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IMAGINER…

... sa seigneurie
L’alleu de Bourbevieil (voir les B&A dans CB 10 et dans ce numéro) est

favoriser l’immersion dans la toile de fond de vos aventures.

N térature ainsi que les nom-


breuses pages
-

internet
montrent bien que ce vaste sujet ne
s'y rendront jamais et que l’endroit
sera négligeable pour eux. Plus on
s’éloigne du pouvoir central, moins
-
lité se fait sentir. Les dirigeants lo-
quelques pages de magazine. Cette caux auront plus de pouvoir et d’au-
aide de jeu est donc volontairement tonomie, et très certainement moins
simple (voir simpliste) quant aux de moyens en ce qui concerne le
rayonnement politique, économique
très peu la réalité historique, quand ou culturel. Les affaires, quelles
elle ne s’en éloigne pas. Après tout, qu’elles soient, seront réglées au ni-
le JdR est un jeu, pas une thèse de veau local et sans grande interaction
doctorat. avec le reste du monde. Tout au plus
quelques représentants du pouvoir
Entité territoriale et central agiront en se débrouillant
« au nom de… ».
historique
La première chose à faire est de son aspect territorial géographique.
Pas question pour vous de tout pré-
par rapport au reste de votre monde. voir dans le détail, il s’agit de brosser
Même si vous envisagez de ne jouer l’environnement général. Rappe-
qu’au sein même de la seigneurie, il
est important de déterminer si l’en- c’était la Beauce, la Brie, les Alpes, le
droit est éloigné d’un quelconque Massif central, etc., le tout irrigué par
pouvoir centralisateur fort ou, au -
contraire, parfaitement intégré au tation humaine se fait principalement
cœur dudit pouvoir au point d’être à proximité des cours d'eau). Quelques
relativement bien connu de tous. reliefs permettent aussi de caractériser
Une seigneurie proche de la capitale l’environnement , concernant la faune,
économique ou politique sera évi-
demment très différente d’une autre
placée sur ce qui ne sera qu’une trop de précision à l’ensemble peut
minuscule tâche sur une carte. Et considérablement freiner le déroule-
ceci par le simple fait que les diri- ment cohérent d’une aventure.
geants de votre monde n’y porteront L’histoire des lieux est tout aussi
pas la même attention, car ils ne importante. Si la population s’est
vassaux. Ces derniers ont en effet un
leur structure actuelle (villages et
bourgs, hameaux et fermes, ruines
et châteaux, etc.), c’est que votre tout simplement. Les grandes villes
seigneurie a eu une longue vie, non sont remplies d’individus « en rup-
seulement urbaine, mais aussi admi- ture de ban » et le seigneur voisin
nistrative, politique, économique et, est généralement fort joyeux d’ac-
surtout, humaine. Prenez le temps cueillir un nouveau venu et sa petite
de faire une frise chronologique des famille.
événements marquants. Cela pourra
même vous aider à construire votre
campagne en vous donnant des idées
Entité politique et
judiciaire
vieille légende, un parchemin retrou- Dans les modules d’aventure, on se
vé dans les archives du château, un rend vite compte que la structure po-
Ancien qui se souvient que le père de litique des environnements proposés
son père lui avait raconté que…, une s’arrête souvent au nom du bled et
tradition séculaire concernant un lieu à quelques lignes rapidement éva-
tabou, autant d’amorces potentielles. cuées évoquant le titre et l’attitude
De même, un seigneur qui s'est jadis générale du potentat local. La ques-
rebellé avant d'être chassé de la sei- tion des devoirs et obligations du sei-
gneurie peut avoir des descendants gneur ne se pose véritablement que
revendiquant l’endroit, par exemple. lorsque plusieurs entités administra-

