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Chez le même éditeur

Protocoles en gynécologie obstétrique, 4e  édition, Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), 2018,
352 pages.
Gynécologie pour le praticien, 9e édition, par J. Lansac, H. Marret, 2018, 656 pages.
La pratique chirurgicale en gynécologie - obstétrique, par J. Lansac, G. Body, G. Magnin, 2011, 560 pages.

Dans la collection Techniques chirurgicales


Chirurgie de l’incontinence urinaire et du prolapsus, par M. Cosson, R. de Tayrac, G. Meurette, J.-N. Cornu, F. Haab, B. Deval, 2019,
448 pages.
Hystérectomies, par M. Cosson, A. Wattiez, P. Collinet, 2016, 256 pages.
Chirurgie en obstétrique  –  Chirurgie de la femme enceinte et de l’accouchement, par P.  Deruelle, G.  Kayem, L.  Sentilhes, 2015,
200 pages.
Chirurgie des cancers gynécologiques, 2e édition, par D. Querleu, E. Leblanc, P. Morice, G. Ferron, 2014, 216 pages.
Chirurgie vaginale, 2e édition, par M. Cosson, D. Querleu, 2011, 280 pages.
Hystéroscopie et fertiloscopie, par H. Fernandez, O. Garbin, A. Gervaise, 2013, 264 pages.
Chirurgie cœlioscopique en gynécologie, 2e édition, par G. Mage, 2013, 279 pages.
Techniques chirurgicales – Gynécologie
Collection dirigée par Michel Cosson

Chirurgie de l’endométriose
Approche multidisciplinaire médico-chirurgicale
Chrystèle Rubod
Professeur de gynécologie-obstétrique, praticien hospitalier,
service de chirurgie gynécologique,
hôpital Jeanne de Flandre, CHRU de Lille,
faculté de médecine, Université de Lille

Pierre Collinet
Professeur de gynécologie-obstétrique, praticien hospitalier,
service de chirurgie gynécologique,
hôpital Jeanne de Flandre, CHRU de Lille,
faculté de médecine, Université de Lille

Dessins de Cyrille Martinet


Elsevier Masson SAS, 65, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex, France

Chirurgie de l’endométriose, de Chrystèle Rubod, Pierre Collinet.


© 2022 Elsevier Masson SAS
ISBN : 978-2-294-77427-0
e-ISBN : 978-2-294-77462-1
Tous droits réservés.

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Table des compléments en ligne

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Ils proposent des vidéos). Pour voir ces compléments, connectez-vous sur http://www.em-consulte/e-complement/477427
et suivez les instructions.

Vidéo e.16.1 Vidéo e.18.3


Kystectomie. Exérèse discoïde transanale à la pince semi-circulaire Contour®
Vidéo e.16.2
Transtar.
Sclérothérapie par cœlioscopie. Vidéo e.22.1
Vidéo e.18.1
Vaporisation de lésions endométrioses superficielles
Shaving. diaphragmatiques droites.

Vidéo e.18.2
Exérèse discoïde à la pince agrafeuse circulaire transanale.

VIII
Liste des auteurs

Alaria Ilasia, interne de gynécologie – obstétrique, pôle de Dabi Yohann, chef de clinique assistant, assistant hos-
chirurgie gynécologique, Gynéco Marseille. pitalier universitaire, service de gynécologie obstétrique
Baffet Hortense, praticien hospitalier, service de chirurgie et médecine de la reproduction, hôpital Tenon, Paris,
gynécologique, hôpital Jeanne de Flandre, CHRU de Lille. groupe de recherche en endométriose (GRC-6, Sorbonne
Université), centre expert en endométriose (C3E), Sor-
Bendifallah Sofiane, maître de conférences des universités,
bonne Université, UMRS-938.
praticien hospitalier, service de gynécologie obstétrique
et médecine de la reproduction, hôpital Tenon, Paris, Daraï Émile, professeur des universités, praticien hospita-
groupe de recherche en endométriose (GRC-6, Sorbonne lier, service de gynécologie obstétrique et médecine de la
Université), centre expert en endométriose (C3E), Sor- reproduction, hôpital Tenon, Paris, groupe de recherche
bonne Université, UMRS-938. en endométriose (GRC-6, Sorbonne Université), centre
Bolze Pierre-Adrien, maître de conférences des univer- expert en endométriose (C3E), Sorbonne Université,
sités, praticien hospitalier, chef du service de chirurgie UMRS-938.
gynécologique et oncologique – obstétrique, hôpital Decanter Christine, praticien hospitalier, chef du service
universitaire Lyon Sud, hospices civils de Lyon, Université d’assistance médicale à la procréation et de préservation
Lyon 1. de la fertilité, hôpital Jeanne de Flandre, EA 4308 « Gamé-
Botchorishvili Revaz, praticien hospitalier, service de chi- togenèse et qualité du gamète », CHRU de Lille.
rurgie gynécologique, hôpital Estaing, CHU de Clermont- Delplanque Sophie, praticien hospitalier, service de chirur-
Ferrand. gie gynécologique, hôpital Jeanne de Flandre, CHRU de
Bourdel Nicolas, praticien hospitalier, service de chirur- Lille, Université de Lille.
gie gynécologique, hôpital Estaing, CHU de Clermont- Delporte Victoire, praticien hospitalier, service de chirur-
Ferrand. gie gynécologique, hôpital Jeanne de Flandre, CHRU de
Canis Michel, professeur des universités, praticien hospita- Lille, Université de Lille.
lier, service de chirurgie gynécologique, hôpital Estaing, Dennis Thomas, IFEMENDO (Institut franco-européen
CHU de Clermont-Ferrand. multidisciplinaire d’endométriose), clinique Tivoli, Bor-
Cathelain Alice, assistante des hôpitaux, service de chirur- deaux.
gie gynécologique, hôpital Jeanne de Flandre, CHRU de Dubernard Gil, professeur des universités, praticien hos-
Lille, Université de Lille. pitalier, service de gynécologie-obstétrique, hôpital
Chauffour Candice, praticien hospitalier, service de chirur- universitaire de la Croix-Rousse, hospices civils de Lyon,
gie gynécologique, hôpital Estaing, CHU de Clermont- Université Claude Bernard Lyon 1.
Ferrand. Estrade Jean-Philippe, pôle de chirurgie gynécologique,
Chauvet Pauline, praticien hospitalo-universitaire, service Gynéco Marseille.
de chirurgie gynécologique, hôpital Estaing, CHU de Ferrier Clément, chef de clinique assistant, assistant hos-
Clermont-Ferrand. pitalier universitaire, service de gynécologie obstétrique
Collinet Pierre, professeur des universités, praticien hos- et médecine de la reproduction, hôpital Tenon, Paris,
pitalier, service de chirurgie gynécologique, hôpital groupe de recherche en endométriose (GRC-6, Sorbonne
Jeanne de Flandre, CHRU de Lille, faculté de médecine, Université), centre expert en endométriose (C3E), Sor-
Université de Lille. bonne Université, UMRS-938.
IX
Liste des auteurs

Forestier Damien, IFEMENDO (Institut franco-européen obstétrique et de reproduction humaine, hôpital Sud,
multidisciplinaire d’endométriose), clinique Tivoli, Bor- CHU de Rennes.
deaux. Panel Pierre, praticien hospitalier, chef du service de gyné-
Gandon Anne, praticien hospitalier, service de chirurgie cologie-obstétrique, hôpital André Mignot, CH de Ver-
digestive, hôpital Jeanne de Flandre, CHRU de Lille. sailles.
Golfier François, professeur des universités, praticien hos- Paparel Philippe, professeur des universités, praticien hos-
pitalier, chef du service de chirurgie gynécologique et pitalier, chef adjoint du service d’urologie, hôpital univer-
oncologique – obstétrique, hôpital universitaire Lyon Sud, sitaire Lyon Sud, hospices civils de Lyon, Université Lyon 1.
hospices civils de Lyon, Université Lyon 1, responsable du Phalippou Jérôme, praticien hospitalier, service de chirur-
centre INCa des tumeurs trophoblastiques, Institut de can- gie gynécologique et cancérologique, hôpital Jeanne de
cérologie des hospices civils de lyon (IC-HCL), président Flandre, CHRU de Lille.
du réseau EndAura Endométriose Auvergne-Rhône-Alpes,
CICLY (centre d’innovation en cancérologie de Lyon). Philip Charles-André, professeur des universités, praticien
hospitalier, service de gynécologie-obstétrique, hôpital
Gremeau Anne-Sophie, praticien hospitalier, service de
universitaire de la Croix-Rousse, hospices civils de Lyon,
chirurgie gynécologique, hôpital Estaing, CHU de Cler- Université Claude Bernard Lyon 1.
mont-Ferrand.
Ploteau Stéphane, professeur des universités, praticien
Hébert Thomas, praticien hospitalier, service de gynéco-
hospitalier, service de chirurgie gynécologique, hôpital
logie, centre Olympe de Gouges, hôpital Bretonneau,
femme-maternité, CHU de Nantes.
CHRU de Tours.
Puchar Anne, chef de clinique assistant, assistant hos-
Kerbage Yohan, praticien hospitalier, service de chirurgie
pitalier universitaire, service de gynécologie obstétrique
gynécologique, hôpital Jeanne de Flandre, CHRU de Lille,
et médecine de la reproduction, hôpital Tenon, Paris,
faculté de médecine.
groupe de recherche en endométriose (GRC-6, Sorbonne
Klebanoff Jordan S., MD, Gynecologic Surgery, Main Line Université), centre expert en endométriose (C3E), Sor-
HealthCare Gynecology at Lankenau Medical Center, bonne Université, UMRS-938.
Wynnewood, Pennsylvania.
Rabischong Benoît, professeur des universités, praticien
Mathieu d’Argent Emmanuelle, praticien hospitalier, res- hospitalier, service de chirurgie gynécologique, CHU
ponsable de l’unité fonctionnelle d’AMP, préservation de Estaing, Clermont-Ferrand.
la fertilité et chirurgie de l’infertilité, service de gynécolo-
gie obstétrique et médecine de la reproduction, hôpital Rahman Sara, MD, Obstetrics and Gynecology Resident,
Tenon, Université Pierre et Marie Curie, Paris  6, GRC6- Post Graduate Year 3, The George Washington University
UPMC : centre expert en endométriose (C3E). Hospital, Washington.
Merlot Benjamin, IFEMENDO (Institut franco-européen Renon Paul, interne de gynécologie – obstétrique, service
multidisciplinaire d’endométriose), clinique Tivoli, Bor- de chirurgie gynécologique, hôpital Jeanne de Flandre,
deaux. CHRU de Lille, faculté de médecine, Université de Lille.
Moawad Gaby N., MD, FACOG, Clinical Associate Profes- Robin Geoffroy, maître de conférences des universités,
sor of Obstetrics and Gynecology, The George Washing- praticien hospitalier, service de chirurgie gynécologique,
ton University School of Medicine and Health Sciences, hôpital Jeanne de Flandre, CHRU de Lille.
The Center for Endometriosis & Advanced Pelvic Surgery Rolland Anne-Laure, praticien hospitalier, service de chi-
(CEAPS), Washington. rurgie gynécologique, hôpital Jeanne de Flandre, CHRU
Niro Julien, chirurgien gynécologue, pôle gynécologie – de Lille.
sénologie – AMP, centre médico-chirurgical Hartmann Roman Horace, IFEMENDO (Institut franco-européen
– Ambroise Paré – Pierre Cherest, Neuilly-sur-Seine. multidisciplinaire d’endométriose), clinique Tivoli, Bor-
Noailles Myriam, IFEMENDO (Institut franco-européen deaux.
multidisciplinaire d’endométriose), clinique Tivoli, Bor- Rousset Pascal, professeur des universités, praticien hos-
deaux. pitalier, chef adjoint du service d’imagerie médicale et
Nyangoh Timoh Krystel, maître de conférences des univer- interventionnelle, hôpital universitaire Lyon Sud, hos-
sités, praticien hospitalier, département de gynécologie- pices civils de Lyon, Université Lyon 1.
X
Liste des auteurs

Rubod Chrystèle, professeur des universités, praticien Verpillat Pauline, praticien hospitalier, service de radio­
hospitalier, service de chirurgie gynécologique, hôpital logie, imagerie de la femme et imagerie anténatale, hôpital
Jeanne de Flandre, CHRU de Lille, faculté de médecine, Jeanne de Flandre, CHRU de Lille, Université de Lille.
Université de Lille. Warembourg Sophie, praticien hospitalier, service de
Touboul Cyril, professeur des universités, praticien hos- gynécologie, hôpital universitaire de la Croix-Rousse, hos-
pitalier, service de gynécologie obstétrique et médecine pices civils de Lyon.
de la reproduction, hôpital Tenon, Paris, groupe de Wattier Jean-Michel, praticien hospitalier, centre d’études
recherche en endométriose (GRC-6, Sorbonne Univer- et traitements de la douleur, clinique d’anesthésie réani-
sité), centre expert en endométriose (C3E), Sorbonne mation et de la douleur, hôpital Claude Huriez, CHRU de
Université, UMRS-938. Lille.

XI
Avant-propos

La chirurgie de l’endométriose a connu une véritable révo- manquait au paysage littéraire. L’élément fondamental qui a
lution depuis les 20 dernières années. Autrefois réalisée par guidé la rédaction de cet ouvrage était d’offrir aux lecteurs
laparotomie avec des objectifs « carcinologiques », la chi- une compilation des différentes expertises chirurgicales
rurgie de l’endométriose a évolué vers une approche moins françaises dans ce domaine.
invasive et plus conservatrice au bénéfice des patientes Par cette dynamique, nous sommes ravis de proposer
elles-mêmes. L’efficacité antalgique, l’optimisation de la fer- aujourd’hui un ouvrage clair et didactique permettant à
tilité, la prévention des séquelles fonctionnelles et enfin la chaque chirurgien de progresser pas à pas. Plus important
réduction du risque de récidive sont aujourd’hui les objec- encore que le geste technique, est traité en premier lieu
tifs principaux de cette prise en charge. l’évaluation préparatoire et les indications opératoires. Est
Cette révolution chirurgicale a été rendue possible grâce proposée ensuite une description claire et didactique de la
à la précision des cartographies lésionnelles réalisées en technique chirurgicale pour chaque localisation.
préopératoire, aux modalités d’organisation en mode mul- Enfin, il convient de remercier chaque auteur ayant tra-
tidisciplinaire, aux innovations technologiques en chirurgie vaillé à la standardisation et la simplification de techniques
minimale invasive, et enfin à l’expertise chirurgicale crois- chirurgicales parfois complexe. Nous espérons que cet
sante des chirurgiens. ouvrage collectif permettra à chaque lecteur d’élargir son
La pratique de la chirurgie de l’endométriose jus- champ de compétences et d’expertise chirurgicale, quel
tifie un apprentissage exigeant et spécifique du fait de la que soit le niveau de formation. Que ce livre vous soit utile
complexité chirurgicale parfois rencontrée. Afin de retrans- au quotidien, tel est notre souhait !
crire ces évolutions de prise en charge, un ouvrage dédié Pierre Collinet, Chrystèle Rubod

XII
Liste des abréviations

AFS American Fertility Society HIFU High Intensity Focused Ultrasound


AMH Anti-Mullerian Hormone HTA Hypertension artérielle
AMM Autorisation de mise sur le marché IADE Infirmier anesthésiste diplômé d’État
AMP Assistance médicale à la procréation IBODE Infirmier de bloc opératoire diplômé d’État
ANSM Agence nationale de sécurité du médicament IC 95 % Intervalle de confiance à 95 %
et des produits de santé ICG Indocyanine Green
ASRM American Society for Reproductive Medicine ICSI Intracytoplasmic Sperm Injection
ARN Acide ribonucléique IIU Insémination intra-utérine
BIS Index bispectral IRM Imagerie par résonance magnétique
CA Cancer Antigen LANN Laparoscopic Neuro-Navigation
CETD Centre d’étude et traitement de la douleur LARS Low Anterior Resection Syndrome
CKD-EPI Chronic Kidney Disease-Epidemiology LH Luteinizing Hormone
CLIN Comité de lutte contre les infections LION Laparoscopic Implantation Of Neuroprothesis
nosocomiales LUS Ligament utérosacré
CNGOF Collège national des gynécologues Mag3 Mercaptoacétyltriglycine
et obstétriciens français MAR Médecin anesthésiste-réanimateur
COP Contraception œstroprogestative MICI Maladie inflammatoire chronique de l’intestin
CPA Cyproterone Acetate MOS-SF-36 Medical Outcome Study Short Form 36 item
CRP C Reactive Protein MSV Multi Slice View
CRV Cloison rectovaginale NH Nerf hypogastrique
CUSA® Cavitron Ultrasonic Surgical Aspirator NICE National Institute for Health and Care Excellence
DN4 Douleur neuropathique 4 (questionnaire) NP Niveau de preuve
DIU Dispositif intra-utérin NSP Nerf splanchnique pelvien
DMSA Dimercaptosuccinic Acid NSS Nerf splanchnique sacré
dPEI deep Pelvic Endometriosis Index OR Odds Ratio
DPMA Depot Medroxyprogesterone Acetate PHI Plexus hypogastrique inférieur
EFI Endometriosis Fertility Index PMA Procréation médicalement assistée
EN Échelle numérique RAAC Récupération améliorée après chirurgie
EPA Endométriose de la paroi abdominale rAFS revised American Fertility Society
EPP Endométriose pelvienne profonde rASRM revised American Society for Reproductive Medicine
ERAS Enhanced Recovery After Surgery RCP Réunion de concertation pluridisciplinaire
ESHRE European Society of Human Reproduction RPC Recommandations pour la pratique clinique
and Embryology ROS Reactive Oxygen Species
ETIC Endometriosis treatment Italian Club RPC Recommandation pour la pratique clinique
EVA Échelle visuelle analogique RPM Résidu post-mictionnel
FIV Fécondation in vitro RR Risque relatif
FSH Follicle Stimulating Hormone Se Sensibilité
FUG Fistule urogénitale SERM Selective Estrogen Receptor Modulator
FUV Fistule urétérovaginale Sp Spécificité
FVV Fistule vésicovaginale SPRM Selective Progesterone Receptor Modulator
GnRH Gonadotropin Releasing Hormone SSPI Salle de surveillance post-interventionnelle
GRACE Groupe francophone de réhabilitation améliorée TAP Transverse Abdominal Plane
après chirurgie TUI Tomographic Ultrasound Imaging
HAD Hospital Anxiety and Depression scale TV Toucher vaginal
HAS Haute autorité de santé UBESS Ultrasound-Based Endometriosis Staging System
HCG Hormone chorionique gonadotrope VOCAL Volume Calculation

XIII
Chapitre 1
Place de la chirurgie
dans le traitement
de l’endométriose
Michel Canis, Anne-Sophie Gremeau, Candice Chauffour,
Pauline Chauvet, Revaz Botchorishvili, Nicolas Bourdel

PLAN DU C HAPITRE
Histoire naturelle de l’endométriose 4

Endométriome ovarien et chirurgie 4

Douleur chronique 6

Patientes éligibles 6

Après la chirurgie 8

Conclusion 8

Chirurgie de l’endométriose
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
I. Généralités

La place de la chirurgie dans le traitement de l’endométriose Les « convictions » actuelles sont déduites de l’évolution
est un sujet difficile. Les recommandations du CNGOF «  spontanée » observée chez le babouin, évolution qui
(Collège national des gynécologues et obstétriciens fran- pourrait être la conséquence des cœlioscopies itératives
çais) [1] n’ont pas discuté la place relative de la chirurgie et nécessaires à cette observation [5]. Si la cause n’est pas
des traitements médicaux. permanente, l’aggravation et la récidive ne sont pas iné-
• La chirurgie est-elle indiquée seulement si le traitement luctables. Si le phénotype des lésions peut dépendre de la
médical est inefficace ? cause initiale, comme c’est le cas pour les endométrioses de
• Le traitement de l’endométriose devient-il un impos- cicatrice de césarienne, alors certaines formes pourraient
sible ? être sévères d’emblée et d’autres rester minimes, stables 6 à
• La ménopause induite par les analogues et les antago- 12 mois après le diagnostic [6]. La taille d’un kyste ou d’une
nistes de la GnRH (Gonadotropin Releasing Hormone) n’est lésion infiltrante peut augmenter [7,8], mais cela ne signifie
pas acceptable au long cours [1]. Si l’on ajoute une add- pas que tous grossissent ou que de nouvelles lésions vont
back thérapie, pourquoi ne pas utiliser plutôt une contra- apparaître !
ception orale continue ? Mais de ces « pilules », les femmes Si la récidive est inéluctable, la chirurgie devrait être radi-
redoutent les conséquences, possibles ou réelles (risque de cale (hystérectomie et annexectomie bilatérale) et réalisée
cancers, etc.) et les effets immédiats (baisse de libido, prise quand la patiente n’a définitivement plus de désir de gros-
de poids, etc.) si variables d’une femme à l’autre ! sesse. À l’inverse, les taux de récidive sont très hétérogènes,
• Les progestatifs anciens exposent au risque de ménin- d’autant plus faibles que le nombre de patientes incluses
giome [2]. dans l’étude est élevé [9].
• Les dispositifs intra-utérins hormonaux sont intéressants La persistance de lésions est fréquente, puisque le chirur-
[1], mais leur mise en place chez les nullipares n’est pas tou- gien doit préserver la reproduction, mais :
jours simple. • ce n’est pas un argument pour contre-indiquer la chirur-
Alors il reste la chirurgie, efficace dans les essais en gie ;
double aveugle [3], mais accusée de détruire l’ovaire, et • ce n’est pas un argument pour systématiquement évo-
dont les patientes redoutent les complications rares qui quer la récidive chez une patiente dont les douleurs réap-
leur sont pourtant présentées en détail  ! Ainsi, de nom- paraissent à l’arrêt du traitement médical quand la maladie
breuses patientes font tout pour éviter la chirurgie. Et puis n’a pas été confirmée histologiquement ;
comment opérer encore quand la «  théorie unique » dit • surtout cela ne justifie pas une réintervention systéma-
que l’endométriose débute à la puberté, évolue de manière tique devant une récidive douloureuse chez une patiente
continue et récidive toujours ? traitée de manière satisfaisante quelques mois plus tôt.
Ces chirurgies itératives inutiles, justifiées par la «  réci-
dive », sont l’argument majeur de ceux qui plaident contre
la chirurgie. Opérer une fois correctement, ce n’est pas opé-
Histoire naturelle rer tous les ans ! C’est accepter que le traitement chirurgical
a une place et qu’il est efficace, qu’il s’agit de plus du seul
de l’endométriose traitement définitif des lésions [2].

« Les données de la littérature ne sont pas en faveur d’une


progression de l’endométriose au fil du temps, que ce soit
en termes de volume ou de nombre des lésions (NP3). » [1] Endométriome ovarien
Cette constatation confirmée par de nombreuses études et chirurgie
va contre le bon sens [4] ! Le reflux menstruel, présent chez
90 % des femmes [1], permet le début de la maladie dès la La préservation ovarienne est abordée dans le chapitre
puberté, la maladie devant s’aggraver à partir de cet âge et 16. La chirurgie des endométriomes ovariens est discutée
la récidive être inéluctable quel que soit le traitement. Mais du fait des conséquences ovariennes potentielles. Mais les
le bon sens n’est-il pas de tenir compte des résultats de la résultats des alternatives thérapeutiques, abstention, traite-
littérature qui ne montrent pas de corrélation entre l’âge et ment médical, sclérothérapie sous contrôle endoscopique
le stade de la maladie [4] ? L’hypothèse doit être remise en ou échographique sont peu nombreux [10]. La notion
cause si les résultats ne la confirment pas. La permanence de réserve ovarienne est confuse [11]. Le dosage d’AMH
du reflux menstruel n’implique pas la permanence de la (Anti-Mullerian Hormone) reflète la réponse ovarienne à
cause de l’endométriose ! venir lors d’une procréation médicalement assistée (PMA),
4
1. Place de la chirurgie dans le traitement de l’endométriose

et non la réserve en follicules primordiaux. La réserve ova- à la stimulation ovarienne [13]. Le traitement du kyste est
rienne, ce sont comme les follicules non recrutés et de dia- nécessaire quand la patiente souhaite être enceinte. C’est
mètre stable [11]. FSH (Follicle Stimulating Hormone), AMH pourquoi il est proposé d’opérer les endométriomes de
et compte des follicules antraux évaluent les follicules en plus de 4 cm tant que nous n’avons pas la preuve clinique
croissance. Aucun outil clinique n’évalue le stock de folli- que ces kystes ne détruisent pas l’ovaire si on les laisse sans
cules primordiaux. La baisse d’AMH vise à reconstituer la traitement, ou que le traitement médical permet de stop-
réserve de follicule en croissance. On estime à 350 jours le per les dégâts.
temps entre l’activation d’un follicule primordial et le stade La kystectomie est le standard [1]. Elle doit être précé-
de follicule antral précoce auquel il faut 3 mois pour deve- dée d’un diagnostic chirurgical qui élimine les kystes fonc-
nir préovulatoire [11]. Les effets de la chirurgie devraient tionnels dont la dissection est très délétère. La kystectomie
apparaître 1 an après l’intervention. Les variations pré- doit être réalisée avec discernement, elle peut être difficile
coces sont le reflet de l’altération des follicules antraux et et doit être réalisée par des chirurgiens entraînés qui sui-
non d’une disparition des follicules primordiaux. Le taux vent les règles de la microchirurgie. Il faut interrompre le
d’AMH peut être abaissé chez les patientes porteuses d’un geste s’il est trop difficile et reprogrammer la patiente après
endométriome [10]. Alors quels sont les rôles respectifs un traitement médical au besoin dans un centre expert.
de la chirurgie et de la maladie dans les dégâts ovariens ? La kystectomie est souvent difficile après traitement médi-
Le dosage d’AMH ne peut être mis en parallèle avec une cal [10], et impose souvent le recours à des techniques
date présumée de ménopause que 5 à 6 ans avant celle-ci ; d’ablation. En cas de difficulté, la bipolaire n’est pas une
l’AMH n’est pas un reflet du stock folliculaire primordial alternative, les vaporisations au laser CO2 ou au Plasmajet®
chez les femmes jeunes [11]. Mais l’endométriome et/ou sont efficaces. Le drainage seul n’a pas d’effet durable sur
la chirurgie de l’endométriome ovarien peuvent être suivis le kyste, le drainage suivi de traitement médical diminue la
d’une ménopause précoce [12]. taille mais ne traite pas le kyste. Les sclérothérapies écho-
Fixer un diamètre au-delà duquel l’endométriome doit graphiques sont plus difficiles sur les kystes de plus de
être opéré est difficile ; la valeur de 4 cm peut être proposée 6 cm de diamètre. Les sclérothérapies endoscopiques ont
(fig. 1.1). Au-delà, l’endométriome interfère avec la réponse été encore peu étudiées [10].

Fig. 1.1
Place de la chirurgie en cas d’endométriome ≥ 4 cm.
KOF : kyste ovarien fonctionnel.
5
I. Généralités

Les kystes de moins de 3 cm ne sont pas une indication • Trois essais prospectifs en double aveugle ont confirmé
chirurgicale s’ils sont asymptomatiques. Mais si des lésions l’intérêt du traitement chirurgical de l’endométriose dans la
infiltrantes doivent être opérées, le traitement des kystes prise en charge des douleurs pelviennes chroniques [3].
est logique. • L’effet placebo de la chirurgie dure 6 mois. Si le bénéfice
• Chez les patientes de plus de 40 ans, ou quand l’image dure moins de 6 mois, c’est que l’avantage de la chirurgie
échographique est suspecte, un diagnostic chirurgical est est nul. Si le geste initial a été bien conduit, une chirurgie
indispensable pour éliminer le cancer. itérative est a priori inutile.
• Après 40 ans en l’absence de désir de grossesse, l’exérèse • Le bénéfice de la chirurgie colo rectale est plus impor-
complète de la poche kystique est indispensable, en accep- tant si les patientes ont une altération importante de la
tant les possibles dégâts ovariens. Sinon la kystectomie doit qualité de vie [14].
suivre les règles citées plus haut. • Comme dans le cadre de l’infertilité, le bénéfice de la
chirurgie de l’endométriose est d’autant moins important
que les lésions sont peu sévères.
Douleur chronique
Les mécanismes des douleurs pelviennes chroniques sont Patientes éligibles
complexes et intriqués, avec des pathologies associées
(intestin irritable, cystite interstitielle, etc.), les antécédents Lésions infiltrantes (fig. 1.2)
traumatiques (physiques, sexuels), les phénomènes de sen-
sibilisation périphérique ou centrale, ou la notion de catas- Les patientes qui présentent un syndrome occlusif, suboc-
trophisme. clusif ou un obstacle urétéral doivent être opérées, même si
Alors, quelle place pour la chirurgie ? Plusieurs notions certaines patientes peuvent rester de longues périodes de
sont importantes. sonde double J.

Fig. 1.2
Place de la chirurgie en cas de nodule infiltrant.
DIU : dispositif intra-utérin ; PMA : procréation médicalement assistée.
6
1. Place de la chirurgie dans le traitement de l’endométriose

Sinon, la règle est d’opérer toutes patientes qui ne sont la chirurgie. Les patientes « décident », mais elles attendent
pas soulagées par un traitement médical bien conduit. aussi une recommandation de notre part.
Deux questions se posent  : définir un traitement bien Chez les patientes infertiles, la PMA est une alternative
conduit, quelle durée pour ce traitement ? Un traitement efficace (fig.  1.3). Les spécialistes de la PMA redoutent la
qui permet d’obtenir une aménorrhée semble suffisant. chirurgie, pourtant l’association chirurgie et PMA permet
Parmi les douleurs « persistantes », il faut identifier les effets d’obtenir des grossesses en combinant le bénéfice des deux
secondaires des médicaments comme la dyspareunie due méthodes [17] et des taux de grossesses satisfaisants ont
à l’hypo-œstrogénie. été rapportés après résection rectale [18]. Le choix des
Le traitement efficace peut-il être poursuivi pendant 5, patientes est souvent guidé par la peur des dérivations
10, 15 ans ? Les résultats de l’essai MESURE avec le nombre digestives. Mais deux études ont montré que des taux de
de malades qui seront opérées après avoir été incluses dans grossesses satisfaisants sont obtenus après traitement de
le bras traitement médical donnera une idée du caractère complication grave [19,20]. En pratique, les douleurs font la
« réalisable » d’une approche médicale au long cours. Nous décision : si elles sont importantes, la chirurgie est logique,
aurons aussi besoin de cohortes qui évaluent le bénéfice de elle est indiscutable si l’aménorrhée est peu efficace en
la chirurgie en fonction de la durée de traitement médical attendant la FIV (fécondation in vitro). Chez les patientes
préopératoire. dont la qualité de vie est normale et qui n’ont pas de dou-
Il ne faut pas hésiter à opérer les patientes qui présen- leur, la chirurgie complexe est difficile à proposer même si
tent des lésions peu volumineuses ou dont le traitement elle améliore la fertilité.
est assez simple du fait de l’absence d’atteinte digestive ou Dans les lésions infiltrantes, comme dans les endomé-
urinaire. Le risque de complication et celui de récidive sont triomes, les réinterventions doivent être évitées autant que
faibles. Les bénéfices cliniques sont démontrés [15]. possible. La fibrose postopératoire est impossible à distin-
S’il existe une infiltration digestive, le travail de Roman guer de la fibrose périlésionnelle.
montre que le risque de complication ne doit pas être sur-
évalué [16]. Les fistules sont rares après chirurgie du sig-
moïde, plus fréquentes sur le bas rectum. Mais les patientes Douleurs sévères sans lésions
doivent savoir que le traitement de ces complications dure cliniques ou radiologiques
quelques semaines alors que leurs douleurs vont durer des
années si le traitement médical n’est pas efficace. Dans Si l’aménorrhée n’est pas efficace, il est justifié de faire une
cette situation, la balance bénéfice/risque est en faveur de cœlioscopie de diagnostic en prévenant la patiente que

Fig. 1.3
Place de la chirurgie en cas de kyste ou nodule avec infertilité.
PMA : procréation médicalement assistée.
7
I. Généralités

l’exploration peut être négative. Si des lésions minimes chirurgies rétropéritonéales dure plus de 5 jours, nécessaires
sont trouvées, elles doivent être traitées chirurgicalement à la cicatrisation du péritoine.
[3]. Leur responsabilité difficile à comprendre pourrait tenir
de l’absence de parallélisme anatomoclinique. Une cœlio-
scopie négative peut avoir un vrai bénéfice thérapeutique, Conclusion
tellement l’angoisse de l’aggravation constante, de la réci-
dive inéluctable et de l’infertilité probable peut aggraver les La chirurgie est un traitement efficace. Les situations dif-
douleurs de ces patientes souvent jeunes. ficiles et les formes sévères doivent être traitées par des
chirurgiens entraînés. Tous les chirurgiens ont leurs limites
mais ces limites ne doivent pas être des contre-indications
Après la chirurgie opératoires. Le tableau 1.1 propose des indications pour les
situations cliniques les plus courantes, il ne répond pas à
Si la patiente n’a pas de désir de grossesse, il faut éviter toutes les questions et doit être utilisé avec discernement.
les règles pendant les 3 premiers mois postopératoires. La Mais la chirurgie ne doit pas être diabolisée du fait de ses
cicatrice est une matrice extracellulaire propice à l’implan- complications possibles. Les complications du traitement
tation des cellules du reflux menstruel. La cicatrisation des médical et de la PMA ne sont pas exceptionnelles.

Tableau 1.1. Indications opératoires.


Situation clinique Chirurgie Commentaire ou technique
Douleur avec imagerie et examen clinique normal Oui Diagnostic précis, traitement complet autant que possible
Endométriome(s)
Suspect à l’imagerie Oui Le liquide des tumeurs séreuses malignes peut
être échogène
Macroscopiquement suspect pendant la chirurgie Oui Annexectomie
Non suspect pendant la chirurgie Oui Kystectomie si raisonnable
Chez une patiente de 40 ans ou ne désirant plus de Oui Kystectomie complète en acceptant les dégâts ovariens
grossesse
Rompu Oui Kystectomie ou drainage simple avant réintervention
> 4 cm 1 Oui 2 Kystectomie si raisonnable 3
> 4 cm et kystectomie impossible Oui Drainage, puis ablation si matériel disponible sinon
reprogrammation après traitement médical
≥ 4 cm et infertilité ou lésion infiltrante Cf. Endométriome ovarien de 3 cm
Ovarien de 3 cm Non
Ovarien de 3 cm associé à des lésions infiltrantes à opérer Oui Kystectomie si raisonnable
Ovarien de 3 cm et infertilité sans autre indication de PMA Oui Kystectomie si raisonnable 3
Ovarien de 3 cm et infertilité avec autre indication de PMA Non Drainage ou sclérothérapie non indiqué
Bilatéraux dont l’un au moins a un diamètre > 4 cm Oui ? La chirurgie doit être prudente
Il est très souhaitable qu’une alternative à la kystectomie
soit disponible
> 7 cm Oui La chirurgie doit être très prudente, il faut envisage
un traitement en deux temps opératoires séparés
par un traitement médical

8
1. Place de la chirurgie dans le traitement de l’endométriose

 Situation clinique Chirurgie Commentaire ou technique


Lésion infiltrante (nodule)
Asymptomatique Non Bien reprendre l’interrogatoire et évaluation qualité de vie
Avec atteinte urétérale Oui
Et douleur soulagée par aménorrhée obtenue avec DIU Non Surveillance annuelle
ou contraception orale
Et douleur soulagée par macroprogestatif ou analogues Non ? Balance bénéfice/risque en faveur du traitement médical
de la GnRH au long cours
Sans atteinte digestive, douleur soulagée par un traitement Oui Balance en faveur de la chirurgie
hormonal
Et douleur non soulagée par un traitement hormonal bien Oui
conduit (aménorrhée)
Nodule et infertilité
Sans douleur sans atteinte digestive sans indication Oui
de PMA
Sans douleur sans atteinte digestive avec indication Non
de PMA
Avec douleur sans atteinte digestive sans indication Oui
de PMA
Avec douleur sans atteinte digestive avec indication Non Moduler en fonction de la sévérité des douleurs
de PMA de l’efficacité de l’aménorrhée induite
Sans douleur avec atteinte digestive sans indication Oui ? La crainte des complications justifie-t-elle une PMA ?
de PMA
Sans douleur avec atteinte digestive avec indication Non
de PMA
Avec douleur avec atteinte digestive sans indication Oui La crainte des complications justifie-t-elle une PMA ?
de PMA
Avec douleur avec atteinte digestive avec indication Non Moduler en fonction de la sévérité des douleurs
de PMA de l’efficacité de l’aménorrhée induite
DIU : dispositif intra-utérin ; GnRH : Gonadotropin Releasing Hormone ; PMA : procréation médicalement assistée.
1. Seuil qui peut être discuté et qui peut évoluer dans les années à venir. 2. Drainage seul, sclérothérapie après drainage écho ou cœlioscopique peuvent
être proposés mais ces méthodes n’ont pas été évaluées à long terme, elles sont plus facilement proposées avant la réalisation d’une PMA. 3. Endométriome
≥ 4 cm ou lésion infiltrante.

Références [3] Jacobson TZ, Duffy JM, Barlow D, et  al. Laparoscopic surgery for
pelvic pain associated with endometriosis. Cochrane Database
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9
I. Généralités

[6] Evers JL. Is adolescent endometriosis a progressive disease that [14] Dubernard G, Rouzier R, David-Montefiore E, et  al. Use of the
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Online 2020;41:343-8. endometriosis. Hum Reprod 2018;33:411-5.

10
Chapitre 2
La réunion de concertation
pluridisciplinaire
d’endométriose
Alice Cathelain, Chrystèle Rubod, Sophie Delplanque, Pierre Collinet

PLAN DU C HAPITRE
Définition 12

Spécificités 12

Pour quelles patientes ? 13

Objectifs 13

Déroulement de la réunion 13

Chirurgie de l’endométriose
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
I. Généralités

L’endométriose est une pathologie complexe qui touche repose sur un coordonnateur dont le rôle est d’établir la
des femmes jeunes. Elle engendre un retentissement orga- liste des patientes dont le dossier doit être analysé à la pro-
nique des différents appareils atteints, mais aussi des dou- chaine réunion, d’en avertir les professionnels membres
leurs qui provoquent une altération de la qualité de vie. Il « permanents » de la RCP, ainsi que le médecin référent des
existe actuellement un retard diagnostique important de patientes, et de convoquer le cas échéant des représentants
cette maladie. de disciplines utiles pour les discussions envisagées. Afin de
Du fait de sa fréquence et de son polymorphisme (nom- veiller au bon déroulement de cette réunion, il doit exister
breuses formes clinicoradiologiques, retentissement sur un secrétariat dédié, qui permet la gestion de la traçabilité
les organes atteints et sur la fertilité, conséquences profes- de toutes les décisions, dont au moins un exemplaire doit
sionnelles, familiales et psychosociales), l’endométriose être placé dans le dossier de la patiente. Il doit également
nécessite une offre personnalisée de soins et ceci, à un haut exister un recueil permettant de noter à chaque réunion le
niveau d’exigence, à l’instar de l’oncologie. C’est pourquoi, nom des participants, celui des patientes dont les dossiers
afin de permettre une prise en charge optimale, des réu- sont évalués, et la décision prise.
nions de concertation pluridisciplinaire (RCP) en endomé- Dans le dossier de la patiente doivent figurer les conclu-
triose ont été créées sur le même principe que la réunion sions de la réunion, sous format papier ou électronique,
de concertation pluridisciplinaire en oncologie [1]. reprenant l’ensemble des informations :
• nom du médecin/professionnel référent qui doit assurer
le suivi de la décision (explication à la patiente et organisa-
tion de la prise en charge) ;
Définition • décisions :
– examens demandés,
Initialement, les RCP ont été créées en oncologie. L’un des – propositions thérapeutiques,
objectifs du plan cancer 2003 était de faire bénéficier 100 % – participations éventuelles à des essais thérapeutiques.
des nouveaux patients atteints de cancer d’une réunion de Pendant la RCP, chaque dossier de patiente est présenté
concertation autour de leur dossier. Les modalités d’organi- par un médecin. La prise en charge proposée collective-
sation de la RCP en cancérologie sont définies par l’article ment se fait sur la base des référentiels de bonne pratique.
D. 6124-131 du Code de la santé publique. Sur cette base, un avis de la RCP est rédigé. L’avis rédigé
Les RCP peuvent être utilisées dans d’autres spécialités, comporte la date, la proposition thérapeutique et la ou les
notamment pour des prises en charge complexes telles alternatives possibles, ainsi que les noms et qualifications
que l’endométriose. Dans ce cas, il est nécessaire que soient des participants. Il est intégré dans le dossier de la patiente.
représentées toutes les disciplines indispensables pour le
diagnostic et pour le traitement.
La RCP est un lieu d’échange entre spécialistes de plu-
sieurs disciplines sur les stratégies diagnostiques et théra- Spécificités
peutiques de prise en charge.
Il s’agit d’une réunion régulière entre professionnels de Le quorum de la RCP endométriose est composé de chi-
santé, au cours de laquelle se discutent la situation d’une rurgiens gynécologue, digestif et urologue, de radiologue(s)
patiente, les traitements possibles en fonction des dernières référent(s) spécialisé(s) en endométriose, de gynécologues
études scientifiques, l’analyse des bénéfices et des risques spécialisés en médecine de la reproduction, et de méde-
encourus, ainsi que l’évaluation de la qualité de vie qui va en cin(s) de la douleur. Des thérapeutes de soins de supports
résulter. Ces réunions rassemblent au minimum trois spé- peuvent également être présents.
cialistes différents. Le médecin informe ensuite la patiente Le référentiel utilisé pour les propositions de prise en
de la prise en charge qui a été retenue. charge correspond aux recommandations établies par
Les propositions thérapeutiques s’appuient sur les les RPC (recommandations pour la pratique clinique) du
recommandations de bonne pratique. L’objectif est de CNGOF (Collège national des gynécologues et obstétri-
garantir à chaque patiente un avis pluridisciplinaire pour ciens français) de 2017 [2].
une prise en charge optimale. Du fait de son impact quotidien et des coûts de santé
D’un point de vue organisationnel, il existe des prérequis qu’elle implique en France, l’endométriose justifie la créa-
pour la réalisation d’une RCP. La fréquence de l’organisation tion de centres experts. Certains centres commencent à
de ces réunions doit être préalablement établie de façon se positionner comme tels, en attendant une labellisation
adaptée à la spécialité et à l’activité. Cette organisation par les autorités de santé qui permettra de les officialiser,
12
2. La réunion de concertation pluridisciplinaire d’endométriose

idéalement dans le cadre du Plan de santé national de lutte grâce à la création de bases de données qui seront utiles à
contre l’endométriose [3]. Depuis peu, des centres de réfé- des études rétrospectives.
rence en endométriose se sont donné pour mission d’orga-
niser les RCP régionales, garantissant ainsi une discussion de
qualité pour les dossiers les plus complexes. Calquées sur Déroulement de la réunion
le fonctionnement général des RCP, ces réunions devront
répondre aux obligations de périodicité et de quorum La RCP a un but diagnostique et thérapeutique.
minimum. Au cours de celle-ci, chaque cas est présenté par le
médecin référent de la patiente à l’aide d’une fiche standar-
disée qui reprend le motif de présentation du dossier, les
antécédents, l’histoire de la maladie, les signes fonctionnels,
Pour quelles patientes ? l’examen clinique, les bilans d’imagerie et biologiques adé-
L’endométriose est une pathologie pour laquelle il existe quats, notamment en cas d’infertilité.
un retard diagnostique important, estimé entre 4 et 11 ans Le radiologue référent présent en réunion fait une relec-
selon les études et les pays [4]. La RCP trouve sa place dès le ture interactive et minutieuse des imageries (IRM, scanner
début du parcours de soins pour des patientes ciblées, afin ± échographie) disponibles (avec projections des clichés)
de proposer dès le diagnostic une prise en charge optimale. afin de déterminer l’atteinte d’organe et le stade de la
Tous les dossiers de patientes atteintes d’endométriose peu- maladie. Cette relecture permet d’identifier les endomé-
vent être présentés afin de définir la meilleure stratégie de trioses complexes initialement non diagnostiquées ou
prise en charge. Certains centres privilégient uniquement la sous-évaluées [5].
présentation des dossiers les plus complexes, notamment Les médecins et chirurgiens présents donnent leur avis
pour la prise en charge des patientes atteintes d’endomé- thérapeutique et de surveillance en s’appuyant sur les réfé-
triose pelvienne profonde ou plurifocale (de plusieurs rentiels, les recommandations et les données de la littérature.
organes), ou encore des patientes présentant une récidive Des soins de support peuvent être également proposés.
ou un événement substantiel d’évolution (progression de Cette réunion est l’occasion de discuter de la balance béné-
la maladie, désir de grossesse) pour définir d’une stratégie fice/risque des thérapeutiques proposées.
thérapeutique personnalisée et adaptée. Chaque dossier présenté fait l’objet d’un compte rendu
contenant les coordonnées de la patiente, le nom du
demandeur, les noms et qualité des participants, le motif
de la demande, et les propositions principales (encadré 2.1).
Objectifs Il incombe au professionnel qui sollicite l’avis d’assurer
l’information de sa patiente et l’application des proposi-
Les objectifs de prise en charge des patientes sont les sui- tions thérapeutiques et de surveillance.
vants :
• proposer un traitement médical ou chirurgical adapté
pour prendre en charge la symptomatologie, éviter les Points clés
complications et les risques de récidive de la pathologie ;
• soulager les algies chroniques en limitant les effets ■
L’intérêt de la RCP endométriose n’est plus à
secondaires des traitements ; démontrer  : elle permet aux patientes d’accéder
• proposer une stratégie thérapeutique pour les patientes au meilleur traitement tout en simplifiant et en
en infertilité ayant un désir de grossesse à plus ou moins accélérant les démarches médicales.
long terme (préservation de la fertilité, prise en charge en ■
La RCP est également un lieu d’enseignement
assistance médicale à la procréation [AMP] seule, prise en et de recherche. Elle permet la tenue des bases de
charge chirurgicale seule ou associée à une prise en charge données de patientes prises en charge, et la parti-
AMP dans un second temps en fonction du contexte et du cipation à des études cliniques.
délai d’infertilité) ; ■
Les RCP existent dans de nombreux centres
• optimiser les délais de prise en charge ; hospitaliers et centres hospitaliers régionaux uni-
• organiser la surveillance de la maladie. versitaires. On observe depuis peu l’apparition de
La RCP est également l’occasion d’améliorer la recherche RCP en visioconférence qui permettent de sollici-
sur l’endométriose, grâce à l’identification de patientes sus- ter l’avis de centres experts pour discuter des dos-
ceptibles de pouvoir participer à des essais cliniques, ou siers les plus complexes.
13
I. Généralités

ENCADRÉ 2.1 Fiche RCP endométriose


Nom de jeune fille : Examen clinique
Nom d’épouse : • Normal
Prénom : • Nodule torus ou US
Date de naissance :
• Nodule CRV
• Nodule CVU
Antécédents : • Atteinte vaginale
Gestité Parité
Traitement actuel
Commentaires :
• Aucun
Antécédents médicaux principaux • Œstroprogestatif
• Macroprogestatif
• Microprogestatif
• Analogue GnRH
Antécédents chirurgicaux principaux • DIU
• Cœlioscopie :
• Laparotomie : Bilans complémentaires
• Gestes chirurgicaux : • Biologie : Oui/Non
Commentaires : • Bilan de réserve ovarienne : ___ pmol/L – date :
• Autres bilans :
Chirurgie pour endométriose • Spermogramme : Oui/Non – date :
• Cœlioscopie : Normal ou pathologique (préciser si pathologique)
• Laparotomie : • Iconographie : Oui/Non
– Échographie pelvienne : Oui/Non – date :
Parcours AMP (préciser nombre, échec ou non)
Commentaires :
• Aucun – IRM pelvienne : Oui/Non – date :
• Bilan en cours : Commentaires :
• Stimulation simple – Échographie rénale : Oui/Non – date :
• IIU Commentaires :
• FIV – Échographie endorectale : Oui/Non – date :
• FIV-ICSI Commentaires :
• Don d’ovocytes – Colo-TDM : Oui/Non – date :
• Embryons congelés Commentaires :
Symptomatologie – Autres : préciser + date
• Désir de grossesse : Oui/Non Commentaires :
• Infertilité primaire : Oui/Non Projet thérapeutique
• Infertilité secondaire : Oui/Non
• Patiente symptomatique : Oui/Non Conclusion de la RCP
– Dysménorrhée : Oui/Non
AMP  : assistance médicale à la procréation  ; CRV  : cloison rectovaginale  ;
– Dyspareunie : Oui/Non CVU : cloison vésico-utérine ; DIU : dispositif intra-utérin ; FIV : fécondation in
– Signes urinaires : Oui/Non vitro ; ICSI : Intracytoplasmic Sperm Injection ; IIU : insémination intra-utérine ;
– Signes digestifs : Oui/Non IRM : imagerie par résonance magnétique ; GnRH : Gonadotropin Releasing
• Autres symptômes : Hormone ; US : utérosacrés (ligaments) ; TDM : tomodensitométrie.

