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TRAVAUX DIRIGÉS

SEMESTRE II

DROIT PENAL GENERAL

IMANE MAJDOUB

ANNEE UNIVERSITIRE : 2022/2023


CAS PRATIQUE :

1. 1re étape : le résumé des faits


2. La question de droit
3. La résolution du cas pratique à l'aide du syllogisme

C’est un exercice juridique qui consiste à présenter à un étudiant une situation de


fait dissimulant plusieurs problèmes juridiques devant être résolus avec la méthode du
syllogisme (raisonnement juridique en trois étapes : une majeure, une mineure et une
conclusion). L’exercice consiste à se mettre dans la position du juge.

Un cas pratique est une sorte de mise en situation.

On va vous donner un énoncé avec des faits. A partir de ces faits, vous allez devoir déterminer
la question juridique posée par le cas et résoudre la situation à l’aide de différentes règles
juridiques (articles de loi, décrets, jurisprudence, Constitution…).

• 1re étape : le résumé des faits

Le résumé des faits est sans doute la partie la plus simple du cas pratique. Vous allez devoir,
en quelque lignes, dire de quoi parle le cas.

Vous devez uniquement sélectionner les faits pertinents de votre énoncé.

• 2e étape : La question de droit

C’est la question, qui est implicitement (ou explicitement) posée par l’énoncé, et à laquelle
vous allez devoir répondre dans votre cas pratique.

• 3e étape : La résolution du cas pratique à l’aide du syllogisme

Vous devez appliquer le syllogisme, qui est un raisonnement déductif en 3 étapes :

• Majeure : on pose une règle générale


• Mineure : on fait référence au cas
• Conclusion : on en tire une solution finale
Appliqué au droit, le syllogisme s’applique de la façon suivante :

• Majeure : vous devez indiquer la règle de droit. Il peut s’agir d’un article du Code
pénal, code civil, d’une autre loi de la Constitution, de traités internationaux ou encore
de la jurisprudence (décisions de justice).

• Mineure : vous devez confronter ta règle de droit avec les faits de ton cas.
Concrètement, vous devez vérifier que les faits rentrent bien dans la situation visée par
votre règle de droit. La mineure doit commencer par l’expression “En l’espèce” (qui
signifie “Dans notre cas”).
• Vous devez confronter les faits du cas pratique aux règles de droit que vous avez
décrites. Si la solution vous paraît évidente n’oubliez pas que vous devez en tout état de
cause vérifier méthodiquement que chaque condition de la règle de droit est satisfaite
en l’espèce.

• Conclusion : vous devez en tirer une solution finale et répondre à la question posée.
(Innocence ou culpabilité de la personne)
EXEMPLE :

Cas n°1 :
Amine vient de rencontrer Amal, une femme qui lui plait beaucoup et avec qui il a rendez-vous
au restaurant. Amine souhaite tellement la séduire qu’il envisage de lui sortir le grand jeu en
l’invitant dans un restaurant gastronomique très réputé. Le problème est qu’il n’a toujours pas
un sou en poche et que le rendez-vous est le soir même…
Alors qu’il sort de son appartement, il a l’idée de pénétrer dans l’appartement de son voisin, qui
est un ami, et qui lui a confié récemment qu’il gardait toujours de l’argent en liquide chez lui.
Alors qu’il tente de forcer la serrure de son voisin avec un pied-de-biche (outil qui sert à arracher
les clous.), un autre voisin qui avait observé discrètement la scène appelle la police. Après dix
minutes, Amine, se pensant pourtant seul sur le palier, n’ayant toujours pas réussi à forcer la
serrure de la porte, se fait appréhender par la police…

Amine vous demande s’il risque une poursuite pénale ?

Correction du cas pratique :


Faits. Un homme tente de forcer la serrure d’un appartement afin d’y voler de l’argent liquide.
Il est appréhendé par la police avant d’avoir pu forcer la serrure.
1 – Sur l’infraction de vol
Problème de droit. À quelles conditions l’infraction de vol est-elle caractérisée ?
Solution en droit. Le vol est défini à l’article 505 du Code pénal comme « la soustraction
frauduleuse de la chose d’autrui ».
Pour caractériser l’infraction pénale de vol, il est nécessaire de caractériser un élément matériel
et un élément moral.
Matériellement, le vol nécessite la réunion de trois éléments :

• L’existence d’une chose ;


• L’existence d’une chose appartenant à autrui ;
Sur le plan de l’élément moral, le vol requiert l’intention d’appropriation de cette chose et de
se comporter en propriétaire.
Solution en l’espèce. En l’espèce, même si l’élément moral semble être caractérisé puisque
Amine avait bien l’intention de voler l’argent de son voisin et de se comporter en propriétaire
de cet argent, l’élément matériel n’existe pas puisqu’il n’y a aucune soustraction frauduleuse,
Amine n’ayant pas réussi à pénétrer dans l’appartement.
Conclusion. L’infraction de vol n’est donc pas constituée. Il faut donc regarder si les faits
permettent de caractériser une tentative de vol.