attentif au (relatif) bien-être de ses dans l’aventure, et encore. Il


instance policière, même si les crimes
structure politique de la seigneurie. ou, plutôt, les délits dans ces villages
Qui est qui et qui fait quoi ? Très sont principalement constitués de
schématiquement, une seigneurie problèmes de voisinage (vol de poules
se décline sous deux formes (vision
d’affaires plus graves, un représen-
Gérer facilement son tant du seigneur se déplace générale-
Seigneurie foncière ment sur les lieux.
n’a de droits que sur les terres ou Historiquement, la justice seigneu-
riale dans notre Moyen- ge occiden-
moulin, un pressoir ou une halle
de marché. Il les exploite pour son
propre compte avec des serviteurs l’ensemble des droits et devoirs
(la réserve) ou en tenures exploi- dus au seigneur (cens, rentes,
tées par des paysans en échange de etc.) et les petites affaires délic-
tueuses sans grande importance.
d’une récolte), taxes sur les ani- Cela se règle généralement par des
maux et corvées (travail obligatoire perceptions d’amendes de faible
pour le compte du seigneur).
Seigneurie banale - « forfaits ») ou de simples empri-
quiert en plus des droits administra- sonnements de courte durée (à ce
tifs et judiciaires sur les habitants. propos, pour sortir le prisonnier
L’idéal, si vous débutez ou que le sujet se doit d’acquitter un droit de geô-
ne vous intéresse que moyennement, lage pour sa nourriture et son « lo-
est de mettre en place une seigneurie gement »). Un sergent s’occupe
intégrant ces deux aspects entre les généralement de cette justice au
mains de votre seigneur. Ce sera beau- nom de son seigneur.
coup plus simple à gérer. À moins de
vouloir mettre une grosse louche de bonne partie du droit civil et admi-
nistratif (y compris les successions,
appartenant à un seigneur, mais pas le la protection des mineurs et les
moulin, voire la moitié du village ap- affaires commerciales). Le seigneur
partenant à un vavasseur et le reste à peut aussi y juger les rixes, les injures
un autre, ce qui entraîne de fréquentes et les vols, étant entendu que le justi-
frictions, par exemple. ciable ne peut être puni de mort.
De la politique de gestion de la sei-
gneurie (voir encadré) découle le le seigneur a pratiquement tous
mode judiciaire en place. Plus la sei- les droits sur toutes les affaires et
gneurie est vaste, plus la justice est peut prononcer toutes les peines
décentralisée. Les grands ensembles qu’il souhaite, y compris la peine de
urbains (bourgs et villes) ont souvent mort. Cette sentence ultime ne peut
un magistrat rendant la justice pour cependant pas être appliquée sans
l’approbation d’un juge agissant
également présente dans les petits vil- au nom du pouvoir centralisateur.
lages. Qu’elle passe par un conseil de Théoriquement, bien entendu.
villageois, par une justice des sages ou
des anciens, par un « juge » unique, sur leur territoire les droits de basse
par un devin qui interprète la volonté et moyenne justice (jamais de haute
des Dieux, elle existe toujours. En pa- justice), mais doivent en référer aux
rallèle, on retrouve évidemment une représentants de leur seigneur.
Fief ou alleu ?
Dans le cas d’un , le seigneur est le vassal d’un suzerain (homme ou insti-

il s’agit simplement de l’entretien et de la protection des terres, bien que, gé-

et les taxes perçues sur le domaine ou une obligation politique ou militaire


envers le suzerain (ou tout cela à la fois). Le suzerain garde un contrôle sur la
-
ment à ce que l’on pense généralement.
Dans le cas d’un alleu, le seigneur n’a d’obligations qu’envers ses gens, sur
lesquels il a également tout pouvoir. L’alleu ne revient au suzerain initial
qu’en cas d’extinction de la lignée du seigneur donateur ou en cas de félonie
avérée. Chose intéressante, ce système peut aussi être utilisé par le seigneur
local pour permettre à certains de ses sujets d’exploiter des terres. Bien en-
tendu, ce cas est rare (on préfère le plus souvent le système de la tenure),
mais il peut être utile pour récompenser un aventurier, d’un point de vue
strictement local. L’alleu étant d’une simplicité biblique, 99% des univers
locaux en JdR en sont, de fait.
Dans les deux cas, le seigneur est en droit de nommer des vassaux, les fa-
meux vavasseurs, en leur accordant une partie de ses propres droits. En inté-
grer quelques-uns dans votre seigneurie ouvre d’intéressantes perspectives
d’aventures ou de complications, les uns et les autres étant généralement très
à cheval sur leurs prérogatives et parfois très susceptibles.