Références [3] Chanavaz-Lacheray I, Darai E, Descamps P, et  al. Définition des


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14
Chapitre 3
Place et modalités
du traitement médical
de l’endométriose
Geoffroy Robin, Hortense Baffet, Anne-Laure Rolland

PLAN DU C HAPITRE
Traitements hormonaux de 1re intention 16

Traitements hormonaux de 2e intention 18

Traitement de 3e intention : agonistes


de la GnRH 19

Place des macroprogestatifs per os 20

Pilule progestative à la drospirénone 22

Conclusion 23

Chirurgie de l’endométriose
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
I. Généralités

L’endométriose est une pathologie chronique fréquente de (avec un saignement de privation) mais surtout en schéma
la femme jeune, touchant 10 % des femmes en âge de pro- discontinu [5,8,9]. Ce traitement freine l’axe gonadotrope
créer, le pic d’incidence se situant entre 25 et 30 ans [1-3]. Le et «  lisse » le taux d’œstrogènes circulants qui est stable
délai moyen de diagnostic est long, puisqu’il est de 7 ans. Les et relativement faible, et donc avec un très faible impact
signes cliniques évocateurs orientant vers le diagnostic de sur les lésions d’endométriose. Le composant progestatif
cette pathologie sont la dysménorrhée (volontiers sévère exerce également une action antiproliférative théorique
et d’aggravation progressive), la dyspareunie profonde, les sur le tissu endométriosique. Les œstroprogestatifs pris
douleurs pelviennes chroniques non cycliques associées selon des schémas étendus ou en continu offrent des taux
parfois à des signes urinaires (dysurie, pollakiurie, hématu- d’aménorrhée thérapeutique parmi les meilleurs (plus de 75
rie, etc.) et/ou digestifs (dyschésies, épreintes, rectorragies à 80 % des femmes) permettant de soulager efficacement
menstruelles et troubles du transit) d’exacerbation cata- les symptomatologies douloureuses cataméniales [5,8-10].
méniale [2,3]. Les symptômes douloureux sont liés à une De nombreuses études de haut niveau de preuve ont ainsi
inflammation locale se développant au niveau des lésions confirmé l’efficacité des œstroprogestatifs ce qui en fait un
d’endométriose et aggravée par les saignements locaux sur- traitement médical de 1re ligne [5-7].
venant de façon contemporaine des menstruations. Une Par ailleurs, de nombreux auteurs ont démontré que les
infertilité peut également être associée. œstroprogestatifs administrés en postopératoire réduisent
Le traitement médical repose sur une hormonothérapie de façon très significative le taux de récidives des endomé-
qui n’a pas comme objectif de traiter stricto sensu l’endo- triomes après une kystectomie et qu’ils doivent être consi-
métriose, mais celui de soulager les patientes, d’améliorer dérés comme une stratégie thérapeutique essentielle dans
leur qualité de vie, de freiner l’évolution des lésions endomé- le long terme [8,9].
triosiques (selon certains auteurs) et, si possible, de façon L’action des œstroprogestatifs n’est efficace que pendant
prolongée. L’endométriose est une pathologie œstrogéno- leur utilisation. Dès leur arrêt, la dysménorrhée peut réap-
dépendante : l’un des objectifs principaux du traitement est paraître ainsi que toutes les autres symptomatologies cata-
de limiter les effets des œstrogènes – et notamment ceux méniales. La récidive des endométriomes est également
liés aux fluctuations endogènes de ces derniers au cours possible [8,9].
d’un cycle menstruel – sur les lésions endométriosiques, Toutes les données disponibles sur les œstroprogestatifs
avec le moins d’effets indésirables possible, tout en essayant et l’endométriose concernent surtout les pilules contenant
de prendre en compte le souhait d’un effet contraceptif ou de l’éthinylestradiol et un progestatif de synthèse. Il existe
non [2-5]. quelques données également très intéressantes concernant
Le choix du type du traitement médical repose donc sur l’association valérate d’œstradiol – diénogest [11,12].
son efficacité, mais aussi sur la tolérance de celui-ci à long Les formes extra-orales d’œstroprogestatifs peuvent
terme et le confort qu’il apporte à la patiente. Seules les également être proposées en tenant compte du fait qu’elles
femmes présentant une endométriose symptomatique sont ne sont pas remboursées. Vercillini et  al. ont comparé
éligibles à un traitement hormonal de l’endométriose [4]. l’efficacité du patch transdermique et de l’anneau vaginal,
Les traitements proposés ont été récemment classés pris de façon discontinue, soit 21  jours/28, dans le traite-
en traitement de 1re, 2e et 3e intention à l’issue des recom- ment symptomatique de l’endométriose [13]. Deux cent
mandations pour la pratique clinique (RPC) publiées sous sept femmes souffrant d’endométriose sévère ou modé-
l’égide du CNGOF (Collège national des gynécologues et rée, ayant bénéficié d’une chirurgie conservatrice, ont eu
obstétriciens français) et de l’HAS (Haute autorité de santé) le choix entre l’anneau vaginal et le patch transdermique
en 2017 [6,7]. pour une durée de 12  mois. L’anneau vaginal a été choisi
par une majorité de patientes (123 vs 84 pour l’anneau). Au
cours de l’étude, il y a eu 2 fois plus d’abandon du patch que
de l’anneau, en raison des effets secondaires (spotting) et
Traitements hormonaux de son inefficacité sur les douleurs. L’efficacité de l’anneau
de 1re intention vaginal était plus importante que celle du patch, de façon
significative chez les patientes souffrant d’endométriose
Contraceptifs œstroprogestatifs rectovaginale (probable action «  locale » de l’anneau). In
fine, seulement 27 % des patientes avec patch souhaitaient
L’efficacité des pilules œstroprogestatives sur les dysménor- continuer avec ce type de traitement à la fin de l’étude. Ces
rhées liées à l’endométriose est connue depuis longtemps. résultats étaient inattendus car l’absence de prise orale sem-
Les œstroprogestatifs sont efficaces en schéma discontinu blait être un facteur de bonne observance au traitement, et
16
3. Place et modalités du traitement médical de l’endométriose

pourtant le taux d’abandon au profit d’une contraception Dispositif intra-utérin


œstroprogestative classique était majeur dans cette étude.
Il ne faut pas oublier que les œstroprogestatifs augmen- au lévonorgestrel
tent très modérément mais significativement le risque Le dispositif intra-utérin au lévonorgestrel dosé à 52  mg
d’accident thromboembolique veineux (RR – risque rela- (délivre 20 µg/j de lévonorgestrel) a fait l’objet de plusieurs
tif ≈ 2 à 4 selon les associations œstroprogestatives) et le publications de haut niveau de preuve ayant confirmé son
risque thrombotique artériel (RR ≈ 2 pour les pilules de 2e efficacité dans le traitement de l’endométriose pelvienne
et 3e générations dosées à moins de 50 µg d’éthinylestra- symptomatique, en particulier dans les situations d’atteinte
diol) [14,15]. Il est donc essentiel de proposer ce traitement rectovaginale [5-9].
médical aux patientes ne présentant pas d’antécédents
familiaux (apparentés du 1er degré de moins de 50 ans) ou
personnels de pathologie cardiovasculaire thromboem- Point clé
bolique et/ou en cas d’associations de facteurs de risque
significatifs (HTA – hypertension artérielle – même traitée Toutes ces données font du DIU au lévonorgestrel
et contrôlée, migraines avec aura, diabète déséquilibré ou dosé à 52 mg un traitement de choix en 1re ligne
association de facteurs de risque modérés : âge > 35 ans, d’une endométriose pelvienne profonde sympto-
tabagisme actif, obésité, migraines sans aura, dyslipidémie, matique.
etc.) (encadré 3.1) [16-18].
Un peu plus de la moitié des utilisatrices présentent une
aménorrhée, près de 20-30 % une oligoménorrhée et seule-
ment 10 % des métrorragies d’abondance variable.
Dans l’état actuel des connaissances, il n’existe pas de
ENCADRÉ 3.1 Contre-indications données spécifiques concernant les autres DIU moins
aux contraceptifs œstroprogestatifs dosés en lévonorgestrel (19,5 et 13,5  mg) et il n’est donc
(voie orale ou extra-orale) pas possible de le recommander dans le traitement médical
d’une endométriose symptomatique.
• Antécédent personnel de pathologie thromboembo-
lique veineuse et/ou de pathologie thrombotique artérielle
(infarctus du myocarde ou accident vasculaire cérébral Diénogest : un progestatif
ischémique)
• Thrombophilie acquise ou constitutionnelle original à reclasser en 1re ligne
• Antécédent familial de pathologie thromboembolique de traitement ?
veineuse chez un apparenté du 1er  degré de moins de
50 ans n’ayant pas donné lieu à avis d’hémostase Le diénogest est un progestatif dont la structure chimique
• Antécédent familial de pathologie thrombotique arté- est originale. Il correspond à un progestatif «  hybride »
rielle chez un apparenté du 1er degré de moins de 60 ans (dérivé 19-norstéroïde sans radical éthinyle en  17) qui
chez l’homme ou de moins de 65 ans chez la femme (sur- combine les spécificités des dérivés de la nortestostérone
tout en l’absence de FDR évidents) et des norprégnanes. Il présente une très bonne biodis-
• HTA même traitée et équilibrée ponibilité. Le diénogest exerce un effet progestatif puis-
• Tabagisme ≥ 15 cigarettes/j si âge > 35 ans et/ou autre sant sur l’endomètre qui lui donne tout son intérêt dans
FDR vasculaire associé
• Diabète avec complications vasculaires le traitement médical de l’endométriose. En effet, il s’agit
• Migraine accompagnée de signes neurologiques focaux du progestatif ayant l’index utérotopique (rapport entre la
(auras) dose nécessaire pour inhiber l’ovulation [en mg/j] et celle
• Antécédent personnel de cancer du sein nécessaire pour transformer l’endomètre [en mg/cycle]
• Hépatopathies sévères × 100) le plus élevé [19]. Il ne possède par ailleurs aucune
• Autres maladies hormonodépendantes (lupus très évo- activité intrinsèque œstrogénique, minéralocorticoïde, gluco­
lutif, méningiome, otospongiose, etc.) corticoïde ou androgénique. En revanche, le diénogest
L’âge supérieur à 35 ans, l’obésité, les migraines sans aura présente une activité antiandrogénique modérée (environ
et le tabagisme actif ne sont pas des contre-indications si 30-40  % de celle de l’acétate de cyprotérone, progestatif
et seulement si ces facteurs sont isolés. antiandrogénique de référence) [19].
FDR : facteur de risque ; HTA : hypertension artérielle. Les particularités pharmacologiques du diénogest en
font un progestatif particulièrement efficace et indiqué dans
17
I. Généralités

le traitement de l’endométriose [2,9,19]. De nombreuses Traitements hormonaux


publications de haut niveau de preuve ont confirmé son
efficacité dans le traitement de l’endométriose symptoma- de 2e intention
tique [20-22].
Par ailleurs, la tolérance endométriale semble meilleure Microprogestatifs per os
que celle des microprogestatifs utilisés en contraception :
près de 50 % des utilisatrices sont en aménorrhée, environ Il existe peu de données concernant l’efficacité des micro-
30 % ont des spottings (dont la majorité sont assez peu fré- progestatifs comme le désogestrel à la dose de 75 µg/j en
quents) et environ 20 % des patientes ont de métrorragies continu. Une non-infériorité en comparaison à la contracep-
d’abondance supérieure à des spottings [23]. tion œstroprogestative orale discontinue est suggérée dans
ces quelques études [6-9]. En pratique clinique, la tolérance
(notamment endométriale) des microprogestatifs reste
Remarque moins bonne que celle des œstroprogestatifs [10] : près de 30
à 40 % des utilisatrices présentent des métrorragies pouvant
Classé dans les traitements de 2e  ligne lors des être particulièrement mal vécues chez une femme souffrant
RPC de 2017 [6,7,24], notamment en raison de d’endométriose symptomatique. Seules les femmes qui
son coût et de l’absence de remboursement, il est sont en aménorrhée (30 à 40  % des utilisatrices) peuvent
désormais temps – à notre humble avis – de clas- être satisfaites de ce traitement. En outre, étant faiblement
ser ce progestatif dans les traitements de 1re ligne antigonadotrope, des périodes d’hyperœstrogénie relative,
puisque le diénogest à la dose de 2 mg en continu théoriquement peu favorables sur les lésions endométriose,
est désormais remboursé depuis début 2020 sont assez fréquentes (20 % des utilisatrices) et sont volon-
(3 génériques) et donc facilement accessible. tiers accompagnées des symptômes inconfortables du syn-
drome prémenstruel (mastodynies, pesanteur pelvienne,
sautes d’humeur, état anxiodépressif, etc.).
De nombreuses études ont confirmé l’efficacité du
diénogest sur les endométriomes : diminution du volume
(éventuellement utile en préopératoire ou avant FIV ± ICSI Implant progestatif à l’étonogestrel
[fécondation in vitro ±  micro-injection intracytoplas-
mique], prévention des récidives en postopératoire après Peu d’études se sont intéressées à l’utilisation de l’implant
kystectomie, etc.) [20,21,25-27]. sous-cutané à l’étonogestrel dans le traitement des douleurs
liées à l’endométriose [6-9]. Pourtant cette méthode hormo-
nale agit de manière similaire aux microprogestatifs per os :
Points clés inhibition de l’ovulation et atrophie endométriale, son avan-
tage majeur étant une observance parfaite. Tout comme
Le diénogest semble donc être très intéressant les microprogestatifs per os – mais en se fondant sur peu
dans le traitement de l’endométriose puisque : d’études de bon niveau de preuve –, l’implant sous-cutané à

sa tolérance est bonne ; l’étonogestrel pourrait être efficace sur la symptomatologie

il permet une inhibition de l’ovulation dès 2 mg/j ; algique associée à une endométriose [28-30]. En pratique,

son efficacité est comparable à celle des ago- ce sont surtout les femmes en aménorrhée ou en oligo-
nistes de la GnRH (Gonadotropin Releasing Hor- ménorrhée qui sont soulagées (35-40  % des utilisatrices).
mone) mais avec peu d’effets hypo-œstrogéniques En revanche, celles qui présentent des métrorragies (30  %
puisque la carence œstrogénique est beaucoup des utilisatrices) et/ou un syndrome prémenstruel dans un
moins importante. contexte d’hyperœstrogénie relative risquent d’abandonner
assez rapidement cette méthode médicamenteuse [10].

Bien que le diénogest utilisé seul en continu à cette


posologie soit a priori anti-ovulatoire, il n’existe pas d’étude Injection intramusculaire d’acétate
spécifique sur l’évaluation d’un éventuel effet contraceptif de dépomédroxyprogestérone
(pas d’indice de Pearl calculé). Il est donc officiellement
recommandé d’utiliser une contraception barrière type L’acétate de dépomédroxyprogéstérone (DPMA) dosé à
préservatif en complément en l’absence de désir de gros- 150  mg est un macroprogestatif utilisé depuis longtemps
sesse. comme contraceptif de longue durée dans le monde entier.
18
3. Place et modalités du traitement médical de l’endométriose

Ce progestatif s’administre par voie injectable intramus- sur les récepteurs à 7  domaines transmembranaires de la
culaire tous les 3 mois. Son action est similaire à celle des GnRH mais, contrairement à la GnRH naturelle qui stimule
autres progestatifs  : inhibition puissante de la croissance la sécrétion des gonadotrophines FSH (Follicle Stimulating
folliculaire cyclique et de l’ovulation ainsi qu’un puissant Hormone) et LH, les agonistes de la GnRH induisent un blo-
pouvoir atrophiant sur l’endomètre. Son action antigo- cage de la sécrétion des gonadotrophines hypophysaires en
nadotrope marquée est responsable d’un certain degré raison de leur demi-vie plus longue et d’une plus grande
d’hypo-œstrogénie qui explique son efficacité largement affinité pour le récepteur à la GnRH, En effet, lors de l’admi-
démontrée dans le traitement de l’endométriose sympto- nistration d’agonistes de la GnRH, il se produit deux phases
matique [6-9] : le DPMA serait aussi efficace que les œstro- successives :
progestatifs et les agonistes de la GnRH mensuels. • une phase initiale appelée effet flare-up, où l’on note
Son coût est certes faible, mais ce progestatif présente une augmentation importante des taux de LH et FSH avec
quelques inconvénients secondaires liés à ses propriétés augmentation des stéroïdes sexuels (hyperœstrogénie) qui
gluco­corticoïdes et androgéniques intrinsèques  : troubles fait suite à l’effet stimulant initial des agonistes de la GnRH
du métabolisme glucidique et du métabolisme lipidique, sur les récepteurs ;
élévation de la pression artérielle, acné, hirsutisme, prise • puis une phase de désensibilisation des cellules gonado-
de poids, etc. [10,31-34]. Des signes d’hypo-œstrogénie tropes antéhypophysaires qui se traduit par une chute
sont également assez fréquents (bouffées vasomotrices, importante des taux de gonadotrophines et donc par un
sécheresse vaginale, troubles de la libido et de l’humeur, effondrement du taux plasmatique des hormones sexuelles.
arthralgies, etc.) [10]. La conjonction de l’hypo-œstrogénie En effet, à la suite de leur stimulation continue (non pulsatile)
marquée et des propriétés « corticoïdes-like » induisent un par les agonistes de la GnRH, les récepteurs à la GnRH sont
effet négatif sur le plan osseux avec une baisse de la densité désensibilisés (inactivés par des phénomènes d’autophos-
minérale osseuse rapide mais réversible à l’arrêt [31]. En outre, phorylation), puis internalisés au sein des endosomes des cel-
c’est le seul progestatif qui, utilisé à cette dose importante, lules gonadotropes. Ces dernières ne possèdent alors presque
augmente significativement le risque d’accident throm- plus de récepteur à la GnRH à leur surface et sont donc inca-
boembolique veineux, de manière comparable aux pilules pables de sécréter correctement les gonadotrophines.
œstroprogestatives de 2e  génération [10,15,16]. Il cumule Depuis les années 1980, les analogues GnRH sont uti-
donc à la fois les contre-indications de tout progestatif et lisés dans le traitement de l’endométriose et ont prouvé
les contre-indications vasculaires des œstroprogestatifs [10]. leur grande efficacité, notamment en raison de leur capa-
Enfin, les femmes doivent être informées du risque impor- cité à induire une hypo-œstrogénie profonde [5-9]. Dans
tant de troubles du cycle menstruel et du délai potentiel de l’endométriose, la triptoréline et la leuproréline injectables
reprise de l’activité ovarienne. En outre, étant très freinateur mensuelles ou trimestrielles (intramusculaires et/ou sous-
sur l’axe gonadotrope, il peut par l’hypo-œstrogénie induite, cutanées) sont couramment utilisées. L’administration nasale
mais aussi par ses propriétés glucocorticoïdes intrinsèques, quotidienne de nafaréline (1 à 2 pulvérisations matin et soir
favoriser la déminéralisation osseuse en cas d’utilisation pro- en continu) est aussi une bonne alternative chez les femmes
longée et induire une ostéoporose avérée chez des patientes chez qui les injections intramusculaires ou sous-cutanées
présentant des facteurs de risque osseux préexistants. répétées ne sont pas conseillées (femmes sous traitements
anticoagulants ou antiagrégants plaquettaires, présentant
des coagulopathies hémorragiques, etc.), chez les femmes en
Point clé attente de FIV ± ICSI (cette molécule ayant la double AMM
[Autorisation de mise sur le marché] en France) ou chez les
Pour toutes ces raisons, ce traitement reste un
patientes craignant les traitements injectables. Son efficacité
traitement d’exception de l’endométriose sympto­ a également été largement démontrée [35-38].
matique en France. Le corollaire de la remarquable action hypo-œstrogé-
nique des agonistes de la GnRH est la présence de signes
d’hypo-œstrogénie fréquents et très invalidants : bouffées
Traitement de 3e intention : vasomotrices, sécheresse vaginale, diminution de la libido,
agonistes de la GnRH modification de l’humeur, céphalées, arthralgie et perte
de la densité minérale osseuse irréversible après 6  mois
Les agonistes de la GnRH sont des décapeptides ressem- de traitement. Pour toutes ces raisons, il est vivement
blant fortement à la GnRH. Tout comme elle, ils agissent sur recommandé de prescrire rapidement une add-back the-
les cellules gonadotropes antéhypophysaires en se fixant rapy « substitutive » pour limiter les conséquences cliniques
19
I. Généralités

et les complications à long terme (comme l’ostéoporose) Malgré son efficacité largement démontrée, le traite-
de l’hypo-œstrogénie profonde induite par ces traitements, ment par agonistes de la GnRH semble être une théra-
a fortiori si un traitement prolongé de plus de 6 mois est peutique d’ultime recours (encadré 3.2) en raison de tous
proposé [6-9]. Ainsi, l’utilisation d’une add-back therapy les inconvénients évoqués supra mais aussi en raison de la
permet de ne pas se fixer de limite de temps d’utilisation lourdeur d’un tel traitement au long cours (association à
des agonistes de la GnRH. des œstrogènes et des progestatifs dans le cadre d’une add-
back therapy).
Définition

Add-back therapy Place des macroprogestatifs


Elle correspond en pratique à un traitement hor- per os
monal œstroprogestatif substitutif faiblement
dosé permettant de diminuer la sévérité des effets Ils n’ont pas été évoqués comme traitement médical de
liés à l’hypo-œstrogénie en apportant une associa- l’endométriose symptomatique dans les RPC du CNGOF de
tion œstroprogestative faiblement dosée [6-9]. 2017 [6,7] car il n’existe effectivement pas d’études récentes
concernant leur utilisation dans cette indication. L’acétate
De nombreuses études ont démontré que l’apport de chlormadinone à la dose de 5 à 10 mg/j et la médroges-
œstrogénique modéré liée à la prescription d’une add-back tone à la dose de 5 à 15  mg/j sont les deux seuls macro-
therapy n’a pas d’influence négative sur l’efficacité des ago- progestatifs à avoir l’AMM dans le traitement médical de
nistes de la GnRH. En pratique, on prescrit en continu : l’endométriose en France. Ils appartiennent tous deux à la
• de l’œstradiol naturel par voie orale ou de l’œstradiol famille des progestatifs prégnanes. L’acétate de nomégestrol
naturel par voie transdermique (gel ou patch) à faible utilisé à la dose de 5 mg/j est également souvent prescrit.
dose (dose minimale recommandée ≈ éq. 1 mg/j) ; la voie Leur grande action antigonadotrope et l’action proges-
transdermique est particulièrement recommandée chez tative et donc anti-œstrogénique sur l’endomètre et le tissu
les femmes présentant un ou plusieurs facteurs de risque endométriosique explique l’efficacité importante constatée
cardiovasculaire ; en pratique clinique de ces molécules, même si cela relève
• en association avec un progestatif (progestérone natu- plus d’un « avis d’experts » que d’études de haut niveau de
relle, dydrogestérone ou progestatif prégnane). preuve [42]… Ils sont prescrits le plus souvent en continu
Il est aussi possible de prescrire en add-back therapy de dans l’endométriose avec un taux d’aménorrhée en pratique
la tibolone à la posologie de 2,5 mg/j ; il s’agit d’un stéroïde plus important qu’avec les microprogestatifs (pas de chiffres
d’action sélective exerçant trois effets différents selon les dans la littérature). Les principaux effets secondaires sont
tissus : la prise de poids (plutôt modérée en pratique et non sys-
• effet œstrogénique sur l’hypothalamus, le foie et l’os ; tématique) et les signes d’hypo-œstrogénie lorsque la freina-
• effet androgénique au niveau cérébral ; tion de l’axe gonadotrope est trop importante (sécheresse,
• effet progestatif sur l’endomètre. troubles de l’humeur et de la libido, etc.). Il est possible de
Les effets sont intéressants notamment en ce qui limiter les effets liés à l’hypo-œstrogénie en prescrivant de
concerne la libido et la symptomatologie anxiodépressive.
Son efficacité en tant qu’add-back therapy dans l’endomé-
triose a été validée dans plusieurs études [39-41]. Ce traite­
ENCADRÉ 3.2 Place des agonistes
ment ayant un effet œstrogénique sur le foie, il présente
théoriquement les mêmes contre-indications vasculaires de la GnRH dans le traitement de
que les œstroprogestatifs. l’endométriose symptomatique
L’utilisation préopératoire des analogues de la GnRH
• Les agonistes de la GnRH restent le traitement de réfé-
semble améliorer le score rAFS (revised American Fertility
rence de l’endométriose symptomatique, mais ils doivent
Society) alors que leur utilisation en postopératoire semble rester le traitement de dernière intention.
augmenter l’intervalle libre sans symptôme sans influer • L’utilisation d’une add-back therapy (association œstra-
sur le taux global de récidive à moyen terme. Mais cette diol +  progestatif ou éventuellement tibolone) d’emblée
dernière donnée mériterait d’être confirmée encore par est vivement recommandée d’emblée pour limiter les
d’autres études, en tenant compte notamment du stade de conséquences sur la densité minérale osseuse.
l’endométriose.
20
3. Place et modalités du traitement médical de l’endométriose

l’œstradiol per os ou par voie transdermique (équivalent à L’ensemble de ces données confirme l’effet promoteur
environ 1 à 2 mg/j selon les symptômes d’hypo-œstrogénie), des macroprogestatifs sur les méningiomes (probablement
réalisant ainsi un traitement freinage-substitution. seulement sur ceux équipés de récepteurs à la proges-
En juin  2020, les résultats de l’étude épidémiologique térone) mais elles ne démontrent pas de façon formelle un
GIS EPIPHARE ANSM-CNAM (disponibles en ligne) ont éventuel effet initiateur.
montré une potentielle augmentation du risque de ménin- À la suite du travail d’un groupe d’experts issus de plu-
giomes associée à l’utilisation de l’acétate de nomégestrol sieurs sociétés savantes, l’ANSM (Agence nationale de sécu-
et de l’acétate de chlormadinone : rité du médicament et des produits de santé) a proposé
• pour l’acétate de chlormadinone utilisé à une dose de des recommandations pour encadrer la prescription des
10 mg/j pendant au moins 20 jours/mois, ce risque est mul- macroprogestatifs per os [43] :
tiplié par 3,4 pour les femmes exposées plus de 6 mois et • le respect strict de l’AMM de chaque progestatif doit
par 7 pour celles exposées pendant 3,5 ans, en comparaison être respecté : cela exclut donc de facto l’acétate de nomé-
aux femmes non exposées (relation dose-effet) ; gestrol de l’arsenal thérapeutique des patientes souffrant
• pour l’acétate de nomégestrol utilisé à une dose de d’endométriose ;
5 mg/j pendant au moins 20 jours/mois, ce risque est multi- • ces traitements peuvent être prescrits seulement en cas
plié par 3,3 pour les femmes exposées à plus de 6 mois et d’échec, d’intolérance ou de contre-indication des alterna-
par 12,5 pour celles exposées pendant 5 ans, en comparai- tives thérapeutiques recommandées ;
son aux femmes non exposées (relation dose-effet). • une IRM cérébrale doit être proposée après une
Rappelons que les méningiomes sont des tumeurs céré- 1re  année de traitement  : si elle est normale (absence de
brales bénignes qui se développent à partir des méninges. méningiome) et si le traitement est maintenu, une nouvelle
Environ 2/3 des méningiomes sont potentiellement sensibles IRM cérébrale doit être proposée au bout de 6 ans de traite­
aux hormones dérivées de la progestérone car elles expri- ment (soit 5  ans après la 1re  IRM). Si le traitement doit
ment des récepteurs de cette même hormone. L’incidence être poursuivi au-delà de 6  ans, une IRM doit alors être
annuelle (sans tenir compte de l’âge) de ces tumeurs céré- réalisée tous les 2 ans. Les femmes présentant des facteurs
brales bénignes est très faible (8 à 10 cas/100 000 personnes/ de risque de méningiome (antécédents de radiothérapie
an) aux âges d’utilisation habituelle et augmente de façon cérébrale et neurofibromatose) doivent bénéficier d’une
linéaire avec l’âge. L’incidence des méningiomes augmentant IRM supplémentaire avant l’instauration du traitement
naturellement avec l’âge, le risque de développer un ménin- macroprogestatif ;
giome serait donc 3 fois plus élevé pour les femmes âgées de • les patientes doivent être informées qu’en cas de sur-
35 à 44 ans que pour celles âgées de 25 à 34 ans. venue de signes neurologiques inhabituels, elles doivent
Néanmoins, les chiffres ainsi exposés en termes de risque réaliser au plus vite une IRM cérébrale ;
relatif doivent être pondérés par la très faible incidence • le traitement macroprogestatif doit être interrompu si
annuelle des méningiomes dans la population générale un méningiome est diagnostiqué lors d’une IRM cérébrale,
(environ 8 à 10  cas/100  000  personnes/an, soit 0,008 à même s’il est asymptomatique ;
0,01 % de la population générale/an) (tableau 3.1). • après la découverte d’un méningiome sous macropro-
Dans la grande majorité des cas, le volume des ménin- gestatif, le fait de prescrire pour une indication médicale
giomes régresse partiellement à l’arrêt du traitement un traitement hormonal contenant des progestatifs (moins
macroprogestatif et une simple surveillance par imagerie dosés) relève d’une concertation pluridisciplinaire impli-
est nécessaire. quant les neurochirurgiens et neuroradiologues.

Tableau 3.1. Risque de méningiome associé au traitement par acétate de chlormadinone ou acétate de nomégestrol.
Incidence annuelle Pas de Acétate de chlormadinone (10 mg/j) Acétate de nomégestrol (5 mg/j)
des méningiomes macroprogestatif Pendant 6 mois Pendant 3,5 ans Pendant 6 mois Pendant 5 ans
(risque × 3,4) (risque × 7) (risque × 3,3) (risque × 12,5)
En population 0,01 0,034 0,07 0,033 0,125
générale (%)
Dans une population 0,0014 0,005 0,01 0,004 0,017
de femmes de moins
de 20 ans (%)

21
I. Généralités

Prescription Prescription

Acétate de chlormadinone et acétate de Acétate de cyprotérone


nomégestrol Un formulaire de consentement complet doit être
Depuis le 1er  juillet 2021, la prescription et la rempli et signé à la fois par la patiente et par le méde-
délivrance de l’acétate de chlormadinone et cin prescripteur et doit obligatoirement accom-
d’acétate de nomégestrol sont conditionnées pagner la prescription. Ce formulaire est valable
par la cosignature (prescripteur et patiente) pendant une année. Sans ce formulaire, l’acétate de
d’une attestation annuelle d’information dès que cyprotérone ne peut être délivré. Une fiche d’infor-
le traitement est renouvelé au-delà d’un an. Pour mation doit également être remise à la patiente.
toute antériorité de traitement inférieure à 1  an,
la prescription nécessite la mention «  traitement Place des macroprogestatifs per os dans
inférieur à 1 an » sur l’ordonnance. La dispensation le traitement médical de l’endométriose
sans attestation annuelle d’information est possible symptomatique en 2021
uniquement si cette mention figure sur l’ordon- ■
L’augmentation du risque de méningiome (même si
nance. Par ailleurs, le prescripteur doit remettre à très faible en valeur absolue) en cas d’utilisation pro-
la patiente un document d’information pour toute longée a entraîné une réévaluation de la balance béné-
première prescription ou renouvellement d’un traite­ fices/risques de ces traitements par l’ANSM en France.
ment par ces deux progestatifs. ■
Les principaux points à retenir sont les suivants :
– importance du respect de l’AMM en sachant que
Cas particulier de l’acétate de cyprotérone seul l’acétate de chlormadinone a une indication
dans le traitement médical de l’endométriose
L’acétate de cyprotérone (CPA), progestatif prégnane symptomatique ;
puissam­ment antiandrogénique, a été utilisé seul à la dose – utilisation en l’absence d’alternative thérapeutique
de 12,5 à 25 mg/j et a également fait la preuve d’une grande (contre-indication, inefficacité ou mauvaise tolé-
efficacité dans le traitement de l’endométriose symptoma- rance aux autres traitements de l’endométriose
tique [44-47]. En 2018, une étude française issue des données symptomatique) ;
de la CNAM (Caisse nationale d’assurance maladie) suggère – préconisation d’une surveillance clinique (recherche
que l’utilisation de CPA a des doses de plus de 25 mg/j (50 de signes neurologiques évocateurs) et surtout par
à 100 mg/j) pourrait augmenter le risque de présenter un IRM cérébrale (rythme de surveillance différent selon
méningiome (× 7 au-delà de 6 mois d’utilisation et × 20 au- qu’il s’agit de l’acétate de cyprotérone, de l’acétate de
delà de 5 ans d’utilisation à des doses de 50 à 100 mg/j) [48]. chlormadinone ou de l’acétate de nomégestrol) ;
Ces chiffres assez inquiétants doivent être interprétés en – signature d’une attestation annuelle d’information
tenant compte du fait que l’incidence annuelle des ménin- à la fois par le prescripteur et par la patiente pour
giomes reste très faible en population générale (8/100 000). toute durée de traitement par acétate de chlorma-
Le tableau  3.2 donne une idée de la fréquence annuelle dinone ou acétate de nomégestrol > 1 an ;
en pourcentage de survenue d’un méningiome chez des – nécessité d’interrompre le traitement en cas de
femmes non-utilisatrices versus utilisatrices de CPA. découverte d’un méningiome.
Le traitement par CPA n’est absolument pas interdit mais
nécessite désormais des précautions d’utilisation qui
sont imposées par l’ANSM : une IRM cérébrale doit être
réalisée dès l’initiation de ce traitement pour s’assurer
de l’absence de méningiome préexistant. Cet examen Pilule progestative
est renouvelé au bout de 5 ans si le traitement par CPA
est maintenu pendant toute cette même durée. Le res-
à la drospirénone
pect strict de l’AMM est vivement recommandé  ; or ce
La pilule contraceptive à la drospirénone (4 mg/j pendant
traitement n’est officiellement indiqué chez les femmes
que dans la prise en charge des hirsutismes ayant un 24  jours/28) est une nouvelle méthode de contraception
retentissement psychoaffectif. Ainsi, dans l’état actuel, sa progestative. Elle n’est pas considérée comme un micropro-
prescription ne pourrait se justifier, dans le cadre du trai- gestatif ni comme un macroprogestatif. À ce jour, aucune
tement d’une endométriose symptomatique, que chez donnée n’est disponible concernant son éventuel intérêt
des patientes qui souffriraient également d’un hirsutisme. comme traitement médical hormonal de l’endométriose
symptomatique.
22
3. Place et modalités du traitement médical de l’endométriose

Tableau 3.2. Risque de méningiome associé au traitement par acétate cyprotérone.


Incidence annuelle Pas de Acétate de cyprotérone
des méningiomes macroprogestatif Au moins 25 mg/j pendant 50 mg/j pendant plus de 5 ans
au moins 6 mois 25 mg/j pendant plus de 10 ans
(risque × 7) (risque × 20)
En population générale (%) 0,01 0,07 0,2
Dans une population de femmes 0,0014 0,0098 0,028
de moins de 20 ans (%)
D’après [48].

Conclusion [9] Vercellini P, Buggio L, Frattaruolo MP, et  al. Medical treatment of
endometriosis-related pain. Best Pract Res Clin Obstet Gynaecol
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En pratique, il existe donc un grand nombre de traitements [10] Robin G, Plouvier P, Delesalle AS, et  al. [Effectiveness and use
hormonaux potentiellement efficaces pour soulager une of hormonal contraceptives (except for intrauterine devices):
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[11] Grandi G, Xholli A, Napolitano A, et al. Pelvic pain and quality of
de cette pathologie (seuls le diénogest, certains progestatifs
life of women with endometriosis during quadriphasic estradiol
prégnanes et certains agonistes de la GnRH ont l’AMM). La valerate/dienogest oral contraceptive: a patient-preference pros-
recherche progresse et de nouvelles molécules pourraient pective 24-week pilot study. Reprod Sci 2015;22(5):626-32.
bientôt être utilisées dans le traitement de l’endométriose [12] Granese R, Perino A, Calagna G, et  al. Gonadotrophin-releasing
symptomatique [49]  : nestorone, inhibiteurs de l’aroma- hormone analogue or dienogest plus estradiol valerate to prevent
tase, modulateurs sélectifs des récepteurs de la proges- pain recurrence after laparoscopic surgery for endometriosis: a
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térone (SPRM) ou des récepteurs aux œstrogènes (SERM), 94(6):637-45.
molécules anti-angiogéniques, danazol par voie vaginale, [13] Vercellini P, Barbara G, Somigliana E, et al. Comparison of contra-
antagonistes de la GnRH per os, etc. Tout ce qui permet- ceptive ring and patch for the treatment of symptomatic endome-
tra d’enrichir l’arsenal thérapeutique contre l’endométriose triosis. Fertil Steril 2010;93(7):2150-61.
sera bon à prendre ! [14] Plu-Bureau G, Hugon-Rodin J, Maitrot-Mantelet L, et al. Hormonal
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23
I. Généralités

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24
Chapitre 4
Place des nouvelles techniques
mini-invasives
Charles-André Philip, Gil Dubernard

PLAN DU C HAPITRE
Synthèse des différentes techniques
mini-invasives utilisables dans
l’endométriose et l’adénomyose 26

Formes d’endométriose accessible


à un ou plusieurs traitements mini-invasifs 28

Conclusion 36

Chirurgie de l’endométriose
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
I. Généralités

La prise en charge des patientes souffrant d’endométriose la chirurgie ouverte en raison d’un taux de complications
est complexe car elle dépend beaucoup des symptômes et inférieures et d’un meilleur pronostic sur la fertilité [3].
de leurs retentissements sur la qualité de vie, mais égale- C’est dans ce contexte de désescalade chirurgicale ainsi
ment de l’existence d’un projet obstétrical actuel ou futur que de volonté de diminuer les complications, les séquelles
qui peut être associé ou non à un contexte d’infertilité. et la rançon cicatricielle pour les patientes que plusieurs
Les recommandations conjointes du CNGOF (Collège équipes ont récemment proposé de remplacer, lorsque
national des gynécologues et obstétriciens français) et de c’est possible, la chirurgie conventionnelle par des tech-
l’HAS (Haute autorité de santé) de 2018 proposent en niques moins invasives.
1re  intention l’utilisation d’un traitement médical [1]. En • Dans la première partie de ce chapitre, nous détaillons
l’absence de projet obstétrical, il est recommandé d’intro- les principales techniques mini-invasives actuellement dis-
duire une hormonothérapie dont l’objectif est si possible la ponibles, ainsi que leurs principaux avantages et inconvé-
suppression des menstruations ou, au minimum, la diminu- nients.
tion de leur fréquence et/ou de leur abondance [1]. • Dans un deuxième temps, nous détaillons les principales
Le traitement chirurgical n’est généralement proposé localisations d’endométriose et d’adénomyose pour les-
qu’en cas d’échec du traitement médical, c’est-à-dire en quelles des travaux ont été rapportés afin de préciser les
cas de persistance de symptômes douloureux malgré une données actuelles sur la faisabilité, la sécurité et l’efficacité
ou plusieurs hormonothérapies, ou d’une mauvaise tolé- de ces différentes techniques, en essayant d’entrevoir les
rance de ces derniers, ou enfin de contre-indications au possibilités d’avenir de chacune d’elles.
traitement. Si une grossesse est envisagée, en particulier
en cas d’infertilité associée, la prise en charge chirurgicale
doit être mise en balance avec la possibilité d’une prise en Synthèse des différentes
charge en aide médicale à la procréation, afin de maximiser
les chances de grossesse et d’éventuellement rendre à nou- techniques mini-invasives
veau possible la mise en place d’une hormonothérapie au utilisables dans l’endométriose
décours [2]. Le type de traitement chirurgical est très diffé-
rent selon la forme clinique de l’endométriose, le nombre et et l’adénomyose
la localisation des lésions.
Tandis que dans le cadre des tumeurs malignes, la chi- Radiofréquence – Ablation
rurgie doit toujours être envisagée de façon radicale pour par radiofréquence
prévenir au maximum le risque de récidive en privilégiant
la survie globale, la chirurgie de l’endométriose est surtout Le concept d’électrochirurgie désigne l’ensemble des tech-
envisagée sur un plan fonctionnel. Ainsi, la qualité de vie niques visant à obtenir une nécrose tissulaire par coagula-
et la préservation de la fertilité sont souvent prioritaires tion thermique en utilisant le principe d’excitation ionique
sur le risque absolu de récidive, d’autant plus que la vie des molécules à proximité d’une électrode fournissant un
de la patiente n’est qu’exceptionnellement menacée par la courant alternatif à haute fréquence. Il existe schématique­
pathologie. Cependant, en raison de son caractère multi- ment deux types de circuits d’électrochirurgie  : mono­
focal et de ses lésions « prolifératives » qui ont tendance, polaire et bipolaire.
comme les lésions cancéreuses, à infiltrer les tissus environ- • Dans les circuits monopolaires, le courant arrive par
nants, la chirurgie de l’endométriose est souvent complexe l’électrode active, puis traverse les tissus du patient qu’il
et fréquemment «  délabrante ». Les risques de complica- quitte par l’électrode neutre pour retourner au générateur.
tions périopératoires et de séquelles fonctionnelles à court La petite surface de l’électrode active concentre le courant
et à long terme sont importants. Ainsi, la tendance actuelle à son extrémité et provoque donc un effet thermique
est plutôt, comme nous l’avons vu plus haut, de limiter important à l’endroit d’application. La grande surface de
au maximum les indications opératoires et le nombre de l’électrode neutre réduit la densité de courant à son niveau
chirurgies subies par une patiente au cours de sa vie. En et lui permet de quitter le patient sans causer d’effet ther-
revanche, lorsqu’une chirurgie est indiquée, il faut s’efforcer mique sur la peau.
d’adapter l’extension du geste chirurgical aux symptômes • Dans le circuit bipolaire, une électrode est utilisée pour
présentés par la patiente, à leur retentissement sur sa qua- l’émission tandis qu’une autre électrode de même calibre
lité de vie et à l’existence éventuelle d’un projet obstétrical. est utilisée pour le retour au générateur. Le courant passe
Ainsi, la voie cœlioscopique est aujourd’hui à privilégier sur directement entre les 2  électrodes sans traverser d’autres

26
4. Place des nouvelles techniques mini-invasives

tissus. L’exposition du patient au courant est ainsi limitée


avec un meilleur contrôle de la zone traitée.
La radiofréquence est un terme générique qui désigne
l’ensemble des ondes électromagnétiques dont la fréquence
est comprise entre 3 × 10  3 et 3 × 1011 Hz. En médecine,
le terme désigne principalement «  l’ablation par radiofré-
quence  », c’est-à-dire l’utilisation de l’électrochirurgie au
moyen d’un applicateur (« électrode de radiofréquence »)
par voie percutanée et/ou radioguidée visant à obtenir une
destruction « à distance » du volume cible. L’électrode de
radiofréquence correspond à la partie non isolée d’une fine
aiguille recouverte d’un isolant sur le reste de la surface
(fig. 4.1). Selon le nombre d’aiguilles utilisées, l’ablation par
radiofréquence peut être bipolaire ou multipolaire. Fig. 4.2
Représentation d’un glaçon de cryoablation se formant autour
d’une aiguille.
Cryoablation – Ablation
par cryothérapie
l’apparition d’un glaçon sphérique autour d’une aiguille de
L’ablation par cryothérapie repose sur la destruction d’une cryoablation.
lésion par congélation in situ. Si cette technique a large-
ment été utilisée par application directe notamment en
dermatologie, l’apparition de sondes permettant l’applica- HIFU (ultrasons focalisés
tion d’azote liquide en profondeur a permis le développe­ à haute intensité)
ment de techniques mini-invasives de traitement en
profondeur généralement sous contrôle échographique. Les HIFU font partie des ultrasons thérapeutiques. Il s’agit
L’un des principaux avantages de cette technique est la d’ondes ultrasonores de fréquence relativement similaire à
possibilité de monitorer en temps réelle la formation d’un celles des ultrasons diagnostiques (0,8-5 MHz en général)
glaçon en échographie et donc de visualiser a priori plus mais dont la puissance est beaucoup plus élevée, d’une part
précisément la zone de traitement [4]. La figure 4.2 montre au niveau de la source de l’onde sonore (le transducteur) et

Fig. 4.1
Électrode bipolaire avec zone d’ablation et marge de sécurité (Innopath®).
Aiguille de radiofréquence bipolaire, la zone bleue représente l’isolant entre les 2 électrodes. La plus grande marque noire est un repère (visible
en imagerie) signalant la fin de la zone active. Le disque orange représente la tumeur à traiter. La zone jaune correspond à la zone d’ablation
par radiofréquence.
© Cyrille Martinet.