2 – Sur la tentative de vol


Problème de droit. À quelles conditions la tentative de vol est-elle punissable ?
Solution en droit. La tentative est prévue par la loi aux articles 114 et suivants du Code pénal.
D’abord, s’agissant de l’élément légal, selon l’article 114 du Code pénal la tentative de crime
est toujours punissable, mais la tentative de délit ne l’est que lorsqu’un texte pénal le prévoit.
La tentative de vol est punissable, car l’article 539 du code pénal le prévoit expressément. (la
tentative de ces délits est punie des mêmes peines que l’infraction consommée.)
Ensuite, s’agissant de l’élément matériel, la tentative suppose un commencement
d’exécution. La Cour de cassation a retenu une conception mixte du commencement
d’exécution comprenant un élément objectif et un élément subjectif : « accomplissement
d’actes tendant directement et immédiatement à la réalisation de l’infraction (élément objectif)
et effectués avec l’intention de la commettre
Enfin, s’agissant de l’élément moral, la tentative suppose l’ absence de désistement
volontaire de l’agent. Le résultat de l’infraction ne doit pas être évité en raison de circonstances
indépendantes de la volonté de l’agent.
S’agissant de la répression, la tentative de vol est punie des mêmes peines que
l’infraction consommée de vol selon l’article 539 du Code pénal, soit un à 5ans
d'emprisonnement et de 200 à 500dhs d'amende. Les peines sont aggravées dans certains cas
notamment lorsqu'il est précédé, accompagné ou suivi d'un acte de destruction, dégradation ou
détérioration. Le vol aggravé est alors puni de 10 à 20 ans d'emprisonnement si le vol a été
commis avec escalade, effraction extérieure ou intérieure, de fausses clés, dans une maison…
article 509 du code pénal.
Solution en l’espèce. En l’espèce, le vol constitue bien un délit susceptible de constituer
une tentative punissable.
Par ailleurs, le commencement d’exécution est caractérisé, car Amine a utilisé un pied-
de-biche pour forcer la serrure de l’appartement de son voisin dans le but de lui voler de l’argent
liquide.
Enfin, Amine a eu la volonté de voler l’argent de son voisin et n’a été arrêté que par une
circonstance indépendante de sa volonté à savoir l’arrivée de la police. Il n’y a donc aucun
désistement volontaire de la part d’Amine en l’espèce.

Conclusion. La tentative de vol commise par Amine est donc bien caractérisée. Il encourt ainsi
10 ans à 20ans d'emprisonnement s’agissant d’un vol aggravé puisqu’il est précédé,
accompagné ou suivi d'un acte de destruction, dégradation ou détérioration.
CAS PRATIQUE II:

Plusieurs amis se sont réunis chez Ahmed pour une soirée « entre hommes ». La soirée
se passe bien, mais les amis décident pour s’amuser de jouer à un jeu qu’ils ont vu sur YouTube :
un concours de lancer de couteau sur une cible.
L’idée est simple : chacun leur tour, ils doivent prendre un couteau et viser au centre de
la cible.
Le jeu va toutefois rapidement tourner au drame...
Après quelques essais, Rayane qui ne faisait pas attention, croyant viser la cible, atteint
son ami Aymane qui passait près de la cible pour ramasser son couteau en pleine tête.
Aymane s’effondre et ne se relève pas. Les amis, pris de panique, appellent rapidement
une ambulance.
Malheureusement, Aymane, conduit en urgence à l’hôpital, décédera finalement dans la nuit.
Rayane vous demande s’il sera poursuivi pour homicide et s’il risque réellement de faire
l’objet d’une sanction pénale alors qu’il n’a jamais souhaité faire de mal à son ami et reste
profondément attristé par son décès.

Correction du cas pratique n°2


Faits : Un homme cause la mort d’un ami au cours d’un jeu consistant à lancer des couteaux
sur une cible en l’atteignant à la tête, par inattention.

