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CAS PRATIQUE

Faits : Jean et Pierre pénètrent dans une maison après avoir cassé une fenêtre dans le but de
subtiliser des objets. Jean prend peur et sort de la maison. Pierre ne trouvant que des objets
dépourvus de valeur marchande quitte la maison sans rien dérober. Pierre est interpellé à la sortie de
la maison par des policiers, Jean parvient à s'enfuir.

1 – Sur l’infraction de vol :


À quelles conditions l’infraction de vol est-elle caractérisée ?
Le vol est défini à l’article 311-1 du Code pénal comme « la soustraction frauduleuse de la chose
d’autrui ». Pour caractériser l’infraction pénale de vol, c’est évidemment nécessaire de caractériser
un élément matériel et un élément moral. Matériellement, le vol va nécessiter la réunion de trois
éléments, l’existence d’une chose, l’existence d’une chose appartenant à autrui  et la soustraction de
cette chose entendue comme une interversion matérielle de possession. Sur le plan de l’élément
moral, le vol requiert l’intention d’appropriation de cette chose et de se comporter en propriétaire.
En l’espèce, même si l’élément moral semble être caractérisé puisque Jean et Pierre avait bien
l’intention de voler l’argent dans la maison ou les objets précieux et de se comporter en propriétaire
de cet argent et de ces biens, l’élément matériel n’existe pas puisqu’il n’y a aucune soustraction
frauduleuse, Pierre et Jean n’ayant absolument rien pris dans la maison.
L’infraction de vol n’est donc pas constituée. On doit donc regarder si les faits permettent de
caractériser une tentative de vol.
2 – Sur la tentative de vol :
À quelles conditions la tentative de vol est-elle punissable ?
La tentative est prévue par la loi aux articles 121-4 et suivants du Code pénal. D’abord, s’agissant
de l’élément légal, selon l’article 121-4 du Code pénal la tentative de crime est toujours punissable,
mais la tentative de délit ne l’est que lorsqu’un texte pénal le prévoit. La tentative de vol est
punissable, car l’article 311-13 le prévoit expressément. Ensuite, s’agissant de l’élément matériel, la
tentative suppose un commencement d’exécution. La Cour de cassation a retenu une conception
mixte du commencement d’exécution comprenant un élément objectif et un élément subjectif à
savoir l’« accomplissement d’actes tendant directement et immédiatement à la réalisation de
l’infraction (élément objectif) et effectués avec l’intention de la commettre (élément subjectif) »
(selon les arrêts Lacour / Schieb et Bénamar). Enfin, s’agissant de l’élément moral, la tentative
suppose une absence de désistement volontaire de l’agent. Le résultat de l’infraction ne doit pas être
évité en raison de circonstances indépendantes de la volonté de l’agent. S’agissant de la répression,
la tentative de vol est punie des mêmes peines que l’infraction consommée de vol selon l’article
313-13 du Code pénal, soit trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende. Les peines sont
aggravées dans certains cas (art. 311-4 du Code pénal) notamment lorsqu'il est précédé,
accompagné ou suivi d'un acte de destruction, dégradation ou détérioration. Le vol aggravé est alors
puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende. Concernant la complicité, L’article
121-6 du Code pénal dispose que « sera puni comme auteur le complice de l’infraction ».
En l’espèce, le vol constitue bien un délit susceptible de constituer une tentative punissable. Par
ailleurs, le commencement d’exécution est caractérisé, car Jean et Pierre ont cassé une fenêtre de la
maison dans le but de s'y introduire pour voler des biens ou de l'argent liquide. Enfin, Jean et Pierre
ont eu la volonté de voler l’argent de son voisin et Pierre n’a été arrêté que par une circonstance
indépendante de sa volonté à savoir l’arrivée de la police. Il n’y a donc aucun désistement
volontaire de la part de Pierre en l’espèce. Le fait que Pierre se soit enfui avant l'arrivée de la police
ne change rien pour lui. Sa participation au vol doit en conséquence être envisagée sous l’angle de
la complicité selon l'article 121-6 du Code pénal car il a aidé Jean et a participé à la tentative de vol.
La tentative de vol commise par Jean et Pierre est donc bien caractérisée. Ils encourent ainsi cinq
ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende s’agissant d’un vol aggravé puisqu’il est
précédé, accompagné ou suivi d'un acte de destruction, dégradation ou détérioration (cassage de la
fenêtre).

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