27
I. Généralités

plus encore au niveau de la cible thérapeutique en utilisant entraîner une lésion thermique si la température atteinte
le principe de la focalisation acoustique (fig. 4.3). Pour aug- et le temps d’application sont suffisants pour induire une
menter l’énergie appliquée au niveau de la cible, on peut nécrose tissulaire. Ainsi, l’un des principaux avantages des
également jouer sur la durée du tir et sur la répétition des HIFU est qu’ils permettent la destruction focale d’une
tirs dans le temps. L’objectif est généralement d’obtenir un zone de tissu au niveau du point de focalisation (entre 1 et
effet thermique et physique au niveau d’un volume cible 15 cm3 selon les sondes utilisées). Contrairement à la cryo-
situé en profondeur, sans qu’il n’y ait d’effet notable dans les thérapie et à la radiofréquence, il n’est même pas néces-
tissus traversés en aval de la zone cible. C’est cette propriété saire d’introduire une sonde au niveau de la cible, limitant
qui est à la base de leur intérêt thérapeutique [5]. On sépare encore plus le risque de cicatrice, de lésion et éventuelle-
habituellement les effets biologiques des ultrasons en deux ment de dissémination.
catégories : les effets thermiques et les effets mécaniques
(cavitation) dont la combinaison entraîne une lésion tis-
sulaire par nécrose classiquement dite « ischémique » ou Sclérothérapie – Alcoolisation
« de coagulation » [6,7]. Le tissu ainsi traité se transforme La sclérothérapie est une technique assez ancienne consis-
en une zone fibreuse, inerte. tant à injecter une solution cytotoxique au sein d’une
En focalisant plusieurs faisceaux ultrasonores de haute lésion afin de provoquer une nécrose localisée. La scléro-
énergie en un point donné du tissu, l’augmentation de thérapie à l’éthanol, ou alcoolisation, consiste à injecter de
température est maximale au niveau de ce point et peut l’éthanol très concentré (généralement entre 90 et 100 %)
sur une durée de quelques minutes. Elle a été publiée pour
la première fois au Japon par Akamatsu et  al. en 1988 et
a été principalement utilisée au départ pour le traitement
des kystes bénins thyroïdien, parathyroïdien, splénique,
hépatique ou rénal avec une bonne efficacité [8,9].

Formes d’endométriose
accessible à un ou plusieurs
traitements mini-invasifs
Endométriome
Un endométriome est une forme particulière et fréquente
d’endométriose atteignant l’ovaire qui se présente habi-
tuellement sous la forme d’un kyste finement échogène et
plus ou moins homogène.
La sclérothérapie est classiquement réalisée par voie
transvaginale sous échographie mais peut également être
réalisée par voie cœlioscopique, par ponction directe du
kyste avec un trocart ou une aiguille comme proposé par
Roman et  al. [10]. Le principe du traitement est alors le
même, mais le contrôle de la procédure est visuel et non
échographique.
• L’alcoolisation des endométriomes a été décrite pour la
Fig. 4.3 première fois en France par Yazbeck et al. [11]. Ils proposent
Évolution de la pression acoustique dans l’espace entre la ponction du kyste par voie vaginale pour aspiration du
un transducteur HIFU et le point focal sur la lésion cible. liquide, suivie d’un rinçage au sérum physiologique et d’une
Grâce au phénomène de focalisation, le transducteur HIFU permet injection d’éthanol à 96  % pour un volume équivalent à
la concentration d’énergie au niveau du point focal sur la lésion cible
sans endommager les tissus situés entre la sonde et la lésion cible. 60 % du volume du kyste pendant 10 minutes. Afin de ne
HIFU : High Intensity Focused Ultrasound. pas compromettre une stimulation ovarienne rapide en
28
4. Place des nouvelles techniques mini-invasives

postopératoire, il est recommandé de bien réaspirer l’étha- bonnes, ce qui limite l’intérêt d’une cœlioscopie pour réa-
nol en fin de geste. Ce geste est le plus souvent réalisé par liser le bilan d’extension d’une endométriose au décours
guidage échographique à l’aide d’une sonde endovaginale. d’une kystectomie. En pratique, les recommandations
Il s’agit du même procédé que les ponctions ovocytaires, à HAS/CNGOF 2017 diffèrent à ce sujet selon le projet de
savoir qu’un guide pour fixer l’aiguille de ponction est posi- fertilité de la patiente. En cas de projet de grossesse spon-
tionné sur la sonde endovaginale. Le kyste est habituelle- tanée, une cœlioscopie exploratrice reste intéressante car
ment directement en contact avec le cul-de-sac vaginal et l’adhésiolyse et la destruction d’éventuelles lésions d’endo-
la lésion est fixée par les adhérences endométriosiques, si métriose superficielles associées pourraient augmenter les
bien que le geste est très simple et surtout peu risqué. chances de grossesses. Cependant, lorsqu’une FIV est envi-
• Dans une série comparée de 205 patientes, Wang et al. sagée, il n’y a pas lieu de réaliser un traitement chirurgical
ont comparé ponction simple, alcoolisation avec et sans de l’endométriose superficielle dans le seul but d’augmen-
réaspiration en montrant un taux de récidive a 12  mois ter les chances de grossesse [19].
significativement plus élevé dans le groupe ponction sim- La réalisation d’une cœlioscopie associée à l’alcoolisation
ple (100 vs 18 et 4 % respectivement) [12]. permet également de vérifier la bonne perméabilité tubaire
avant une grossesse spontanée. En l’absence de projet de
grossesse ou lorsqu’une FIV est programmée, une simple
De façon globale, l’alcoolisation peut être considérée ponction/alcoolisation par voie vaginale pour soulager la
comme un geste simple, rapide et efficace sur les dou- patiente et préserver sa fertilité semble ainsi plus adaptée.
leurs et avec un taux de récurrence à 12  mois compris En l’absence de projet de grossesse, la sclérothérapie devrait
entre 5 et 56 % [3,13-17]. être suivie d’une hormonothérapie en continu pour obte-
nir une aménorrhée et limiter le risque de récidive.

• Dans un essai randomisé comparant chez 40 patientes Adénomyose


présentant un endométriome récidivant de plus de 3 cm Comme cela est précisé dans cet ouvrage, l’adénomyose
l’alcoolisation à l’abstention thérapeutique, Aflatoonian est définie par la présence de glandes et/ou de stroma
et  al. ont rapporté une tendance en faveur d’un meilleur endométrial dans le myomètre, responsables d’une inflam-
taux de grossesses dans le groupe alcoolisation par rapport mation et d’une hypertrophie myométriale réactionnelle.
au groupe contrôle, bien que non significative (27,8 vs Ces anomalies peuvent être focalisées ou diffuses, et parfois
15 % ; p = 0,616), probablement en raison du manque de réaliser des plages pseudo-tumorales ou kystiques appelées
puissance [18]. « adénomyomes ». Il est classique d’évoquer ce diagnostic
• De même, dans une étude comparative non randomisée en même temps que celui d’endométriose : soit parce qu’il
portant sur 31  patientes présentant une récidive d’endo- s’agirait de 2 pathologies qui présentent une association
métriome après chirurgie, Yazbeck et al. ont montré que la significative (comme c’est en particulier le cas pour les
réserve ovarienne et la réponse à la stimulation ovarienne formes diffuses et « intrinsèques »), soit parce qu’il s’agirait
étaient meilleures dans le groupe alcoolisation par rapport d’une forme clinique de l’endométriose profonde de l’utérus
au groupe chirurgie itérative [16]. Dans cette étude, les taux (en particulier pour les atteintes focales « extrinsèques »).
de grossesses étaient significativement plus importants en
cas d’alcoolisation par rapport au groupe kystectomie (55,2
vs 26,9 % ; p = 0,03).
Radiofréquence
Ainsi, si l’alcoolisation des endométriomes présente pro- L’application la mieux connue de la radiofréquence dans
bablement un risque plus important de récidive, l’efficacité l’adénomyose est l’endométrectomie totale au moyen d’un
sur les symptômes pour les lésions supérieures à 5 cm est dispositif endo-utérin bipolaire spécifique à usage unique
habituellement instantanée. Par rapport à la kystectomie (NovaSure®, Hologic et Minerva®, Minerva Surgical). Ces
par cœlioscopie, elle présente les principaux avantages deux dispositifs fonctionnent à l’aide d’une pièce à main
d’être moins invasive, notamment lorsqu’elle est réalisée allongée présentant à son extrémité un embout métallique
par voie extracorporelle (ponction transvaginale ou trans- entouré d’une membrane qui ne mesure que quelques
cutanée), de préserver la fertilité et de favoriser le succès millimètres en position repliée et qui s’expand dans la cavité
de l’aide médicale à la procréation. Les performances de utérine sous contrôle de l’opérateur pour venir épouser les
l’imagerie et notamment de l’IRM pour le diagnostic des contours de l’endomètre. L’intervention débute en général
lésions d’endométriose profonde et ovarienne sont très par une hystéroscopie diagnostique et un curetage de la
29
I. Généralités

cavité utérine pour ne pas méconnaître une dysplasie ou un hypogastriques 26,5  %, métrorragies 20,3  %). Toutefois la
cancer. Une mesure de la longueur de la cavité utérine est définition de l’adénomyose et les critères d’inclusion utili-
alors réalisée par l’opérateur. Le dispositif est ensuite intro- sés étaient principalement cliniques et évoquaient princi-
duit dans la cavité puis déployé. Après un rapide contrôle de palement une pathologie diffuse (saignements anormaux
sécurité (test d’étanchéité), la procédure est réalisée auto- et dysménorrhée) sans justifier d’une anomalie focale à
matiquement sous contrôle informatisé. Lorsque l’impé- l’imagerie malgré la description d’un traitement semblant
dance est jugée satisfaisante, la procédure est interrompue. focalisé. De plus, l’utilisation systématique d’un DIU au lévo-
Ces dispositifs ont été commercialisés pour le traite- norgestrel au décours du traitement sans bras contrôle, alors
ment des saignements périménopausiques. L’adénomyose que l’efficacité de celui-ci est démontrée dans l’adénomyose,
diffuse est l’une des principales étiologies des métrorragies rend ininterprétables les résultats sur l’efficacité du traite-
post-ménopausiques, bien qu’elle soit souvent associée à ment. Cette étude a simplement l’avantage de démontrer
des dysménorrhées. sa faisabilité sans une morbidité excessive pour les patientes.
• Dans une étude sur 43  patientes porteuses d’une adé- Les bénéfices à long terme restent à être démontrés.
nomyose diffuse, avec 100  % de ménorragies et 77  % de
dysménorrhées, Philip et  al. ont montré que l’endomé-
trectomie par radiofréquence améliorait les saignements
HIFU
anormaux chez 93  % des patientes et les dysménorrhées Il existe aujourd’hui plusieurs publications avec un nombre
chez 60  % d’entre elles à 6  mois avec une tendance en assez important de patientes rapportant l’efficacité des
faveur d’une récidive des saignements au cours du temps HIFU dans l’adénomyose. Dans cette indication, l’expé-
autour de 25  % à 3  ans [20]. Ainsi, cette technique, bien rience chinoise est importante, notamment en raison du
qu’altérant de façon irréversible la fertilité, permettait de dispositif médical JC développé par la société Haifu et très
réduire d’environ 70 % le nombre d’hystérectomies chez les largement répandue en dans ce pays.
patientes souffrant d’adénomyose diffuse et n’ayant plus • Yang et al. sont les premiers à avoir débuté en 2002 une
de projet obstétrical [20]. Aucune complication modérée à étude clinique sur le traitement de lésions d’adénomyose en
sévère n’était rapportée dans cette série. HIFU, qu’ils ont publiée en 2009 [24]. Ils ont alors démontré
Il a également été proposé d’utiliser la radiofréquence la possibilité de créer des lésions HIFU avant hystérectomie
percutanée pour traiter des lésions d’adénomyose focalisée pour adénomyose focale chez 30 patientes, en utilisant une
(ou adénomyome). sonde abdominale de 20 mm de diamètre produite par la
• Un premier cas a été rapporté par Ryo et al. en 2006 à firme Haifu qui pouvait venir directement au contact de
propos d’une jeune patiente de 21 ans présentant des dys- l’utérus.
ménorrhées traitée par radiofréquence transvaginale sous • En 2008, Fukunishi et al. ont rapporté le traitement de
contrôle échographique transabdominal [21]. La procé- 20  patientes avec une adénomyose à l’aide d’un appareil
dure aurait entraîné des douleurs transitoires, une fièvre et HIFU guidé par IRM, avec une amélioration significative des
des métrorragies, et aurait permis une diminution de 30 % symptômes à 6 mois [25].
de l’intensité des dysménorrhées. • L’équipe de Zhou et al. a quant à elle évalué dans le même
• Une équipe italienne a ensuite rapporté en 2015 une temps l’efficacité d’un traitement transpariétal en utilisant
série de 15  patientes présentant des adénomyomes trai- un appareil HIFU échoguidé chez 78 patientes présentant
tés par radiofréquence percutanée sous contrôle laparo- une adénomyose avec dysménorrhées et ménorragies [26].
scopique avec une diminution du volume des lésions de Avec un suivi médian de 24 mois pour 69 patientes, ils ont
65  % à 1  an associée à une amélioration significative des rapporté une amélioration des symptômes chez 89,9  %
symptômes [22]. d’entre elles (n = 62). Dans cette étude, une IRM réalisée à J1
• Une publication récente d’une équipe chinoise fait état montrait des lésions de nécrose de coagulation chez 87 %
d’une série de 73 patientes traitées par radiofréquence sous des patientes avec 68 % des patientes qui présentaient un
contrôle échographique avec une sonde de 15  mm, suivi ratio de déperfusions de la lésion d’adénomyose > 50 %.
d’une pose de DIU (dispositif intra-utérin) au lévonorges- Le traitement HIFU était bien supporté en dehors de dou-
trel avec une amélioration significative des symptômes leurs légères dont l’EVA (échelle visuelle analogique) restait
et du volume utérin global à 3  ans [23]. Dans cette série, inférieure à 4 et aucun événement indésirable grave n’était
aucune complication peropératoire n’était rapportée, tandis rapporté.
que les patientes n’ont présenté que des effets indésirables • Une équipe coréenne rapporte également une très
mineurs et transitoires (pertes vaginales 100  %, douleurs importante étude rétrospective sur 346  patientes traitées

30
4. Place des nouvelles techniques mini-invasives

Tableau 4.1. Efficacité à moyen et long terme du traitement HIFU de l’adénomyose sur les dysménorrhées.
Auteurs, année [référence] Interventions Patientes Suivi (mois) Efficacité 1 (%)
Fukunishi et al., 2008 [25] HIFU guidé par IRM 20 6 100
Zhou et al., 2011 [26] HIFU guidé par échographie 69 24,2 89,9
Shui et al., 2015 [30] HIFU guidé par échographie 203 24 82,3
Liu et al., 2016 [28] HIFU guidé par échographie 208 40 83,2
HIFU : High Intensity Focused Ultrasound.
1. Taux d’amélioration des dysménorrhées (EVA [échelle visuelle analogique] pré vs post-traitement) sur le nombre total de patientes traitées (essais
prospectifs).

pour adénomyose dans un seul centre, montrant une amé- membre inférieur, qui se sont résorbés spontanément pour
lioration symptomatique à 12 mois dans près de 60 % des l’ensemble d’entre elles entre 2 semaines et 2 mois après le
cas avec une amélioration significative de la qualité de vie traitement. Il est également rapporté 21 brûlures cutanées
globale [27]. (0,2 %) et 2 plaies digestives (0,02 %), classées comme les
Le tableau 4.1 montre une revue de l’efficacité du traite- complications les plus graves, les deux dernières ayant
ment à moyen et à long terme dans 4 études prospectives nécessité une intervention chirurgicale.
avec des taux compris entre 83 et 100  % jusqu’à plus de
3 ans.
Plusieurs équipes se sont intéressées aux facteurs prédic-
À retenir
tifs de l’efficacité de la procédure.
En définitive dans l’adénomyose, les HIFU par
• Dans leur série de plus de 208  patientes suivies pen-
dant un minimum de 40 mois, Liu et al. ont montré que voie transabdominale, qu’ils soient appliqués au
le volume non perfusé post-traitement est corrélé, comme moyen d’un dispositif guidé par IRM ou par écho-
l’âge, au taux d’efficacité de la procédure à long terme [28]. graphie, semblent être une alternative sûre et effi-
• De même, Zhang et al. ont montré que les patientes pré- cace au traitement chirurgical de référence qu’est
sentant une adénomyose focale répondaient significative- l’hystérectomie. Comme les autres traitements
ment mieux que celles présentant une adénomyose diffuse «  conservateurs » de l’adénomyose, à l’image de
en IRM [29]. l’endométrectomie ou des techniques d’embolisa-
Concernant la sécurité et la tolérance du traitement, les tion des artères utérines, les HIFU présentent une
principales complications graves rapportées concernent efficacité significative mais imparfaite. La persis-
des brûlures cutanées et des atteintes neurologiques des tance de symptômes douloureux tels que les dys-
racines sacrées (principalement des douleurs du sacrum et ménorrhées ou les dyspareunies après traitement
une hypoesthésie ou des douleurs des membres inférieurs) complet d’une adénomyose dans certaines études
[25,26]. Toutefois, avec l’amélioration du matériel et l’exper- pourrait également être liée à la méconnaissance
tise des praticiens, le taux de complications rapporté dans de lésions d’endométrioses pelviennes qui lui sont
la littérature semble diminuer fortement dans les grandes souvent associées [31]. Ainsi, toute patiente trai-
séries récentes. tée pour une adénomyose et, à plus forte raison,
• Ainsi, Liu et al. et Lee et al. rapportent un taux de compli- en cas de résistance au traitement devrait se voir
cations graves < 1 % des procédures, avec pour la grande proposer un bilan diagnostique d’endométriose.
majorité une disparition spontanée dans les 2  semaines
suivant le traitement [27,28]. Endométriose pariétale
• La société Haifu rapporte le traitement de 10 310 patientes
pour adénomyose entre  2011 et  2015 avec son modèle L’endométriose de la paroi abdominale (EPA) est une forme
« JC », pour un taux de complication global de 23 % des rare d’endométriose, correspondant à la présence de tissu
patientes traitées [31]. L’analyse de ces effets secondaires endométriosique (glande et/ou de stroma endométrial)
retrouve des douleurs pelviennes dans 22  % des cas, des dans la paroi abdominale (fig. 4.4 et 4.5). Elle peut infiltrer
pertes vaginales dans 11 % des cas et des douleurs sacrées toutes les couches de la paroi abdominale : la peau, le tissu
dans 6 % des cas. Sur l’ensemble des patientes, 13 (0,1 %) sous-cutané, les muscles et leur aponévrose, voire le péri-
ont rapporté un déficit sensitif et ou d’une douleur d’un toine. Sa prévalence est estimée, selon Leite et al., entre 0,03

31
I. Généralités

Fig. 4.4
Aspect échographique de deux nodules d’endométriose de la paroi abdominale (EPA).
A. Aspect classique d’un nodule d’EPA au niveau du tissu cellulograisseux abdominal avec une masse hypoéchogène, hétérogène, atténuante
et des spots hyperéchogènes. B. Autre nodule d’EPA sous-aponévrotique dont l’étude en mode power doppler met en évidence une
vascularisation interne et périphérique.

à des effets secondaires invalidants [36]. Certains auteurs


ont évoqué l’utilisation de ces traitements pour réduire la
taille de la lésion et faciliter la chirurgie mais le traitement
hormonal semble avoir peu d’effet sur le volume des lésions
d’EPA [37,38].
Ainsi, le traitement de référence selon les recommanda-
tions du CNGOF reste l’exérèse chirurgicale large avec des
marges de 1 cm, sous anesthésie générale ou locale selon
la taille et le degré d’infiltration [39]. En cas de résection
importante, le recours à une plaque prothétique peut être
nécessaire pour pouvoir refermer la paroi abdominale et
limiter le risque d’éventration [32].
Nous avons identifié 30  séries rapportant au moins
10 patientes traitées chirurgicalement pour une EPA, soit
un total de 1 087 patientes. Dans ces études, le recours à
une plaque prothétique était nécessaire d’emblée dans 3
à 24 % des cas selon les séries [22,36]. Le taux de récidive,
lorsqu’il était rapporté, variait entre 0,2 et 11,5 % [35,40].
Les principaux facteurs de risques de récidive identifiés
étaient une taille supérieure à 5  cm et une infiltration
Fig. 4.5
du muscle ou du péritoine [41]. Les complications post-
IRM d’un nodule d’endométriose de la paroi abdominale (EPA) en
séquence T1 saturation de graisse après injection de gadolinium. opératoires immédiates n’étaient pas souvent rapportées.
On visualise le nodule d’EPA à l’extrémité de la flèche, avec des Quand elles l’étaient, elles étaient peu nombreuses  : un
contours spiculés et un rehaussement homogène après injection de cas d’hématome de la paroi abdominale dans la série de
produit de contraste.
71 patientes de Pas et al. [40], 2 cas d’infection dans la série
de 14  patientes de Tatli et  al. [42], aucune complication
et 3,5 % [32]. Il s’agit d’une forme assez spécifique d’endo- rapportée dans la série de Ding et al. sur 227 patientes [36].
métriose profonde puisqu’elle est associée à un antécédent Mais sur les 55 patientes ayant eu une plaque prothétique,
de césarienne dans 75 % cas [33], alors qu’elle n’est associée 7 (12,7  %) rapportaient des douleurs chroniques et un
à des lésions d’endométriose pelvienne que dans 0 à 34 % inconfort dans les suites. Plusieurs séries décrivent un ou
des cas selon les séries [34,35]. plusieurs cas d’éventration postopératoire mais, devant un
Dans une série sur 227 patientes, Ding et al. rapportent suivi incomplet et très variable dans la durée, l’incidence de
un faible taux d’efficacité des traitements hormonaux sur cette complication probablement assez importante reste
les douleurs, avec des bénéfices transitoires et associés très difficile à évaluer.
32
4. Place des nouvelles techniques mini-invasives

La résection chirurgicale peut se révéler complexe, de la mise en place de la sonde à demeure et aspect en
nécessiter une large excision avec des conséquences fonc- peau d’orange) et 2 (8 %) ont présenté des symptômes
tionnelles et esthétiques importantes [43]. Pour ces raisons de récidive à 5 et 6 mois.
notamment, un certain nombre de patientes refusent – Le groupe chirurgical comprenait 29 patientes. L’inter-
l’intervention chirurgicale et préfèrent endurer les symp- vention se déroulait sous anesthésie générale ou rachi­
tômes plutôt que d’encourir les risques de l’intervention. anesthésie. Comparativement au groupe HIFU, la durée
Des alternatives thérapeutiques mini-invasives ont ainsi été d’hospitalisation était plus longue (6,7 vs 4,4  jours), les
développées. pertes sanguines plus importantes (46 vs 0 mL). Dans le
groupe chirurgie, 4 patientes (13,8 %) ont présenté des
HIFU complications majeures (infection pulmonaire ou retard
important de cicatrisation) et 3 (10 %) des symptômes
Le traitement mini-invasif le plus rapporté dans la littéra- de récidive à 3, 12 et 20 mois postopératoires.
ture, essentiellement par des équipes chinoises, est le traite- • De même, Zhu et al. montrent dans un essai comparatif
ment par HIFU. Dans ces séries, comme pour le traitement rétrospectif non randomisé sur 51  patientes une absence
des fibromes par HIFU, la patiente est placée sur le ventre de différence significative sur les symptômes douloureux à
sur une table percée au niveau de l’abdomen qui est placé 1, 3, 6 et 12 mois post-traitement entre les HIFU échoguidés
dans une cuve d’eau contenant le transducteur HIFU et un et le traitement chirurgical, avec l’avantage pour la chirurgie
transducteur d’imagerie. L’intervention est réalisée le plus d’une absence de lésion palpable résiduelle, mais l’avantage
souvent sous sédation consciente et parfois sous anesthé- pour les HIFU d’une absence de cicatrice, de saignements
sie générale. L’opérateur réalise le traitement sous contrôle nuls et d’une durée d’hospitalisation plus courte [46].
échographique. • Une autre étude rétrospective publiée par Shi et  al.
• La première série publiée est celle de Wang et  al. en en 2019 retrouve les mêmes données avec 13  patientes
2009, sur 21  patientes présentant des nodules uniques dans le groupe HIFU et 17 dans le groupe chirurgie [47].
d’EPA sur cicatrices [24]. Le nodule infiltrait uniquement L’intervention se déroulait sous anesthésie générale dans
le tissu sous-cutané pour 3  patientes, les muscles grands le groupe chirurgie versus sédation dans le groupe HIFU.
droits pour 12 patientes et le tissu sous-cutané et le muscle La durée d’hospitalisation était plus longue dans le groupe
pour 6  patientes. La taille moyenne des nodules était de chirurgie (5,2 vs 1  jour). Il y avait plus de complications
2,3 cm3. Elles étaient traitées sous sédation consciente. Le dans le groupe chirurgie comparativement au groupe
traitement était un succès en termes de disparition de la HIFU : 2 patientes (11,8 %) ont présenté de la fièvre versus
douleur dans 100 % des cas et 16 nodules (76 %) étaient 0 (p =  0,049) respectivement, et 3 patientes (17,6  %) ont
devenus indétectables en échographie à 6  mois. Aucune présenté des complications urinaires (rétention d’urine,
complication n’était rapportée. irritation vésicale) versus 1 patiente (7,7 %) (hématurie) res-
• Luo et al. ont ensuite publié une série sur 32 patientes pectivement (p =  0,043). L’efficacité était comparable en
avec 39 nodules traités sous sédation avec le modèle JC-200 termes de diminution d’EVA (de 6 à 0,7 à 12 mois dans le
de la marque Haifu [44]. La taille moyenne était de 2,4 cm3, groupe chirurgie vs de 5,8 à 0,6 dans le groupe HIFU). Il y
la durée moyenne de la procédure de 40 minutes. À 6 mois avait eu une récidive à 12  mois dans le groupe chirurgie,
post-traitement, l’EVA était passée de 6,8 à 1,8 en moyenne aucune à 18 mois de suivi dans le groupe HIFU.
et le volume en échographie avait diminué de 53  %. En
termes de volume de déperfusion, la diminution de la vas-
cularisation était de 94  %. Aucune complication n’a été Le traitement par HIFU apparaîtrait donc aussi efficace
rapportée, seuls un inconfort et un œdème dans les suites que le traitement de référence pour une durée d’hospita-
immédiates disparaissant spontanément. lisation moins longue et moins de complications avec les
• En 2018, Zhao et al. ont publié une étude rétrospective réserves que comportent les études rétrospectives non
comparant le traitement par HIFU au traitement chirurgi- randomisées.
cal [45].
– Le groupe HIFU comprenait 25 patientes traitées sous
sédation. La durée moyenne de la procédure était de
60 minutes. L’EVA à 6 mois était passée de 6,9 à 0,3 en • En 2019, Xiao-Ying et  al. publient la plus grande série,
moyenne. Une patiente (4  %) a présenté une compli- sur 51 patientes et 57 nodules, avec un suivi de l’efficacité à
cation majeure (brûlure cutanée), 7 (28 %) des compli- 4 ans [48]. Les données allaient dans le même sens que les
cations mineures (hématurie liée à un traumatisme lors études précédentes : réduction de l’EVA de 5,5 à 1 à 6 mois
33
I. Généralités

et 0 à 12 mois, diminution du volume de 81,6 % à 6 mois volume avait diminué de 95,8 %. Une récidive est surve-
et 100  % à 48  mois. Il y avait eu une seule complication nue à 2 ans. Il n’y a eu aucune complication. Ces résultats
majeure (brûlure au 1er degré) et 2 récidives à 4 ans. étaient comparés à 13 patientes (16 nodules) traitées par
Les HIFU peuvent se faire sous contrôle échographique chirurgie. Dans le groupe chirurgie comparativement au
ou IRM et présentent de nombreux avantages  : simple groupe cryothérapie, il y avait plus d’anesthésie générale
sédation, pas de pertes sanguines, pas de nouvelle cicatrice, (85 vs 57 % ), une durée d’intervention et d’hospitalisa-
pas de risque de dissémination de cellules et des suites plus tion plus longue (respectivement 73 vs 41  minutes et
simples avec une bonne efficacité, ce qui en fait une alter- 2,8 vs 0,8  jour) pour une efficacité comparable (EVA
native séduisante à la chirurgie [49]. Cependant l’accès aux moyenne passant de 6,7 à 0,7 vs de 8,3 à 1,9 à 6 mois). Il y
HIFU est limité notamment par le coût de l’installation et a eu une récidive à un 1 an dans ce groupe. Concernant
ce traitement ne permet pas d’analyse histologique de la les suites postopératoires, 23  % des patientes ont pré-
pièce opératoire. À notre connaissance aucune équipe ne senté une complication sévère (3/13 : un défaut pariétal,
dispose à ce jour de la technologie HIFU pour le traitement un abcès ayant nécessité une évacuation chirurgicale et
des endométrioses pariétales en France. un hématome entraînant un retard de cicatrisation) et
69 % ont eu une cicatrice jugée non esthétique.
Alcoolisation
Par analogie avec le traitement des endométriomes, Radiofréquence
l’équipe de Bozkurt a traité une patiente en 2014 par sclé- • En 2009, Carrafiello et al. ont rapporté le premier succès
rothérapie avec injection d’alcool à 95  % dans le nodule de traitement par radiofréquence d’une femme de 42 ans
d’endométriose pariétale sous guidage échographique avec présentant un nodule d’EPA qui refusait une prise en
une bonne efficacité sur la douleur en postopératoire [50]. charge chirurgicale [54]. Le nodule mesurait 16 mm et était
situé dans le tissu sous-cutané en regard d’une cicatrice
Cryothérapie de césarienne, infiltrant le muscle grand droit. La douleur
• Une équipe de Bordeaux, Cornellis et  al., a publié en avant traitement était évaluée à 7 sur l’EVA. Le diagnostic
2014 une série de 4 patientes traitées avec succès par cryo- d’endométriose pariétale était clinique et radiologique. Le
thérapie [43]. Dans cette série, une patiente présentait un traitement était réalisé sous anesthésie locale complétée
nodule unique tandis que 3 patientes présentaient plusieurs par une sédation en ventilation spontanée et sous couvert
nodules (2 à 4 nodules, soit au total 10 nodules de 3,7 cm3 d’une antibiothérapie prophylactique par céfazoline. En
de volume en moyenne). La procédure se déroulait sous prévention du risque de brûlure, de la glace était appliquée
anesthésie générale et durait en moyenne 50 minutes. L’éva- sur la peau. La destruction par radiofréquence était réalisée
luation à 6 mois retrouvait une baisse de l’EVA moyenne de avec 2 aiguilles bipolaires, une distale et une proximale. La
6,5 à 1,7 et une réduction du volume des lésions de 85,7 %. puissance de départ était de 2 W, augmentée progressive-
Aucune complication sévère n’était rapportée. ment de 1  W/min jusqu’à 10  W. La durée de traitement
• Deux autres séries américaines sur la cryothérapie ont était de 9 minutes. L’échographie avec contraste par Sono-
ensuite été publiées : vue® en post-thérapeutique immédiat montrait une perte
– Dibble et al. rapportent le traitement de 3 patientes de la vascularisation à l’intérieur de la lésion. La patiente
sous anesthésie locale et sédation avec disparition était rentrée à domicile le lendemain. Le seul effet indési-
complète de la lésion sur l’IRM de contrôle à 6 semaines rable rapporté était un érythème cutané rapidement réso-
chez 2 d’entre elles [51] ; lutif. L’EVA post-thérapeutique était à 3 le lendemain, puis
– la Clinique Mayo a développé cette technique et a 0 à 6 et 12 semaines post-thérapeutiques. Nous n’avons pas
récemment publié son retour d’expérience avec la des- trouvé d’autres cas rapportés dans la littérature. La figure 4.6
cription de son protocole [52]. En 2017, une étude rétro­ montre un exemple d’installation pour un traitement par
spective comparant le traitement par cryothérapie au radiofréquence sous guidage échographique.
traitement chirurgical a été publiée [53]. Sept patientes • Une étude clinique prospective non contrôlée visant à
et 15 nodules au total ont été traités par cryothérapie. Le évaluer la faisabilité, la sécurité et l’efficacité du traitement
volume moyen était de 3,7 cm3. Les procédures s’étaient des lésions d’endométriose pariétale par radiofréquence est
déroulées pour 43  % sous anesthésie locale et 57  % actuellement ouverte en France depuis fin 2020. Elle utilise le
sous anesthésie générale. Elles duraient en moyenne dispositif Celon ProSurge (Olympus, Tokyo, Japon ; distribué
41  minutes, la durée d’hospitalisation était de 0,8  jour. en France par la compagnie Innopath). Cette étude mono-
À 6  mois, l’EVA était passée de 8,3 à 1,9 et en IRM, le centrique (hôpital Croix-Rousse, Lyon) inclura 10 patientes
34
4. Place des nouvelles techniques mini-invasives

Fig. 4.6
Installation pour un traitement par radiofréquence sous guidage échographique.
A. Installation dans la salle de radiologie interventionnelle. Sur la droite de l’image, on peut voir le générateur Celon Power sur lequel sont
branchées les 3 fiches des aiguilles de RF. Au-dessus : le logiciel Celon Power Monitor. L’IRM de la patiente est affichée en peropératoire pour
aider l’opérateur à orienter le traitement. B. Les aiguilles sont placées par l’opérateur sous contrôle échographique, sous anesthésie locale. Sur la
partie droite, on voit l’image échographique du nodule (en jaune) avec l’aiguille qui arrive en blanc le long de la flèche. AL : anesthésie locale ;
RF : radiofréquence.

présentant un nodule d’endométriose pariétale confirmé de traitement  des  lésions d’endométriose rectosigmoï-
en anatomopathologie, non associé à une endométriose dienne par HIFU [55]. Le protocole rapporté utilisait la
pelvienne profonde symptomatique en échec (ou refus) du sonde FocalOne® développée par l’entreprise EDAP-TMS
traitement médical (NCT04333017). (Vaulx-en-Velin) pour le traitement du cancer de la pros-
tate. Il s’agit d’une sonde transrectale munie d’un trans-
ducteur diagnostique (sonde d’échographie) permettant la
Endométriose profonde postérieure visualisation et le repérage de la lésion, et d’un transduc-
(et rectosigmoïdienne) teur HIFU permettant le traitement semi-automatisé de la
lésion d’endométriose. Le traitement est réalisé sous rachi­
Il existe à ce jour très peu d’essais rapportant des pro- anesthésie, la patiente est en décubitus latéral droit (fig. 4.7).
positions de traitement mini-invasifs dans l’endomé- • La première étude de phase  1 sur 23  patientes mon-
triose profonde postérieure. L’équipe de la Croix-Rousse trait une faisabilité du traitement de 83  % (n =  20) et
à Lyon a publié en 2018 la description d’une technique l’absence d’effet indésirable grave lié au traitement avec

Fig. 4.7
Installation pour le traitement d’un nodule d’endométriose rectal par HIFU (High Intensity Focused Ultrasound).
A. Patiente en décubitus latéral droit avec la sonde FocalOne® en place. Le chirurgien contrôle le traitement sur la console numérique.
B. Aspect échographique du nodule qui est délimité par les points bleu sombre. Les points verts sont les futures cibles et les points
rouges sont les zones déjà traitées.
35
I. Généralités

une durée moyenne de 56 minutes de traitement et une l’endométriose n’empêche malheureusement pas la réci-
hospitalisation de 24 heures [56]. Les auteurs ont rapporté dive des symptômes.
une diminution non significative du volume des lésions, Plusieurs équipes proposent actuellement des traite-
mais il existait une amélioration significative de l’EVA des ments encore moins invasifs permettant le traitement des
symptômes gynécologiques et digestifs (dysménorrhée, lésions d’endométriose par voie percutanée ou endosco-
dyspareunie, diarrhée, constipation, dyschésie, faux besoin pique, le plus souvent sans nécessité d’ouverture cutanée
et douleur pelvienne postérieure), ainsi qu’une améliora- ou de la cavité abdominale. Les principales techniques dis-
tion significative de la qualité de vie (MOS-SF-36 : Medical ponibles à ce jour sont la sclérothérapie à l’éthanol, la radio-
Outcome Study Short Form 36 item) à 1, 3 et 6 mois post- fréquence, la cryothérapie et les ultrasons focalisés de haute
traitement. intensité. Ces techniques ont montré des performances
• Une seconde étude de phase 2 (ENDO-HIFU-R1), mul- souvent excellentes dans le contrôle des symptômes et
ticentrique et sur un effectif plus important (n = 38), est l’exérèse des lésions, avec pour point commun un taux de
en cours afin de confirmer l’efficacité sur les symptômes complications extrêmement faible au regard notamment
et la qualité de vie, ainsi que pour mieux évaluer l’impact du traitement chirurgical de référence. La France accumule
du traitement sur les lésions en imagerie (NCT04494568). un retard considérable, notamment dans l’utilisation des
Dans cette étude, à la différence de la première étude de HIFU par voie transabdominale, faute de dispositif médical
faisabilité qui incluait des lésions rectales ou sigmoïdiennes disponible en raison de l’absence de cotations permettant
basses, l’inclusion est limitée à l’existence d’une atteinte la valorisation de ces actes. Il est temps que la communauté
rectale avec infiltration de la musculeuse. Les lésions rec- médicale se mobilise et fasse pression sur les autorités de
tales uniques associées à des lésions du torus et débordant santé pour obtenir la reconnaissance de ces techniques
parfois sur les ligaments utérosacrés et/ou le cul-de-sac dans le seul intérêt de nos patientes.
vaginal postérieur peuvent être incluses et traitées si pos- C’est dans la prise en charge des endométriomes, de l’adé-
sible dans leur totalité. La possibilité d’un traitement de la nomyose, de l’endométriose pariétale et récemment dans
portion extra-digestive de certaines lésions laisse entrevoir l’endométriose rectosigmoïdienne que les données sont
la possibilité d’étude ultérieures pour le traitement spéci- actuellement le plus avancées. Mais les résultats très encou-
fique de ces lésions d’endométriose profonde postérieure rageants que nous rapportons dans ce chapitre laissent ima-
du torus, du vagin ou des ligaments utérosacrés par HIFU et giner un avenir optimiste pour ces techniques mini-invasives
ce d’autant plus que le dispositif Focal One® est doté d’un qui seront très certainement amenées à être perfectionnées,
logiciel de fusion IRM/échographie qui permet d’envisager puis à être utilisées dans de plus en plus de localisations dif-
le traitement de lésions de petites tailles même si elle sont férentes d’endométriose. Et l’association de ces techniques
difficile à repérer en échographie. Les lésions d’adénomyose mini-invasives avec des traitements de plus en plus ciblés
postérieures, difficilement accessibles au traitement HIFU (hormonaux ou immunothérapie) permettra, nous l’espé-
transpariétal, pourraient également être accessibles par rons, de réduire sinon de voir disparaître progressivement la
voie transrectale. chirurgie « conventionnelle » dans l’endométriose.

Conclusion Références
Ces dernières années, nous avons vu la prise en charge de [1] Sauvan M, Chabbert-Buffet N, Canis M, et  al. Medical treatment
l’endométriose s’orienter vers une désescalade chirurgicale for the management of painful endometriosis without infertility:
visant tout d’abord à limiter le nombre de chirurgies et CNGOF-HAS Endometriosis Guidelines. Gynecol Obstet Fertil
Senol 2018;46:267-72.
à favoriser la cœlioscopie ou la chirurgie robot-assistée [2] Mathieu d’Argent E, Cohen J, Chauffour C, et al. Deeply infiltrating
afin de limiter l’impact de ces traitements et simplifier les endometriosis and infertility: CNGOF-HAS Endometriosis Guide-
suites postopératoires. Il est important de rappeler que lines. Gynecol Obstet Fertil Senol 2018;46:357-67.
l’endométriose est avant tout une pathologie fonction- [3] Collinet P, Fritel X, Revel-Delhom C, et al. Management of endome-
nelle, qui guérit spontanément à la ménopause et qu’en triosis: CNGOF-HAS practice guidelines (short version). Gynecol
Obstet Fertil Senol 2018;46:144-55.
revanche, les complications à moyen et à long terme
[4] Gignoux BM, Ducerf C, Mabrut JY, et al. [Cryosurgery of primary
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4. Place des nouvelles techniques mini-invasives

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I. Généralités

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38
Chapitre 5
Prise en charge de
l’endométriose douloureuse
Jean-Michel Wattier

PLAN DU C HAPITRE
Au premier temps : évaluer 40

Au deuxième temps : traiter 41

Et après ? 42

Conclusion 42

Chirurgie de l’endométriose
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
I. Généralités

Seules 44,2 % des femmes porteuses d’une endométriose pulsatilité), plutôt diffuse qui ne s’exprime pas comme
référencée souffrent d’algies pelviennes [1]. Dès les pre­ une douleur d’origine neuropathique (brûlure, décharges
mières règles, des douleurs ont été exprimées sans parfois électriques, fourmillements, picotements, démangeaisons,
être entendues. Des douleurs qui durent et se répètent engourdissements) plutôt circonscrite à un territoire neuro­
sont à l’origine d’une sensibilisation centrale inductrice logique.
d’une hyperalgésie à distance des lésions d’endométriose, • Examiner pour évaluer une douleur à la recherche de
sensibilisation qui supporte la chronicisation de la douleur signes de douleur neuropathique avec le simple effleure­
(fig.  5.1) [2]. Ces phénomènes de sensibilisation et chro­ ment de la peau qui déclenche un inconfort, voire une
nicisation peuvent être renforcés par l’existence de trau­ violente douleur (allodynie ou hyperalgésie) [4].
matismes anciens, par les éventuelles conséquences des
chirurgies, par l’existence de syndromes anxiodépressifs [3].
Évaluer pour prédire
L’évaluation réalisée avant la chirurgie peut identifier des
Au premier temps : évaluer facteurs de risque de douleur aiguë et/ou chronique. Une
douleur sévère (EN [Échelle numérique] > 6), une dou­
Évaluer pour orienter leur neuropathique (DN4 >  3) [4], un catastrophisme
la thérapeutique important [5], une anxiété importante ou dépression
avérée selon la Hospital Anxiety and Depression scale
• Écouter pour évaluer le contexte et mieux comprendre (HAD) [6] sont autant d’éléments souvent associés qui
la plainte et le retentissement de la douleur. pourraient faire retarder une chirurgie non urgente car
• Écouter pour entendre les mots laissant suspecter une prédictifs de douleur postopératoire aiguë ou chronique
douleur d’origine inflammatoire (arrachement, tiraillement, intense.

Fig. 5.1
Mécanismes de la douleur d’endométriose.
A. Douleur aiguë. B. Douleur chronique d’endométriose.
40
5. Prise en charge de l’endométriose douloureuse

• En 2e intention, divers traitements peuvent être proposés


Les outils d’évaluation et de dépistage par les centres d’étude et traitement de la douleur (CETD)

Échelle numérique à 11 niveaux (0 à 10) pour l’inten- tels que l’application de compresse à la capsaïcine si la dou­
sité de la douleur, en particulier si > 6/10. leur neuropathique est focale, la neurostimulation trans­

Douleur neuropathique 4 (DN4) pour le dépistage cutanée uniquement validée pour ce type de douleurs.
des douleurs neuropathiques : suspicion de douleur à Des traitements plus techniques des douleurs neuropa­
expression neuropathique si le score est > 3/7. thiques sont disponibles et font toujours l’objet de déci­

Hospital Anxiety and Depression (HAD) pour le dépis- sions pluriprofessionnelles en CETD.
tage de l’anxiété ou de la dépression : des scores > 11
doivent alerter.
Douleur par excès de nociception

Pain Catastrophizing Scale (PCS) pour le catastro-
phisme axé sur la tendance à l’amplification, la rumi- Antalgiques non opioïdes
nation et le sentiment d’impuissance.

Endometriosis Health Profile 5 (EHP 5) pour la qualité Ils sont représentés par le paracétamol le plus souvent pris
de vie en cas d’endométriose. en automédication sans grande efficacité [10].