que celui qui consiste à lancer un sort


aux différentes forces politiques à de soin ou à provoquer un miracle.
l’œuvre dans votre seigneurie. Même Les Dix Commandements ne sont
si vous optez pour le plus simple,
un seigneur avec éventuellement société que les religieux inculquent
quelques vassaux, il y a toujours au
moins trois autres pouvoirs poli- même, leurs avis et « jugements »
tiques qui sont forcément présents ont bien souvent force de loi pour
le peuple. Souvenez-vous aussi de
l’adoration de la dixième molaire
sa forme, reste dans la plupart des de Sainte Gudulle, des Croisades, de
jeux médiévaux un élément impor- Luther et des Chouans…

et ce même s’il n’est pas nécessaire forment aussi un pouvoir impor-


d’entrer dans les détails. La plupart tant qui débouchent bien souvent
du temps, il est plus utile de mettre sur des « conseils », des « assem-
en scène des religieux qui parlent blées », voire dans les grandes sei-
« au nom des Dieux » sans trop gneuries sur des « parlements ».
s’appesantir sur un dieu en parti-
culier. Ceci n’est intéressant que si n’est pas humano-centrée dans
vous souhaitez vraiment insister sur les univers de fantasy. Il existe
d’autres races qui cohabitent et
scène les intérêts souvent bien ter- qui ne sont pas forcément inféo-
restres des clergés. Dans tous les cas, dées au seigneur. Que ce
le prêtre a largement plus de pouvoir
soit des nains, des elfes, des feys, prison, un service de messagerie
ou même des orques, posez-vous et, bien entendu, un centre de col-
toujours la question des relations lecte de l’impôt. La gestion locale
Qui est qui ? politiques entretenues par la sei- s’organise comme pour la ville.
gneurie avec toutes les formes de Le village (20 à 800 h.). Il n’offre
vie communautaire structurées. que des services de première né-
cessité (une forge, un four à pain
Entité urbaine communautaire et, parfois, une au-
berge/halte de voyageurs). Surtout,
-
il dispose d’une forme de vie com-
chir à l’implantation humaine. Tout
munautaire marquant son identité
dépend évidemment de sa localisa-
(le fameux « esprit de clocher »), le
tion et de la densité de population
plus souvent lié à la présence d’un
souhaitée. Les voies de commu-
lieu de culte et d’un cimetière, en
nication (routes et rivières) sont
plus d’une zone d’exploitation agri-
essentielles et plus l’on s’en éloigne,
plus les implantations deviennent
(les champs cultivés d’année en
année, une poissonnerie, etc.).
moyens de subsistance. Concentrer
Communauté oblige, un villageois
une population sans tenir compte de
est nommé maire et représente la
son approvisionnement en vivres au
population.
quotidien n’est pas crédible et trop
souvent oublié, à la fois dans les im- Le hameau est souvent une
plantations et dans les descriptifs. concentration plus ou moins fami-
L’urbanisme se divise en villes, bourgs,
On n'y trouve généralement pas
villages, hameaux et fermes isolées.
grand-chose, un puits commun et
La ville (5 000 à 10 000 habi- quelques granges collectives, tout
tants, protégés par une enceinte). au plus. Administrativement, le
À l’extérieur des remparts, les plus hameau dépend souvent d’un vil-
importantes d’entre elles disposent lage, à l’exception des endroits très
de faubourgs qui peuvent, avec le reculés vivant en quasi-autarcie.
temps, être englobés dans la ville
Les fermes isolées -
par la construction d’une nou-
velle muraille, sans destruction de
à moins que la seigneurie soit
l’ancienne. Pour satisfaire la popu-
considérée comme sûre.
lation, on y trouve à peu près de
tout, l’ensemble de la gestion com-
munale étant traité par un conseil Entité économique
dirigé par le bourgmestre.
Le bourg (800 à 2 000 h.). Les ressources alimentaires
Le seigneur ordinaire demeure Le travail de la terre reste l’élément
généralement dans un château fondamental de l’économie d’une
auquel vient s’accoler le bourg, seigneurie. Outre les besoins ali-
une grosse agglomération rurale mentaires des habitants, la majeure
où se tiennent les marchés des partie de la richesse d’une seigneu-
