer ce
conflit, il faut replacer la stratégie de développement social
au cœur de la politique économique afin de définir ex ante
les modalités de redistribution de la croissance et non plus
définir ex post la stratégie d’accompagnement social des
laissés pour compte de la croissance, et cela quel que soit le
niveau de la croissance.
LES CONDITIONS NÉCESSAIRE À UNE STRATÉGIE PLUS
EFFICACE (SUITE)

 La gouvernance : la capacité du gouvernement, et de l’administration qui en


dépend, de pratiquer l’inclusivité et la consolidation de la cohésion sociale en
impliquant les individus et les citoyens dans les décisions qui concernent
leurs conditions d’existence.

 Décentralisation, déconcentration, régionalisation, démocratie, reddition des


comptes (démocratie locale par les collectivités territoriales) sont autant de
conditions institutionnelles nécessaires à une meilleure efficacité des
politiques de développement social en général et au développement de
proximité en particulier.

 La garantie d’élections transparentes est un gage plus pérenne de la capacité


des citoyens à demander des comptes aux institutions qu’ils ont désignées
pour les servir. Il en est de même pour le gouvernement et l’administration
qu’il a en charge, qui doivent rendre des comptes aux échéances prévues par
la loi.

 L’ensemble de ces garanties étant elles-mêmes inhérentes à l’approfondissement


du processus de démocratie.

Vous aimerez peut-être aussi