Questionnaire européen d’évaluation de la qualité de
vie (EQ-5d) pour la qualité de vie selon l’état de santé. Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)
Ils sont largement prescrits et consommés, voire surcon­
sommés car outre la prescription, la délivrance de formes
sous-dosées est libre. L’efficacité semble être au rendez-
Au deuxième temps : traiter vous sur les dysménorrhées mais 18 % des femmes ne sont
pas soulagées de leur dysménorrhée par les AINS [10]. L’effi­
La prise en charge de la douleur de l’endométriose devrait
cacité est beaucoup moins convaincante, voire nulle en cas
reposer sur une proposition de recours interdisciplinaire
de douleur chronique par endométriose.
associant chirurgien, gynécologue, médecin de la douleur,
psychologue, devant permettre des possibilités de traite­ Antalgiques opioïdes dits faibles
ments conventionnels chirurgicaux, médicaux et des théra­
peutiques alternatives contrôlées. En l’occurrence, il semble Les potentialités antalgiques de la codéine, de la poudre
souhaitable de lutter contre l’isolationnisme thérapeutique. d’opium, du tramadol seuls ou en association sont bien
La participation des médecins de la douleur aux réunions connues mais aucune étude ne permet d’en préciser l’effica­
de concertation pluridisciplinaire (cf. chapitre 2) est impor­ cité dans la prise en charge de la douleur de l’endométriose.
tante, voire indispensable dans un objectif de définition Ces recours peuvent être préconisés mais l’inefficacité doit
d’une stratégie de traitement de l’endométriose. conduire à l’arrêt rapide.

Antalgiques opioïdes forts


Thérapeutiques conventionnelles
Ils peuvent être envisagés comme pour toute douleur
Le choix thérapeutique initial est orienté selon la physio­ aiguë d’intensité sévère. La répétition des épisodes algiques
pathologie suspectée de la douleur. Une origine neuro­ impliquant la chronicité contre-indique a priori le recours
pathique impose des traitements pharmacologiques aux opioïdes forts qui peuvent être à l’origine d’addiction et
spécifiques différents de ceux nécessaires pour traiter d’hyperalgésie opioïde.
une douleur liée à un excès de nociception ou processus
inflammatoire.
Traitement du contexte
Douleur d’origine neuropathique psychologique
Ce type de douleurs n’est pas soulagé par les recours antal­ L’endométriose à l’origine de douleurs chroniques a un
giques habituels et nécessite des traitements spécifiques [7]. retentissement psychologique important qu’il est néces­
• La gabapentine ou les antidépresseurs tricycliques sont saire d’évaluer et prendre en charge. Divers abords, analy­
à utiliser en 1re intention [8]. L’amitriptyline et la gabapen­ tiques, systémiques, cognitifs, comportementaux peuvent
tine ont montré une efficacité dans les douleurs pelviennes être proposés par des professionnels attachés aux cen­
chroniques sans être évaluées particulièrement dans l’endo­ tres experts. L’hypnose, la relaxation, la sophrologie, la
métriose [9]. méditation de pleine conscience ont permis d’obtenir des
41
I. Généralités

diminutions de l’intensité des douleurs chroniques liées à Neurostimulation transcutanée à haute fréquence
bon nombre d’entités pathologiques. Ces prises en charge
C’est une technique non invasive qui a été démontrée
doivent s’inscrire dans une démarche globale de gestion de
efficace dans les dysménorrhées primaires par des études
la symptomatologie douloureuse de l’endométriose.
de faible effectif [16]. Actuellement de nombreuses tech­
niques, dispositifs de stimulation sont proposés dans
Thérapeutiques alternatives l’endométriose sans étayage rationnel.
et complémentaires Exercice physique
La faible efficacité des antalgiques usuels conduit environ Les études épidémiologiques tendent à montrer une rela­
50 % des patientes américaines à avoir recours aux théra­ tion inverse entre activité physique et risque d’endomé­
peutiques complémentaires [11]. Ce chiffre est peut-être triose. L’activité physique régulière, douce est toujours
actuellement sous-évalué. Ces traitements alternatifs et/ favorable dans les pathologies douloureuses chroniques.
ou complémentaires sont nombreux, à effet pharmacolo­
gique, physique ou cognitivo-comportemental. Autres traitements physiques

Traitements complémentaires Le taï-chi, le qi gong, le yoga sont promus dans la prise en


charge de la douleur chronique [17]. Seul l’intérêt du yoga
pharmacologiques, plantes a été étudié sur la douleur liée à l’endométriose rapportant
et compléments alimentaires une amélioration de la qualité de vie [18].
Cannabis et dérivés
Le cannabis ne doit pas être recommandé n’ayant pas
fait l’objet d’études dans le traitement des douleurs liées Et après ?
à l’endométriose ou aux dysménorrhées. Les études ran­
domisées contrôlées contre placebo constatent que des Traiter la douleur liée à l’endométriose impose de s’adapter
traitements actifs associant ∆9-tétrahydrocannabinol et à la durée de la pathologie, au temps nécessaire à l’obten­
cannabidiol n’ont pas été plus efficaces que le placebo pour tion d’une efficacité thérapeutique et au maintien d’une
réduire les scores de douleur spontanée [12]. relation thérapeutique de qualité. Que les recours soient
chirurgicaux, pharmacologiques, complémentaires, ils sont
Compléments alimentaires, régimes parfois peu efficaces, voire inefficaces sur la douleur. Le
temps n’est pas un facteur favorable dans la prise en charge
Le placebo est aussi efficace que les vitamines, les résultats d’une douleur à laquelle on ne s’habitue pas. Cette douleur
sont contradictoires pour les régimes alimentaires et le qui se répète et dure implique des adaptations biologiques,
recours aux oméga 3-6. épigénétiques, psychologiques, sociologiques quotidiennes.
La gageure reste de suivre ces patientes dans leur parcours
Plantes médicinales et condimentaires de vie  ; les centres experts incluant les CETD peuvent
Des études contre placebo de faible puissance ont évoqué accompagner les patientes et éviter toute démédicalisation
l’intérêt d’herbes à vertu réputée médicinale dans les dys­ ou surmédicalisation.
ménorrhées [13]. Les herbes chinoises ne peuvent être
recommandées [14].
Conclusion
Traitements complémentaires physiques
Les difficultés à conduire des travaux permettant de
Acupuncture
conclure à l’efficacité d’une conduite thérapeutique selon
C’est un recours thérapeutique très utilisé. Associée aux trai­ l’evidence-based medicine limitent le nombre d’études
tements conventionnels, l’acupuncture améliore l’intensité disponibles. Il reste cependant à constater que les théra­
de la douleur et la qualité de vie de patientes présentant une peutiques complémentaires ou non, pharmacologiques
dysménorrhée [15]. L’approche holistique du patient inhé­ ou non associent toujours un acte technique à un acte
rente à la pratique de l’acupuncture et une relation praticien – humain. L’efficacité des thérapeutiques passe donc égale­
patient favorisée par le temps de consultation peuvent pro­ ment par l’acte humain dans des proportions très variables.
voquer ou renforcer le bénéfice perçu par les patientes. L’approche interdisciplinaire devient donc indispensable
42
5. Prise en charge de l’endométriose douloureuse

dans les soins à apporter aux patientes souffrant d’endo­ [8] Moisset X, Bouhassira D, Avez Couturier J, et  al. Pharmacological
métriose. Le recours aux centres experts peut garantir and non-pharmacological treatments for neuropathic pain: Sys­
tematic review and French recommendations. Rev Neurol (Paris)
la rigueur nécessaire à une prise en charge adaptée. Si le
2020;176(5):325-52.
désarroi éprouvé par les patientes est important, il ne [9] Cheong YC, Smotra G, Williams AC. Non-surgical interventions for
doit cependant pas conduire à des prises en charge non the management of chronic pelvic pain. Cochrane Database Syst
contrôlées, irrationnelles sous l’influence de manœuvres de Rev 2014;3:CD008797.
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43
Chapitre 6
Spécificités de la prise en charge
en assistance médicale
à la procréation
Emmanuelle Mathieu d’Argent

PLAN DU C HAPITRE
L’infertilité liée à l’endométriose 45

Les traitements possibles 45

Stratégies de prise en charge 51

Conclusion 52

Chirurgie de l’endométriose
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
6. Spécificités de la prise en charge en assistance médicale à la procréation

Maladie chronique, l’endométriose touche 6 à 10  % des Sur le plan clinique, l’association infertilité – endomé-
femmes en âge de procréer [1]. Dans la population des triose est établie, avec des chances de conception naturelle
femmes infertiles, la part de l’endométriose est difficile à faibles, en particulier dans les formes sévères de la maladie :
évaluer et varie de 20 à 68 % selon les études [2]. Pour les le taux de grossesses spontanées en cas d’infertilité liée à
patientes prises en charge en fécondation in vitro (FIV) aux une endométriose est de 36  % à 3  ans, versus 55  % dans
États-Unis, la part des patientes traitées du fait d’une endo- les infertilités inexpliquées [7]. L’étude de Prescott a montré
métriose était de 9,6 % en 2011 [3]. En cas d’endométriose un risque relatif ajusté d’infertilité de 1,78 en cas d’endo-
avérée, les taux de fécondité par cycle sont abaissés et éva- métriose [8]. Enfin, une étude transversale en ligne menée
lués à 2-10 %, contre 25-30 % au sein des couples fertiles, au Canada entre  2018 et  2019 retrouvait 7  % d’endomé-
pour les 3 premiers cycles d’exposition [4]. triose dans la population interrogée. Chez ces patientes, le
La prise en charge de l’infertilité liée à la maladie endo- taux d’infertilité était de 22 contre 6,3  % dans le reste de
métriosique fait l’objet de multiples publications et de la cohorte [9]. Il est donc justifié de proposer une prise en
nombreuses controverses. En effet, de très nombreux charge à ces couples.
facteurs interviennent dans le choix des propositions de
traitement de l’infertilité  : la sévérité de la maladie et les
organes atteints, la symptomatologie douloureuse et l’effi- Facteurs associés
cacité du traitement médical, l’atteinte ovarienne (présence Avant toute prise en charge d’une infertilité en contexte
d’endométriomes, stigmates cliniques, biologiques et écho- d’endométriose, il est indispensable de proposer un bilan
graphiques d’altération de la réserve ovarienne) ou utérine complet de l’infertilité comprenant en particulier un bilan de
(adénomyose) et les facteurs associés (tubaires, masculins, réserve ovarienne et un spermogramme, ainsi qu’une carto-
etc.). La prise en charge de l’infertilité dans ce contexte de graphie complète des lésions d’endométriose. La demande
maladie endométriosique fait appel essentiellement à l’assis- spécifique du couple ainsi que le retentissement sur la
tance médicale à la procréation (AMP) et/ou à la chirurgie, qualité de vie de la patiente et l’efficacité des traitements
de manière indépendante ou combinée, en association à hormonaux et antalgiques proposés rentrent en compte
des traitements antalgiques et hormonaux. La décision doit dans le choix thérapeutique. Cette décision peut être prise
être, autant que possible, prise au sein de centres pluridis- en réunion de concertation pluridisciplinaire spécialisée.
ciplinaires, associant radiologues, chirurgiens gynécologues,
spécialistes de l’AMP, et doit associer les couples, dans le
cadre d’une décision médicale partagée.
Les traitements possibles
L’infertilité liée à l’endométriose La prise en charge de l’infertilité n’est jamais univoque et
combine les traitements médicaux et les prises en charge
associées éventuelles, les techniques d’AMP et la chirurgie
Mécanismes des lésions d’endométriose. Ces décisions doivent être réflé-
Les mécanismes de l’infertilité dans l’endométriose sont chies dans le temps, en intégrant dans la prise en charge sur
débattus, nombreux et très souvent intriqués. Ils peuvent être : le long terme les propositions éventuelles de préservation
• mécaniques (tubaires, par le biais d’adhérences, de de fertilité, de traitement médical ou chirurgical, et d’AMP
rétractions fibreuses ou d’hématosalpinx) ; intraconjugale, voire de don d’ovocytes si besoin.
• utérins (par altération de la réceptivité endométriale
avec résistance à la progestérone, ou peut-être par le biais Chirurgie
de l’adénomyose) [5] ;
• liés à l’altération du capital ovocytaire (du fait de la Les recommandations internationales ne sont pas homo-
maladie elle-même par le biais d’un « burn-out ovarien » gènes  : la Société européenne pour la reproduction
ou de phénomènes inflammatoires et de fibrose [6], de la humaine et l’embryologie – ESHRE [10], la World Endome-
présence d’endométriomes ou d’antécédents de chirurgie triosis Society et le National Institute for Health and Care
ovarienne) ou à l’inflammation intrapéritonéale et sa toxi- Excellence – NICE [11] anglais estiment que la chirurgie
cité sur les gamètes. améliore la fertilité spontanée dans les cas d’endométriose
Enfin, les dyspareunies liées à l’endométriose peuvent minime à modérée. Les recommandations italiennes –
également expliquer l’infertilité de fait de la raréfaction ou ETIC [12] préconisent quant à elles de ne pas réaliser de
de l’absence de rapports sexuels. chirurgie chez ces mêmes patientes si le seul but en est
45
I. Généralités

l’amélioration de la fertilité. Les recommandations cana- des patientes ayant bénéficié d’une 1re  ligne chirurgicale,
diennes proposent un traitement laparoscopique pour vs 54,9 % chez des patientes prises en charge directement
améliorer la fertilité spontanée dans les formes minimes en FIV (p <  0,05). Une étude prospective multicentrique
ou légères, mais le discutent dans les formes profondes. Les randomisée française est en cours (ENDOFERT) pour éva-
recommandations françaises – CNGOF/HAS ne proposent luer l’intérêt en 1re intention de la chirurgie ou de la FIV en
pas de traitement chirurgical dans le seul but d’améliorer cas d’endométriose profonde avec atteinte colorectale
la fertilité dans les formes sévères mais le discutent en cas (Pr Collinet, CHRU de Lille) ;
d’échec d’AMP (tableau 6.1) [13]. • la chirurgie a également été proposée pour améliorer
Si une décision chirurgicale est prise, elle peut être  de les chances de grossesse en FIV après plusieurs échecs. Une
deux ordres : étude rétrospective publiée en 2016 évaluait l’intérêt d’une
• une chirurgie complète des lésions d’endométriose prise en charge chirurgicale suivie de FIV après en moyenne
en 1re  ligne peut être envisagée, dans le but de restaurer 6,6 échecs de FIV [15]. Les taux de grossesses après chirur-
la fertilité spontanée et d’améliorer les chances de nais- gie étaient de 42,3  % après AMP ou spontanément (9  %
sances vivantes, spontanément et après AMP. Si ceci est de grossesses spontanées). Une étude rétrospective plus
discuté, une étude récente conclut, grâce à un score de récente portait sur 77 patientes infertiles, opérée après au
propension, à l’intérêt de cette stratégie dans les endomé- moins 2  échecs de FIV [16]. Après le traitement chirurgi-
trioses profondes avec atteinte colorectale [14]. Dans la cal de l’endométriose, 4 ont eu des grossesses après don
population étudiée (110  patientes), les taux cumulés de d’ovocytes, 43,8 % ont été enceintes après chirurgie dans un
naissance étaient de 70,6  % après 3  cycles d’AMP chez délai moyen de 11,1 mois. 21,8 % de ces grossesses étaient

Tableau 6.1. Recommandations CNGOF/HAS 2017 pour la prise en charge de l’endométriose.


Grade Recommandations
C Dans le cadre de la prise en charge hors FIV d’une endométriose minime à légère (stades I et II d’après la classification
ASRM) prouvée après cœlioscopie, l’utilisation d’une stimulation ovarienne, avec ou sans insémination intra-utérine,
en postopératoire, peut être envisagée.
C À l’issue d’une chirurgie chez une patiente infertile, l’utilisation de l’Endometriosis Fertility Index est recommandée
pour guider la stratégie en vue de l’obtention d’une grossesse.
Les données de la littérature sont insuffisantes pour conclure sur la place des traitements d’AMP hors FIV (stimulation ovarienne,
avec ou sans insémination intra-utérine) en cas d’endométriose pelvienne profonde ou d’endométriome.
B La prise en charge par FIV peut être proposée afin d’augmenter les taux de grossesses et de naissances dans un
contexte d’infertilité et d’endométriose profonde.
C Il n’est pas recommandé de réaliser un traitement chirurgical préalable de l’endométriose profonde dans le seul but
d’améliorer les résultats en FIV.
Accord d’experts En cas d’échec d’une ou plusieurs tentatives de FIV dans un contexte d’endométriose profonde, une concertation
médico-chirurgicale est recommandée pour discuter d’une chirurgie de l’endométriose.
Accord d’experts L’endométriose n’est pas une indication pour privilégier l’ICSI par rapport à la FIV classique en 1re intention.
Concernant les modalités techniques de la prise en charge en AMP par FIV, il n’y a pas de différence pour le taux de grossesses entre
un protocole agoniste et un protocole antagoniste chez les patientes présentant une endométriose (NP3).
C Les données de la littérature ne permettent pas de recommander le choix d’un protocole agoniste ou d’un protocole
antagoniste chez les patientes atteintes d’endométriose.
La revue de la littérature a mis en évidence une amélioration des chances de grossesse en cas de blocage ovarien avant la stimulation
pour FIV par un analogue agoniste de la GnRH (NP2) ou une contraception œstroprogestative (NP3).
B/C Dans un contexte d’endométriose, dans le cadre de la prise en charge en FIV, il est recommandé de mettre en place
un prétraitement avant stimulation par agonistes de la GnRH (grade B) ou par contraception œstroprogestative
(grade C).
AMP : assistance médicale à la procréation ; ASRM : American Society for Reproductive Medicine ; FIV : fécondation in vitro ; ICSI : Intracytoplasmic Sperm
Injection ; NP : niveau de preuve.
© HAS-CNGOF. Prise en charge de l’endométriose. Recommandations pour la pratique clinique, décembre 2017. Nous remercions la Haute Autorité de santé
de nous avoir autorisés à reproduire ce tableau. Il est également consultable sur le site www.has-sante.fr rubrique Toutes nos publications.
46
6. Spécificités de la prise en charge en assistance médicale à la procréation

spontanées, 3,1 % ont été obtenues par IIU (insémination volumineux, pour améliorer l’accès aux follicules [22]. Cette
intra-utérine), 71,7 % par FIV ICSI (Intracytoplasmic Sperm prise en charge permettrait également de diminuer le risque
Injection). Cette prise en charge chirurgicale secondaire d’abcès pelvien après ponction ovocytaire [23].
post-échec d’AMP fait partie des recommandations fran- On choisit dans ces cas les techniques les moins délé-
çaises de 2017. tères [24], comme le drainage par voie vaginale, avec ou
On peut également discuter une chirurgie des seules sans alcoolisation, le drainage par voie cœlioscopique avec
lésions dont la présence pourrait compliquer la prise en destruction de la « paroi » interne du kyste par coagulation
charge en AMP, dans le but d’améliorer sa faisabilité, son bipolaire, destruction par laser ou vaporisation par Plas-
efficacité (en particulier en cas de lésions tubaires), sa majet®. Une méta-analyse a étudié la sclérothérapie des
tolérance (en diminuant les douleurs pelviennes en cas endométriomes avant FIV [25]  : après alcoolisation des
d’endométriomes ovariens volumineux par exemple) et/ou endométriomes, et après comparaison avec la kystectomie
de diminuer les risques de complications de la FIV. chirurgicale, le nombre d’ovocytes ponctionnés est supé-
Il est désormais admis que la chirurgie par kystectomie rieur, mais les taux de grossesses sont équivalents ; les taux
des endométriomes est délétère pour la fertilité en altérant de récidives sont de 0 à 62,5 %. En comparant les patientes
la réserve ovarienne  : la chirurgie des endométriomes a non traitées et celles ayant bénéficié d’une alcoolisation, il
un impact négatif sur l’AMH (Anti-Mullerian Hormone) n’y avait aucune différence entre les nombres d’ovocytes
avec une baisse de l’ordre de 40 % en postopératoire dans ponctionnés et les taux de grossesse. Une étude rétrospec-
la méta-analyse de Raffi [17]. Cette baisse de réserve ova- tive récente portant sur 74 patientes présentant une endo-
rienne a un impact fort sur les résultats en FIV, et cet impact métriose stade III-IV a comparé les résultats en FIV chez des
est plus marqué que chez des patientes sans endométriose patientes non traitées versus des patientes ayant bénéficié
avec altération équivalente de la réserve ovarienne [18]. d’une sclérothérapie [26]. Les taux cumulés de naissances
L’effet de la kystectomie pour endométriome a un effet dans le groupe sclérothérapie étaient significativement plus
durable. Les facteurs de risque d’altération profonde de la élevés (31,3 vs 14,5 % ; p = 0,03).
réserve ovarienne après kystectomie pour endométriome En cas d’endométriome isolé (ce qui est peu fréquent)
sont [19] : ou très prédominant dans la symptomatologie, les nou-
• l’âge ; velles thérapeutiques médicales doivent être envisagées,
• le caractère bilatéral des kystes ; en particulier le recours au diénogest : une étude récente
• le faible niveau d’AMH préopératoire ; montre qu’après 6  mois de traitement (2  mg/j), la taille
• les chirurgies répétées. moyenne des endométriomes décroît significativement,
L’impact délétère de la chirurgie tient essentiellement à avec une réduction de 75 % du volume, passant d’un dia-
trois mécanismes [20] : mètre moyen de 52 ± 22 à 32 ± 12 mm (p < 0,001) [27]. Ce
• l’ablation de tissu sain périphérique ; traitement pourrait également limiter le risque de récidive
• l’inflammation locale post-chirurgicale ; après traitement chirurgical [28] et donc être utilisé à la fois
• une dévascularisation locale par les électrocoagulations. comme traitement postopératoire et prétraitement à la FIV.
Par ailleurs, il a été montré que la pratique de kystec- En cas d’hydro ou hématosalpinx, on peut discuter la
tomies pour endométriomes n’améliore pas les taux de salpingectomie, en 1re ou 2e  intention pour améliorer les
naissance en FIV  : la méta-analyse de Hamdan a montré chances de grossesse [29].
qu’en cas d’endométriomes en place (en comparaison avec Les complications de la chirurgie doivent être également
des patientes sans endométriomes), le nombre d’ovocytes prises en compte dans la décision.
ponctionnés était plus faible (de 23 %), les taux d’annula-
tion 2,8 fois plus élevés mais les taux de naissance étaient
similaires [21]. En cas de FIV chez des femmes non opérées Complications
versus FIV après chirurgie des endométriomes, le nombre
d’ovocytes était similaire, de même que le taux de nais- La chirurgie pour endométriose profonde avec
sance. Il faut donc au maximum éviter les kystectomies atteinte colorectale expose les patientes à des risques
ovariennes qui n’améliorent pas le pronostic en FIV et sont de complications postopératoires : fistule anastomo-
à l’origine d’une baisse de la réserve ovarienne. tique, vaginale, occlusion intestinale, hémorragie
Cependant, le traitement chirurgical des endomé- digestive, fistule urinaire, abcès pelvien ou dysurie
triomes peut se discuter en cas de dysménorrhée sévère, postopératoire. Ce taux de complication est de 0 à
de suspicion de lésion maligne ou d’endométriomes très 43 % dans la méta-analyse de Meuleman [30].

47
I. Généralités

Stimulations simples de l’ovulation utiles recueillis à la ponction plus faibles que dans les
autres indications (surtout en cas d’antécédent de chirur-
et inséminations intra-utérines gie ovarienne), et à des taux cumulatifs de grossesse plus
Il existe assez peu de publications concernant la pratique faibles que chez les témoins, essentiellement du fait d’un
des IIU en contexte d’endométriose. Les points essentiels nombre plus faible d’embryons obtenus, sans altération
qui se dégagent de la littérature sont les suivants : de leur qualité [35].
• la présence d’endométriose est un facteur de risque En ce qui concerne la qualité embryonnaire, les études
d’échec en IIU et les taux de succès sont faibles : 5,5 % dans récentes ne montrent en effet pas d’altération en cas
l’étude de Sicchieri [31] ; d’endométriose  : les pourcentages d’embryons clivés et
• les taux de succès des IIU sont identiques à ceux des de blastocystes de bonne qualité sont identiques à ceux
infertilités inexpliquées uniquement en cas d’endomé- des groupes contrôles [36]. De plus, l’étude des taux
trioses légères à modérées [32] ; d’aneuploïdie ne retrouve pas de différence significative
• les taux de succès sont identiques en protocole stimulé en cas d’endométriose, en comparaison avec les taux des
(avec ou sans blocage préalable) ou en cycle naturel, chez contrôles [37,38].
des patientes présentant une endométriose modérée (avec
des taux cumulés de naissance de 18,5 % après 3 cycles) [33]. Techniques et protocoles de stimulation
Dans ce contexte, l’ESHRE en 2014 [10] et le CNGOF Agonistes ou antagonistes
en 2017 [13] recommandent la pratique de stimulations
ovariennes avec ou sans IIU uniquement dans les formes La méta-analyse Cochrane de Sallam, publiée en 2006,
légères ou modérées d’endométriose et dans un délai de concluait à la supériorité des protocoles agonistes de la
6  mois post-chirurgie pour l’ESHRE (après validation du GnRH (Gonadotropin Releasing Hormone), avec une amé-
stade de la maladie et de la perméabilité d’au moins une lioration des taux de naissances vivantes et grossesses cli-
trompe). niques, en protocole « ultralong » (agonistes de la GnRH,
Le CNGOF ajoute que « les données de la littérature sont pendant 3 à 6  mois avant la FIV) et ceci en raison d’une
insuffisantes pour conclure sur la place des traitements possible amélioration de la qualité ovocytaire et embryon-
d’AMP hors FIV dans les cas d’endométriose pelvienne pro- naire (par diminution des phénomènes inflammatoires
fonde ou d’endométriomes. » intrapéritonéaux) et d’une amélioration de la réceptivité
endométriale post-blocage [39]. Cette revue de la Coch-
rane reposait sur des études de faible niveau de preuve
Fécondation in vitro mais a fait loi. Depuis plusieurs années, de nombreuses
équipes n’utilisent plus le protocole ultralong et publient
Résultats sur les méthodes alternatives. Cette méta-analyse a donc
Si les premières publications concernant les résultats de la été revue en 2020 [40]. Elle porte sur 8 essais contrôlés ran-
FIV en cas d’endométriose relevaient des taux de succès domisés, 640 participants et pose de nouveau la question
inférieurs à ceux des autres indications, de nombreuses de l’efficacité et de la sûreté d’un protocole ultralong par
publications plus récentes retrouvent globalement des agonistes de la GnRH (minimum 3 mois) avant FIV-ICSI en
taux de grossesses équivalents, toutes formes d’endomé- cas d’endométriose, comparé à l’absence de prétraitement
triose confondues [34]. La publication américaine récente ou à d’autres prétraitements (contraception hormonale ou
de Kawwass compare les taux de grossesses dans les indi- chirurgie). Elle conclut maintenant qu’« il n’est pas certain
cations «  endométriose » et «  infertilité masculine » et que le protocole ultralong agoniste apporte des amélio-
retrouve, dans le groupe «  endométriose », un nombre rations sur le taux de naissances vivantes, le taux de gros-
plus faible d’ovocytes ponctionnés, une augmentation sesses cliniques, le taux de fausses couches spontanées ».
du risque d’annulation mais aucune différence signifi- À l’inverse, une autre méta-analyse récente retrouve un
cative pour les taux de naissance par transfert (37,2 vs avantage du protocole agoniste ultralong comparé au pro-
37,6 %) [3]. Notre équipe a également montré que dans tocole long agoniste, en termes de grossesse clinique en cas
les formes sévères d’endométriose, avec atteinte digestive, d’endométriose modérée à sévère [41]. Tout récemment
les taux de grossesses en FIV étaient comparables à ceux également, un essai randomisé contrôlé versus placebo
obtenus en cas d’infertilité tubaire ou masculine [34]. conclut à l’absence d’amélioration des résultats en FIV après
Cependant, plusieurs études plus récentes montrent que 3 mois d’agonistes en prétraitement… [42]. La question est
l’endométriose est associée à des nombres d’ovocytes donc encore loin d’être tranchée.

48
6. Spécificités de la prise en charge en assistance médicale à la procréation

Concernant l’intérêt des traitements antagonistes (éven- par le diénogest. Le travail prospectif de Muller portant
tuellement associés à un prétraitement hormonal), de nou- sur 144  patientes infertiles atteintes d’endométriose
velles études montrent des résultats comparables à ceux comparait deux prétraitements  : le diénogest et les ago-
obtenus en protocole agoniste long. L’étude de Rodriguez nistes de la GnRH, prescrits pendant 6  mois avant la FIV.
Purata compare ces deux protocoles de stimulation (score Le groupe contrôle ne bénéficiait d’aucun prétraitement.
de propension), pour 1 180 patientes atteintes d’endomé- La consommation de gonadotrophines était plus élevée
triose [43]. Les taux de grossesses obtenus en FIV sont dans le groupe contrôle, avec un nombre d’ovocytes plus
équivalents dans les deux groupes. Une étude rétrospective faible que dans les autres groupes. En cas de prétraitement
portant sur 284  cycles (165 par agoniste long et 119 par au diénogest, le taux d’accouchement était 3 fois supérieur
antagonistes prétraités par 6-8 semaines de contraception à celui obtenu dans le groupe contrôle. L’étude rétrospec-
œstroprogestative) montrait, en cas de transfert frais, plus tive de Barra portait, elle, sur 151  femmes incluses après
de naissances vivantes dans le groupe agoniste [44]. En échec d’un cycle de FIV et présentant une endométriose.
revanche, les taux cumulés de naissance après transferts Quatre-vingt-huit d’entre elles ont bénéficié d’un prétraite­
frais et congelés étaient identiques dans les deux groupes. ment par diénogest (2  mg/j pendant 3  mois). Le groupe
Certaines équipes proposent en cas d’endométriose le contrôle ne bénéficiait d’aucun prétraitement. Les résultats
recours à des stimulations ovariennes avec blocage du pic montrent des taux cumulatifs d’implantation, de grossesse
de LH par progestatifs et transfert différé, avec des résul- et de naissance (respectivement 39,7, 33,3 et 28,6 %) signi-
tats en termes de naissances par transfert comparables ficativement meilleurs dans le groupe diénogest que dans
[45] à ceux obtenus avec les protocoles de référence. Ces le groupe contrôle (respectivement 23,9, 18,2 et 14,8  %),
protocoles ont fait la preuve de leur intérêt dans les stimu- avec également une diminution significative de la taille des
lations ovariennes non suivies de transfert embryonnaire endométriomes dans le groupe traité.
(préservation de fertilité, don d’ovocytes), avec un nombre • L’étude de Tamura en 2019 ne retrouvait pas ces résul-
d’ovocytes comparables à ceux obtenus en protocole de tats et montrait même des nombres d’ovocytes ponc-
référence (antagoniste) et des taux de grossesses en don tionnés, d’embryons et de blastocystes plus faibles dans
comparables également. Pour la FIV en contexte d’endo- le groupe diénogest (33  patientes) que dans le groupe
métriose, les données sont encore récentes et méritent contrôle (protocole agoniste standard, 35 patientes) [51].
d’être confirmées. Les taux cumulés de grossesse et d’accouchement étaient
également plus bas.
Prétraitement Ces premiers résultats concernant l’utilisation du dié-
Un traitement médical de blocage ovarien avant FIV sem- nogest en prétraitement devront être confirmés par des
ble bénéfique, qu’il s’agisse de l’utilisation prolongée des études plus larges.
agonistes de la GnRH [46] ou de l’utilisation d’un traite- L’utilisation du létrozole a également fait l’objet d’études,
ment œstroprogestatif continu. De Ziegler a ainsi montré dans le but d’améliorer le nombre d’ovocytes ponctionnés
que l’utilisation d’une contraception œstroprogestative 6 ou la réceptivité endométriale. Même si une étude suggère
à 8  semaines avant la stimulation pour FIV améliorait les une amélioration des résultats après prétraitement par
résultats en cas d’endométriose et ce, quel que soit le stade létrozole, en protocole agoniste en cas d’endométriomes
de la maladie [47]. [52], les données publiées ne sont pas assez robustes pour
Un essai randomisé sur la non-infériorité d’un prétrai- préconiser son utilisation en FIV en cas d’endométriose.
tement par pilule œstroprogestative versus agonistes de De même, il n’existe actuellement aucune étude de bon
la GnRH en amont d’une FIV ICSI en cas d’endométriose niveau de preuve permettant de proposer des complé-
modérée à sévère est en cours [48]. ments nutritionnels ou le recours à une médecine « alter-
De nombreuses options sont discutées aujourd’hui native » dans l’infertilité associée à l’endométriose, quel que
pour la prise en charge optimale de l’endométriose en FIV soit son stade.
(metformine, traitements antiangiogéniques, etc.) sans
Déclenchement et monitorage
arguments suffisants à ce jour dans la littérature pour les
recommander. Très peu d’études se sont intéressées aux spécificités du
L’utilisation du diénogest en prétraitement a fait l’objet monitorage et du déclenchement en cas de FIV pour endo-
de 3 publications récentes. métriose.
• Les travaux de Muller [49] et Barra en 2020 [50] suggè- • En ce qui concerne le déclenchement de l’ovulation,
rent une amélioration des résultats en cas de prétraitement une étude récente montre une diminution des douleurs
49
I. Généralités

pelviennes dans les semaines suivant la ponction en cas de œprogestatifs ou progestatifs seuls sont sous-estimés, avec
protocole antagoniste et de déclenchement par agonistes une diminution de 14 à 55  % sous contraceptifs oraux,
de GnRH versus HCG (hormone chorionique gonado- de manière réversible à l’arrêt de la contraception [62] et
trope) [53]. de 30 à 40 % sous progestatifs seuls [63]. Le compte des
• Enfin, une étude suggère l’absence de spécificité du follicules antraux est également plus faible sous traitement
monitorage de la stimulation ovarienne pour FIV en cas hormonal. Il convient donc d’être extrêmement prudent
d’endométriose, en ne montrant pas de différence de ratio dans l’interprétation de ces marqueurs et dans l’informa-
17β-œstradiol/nombre de follicules en croissance, par tion faite aux couples.
rapport aux contrôles [54]. Le rôle péjoratif de l’adénomyose reste très débattu.
Cependant, la majorité des études montrent le rôle péjo-
Stratégie de transfert ratif de l’adénomyose sur les résultats en FIV, et la méta-
analyse de Vercillini en 2014 retrouvait une baisse de 28 %
De nombreuses études ont maintenant montré que le des taux de grossesses en cas d’adénomyose [64].
transfert différé des embryons, privilégiant le transfert L’impact de la présence d’endométriomes en cours de
après vitrification par rapport au transfert d’embryons frais, stimulation pour FIV ne semble pas être un facteur péjora-
n’apportait pas d’amélioration des taux de grossesses cumu- tif [21], y compris pour des tailles importantes : la présence
lés, en population générale [55]. Deux études récentes mon- d’endométriomes de moins de 6 cm laissés en place pen-
trent, sur de faibles effectifs, de meilleurs taux de naissances dant la FIV n’aurait aucun impact ni sur la qualité embryon-
vivantes en cas de transfert d’embryons congelés chez des naire, ni sur les taux de grossesses et de naissances [24].
patientes atteintes d’endométriose [56,57]. Ces résultats
demandent à être confirmés par des études plus larges. Le Risques et complications
cas échéant, l’utilisation de protocoles de stimulation avec
blocage par progestatifs (impliquant forcément un trans- La pratique de la FIV dans l’indication « endométriose » est
fert différé) pourrait être une alternative intéressante, aussi caractérisée par une bonne tolérance et des taux faibles
bien sur le plan du contrôle de la maladie endométriosique de complications et effets secondaires. Ainsi, les stimula-
pendant la stimulation que sur le plan économique [58]. tions ovariennes en vue de FIV ne semblent pas accélérer
l’évolution de l’endométriose [65] ni augmenter les taux de
récidive après chirurgie [66].
Facteurs pronostiques L‘étude de Benaglia en 2008 montrait le caractère excep-
En ce qui concerne le stade de l’endométriose, les études tionnel des abcès post-ponction en contexte endomé-
se contredisent. Dans une étude rétrospective récente, le triosique  : la fréquence des abcès pelviens post-ponction
phénotype endométriosique (endométriose superficielle, d’endométriome est inférieure à 1,7 % [67]. Plusieurs études
endométriomes ou endométriose profonde) n’a pas du même auteur ne rapportent ni aggravation de la mala-
d’impact sur les résultats en FIV [59]. En revanche, l’altéra- die endométriosique post-FIV [68], ni augmentation de
tion de la réserve ovarienne ou les antécédents de chirurgie la taille des endométriomes ni difficultés particulières à la
de l’endométriose sont associés à des taux plus faibles de ponction en cas d’endométriomes en place [69]  : il note
grossesse. plus fréquemment une aspiration incomplète des folli-
Les facteurs pronostiques défavorables retrouvés le plus cules et donc un nombre d’ovocytes moindre que chez
souvent dans la littérature sont les marqueurs d’altéra- les témoins, mais pas de différence en termes de douleurs
tion de la réserve ovarienne (âge et AMH en particulier), et d’aspiration post-ponction d’ovocytes, quelle que soit
comme dans l’AMP en général. Les taux d’AMH doivent la taille des endométriomes (diamètre  >  ou <  27  mm).
cependant être interprétés avec beaucoup de prudence Enfin, l’évaluation de l’intensité des douleurs et de la qualité
en AMP : une étude publiée en 2019 montre que ce taux de vie avant et après stimulation ovarienne pour FIV n’a
pourrait être surestimé en cas d’endométriomes [60]. pas montré pas d’exacerbation des symptômes, y compris
Une étude italienne récente [61] recommande d’utiliser chez des patientes présentant des lésions profondes [70].
avec prudence le marqueur « AMH » car, si sa baisse est Cependant, des cas cliniques rapportent des complications
bien associée à un recueil ovocytaire plus faible, les taux post-FIV, avec des perforations intestinales, des hémopéri-
de grossesses chez les femmes les plus jeunes ne sont toines, des abcès pelviens plus fréquents. Dans ce contexte,
pas liés à l’AMH. Par ailleurs, l’influence des traitements la Société française d’anesthésie réanimation propose une
hormonaux sur les dosages d’AMH est aujourd’hui bien antibioprophylaxie systématique lors de la ponction d’ovo-
évaluée : les taux observés chez des patientes bloquées par cytes en cas d’endométriose.
50
6. Spécificités de la prise en charge en assistance médicale à la procréation

Obstétrique à la fois la prise en charge des symptômes, de la qualité de vie


et de la fertilité, en articulant la chirurgie, l’AMP (intraconjugale
Dans une très large revue de la littérature publiée par ou par don d’ovocytes), le recours à un traitement médical et,
Leone Roberti Maggiore en 2016, une association apparaît éventuellement, à une préservation de fertilité.
comme vraisemblable entre endométriose et avortements Pour aider à la décision, un score de prédiction de grossesse
spontanés, accouchements prématurés et retards de crois- spontanée post-chirurgie a été établi par Adamson en 2010
sance intra-utérins [71]. L’incidence des césariennes est (EFI – Endometriosis Fertility Index) [76]. Boujenah a montré
plus élevée en cas d’endométriose. Par ailleurs, cette étude en 2017 que l’utilisation de ce score lors d’une cœlioscopie
rapporte des cas de complications sévères pendant la diagnostique permettait d’adapter la stratégie thérapeutique
grossesse telles que les hémopéritoines spontanés (20 cas et de proposer d’emblée des prises en charges en FIV en cas de
publiés), les perforations digestives (16 cas publiés) ou les score défavorable [77]. En cas de score favorable, les taux de
ruptures d’endométriomes (14 cas). grossesses rapportés, pour des grossesses spontanées et/ou
Harada a publié en 2016 une étude prospective conduite par stimulation ovarienne hors FIV, étaient de 87,7 % à 3 ans.
au Japon entre février et décembre 2011 [72]. Les taux de Sur le plan médico-économique, Ferrier a proposé une éva-
placenta praevia, hématome rétroplacentaire et accouche­ luation des différentes stratégies induites par l’utilisation du
ment prématuré étaient significativement plus élevés en cas score EFI pour l’obtention d’une grossesse après cœlioscopie
d’endométriose et, chez ces mêmes patientes, les risques de pour endométriose [78]. Cette étude rétrospective portant
complications obstétricales en général étaient plus élevés sur 608 patientes a permis de proposer soit la FIV ICSI d’emblée
en cas de grossesse induite (OR = 1,45, IC 95 % : 1,11-1,90) : post-chirurgie (163  patientes, stratégie  1), soit l’expectative
le risque de placenta praevia était multiplié par 3,31, le (445 patientes, stratégie 2) avec FIV en cas d’échec d’essai de
risque de rupture prématurée des membranes par 2,51, grossesse spontanée dans les 6 à 12 mois post-chirurgie pour
le risque d’hématome rétroplacentaire par 3,43. 168 d’entre elles (stratégie 4), quand 133 poursuivaient dans
La cohorte danoise publiée en 2017 par Glavind [73], l’attitude expectative (stratégie 3). La stratégie 1 a permis, en
comme la méta-analyse de Lalani [74] a confirmé une comparaison avec la stratégie 2, l’obtention de taux significa-
augmentation du risque de prématurité, de prééclampsie tivement meilleurs de grossesse et d’accouchement (52,1 vs
et de césarienne en cas d’endométriose mais ces risques 23,8 %), mais pour des coûts significativement supérieurs. La
n’étaient pas modifiés en cas d’obtention de la grossesse par stratégie 4 était également nettement plus performante que
AMP. Sans les alarmer, il convient de prévenir les couples de la stratégie 3. L’auteur concluait donc à l’intérêt médico-éco-
l’importance d’un suivi obstétrical adapté. nomique majeur de cette stratégie de chirurgie première avec
classification EFI pour déterminer les stratégies d’expectative
Don d’ovocytes ou de FIV les plus efficientes. En cas de décision chirurgicale,
l’utilisation du score EFI semble ainsi tout à fait performante.
En cas d’échecs de FIV ou de réserve ovarienne très insuffi- En considérant les performances des différentes straté-
sante, le recours au don d’ovocytes est possible en contexte gies, les risques et complications inhérents à la chirurgie
d’endométriose. Le pronostic en est cependant moins bon et la fécondation in vitro, les données de la littérature ici
que chez les receveuses non atteintes, surtout en cas d’adéno- exposées et les recommandations françaises de 2017, les
myose associée : Martinez-Conejero en 2011 n’a pas retrouvé stratégies suivantes peuvent être proposées.
de différence significative entre les 3  groupes (témoins,
receveuses atteintes d’endométriose sans adénomyose, rece- ■
Chez des femmes jeunes, en cas d’endométriose
veuses atteintes d’endométriose avec adénomyose) pour les superficielle ou modérée, avec perméabilité tubaire
taux d’implantation et les taux de grossesses cliniques, mais conservée, en l’absence de facteurs masculins défavo-
une augmentation significative des taux de fausses couches et rables ou de réserve ovarienne altérée, 2 à 3 cycles de
une diminution des grossesses à terme dans le groupe « adé- stimulation ovarienne par gonadotrophines peuvent
nomyose » [75]. être proposés, éventuellement associés à des insémi-
nations intra-utérines.

En dehors de ces situations, ou en cas d’échec, le recours
à la FIV ou à la chirurgie des lésions d’endométriose (en
Stratégies de prise en charge épargnant au maximum la réserve ovarienne) doit être
envisagé. Les arbres décisionnels des figures 6.1 et 6.2
La prise en charge des patientes présentant une endométriose ont été proposés par un groupe de travail de l’Assis-
et une infertilité n’est pas univoque, elle doit être réfléchie et éla- tance publique – Hôpitaux de Paris en 2019.
borée dans le temps, avec la patiente ou le couple, et combiner
51
I. Généralités

Fig. 6.1
Conduite à tenir en cas d’endométriose superficielle isolée fortement suspectée et d’infertilité.
AMH : Anti-Mullerian Hormone ; AMP : assistance médicale à la procréation ; CFA : compte de follicules antraux ; EFI : Endometriosis Fertility
Index ; FIV : fécondation in vitro ; ICSI : Intracytoplasmic Sperm Injection ; IIU : insémination intra-utérine ; RCP : réunion de concertation
pluridisciplinaire.

Conclusion pas altérée, avec des taux de naissance par transfert et des
taux d’aneuploïdie comparables à ceux des contrôles. Les
Multidisciplinaire par essence, la prise en charge de l’inferti- études récentes concernant les risques de complications de
lité présente ou future des patientes présentant une endo- l’AMP ou d’aggravation de la maladie sont rassurantes.
métriose est un défi d’aujourd’hui, du fait de la prévalence Les modalités pratiques de la stimulation ovarienne (pro-
accrue de l’endométriose, et de son impact majeur sur la tocole agoniste ou antagoniste, prétraitement) et du trans-
fertilité des patientes atteintes. L’aide médicale à la pro- fert (frais ou différé) restent débattues, avec probablement
création tient une place importante dans le traitement des un intérêt majeur à la mise en place d’un prétraitement.
patientes infertiles atteintes, essentiellement par le biais des En cas d’insuffisance ovarienne avérée, et/ou d’échecs de
techniques de fécondation in vitro, en association ou non FIV, le recours au don d’ovocytes peut être proposé.
avec la chirurgie pelvienne. Enfin, depuis la loi de bioéthique 2011et l’autorisation
En cas d’endométriose, la FIV offre a priori des taux de recourir à la préservation de fertilité lorsque «  la ferti-
de grossesses globalement équivalents à ceux qui sont lité risque d’être prématurément altérée », le recours à ces
obtenus dans les autres indications, quel que soit le stade techniques peut être proposé en cas d’endométriose. Des
de l’endométriose, malgré une altération fréquente de la recommandations récentes internationales (ESHRE guide-
réserve ovarienne liée à la maladie elle-même et à l’impact lines group of Female Fertility Preservation) et françaises (en
des chirurgies ovariennes. cours de publication) concernant les indications de pré-
Si l’endométriose est responsable d’une diminution du servation de fertilité dans les pathologies gynécologiques
nombre d’ovocytes recueillis après stimulation pour FIV, les bénignes confirment l’intérêt de cette proposition chez des
études récentes montrent que la qualité embryonnaire n’est patientes jeunes, atteintes d’endométriose sévère.
52
6. Spécificités de la prise en charge en assistance médicale à la procréation

Fig. 6.2
Conduite à tenir en cas d’endométriose ovarienne et/ou profonde et d’infertilité.
AMH : Anti-Mullerian Hormone ; CFA : compte de follicules antraux ; FIV : fécondation in vitro ; ICSI : Intracytoplasmic Sperm Injection ;
RCP : réunion de concertation pluridisciplinaire.

