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Zafra R.

Carla Valentina

Ville et environnement (14E208)


Note de lecture : « Zoocities »
Le livre intitulé « Zoocities », écrit par la philosophe Joëlle Zask, traite de la relation entre les
humains et les animaux sauvages dans la ville. Le livre est divisé en plusieurs chapitres et on peut
dire qu'il aborde les principaux thèmes suivants : premièrement, comment la ville a évolué au fil
du temps, deuxièmement, comment l'animal sauvage s'est dégradé en devenant "urbain",
troisièmement, la coexistence entre les animaux sauvages et les humains et, enfin, comment
devrait être le prochain urbanisme, en se référant au terme de « voisinage » (p.6) et à la « bonne
distance » (p.5), sachant que le phénomène d'apparition des animaux sauvages est de plus en plus
fréquent.

L'inspiration de ce livre réside dans les débuts de la pandémie de COVID-19, lorsque le


confinement a rendu visible la présence des animaux sauvages, comme s'ils avaient attendu que
les humains s'enferment pour pouvoir sortir. L'auteure souligne un paradoxe : le COVID-19 a été
causé par la proximité d'animaux sauvages de niches différentes avec les humains, or nous avons
besoin d'une proximité avec eux pour assurer la pluralité, mais jusqu'à quel point devons-nous
accepter cette proximité ? Zask appelle cette proximité « la bonne distance » (p.109) où les
animaux et les humains peuvent coexister sans se mélanger, il s'agit plutôt de partager l'espace
sans influencer le comportement des animaux. Le respect de ces distances devrait faire partie de
notre idéal urbain et citadin.

Dans son introduction, l'auteure explique comment l'implantation des villes telle que nous l'avons
faite jusqu'à présent a entraîné une détérioration de la nature, mais une amélioration du biotope
urbain. Ce n'est un secret pour personne que les villes se sont développées à un rythme accéléré
qui entraîne la destruction de la nature et donc la destruction des habitats des animaux sauvages.
Pourtant, les animaux ont toujours été là et nous sommes toujours surpris de constater leur
présence dans les villes. L'auteure se demande également si la présence de ces animaux en ville
est un indicateur que la ville est meilleure que les espaces ruraux, et l'une des raisons pour
lesquelles cela peut être vrai est que la ville peut être considérée comme un endroit sûr pour les
animaux, car elle ne présente pas les menaces (prédateurs) que l'on trouve normalement dans la
nature. D'autre part, la ville dispose d'une abondance de ressources, telles que l'eau et la
nourriture, qui constituent une attraction.

Comment avons-nous réagi à leur présence ? Beaucoup d'entre nous voient la situation avec des
yeux de curiosité, mais d'autres la voient avec des yeux de peur. Cette peur des animaux sauvages
provient de réactions primitives dues au comportement adaptatif de nos ancêtres qui étaient plus

Avril 2022
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exposés aux prédateurs, souligne l'auteure. À cette époque, les humains devaient faire preuve
d'intelligence, d'habileté et de courage pour vaincre les animaux qui représentaient une menace
pour eux.

« L’animal n’obéit qu’à lui-même, il suit les impulsions de sa nature, au plus près de ses besoins
qui exercent sans filtre ni artifices une influence salutaire sur son comportement » (p.46) explique
l'auteure dans son livre. Les animaux sauvages, en suivant leur instinct, deviennent une menace
pour les humains, cependant, nous-mêmes, en tant qu'humains, mettons une barrière entre la
« nature » et la « sauvagerie » et quand nous voyons ces animaux dans la ville, nous les voyons
avec des yeux de mépris, parce que l'animal s'installe dans un endroit qui, de notre point de vue,
n'est pas fait pour lui, nous pensons que ces animaux ont perdu leur véritable identité en quittant
leurs habitats mais en réalité c'est lié à notre conception de que un animal sauvage doit être sur
un territoire spécifique pour « rester lui-même » et en essayant de s'installer dans nos villes, nous
les considérons comme une sorte de « délinquant » (p.57) souligne l'auteure.

Notre interaction avec les animaux sauvages a deux faces : d'un côté, savoir que l'animal est guidé
par ses instincts et qu'il a un caractère incontrôlable justifie son extermination, mais d'un autre
côté nous prenons la responsabilité de l'avoir dénaturé en détruisant son habitat et cela justifie
que nous essayions de le protéger. L'auteure insiste sur le fait que nous n'avons aucune idée de
ses besoins mais que nous lui imposons quand même des réponses. Idéalement, selon Zask, les
animaux sauvages devraient être laissés tranquilles, à vivre selon leurs propres règles dans leurs
propres territoires. Nous trouvons des animaux qui s'installent dans des endroits impensables,
comme des oiseaux qui construisent leurs nids sur des panneaux de signalisation, et ils le font pour
des raisons que nous ignorons.