villages environnants. Y résident rie vient de son exploitation sous
des commerçants, des artisans et toutes ses formes. Trop souvent né-
la plupart des services administra- gligé dans nos aventures et descrip-
tions, le cheptel est aussi un élément
de police, quelques gardes, une majeur de son économie. Posséder
en propre du bétail est un signe Les ressources diverses
d’aisance. Les moyens de transfor-
Le bois et la pierre sont des res-
mation, que ce soit le moulin, le
sources stratégiques. S’il existe une
pressoir ou le four à pain, restent la
tolérance pour le ramassage du bois
propriété du seigneur qui nomme
mort, la coupe d’un arbre est souvent
des employés pour effectuer le tra-
un délit. La pierre reste rare et est pla-
vail. Ces derniers peuvent acheter
cée sous le contrôle strict du seigneur
ou louer une charge au seigneur
qui décide de son extraction, de son
pour travailler. Ces outils sont très
utilisation et de sa vente. Le charbon
contrôlés, la fraude étant fréquente.
de bois existe mais est relativement
Très surveillée, la vente des den- marginal. Ce sont des entrepreneurs
rées alimentaires se déroule sur les spécialisés qui se chargent du travail.
marchés des bourgs, avec un sem-
Les mines ne sont exploitées que
blant d’encadrement de l’hygiène et
sur ordre du seigneur. De faible ren-
la perception de taxes diverses (l’en-
dement, il n’est pas rare de voir leur
trée en ville d’un animal est rare-
exploitation par les entrepreneurs
ment gratuite). Les professions sont
spécialisés ne durer qu’un an ou
souvent regroupées en corporations
deux. Pour rappel, un seigneur pré-
agréées par le seigneur, suivant des
fère largement exploiter une mine de
règles strictes.
fer (utile localement), plutôt que de
courir après l’argent, l’or ou les dia-
contrôlée, surtout dans les seigneu- mants (compliqués à exploiter).
ries à forte densité de population.
Bien que violemment réprimé, le Les voies de communication
braconnage est fréquent, d’où le re-
Stratégiques et assez rares, les
cours à des forestiers (ancêtres des
routes sont des voies de com-
gardes champêtres).
munication essentielles. Le déplace- villages n’ont pas de protection
et les palissades de bois sont plus
plus rare et n'est pas régulé. L’entre- fréquentes que les imposantes mu-
tien des routes est laissé à l’initiative railles. Les engins de siège (offen-
du seigneur, hormis pour les grands sifs et défensifs) restent rares.
axes royaux qui sont une obligation
pour lui. Les chemins sont rare- et sa circulation rapide est pri-
ment pavés, les paysans de corvée se mordiale. En combien de temps et
dans la seigneurie contentent d’éliminer la végétation comment le seigneur est-il infor-
parasite des quelques axes usités. mé d’un raid à l’autre bout de son
Ainsi, la circulation des biens (par territoire ? Par ailleurs, quelques
les marchands ambulants qui font espions judicieusement placés
du troc au niveau local), des services dans et à l’extérieur de la seigneu-
et, souvent, des idées (par les col- rie évitent bien des surprises.
porteurs) sont restreintes la plupart
du temps. Les distances entre les
villages y sont pour beaucoup. Bien
Entité relationnelle
souvent, un villageois n’entrepren-
dra un voyage que pour se rendre caractéristiques intérieures et exté-
au bourg le plus proche, plus rare- rieures. On pense souvent – et c’est
ment au chef-lieu de la seigneurie. primordial – à décrire l’interne,
Le transport des biens se fait par l’organisation administrative, les dif-
convoi, parfois escorté de gardes. Un férentes guildes et corps de métiers,
service de transport en commun par les populations non-humaines et les
tout type de moyens (y compris ex- créatures, tous ces éléments qui ont
traordinaires) peut exister dans les
seigneuries plus organisées. seigneurie. Toutefois, ses rapports
avec l’extérieur sont souvent négli-
gés, alors qu’ils sont un enjeu capital
Entité militaire pour la politique et l’économie.
La seigneurie doit pouvoir répondre En premier lieu, le positionnement
à toutes formes d’agression. Pour hiérarchique de la seigneurie va