Points clés mais aucune différence significative pour les taux


de naissance par transfert (37,2 vs 37,6 %).

Les recommandations internationales ne sont ■
Une chirurgie complète des lésions d’endomé-
pas homogènes quant à la place de la chirurgie et triose en 1re ligne peut être envisagée, dans le but
de l’AMP en 1re ligne en cas d’infertilité associée à de restaurer la fertilité spontanée et d’améliorer les
la grossesse. La discussion en réunion de concer- chances de naissances vivantes, spontanément et
tation multidisciplinaire est essentielle pour faire après AMP, en particulier dans les formes sévères
une proposition adaptée à chaque femme, à résistant au traitement médical.
chaque couple. ■
Un traitement médical de blocage ovarien avant

L’ESHRE en 2014 et le CNGOF en 2017 recom- FIV semble bénéfique, qu’il s’agisse de l’utilisation
mandent la pratique de stimulations ovariennes prolongée des agonistes de la GnRH, de l’utilisation
avec ou sans IIU uniquement dans les formes d’un traitement œstroprogestatif ou progestatif,
légères ou modérées d’endométriose et dans un avant de débuter la stimulation ovarienne.
délai de 6 mois post-chirurgie pour l’ESHRE (après ■
La pratique de la FIV dans l’indication « endo-
validation du stade de la maladie et de la perméa- métriose » est caractérisée par une bonne tolé-
bilité d’au moins une trompe). rance et des taux faibles de complications et

En FIV, en comparaison avec d’autres causes d’effets secondaires. Ainsi, les stimulations ova-
d’infertilité, on retrouve dans l’indication « endo- riennes en vue de FIV ne semblent pas accélérer
métriose » un nombre plus faible d’ovocytes ponc- l’évolution de l’endométriose ni augmenter les
tionnés, une augmentation du risque d’annulation taux de récidive après chirurgie.
53
I. Généralités

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I. Généralités

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56
Chapitre 7
Préservation de la fertilité
Christine Decanter

PLAN DU C HAPITRE
Cadre légal et technique pour les pathologies
non oncologiques 58

Argumentaire 58

État des lieux 59

Conduite pratique 60

Conclusion 61

Chirurgie de l’endométriose
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
I. Généralités

Cadre légal et technique Argumentaire


pour les pathologies
Endométriose et capital folliculaire
non oncologiques
ovarien
L’altération de la réserve ovarienne dans l’endométriose est
Cadre légal mise en évidence sans ambiguïté en cas d’endométriose
ovarienne avec chirurgies itératives [6-10]. En effet, les taux
La loi française prévoit que «  toute personne d’AMH (hormone antimüllérienne) sérique, reflet le plus
dont la prise en charge médicale est susceptible fidèle et exhaustif du stock de follicules ovariens, sont signi-
d’altérer la fertilité, ou dont la fertilité risque d’être ficativement abaissés, y compris à long terme, après kys-
prématurément altérée, peut bénéficier du recueil tectomies ovariennes pour endométriomes [6-10]. Cette
et de la conservation de ses gamètes ou de ses tis- baisse significative de l’AMH semble plus marquée en cas de
sus germinaux, en vue de la réalisation ultérieure, kystectomies pour endométriose qu’avec d’autres patholo-
à son bénéfice, d’une assistance médicale à la gies tumorales ovariennes bénignes [11]. Par ailleurs, une
procréation et de la restauration de sa fertilité. » étude longitudinale de 300 patientes endométriosiques de
(article L2141-11 du Code de la santé publique) 32 ans d’âge moyen, suivies de 2 à 17 années consécutives,
rapporte une avance significative de l’âge de la méno-
Ainsi, le champ d’exercice de la préservation de la fertilité pause (42 ans), ainsi qu’une incidence élevée d’insuffisance
peut s’étendre aux pathologies non oncologiques telles que ovarienne prématurée (16  %), majoritairement chez les
l’endométriose. En France, la préservation de la fertilité est patientes ayant bénéficié de kystectomies bilatérales [12].
prise en charge à 100 % par la sécurité sociale sans avance L’influence de la maladie endométriosique per se et/ou
de frais par les patientes. de la présence d’endométriomes ovariens sur le capital folli-
La congélation d’ovocytes matures recueillis après une culaire, en dehors de toute chirurgie, est plus controversée.
stimulation ovarienne de type fécondation in vitro (FIV) Pourtant, plusieurs études histologiques ont montré des
n’est plus considérée comme une technique expérimentale altérations de type fibrosique dans le cortex ovarien adja-
et est recommandée par les sociétés savantes comme tech- cent aux endométriomes, ainsi qu’une densité folliculaire
nique de 1re  intention pour la préservation de la fertilité significativement plus pauvre [13,14]. Dans le cas de ces
[1,2]. Cette technique s’est beaucoup développée depuis 2  études, les patientes étaient porteuses de volumineux
l’avènement des techniques de vitrification, lesquelles endométriomes (6  cm), ce qui peut, en soi, du fait de la
permettent une congélation ultrarapide moins délétère compression et de l’altération de l’élasticité du tissu ovarien
pour l’ovocyte [3,4]. Il a depuis été montré que les taux de sain, expliquer ces résultats. Plus récemment, Kitajima et al.
fécondations et de grossesses des ovocytes vitrifiés étaient ont comparé les données histologiques de 13  fragments
quasi égaux à ceux des ovocytes frais [3,4]. Par ailleurs, les de cortex ovariens porteurs de petits endométriomes
enfants nés de cette technique sont en bonne santé et ne (≤ 4 cm) à celles des cortex ovariens controlatéraux sains
présentent pas plus d’anomalies congénitales [5]. [14]. Les auteurs retrouvent également fibrose et baisse de
densité folliculaire même en présence d’endométriomes
de petite taille. L’analyse multivariée réalisée conclut à une
Points clés influence significative mais indépendante l’une de l’autre de
la fibrose et de la présence d’endométriomes sur la densité

La congélation d’ovocytes est la technique de folliculaire. Les auteurs observent un excès de recrutement
1re intention en vue de préserver la fertilité pour folliculaire à partir du stock de follicules primordiaux
les pathologies non oncologiques. associé à un plus grand taux d’atrésie pouvant expliquer

La technique de congélation par vitrification cette baisse de densité folliculaire dans les cortex obser-
a fait preuve de son efficacité en termes de taux vés, indépendamment de la taille des endométriomes. Ce
de grossesses et de son innocuité sur la santé des phénomène dit de « burn-out folliculaire » serait induit par
enfants. l’inflammation intra-ovarienne [14]. La correspondance cli-

En France, cette technique est entièrement nique de ces données histopathologiques se retrouve dans
prise en charge par l’assurance maladie. deux études :

58
7. Préservation de la fertilité

• Somigliana et  al. montrent une moindre réponse à la antioxydants ainsi qu’une activation du système de cytokines
stimulation ovarienne sur l’ovaire porteur d’endométriome et une augmentation des facteurs angiogéniques [19-21].
par rapport à l’ovaire controlatéral sain [15] ; • De plus, en présence d’endométriomes, il est montré que
• Almog et  al. mettent en évidence un compte follicu- des substances toxiques telles que le fer diffusent au travers
laire antral significativement plus bas du côté de l’endo- de la paroi du kyste et altèrent la qualité des follicules et des
métriome, alors qu’aucune différence significative n’est ovocytes qu’ils contiennent [17,19].
retrouvée en présence de kystes ovariens d’autre nature • Xu et al. ont par ailleurs mis en évidence des anomalies
histo­logique [16]. de l’ultrastructure ovocytaire, concernant notamment
les mitochondries, en étudiant 25  ovocytes matures de
patientes avec endométriose ovarienne minime ou modé-
Points clés rée comparativement à 25 ovocytes matures d’une popula-
tion contrôle [21].

Il est établi que les kystectomies pour endomé-
triomes induisent une altération du stock follicu-
laire ovarien. Remarque

La maladie endométriosique et l’inflammation
pelvienne chronique qui en découle pourraient L’extrapolation de ces études fondamentales aux
induire des altérations qualitatives de la folliculo- données cliniques reste difficile. En effet, les résul-
genèse. tats rapportés en termes de qualité ovocytaire, de
taux de fécondations et de grossesses en FIV chez
les patientes avec endométriose sont encore peu
Endométriose, qualité ovocytaire nombreux et éminemment variables en fonction
et assistance médicale des séries, des critères diagnostiques, des formes
à la procréation cliniques et de l’âge des patientes.

Le potentiel fécondant d’un ovocyte s’acquiert durant son


séjour dans le liquide folliculaire. Les mécanismes qui régis-
Points clés
sent à la fois sa maturation nucléaire et cytoplasmique sont
étroitement dépendants de la qualité du dialogue folliculo-

Il existe des arguments théoriques, issus de
ovocytaire au travers des cellules du cumulus. Cette ques- données in vitro, en faveur d’une possible altéra-
tion de la qualité ovocytaire est d’autant plus importante tion qualitative de l’ovocyte dans certaines formes
que le recours aux techniques de FIV du fait de l’infertilité cliniques d’endométriose, notamment ovarienne.
est fréquent en cas d’endométriose et ce, quelle que soit

Ces données théoriques restent difficilement
la forme clinique. En effet, la maladie endométriosique objectivables dans les séries cliniques de FIV chez
est une maladie inflammatoire et il n’est pas exclu que les les patientes endométriosiques.
acteurs de la réaction inflammatoire, locaux intra-ovariens
et/ou généraux, soient potentiellement délétères sur la
qualité ovocytaire [17]. État des lieux
• Une étude récente a mis en évidence une concentration
significativement supérieure en cytokines et facteurs angio- À ce jour, trop peu d’études ont été publiées concernant la
géniques dans les liquides folliculaires de 200 patientes endo- préservation de la fertilité par congélation ovocytaire dans
métriosiques comparativement à ceux de 140  patientes l’endométriose pouvant permettre d’établir des recomman-
contrôles [18]. Cette augmentation des marqueurs inflam- dations officielles. Un avis d’experts français HAS-CNGOF a
matoires était négativement corrélée au taux de maturation néanmoins été publié en 2018 sur un faisceau d’arguments
ovocytaire et à la qualité embryonnaire. tels que décrits ci-dessus [22]. Depuis cette publication,
• D’autres études s’intéressant aux liquides folliculaires 4 études de cohorte, toutes rétrospectives, ont récemment
chez les patientes présentant une endométriose ovarienne été publiées concernant la congélation ovocytaire pour
mais aussi pelvienne profonde isolée mettent en évidence préservation de la fertilité dans l’endométriose [23-26].
une augmentation significative des ROS (Reactive Oxygen • La plus grande série est celle de Cobo et al. en Espagne
Species), un déséquilibre entre les mécanismes oxydants/ avec la particularité de concerner des patientes venues

59
I. Généralités

en Espagne pour congélation d’ovocytes pour raisons plus bas chez les patientes aux antécédents de
sociétales [25]  : 840  cycles ont ainsi été réalisés chez chirurgie ovarienne et que, dans ce cas, plusieurs
485  femmes entre 30 et 40  ans avec un nombre moyen cycles peuvent être proposés pour augmenter le
d’ovocytes congelés de 7,2/cycle. Le diagnostic d’endo- nombre d’ovocytes cryoconservés et les chances
métriose était constaté lors de la demande et les formes de grossesse ultérieures si la réutilisation est
cliniques étaient très variables, des plus bénignes aux plus indiquée.
sévères. Les auteurs soulignent le fait que le nombre d’ovo-
cytes éligibles pour la vitrification était significativement
plus bas en cas d’antécédents de chirurgie ovarienne. Ces Conduite pratique
résultats, difficilement extrapolables aux autres séries,
sont néanmoins confirmés dans les séries de Raad et  al.
(70  cycles chez 49  femmes [23]) et Kim et  al. (50  cycles
Faire ou ne pas faire
chez 34  femmes [24]) avec un nombre moyen plus bas Si les recommandations font défaut concernant les stra-
d’ovocytes congelés du fait d’un mode de recrutement tégies de préservation de fertilité dans l’endométriose, les
complètement différent reposant sur les antécédents de publications faisant état d’une réflexion à ce sujet se multi-
chirurgie ou l’extension des lésions (5,5 et 4,8  ovocytes plient [29-31].
congelés/cycle, respectivement).
• Legrand et al. rapportent les résultats d’un programme
d’accumulation ovocytaire réalisés chez des patientes avec
Consensus
tumeurs ovariennes bénignes (endométriomes 56 %, séro-
Tous les auteurs s’accordent pour reconnaître :
mucineux et dermoïdes 44 %) ayant pour 90 % d’entre elles
des antécédents de chirurgie ovarienne et/ou présence de

qu’il existe des altérations du stock folliculaire
multiples ou volumineuses récidives [26]. Les résultats en ovarien du fait des chirurgies ovariennes itératives
termes d’ovocytes matures éligibles pour la vitrification mais aussi du fait de la maladie endométriosique
ne différaient pas en fonction du type histologique de la ovarienne per se ;
tumeur et étaient de 4,3 ±  3,4/cycle et de 7 ±  5,2 après

que des altérations qualitatives folliculaires
accumulation (2 à 3  cycles) [26]. Par ailleurs, l’étude par et ovocytaires existeraient du fait du caractère
questionnaire de la tolérance fonctionnelle et l’acceptabi- inflammatoire chronique et dysimmunitaire de la
lité des procédures étaient excellentes ; de même, aucune maladie ;
complication notable n’a été notée.

que la congélation d’ovocytes est la technique
• Concernant la greffe de tissu ovarien, Donnez et al. ont à prioriser conformément aux recommandations
été les premiers à décrire 2  cas d’autotransplantation de des sociétés savantes ;
fragments de cortex ovarien frais, provenant d’un ovaire

que les techniques chirurgicales visant à épar-
porteur d’un volumineux endométriome sur l’ovaire gner le tissu ovarien sain et les traitements médi-
controlatéral [27]. Une cœlioscopie de « second look » a camenteux susceptibles de diminuer l’incidence
confirmé la viabilité du greffon et sa revascularisation sur le des récidives d’endométriomes doivent être favo-
site de greffe. risées dans toutes les situations.
• Oktay et Oktem rapportent un cas d’autotransplanta-
tion de tissu ovarien congelé-décongelé chez une patiente Les arguments sont nombreux pour proposer de
endométriosique de 28 ans en insuffisance ovarienne pré- manière systématique une stimulation pour congélation
maturée et décrivent le retour d’une fonction menstruelle ovocytaire dans les cas d’endométriomes ovariens, à plus
normale 9 mois après la greffe de tissu [28]. forte raison s’ils sont bilatéraux, à haut risque de récidive
et volumineux et en cas d’antécédents de chirurgie. En cas
de lésions volumineuses et bilatérales, une chirurgie et/ou
Points clés un drainage peut être nécessaire préalablement au cycle
de stimulation. Concernant l’endométriose pelvienne pro-

Il y a encore peu d’études cliniques sur la pré- fonde isolée, l’argument invoqué pour la préservation est la
servation de la fertilité par congélation ovocytaire grande fréquence de recours aux techniques de FIV, après
dans l’endométriose. un long parcours d’infertilité, à un âge parfois avancé avec

Il est établi que le nombre d’ovocytes recueillis une accessibilité aux ovaires lors de la ponction parfois ris-
lors d’un cycle de stimulation est significativement quée voire, dans certains cas, impossible.
60
7. Préservation de la fertilité

Balance bénéfices/risques recueil se fait avant 35  ans et lorsque le nombre


d’ovocytes est égal ou supérieur à 8.
Il importe de prendre en compte la balance risques/bénéfices ■
Le recueil ovocytaire peut être précédé d’un
de telles procédures et de ne pas perdre de vue les aspects drainage des endométriomes lorsque ceux-ci sont
médicoéconomiques. À ce titre, l’équipe de Somigliana a de volume supérieur à 5 cm.
publié un tableau de validité des stratégies de préservation ■
La tolérance fonctionnelle d’un programme
de la fertilité avec, pour chacune des situations, les résultats d’accumulation ovocytaire semble satisfaisante
attendus concernant le nombre et la qualité des ovocytes, et les complications rares, sur les données d’une
les opportunités de réutilisation et l’efficience globale de la seule étude.
procédure [29]. Idéalement, il faudrait que les risques d’infer-
tilité future soient suffisamment élevés pour que les taux
de réutilisation des gamètes congelés soient conséquents et
que les chances de grossesse évolutive soient significatives. Il Conclusion
est clairement établi sur des études de cohortes concernant
la réutilisation d’ovocytes congelés que les chances de gros- • Une proposition systématique de préservation de la
sesse sont étroitement dépendantes de l’âge au moment fertilité par congélation ovocytaire doit être faite en cas
du prélèvement et que la tranche d’âge optimale se situe d’atteinte ovarienne avec risque d’altération quantitative
avant 35 ans [31]. Une récente publication établie sur une du stock folliculaire : endométriomes récidivants, chirurgies
très large cohorte évoque en effet le chiffre de 8 ovocytes itératives, endométriomes bilatéraux quel que soit leur
matures vitrifiés pour obtenir des chances de ramener un volume, endométriomes unilatéraux volumineux (≥ 5 cm).
enfant à la maison de 30 à 45 % chez des femmes prélevées • En cas d’antécédents de chirurgie ovarienne et en pré-
avant 35  ans [31]. Ce chiffre de 8  ovocytes matures peut sence d’une récidive, 1 à 3 cycles de stimulation ovarienne
rarement être atteint en 1 seul cycle de stimulation. peuvent être réalisés en vue d’accumulation ovocytaire
avant et/ou après la chirurgie en fonction de la taille de
l’endométriome.
Remarque • La proposition systématique de préservation de la fer-
tilité avant une première chirurgie reste à débattre mais
L’option d’accumulation d’ovocytes par la réali- semble à privilégier dans les seuls cas de réserve ovarienne
sation de 1 à 3 recueils doit être discutée avec la basse préalable. En cas d’endométriose pelvienne profonde
patiente et validée au cas par cas. isolée, la proposition de préservation n’est pas systématique
mais à discuter au cas par cas, en fonction de l’âge, du statut
Conformément au primum non nocere, les risques de la conjugal, de la réserve ovarienne et du caractère évolutif
stimulation ovarienne et du geste de ponction ovarienne des lésions, et de la probabilité de recours aux techniques
doivent être pris en compte dans le contexte et être expo- de FIV.
sés aux patientes. Dans l’endométriose, l’incidence des
abcès ovariens post-ponction est de l’ordre de 0 à 1,7  %
[32]. Il semble que l’hyperstimulation ovarienne ne majore
pas le risque d’extension des lésions ni la symptomatologie
Références
douloureuse de manière générale mais il existe une grande [1] Martinez F. International Society for Fertility Preservation – ESHRE
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61
I. Généralités

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62
Chapitre 8
Anatomie chirurgicale
Krystel Nyangoh Timoh

PLAN DU C HAPITRE
Généralités 66

Fosses pelviennes et culs-de-sac 67

Région sous-péritonéale 69

Innervation pelvienne 74

Chirurgie de l’endométriose
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
II. Environnement chirurgical

L’endométriose pelvienne profonde est une pathologie Généralités


pelvienne bénigne qui se développe de l’espace intrapérito-
néal vers l’espace extra-péritonéal, rendant son traitement • La cavité pelvienne est recouverte du péritoine pelvien.
chirurgical complexe. On distingue le péritoine pelvien pariétal qui recouvre la
En effet, dans l’espace extra-péritonéal, cohabite la paroi ostéomusculaire et le péritoine viscéral qui recouvre
graisse, le tissu conjonctif, les vaisseaux sanguins et lym- les viscères pelviens. Le péritoine recouvrant l’organe génital
phatiques mais surtout les nerfs autonomes et somatiques. reproducteur féminin est le ligament large. Le péritoine
Une connaissance précise de l’anatomie pelvienne, notam- délimite deux régions : la région intrapéritonéale et la région
ment des fosses et espaces pelviens, ainsi que de l’inner- extra-péritonéale. Cette dernière au niveau de la cavité pel-
vation est indispensable afin de préserver les structures vienne est appelée région sous-péritonéale. Les chirurgiens
nobles macroscopiques (rectum, uretère) mais aussi micro- parlent de la région rétropéritonéale qui, stricto sensu, se
scopiques (nerfs). La cœlioscopie et aujourd’hui la chirurgie trouve derrière le péritoine mais au niveau lombaire.
cœlioscopique avec assistance robotique sont des apports • Le péritoine décrit des fosses pelviennes formées par la
importants grâce une magnification de l’image permettant présence des plis péritonéaux dus à la présence de struc-
de redécouvrir l’anatomie pelvienne et en particulier la neu- tures ligamentaires, viscérales ou vasculaires.
roanatomie pelvienne. • La région sous-péritonéale est donc comprise entre
Cependant, l’acquisition de la connaissance de cette le péritoine pelvien en antérieur, la paroi pelvienne en pos-
anatomie est rendue difficile par l’existence de nombreux térieur et latéralement le diaphragme pelvien musculaire et
termes et noms propres pour nommer les mêmes struc- caudalement. La paroi pelvienne et le diaphragme pelvien
tures mais aussi de contradictions entre les descriptions musculaire sont recouverts du fascia pelvien pariétal. La
réalisées par les anatomistes et les chirurgiens. Également région sous-péritonéale contient :
sont appelés ligaments des structures qui ne sont parfois – un compartiment médian viscéral pelvien,
absolument pas conjonctives. – un compartiment latéral paraviscéral où cheminent
Pour faciliter la lecture de ce chapitre, nous avons choisi les vaisseaux sanguins et lymphatiques, les nerfs pelviens
d’utiliser la terminologie anatomique dès que possible et, autonomes et somatiques ainsi que l’uretère pelvien.
sinon, celle utilisée par Ercoli et al. [1]. Nous avons égale- Les compartiments médian viscéral et latéral paraviscéral
ment réalisé un tableau récapitulatif des correspondances sont recouverts du fascia pelvien viscéral. Comme décrit
entre la terminologie anatomique et les termes non officiels infra, l’uretère pelvien est le fil conducteur de cette région.
retrouvés dans la littérature (tableau 8.1). Aussi, on définit des espaces qui communiquent entre eux.

Tableau 8.1. Correspondance des termes de la terminologie anatomique et de termes non officiels.
Terminologie anatomique Ercoli et al. [1] Termes non officiels
Paramètre Paramètre Paramètre latéral (portion crâniale)
Ligament cardinal (portion crâniale)
Ligament vésico-utérin superficiel Paramètre antérieur
Pilier de la vessie
Ligament utérosacré Ligament utérosacré Paramètre postérieur
Autres structures
Paracervix Paracervix Paramètre latéral (portion caudale)
Ligament de Mackenrodt
Ligament cardinal (portion caudale)
Fascia présacré Fascia présacré Fascia de Waldeyer
Ligament latéral du rectum Ligament latéral du rectum Piliers du rectum
Ligament ombilical médial Artère ombilicale
Espace pararectal médial Espace pararectal médial Espace pararectal d’Okabayashi
Espace pararectal latéral Espace pararectal latéral Espace pararectal de Latzko

66
8. Anatomie chirurgicale

Enfin, cette région est également abondamment rectovaginal (de Douglas) et vésico-utérin, situés dans la
comblée par un abondant et dense tissu graisseux et partie médiale de la cavité pelvienne.
conjonctif en continuité sans aucune séparation nette
avant le geste chirurgical. La région sous-péritonéale est
donc riche et complexe (fig. 8.1). Son organisation a été Fosse pararectale
étudiée par de nombreux chirurgiens pour, par exemple, Elle correspond à la dépression du péritoine pelvien entre
la mise en place de la technique chirurgicale de préser- le rectum et la paroi pelvienne. À ce niveau de la paroi pel-
vation nerveuse lors de l’hystérectomie radicale pour vienne siège l’artère iliaque interne. Au sein de cette fosse,
cancer du col de l’utérus par le Japonais Okabayashi. on individualise clairement deux plis péritonéaux d’une
Plus récemment, de nombreux auteurs ont enrichi ces importance majeure  : médialement, le pli réalisé par le
descriptions dans le but de standardiser les techniques nerf hypogastrique et latéralement, le pli réalisé par l’uretère
d’épargne nerveuse pour diminuer les séquelles fonc- pelvien rétroligamentaire. On distingue classiquement une
tionnelles postopératoires telles que les troubles de la fosse pararectale médiale, située en dedans de l’uretère, et
vidange vésicale. une latérale, située en dehors de l’uretère. Cette fosse est
ouverte en tractant sur le rectum controlatéralement et en
incisant le péritoine latérorectal. On découvre alors l’espace
pararectal.
Fosses pelviennes et culs-de-sac
Les fosses pelviennes et les culs-de-sac correspondent à des Pour la chirurgie
dépressions du péritoine pelvien. La fosse paravésicale et
la fosse pararectale sont situées dans la partie latérale de L’ouverture de cette fosse pararectale est indispen-
la cavité pelvienne. Elles correspondent respectivement sable pour identifier et préserver le nerf hypogas-
à une dépression du péritoine pelvien latéralement à la trique, les nerfs splanchniques pelviens et le plexus
vessie et au rectum. Il existe également deux culs-de-sac : hypogastrique inférieur.

Fig. 8.1
Région rétro et sous-péritonéale.
Cette région contient les vaisseaux, du tissu conjonctif, les nerfs et l’uretère. En pointillé est mis en évidence le péritoine viscéral
qui est sectionné (PV). Ao : aorte ; LSO : ligament suspenseur de l’ovaire ; Ur : uretère ; VCI : veine cave inférieure.
© Dessin : Cyrille Martinet.

67
II. Environnement chirurgical

Fosse paravésicale utérosacrés et rectovaginaux (fig. 8.2). C’est la plus déclive


des dépressions du péritoine, expliquant la fréquence des
Elle correspond à la dépression du péritoine pelvien entre la lésions d’endométriose pelvienne profonde dans cette zone
vessie et la paroi pelvienne. À ce niveau de la paroi pelvienne du fait des flux péritonéaux.
siège l’artère iliaque externe. On distingue la fosse paravési-
cale médiale, située entre la vessie et l’artère ombilicale, de la
fosse paravésicale latérale, située en dehors de l’artère ombi- Pour la chirurgie
licale. L’artère ombilicale est facilement repérée car elle forme
un pli péritonéal (pli ombilical médial), se dirige verticale- L’ouverture de ce cul-de-sac permet l’entrée dans
ment et obliquement en dedans vers la paroi abdominale l’espace rectovaginal, nécessaire lors de résection
antérieure pour rejoindre l’ombilic. Les chirurgiens parlent de nodule du torus utérin, de ligaments utérosa-
classiquement de la fosse paravésicale latérale en parlant de crés ou du septum rectovaginal afin de dégager le
la fosse paravésicale. La fosse paravésicale latérale est donc rectum.
ouverte en incisant le péritoine latérovésical en dehors de
l’artère ombilicale. On découvre alors l’espace paravésical.

Pour la chirurgie Cul-de-sac vésico-utérin


Il correspond à la dépression du péritoine pelvien entre
L’ouverture de la fosse pararectale et celle de la fosse l’utérus et la vessie (fig. 8.3).
paravésicale sont des temps fondamentaux dans la
chirurgie de l’endométriose pelvienne profonde.
Pour la chirurgie
Cul-de-sac rectovaginal
Son ouverture permet l’entrée dans l’espace
(ou cul-de-sac de Douglas) vésico-utérin, puis vésicovaginal, nécessaire lors
Il correspond à la dépression du péritoine pelvien entre le d’une hystérectomie ou d’une résection de nodule
vagin et le rectum. Il est limité latéralement par les ligaments d’endométriose vésicale.

Fig. 8.2
Le cul-de-sac rectovaginal (ou cul-de-sac de Douglas).
On visualise la dépression (flèche) du péritoine pelvien entre le vagin et le rectum. Il est limité latéralement par les ligaments utérosacrés
et rectovaginaux.
© Dessin : Cyrille Martinet.

68
8. Anatomie chirurgicale

Fig. 8.3
Le cul-de-sac vésico-utérin.
On visualise la dépression (flèche) du péritoine pelvien entre l’utérus et la vessie.
© Dessin : Cyrille Martinet.

Région sous-péritonéale l’artère utérine et l’uretère. Dans cette zone, l’artère utérine et
l’uretère sont très intimes et même solidarisés par une artère
urétérique provenant de l’artère utérine (l’artère en T) rendant
Tissu dense conjonctif la manœuvre du décroisement dans les hystérectomies élargies
Un tissu dense conjonctif continu comble la région sous- à risque de lésion urétérale. L’artère maîtresse du paramètre est
péritonéale et entoure les viscères pelviens. donc l’artère utérine. Celle-ci naît de l’artère iliaque interne via une
La dissection chirurgicale individualise de manière arti- origine commune avec l’artère ombilicale (tronc ombilico-utérin
ficielle des structures conjonctives qui sont satellites des dans plus de 50 % des cas), ou elle est la seconde branche. Il est
branches antérieures de l’artère iliaque interne, lesquelles donc simple de retrouver l’origine de l’artère utérine en tractant
se dirigent vers les viscères pelviens  : vessie, utérus, vagin ou suivant l’artère ombilicale. Au niveau du paramètre, l’uretère
et rectum. Chaque structure conjonctive individualisée est réalise un genou, c’est-à-dire une courbure à convexité médiale
donc porteuse d’une artère principale maîtresse. expliquant la majorité des lésions urétérales se trouvent à ce
L’ouverture de la fosse pararectale et de la fosse paravé- niveau lors des hystérectomies extra-fasciales (fig. 8.5 et 8.6) [5].
sicale permet l’accès à aux espaces pararectal et paravésical.
Entre ces deux espaces se tend alors un tissu conjonctif Paracervix
satellite des vaisseaux sanguins entre médialement, l’utérus Du grec para : à côté de, et cervix : col de l’utérus, il correspond
et le vagin, et latéralement, la paroi pelvienne. Ces tissus au tissu latéral au col de l’utérus et au vagin. Il est situé sous
sont le paramètre et le paracervix [2]. le paramètre. En fait, c’est l’uretère ligamentaire qui sépare
Le paramètre et le paracervix ne sont donc pas des structures le paramètre du paracervix. Son artère maîtresse est l’artère
anatomiques vraies telles que le démontrent les observations vaginale. Mais il contient également l’artère vésicale inférieure
du développement du tissu müllérien au cours de  l’em­ et la fameuse veine utérine profonde (fig. 8.5 et 8.7). Contraire­
bryogenèse [3] et des travaux radioanatomiques (fig. 8.4) [4]. ment à son nom, cette veine n’est pas satellite de l’artère
utérine car elle est située sous l’uretère. Elle est un repère
Paramètre anatomique capital car c’est l’élément le plus profond avant
Du grec para : à côté de, et metra : utérus, il correspond aux le plexus hypogastrique inférieur. C’est donc dans cette région
tissus conjonctifs avoisinant l’utérus. Il a une orientation trans- que siège le plexus hypogastrique inférieur sous le paramètre,
versale de l’utérus. Il correspond à la zone du croisement entre c’est-à-dire sous le croisement entre l’artère utérine et l’uretère.
69
II. Environnement chirurgical

Fig. 8.4
Les paramètres, adaptation d’après Touboul et al. [4].
Le paramètre antérieur (anterior parametrium) correspond au ligament vésico-utérin superficiel. Le paramètre latéral (lateral parametrium)
correspond au paramètre classique des anatomistes (croisement entre l’artère utérine et l’uretère). Le paramètre postérieur (posterior
parametrium) correspond au ligament utérosacré.
© Cyrille Martinet.

Pour la chirurgie (nerfs splanchniques pelviens). Ces nerfs sont donc à risque lors
de mobilisation rectale pour résection rectale [6].
Dans la chirurgie pour endométriose pelvienne
profonde, il est donc impératif d’éviter d’aller sous Pour la chirurgie
l’uretère et plus exactement sous la veine utérine
profonde afin de préserver le plexus hypogas- L’anatomie des ligaments vésico-utérins est impor-
trique inférieur (fig. 8.5). tante à connaître car ils présentent de nombreux
Il est à noter que comme les autres tissus conjonctifs sous- vaisseaux et sont à proximité de l’uretère, rendant
péritonéaux individualisés sus et sous-décrits, le paracervix est donc l’hémostase difficile.
créé secondairement aux artefacts de dissection. En effet, la
notion de paracervix est remise en cause par l’étude de Tou- Ligament vésico-utérin superficiel
boul et al. qui, lors de dissections anatomiques sans ouverture
large des espaces paravésical et pararectal et analyse d’IRM pel- Il correspond au « pilier de la vessie ». Fujii le nomme feuillet
vienne, ne retrouvait pas de tissus conjonctifs sous l’uretère [4]. antérieur du ligament vésico-utérin [7]. Ce sont des expan-
sions ventrales bilatérales constantes du paramètre, organi-
Ligaments latéraux du rectum ou ailerons sées autour des branches cervico-vésicales de l’artère utérine.
du rectum En effet, ce sont des vaisseaux allant du col de l’utérus à la
vessie. C’est en fait le toit de l’entrée du tunnel urétéral qui
Ils correspondent au tissu conjonctif reliant transversalement abrite donc l’uretère se dirigeant vers la vessie. Le contrôle
le rectum (mésorectum) et la paroi pelvienne dans l’espace de ces vaisseaux et la séparation de ce tissu conjonctif de
pararectal. Son artère maîtresse est l’artère rectale moyenne (pré- l’uretère permettent de le libérer totalement (fig. 8.5 à 8.8).
sente dans 25 % des cas). Ils contiennent les nerfs splanchniques
pelviens dans leur trajet oblique en dedans pour rejoindre le
Ligament vésico-utérin profond
nerf hypogastrique. Ils sont situés sous l’artère rectale moyenne
qui constitue donc un repère anatomique important en sépa- C’est en fait une région du paracervix. Fujii le nomme
rant pars vasculosa (veine utérine profonde) et pars nervosa feuillet postérieur du ligament vésico-utérin [7]. Il est
70
8. Anatomie chirurgicale

Fig. 8.5
Anatomie chirurgicale de l’uretère et relation avec la veine utérine profonde d’après Nyangoh Timoh et al. [5].
L’artère utérine surcroise l’uretère au niveau du paramètre. La veine utérine profonde se trouve en dessous de l’uretère. Les deux têtes de flèches
mettent en évidence les ligaments vésico-utérins superficiels (« piliers de la vessie » entre l’utérus et la vessie) et profond (entre la paroi
pelvienne latérale et la vessie).
© Cyrille Martinet.

donc situé sous l’uretère et entoure la veine uté- Pour la chirurgie


rine profonde (fig.  8.5 à  8.8). Celle-ci draine la veine
moyenne vésicale et la veine vésicale inférieure. Ce La section de ces ligaments par le contrôle de ces
ligament connecte la vessie au la paroi latérale du vaisseaux permet de libérer totalement l’uretère
pelvis [2]. de l’utérus et du vagin [8].

Fig. 8.6
Vue de dissection de sujets anatomiques.
Après ouverture de la fosse paravésicale et pararectale, on visualise les ligaments vésico-utérins superficiel et profond, la veine utérine profonde.
On visualise également le croisement de l’artère utérine et de l’uretère (paramètre) avec le genou (courbure à convexité médiale) de l’uretère.
1 : espace paravésical ; 2 : espace pararectal médial ; AU : artère utérine ; LOM : ligament ombilical médial ; LVUP : ligament vésico-utérin profond ;
LVUS : ligament vésico-utérin superficiel ; Ur : uretère ; VUP : veine utérine profonde.
© Dessin : Cyrille Martinet.
71
II. Environnement chirurgical

Fig. 8.7
Vue de dissection de sujet anatomique.
On visualise le paramètre avec le croisement de l’artère utérine et de l’uretère, et le paracervix. Celui-ci contient l’artère vaginale mais surtout
la veine utérine profonde qui est située sous l’uretère. AU : artère utérine ; AV : artère vaginale ; Ur : uretère ; VUP : veine utérine profonde ;
VUS : veine utérine superficielle.
© Dessin : Cyrille Martinet.

Fig. 8.8
Vue opératoire en cœlioscopie.
Après ouverture de la fosse paravésicale et pararectale, on visualise les ligaments vésico-utérins superficiel et profond, la veine utérine
profonde. On visualise également le croisement de l’artère utérine et de l’uretère (paramètre) avec le genou de l’uretère. AU : artère utérine ;
LVUP : ligament vésico-utérin profond ; LVUS : ligament vésico-utérin superficiel ; Ur : uretère préligamentaire.
© Dessin : Cyrille Martinet.

Ligaments utérosacrés, torus utérin par Jean-Louis Petit (anatomiste français). Les ligaments uté-
et ligaments rectovaginaux rosacrés décrivent donc des plis recto-utérins tendus dans le
plan antéropostérieur. Ils sont fibreux et situés médialement
Ils sont en continuité avec le tissu conjonctif dense mais ils cor- au nerf hypogastrique. D’après Fujii, le nerf hypogastrique se
respondent à une densification du fascia pelvien viscéral [1]. trouverait à une distance de 16,5 à 33 mm du ligament uté-
Ligaments utérosacrés rosacré [10]. Il croiserait celui-ci à 3 cm du torus utérin [11].

Ils ont pour origine les faces postérolatérales de la partie Pour la chirurgie
supravaginale du col de l’utérus et du fornix (cul-de-sac
postérieur) vaginal et se perdent sur le fascia des vertèbres Leur résection doit être parcimonieuse car ils sont
de S2 à S4 en passant latéralement au rectum [9]. situés à proximité des nerfs pelviens.
Torus utérin (ou torus uterinum) Ligament rectovaginal
Il constitue la zone d’insertion des deux ligaments utérosa- Il s’étend des faces latérales du rectum aux faces les plus pro-
crés rétro-isthmiques. Cette région a été décrite au xviie siècle fondes du vagin juste au-dessus du plancher pelvien musculaire.
8. Anatomie chirurgicale

Remarque Espace pararectal


Il est situé entre le rectum et les vaisseaux iliaques latérale-
Dans la littérature anatomique chirurgicale, il ment. On distingue [2] :
n’existe pas un mais des paramètres et plus préci- • un espace pararectal médial (espace d’Okabayashi). Cet
sément trois (cf. fig. 8.4) [1] : espace est situé médialement à l’uretère et en particulier au

le paramètre des anatomistes correspond au méso-uretère. Dans celui-ci, chemine le nerf hypogastrique
paramètre latéral ; médialement à l’uretère (3 cm en dedans de l’uretère) et en

le paramètre antérieur correspond au ligament dehors du ligament utérosacré. On y trouve également les
vésico-utérin superficiel ; nerfs splanchniques pelviens provenant des racines sacrées

le paramètre postérieur correspond au liga- S2, S3 et S4 ;
ment utérosacré, au ligament rectovaginal, et au • un espace pararectal latéral (espace de Latzko, latéral
ligament latéral du rectum. Ce dernier est déve- pour Latzsko), situé latéralement à l’uretère.
loppé après ouverture de l’espace rectovaginal et
pararectal [12]. Espace paravésical
Il est situé latéralement à la vessie entre l’artère ombilicale et
Espaces (fig. 8.9) les vaisseaux iliaques latéralement (fig. 8.10).

Espace rétropubien
Il est situé en avant de la vessie et en arrière de la symphyse
pubienne. Il contient un important plexus veineux rétropubien.

Espace rectovaginal
Il est situé entre le rectum en arrière et le vagin en avant.
Il contient le septum rectovaginal qui est constitué par
l’accolement des fascias vaginal et rectal. Il est ouvert lors
de l’incision du péritoine du cul-de-sac vaginal.

Espace rétrorectal
Il est situé en arrière du rectum et en avant du fascia pré-
sacré (ancien fascia de Waldeyer). C’est cet espace qui est
développé tout le long du sacrum et du coccyx pour mobi-
liser le rectum. On rejoint alors l’espace pararectal via un
plan avasculaire, the holy plane of Heald, où l’on visualise
les nerfs autonomes pelviens qui sont alors préservés [13].
C’est le plan de la résection rectale.

Espace présacré
Il est situé entre le sacrum en arrière le fascia présacré. Il
contient les vaisseaux sacrés médians.

Espace de Yabuki ou 4e espace


Fig. 8.9 C’est l’espace paravaginal compris entre la paroi vaginale
Schéma anatomique représentant les espaces pelviens. latérale et l’uretère rétrovésical [2].
L’uretère est le fil conducteur du pelvis. 1 : espace rétropubien ;
2 : espace vesico-utérin, 3 : espace rectovaginal ; 4 : espace rétrorectal ;
5 : espace présacré ; 6 : espace latérorectal médial (Okabayashi) ; Uretère pelvien
7 : espace latérorectal latéral (Latzko) ; 8 : espace paravésical latéral.
© Cyrille Martinet. C’est le fil conducteur du pelvis.
73
II. Environnement chirurgical

Fig. 8.10
Vue de dissection de sujet anatomique.
Après ouverture de la fosse paravésicale, on visualise l’espace paravésical, avec la vessie en dedans et les vaisseaux iliaques externes en dehors
AIE : artère iliaque externe.
© Dessin : Cyrille Martinet.

Pour la chirurgie traumatismes des nerfs pelviens. Des techniques de préser-


vation nerveuses (nerve sparing) ont donc été développées
Son repérage constitue l’un des premiers temps de ces dernières années.
la chirurgie de l’endométriose : pour sa protection, L’innervation pelvienne est constituée deux de systèmes :
mais aussi car il est un élément topographique les systèmes nerveux autonome (ou végétatif, involontaire)
majeur (cf. fig. 8.4). et somatique.

• Dans le plan axial, au sein de l’espace pararectal, il déli- Système nerveux autonome pelvien
mite un espace pararectal médial (espace d’Okabayashi) et
latéral (espace de Latzsko). Il est constitué des nerfs hypogastriques (NH), des nerfs
• Dans le plan sagittal, avant son croisement avec l’artère splanchniques pelviens (NSP), des nerfs splanchniques
utérine, on parle d’uretère rétroligamentaire au sein de l’espace sacrés (NSS) et du plexus hypogastrique inférieur (PHI).
pararectal. Au niveau de son croisement avec l’artère utérine
(paramètre), on parle d’uretère ligamentaire. Enfin, après
Plexus hypogastrique inférieur
son croisement avec l’artère utérine, on parle d’uretère pré- Il a une forme globale de quadrilatère, avec une face médiale
ligamentaire ou juxtavésical au sein de l’espace paravésical. viscérale et une face latérale pariétale. C’est un réseau ner-
• Dans le plan coronal, l’uretère sépare l’artère utérine (crâ- veux complexe ressemblant à un véritable maillage. Il est
nial) et la pars nervosa au sein du paracervix. L’uretère est situé sous la veine utérine profonde au niveau du paracer-
également entouré d’un abondant méso à sa face inférieure vix. Il reçoit trois afférences : les NH, les NSP et les NSS.
appelé le méso-uretère.
Nerf hypogastrique
Innervation pelvienne C’est l’afférence provenant du plexus hypogastrique supé-
rieur (fig. 8.11 à 8.14). Celui-ci est situé en avant de la bifur-
La connaissance de la neuroanatomie pelvienne est fon- cation aortique en regard du promontoire dans l’espace
damentale en chirurgie de l’endométriose. Tout d’abord, présacré. Il donne le plus souvent (73 % des cas selon Ercoli
car des travaux ont montré que les lésions d’endométriose [1]) deux troncs de 4 à 7 mm sous la forme de deux NH
profonde se localisaient de manière préférentielle dans les droit et gauche. Ces nerfs (surtout le droit) sont facilement
zones richement innervées, mais aussi le long et même dans identifiés en cœlioscopie, sous la forme d’un pli péritonéal
les nerfs [14]. De plus, de nombreuses études ont montré partant du promontoire, postérolatéral au rectum, médial à
la présence de séquelles fonctionnelles postopératoires l’uretère et latéral au ligament utérosacré. Cependant dans
notamment urinaires après chirurgie de l’endométriose par 20 % des cas, le NH peut être totalement dans le ligament
74
8. Anatomie chirurgicale

Fig. 8.11
Vue de dissection de sujet anatomique.
Le plexus hypogastrique supérieur (PHS) est localisé au niveau ou sous la bifurcation aortique. Il se divise alors en deux nerfs hypogastriques
(NH) qui restent médiaux à l’uretère (Ur). AIE : artère iliaque externe ; AII : artère iliaque interne ; Ao : aorte ; VCI : veine cave inférieure ;
VIC : veine iliaque commune gauche ; VIE : veine iliaque externe droite.
© Dessin : Cyrille Martinet.

Fig. 8.12
Vue opératoire de cœlioscopie robot-assistée.
On repère facilement le nerf hypogastrique (NH) à travers le péritoine de la fosse pararectale médiale médialement à l’uretère (Ur) et latéralement
au ligament utérosacré (LUS). 1 : cul-de-sac rectovaginal ; 2 : fosse pararectale médiale ; 3 : fosse pararectale latérale.
© Cyrille Martinet.

utérosacré [15]. Les NH se dirigent dans l’espace pararectal Nerfs splanchniques pelviens
médial (Okabayashi). Au niveau du torus utérin, le NH est ou nerfs érecteurs
situé à 3 cm du ligament utérosacré [11]. Il rejoint ensuite
le PHI au niveau de sa partie postérosupérieure. Au cours Ils proviennent des branches ventrales des racines spinales
de son trajet, le NH abandonne quelques branches pour le sacrées de S1 (20 %), S2 (36 %), S3 (91 %), S4 (100 %) à 1 cm
rectum [15]. Dans 25 % des cas, il existe un nerf hypogas- de leur issue du foramen sacré [15]. Contrairement au NH,
trique accessoire se dirigeant vers le haut rectum médial au ils sont très fins et courts (fig. 8.14 et 8.15). Classiquement,
nerf hypogastrique [15]. ils sont au nombre de 2 à 5.
75
II. Environnement chirurgical

Fig. 8.13
Vue opératoire de cœlioscopie robot-assistée.
Après ouverture de la fosse pararectale médiale (2), on découvre l’espace pararectal médial (Okabayashi), on identifie facilement le nerf
hypogastrique (NH). 1 : cul-de-sac rectovaginal ; 3 : fosse pararectale latérale ; LUS : ligament utérosacré ; Ur : uretère.
© Dessin : Cyrille Martinet.