Cela nous amène à une autre idée importante à laquelle l'auteure fait référence, à savoir
l'importance de souligner la différence entre « ville » et « cité ». Zask explique que la fonction de la
ville est de civiliser et d'éduquer ce qui est encore à l'état « primitif ». Elle la qualifie également
« d'antidémocratique » (p.29), car la ville « expulse les êtres de leur propre vie pour leur imposer
un ordre invariant qui neutralise leur volonté... » (p.29) c'est-à-dire que la ville façonne les
comportements, alors que la cité « est une ville ouverte qui ne s'oppose pas à la nature mais
l'intègre comme un de ses aspects » (p.30). Cela signifie que la cité représente une reconnexion
avec la nature que nous avons perdue. Le « voisinage » semble être la notion la plus appropriée
pour imaginer une ville inclusive qui rend possible et même souhaitable la surprise de rencontrer
des animaux sur notre chemin. La séparation n'empêche pas la coexistence, c'est pourquoi il est
important de créer un voisinage entre les humains et les animaux qui permette à ces derniers de
vivre selon leurs propres instincts, règles et besoins.

Mais cette coexistence peut être difficile à maintenir, comme nous le rappelle l'auteure dans son
chapitre « un ours nourri est un ours mort » (p.139) où elle indique qu'il ne faut pas nourrir un
animal car cela peut éliminer ses instincts et peut aussi contribuer à sa multiplication, générant un
plus grand déséquilibre. Lorsque l'on donne de la nourriture à l'animal, la peur à l'homme et les
réflexes de fuite disparaissent, il est donc évident que l'animal reviendra et demandera une autre

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portion. Mais ce n'est pas le seul problème lié à l'alimentation des animaux sauvages. Nous
ignorons souvent quels aliments sont nocifs pour eux et leur transmettons involontairement des
maladies qui peuvent finir par les tuer. C'est pourquoi il est important de construire le quartier de
manière à respecter l'indépendance des animaux.

C'est là qu'intervient le concept de « cité multispéciste » (p.152) où un équilibre pourrait être


trouvé entre les humains et les animaux, en respectant la distance biologique, sociale et sanitaire
nécessaire à la sécurité des animaux et des humains. L'auteure ne nie pas que cette ville multi-
espèces ne sera jamais totalement exempte d'anthropocentrisme, mais ce scénario nous permet
de nous interroger sur la manière dont notre relation avec la nature a été jusqu'à présent, et sur la
manière de passer d'une société destructrice et utilitariste à la création d'espaces urbains où
chacun dispose de l'espace nécessaire pour prospérer. Pour l'auteure, il convient d'ouvrir les
espaces urbains, d'accentuer les passages et les circulations des animaux sauvages, mais aussi de
disposer d'espaces destinés aux animaux qui ont recours à la saisonnalité. Le faire à partir d'un
point de vue inclusif qui respecte la pluralité et ne cherche pas l'unité.

S'il est vrai que le livre aborde de nombreux aspects importants d'un point de vue moral, d'autres
doutes restent en suspens, comme dans le cas du chemin à suivre pour atteindre la ville multi-
espèces comme l'a souligné Villalba « c’est davantage le livre d’une intention, qui vise à décrypter
les conditions d’élaboration d’une compréhension renouvelée des relations qui nous unissent aux
animaux sauvages, dès lors que ces derniers sont reconnus comme nos voisins. » D’autre part, il
n'est pas très clair comment atteindre une « bonne distance » pour pouvoir coexister sans risque,
en réduisant la menace que représente l'animal sauvage, sans essayer de le domestiquer.
Beaucoup d'entre nous ont des phobies et des peurs qui peuvent nous faire réagir de telle manière
que nous exterminerions l'animal sauvage concerné, le livre n'aborde pas en détail le contrôle de
ces peurs. Il est important de souligner l'absence de politiques efficaces en faveur des animaux
sauvages, que l'auteure mentionne de manière superficielle mais sans entrer dans le détail des
solutions politiques en faveur de la préservation de ces animaux dans les zones urbaines. Selon
Hadidian, « il n'y a pas de consensus sur la question de la réglementation de la faune urbaine, et il
est peu probable qu'un tel consensus se dégage bientôt, compte tenu des intérêts publics et privés
contradictoires ».

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Zafra R. Carla Valentina

Bibliographie
• Bruno Villalba. (2021). « Zoocities. Des animaux sauvages dans les villes », VertigO - la
revue électronique en sciences de l'environnement. 2022, de OpenEdition Journals site
web: https://journals.openedition.org/vertigo/31985?lang=en#text

• Joëlle Zask. (2020). Zoocities. Des animaux sauvages dans la ville. Paris: Premier Parallèle.

• John Hadidian. (2015). « Wildlife in U.S. Cities: Managing Unwanted Animals », Animals: an
open access journal from MDPI vol. 5 site web:
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4693205/

Avril 2022

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