1 – Sur la caractérisation de l’infraction d’homicide involontaire


Problème de droit. Quels sont les éléments constitutifs de l’infraction d’homicide
involontaire ?
Solution en droit. Pour caractériser l’infraction pénale d’homicide involontaire, trois éléments
doivent être caractérisés : un élément matériel, un élément moral et un élément légal.
S’agissant de l’élément légal, l’homicide involontaire est une infraction prévue par l’article
432 du Code pénal qui dispose : « le fait de causer, par maladresse, imprudence, inattention,
négligence ou inobservation des règlements ou de sécurité imposée par la loi, la mort d'autrui
constitue un homicide involontaire ».
L’élément matériel de l’homicide involontaire, c’est-à-dire le comportement, actif ou passif,
décrit par l’article 432 du Code pénal est le fait de causer la mort d’autrui.
S’agissant de l’élément moral, l’infraction d’homicide involontaire est une infraction non
intentionnelle qui renvoie à l’article 432 du Code pénal. Cet article envisage le cas de
l’infraction non intentionnelle en distinguant, s’agissant des personnes physiques, deux
situations différentes.
La première situation vise l’existence d’un lien de causalité directe entre le comportement de
l’auteur de l’infraction et le dommage. Dans ce cas, une faute simple suffit à engager sa
responsabilité pénale.
Il n’existe pas de définition légale de la causalité directe, mais selon la doctrine il y aurait lien
de causalité direct lorsque le comportement de l’auteur serait la cause exclusive, immédiate ou
déterminante du dommage. La faute simple est, selon l’article 432 du Code pénal, une « faute
d'imprudence, de négligence ou de manquement à une obligation de prudence ou de sécurité
prévue par la loi ou le règlement ».
La deuxième situation vise l’existence d’un lien de causalité indirecte entre le comportement
de l’auteur de l’infraction et le dommage.

Solution en l’espèce. En l’espèce, l’élément matériel de l’infraction d’homicide involontaire


correspond au fait de causer la mort d’autrui. Dans notre cas, Rayane a lancé un couteau qui a
atteint la tête de Aymane, ce qui a causé sa mort. Cet élément est donc caractérisé.
S’agissant de l’élément moral, il faut d’abord déterminer la nature du lien de causalité entre
l’acte et le dommage. En l’espèce, le lancer de couteau par Rayane est la cause exclusive et
immédiate et déterminante de la mort de Aymane de sorte que le décès d’Aymane est
directement lié à l’acte de Rayane. Le lien de causalité est donc direct.
Ainsi, une faute simple doit, selon l’article 432 du Code pénal, être rapportée pour que Rayane
puisse voir sa responsabilité pénale engager. En d’autres termes, une simple faute d’imprudence
ou de négligence suffit pour engager sa responsabilité pénale. Dans notre cas, Rayane n’a pas
fait attention à son ami qui venait récupérer son couteau après son lancer de couteaux. Il a donc
commis une faute d’imprudence.

Conclusion. La responsabilité pénale de Rayane pour l’infraction d’homicide volontaire par


imprudence pourra être engagée.
2 – Sur la répression de l’homicide involontaire
Problème de droit. Quelles sont les peines encourues pour la commission d’un homicide
involontaire ?
Solution en droit. L’homicide involontaire est puni de 3mois à 5ans d'emprisonnement et de
250 à 1000dhs d'amende.
En d’autres termes, la faute délibérée ‫ الخطأ المتعمد‬est à la fois une condition de la responsabilité
d’une personne physique (lorsque la causalité est indirecte) et une circonstance aggravante de
l’infraction.
La faute de mise en danger délibérée est définie par le texte. Il s’agit de la violation par l’agent
« de façon manifestement délibérée » d’une « obligation particulière de prudence ou de sécurité
prévue par la loi ou le règlement ».

Solution en l’espèce. En l’espèce, il a été démontré que Rayane encourt bien une peine de 5ans
d'emprisonnement et de 1000dhs d'amende.
Pour savoir si la peine encourue peut être aggravée, il faut vérifier si Rayane a violé « de façon
manifestement délibérée » une « obligation particulière de prudence ou de sécurité prévue par
la loi ou le règlement ». Aucune indication n’est donnée sur l’existence ou non d’une obligation
de ne pas procéder au lancer de couteaux dans un cadre privé. En l’absence d’éléments, il
semble qu’une telle obligation n’est pas prévue par la loi ou par le règlement.
En tout état de cause, la violation d’une telle obligation, même si elle existait, ne semble pas
avoir été manifestement volontaire puisque Rayane ne semble pas avoir eu connaissance d’une
telle obligation.

Conclusion. Rayane peut encourir une peine de 5ans ans d'emprisonnement et de 1000dhs
d'amende. (Exemple)

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