Fig. 8.14
Vue opératoire de cœlioscopie robot-assistée.
Après ouverture de la fosse pararectale médiale (2), on découvre l’espace pararectal médial (Okabayashi), on identifie facilement le nerf
hypogastrique (NH) et les nerfs splanchniques pelviens (NSP). 1 : cul-de-sac rectovaginal ; LUS : ligament utérosacré ; Ur : uretère.
© Dessin : Cyrille Martinet.

Fig. 8.15
Vue de dissection de sujet anatomique.
On visualise les nerfs splanchniques pelviens provenant des branches antérieures des racines sacrées. Ils sont localisés dans le paracervix sous
l’uretère. On visualise la 4e racine sacrée (S4). AI : artère iliaque interne ; AO : artère ombilicale ; AU : artère utérine ; AV : artère vaginale ;
NSP : nerfs splanchniques pelviens ; Ur : uretère.
© Dessin : Cyrille Martinet.
8. Anatomie chirurgicale

Les NSP se dirigent médialement dans l’espace pararectal, • un groupe antérieur pour la vessie et l’utérus qui suivent
passant par les ligaments latéraux du rectum sous l’artère l’artère utérine ;
rectale moyenne et rejoignant le nerf hypogastrique dans le • un groupe inférieur et antérieur pour le vagin, les corps
paracervix sous le croisement entre artère utérine et uretère érectiles et le plancher pelvien musculaire.
(donc sous le paramètre), et sous la veine utérine profonde
pour former le plexus hypogastrique inférieur. Système nerveux somatique pelvien
Pour la chirurgie Il est représenté par le plexus sacré avec les racines sacrées
S1, S2, S3 et S4, le nerf pudendal et le nerf ischiatique. Ces
Leur identification nécessite d’ouvrir la fosse nerfs sont plus profonds et plus volumineux.
pararectale car ils ne sont pas visibles à travers le
péritoine, contrairement aux NH. Leur identifica- Pour la chirurgie
tion doit être réalisée de façon très douce car des
traumatismes peuvent se produire. Leur identification au cours de la chirurgie néces-
site une réelle indication et une motivation parti-
Nerfs splanchniques sacrés culière car ils sont très profonds.
Ils sont peu nombreux et proviennent le plus souvent des 2e
et 3e ganglions sympathiques sacrés à hauteur des vertèbres
Racines sacrées
S2 et S3. Ils rejoignent également le plexus hypogastrique
inférieur. Les deux chaînes sympathiques sacrées se réunis- Elles sont situées à la partie profonde de l’espace pararectal.
sent à la face antérieure du coccyx, formant le ganglion Impar. Elles sont déposées sur le muscle piriforme (fig. 8.16).

Efférences du plexus hypogastrique inférieur Pour la chirurgie


Elles forment [16] :
• un groupe postérieur réalisant le plexus rectal pour la Pour les découvrir, il est nécessaire d’ouvrir le fas-
paroi du rectum et le sphincter lisse anal ; cia pelvien pariétal (fig. 8.17).

Fig. 8.16
Vue de dissection de sujet anatomique.
On visualise le plexus sacré déposé sur le muscle piriforme. MOI : muscle obturateur interne ; MP : muscle psoas ; S1, S2, S3, S4 : 1re, 2e, 3e et
4e racines sacrées ; TLS : tronc lombosacré.
© Dessin : Cyrille Martinet.

77
II. Environnement chirurgical

Fig. 8.17
Vue de dissection de sujet anatomique.
On visualise le tronc lombosacré, S1 et S2 participant à la formation du nerf ischiatique (NI). On visualise également le nerf obturateur (NO).
AG : artère glutéale ; AIE : artère iliaque externe ; TLS : tronc lombosacré ; S1 et S2 : 1re et 2e racines sacrées ; VIE : veine iliaque externe.
© Dessin : Cyrille Martinet.

Nerf ischiatique avoir emprunté le foramen infrapiriforme, et contourne


ensuite l’épine ischiatique passant entre le ligament sacro-
Plus gros nerf du corps humain (1 cm), il est formé par le
épineux et sacro-tubéreux pour rejoindre le périnée.
tronc lombosacré et les racines S1, S2, et S3. Il emprunte
ensuite le foramen infrapiriforme via la grande incisure
Z ones à risques de lésions
ischiatique (fig. 8.17).
des nerfs autonomes
Pour la chirurgie
Les principales zones à risques de lésions des nerfs
autonomes sont [6] :
La chirurgie de cette région est à risque du fait de la ■
l’aire du promontoire : lors d’une résection colo-
relation intime avec les veines pelviennes (afférentes
rectale, le plan avasculaire de Heald, the holy plane,
de la veine iliaque interne) constituant un danger
entre le fascia pelvien pariétal en arrière et le fascia
avec risque vital en cas de plaie non maîtrisée.
viscéral rectal en avant, doit être trouvé afin de pré-
Nerf obturateur server le plexus hypogastrique supérieur et les NH ;

le ligament utérosacré  : sa section doit
Il a pour origine L2, L3 et L4 et émerge au niveau de la comporter un repérage du NH préalable, être la
fosse iliolombaire (fossette de Cunéo et Marcille). Il est plus économique et la plus antérieure possible
ensuite situé sous la veine iliaque externe est rejoint le canal afin de préserver le NH ;
obturateur au sein du foramen obturé accompagné de son ■
le paramètre  : cette localisation d’endomé-
pédicule nerveux obturateur (fig. 8.17). triose est particulièrement à risque de dysfonction
vésicale pré et postopératoire [17], notamment
Nerf pudendal par atteinte des efférences du PHI. Pour cette
C’est un nerf mixte (autonome et somatique) provenant résection, Possover et Ceccaroni proposent une
du plexus sacré et notamment des racines sacrées S2, S3, identification des NSP et du PHI en exposant
S4. Son trajet est long et parcourt plusieurs régions. Il a un directement les racines sacrées après ouverture de
court trajet intrapelvien, puis rejoint la région glutéale après la fosse pararectale [18,19] ;
78
8. Anatomie chirurgicale


le paracervix : le repérage de la veine utérine pro- [2] Yabuki Y, Sasaki H, Hatakeyama N, et al. Discrepancies between clas-
fonde est clé afin d’éviter le PHI qui siège en dessous ; sic anatomy and modern gynecologic surgery on pelvic connective
tissue structure: harmonization of those concepts by collaborative

le ligament vésico-utérin superficiel : les effé- cadaver dissection. Am J Obstet Gynecol 2005;193(1):7-15.
rences vésicales du PHI doivent être préservés. [3] Hockel M, Horn LC, Fritsch H. Association between the mesenchy-
mal compartment of uterovaginal organogenesis and local tumour
spread in stage IB-IIB cervical carcinoma: a prospective study. Lancet
Conséquences fonctionnelles Oncol 2005;6(10):751-6.
des lésions des nerfs pelviens [4] Touboul C, Fauconnier A, Zareski E, et al. The lateral infraureteral
parametrium: myth or reality? Am J Obstet Gynecol 2008;199(3):242.
autonomes e1-6.
[5] Nyangoh Timoh K, Paquet C, Lavoue V, et  al. Standardization of
Le NH et les NSP sont classiquement décrits comme étant laparoscopic extrafascial hysterectomy: anatomic considerations to
respectivement purement sympathique et parasympa- protect the ureter. Surg Radiol Anat 2019;41(8):859-67.
thiques. Cependant, des travaux récents ont démontré la [6] Fermaut M, Nyangoh Timoh K, Lebacle C, et al. [Deep infiltrating
endometriosis surgical management and pelvic nerves injury].
coexistence de fibres à la fois sympathique et parasympa-
Gynecol Obstet Fertil 2016;44(5):302-8.
thiques dans ces deux nerfs [20]. [7] Fujii S, Takakura K, Matsumura N, et  al. Precise anatomy of the
• Le NH assure la continence urinaire et fécale en contrac- vesico-uterine ligament for radical hysterectomy. Gynecol Oncol
tant les sphincters urétral et anal, et en relâchant le détrusor 2007;104(1):186-91.
et le rectum. Cependant, une lésion même unilatérale de ce [8] Fujii S. Anatomic identification of nerve-sparing radical hysterectomy:
nerf peut conduire à une vessie rétentionniste ou dysurie. a step-by-step procedure. Gynecol Oncol 2008;111(2 Suppl):S33-41.
[9] Kamina P. Anatomie clinique – Organes génitaux et urinaires, pelvis.
• Les NSP assurent quant à eux la miction et la défécation Paris: Maloine; 2014.
grâce à la contraction détrusorienne et rectale et au relâ- [10] Fujii M, Sagae S, Sato T, et al. Investigation of the localization of nerves
chement des sphincters urétral et anal. Ils participent égale- in the uterosacral ligament: determination of the optimal site for
ment à la lubrification vaginale [16]. uterosacral nerve ablation. Gynecol Obstet Invest 2002;54(Suppl 1):
11-6. discussion 6-7.
[11] Azais H, Collinet P, Delmas V, et al. [Uterosacral ligament and hypo-
Nerve sparing ou épargne nerveuse gastric nerve anatomical relationship. Application to deep endome-
triotic nodules surgery]. Gynecol Obstet Fertil 2013;41(3):179-83.
Ce concept est défini comme la préservation chirurgicale [12] Ceccaroni M, Clarizia R, Roviglione G, et  al. Neuro-anatomy of the
du système nerveux autonome pelvien. Les techniques posterior parametrium and surgical considerations for a nerve-sparing
d’épargne nerveuse ont été développées dans le but de approach in radical pelvic surgery. Surg Endosc 2013;27(11):4386-94.
[13] Heald RJ. A Surgical Plane: Now ’Holy’ In 4 Specialties. Dis Colon
limiter les séquelles fonctionnelles urinaires, digestives et
Rectum 2018;61(9):1003-9.
sexuelles tout d’abord dans la prise en charge des cancers [14] Anaf V, Simon P, El Nakadi I, et al. Hyperalgesia, nerve infiltration and
du col utérin, puis pour l’endométriose. nerve growth factor expression in deep adenomyotic nodules, peri-
La limite des techniques de nerve sparing en endomé- toneal and ovarian endometriosis. Hum Reprod 2002;17(7):1895-900.
triose est fonction du degré d’infiltration de l’endométriose. [15] Aurore V, Rothlisberger R, Boemke N, et al. Anatomy of the female
La question de la balance entre la préservation des nerfs pelvic nerves: a macroscopic study of the hypogastric plexus and
their relations and variations. J Anat 2020;237(3):487-94.
autonomes pelviens et la résection de la pathologie se pose [16] Moszkowicz D, Alsaid B, Bessede T, et al. Female pelvic autonomic
au chirurgien pour chaque patiente. neuroanatomy based on conventional macroscopic and computer-
Si cette technique semble faisable, notamment pour le assisted anatomic dissections. Surg Radiol Anat 2011;33(5):397-404.
nerf hypogastrique qui est identifié dans 90 % de chirurgie [17] Ballester M, Santulli P, Bazot M, et al. Preoperative evaluation of pos-
de résection du ligament utérosacré lorsqu’il est recherché, terior deep-infiltrating endometriosis demonstrates a relationship
with urinary dysfunction and parametrial involvement. J Minim
seuls les équipes italiennes (le groupe de Negrar) proposent
Invasive Gynecol 2011;18(1):36-42.
une standardisation du nerve sparing pour la découverte [18] Ceccaroni M, Clarizia R, Bruni F, et al. Nerve-sparing laparoscopic
des nerfs autonomes pelviens [18]. eradication of deep endometriosis with segmental rectal and para-
metrial resection: the Negrar method. A single-center, prospective,
clinical trial. Surg Endosc 2012;26(7):2029-45.
Références [19] Zanatta A, Rosin MM, Machado RL, et al. Laparoscopic dissection
and anatomy of sacral nerve roots and pelvic splanchnic nerves.
[1] Ercoli A, Delmas V, Fanfani F, et al. Terminologia Anatomica versus J Minim Invasive Gynecol 2014;21(6):982-3.
unofficial descriptions and nomenclature of the fasciae and liga- [20] Zaitouna M, Alsaid B, Diallo D, et al. Identification of the origin of
ments of the female pelvis: a dissection-based comparative study. adrenergic and cholinergic nerve fibers within the superior hypo-
Am J Obstet Gynecol 2005;193(4):1565-73. gastric plexus of the human fetus. J Anat 2013;223(1):14-21.

79
Chapitre 9
Bilan préthérapeutique
Pauline Verpillat, Sophie Delplanque, Pierre Collinet,
Chrystèle Rubod

PLAN DU C HAPITRE
Échographie pelvienne 81

Imagerie par résonance magnétique 86

Coloscanner 87

Entéro-IRM 89

Radiologie conventionnelle 89

Cystoscopie et endoscopie digestive 89

Bilan urodynamique préopératoire 89

Attentes du chirurgien à l’issue du bilan 90

Classifications de l’endométriose
en imagerie 93

Conclusion 93

Chirurgie de l’endométriose
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
9. Bilan préthérapeutique

Il est établi que le diagnostic d’endométriose pelvienne pro- Il s’agit d’une technique bien tolérée, non irradiante,
fonde (EPP) repose désormais sur un faisceau d’arguments accessible et contributive [5]. Sa sensibilité est meilleure
cliniques et paracliniques d’imagerie. Lorsque l’imagerie lorsqu’elle est réalisée par un échographiste référent [1] et
objective une endométriose sur des éléments caractéris- doit donc être renouvelée dans un centre expert en cas de
tiques et spécifiques (kyste et/ou lésions profondes), la forte suspicion avec échographie de 1re intention négative.
réalisation d’une cœlioscopie dans le seul but de confirmer L’échographie comporte plusieurs approches : abdomi-
le diagnostic n’est plus recommandée [1]. nale, pariétale et endovaginale.
La preuve histologique n’est donc plus nécessaire à la
mise en place d’un traitement médical ou à la décision de
prise en charge chirurgicale. Abord abdominal
Les deux techniques d’imagerie principales afin d’objec- Il doit comporter une étude rénale systématique à la
tiver des atteintes endométriosiques sont l’échographie et recherche d’une urétérohydronéphrose pouvant révéler
l’IRM pelvienne. une atteinte paramétriale, qui peut être sous-estimée par
voie vaginale. La prévalence de l’urétérohydronéphrose est
Recommandations estimée entre 3 et 4,4 % [6], et est le plus souvent asymp-
tomatique en raison de son installation progressive. Cette
Selon les recommandations pour la pratique cli- étude rénale doit être poursuivie de manière systématique
nique CNGOF-HAS 2018 [1] : tout le long du suivi (fig. 9.1).

les examens de 1re  intention à la recherche L’étude abdominale peut être complétée par une étude
d’une endométriose sont l’examen clinique et des parois vésicales et de l’espace vésico-utérin, l’échogra-
l’échographie pelvienne ; phie devant être idéalement réalisée vessie en réplétion ou

les examens de 2e  intention sont l’examen en semi-réplétion dans un premier temps.
clinique orienté par un clinicien référent, l’écho- L’analyse des structures digestives extrapelviennes peut
graphie endovaginale faite par un échographiste être réalisée de manière systématique ou de manière ciblée
référent, et l’IRM pelvienne. en fonction de la clinique à la recherche d’atteintes de la
région cæcoappendiculaire, des anses grêles, voire du cadre
Le radiologue possède néanmoins un arsenal d’examens colique (fig. 9.2).
pouvant compléter ou préciser ce bilan initial  : l’échogra- Enfin, orientée par la clinique, une étude pariétale
phie pelvienne de « second look », le coloscanner, l’écho- grâce à une sonde haute fréquence permet de mettre en
graphie endorectale, l’entéro-IRM, etc. Ces examens «  de évidence des localisations endométriosiques pariétales au
3e intention » sont utilisés de manière ciblée en fonction de sein du tissu mou graisseux sous-cutané et/ou au sein des
la clinique et parfois guidés par la prise en charge envisagée. masses musculaires et d’en préciser les rapports avec celles-
L’indication de recours à ces examens peut donc être posée ci (fig. 9.3). Elle peut être utilisée dans le cadre d’un bilan
de manière collégiale, éventuellement lors de réunion de préchirurgical afin de réaliser un repérage cutané.
concertation pluridisciplinaire.
Toutes ces techniques sont envisagées dans le cadre du
diagnostic et du schéma de prise en charge initiale mais Échographie endovaginale
servent également au suivi en cours de traitement médical
C’est l’abord de référence, réalisé en routine en mode 2D
ou au décours d’un traitement chirurgical, à la recherche de
avec possibilité de recours au doppler en cas de masse
récidive ou de complications postopératoires.
annexielle équivoque par exemple.
Les performances de l’échographie pour le diagnostic d’EPP
Échographie pelvienne augmentent avec l’expérience de l’opérateur [1]. Aucune
recommandation n’est proposée quant à la préparation préa-
L’échographie est la technique de 1re intention chez toute lable de ces patientes. Une préparation digestive par lavement
patiente douloureuse chronique, infertile ou suspecte clini- type Normacol® (phosphate monosodique dihydrate + phos­
quement d’endométriose pelvienne [2-4]. Chez les patientes phate disodique dodécahydrate) dans les heures précédant
douloureuses chroniques, il est recommandé de rechercher l’examen peut être proposée, améliorant la qualité de l’examen
une endométriose profonde en cas de douleurs à la défé- et notamment l’étude la paroi rectosigmoïdienne [7].
cation pendant les règles, de signes urinaires cycliques, de D’autres auteurs proposent de réaliser des lavements à
dyspareunies profondes ou d’infertilité associée. l’eau (rectosonographie) couplés à l’étude vaginale, technique
81
II. Environnement chirurgical

Fig. 9.1
Étude rénale systématique.
Dilatation pyélocalicielle (A) sur une atteinte paramétriale gauche, découverte en échographie (B – U : utérus). Réalisation d’une IRM
complémentaire en semi-urgence pour bilan lésionnel avant pose de sonde JJ. Lésion endométriosique paramétriale rétractile gauche
(flèches rouges) avec dilatation sus-jacente de l’uretère (flèche blanche), en plans sagittal (C) et coronal (D).

moins bien tolérée, mais hautement performante pour le • l’atteinte latérale paramétriale est d’étude difficile et peu
diagnostic d’endométriose rectosigmoïdienne (sensibilité [Se] décrite dans la littérature. Elle doit être suspectée devant une
entre 95 et 97 % et spécificité [Sp] entre 98 et 100 %) (fig. 9.4). atteinte du ligament utérosacré s’étendant latéralement ;
Les performances de cette technique sont au moins équiva- • l’atteinte digestive de l’endométriose est définie histo­
lentes, voire supérieures à celles de l’IRM pelvienne pour le logiquement par une atteinte au minimum de la musculeuse
diagnostic de l’endométriose dans cette localisation. digestive. La connaissance de l’anatomie de la paroi diges-
Enfin, la vaginosonographie (mise en place d’une solu- tive est donc essentielle. L’aspect hypoéchogène normal
tion liquidienne ou de gel dans le vagin afin de créer une de la musculeuse est alors remplacé par un épaississement
fenêtre acoustique entre la sonde endovaginale et les parois nodulaire anormal (cf. fig. 9.4). La Se de l’échographie trans-
vaginales déplissées) serait plus sensible que la voie vaginale vaginale pour la détection des atteintes rectosigmoïdiennes
seule pour l’étude des parois vaginales et de la cloison rec- est de 90 %, et la Sp de 96 % [10], sans valeur ajoutée de la
tovaginale [5]. voie transrectale [5] ;
Ces deux dernières techniques étant moins bien tolérées • la découverte d’une lésion kystique annexielle compa-
et de réalisation pratique moins aisée, elles peuvent être tible avec un endométriome doit faire rechercher des lésions
réservées à une étude dite de « second look » par un écho- d’EPP associées, d’autant plus que la valeur de l’échographie
graphiste référent. endovaginale pour le diagnostic d’endométriome est très
Quelques messages compartiment par compartiment : bonne avec des Se et Sp > 90 % (fig. 9.5) [11].
• trois méta-analyses rapportent une Se et une Sp concer- Des échographies dites de « second look » peuvent enfin
nant la détection de lésion d’EPP sur les ligaments utérosa- être proposées à l’issue du bilan IRM. En effet, il est parfois
crés de 53 à 64 % et 93 à 97 % respectivement [5,8,9] ; difficile de préciser la véracité d’une atteinte digestive non
82
9. Bilan préthérapeutique

Fig. 9.2
Double localisation endométriosique digestive.
Première lésion colique suspendue en fosse iliaque droite (A, C, E, flèches blanches) visualisée en échographie en sonde linéaire haute fréquence
par voie abdominale (A), seconde lésion située sur la paroi antérieure de la charnière rectosigmoïdenne (B, D, F ; flèches rouges), visualisée en
échographie par voie vaginale (B). Lésions confirmées et analysées en IRM pelvienne (C, D) et en coloscanner (E, F).

bourgeonnante limitée à la musculeuse en IRM et/ou en sique profonde pariétale avec atteinte au minimum de la
coloscanner. Une échographie ciblée par un échographiste musculeuse ou d’un accolement séreux superficiel (fig. 9.6) ?
référent après préparation digestive est alors indiquée si Ce type d’échographie avec ou sans balisage rectal à l’eau
l’atteinte digestive reste à préciser. Elle doit tenter de répon- peut également être réalisé au bloc opératoire en pré et/
dre à la question : s’agit-il d’une réelle atteinte endométrio- ou peropératoire afin d’évaluer la sévérité d’une atteinte,
83
II. Environnement chirurgical

Fig. 9.3
Atteinte endométriosique pariétale.
A. Masse endométriosique hypoéchogène enchâssée au sein du muscle grand droit gauche. B. Hypersignaux T1 hémorragiques au sein
de ce nodule en IRM.

(fig.  9.8). Elle trouve sa place en préopératoire en cas de


bilan restant discordant entre les données cliniques, écho-
graphiques et IRM concernant une atteinte digestive. Cet
examen permet en théorie une étude complète du recto-
sigmoïde. Elle apparaît ainsi pertinente pour rechercher une
atteinte digestive sigmoïdienne multifocale, et évaluer le
degré de sténose éventuel. Enfin, elle est intéressante pour
rechercher des atteintes lésionnelles pouvant compliquer
la prise en charge chirurgicale (maladies inflammatoires du
tube digestif, séquelles sphinctériennes obstétricales, etc.),
voire pour éliminer des diagnostics différentiels (tumeurs
colorectales).
L’échographie endovaginale est aussi, voire plus perfor-
Fig. 9.4 mante que l’échoendoscopie rectale pour diagnostiquer
Rectosonographie. une atteinte endométriosique rectosigmoïdienne [1].
Épaississement endométriosique de la charnière rectosigmoïdienne,
sous forme d’un épaississement nodulaire hypoéchogène (étoile),
envahissant la musculeuse hypoéchogène (flèche blanche) Sémiologie échographique
apparaissant épaissie, avec effraction au sein de la sous-muqueuse
hyperéchogène (flèche rouge). Pas d’effraction au sein de la lumière C’est la même quelle que soit la technique retenue :
digestive. LR : lumière rectale. • spots hyperéchogènes ou formations microkystiques
isolés ou au sein d’épaississement de nodules ou de masses
d’échogénicité variable dans les territoires sous-péritonéaux
d’affiner le choix du geste opératoire et éventuellement
spécifiques ;
d’apprécier le caractère complet de l’exérèse réalisée.
• kystes ovariens finement échogènes de manière homo-
gène volontiers multiples et bilatéraux.
Échographie endorectale Les signes indirects sont la perte d’un espace anato-
mique normal, les accolements des organes les uns aux
et échoendoscopie rectale autres et leur modification topographique. Le caractère
L’échographie endorectale était la première technique dynamique de l’échographique (constatation de la perte
utilisée à la recherche d’une EPP mais elle est aujourd’hui du mouvement des anses digestives, perte de la mobilité
abandonnée en pratique courante. Elle peut être excep- du cul-de-sac vésical à la pression de la sonde au sein du
tionnellement utilisée chez les patientes vierges avec forte cul-de-sac vaginal antérieur, perte de la mobilité de l’annexe
suspicion clinique d’EPP (fig. 9.7). à la pression abdominale concomitante à une échographie
Elle a été supplantée par l’échoendoscopie rectale, qui endovaginale, etc.) est une valeur ajoutée sémiologique par
reste cependant un examen peu accessible et mal toléré rapport à l’IRM. La seconde plus-value de l’échographie est
84
9. Bilan préthérapeutique

Fig. 9.5
Association endométriome(s) et endométriose pelvienne profonde (EPP).
Lésion d’EPP du torus avec envahissement digestif (flèches blanches) visible en échographie (A) et en IRM (C). Endométriomes bilatéraux
typiques en échographie (B) (caractère multiple avec contenu en fin piqueté échogène homogène avasculaire) présentant un hypersignal T1
hémorragique caractéristique en IRM (D).

le ciblage de la recherche, orientée par les douleurs provo- largement limitée en échographie. L’étude des paramètres,
quées au passage ou à la pression de la sonde. des lames sacro-recto-génito-pubiennes, de l’atteinte parié-
Quelle que soit la technique échographique choisie, tale et musculaire latérale jusqu’aux échancrures sciatiques
l’étude des compartiments latéraux et postérolatéraux reste reste du ressort de l’IRM.

Fig. 9.6
Doute sur l’atteinte digestive pariétale en IRM, épaississement de la musculeuse en échographie de « second look » avec préparation
digestive confirmant l’atteinte (B, flèche).
85
II. Environnement chirurgical

Fig. 9.8
Fig. 9.7 Bourgeon bleuté (flèche) en rectosigmoïdoscopie confirmant une
Image d’échographie endorectale avec visualisation de l’atteinte atteinte pariétale digestive.
de la musculeuse rectale.
tions, le risque cumulé de faux positifs et faux négatifs est
Points clés estimé à moins de 10  % pour les équipes expérimentées
[12]. L’IRM pelvienne peut être considérée comme une

L’échographie doit comporter au minimum technique diagnostique proche de la chirurgie pour le diag-
deux temps  : une étude abdominale, puis une nostic d’endométriome ovarien (Se et Sp > 90 %). Une IRM
étude endovaginale. pelvienne négative permet d’exclure des lésions d’EPP avec

Elle peut ensuite être complétée par une pré- une performance proche de la chirurgie. Cependant, une
paration digestive et une éventuelle opacification IRM pelvienne positive est moins performante que la chirur-
vaginale et/ou rectale à l’eau afin de préciser gie en raison du nombre de faux positifs d’environ 23 % [12].
l’extension dans la paroi digestive. L’IRM pelvienne ne permet pas un diagnostic satisfaisant

L’échographie est un examen très sensible pour des lésions d’endométriose superficielle. Elle est évidem-
la détection d’une endométriose du torus, des ment plus performante que l’échographie pour l’étude des
ligaments utérosacrés, de l’espace vésico-utérin ou compartiments latéraux (paramètres, lames sacro-recto-
de la charnière rectosigmoïdienne. génito-pubiennes, mésorectum, fascias pariétaux latéraux,

Elle reste néanmoins limitée pour l’étude des etc.) et permet d’étudier certaines localisations plus atypiques
compartiments latéraux. (foramens sacrés, échancrures sciatiques, masses musculaires,
etc.). De même, celle-ci permet de préciser les rapports entre
les localisations endométriosiques suspectées et certaines
structures requérant une attention particulière dans la prise
Imagerie par résonance en charge : uretères, méats urétéraux pour les atteintes anté-
magnétique rieures, nerf ischiatique, trajets des plexus hypogastriques, etc.
La majorité des IRM sont réalisées avec des aimants de
L’IRM pelvienne est l’examen de 2e  intention chez les 1,5 T, plus rarement sur à 3 T, avec des performances diag-
patientes cliniquement suspectes d’endométriose après nostiques équivalentes. Il n’existe pas de consensus inter-
une échographie endovaginale initiale de bonne qualité national sur le protocole de réalisation : date de réalisation
non contributive ou discordante dans le cadre d’un bilan par rapport au cycle, préparation digestive, opacification
diagnostic initial ou préopératoire. Cet examen est égale- digestive ou vaginale, voie d’abord intraveineuse, etc.
ment fréquemment réalisé dans le cadre d’un bilan d’hypo- La préparation digestive par un lavement simple type Nor-
fertilité avec suspicion d’endométriose. macol® (phosphate monosodique dihydrate + phosphate
Les performances de l’IRM pelvienne pour le diagnostic disodique dodécahydrate) est clairement recommandée
d’endométriose sont bonnes et ne sont plus à démontrer. par les radiologues experts. L’injection d’antipéristaltiques
Même si des différences existent entre les diverses localisa- intestinaux fait également partie du protocole standard.
86
9. Bilan préthérapeutique

L’injection de gadolinium reste une option en cas de doute :


caractérisation d’un kyste endométriosique suspect, sus-
picion de surinfection, caractérisation de lésions endomé-
triosiques complexes, etc.
Le balisage vaginal – réalisé de manière systématique ou
en cas de doute – permet de déplisser les parois vaginales
et rend l’analyse des culs-de-sac vaginaux plus aisée. Cepen-
dant, cela pourrait modifier les rapports anatomiques et
masquer de petits hypersignaux spontanés.
De même, l’opacification rectale, à l’eau ou au gel d’écho-
graphie, peut être réalisée de manière systématique ou
seulement de façon secondaire. Elle augmente l’inconfort
de la patiente mais peut apporter une aide à la lecture de
l’examen et permet au clinicien de relire plus facilement
l’examen lors d’une consultation par exemple grâce au « sur-
lignage » de la lésion par le produit de balisage. Cependant,
les arguments en défaveur de ce balisage sont le risque de
spasticité et de péristaltisme accru du côlon sus-jacent, et le Fig. 9.9
risque de moins bonne visibilité de signes de rétraction du Lésion d’endométriose pelvienne profonde nodulaire fibreuse
fait de la distension de la lumière digestive. rétractile du torus en IRM.
Lésion responsable d’une médialisation des deux ovaires, d’une
La sémiologie IRM correspond à la recherche d’implants extension au sein du paramètre gauche et d’une adénomyose
hémorragiques ou microkystiques péritonéaux, kystes ova- externe rétro-isthmique (flèche), siège de quelques formations
riens hémorragiques, épaississements, nodules et masses microkystiques en hypersignal T2 (dont certaines sont
hémorragiques en hypersignal T1, non montré).
pouvant envahir les organes de voisinage contenant ou pas
des microspots en hypersignal en T2 et/ou en T1. Les signes
indirects correspondent aux accolements des structures dédié pouvant être, en fonction des expertises locales et
pelviennes les unes aux autres (fig. 9.9). des localisations suspectées  : échographie endovaginale,
IRM pelvienne, échoendoscopie rectale ou coloscanner,
voire entéro-IRM (accord d’experts). Lorsque les examens
Synthèse des performances IRM/échographie de 1re  intention (échographie endovaginale et IRM pel-

L’IRM pelvienne est plus sensible (Se globale entre vienne) ne permettent pas de conclure sur l’envahissement
90 et 95 %) mais moins spécifique que l’échographie de la paroi colique par l’EPP, les examens recommandés en
pelvienne concernant l’endométriose pelvienne pro- 2e intention sont l’échoendoscopie rectale pour les locali-
fonde. sations rectosigmoïdiennes et le coloscanner pour les loca-

Une IRM pelvienne négative permet d’exclure la lisations coliques plus en amont [1].
maladie endométriosique profonde avec les mêmes La tomodensitométrie reste un examen irradiant et doit
performances que la chirurgie, ce que ne permet pas être utilisée avec parcimonie chez ces patientes jeunes. Elle
l’échographie endovaginale. est réalisée avec opacification colique à l’eau avec soit une

Une échographie endovaginale positive permet d’affir- acquisition sans injection complétée par une acquisition au
mer la présence d’atteinte endométriosique profonde
temps veineux de l’injection, soit une acquisition unique au
de façon aussi performante que la chirurgie, ce que
temps veineux afin de limiter les doses reçues.
ne permet pas l’IRM pelvienne en raison d’un certain
nombre de faux positifs [12]. Notre expérience montre que la réalisation préopéra-
toire d’un coloscanner permet de « rattraper » des localisa-
tions digestives suspendues coliques à distance de l’atteinte
principale.
Coloscanner À notre sens, cet examen trouve donc sa place dans trois
indications principales :
Afin de confirmer une atteinte digestive et d’en préciser ses • suspicion d’endométriose digestive avec bilan échogra-
caractéristiques (multi ou unifocalité, diamètres lésionnels, phique et IRM non contributifs (fig. 9.10) ;
profondeur de l’infiltration, hauteur de l’atteinte, caractère • lésion d’endométriose digestive dont les caractéristiques
sténosant, etc.), il est recommandé de réaliser un examen (étendue en hauteur, profondeur, caractère sténosant, etc.)
87
II. Environnement chirurgical

restent à préciser en préopératoire afin d’orienter la tech-


nique chirurgicale ;
• recherche préopératoire de multifocalité ou d’atteinte
digestive suspendue plus haute située sur le cadre colique
(fig. 9.11).
Certaines équipes proposent des « entéro-uro-coloscan-
ner » ou des coloscanners couplés à des temps excréteurs
tardifs d’uroscanner afin de compléter l’étude de l’ensemble
du cadre colique à l’étude urétérale. La réalisation de ce
type d’examen est bien sûr inconfortable pour la patiente
et les indications sont posées en réunion de concertation
multidisciplinaire.
Concernant les performances du coloscanner, celles-ci
apparaissent excellentes dans la littérature avec des valeurs
de Se et Sp de 98,7 et 100  % respectivement, une valeur
prédictive positive de 100 % et une valeur prédictive néga-
tive de 95,7 % [12]. Cependant, son réel apport par rapport
aux autres techniques de 1re ou 2e intention non irradiantes
reste discuté et en cours d’évaluation.
Fig. 9.10 Enfin, le scanner trouve évidemment sa place dans
Symptomatologie digestive chez une patiente présentant des toute exploration de complications postopératoires. Le
lésions d’endométriose pelvienne profonde sous-péritonéales radiologue doit connaître avec précision le geste réalisé afin
sans atteinte digestive rectosigmoïdienne basse. d’orienter au mieux sa recherche, voire de réaliser d’éven-
Coloscanner complémentaire révélant une lésion isolée suspendue
sigmoïdienne en fosse iliaque gauche (flèche), non retrouvée a
tuelles opacifications digestives ou urétérales à la recherche
posteriori sur l’IRM (limite de champ en axial avec mauvaise résolution). de fistules.

Fig. 9.11
Quadruple lésion digestive d’endométriose pelvienne profonde précisée en préopératoire sur un coloscanner.
88
9. Bilan préthérapeutique

Entéro-IRM ratoire. Elles peuvent être proposées en cas d’examens de


1re et 2e intentions non concluants ou pour préciser la dis-
Il s’agit d’une technique restant en cours d’évaluation, non tance d’une atteinte vésicale aux méats urétéraux, distance
irradiante et relativement bien tolérée, semblant intéres- pouvant être difficile à évaluer en cas de faible réplétion
sante pour l’exploration des lésions grêliques ou iléo-cæco- vésicale en IRM. Il s’agit en effet d’un élément important
appendiculaires (fig. 9.12). pour la stratégie chirurgicale.
La coloscopie n’est pas recommandée mais trouve sa
place en cas de doute diagnostique, notamment en cas
Radiologie conventionnelle de sténose digestive non typique d’une atteinte endomé-
triosique (atteinte circonférentielle non hémorragique
• L’hystérosalpingographie n’a pas sa place à proprement suspecte de cancer, atteinte inflammatoire étendue d’une
parler dans le bilan d’EPP, mais dans celui de l’hypofertilité, MICI – maladie inflammatoire chronique de l’intestin).
problématique conjointe au diagnostic d’EPP. Elle peut
retrouver des séquelles tubaires à type de salpingite isth-
mique nodulaire ou de possibles dilatations tubaires.
• Les opacifications digestives type lavement baryté peu- Bilan urodynamique
vent être utilisées avant fermeture de stomie ou contrôle préopératoire
de fistules digestives même si le scanner avec opacification
digestive trouve davantage sa place dans le diagnostic de ce Les symptômes fonctionnels urinaires sont fréquents. Les
type de complication. signes irritatifs sembleraient être associés à la présence
• Les urographies intraveineuses sont aujourd’hui rem- d’une endométriose de l’espace vésico-utérin alors que
placées par l’uroscanner. les troubles fonctionnels mictionnels (mauvaise vidange
• La cystographie rétrograde peut être utilisée après cys- vésicale, dysurie) objectivés lors du bilan urodynamique
tectomie partielle à la recherche et dans le suivi de fistules seraient plutôt associés à des lésions étendues et/ou bila-
vésicales. térales de compartiment postérieur par atteinte des nerfs
autonomes impliqués dans le fonctionnement de la vessie.
Il n’y a pas de recommandation pour la réalisation ou non
Cystoscopie et endoscopie d’un bilan urodynamique en préopératoire, cependant sa
digestive réalisation est intéressante en cas de symptômes urinaires
importants, préalables à la chirurgie. Il permettrait d’aider
La place des imageries endoscopiques reste limitée et réser- à déterminer la stratégie opérationnelle (nerve sparing)
vée exclusivement aux cas restant non clarifiés en préopé- en plus de différencier les dysfonctionnements urinaires

Fig. 9.12
Entéro-IRM.
Épaississement et accolement du bas-fond cæcal sur une lésion endométriosique annexielle droite (A, flèche) sur une séquence axiale T2.
Confirmation d’une lésion bourgeonnante endoluminale de la valvule iléocæcale en entéro-IRM (B, flèche).
89
II. Environnement chirurgical

préexistants des dysfonctionnements urinaires de novo, et de souffrance à type d’atrophie. Le bilan peut être complété
ainsi d’informer les patientes des risques fonctionnels uri- dans les meilleurs délais par une étude fonctionnelle par
naires post-chirurgicaux [13]. uroscanner ou uro-IRM, voire scintigraphie rénale afin de
quantifier la fonction résiduelle du rein. Quoi qu’il en soit,
une sonde de dérivation urinaire de type JJ ou de pyélos-
Attentes du chirurgien à l’issue tomie doit être posée dans un délai court afin de protéger
du bilan la fonction rénale, avant d’envisager un geste de prise en
charge chirurgicale plus complexe avec urétérolyse et éven-
tuellement réimplantation urétérale.
Identification des situations
urgentes nécessitant une prise
Atteinte iléocæcale ou grêlique
en charge médico-chirurgicale pré-occlusive
Il est impératif que le radiologue soit capable de recon- L’atteinte cæcoappendiculaire ne représente qu’environ
naître certaines situations nécessitant de rapprocher dans 2 à 3 % des atteintes digestives endométriosiques [14,15].
les meilleurs délais la patiente de son clinicien ou chirurgien Bien que rares, les lésions endométriosiques iléocæcales
référent, voire d’organiser une hospitalisation. sont essentielles à diagnostiquer car hautement à risque
Trois situations principales urgentes répondent à ces d’occlusion [16]. Il en est de même pour les localisations
critères. grêliques qui représentent entre 2 et 16  % des atteintes
endométriosiques, en particulier au niveau du grêle distal.
Atteinte paramétriale engainant (atteinte Les obstructions grêliques sur lésions endométriosiques
extrinsèque) ou envahissant (atteinte représentent environ 0,7 % des interventions chirurgicales
intrinsèque) l’uretère réalisées pour lésions endométriosiques [17] et l’endomé-
triose est la cause d’une occlusion grêlique distale dans 7 à
Ces deux types d’atteintes sont responsables d’une dilatation 23 % des cas [14]. Ces atteintes sont le plus souvent diffi-
de l’uretère sus-jacent ainsi que des cavités pyélocalicielles, ciles à diagnostiquer en échographie (éventuellement à la
pouvant s’installer de manière lente et asymptomatique. sonde haute fréquence par voie abdominale) et en IRM. Un
L’IRM doit à cet égard toujours comporter une séquence complément par entéro-IRM peut être envisagé en cas de
abdominale afin de visualiser les voies excrétrices urinaires symptomatologie digestive évocatrice ou d’atteintes diges-
et l’état du parenchyme rénal. Lors de la découverte d’une tives multifocales. Le coloscanner peut également préciser
telle atteinte, le rein peut déjà présenter ou non des signes une atteinte cæcoappendiculaire (fig. 9.13).

Fig. 9.13
Symptomatologie digestive chez une patiente aux antécédents de césarienne.
Échographie ne retrouvant pas d’argument pour des lésions d’endométriose pelvienne profonde. En IRM, suspicion de volumineuse lésion
d’endométriose de la valvule iléocæcale d’allure isolée (A, flèche) confirmée en coloscanner (B, flèche).
90
9. Bilan préthérapeutique

Infection d’un endométriome Atteintes latérales et postérolatérales


Il est connu que l’endométriose crée un environnement Une atteinte paramétriale proche (quelques millimètres) de
inflammatoire chronique en théorie aseptique. Les kystes l’uretère, même si celui-ci n’est pas engainé, peut conduire
endométriosiques se développant dans ce contexte peu- à la pose préopératoire d’une sonde urétérale afin de « bali-
vent être sujets à des épisodes d’infections spontanés ou ser » le trajet de l’uretère en projection d’une dissection
provoqués, en particulier dans un contexte de procréa- difficile. Le risque de plaie urétérale peut être amenuisé par
tion médicalement assistée avec ponction ovocytaire. la mise en place de sonde urétérale en préopératoire en cas
Cette surinfection modifie la sémiologie classique écho- d’atteintes latérales complexes en facilitant ainsi son repé-
graphique et IRM de ces endométriomes préexistants rage. La décision de réimplantation urétérale dépend de la
pour rejoindre celle des abcès tubo-ovariens. Lorsque les proximité, voire de l’envahissement de l’uretère.
lésions endométriosiques sont connues au préalable, le Le risque d’atonie vésicale est d’autant plus important
diagnostic doit chercher à distinguer une poussée d’endo- que l’atteinte est basse et postérieure par dissection des
métriose d’un réel épisode infectieux. La clinique et la plexus hypogastriques (atteinte du paravagin rétro-urétéral,
biologie ne sont en effet pas suffisantes pour distinguer descendant vers les lames recto-génito-pubiennes). Il est
ces deux entités (CRP [C Reactive Protein] élevée dans les donc indispensable d’informer la patiente de ce risque si un
deux cas). geste avec résection complète est envisagé.
Cette complication peut également survenir chez des Une lésion postérieure pararectale doit être également
patientes non connues jusqu’alors comme étant porteuses finement analysée, en particulier le contact voire l’envahisse­
d’endométriose. Il convient donc d’être attentif à cette ment des muscles postérieurs de la cavité pelvienne, ainsi
recherche conjointe lors du bilan initial, la prise en charge de que sa proximité avec les racines sacrées (fig. 9.14).
ces abcès pouvant être compliquée par la présence d’endo-
métriose associée (problème d’accessibilité aux ovaires en
cas d’adhérences en vue d’une ponction transvaginale, cloi-
sonnement sous-péritonéal, moindre efficacité de l’antibio-
thérapie, etc.).
L’échographie est souvent de réalisation difficile compte
tenu des douleurs provoquées, et montre des kystes endo-
métriosiques à parois épaissies anormalement vascularisées
en mode doppler. Une IRM complémentaire est indiquée
dans ce contexte avec réalisation de séquences complé-
mentaires de diffusion et de perfusion et séquence T1
injectée tardive.
Le scanner abdominopelvien avec injection peut per-
mettre d’envisager d’éventuels drainages percutanés.

Cartographie précise avec mesures


des atteintes Fig. 9.14
Lésion d’endométriose pelvienne profonde postérolatérale gauche.
La planification du geste chirurgical est essentielle au bon Extension vers les fascias pariétaux postérolatéraux et la grande
déroulement de l’intervention. Pour cela, le chirurgien doit échancrure ischiatique, venant au contact du nerf ischiatique
disposer à l’issue du bilan radiologique d’une cartographie gauche responsable de sciatalgies cataméniales (flèche).
la plus précise possible de l’ensemble des localisations sus-
pectées. Celui-ci peut ainsi mobiliser une équipe chirur-
gicale multidisciplinaire (chirurgiens digestifs, urologues,
Atteinte vésicale
neurochirurgiens, etc.). De même, il est nécessaire d’anticiper une atteinte vésicale
En particulier, il est nécessaire de fournir l’ensemble descendant sur le trigone vésical proche d’un ou des méats
des mensurations des différentes atteintes ainsi que la urétéraux, pouvant nécessiter un geste de réimplantation
distance séparant ces atteintes des structures pelviennes urétérale, en collaboration avec une équipe urologique
adjacentes. (fig. 9.15).
91
II. Environnement chirurgical

Fig. 9.15
Lésion d’endométriose pelvienne profonde sous-péritonéale antérieure descendant sur le trigone, au contact des méats urétérovésicaux.
Têtes de flèches : uretères.

Atteinte de la paroi musculaire charge complète (et non radicale) de l’endométriose en cas
antérieure de souhait de préservation de la fertilité et donc de l’utérus.
Les lésions endométriosiques résiduelles intramyométriales
Elle doit être mesurée avec soin et son extension en profon- sont sources de persistance de la symptomatologie et à
deur au sein du muscle précisée afin d’anticiper une chirur- risque de récidive (fig. 9.16 et 9.17).
gie pariétale complexe avec éventuelle pose de prothèse. Ces gestes complexes nécessitent le plus souvent la
mobilisation d’équipes chirurgicales spécialisées multidis-
Description de l’adénomyose externe ciplinaires, notamment en cas d’atteinte digestive étendue
Il s’agit d’un envahissement utérin myométrial ou isth- nécessitant une résection digestive (cf. infra).
mique par une lésion d’endométriose accolée à la séreuse À l’issue du bilan, le chirurgien doit donc pouvoir plani-
utérine au sein des espaces sous-péritonéaux antérieur et/ fier son geste opératoire et exposer à la patiente les risques
ou postérieur. Sa description, ainsi que celle de son exten- spécifiques à l’intervention proposée (atonie vésicale, pose
sion en hauteur et profondeur (atteinte ou non de la zone de stomie provisoire, etc.). Ces risques vont bien sûr peser
jonctionnelle), sont des éléments importants. En effet, une dans la balance bénéfice/risque présentée en préopératoire
adénomyose externe peut rendre impossible une prise en à la patiente.