impliquer des obligations du sei-
- gneur envers son suzerain. Il est
posée de locaux ayant la vocation, -
de mercenaires et de chevaliers
errants, forme le ban. Les milices vos intrigues de prendre place sans
(recrutées parmi les habitants) que le pouvoir supérieur (parfois
forment l’arrière ban. En temps une Église) ne vienne y mettre son
de paix, la soldatesque assure les nez. De plus, il est plus facile d’impli-
tâches de police et d’escorte. Les quer des aventuriers dans des crimes
milices ne sont pas actives, à l’ex- locaux dans le cadre d’une baronnie
ception des bourgs où elles sont que dans le cadre d’un duché où la
chargées de surveiller les lieux justice est mieux organisée.
(« période de garde » des habi- Deuxièmement, à moins de vivre
tants encadrés par un sergent de en autarcie complète, la seigneurie
métier). entretient des rapports économiques
(exportation comme importation)
tours de guet, forts, etc. L’investis- et politiques (comme les alliances)
sement étant élevé, de nombreux étroits avec ses voisins, directs et
parfois éloignés. Prenez le temps de dans les engins de guerre (à l'origine
- du mot), dans le génie civil (y com-
mico-religieux. Là encore, de nom- pris la construction des places fortes)
breuses idées de scénarios germe- et les ponts et chaussées, ainsi que
dans la marine (pour la construction
des navires).
Entité technologique et
poids de la magie dans votre seigneu-
rie. Avez-vous remarqué que, la plu-
La technologie et les sciences sont part du temps, nous ne la mettons en
les grandes oubliées des bacs à sable. scène qu’à travers d’individus (un PJ
Bien souvent, pour exploiter les res- ou un PNJ allié ou ennemi) qui n’in-
sources comme pour faire la guerre teragissent que très peu sur l’envi-
ou maintenir la tranquillité des habi- ronnement quotidien en dehors des
tants, les seigneurs font appel à des nécessités du scénario ? Pourtant,
ingénieurs et des savants de tout avec les sorts détournés, il y a lar-
bord. Souvenez-vous de ce qu’un gement de quoi faire. De même, une
Léonard de Vinci était capable de expérience magique ou alchimique
réaliser au XVIe siècle. Gardez aussi peut parfaitement mal tourner.
à l’esprit que la science est souvent
l’ennemie de l’Église, qui va chercher Entité spirituelle et
à maintenir un certain obscuran-
tisme (d’autant plus important que mystérieuse
l’Église est puissante dans la sei- Le dernier point, celui sur lequel on
gneurie). Dans ce cas-là, la plupart
des savants sont des théologiens. est son creuset spirituel, les légendes
Les savants sont en général des et les mythes qui l’enrobent. C’est
hommes rares, isolés, parfois sou- un ciment liant l’ensemble, les lieux
tenus dans leurs recherches par le et leur histoire, les créatures et les
seigneur local ou par des Églises habitants. C’est également ses orien-
(beaucoup de savants travaillent sur tations religieuses, avec ses églises et
la position des astres). Dans les capi- ses lieux de cultes, parfois invisibles
tales, des universités peuvent même et secrets. Bien souvent, la religion
voir le jour, s’axant sur une étude s’efface devant la superstition et
plus fondamentale. Dans tous les plus vous vous enfoncez dans les
cas, la science repose sur des tech- terres, plus les habitants rencontrés
niques empiriques et se veut avant prêtent attention aux rumeurs et aux
tout expérimentale. L’alchimie est légendes locales, au détriment des
une des sciences les plus dévelop- institutions religieuses. Rappelez-
pées et se mêle à des disciplines plus vous votre enfance, les histoires que
académiques telles que la physique vous racontait votre grand-mère, et
et la géométrie. dites-vous que pour eux, ce sont des
L’ingénierie est plus libre, car elle vérités absolues. Les Évangiles du
est dans un champ d’application qui diable de Claude Seignolle sont une
ne remet pas en cause les grandes mine d’or à ce propos.
connaissances ecclésiastiques. Les
innovations technologiques peuvent
être très importantes, comme dans
l’exploitation minière et surtout

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