Fig. 9.16
Lésion d’adénomyose externe postérieure venant infiltrer le myomètre de la région isthmique et corporéale postérieure en regard
d’une lésion d’endométriose pelvienne profonde du torus.
Formations microkystiques au sein de la lésion, visibles en échographie (A) et en IRM (B).
92
9. Bilan préthérapeutique

distance de la marge anale (± 8 cm) ? Dans ces cas, la pos-


sibilité d’une stomie de protection doit être évoquée avec
la patiente en préopératoire. Il est donc classique de mesu-
rer la distance séparant le pôle inférieur de la lésion de la
marge anale ;
• l’atteinte est-elle unique ou multiple afin d’assurer une
prise en charge complète si cette option thérapeutique est
celle retenue ? Dans ce cas, un coloscanner préopératoire
nous semble indiqué.

Classifications de l’endométriose
en imagerie
Aucune classification proposée de la sévérité de l’atteinte
endométriosique en imagerie n’est actuellement considérée
comme un gold standard et il appartient à chaque équipe
d’utiliser un langage commun de description convenant
à tous.
Plusieurs classifications existent néanmoins dont l’axe de
lecture diffère :
Fig. 9.17 • l’American society for reproductive medicine revised clas-
Adénomyose externe corporéale postérieure. sification of endometriosis restant un scoring chirurgical,
Bonne visualisation des spicules d’extension de la lésion dont les termes de description se rapprochent des termes
d’endométriose pelvienne profonde au sein du myomètre.
radiologiques, peu voire non utilisée en radiologie ;
• la classification d’Enzian revisitée en 2012, correspondant
de nouveau à score chirurgical. Il a cependant été montré
Cas particulier de l’atteinte digestive une bonne corrélation entre la classification d’Enzian adap-
Une description précise est nécessaire afin de planifier le tée à l’IRM versus la planification chirurgicale et les constata-
geste de résection et d’anticiper le risque de stomie de pro- tions peropératoires (avec confrontation histologique) avec
tection temporaire. un taux de faux négatifs de 4 %. Cette classification semble
Le type de geste chirurgical peut être anticipé en fonc- également mieux corrélée à la symptomatologie clinique ;
tion de la description de la lésion digestive endométrio- • une classification IRM des lésions d’endométriose pel-
sique. C’est pourquoi le radiologue doit être capable de vienne profonde dPEI (deep Pelvic Endometriosis Index) est
répondre à l’ensemble de ces questions à l’issue du bilan : en cours d’évaluation afin de prédire la survenue de compli-
• s’agit-il d’un envahissement de la paroi digestive impo- cations postopératoires après chirurgie d’une endométriose
sant un geste de résection ou d’une atteinte limitée à profonde [18].
la séreuse digestive qui, dans ce cas, peut être traitée par
shaving rectal ? Le recours à une échographie de « second
look » avec préparation digestive peut permettre de pré- Conclusion
ciser la profondeur de l’atteinte au sein des couches de la
paroi digestive en cas de doute persistant ; Le radiologue possède un arsenal d’examens qu’il doit savoir
• s’il s’agit d’une atteinte pariétale, quelles en sont ses déployer en fonction des différentes localisations suspec-
dimensions en hauteur et largeur ? Une atteinte localisée de tées et de la stratégie thérapeutique envisagée. L’échogra-
moins de 2 cm (1 cm de préférence) peut faire l’objet d’une phie endovaginale et l’IRM sont les deux examens réalisés
résection discoïde antérieure. Une atteinte sigmoïdienne en premier lieu devant toute suspicion d’endométriose pel-
étendue nécessite une résection segmentaire ; vienne profonde. Ces examens sont essentiellement à visée
• cette atteinte s’associe-t-elle à une atteinte vaginale en diagnostique afin de cartographier au mieux les différentes
regard nécessitant un geste d’ouverture vaginale ? L’atteinte localisations, mais aussi à visée fonctionnelle afin d’anticiper
est-elle située sur le bas rectum et, le cas échéant, à quelle certaines complications.
93
II. Environnement chirurgical

Les examens de 3e  intention (endoscopie, coloscanner, [8] Guerriero S, Ajossa S, Minguez JA, et  al. Accuracy of transvaginal
entéro-IRM, etc.) sont à réaliser au cas par cas en fonction ultrasound for diagnosis of deep endometriosis in uterosacral liga-
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des disponibilités et compétences locales et des doutes per- and meta-analysis. Ultrasound Obstet Gynecol 2015;46(5):534-45.
sistants à l’issue du bilan complet échographique et IRM. Le [9] Nisenblat V, Bossuyt PMM, Farquhar C, et al. Imaging modalities for
radiologue doit être capable, à l’issue du bilan, de réaliser une the non-invasive diagnosis of endometriosis. Cochrane Database
cartographie la plus complète possible, d’aider le chirurgien Syst Rev 2016;2:CD009591.
dans la planification de son geste et de repérer les situations [10] Nisenblat V, Prentice L, Bossuyt PMM, et  al. Combination of the
non-invasive tests for the diagnosis of endometriosis. Cochrane
urgentes et/ou à risque de complication opératoire.
Database Syst Rev 2016;7:CD012281.
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94
Chapitre 10
Apport de la rectosonographie
pour le chirurgien
Sophie Warembourg, Charles-André Philip, Gil Dubernard

PLAN DU C HAPITRE
Technique d’examen 96

Repères échographiques à connaître


pour le chirurgien 97

Descriptions échographiques des lésions


endométriosiques profondes postérieures 99

Conclusion 103

Chirurgie de l’endométriose
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
II. Environnement chirurgical

Les gynécologues ont l’habitude de dire que l’échographie mentaires et indispensables en préopératoire. Nous
endovaginale est la prolongation de l’examen clinique. Ceci tentons d’apporter les astuces pour permettre au lecteur
semble encore plus vrai pour l’endométriose où l’examen d’obtenir les données échographiques importantes en
clinique est souvent limité avec, dans le meilleur des cas, une préopératoire : hauteur de la lésion par rapport à la marge
lésion endométriosique bourgeonnante dans le cul-de-sac anale (lésion rectale et/ou sigmoïdienne), profondeur
vaginal postérieur après refoulement du col au spéculum. Plus d’infiltration dans la paroi digestive, pourcentage de la cir-
souvent, une induration sensible, élective et profonde est pal- conférence digestive infiltrée par l’endométriose, etc.
pée au toucher vaginal, correspondant à une infiltration des
ligaments utérosacrés (LUS) et/ou du torus uterinum. L’apport Principe
du toucher rectal apparaît également très limité, car les lésions
Rectosonographie =  échographie avec contraste
profondes postérieures se développent à partir du torus et/ou
intrarectal
des LUS et viennent infiltrer la paroi rectale de l’extérieur vers
L’échographie avec préparation digestive éven-
l’intérieur (avec une atteinte muqueuse exceptionnelle) et à
tuellement couplée au contraste intrarectal facilite
environ 10 cm de la marge anale, c’est-à-dire à bout de doigt.
Or, en tant que chirurgien, nous avons besoin d’informa- la mise en évidence des lésions endométriosiques
tions précises sur la topographie et la profondeur d’infiltra- profondes postérieures.
tion des atteintes endométriosiques, afin de programmer au
mieux l’intervention qui peut nécessiter une prise en charge Technique d’examen
multidisciplinaire. Ces données permettent également
d’informer la patiente sur la chirurgie proposée, ses moda- Le protocole est simple et bien toléré par les patientes et a
lités et ses complications éventuelles. Nous allons voir dans fait l’objet de plusieurs publications (fig. 10.1) [1-3] :
ce chapitre que l’échographie, couplée à l’examen clinique, • vessie en semi-réplétion ;
est un excellent examen pour répondre à ces questions et • administration par la patiente de solution rectale
qu’elle est parfaitement réalisable par tous chirurgiens ayant (Normacol® Lavement Unidose)  : phosphate disodique
une maîtrise minimale de l’échographie endovaginale. 10,4 g/130 mL + phosphate monosodique 23,66 g/130 mL,
L’objectif de ce chapitre n’est pas d’opposer l’échographie quelques heures avant la consultation (idéalement la veille
et l’IRM, qui sont deux examens parfaitement complé- au soir et le matin de l’examen) ;

Fig. 10.1
Illustration d’une procédure de rectosonographie.
© Cyrille Martinet.

96
10. Apport de la rectosonographie pour le chirurgien

• injection en début d’examen, en décubitus latéral, de


3 seringues (à embout conique) d’eau du robinet en intra-
rectal. L’eau n’est pas irritante et la préparation digestive
ayant eu lieu plusieurs heures avant l’examen, il est donc
exceptionnel que la patiente présente des «  spasmes  »
rectaux et des difficultés de continence. L’examen se réalise
donc dans des conditions normales pour le clinicien ;
• l’examen gynécologique (examen au spéculum +  tou-
cher vaginal [TV]), patiente en position gynécologique ;
• réalisation de l’échographie endovaginale classique peut Fig. 10.2
donc être réalisée éventuellement couplée à une acquisition Cloison rectovaginale (CRV) : couche hyperéchogène entre
3D en cas de lésions endométriosiques profondes digestive la paroi vaginale et la musculeuse rectale hypoéchogène.
ou vésicale.
• une couche hypoéchogène  : la muscularis mucosae,
très fine, correspondant à une fine couche musculaire sur
Repères échographiques laquelle repose la muqueuse ;
à connaître pour le chirurgien • une couche hyperéchogène directement au contact de
la lumière digestive (opacifiée par l’eau) : la muqueuse.
Cloison rectovaginale (CRV) À noter que la paroi rectale postérieure, au contact de
la concavité sacrée, garde toujours ces mêmes caracté-
Même si les lésions endométriosiques isolées de la CRV sont ristiques (image en « miroir »), même si elles sont moins
exceptionnelles, l’échographie doit débuter au niveau du ves- précises car plus à distance de la sonde (avec une réso-
tibule et remonter progressivement en direction du col utérin lution moins bonne). Il devient alors facile de comparer
en déplissant la paroi vaginale postérieure. La CRV apparaît l’aspect échographique de ces deux parois, et donc de
comme un fin liseré hyperéchogène (blanc) cerné de part et porter le diagnostic d’une endométriose rectale.
d’autre par deux liserés hypoéchogènes correspondant à la
paroi vaginale (directement au contact de la sonde) et, plus Remarque
en profondeur, à la musculeuse rectale (externe et interne),
souvent plus fine que la paroi vaginale (fig. 10.2). En connaissant ces repères anatomiques simples,
et avec un peu de pratique, cette échographie
Paroi rectale avec contraste permet d’éviter un certain nombre
d’échoendoscopies rectales [3]. En pratique, cet
Quatre couches sont identifiables (fig. 10.3), en partant de examen invasif devrait être réservé aux patientes
la CRV : ayant une récidive de la symptomatologie rectale
• une couche hypoéchogène  : la musculeuse externe et après chirurgie, notamment post-shaving ou en
interne (cf. supra). Parfois, les deux couches de la mus- cas de discordance entre l’intensité de la sympto-
culeuse sont identifiables à fort grossissement ; matologie digestive et la normalité du bilan d’ima-
• une couche hyperéchogène : la sous-muqueuse ; gerie (rectosonographie et IRM).

Fig. 10.3
Description de la paroi antérieure du rectum.
97
II. Environnement chirurgical

Localisation rectale ou sigmoïdienne • le haut rectum, qui débute au-dessus du cul-de-sac


vaginal postérieur, au niveau du repli pariétal rectal quand il
Il est capital de connaître la classification anatomique rec- est présent et se termine au niveau de la jonction rectosig-
tale qui divise le rectum en trois segments de 5 cm : moïdienne. Celle-ci apparaît en rectosonographie par une
• le bas rectum débutant au niveau de la marge anale, réduction du diamètre du rectum sur une portion intes-
incluant le canal anal (3 cm se terminant par le cap anal) et tinale qui devient mobile (fig. 10.4).
qui se prolonge jusqu’au tiers moyen du vagin ; À noter que l’IRM, surtout si elle est réalisée avec injec-
• le moyen rectum, au-dessus et se prolongeant jusqu’au tion d’eau dans le rectum en début de procédure, permet
niveau du cul-de-sac vaginal postérieur (10 cm environ par
de mesurer très précisément la hauteur de la lésion par
rapport à la marge anale). On retrouve assez fréquemment
rapport à la marge anale et ce de façon plus précise que
un repli pariétal rectal antérieur à ce niveau qui délimite la
l’échographie.
jonction moyen/haut rectum (fig. 10.4) ;

Fig. 10.4
Segmentation rectale : vue anatomique (A), IRM (B) et vue cœlioscopique (C, D).
© Dessins : Cyrille Martinet.

98
10. Apport de la rectosonographie pour le chirurgien

Points clés

La connaissance des repères anatomiques en
échographie est indispensable pour planifier la prise
en charge chirurgicale et bien informer les patientes.

Il faut retenir que les atteintes endométrio-
siques de la CRV sont exceptionnelles. Le plus
souvent, il s’agit de lésions du torus.

Concernant les atteintes rectales, il vaut mieux
préciser s’il s’agit de lésions du moyen, du haut
rectum et/ou de la jonction rectosigmoïdienne.

Descriptions échographiques Fig. 10.5


des lésions endométriosiques Nodule endométriosique du torus et/ou des ligaments utérosacrés.
Atteinte du ligament utérosacré sans infiltration digestive et vaginale
profondes postérieures (liseré graisseux hyperéchogène préservé qui cerne la lésion). Cette lésion
ne prend pas le doppler, il s’agit donc bien d’une lésion endométriosique
L’échographie endovaginale doit toujours être précédée : et non vasculaire rétro- ou latéro-utérine. Dans ce cas, l’absence de lésion
rectale et vaginale associée rend quasi nul le risque de stomie.
• d’un TV à la recherche d’une infiltration clinique du cul-
de-sac vaginal postérieur et/ou du torus et des LUS ; une structure vasculaire. Le diagnostic différentiel
• d’une exploration rénale à la recherche d’une urétéro­ est alors aisé si l’on réalise une acquisition en mode
hydronéphrose. doppler. La structure vasculaire, également hypo-
Les lésions endométriosiques apparaissent en échogra- échogène, a un signal doppler caractéristique.
phie sous forme de lésions hypoéchogènes.
Sur le plan chirurgical, l’exérèse des atteintes des LUS et/ou
Atteinte des ligaments utérosacrés du torus est un geste assez aisé à réaliser si elles n’infiltrent pas
et du torus le cul-de-sac vaginal postérieur et/ou la paroi antérieure du rec-
tum. Dans les atteintes isolées des LUS et/ou du torus, le risque
Ce sont les atteintes profondes les plus fréquentes et, para- de dérivation digestive transitoire est très faible, voire nul. En
doxalement, les plus difficiles à diagnostiquer [4]. Elles sont soit cas d’atteinte rectale associée (fig. 10.6), le risque de dérivation
isolées, soit développées à partir d’une zone d’adénomyose digestive transitoire augmente en raison de proximité de la
externe postérieure. Elles peuvent se prolonger en direction du paroi vaginale qui peut être endommagée lors des dissections
vagin et/ou de la CRV et/ou de la paroi antérieure du rectum. chirurgicales. Ce risque peut être estimé entre 30 et 50 % en
Les LUS, quand ils sont sains, sont habituellement peu ou fonction de la nature du geste digestif réalisé (shaving, résection
pas visibles en échographie. Afin de les repérer plus aisément discoïde ou segmentaire). Enfin, en cas d’atteinte en « mono-
en échographie, il est recommandé de réaliser un TV. L’extré- bloc » du torus, des LUS, du vagin et du rectum, la réalisation
mité de l’index réveille une zone sensible qui reproduit bien d’une dérivation digestive transitoire est quasi systématique.
souvent les dyspareunies profondes décrites par les patientes.
L’échographie endovaginale pratiquée immédiatement après Atteintes vaginales
l’examen clinique recherche, dans le territoire sensible, une
zone hypoéchogène cernée par une zone hyperéchogène Très rarement isolées, ces lésions sont le plus souvent secon-
correspondant au tissu graisseux rétrocervical (fig. 10.5). daires à des atteintes du torus et/ou des LUS. Comme pour
les atteintes des LUS et/ou du torus, le diagnostic repose
Remarque avant tout sur l’examen clinique. La lèvre antérieure du spé-
culum refoule la lèvre postérieure du col et déplisse ainsi le
À noter que ces lésions n’ont habituellement pas cul-de-sac vaginal postérieur. Les lésions, de taille variable,
de signal en doppler, bien qu’elles soient vas- peuvent prendre différents aspects : perte des replis muqueux
cularisées. Cette absence de signal s’explique vaginaux, lésion kystique gris sombre ayant grossièrement
par une sensibilité insuffisante des sondes endo- l’aspect d’une « perle de Tahiti », ou enfin lésion muqueuse
vaginales. Le diagnostic différentiel des lésions bourgeonnante. Elles ont toutes en commun d’être souvent
endométriosiques profondes hypoéchogènes est très sensibles à l’examen sous spéculum. Le TV réalisé avant
99
II. Environnement chirurgical

l’échographie semble essentiel pour évaluer la souplesse du souvent hétérogène (hyper et hypoéchogène) du cul-de-sac
cul-de-sac postérieur ou, au contraire, son infiltration par une vaginal postérieur, car pouvant contenir des lésions kystiques.
lésion d’endométriose profonde postérieure. En doppler, il n’y a habituellement pas de signal, les zones
En échographie, les atteintes vaginales apparaissent sous hypoéchogènes correspondant à des lésions endométrio-
forme d’un épaississement hypoéchogène mais en réalité siques kystiques, donc non vasculaires (fig. 10.7).

Fig. 10.6
Atteinte du torus se prolongeant vers la paroi antérieure du rectum qui est infiltrée.
La paroi vaginale paraît fine. L’atteinte du torus rétrocervical se prolonge en direction du rectum qui est infiltré jusqu’à la sous-muqueuse.
Le liseré graisseux hyperéchogène de la cloison rectovaginale est interrompu (ligne pointillée rouge), par la lésion profonde postérieure.

Fig. 10.7
Atteinte endométriosique isolée du cul-de-sac vaginal postérieur.
La paroi vaginale apparaît épaissie, hétérogène. Le liseré graisseux hyperéchogène, correspondant à la cloison rectovaginale, est préservé
en regard de l’atteinte vaginale. La paroi antérieure du rectum (bien visible grâce au contraste intrarectal) apparaît fine. Dans ce cas, le risque
de stomie apparaît donc très faible (< 20 %).
100
10. Apport de la rectosonographie pour le chirurgien

En cas d’atteinte vaginale, la présence d’une infiltra-


tion associée du rectum est l’élément le plus important
à évaluer en vue d’une chirurgie. En cas d’atteinte isolée
du vagin comme dans la figure 10.7, le plan de dissection
de la cloison rectovaginale est assez aisé à retrouver et le
risque de dérivation digestive transitoire faible (< 20 %). Ce
geste peut, dans certains cas, être réalisé par voie vaginale
exclusive. En cas d’infiltration vaginale et rectale, comme
dans la figure  10.8, la dérivation digestive sera alors quasi
systématique.
Fig. 10.8
Atteinte endométriosique vaginale et rectale concomitante.
Atteinte rectale et sigmoïdienne La paroi vaginale apparaît épaissie comme la paroi rectale. La cloison
rectovaginale, sur ce plan de coupe uniquement, apparaît préservée
Les données de la littérature semblent montrer une ten- mais hétérogène. Dans ce cas, le risque de stomie est voisin de 100 %.
dance en faveur l’échographie avec préparation digestive
et/ou de l’injection intrarectale dans le bilan des endomé- de ces pratiques avait d’ailleurs été évaluée dans les RPC
trioses rectosigmoïdiennes (tableau  10.1). La pertinence endométriose de 2018 [5].

Tableau 10.1. Comparaison des performances des différentes modalités d’échographie dans le diagnostic de l’endométriose
rectosigmoïdienne.
Série Sensibilité (%) Spécificité (%) Précision (%)
Échographie sans préparation digestive
Bazot (2004) [6] 87,2 96,8 93,7
Hudelist (2009) [7] 95,8 98 97,5
Fratellli (2013) [8] 66,3 95,7 82,4
Holland (2013) [9] 33,3 98,9 96
Hudelist (2011) [10] 90,3 99 96,9
Vimercati (2012) [11] 77,8 94,4 91,1
Bazot (2009) [12] 93,7 100 95,7
Exacoustos (2014) [13] 93,4 84,8 91,3
Piketty (2009) [14] 90,7 96,6 93,3
Savelli (2011) [15] 91,1 100 91,4
Saba (2012) [16] 73 86 NC
Échographie avec préparation digestive (lavement)
Abrao (2007) [17] 98,1 100 99
Goncalves (2010) [18] 98 100 98,7
Goncalvez (2021) [19] 96,2 98,5 NC
Échographie avec préparation digestive et contraste intrarectal
Valenzano Menada (2008) [20] 97,1 100 97,7
Maggiore (2017) [21] 92,7 97 94,8
Philip (2020) [1] 93,3 95,1 94,1
Barra (2020) [22] 70,3 96,6 81,8
Ferrero (2019) [23] 88,0 90,5 89,0
NC : non communiqué.
101
II. Environnement chirurgical

Fig. 10.9
Aspect en rectosonographie d’une lésion rectale (A), sigmoïdienne (B) et d’une double localisation rectale et sigmoïdienne (C).

Les atteintes digestives endométriosiques, si elles ne • la hauteur de la localisation (rectale ou sigmoïdienne) ;


sont pas les plus fréquentes, sont sans aucun doute les • la présence d’une atteinte vaginale associée ;
plus faciles à diagnostiquer. Comme l’ont démontré Riiskjar • la présence d’un sliding sign (signe du glissement) entre
et al., 87 % des lésions digestives se localisent au niveau du l’utérus et l’atteinte digestive [25].
rectum et de la partie basse du sigmoïde [24]. Ainsi, le diag- Nous avons déjà détaillé les deux premiers points pré-
nostic peut être réalisé par échographie, ce qui n’est pas le cédemment et ils conditionnent essentiellement le recours
cas des lésions plus haut situées. Ces lésions digestives sont à une dérivation digestive transitoire. Le sliding sign est un
multifocales dans environ 5 % des cas. En conséquence, la signe échographique très important. Seule l’échographie,
visualisation d’une lésion rectale doit toujours faire recher- par son caractère dynamique, permet, en mobilisant l’uté-
cher une seconde localisation plus haute située  : sigmoï- rus à l’aide de la sonde endovaginale, d’apprécier la mobilité
dienne, iléocæcale ou grêlique (par ordre de fréquence sigmoïdienne en regard.
décroissante). Pour ces deux dernières localisations, l’inter- • Le sliding sign est positif quand le sigmoïde glisse sur la
rogatoire permet d’en suspecter l’existence et l’entéro-IRM face postérieure de l’utérus. Cela signifie que le cul-de-sac
ou le coloscanner sont indispensables pour en confirmer rectovaginal n’est pas « gelé ».
le diagnostic. En échographie, les lésions endométriosiques • À l’inverse, il est dit négatif quand le sigmoïde est fixé à
digestives apparaissent toujours sous forme d’une zone la face postérieure de l’utérus. La mobilisation de l’utérus
plus ou moins étendue hypoéchogène infiltrant au mini- s’accompagne d’une mobilisation synchrone et dans la
mum la musculeuse digestive. Ces localisations bénéficient même direction que les mouvements du sigmoïde. Cette
le plus de la rectosonographie éventuellement couplée à observation doit faire redouter un comblement complet du
une acquisition 3D afin d’en affiner les caractéristiques. cul-de-sac rectovaginal.
Les localisations rectales, à la différence des lésions sig-
moïdiennes, se développent sur une portion fixe de l’intes- Points clés
tin. De fait, la lésion endométriosique s’étend en longueur,
en largeur et en épaisseur avec, dans certains cas, une pro- ■
Les lésions endométriosiques profondes appa-
trusion de la lésion en intraluminal (fig.  10.9). Le tableau raissent sous forme de lésions hypoéchogènes.
clinique est dominé par des dyschésies intenses et parfois ■
Toujours avoir à l’esprit la multifocalité des
un véritable syndrome rectal. Un syndrome subocclusif lésions, notamment au niveau digestif.
est plus rare. À l’inverse, une lésion de la jonction rectosig- ■
Le TV guide l’échographie, notamment pour le
moïdienne ou du sigmoïde se développe sur une portion diagnostic des atteintes des ligaments utérosacrés.
mobile de l’intestin, si bien que la lésion endométriosique, ■
Le caractère dynamique de l’échographie permet
en se développant, entraîne une rétraction de l’intestin clas- au chirurgien d’appréhender le geste opératoire,
siquement en « fer à cheval » (fig. 10.9). Le tableau clinique notamment en ce qui concerne les adhérences pos-
est dans ce cas dominé par un syndrome subocclusif, un térieures et le comblement du cul-de-sac postérieur.
météorisme et des douleurs moins marquées mais locali- ■
L’échographie permet dans la très grande majo-
sées en fosse iliaque gauche. rité des cas de préciser la profondeur de l’infiltra-
En préopératoire, trois points sont fondamentaux à pré- tion des lésions digestives de façon aussi précise
ciser et l’échographie couplée à l’examen clinique le permet que peut le faire l’échoendoscopie rectale sans les
aisément. Il s’agit de : contraintes de ce dernier examen.
102
10. Apport de la rectosonographie pour le chirurgien

Apport de l’acquisition 3D dans la caractérisation des endométrioses rectales


Les modes 3D couplés à la rectosonographie permettent dépasse rarement 3 cm3. Le volume d’une lésion rectale
de mieux caractériser ces atteintes endmétriosiques diges- peut également conditionner le type de geste digestif, à
tives [26]. L’acquisition triplanaire de base de la 3D permet savoir une résection discoïde versus une résection seg-
notamment d’obtenir une coupe axiale de l’intestin, c’est- mentaire digestive [28] ;
à-dire l’équivalent d’une coupe d’échoendoscopie rectale. ■
TUI (Tomographic Ultrasound Imaging) ou MSV (Multi
Nous pouvons ainsi mesurer précisément la circonférence Slice View), qui permet d’obtenir en échographie des
de l’atteinte qui, pour certaines équipes, conditionne le véritables coupes « scanner » millimétriques permettant
type de geste opératoire : shaving ou résection segmentaire ainsi de préciser la profondeur d’infiltration des lésions
[27]. À partir de cette acquisition triplanaire, les modes sui- digestives mais également les dimensions (hauteur
vants sont utilisables (fig. 10.10) : × largeur × épaisseur) ;

VOCAL (Volume Calculation), qui permet d’estimer de ■
Surfacic vue (reconstruction surfacique de la jonction
façon précise le volume d’une lésion endométriosique entre les structures liquides et solides), qui permet de
digestive. À la différence des lésions vésicales, longtemps réaliser de véritables coloscopies virtuelles et de préciser,
négligées et qui sont volumineuses lors du diagnostic, les grâce au contraste intrarectal, le pourcentage de sténose
lésions rectales et sigmoïdiennes sont plus précocement de la lumière digestive conditionnant également le
symptomatiques. Leur diagnostic est plus précoce et geste opératoire. En effet, c’est ce degré de sténose qui
leur volume, si l’on ne considère que l’atteinte digestive explique le syndrome subocclusif clinique et peut jus-
et non le torus souvent mesuré ensemble sur les IRM, tifier une résection segmentaire.

Fig. 10.10
Différents modes échographiques permettant de caractériser les lésions endométriosiques rectales.
A. Mode triplan : rendu de base d’une acquisition échographique 3D qui permet d’obtenir une coupe axiale correspondant à une image
d’échoendoscopie rectale. B. Mode Realistic View. C. Mode VOCAL (Volume Calculation). D. Mode TUI (Tomographic Ultrasound Imaging).

Conclusion et une aide précieuse pour guider la prise en charge théra-


peutique.
Avec une préparation digestive, l’injection de contraste Il nous apparaît qu’en combinant l’expertise clinique du
intrarectal et la connaissance de repères échographiques chirurgien et une exploration échographique idéalement
assez simples, l’échographie devient un examen d’expertise avec contraste intrarectal, il devient possible de prédire
103
II. Environnement chirurgical

avec une marge d’erreur très faible la nature exacte du [14] Piketty M, Chopin N, Dousset B, et  al. Preoperative work-up for
geste opératoire (résection segmentaire, discoïde ou sha- patients with deeply infiltrating endometriosis: transvaginal ultra-
sonography must definitely be the first-line imaging examination.
ving), ainsi que le risque de dérivation digestive. La courbe Hum Reprod Oxf Engl 2009;24(3):602-7.
d’apprentissage est brève. [15] Savelli L, Manuzzi L, Coe M, et al. Comparison of transvaginal sono-
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metriosis. Fertil Steril 2014;102(1):143-150.e2. Fertil Steril 2017;108(6):931-42.

104
Chapitre 11
Contribution des modèles
mathématiques
Anne Puchar, Clément Ferrier, Yohann Dabi, Cyril Touboul,
Sofiane Bendifallah, Émile Daraï

PLAN DU C HAPITRE
Modèles diagnostiques 106

Modèles de prédiction des risques


opératoires 107

Modelés prédictifs de fertilité 109

Conclusion 111

Chirurgie de l’endométriose
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
II. Environnement chirurgical

L’endométriose est une pathologie inflammatoire chro- que le « gold standard » diagnostique utilisé est la cœlio-
nique responsable de douleurs pelviennes dans plus de scopie. Cependant, le modèle souffre de faiblesses. Ses
80 % des cas avec pour conséquence une altération de la performances sont faibles chez les patientes ne présentant
qualité de vie physique, psychologique, sociale et profes- pas d’endométriome à l’échographie, pour lesquelles le
sionnelle [1]. Elle affecterait 10  % des femmes en âge de nomogramme a le plus d’intérêt. D’autres modèles prédic-
procréer [2], soit plus de 2,5 millions de femmes en France tifs diagnostiques reposant sur l’interrogatoire, sous forme
et sa prévalence atteint 25 à 50 % chez les femmes infertiles de questionnaires, sont actuellement en développement.
[3]. Par ailleurs, la corrélation entre la distance anogénitale, un
Devant cet enjeu de santé publique, le ministère de la indicateur clinique objectif, et la présence d’endométriose
Santé a annoncé en 2019 un plan d’action national per- a été mise en évidence dans plusieurs travaux [8-10]. Dans
mettant d’améliorer le diagnostic et la prise en charge de le futur, la création d’un algorithme diagnostique prédictif
l’endométriose. intégrant des indicateurs cliniques mesurables de façon
Les recommandations françaises HAS-CNGOF de 2017 objective et reproductible serait particulièrement utile en
mettent l’accent sur la nécessité d’une approche diagnos- pratique clinique.
tique pluriprofessionelle adaptée, ainsi que sur une prise Une équipe française a développé deux scores prédictifs
en charge spécialisée permettant de proposer à chaque de la sévérité de l’endométriose. En 2014, un score prédictif
patiente un parcours de soins optimal et des modalités de de la présence d’endométriose profonde (confirmé par
traitement individualisées [4-6]. cœlioscopie) chez des patientes présentant un endomé-
Avec la complexité croissante des données médicales triome a été décrit [11]. Ce score repose uniquement sur
disponibles et dans l’objectif d’une médecine personnalisée, des éléments d’interrogatoire (caractéristiques et intensité
l’utilisation de modèles de prédictions semble essentielle. des douleurs, présence d’une infertilité).
L’objectif de ce chapitre est de synthétiser l’apport des • Un score faible (<  13) définit un groupe à bas risque
modèles mathématiques dans le diagnostic et la prise en (probabilité d’endométriose profonde de 10  %) avec une
charge de l’endométriose. sensibilité de 95 %.
• En cas de score élevé (>  35), la probabilité d’endomé-
triose profonde est de 88 % (spécificité de 94 %).
En 2019, Chattot et al. ont publié un score, ENDORECT,
Modèles diagnostiques prédisant la présence d’une atteinte colorectale infiltrante
(avec atteinte de la musculeuse à l’anatomopathologie),
Les modèles prédictifs du diagnostic d’endométriose sont chez des patientes atteintes d’endométriose profonde
particulièrement intéressants du fait de la difficulté de postérieure ayant bénéficié d’un traitement chirurgical et
poser le diagnostic liée à la variabilité des présentations d’une résection complète de leurs lésions [12]. Les patientes
cliniques, à l’inconstance des signes cliniques et au carac- présentant une atteinte colorectale infiltrante ont bénéfi-
tère opérateur-dépendant des examens d’imagerie. Au- cié d’une résection colorectale segmentaire ou discoïde,
delà du diagnostic positif de la maladie, l’évaluation de la ou d’un shaving. Les critères indépendamment associés à
sévérité et de l’extension de l’endométriose reste difficile la présence d’une atteinte colorectale sont  : la palpation
en préopératoire, notamment en ce qui concerne l’atteinte d’un nodule postérieur aux touchers pelviens, la présence
digestive infiltrante. Or, l’identification préopératoire des de sang dans les selles, un score échographique UBESS
patientes qui nécessitent un geste chirurgical colorectal est (Ultrasound-Based Endometriosis Staging System) stade III, la
primordiale. En effet, en cas d’indication opératoire, la règle présence d’une infiltration colorectale à l’IRM.
reste la résection complète des lésions d’endométriose • Dans le groupe « haut risque » (score > 17), les patientes
profonde. Par ailleurs, le risque opératoire est étroitement ont une probabilité de 100  % d’atteinte colorectale, avec
lié à la réalisation de ces gestes. Correctement identifiées, une spécificité de 100 %.
ces patientes peuvent alors être adressées vers un centre • Dans le groupe « faible risque » (score < 7), les patientes
expert, bénéficier d’une information adaptée et éviter une ont une probabilité de 5 % d’atteinte colorectale (IC 95 % :
chirurgie incomplète. 1-22 %), avec une sensibilité de 100 %.
Récemment, une équipe chinoise a développé un Dans ces deux études, en validation interne sur des sous-
nomogramme prédictif de la présence d’endométriose groupes témoins de la cohorte, les scores sont performants.
chez des patientes infertiles, reposant sur l’interrogatoire, Ces scores semblent donc pertinents en pratique
l’examen clinique et l’échographie pelvienne (fig.  11.1 pour caractériser les patientes et individualiser leur prise
et 11.2) [7]. Cette approche est intéressante, d’autant plus en charge. Dans le cas d’ENDORECT, les patientes clas-
106
11. Contribution des modèles mathématiques

Fig. 11.1
Nomogramme prédictif de la présence d’endométriose peu importe le stade.
NB : normal bilatéral ; ODB : occlusion distale bilatérale ; ODU : occlusion distale unilatérale ; OPB : occlusion proximale bilatérale ;
OPU : occlusion proximale unilatérale.
© Guo Z, Feng P, Chen X, et al. Developing Preoperative Nomograms to Predict Any-Stage and Stage III-IV Endometriosis in Infertile Women. Front Med (Lausanne). 2020 ; 7 : 570483.

sées dans le groupe « haut risque » pourraient bénéficier définir un score prédisant un risque de complications, au
d’une prise en charge chirurgicale en centre expert. Celles maximum de 50 % pour le score le plus élevé. La faiblesse
classées en «  risque intermédiaire » pourraient bénéficier de ce score réside dans l’absence de corrélation entre le
d’une relecture de l’imagerie par un radiologue expert et/ score et la sévérité de la complication. Par ailleurs, les dys-
ou d’un complément d’imagerie (par échoendoscopie rec- uries postopératoires ne sont pas prises en compte dans les
tale notamment). Ces scores n’ont pas encore bénéficié de complications. Cependant, elles sont peu fréquentes dans
validations externes. les chirurgies de résection d’endométriose profonde sans
atteinte rectale (< 5 % des cas) (fig. 11.3).
• Le second permet de prédire le risque de dysurie post-
Modèles de prédiction opératoire après une chirurgie de résection d’endométriose
des risques opératoires profonde avec ou sans atteinte colorectale. Les facteurs
indépendamment associés au risque de dysurie sont l’âge,
Deux nomogrammes prédictifs de complications opéra- la présence d’une infiltration colorectale et le type de chi-
toires ont été développés à l’hôpital Tenon [13,14]. rurgie réalisée en cas d’atteinte (ce qui est représentatif de
• Le premier évalue le risque de complications post- la sévérité de l’atteinte), la nécessité d’une colpectomie ou
opératoires chez des patientes atteintes d’endométriose d’une paramétrectomie au cours de la chirurgie. Le risque
profonde sans atteinte colorectale. Les facteurs indépen- de dysurie varie alors de moins de 10 à plus de 80 % en fonc-
damment associés au risque de complications sont l’âge, tion du score calculé à l’aide du nomogramme (fig. 11.4).
l’antécédent de chirurgie pour endométriose, et le stade Par une meilleure évaluation du risque de morbidité
du score chirurgical Enzian. Le nomogramme permet de opératoire, ces deux modèles permettent d’améliorer
107
II. Environnement chirurgical

Fig. 11.2
Nomogramme de prédiction des stades III et IV d’endométriose.
© Guo Z, Feng P, Chen X, et al. Developing Preoperative Nomograms to Predict Any-Stage and Stage III-IV Endometriosis in Infertile Women. Front Med (Lausanne). 2020 ; 7 : 570483.

Fig. 11.3
Nomogramme de prédiction des complications postopératoires chez des patientes atteintes d’endométriose profonde sans atteinte
colorectale.
© Poupon C, Owen C, Arfi A, et al. Nomogram predicting the likelihood of complications after surgery for deep endometriosis without bowel involvement. Eur J Obstet Gynecol Reprod
Biol X. 2019 ; 3 : 100028.

108
11. Contribution des modèles mathématiques

Fig. 11.4
Nomogramme de prédiction du risque de dysurie postopératoire.
© Vesale E, Roman H, Abo C, et al. Predictive approach in managing voiding dysfunction after surgery for deep endometriosis : a personalized nomogram. Int Urogynecol J. 2021 ; 32 (5) : 1205-12.

l’information apportée aux patientes en préopératoire et • ainsi que les constatations peropératoires : la description
l’évaluation de la balance bénéfice/risque. des annexes (trompe, pavillon et ovaire codés de «  0 »  :
absent ou non fonctionnel à « 4 » : normal) et le score AFS
(American Fertility Society).
Modèles prédictifs de fertilité Le score EFI varie de 0 à 10, où « 0 » représente le plus
mauvais pronostic, et « 10 » le meilleur. Les patientes ayant
L’infertilité liée à l’endométriose est une pathologie un EFI supérieur ou égal à 7 ont une probabilité cumulée de
complexe sans recommandation clairement définie sur la plus de 60 % d’obtenir une grossesse spontanée à 36 mois
stratégie thérapeutique. Afin d’optimiser l’information des contre moins de 30 % pour celles ayant un EFI inférieur ou
couples et leur prise en charge, de nombreux modèles de égal à 4.
prédictions ont été développés. Ferrier et al. ont démontré, dans une étude coût/effica-
cité récemment publiée, l’intérêt du score EFI dans le choix
de la stratégie de prise en charge de l’infertilité [16]. En effet,
Indice de fertilité de l’endométriose la fécondation in vitro avec micro-injection intracytoplas-
(EFI) mique (FIV ICSI) immédiate est efficace mais associée à des
coûts importants pour le système de santé (rapport coût/
Le score EFI a été créé en 2009 par Adamson et Pasta afin efficacité incrémental comparant la FIV ICSI à la tentative de
de prédire la probabilité d’une grossesse spontanée chez conception spontanée pendant un an : 31 469 € par gros-
les patientes opérées d’une endométriose [15]. Créé sur sesse et 33 568 € par naissance vivante). Ainsi, les patientes
une base prospective de 579 patientes, puis validé sur une avec un score EFI de 9-10 pourraient être orientées vers une
population de 222 patientes, le score EFI prend en compte : tentative de conception spontanée tandis que les patientes
• les antécédents de la patiente : l’âge (≤ 35 ans, 36-39 ans, avec un mauvais pronostic de grossesse évalué par le score
≥ 40 ans), la durée d’infertilité (≤ ou > 3 ans) et l’existence EFI pourraient bénéficier d’une prise en charge en FIV ICSI
ou non d’une grossesse antérieure ; immédiate.
109
II. Environnement chirurgical

Fig. 11.5
Nomogramme de prédiction de grossesse après FIV-ICSI chez les patientes avec une endométriose.
AMH : Anti-Mullerian Hormone ; EP : endométriose profonde ; FIV : fécondation in vitro ; ICSI : Intracytoplasmic Sperm Injection.
© Ballester M, Oppenheimer A, d’Argent EM, et al. Nomogram to predict pregnancy rate after ICSI-IVF cycle in patients with endometriosis. Hum Reprod. 2012 ; 27 (2) : 451-6.

Nomogramme de prédiction Nomogramme de prédiction


du taux de grossesses après de naissances vivantes
FIV ICSI en cas d’endométriose après chirurgie de l’endométriose
(fig. 11.5) profonde sans atteinte digestive
En 2011, Ballester et al. ont développé un nomogramme (fig. 11.6)
permettant de prédire la probabilité individuelle de gros- En 2019, Arfi et  al. ont développé un nomogramme per-
sesse par assistance médicale à la procréation (AMP) mettant de prédire la probabilité de naissance vivante
chez les patientes présentant une endométriose avec une après une chirurgie pour une endométriose profonde
aire sous la courbe de 0,76 (IC  95  %  : 0,60-0,75) [17]. Ce sans atteinte digestive avec une aire sous la courbe de 0,84
nomogramme, développé sur une cohorte prospective (IC  95  %  : 0,82-0,86) [18]. Ce nomogramme, développé
de 94  patientes (141  cycles) et validé sur une cohorte sur une cohorte rétrospective de 118  patientes avec une
de 48  patientes (83  cycles), prend en compte l’âge de la endométriose profonde sans atteinte digestive qui avaient
patiente, la présence ou non d’une endométriose pro- un désir de grossesse, et validé à l’aide d’un bootstrap, prend
fonde, le taux d’hormone antimüllérienne (AMH) inférieur en compte l’âge, l’indice de masse corporelle inférieur ou
ou égal ou supérieur à 1  ng/mL ainsi que le nombre de supérieur à 25 kg/m2, le taux d’AMH inférieur ou égal ou
cycles FIV ICSI. supérieur à 1 ng/mL et le score Enzian.

110
11. Contribution des modèles mathématiques

Fig. 11.6
Nomogramme de prédiction de naissances vivantes après chirurgie de l’endométriose profonde sans atteinte digestive.
AMH : Anti-Mullerian Hormone ; IMC : indice de masse corporelle.
© Arfi A, Bendifallah S, Mathieu D’argent E, et al. Nomogram predicting the likelihood of live-birth rate after surgery for deep infiltrating endometriosis without bowel involvement in
women who wish to conceive : A retrospective study. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol. 2019 ; 235 : 81-7.

Nomogramme de prédiction Conclusion


de naissances vivantes
Le diagnostic de l’endométriose est complexe car cette
après chirurgie suivie d’une pathologie recouvre un large spectre de situations allant des
AMP en cas d’endométriose formes simples aux formes complexes, symptomatiques et
invalidantes. Cela implique un retard au diagnostic avec un
(fig. 11.7) délai médian de 8 ans pouvant atteindre jusqu’à 12 ans selon
En 2019, Benoit et al.ont développé un nomogramme per- certaines publications [20,21]. Cette errance diagnostique
mettant de prédire la probabilité de naissance vivante après entraîne un retard à la prise en charge pouvant notamment
une chirurgie pour une endométriose suivie d’une AMP impacter de façon définitive la fertilité de ces patientes.
(FIV ICSI) avec une aire sous la courbe de 0,77 (IC 95 % : 0,75- Dans ce contexte, il semble primordial de pouvoir mettre
0,79) [19]. Ce nomogramme, développé sur une cohorte en œuvre un dépistage précoce de la maladie s’appuyant
rétrospective de 297 patientes opérées d’une endométriose notamment sur des consultations dédiées, systématiques,
prises en charge en AMP et validé à l’aide d’un bootstrap, et des questionnaires diagnostiques permettant l’orienta-
prend en compte l’âge, la durée d’infertilité, la réserve tion rapide des patientes dans des parcours de soins spécia-
ovarienne (bonne/médiocre), le nombre de cycles en FIV- lisés. De plus, l’identification de variantes génétiques jouant
ICSI ainsi que le score rASRM (revised American Society for un rôle dans l’implantation et l’envahissement des tissus par
Reproductive Medicine). l’endomètre [22,23], ainsi que la modification épigénétique

111
II. Environnement chirurgical

Fig. 11.7
Nomogramme de prédiction de naissances vivantes après chirurgie suivie d’une aide médicale à la procréation en cas d’endométriose.
FIV : fécondation in vitro ; ICSI : Intracytoplasmic Sperm Injection ; rASRM : revised American Society for Reproductive Medicine (score).
© Benoit L, Boujenah J, Poncelet C, et al. Predicting the likelihood of a live birth for women with endometriosis-related infertility. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol. 2019 ; 242 : 56-62.

des fragments d’endomètre impliquée dans la pathogenèse soins optimal et des modalités de traitement indi-
de l’endométriose [21] ouvrent la voie à l’identification vidualisées.
d’un panel de biomarqueurs diagnostiques. En effet, dans ■
En cas de traitement chirurgical, l’exérèse
une étude récente, Moustafa et al. ont ainsi rapporté une complète des lésions est la règle. Le risque opé-
combinaison de différents mi-ARN permettant d’établir le ratoire est étroitement lié à la réalisation de ces
diagnostic d’endométriose avec une aire sous la courbe de gestes. Une meilleure évaluation de la morbidité
0,94 [24]. opératoire permet d’améliorer l’information
L’utilisation de scores prédictifs et notamment de apportée aux patientes et l’évaluation de la
nomogrammes offrant la possibilité de prédire de façon balance bénéfice/risque.
individuelle les complications chirurgicales et les chances ■
L’infertilité liée à l’endométriose est une patho-
de succès de grossesses et de naissances vivantes permet, logie complexe sans recommandation clairement
quant à elle, une information claire des patientes et pon- définie sur la stratégie thérapeutique. Afin d’opti-
dérée par la balance bénéfice/risque de chacune des prises miser la prise en charge, l’utilisation de nomo-
en charge, offrant la possibilité aux couples de prendre une grammes offrant la possibilité de prédire de façon
décision éclairée quant à la stratégie thérapeutique consi- individuelle les chances de succès de grossesses
dérant au mieux leur priorité. et de naissances vivantes permet aux couples de
prendre une décision éclairée quant à la stratégie
thérapeutique intégrant au mieux leur priorité.
Points clés

Le diagnostic de l’endométriose est complexe
car cette pathologie recouvre un large spectre de Références
situations, ce qui implique un retard au diagnostic
[1] Facchin F, Barbara G, Saita E, et  al. Impact of endometriosis on
avec un délai médian de 8 ans. quality of life and mental health: pelvic pain makes the difference.

L’utilisation de modèles de prédictions permet J Psychosom Obstet Gynaecol 2015;36(4):135-41.
de proposer à chaque patiente un parcours de [2] Giudice LC, Kao LC. Endometriosis. Lancet 2004;364(9447):1789-99.
112
11. Contribution des modèles mathématiques

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[13] Poupon C, Owen C, Arfi A, et  al. Nomogram predicting the [24] Moustafa S, Burn M, Mamillapalli R, et  al. Accurate diagnosis of
likelihood of complications after surgery for deep endometriosis endometriosis using serum microRNAs. Am J Obstet Gynecol
without bowel involvement. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol X 2020;223(4):557.e1-557.e11.
2019;3:100028.

113
Chapitre 12
Installation et voies d’abord
Thomas Hébert

PLAN DU C HAPITRE
Environnement chirurgical 115

Voies d’abord 116

Chirurgie de l’endométriose
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
12. Installation et voies d’abord

La chirurgie de l’endométriose peut aller de gestes simples, de l’établissement. À l’heure actuelle, la plupart des CLIN
en cas d’endométriose superficielle ou annexielle isolée, à de France ont banni la polyvidone iodée de la préparation
un enchaînement de gestes complexes, nécessitant une pour se concentrer sur des savons doux et les shampooings
prise en charge pluridisciplinaire. habituels des patientes.
Dans cet ouvrage, sont détaillés les différents types
de stratégie opératoires pouvant impliquer des gestes de
résection anastomose digestifs, urinaires, de libération des Bloc opératoire
nerfs pelviens, ou encore de chirurgie du diaphragme. En raison de la variété de gestes possibles dans la chirurgie
Dans tous les cas, la chirurgie de l’endométriose est une de l’endométriose, nous partons du principe de « qui peut
discipline laissant peu de place à l’improvisation. le plus peut le moins ».
Un manque de documentation préopératoire du cas Bien sûr, la vérification de la situation suivant la liste de
doit inviter à reporter la chirurgie afin de planifier le geste la Haute autorité de santé (HAS) est indispensable avant
mais aussi d’apporter une information complète à la toute chirurgie.
patiente sur les risques et les modalités de la chirurgie.
Ce chapitre a pour objectif de dresser un tableau général
des prérequis pour la réalisation d’une chirurgie de l’endo-
Salle opératoire
métriose dans les meilleures conditions possibles. Afin de permettre un déroulement satisfaisant de la chi-
rurgie, la salle doit être adaptée en taille, c’est-à-dire une
taille de bloc permettant la circulation du personnel et
Environnement chirurgical du matériel (colonnes de cœlioscopie, amplificateur de
fluorescence le cas échéant, etc.), et en équipement (écrans
Préparation à la chirurgie de rappel pour la chirurgie endoscopique, prises de fluides
[vide, oxygène], prises électriques en nombre suffisant).
Récupération améliorée après chirurgie La durée de la chirurgie doit avoir été anticipée et la salle
et pré-habilitation disponible pour une durée suffisamment longue afin de
réaliser la chirurgie dans de bonnes conditions et avec le
La chirurgie de l’endométriose, quelle qu’en soit la radica- moins de contraintes extérieures possibles.
lité, se prête parfaitement aux critères de la RAAC (récu-
pération améliorée après chirurgie) qui sont des principes
défendus par la société savante ERAS (Enhanced Recovery
Équipe médicale et paramédicale
After Surgery : https://erassociety.org) et mis à l’honneur en Cette chirurgie se déroulant sous anesthésie générale, une
francophonie par le groupe GRACE (Groupe francophone équipe complète d’anesthésie (MAR – médecin anesthé-
de réhabilitation améliorée après chirurgie  : https://www. siste-réanimateur –, IADE – infirmier anesthésiste diplômé
grace-asso.fr). Il est donc possible et pertinent de proposer d’État) doit être présente et disponible pour toute la durée
aux patientes de rentrer dans un parcours de RAAC pour de l’intervention.
leur chirurgie de l’endométriose. La communication MAR/chirurgien est indispensable.
Dans ce principe, la pré-habilitation, avec notamment la Les principes de la chirurgie doivent être clairs, notam-
suppression du tabac et de l’alcool dans la phase préopéra- ment les critères d’antibioprophylaxie, de thromboprophy-
toire, ainsi que l’introduction d’une activité physique régu- laxie et d’analgésie postopératoire immédiate (intérêt de
lière, est pertinente pour améliorer les suites opératoires. mise en place de protocoles, notamment dans le cadre de
la RAAC, et de favoriser l’analgésie multimodale).
Environnement et hospitalisation La disponibilité des chirurgiens pouvant être indispen-
sable au bon déroulement du geste doit être vérifiée (uro-
Dans le cadre de la RAAC et de la diminution capacitaire
logue, chirurgien digestif). Cet aspect doit avoir été discuté
des unités d’hospitalisation, une entrée dans le service en
préalablement en RCP (réunion de concertation pluridis-
J0 est envisageable voire, pour certaines interventions, la
ciplinaire).
réalisation de la chirurgie en ambulatoire.
Un IBODE (infirmier de bloc opératoire diplômé d’État)
instrumentiste est un atout qu’il ne faut pas négliger pour
Préparation cutanée et digestive ce type d’intervention.
La préparation cutanée doit suivre les recommandations du Un IBODE circulant, au point sur la technique prévue,
comité de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN) est indispensable au bon déroulement de l’intervention.
115
II. Environnement chirurgical

Un aide opératoire chevronné permet à l’opérateur de se Matériel


concentrer sur la chirurgie.
Du fait des gestes potentiels, il n’est pas exceptionnel d’avoir
des besoins spécifiques lors du déroulement d’une inter-
Conditionnement de la patiente vention pour endométriose.
La chirurgie se déroule sous anesthésie générale. Il convient donc de faire le point en préopératoire sur le
La ventilation se fait via une intubation orotrachéale. matériel nécessaire :
L’équipe d’anesthésie doit s’assurer de la qualité et du • instruments chirurgicaux standards (cœlioscopie, robot
nombre d’accès vasculaires nécessaire pour parer à toute ou laparotomie) ;
complication durant l’intervention. • matériel spécifique : clamps digestifs, pinces, agrafeuses
En cas de chirurgie endoscopique, avec assistance robo- automatiques circulaires endo-anales, linéaires, etc. ;
tique ou non, la patiente doit être positionnée en Trende- • cathéters et guides (sonde double  J, guides endosco-
lenburg, un dispositif antiglisse doit être mis en place et son piques, etc.) ;
efficacité est vérifiée avant la mise en place des champs • matériel pour les épreuves de perméabilité ou d’étan-
opératoires. chéité ;
Les bras sont positionnés le long du corps. • matériel de sutures nécessaire (types de fil, T’Lift®, tro-
carts spécifiques, écarteurs d’Alexis pour anastomose, etc.).
Nombre d’équipes utilisent différents dispositifs d’éner-
Devant la nécessité d’un accès au vagin et au rectum, une gies dites avancées telles que les ultrasons ou la thermofu-
installation en double abord est nécessaire.
sion. Ces instruments sont disponibles en chirurgie ouverte
mais aussi en chirurgie endoscopique, robot-assistée ou
non. Leur utilisation permet de diminuer les temps opéra-
La patiente est positionnée avec les fesses au bord de la toires et les saignements en optimisant la séquence coagu-
table, idéalement avec des jambières mobiles permettant lation/section.
la flexion des jambes en peropératoire de façon stérile
(fig. 12.1).
La chirurgie du diaphragme implique une installation
différente, éventuellement en décubitus latéral en fonction Voies d’abord
de la localisation des lésions. Sa prise en charge est détaillée
dans le chapitre 22. La chirurgie de l’endométriose profonde a beaucoup évo-
lué dans les 15 dernières années.
L’équipe de Tenon a publié en 2010 la première série
randomisée entre chirurgie ouverte et cœlioscopie pour la
prise en charge de l’endométriose digestive [1]. Les conclu-
sions de cet essai sont très largement en faveur de la voie
mini-invasive.
Cet essai a eu un fort écho puisqu’en 2015, une étude
observationnelle menée en France sur plus de 1 100 chi-
rurgies d’endométriose profonde postérieure, 90 % étaient
réalisées par voie mini-invasive (80 % cœlioscopiques et
10 % robot-assistées) et seulement 10 % par laparotomie
[2].
La chirurgie de l’endométriose se conçoit donc princi-
palement par voie mini-invasive. Les recommandations de
l’HAS pour la prise en charge de l’endométriose détaillent
précisément les stratégies chirurgicales [3].
Nous abordons successivement l’abord par laparotomie,
l’abord cœlioscopique et l’abord cœlioscopique robot-
assisté.
Fig. 12.1 Il existe toutefois des principes communs d’installation
Installation de la patiente. de la patiente et de la salle.
116
12. Installation et voies d’abord

Principes généraux d’installation CO2 intra-abdominale (hypertension artérielle pulmonaire


sévère) ou au Trendelenburg.
À la tête de la patiente se trouve l’équipe d’anesthésie avec Dans les principes de prise en charge anticipée de la
le respirateur et les dispositifs de monitorage. douleur, et principalement selon les principes de la RAAC,
L’accès aux fluides doit être facile de tous les côtés de la la réalisation préopératoire d’une anesthésie péridurale
patiente et l’installation des tuyaux et fils doit se faire sans thoracique basse permet de prévenir les douleurs post-
gêner la chirurgie. opératoires et améliore la reprise d’une mobilisation
Une lumière chirurgicale (scialytique) de qualité est rapide.
indispensable, avec une possibilité pour l’opérateur de la
régler.
Installation de la patiente
• La patiente est installée en décubitus dorsal.
Installation en double abord possible • Les bras sont laissés à la disponibilité de l’équipe d’anes-
(abdominal et périnéal) thésie.

Préparation technique de la patiente
• La patiente a les fesses au bord de la table (abord vaginal

Anesthésie générale et anus).

Curarisation • Les jambes sont idéalement disposées dans des jam-

Intubation orotrachéale bières.

Sondage urinaire à demeure • Un champage double abord (périnéal et abdominal) est

Abords vasculaires suffisants installé avec champage adapté (un champ double abord

Dispositifs de monitorage de l’anesthésie (curari- de type cœlioscopie gynécologique est aussi adapté à la
sation, BIS [index bispectral de l’électroencéphalo- laparotomie).
gramme], entropie)

Attention

Chirurgie par laparotomie (fig. 12.2) ■


Une antibiothérapie prophylactique est sou-
vent nécessaire et doit être adaptée aux germes de
Les rares indications de l’abord ouvert pour la réalisation
d’une chirurgie de l’endométriose sont bien sûr les atteintes la sphère gynécologique, digestive et urinaire.
pariétales, ou les rares contre-indications à l’insufflation de

Cette antibioprophylaxie doit faire l’objet d’une
discussion entre le médecin anesthésiste et le chi-
rurgien et, idéalement faire l’objet d’un protocole
de service.

Le type d’incision dépend du type de geste prévu (trans-


versale [fig. 12.3] ou médiane [fig. 12.4]).
Dans la mesure où la chirurgie est pelvienne la plupart
du temps, un opérateur droitier se place préférentiellement
à gauche de la patiente
L’aide est installé à droite de la patiente et l’instrumentiste
se place à côté de l’aide, en face de l’opérateur (cf. fig. 12.2).

Instruments
Le matériel nécessaire comprend :
• des valves abdominales ;
• les instruments chirurgicaux (pinces à disséquer, dissec-
teur, ciseaux, rétracteurs, etc.) de longueur adaptée ;
Fig. 12.2
• un dispositif d’écartement de la paroi (écarteur de Cott,
Proposition d’organisation de salle pour la chirurgie par
laparotomie.
cadre de Lorta ou peut-être préférentiellement écarteur
© Cyrille Martinet. d’Alexis) ;
117
II. Environnement chirurgical

• un bistouri électrique, nécessaire a ce type d’interven- Certains opérateurs apprécient de travailler avec des dis-
tion ; positifs d’énergie avancés type harmonique, bipolaire avec
• un dispositif d’aspiration. impédance, thermofusion.

Suites opératoires
Les suites de la chirurgie par laparotomie sont améliorées
en cas d’analgésie per et postopératoire respectant les prin-
cipes de la RAAC  : épargne morphinique, limitation des
drains et ablation précoce des sondes (notamment urinaire
et gastrique).
Une analgésie épidurale ou un TAP (Transverse Abdo-
minal Plane) block permettent souvent une mobilisa-
tion précoce et une réalimentation le jour même de la
chirurgie.
Les soins postopératoires après la sortie de salle de sur-
veillance post-interventionnelle (SSPI) se font la plupart du
temps dans un service de chirurgie et nécessitent rarement
de soins en unité de surveillance continue.

Chirurgie cœlioscopique
C’est la voie d’abord de référence aujourd’hui.
Fig. 12.3 Une colonne vidéo haute définition est recommandée
Laparotomie transversale basse de type Pfannenstiel. pour la pratique de la chirurgie de l’endométriose.
© Cyrille Martinet. Certains opérateurs apprécient l’utilisation de modalités
3D qui donnent l’impression de relief par l’utilisation de la
polarisation de l’image.
La possibilité d’imagerie dynamique grâce à la fluores-
cence du vert d’indocyanine est une aide précieuse dans
l’évaluation de la vascularisation d’éventuelles anastomoses
digestives ou de l’uretère. En cas de disponibilité, une telle
colonne vidéo peut être un atout pertinent.
L’utilisation d’un dispositif d’enregistrement vidéo est
souhaitable, à visée didactique, mais aussi afin de rediscuter
des cas en RCP le cas échéant.

Équipement de la salle (fig. 12.5)


La salle d’opération doit être équipée de la même manière
que pour une laparotomie.
On ajoute idéalement des écrans de bonne qualité et de
dimensions adaptées pour que l’ensemble des intervenants
aient une vue sur le champ opératoire.
Idéalement, l’aide qui est positionné entre les jambes a
un répétiteur à la tête de la patiente.
L’écran principal est positionné entre les jambes de la
Fig. 12.4
patiente pour l’aide et l’opérateur, dans l’axe, afin de limiter
Laparotomie médiane, sus et sous ombilicale.
les troubles musculosquelettiques induits par les mauvaises
© Cyrille Martinet. positions prolongées.
118
12. Installation et voies d’abord

lisation diaphragmatique doit faire l’objet de positionne­


ments différents ou de trocarts additionnels). Un exemple
est donné figure 12.6.
• Le positionnement des trocarts doit respecter le triangle
de sécurité et la capacité de triangulation par l’opérateur ;
il doit évidemment être adapté à la morphologie de la
patiente.
En cas de geste de résection digestive, un abord plus
large peut être nécessaire pour positionner l’enclume de
l’agrafeuse ; dans ce cas, un abord de type mini-Pfannenstiel
en sus-pubien permet de faire un accès discret.

Instruments
Ils comprennent, outre les pinces de cœlioscopie en 5 mm
standard (dissecteur endoscopique, pince plate fenêtrée,
pince à griffe, ciseaux, porte-aiguille) :
• une pince bipolaire ;
• une succion-irrigation.
Parfois, il est utile d’avoir recours aux d’énergies dites
Fig. 12.5 avancées telles que l’harmonique ou la thermofusion avec
Proposition d’organisation pour la salle de cœlioscopie. impédancemétrie. De nombreux fabricants proposent des
© Cyrille Martinet.
solutions à des coûts divers.
Installation de la patiente L’utilisation de trocarts à usage unique ou multiple est à
la discrétion des institutions et des opérateurs.
La préparation, le monitorage et les abords vasculaires sont Des dispositifs de fixation des organes peuvent être
superposables à ceux de la laparotomie. utiles, de type  T’Lift® ou simplement la fixation trans-
• Un dispositif antiglisse doit être envisagé.
• La patiente est installée en décubitus dorsal :
– les bras le long du corps,
– les fesses en limite de table (accès au vagin et à l’anus),
– les jambes dans les jambières.
• Un champage double voie est préparé.
• Un manipulateur utérin ou un dispositif d’exposition des
culs-de-sac vaginaux est éventuellement utilisé.
• Un Trendelenburg entre 25 et 30° est souvent nécessaire
pour avoir un accès satisfaisant au pelvis.

Positionnement des trocarts


L’abord abdominal se fait par la technique pratiquée par
l’opérateur (open cœlioscopie, aiguille de Veress, introduc-
tion directe).
Il est toutefois souhaitable de maîtriser plusieurs méthodes
afin de pouvoir adapter la technique aux conditions.
• La taille des trocarts repose essentiellement sur des
trocarts de 5 mm, avec toutefois la possibilité de position-
ner un trocart de 10 ou 12  mm pour passer les sacs, les
spécimens et éventuellement les dispositifs de plus gros
diamètre (agrafeuse). Fig. 12.6
• Le positionnement et le nombre des trocarts sont à la Exemple de placement de trocarts pour la cœlioscopie.
discrétion de l’opérateur et des zones opératoires (une loca- © Cyrille Martinet.

119
II. Environnement chirurgical

pariétale par un fil sur une aiguille droite  ; ils permettent des robots chirurgicaux commercialisés ou sur le point de
de mettre en tension les structures anatomiques (annexes, l’être en Europe.
côlon, utérus, etc.). L’utilisation de l’assistance robotique a été évaluée en
La réalisation d’une anastomose digestive à la pince termes de faisabilité dans une étude rétrospective multi-
automatique bénéficie grandement d’un abord de type centrique [4].
mini-Pfannenstiel avec un système d’occlusion. Un essai prospectif randomisé, l’essai LAROSE, a confirmé
L’utilisation d’un écarteur d’Alexis avec un bouchon la non-infériorité de la chirurgie robotique vis-à-vis de la
obturateur est très adaptée à cette stratégie (fig. 12.7). cœlioscopie classique [5].
Les instruments nécessaires à la réalisation des gestes L’usage de l’assistance robotique a pour objectif de faci-
de résection digestifs sont les agrafeuses endoscopiques liter la chirurgie mini-invasive et, par conséquent, de dimi-
idéalement articulées. nuer la part de la chirurgie par laparotomie.
Les agrafages se font à l’aide d’agrafeuses automatiques Les gestes de reconstructions complexes, notamment
circulaires endo-anales ou linéaires endoscopiques.
urinaires, sont grandement facilités.
La chirurgie en cas d’obésité est elle aussi moins sujette à
une laparoconversion [6].
Ces données ont été récemment conformées dans une
méta-analyse de l’assistance robotique dans la chirurgie de
l’endométriose profonde [7].
Il existe plusieurs types de robots chirurgicaux, chacun
avec des spécificités techniques propres.
Les schémas suivants correspondent à l’installation
d’un système avec chariot patient à 4 bras, type da Vinci®
de 4e  génération (modèle X ou Xi), dont les placements
de trocarts sont néanmoins adaptables aux modèles de
3e génération (modèle Si).

Équipement de la salle
Fig. 12.7 En dehors du robot chirurgical composé de 3  modules
Utilisation de l’écarteur d’Alexis pour une anastomose colorectale. (console opérateur, colonne vidéo et chariot patient,
fig. 12.8), le reste de la salle est en tout point superposable
à la salle de cœlioscopie.
Suites opératoires En fonction du modèle de robot, le chariot patient vient
La chirurgie mini-invasive se prête particulièrement à la réa- soit latéralement (modèle Xi, fig.  12.9), soit en biais par
lisation d’une prise en charge selon les critères de la RAAC.
Les suites se déroulent donc la plupart du temps en service
de chirurgie.
Les drainages et l’ablation de tous les éventuels drainages
(sonde urinaire principalement) et des perfusions sont
réalisés en postopératoire immédiat (on garde souvent un
accès vasculaire obturé par sécurité).
La patiente doit se mobiliser rapidement après son
retour en chambre ; de même, la reprise de l’alimentation
se fait sans délais.

Chirurgie robot-assistée
La voie d’abord mini-invasive avec assistance robotique est
vouée au développement du fait du nombre croissant de
systèmes installés et de l’émergence de nouveaux acteurs Fig. 12.8
de la chirurgie robotique. En 2021, au moins 5 sociétés ont Installation du robot pour une endométriose diaphragmatique.
120
12. Installation et voies d’abord

Afin de profiter des 4 bras du robot et donc de certains


avantages d’exposition, 4 trocarts de 8 mm sont position-
nés en ligne au niveau de l’ombilic (fig. 12.10). L’écart sera de
8 à 6 cm entre chaque trocart, selon les recommandations
du constructeur.
L’objectif du positionnement des trocarts robotiques est
d’éviter les conflits internes ou externes des instruments ou
des bras robotisés.

Instruments
L’utilisation du robot donne accès à un certain nombre de
dispositifs équivalents au monde de la cœlioscopie mais
dont l’articulation augmente l’efficacité.
Classiquement, les instruments nécessaires à une chirur-
gie sont :
• des ciseaux monopolaires ;
• une pince fenêtrée bipolaire ou Maryland® ou Forced
bipolar® ;
• une pince de préhension type prograsp ;
• un porte-aiguille.
En ce qui concerne les éventuelles énergies avancées, il
existe :
• la thermofusion avec lame ;
• l’harmonique ;
• la thermofusion avec autocoupe.
Fig. 12.9
En ce qui concerne les dispositifs d’agrafage endosco-
Proposition d’organisation de salle d’opération avec système
robotique.
pique, les robots de 4e génération sont équipés d’agrafeuses
© Cyrille Martinet.

la hanche, soit de gauche soit de droite en fonction des


conditions de la salle, et des mains dominantes de l’opéra-
teur (modèle Si ou X).

Installation de la patiente
L’installation et la préparation de la patiente sont en tous
points superposables à celles de la chirurgie cœlioscopique.
Le chariot patient du robot est positionné de façon à
préserver l’accès au périnée de la patiente.
Le Trendelenburg est mis en place avant l’arrimage du
robot.

Positionnement des trocarts


L’abord robotique implique un positionnement de trocarts
classiquement plus haut que lors d’un abord cœlioscopique
classique.
Le modèle Si fait l’objet d’un placement de trocarts qui
Fig. 12.10
a évolué au cours du temps  ; toutefois, aujourd’hui il est
Exemple de positionnement des trocarts pour la chirurgie
considéré comme acceptable de positionner les trocarts robotique sur un système de 4e génération.
comme avec les modèles de la série X (4e génération). © Cyrille Martinet.

121
II. Environnement chirurgical

automatiques intelligentes diminuant le risque d’anas- [2] Roman H. FRIENDS group (French coloRectal Infiltrating ENDome-
tomose incomplète et dont l’objectif est de diminuer le triosis Study group). A national snapshot of the surgical manage-
ment of deep infiltrating endometriosis of the rectum and colon in
risque de fistule.
France in 2015: A multicenter series of 1135 cases. J Gynecol Obstet
Les agrafeuses transanales sont les mêmes que celles Hum Reprod 2017;46(2):159-65.
utilisées pour la cœlioscopie. [3] Roman H, Ballester M, Loriau J, et al. [Strategies and surgical mana-
L’utilisation de la fluorescence permet d’évaluer la vas- gement of endometriosis: CNGOF-HAS Endometriosis Guidelines].
cularisation des tissus et est intégrée à tous les systèmes de Gynecol Obstet Fertil Senol 2018;46(3):326-30.
4e génération. [4] Collinet P, Leguevaque P, Neme RM, et  al. Robot-assisted laparo-
scopy for deep infiltrating endometriosis: international multicentric
retrospective study. Surg Endosc 2014;28(8):2474-9.
Suites opératoires [5] Soto E, Luu TH, Liu X, et  al. Laparoscopy vs. Robotic Surgery for
Elles sont similaires à celles de la cœlioscopie. Endometriosis (LAROSE): a multicenter, randomized, controlled
trial. Fertil Steril 2017;107(4). 996-1002.e3.
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References robotic hysterectomy in endometrial cancer patients with obesity:
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triosis: morbidity, symptoms, quality of life, and fertility. Ann Surg surgery in patients with diagnosis of endometriosis: a systematic
2010;251(6):1018-23. review and meta-analysis. J Robot Surg 2020;14(5):687-94.

122
Chapitre 13
Instrumentation, nouvelles
énergies et fluorescence
Pauline Chauvet

PLAN DU C HAPITRE
Instrumentation 124

Nouvelles énergies 126

Fluorescence 127

Chirurgie de l’endométriose
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
II. Environnement chirurgical

Instrumentation Différentes pinces cœlioscopiques


En voie cœlioscopique, qui représente la voie la plus cou- Elles permettent la préhension, la présentation, la traction des
rante pour la chirurgie de l’endométriose, les instruments tissus, mais aussi la dissection et éventuellement la coagula-
employés sont majoritairement des instruments «  clas- tion. Il existe plusieurs types de pinces, nous n’évoquons que
siques » utilisés pour toute chirurgie cœlioscopique. Nous celles souvent utilisées en chirurgie de l’endométriose.
soulignons toutefois dans ce chapitre les spécificités propres
à la chirurgie de l’endométriose. Pinces plates fenêtrées
Elles sont peu traumatiques mais tiennent peu les tissus. Elles
Optiques cœlioscopiques sont spécialement utilisables pour la manipulation des anses
intestinales, mais elles permettent une utilisation dans tous
Le plus souvent, un optique de 0° est utilisé dans la chirur- les gestes qui nécessitent de ne pas traumatiser les tissus.
gie de l’endométriose. Il faut toutefois souligner l’intérêt de
l’utilisation d’un optique de 30° lors de localisation spéci-
Pinces grip
fique (diaphragmatiques très postérieures notamment) où
le 30° peut apporter une véritable aide à la visualisation. Spécialement conçues pour la chirurgie endoscopique en
Les optiques spécifiques permettant la visualisation de gynécologie, elles sont considérées comme atraumatiques,
la fluorescence après injection d’ICG (vert d’indocyanine) mais sont d’excellentes pinces de traction car leur prise est
voient également leurs indications augmenter (cf. infra forte. Elles sont donc très utiles pour la traction des nodules
« Fluorescence »). d’endométriose, mais aussi lors de la réalisation de kystecto-
mie pour endométriome par la technique de dissection par
traction divergente.
Trocarts
Les trocarts utilisés sont le plus souvent standards, ils peu- Pinces à clip
vent être de 5, 10 et 12 mm (avec réducteur de 5 mm). La
Elles peuvent être réutilisables ou à usage unique. Les clips
taille des trocarts est conditionnée par le diamètre des ins-
sont le plus souvent en titane, mais il existe des pinces pour
truments utilisés, 5  mm le plus souvent pour les trocarts
les clips résorbables.
instrumentaux, mais parfois 10, voire 12  mm pour des
gestes ou instruments spécifiques (suture cœlioscopique
par exemple pour les gestes digestifs). Les trocarts sont Énergies
extrêmement importants car leur mise en place est res-
ponsable d’un grand nombre d’accidents. Ils doivent donc Mode bipolaire
être soigneusement choisis et positionnés. Pour les trocarts
L’énergie principale utilisée lors des cœlioscopies opéra-
de grande taille (10-12 mm), il ne faut pas oublier le risque
toires en gynécologie est depuis toujours l’énergie bipolaire.
de hernie postopératoire, et il faut donc penser à fermer
À l’opposé du mode monopolaire, la fermeture de la pince
l’aponévrose en regard de ceux-ci en fin de geste.
sur le tissu boucle le circuit électrique. Il existe plusieurs
formes d’extrémité de pince, par exemple la forme habi-
Ciseaux cœlioscopiques tuelle type Kleppinger, ou la pince RoBi® dont la forme
permet d’associer des mouvements de dissection. Plus
Ce sont des instruments microchirurgicaux assez fragiles. l’électrode est fine, plus la coagulation est précise, moins les
Il peut s’agir de ciseaux réutilisables car stérilisables, ou dégâts tissulaires périphériques sont importants et moins
de ciseaux à usage unique. Dans la chirurgie de l’endo- une puissance élevée est nécessaire. En pratique, lors de
métriose, il est important que les ciseaux fonctionnent l’utilisation de pince de bipolaire, il faut savoir qu’il existe un
parfaite­ment, avec des lames efficaces permettant une échauffement thermique important jusqu’à 1 cm de part et
section chirurgicale précise : en cas de réalisation de sha- d’autre de la pince.
ving rectal par exemple, il peut être parfois judicieux de
changer de ciseaux en cours de geste pour en avoir en
permanence des parfaitement efficaces, voire de pouvoir
Mode monopolaire
laisser « s’enfuir » le tissu sain entre les lames des ciseaux Ce mode impose la mise en place d’une électrode de retour
non fermés en totalité. correctement située. Suivant la nature du tissu, on peut
124
13. Instrumentation, nouvelles énergies et fluorescence

modifier les paramètres électriques utilisés. La façon d’uti- pour les cellules péritonéales, dans un contexte de prise en
liser l’énergie peut aussi, avec un courant donné, permettre charge chirurgicale où l’on cherche à minimiser le risque
de privilégier telle ou telle composante de l’effet électrique. adhérentiel postopératoire. Dans ce contexte, des données
Par exemple, si l’on souhaite obtenir une section des tis- de la littérature sur le sujet ont montré que l’utilisation d’un
sus, utile notamment pour délimiter une zone péritonéale, soluté isotonique est préférable.
il faut mettre en tension les tissus, activer le courant, puis
toucher le tissu. Au contraire, avec le même courant, pour
obtenir une coagulation, il faut relâcher les tissus, les tou- Canulation utérine
cher, puis activer le courant. Celle-ci tient une place très importante en chirurgie laparo-
scopique gynécologique. Elle permet de mobiliser l’utérus
en améliorant ainsi de manière considérable l’exposition de
Pinces à suture mécanique l’utérus, des annexes, mais aussi du cul-de-sac rectovaginal.
Elles sont utilisées lors de la réalisation de gestes spécifiques Dans la chirurgie de l’endométriose, la canulation utérine
tels que des gestes de résection digestive (cf. chapitre  8), doit être efficace sur le col et sur le fond utérin. L’utilisation
mais elles peuvent aussi servir lors des résections de nodule d’un hystéromètre, ou mieux d’une curette mousse, qui va
de coupole diaphragmatique (fig. 13.1) (cf. chapitre 22) [1]. permettre une bonne antéflexion de l’utérus en limitant
Ces pinces sont généralement rotatives avec poignée-pisto- le risque de perforation utérine, est souvent suffisante. De
let et linéaires (Endo-GIA™, Merlin™, ELC-Ethicon™). Leurs plus, cette méthode permet aussi de réaliser facilement
extrémités actives peuvent être de différentes longueurs. La un toucher vaginal pendant l’intervention. De nombreux
dimension de l’extrémité active ainsi que le choix de la taille autres systèmes peuvent être utilisés, tel que le système de
des agrafes dépendent du type de tissu à agrafer. Valtchev (qui permet la réalisation d’une épreuve au bleu
tubaire) voir le manipulateur utérin de Clermont-Ferrand
(fig.  13.2) (notamment si réalisation d’une hystérectomie
Systèmes de lavage-aspiration dans le même temps).

En cœlioscopie, le système de lavage-aspiration remplace


la compresse laparotomique. Un système de lavage-aspira- Instruments de pexie transitoire
tion doit être sur le site opératoire prêt à être utilisé pour
Nous pouvons citer les dispositifs de type T’Lift®, qui per-
toute chirurgie d’endométriose. Par ailleurs, le système de
mettent une suspension temporaire des ovaires par exem-
lavage peut aussi assurer d’autres rôles qui sont : la vision,
ple. Ils sont simples à mettre en place, et leur manipulation
l’hydrodissection, la protection des tissus, mais aussi
est probablement moins risquée que celle d’aiguille droite
l’hémostase (pour une eau chaude à 45 °C). Le liquide uti-
dans la cavité abdominale.
lisé pour le lavage doit être aussi peu agressif que possible

Sacs endoscopiques
Ils sont à utiliser pour toute extraction de pièce. Avant
leur utilisation systématique, des cas de greffes pariétales
d’endométriose ont été décrits, il faut donc les utiliser de
façon systématique.

Fig. 13.1
Utilisation d’une pince à suture mécanique au cours d’une Fig. 13.2
résection d’endométriose de diaphragme. Manipulateur utérin de Clermont-Ferrand.
125
II. Environnement chirurgical

Nouvelles énergies qui diminue le nombre d’éventuels changements d’instru-


ments à travers les trocarts, et la production de fumée, et
apporte donc une meilleure vision et une moindre toxicité
Thermofusion péritonéale [2,3]. De plus, l’effet obtenu est contrôlé par le
Le système LigaSure® fait partie des instruments «  multi- chirurgien qui ajuste la puissance du générateur, l’épaisseur
fonctions » qui permettent d’associer la coagulation et la de la prise, la pression des mors et le temps d’application.
section des tissus, et peuvent donc avoir un intérêt pour
faciliter la procédure, par exemple au niveau digestif lors de
la préparation du méso en vue d’une résection, ou lors de
Laser
la résection d’une pastille vaginale. Reposant sur la coagu- L’énergie laser est utilisée en médecine, et notamment en
lation bipolaire, ce système délivre un courant élevé (4 A) gynécologie, depuis de nombreuses années, dans la sphère
et un faible voltage : « 200 V ». L’élévation thermique asso- génitale basse (condylomes, dysplasie), mais aussi dans la
ciée à la force appliquée aux tissus par les mors de la pince chirurgie haute. Concernant la chirurgie de l’endométriose,
comprime le tissu ou les parois du vaisseau à coaguler, puis le laser CO2 peut être utilisé de plusieurs façons : en vapori-
le générateur arrête automatiquement de délivrer l’énergie sation, sur la surface péritonéale, de lésions d’endométriose
une fois la coagulation atteinte. Il existe des modèles avec superficielle, mais aussi en dissection dans le cadre d’endo-
lames incorporées pour sectionner le tissu après la coagu- métriose pelvienne profonde, en prêtant une attention
lation. Deux tailles de LigaSure® (5 et 10 mm de diamètre) particulière aux organes nobles adjacents (chirurgie à haut
sont disponibles pour la chirurgie cœlioscopique. risque de perforation digestive ou de blessure urétérale).
Dans les endométriomes, lorsque l’exérèse chirurgicale
complète est difficile, la paroi kystique peut également
Ultrasons être vaporisée au laser CO2. Lors d’une telle intervention,
L’énergie ultrasonore est utilisée pour réaliser la coagulation le risque de destruction du cortex ovarien et la réduction
et la section des tissus. Le principe repose sur le transfert conséquente de la réserve ovarienne doivent être pris en
aux tissus d’une haute fréquence de vibration induite par compte, mais ce risque semble nettement inférieur à celui
une lame vibrante qui est utilisée pour attraper le tissu de la coagulation bipolaire par exemple.
contre un mors non vibrant. Les températures atteintes
lors de la coagulation sont de l’ordre de 50 à 100 °C. Ces
procédés ultrasonores existent en modèles de 5 et 10 mm Plasma
de diamètre pour les dispositifs cœlioscopiques (fig. 13.3). L’utilisation du plasma en chirurgie repose l’utilisation de
L’utilisation de ce type de dispositif présente plusieurs plasma pur, qui est obtenu par excitation (ionisation) d’un
avantages par rapport aux systèmes classiques d’électro- faible débit de gaz argon (0,3-0,7 L/min). Le plasma est un
chirurgie : moindre dispersion d’énergie thermique aux tis- état instable dont l’action est limitée dans l’espace et qui
sus environnants avec donc un moindre risque de lésions libère son énergie sous trois formes  : lumière, chaleur et
de proximité, intérêt de l’outil multifonction avec l’asso- énergie cinétique.
ciation de l’action de coagulation et section des tissus, ce L’utilisation de l’énergie plasma en chirurgie gynécolo-
gique repose donc sur ses différents effets sur les tissus  :
section, ablation, coagulation et dissection. L’énergie plasma
est intéressante à utiliser en chirurgie gynécologique, et
notamment en chirurgie de l’endométriose en raison de
la faible dispersion de son effet thermique, aussi bien en
profondeur que latéralement. Ses propriétés sont aussi
très intéressantes pour la chirurgie des endométriomes,
notamment lors de kystectomies difficiles, pour limiter au
maximum toute lésion accidentelle d’une quantité variable
de parenchyme ovarien sous-jacent. L’énergie plasma peut
donc être utilisée pour réaliser le traitement ablatif de ces
Fig. 13.3 kystes, du fait d’une faible diffusion en profondeur de l’effet
Utilisation des ultrasons au cours d’une omentectomie thermique, ce qui semble réduire le risque de diminution
cœlioscopique. des follicules antraux.
126
13. Instrumentation, nouvelles énergies et fluorescence

L’énergie plasma peut aussi être utilisée en chirurgie de ■


Mais leur utilisation ne dispense pas d’une dis-
l’endométriose profonde, du fait de ses propriétés de sec- section soigneuse pour protéger les organes de
tion et d’ablation (énergie thermique), mais aussi de dis- voisinage.
section (énergie cinétique du jet de plasma).
Par exemple, lors du traitement chirurgical des nodules
rectovaginaux par shaving, l’énergie plasma a un intérêt Fluorescence
majeur du fait de l’absence de diffusion latérale de l’effet
thermique. La propriété d’ablation permet également le Le vert d’indocyanine est une molécule qui devient fluo-
traitement chirurgical des lésions d’endométriose non trans- rescente au contact de la lumière infrarouge. Celle-ci peut
fixiantes du diaphragme, et des endométriomes (fig. 13.4). être utilisée en chirurgie lors d’une injection par voie intra-
veineuse où, en quelques secondes, il permet la mise en
évidence la vascularisation sanguine. Injecté in situ dans un
organe, la fluorescence suit le trajet lymphatique de drai-
nage de l’organe d’intérêt.
Historiquement utilisé pour l’étude du débit cardiaque,
la mise en évidence de la vascularisation choroïdienne et la
mesure de la fonction hépatique, son utilisation s’est récem-
ment développée en chirurgie digestive notamment, pour
estimer la qualité de la vascularisation des anastomoses
colorectales [4]. En chirurgie gynécologique pelvienne,
de nombreuses études ont montré son utilisation dans la
technique du ganglion sentinelle pour les cancers endomé-
Fig. 13.4
triaux et cervicaux, remplaçant petit à petit les techniques
Exemple de l’utilisation d’énergie plasma dans le traitement
d’un endométriome de l’ovaire gauche.
historiquement utilisées, avec les marqueurs radioactifs
(technétium 99m) ou les colorants (bleu patenté, bleu de
méthylène).
En chirurgie d’endométriose, les applications d’utilisation
Thunderbeat de l’ICG sont nombreuses, et vont probablement continuer
Il s’agit d’un dispositif électrochirurgical dont la technologie à se développer.
allie l’énergie ultrasonique à l’énergie bipolaire. Il s’agit donc
d’un instrument de dissection et de coupe (énergie ultra-
sonique), ainsi que d’un instrument de scellement (énergie Modalités d’utilisation
bipolaire) pour les vaisseaux, réuni dans un seul appareil. Des doses, et des concentrations variables sont utilisées
L’appareil dispose également d’un système de contrôle de dans la littérature, mais le plus fréquemment, 25  mg
la température durant les dissections, qui lui permet de d’ICG présents dans le flacon sont dilués dans 10 mL de
s’interrompre automatiquement dès que la section des tis- solvant (fourni). Ensuite, un bolus de 0,2  mg/kg d’ICG
sus est terminée. dilué est injecté par voie intraveineuse. La fluorescence
apparaît rapidement, dans les 30 secondes à une minute
Points clés suivant l’injection. En cas de nécessité, un deuxième
bolus peut être injecté. Les cas de réaction allergique
au produit sont extrêmement rares (< 1/100 000 injec-
Instruments multifonctions
tions) [5].

Ils présentent un intérêt majeur et grandissant
dans la chirurgie de l’endométriose profonde.
Ils permettent de minimiser les changements
Applications

d’instruments, et donc d’optimiser l’enchaînement


des gestes chirurgicaux. L’utilisation de la fluorescence induite par l’ICG peut

Ils sont globalement sûrs, et peu dangereux. avoir des applications multiples en chirurgie de l’endo-

127
II. Environnement chirurgical

métriose. Par exemple, la fluorescence peut être utilisée


comme une aide à la visualisation des limites du nodule
[6-9].
En effet, l’endométriose profonde au niveau de sa loca-
lisation rectovaginale représente généralement un nodule
fibrotique solide. La fluorescence induite après injection
d’ICG pourrait faciliter la distinction entre les tissus vas-
cularisés sains et le nodule endométriosique fibrotique, et
donc moins fluorescent (fig. 13.5).
De plus, l’effet de l’ICG peut aussi être utilisé pour éva-
luer la vascularisation des organes adjacents infiltrés (vagin Fig. 13.5
et paroi rectale) (fig. 13.6). Utilisation de la fluorescence pour visualiser les limites d’un
Lors de la réalisation d’un shaving, l’utilisation de la fluo- nodule d’endométriose au contact du rectum.
rescence en fin de geste permet d’analyser de manière assez
objective la qualité de la vascularisation de la paroi rectale,
et ainsi de recherche une ou des zones fragilisées car dévas-
cularisées, donc potentiellement plus à risque de fistule
postopératoire (fig. 13.7) [10-12].
Une autre application potentielle est celle d’analyse de
la vascularisation urétérale, après une urétérolyse complexe
par exemple [13], ou après une suture urétérale [14] afin de
rechercher des zones moins bien vascularisées, à risque de
fistule postopératoire (fig. 13.8).
Nous travaillons également sur l’utilisation de la fluores-
cence en cas de kystectomie, pour analyser l’impact de la
chirurgie sur le parenchyme ovarien en termes de vascula-
Fig. 13.6
risation, et analyser un lien éventuel avec un impact sur la Fluorescence vaginale après résection d’un nodule.
réserve ovarienne et la fertilité ultérieure.
Au total, l’utilisation de l’ICG en chirurgie de l’endomé-
triose est facile et peu risquée. La fluorescence peropératoire d’utilisation vont probablement continuer à se développer
apporte une véritable aide au chirurgien, et les indications à l’avenir.

Fig. 13.7
Vérification de la fluorescence rectale après un shaving, avec une zone de fragilité visualisée en cœlioscopie standard correspondant à une
zone peu fluorescente en lumière infrarouge.

128
13. Instrumentation, nouvelles énergies et fluorescence

gaseous environment: An in vitro study. Surg Endosc 1998;12(8).


1017-9.
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Fig. 13.8
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Son utilisation est facile et peu risquée. [9] Aleksandrov A, Meshulam M, Smith AV, et  al. Fluorescence-gui-
ded management of deep endometriosis. Fertil Steril 2020;114(5):

La fluorescence peropératoire apporte une aide 1116-8.
au chirurgien, que ce soit dans le repérage des [10] Bar-Shavit Y, Jaillet L, Chauvet P, et al. Use of indocyanine green in
limites du nodule, mais également dans l’analyse endometriosis surgery. Fertil Steril 2018;109(6):1136-7.
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129
Chapitre 14
Soins périopératoires
Yohan Kerbage, Chrystèle Rubod

PLAN DU C HAPITRE
Bilan de réserve ovarienne et bilan
d’infertilité 131

Traitement hormonal préopératoire 131

Préparation digestive 131

Sondes urétérales 131

Drainage 132

Sondes vésicales 132

Barrières anti-adhérentielles 132

C Reactive Protein 132

Évaluation des résidus post-mictionnels 133

Traitement hormonal postopératoire 133

Remise en continuité 133

Chirurgie de l’endométriose
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
14. Soins périopératoires

La prise en charge chirurgicale est souvent multidiscipli- Point clé


naire. Les modalités de soins périopératoires développées
ici doivent être discutées conjointement avec les praticiens Il n’y a pas d’argument pour préconiser un traite-
intervenant dans la prise en charge de la patiente et adap- ment hormonal préopératoire.
tées au contexte chirurgical et aux gestes effectués.

Préparation digestive
Bilan de réserve ovarienne
Il n’existe pas dans la littérature d’étude ayant spécifique-
et bilan d’infertilité ment étudié l’impact d’une préparation digestive en cas
de résection digestive ou non, quelles qu’en soient les
Il est nécessaire d’étudier la réserve ovarienne (FSH [Follicle
modalités, dans le cadre de la chirurgie pour endométriose
Stimulating Hormone], œstradiol à J3, AMH [Anti-Mullerian
pelvienne profonde. Une préparation digestive peut être
Hormone] et compte folliculaire) pour envisager la pos-
réalisée par analogie à celles pratiquées en chirurgie colo-
sibilité d’une conception spontanée avant de planifier
rectale classique. Elle consiste alors en la réalisation d’un
la prise en charge chirurgicale. La qualité du sperme ainsi
régime sans résidus 5 jours avant l’intervention. La veille de
que la perméabilité tubaire doivent être étudiées dans ce
l’intervention, un laxatif osmotique et stimulant est admi-
contexte. Enfin, il est essentiel de s’assurer à l’avance qu’il
nistré par voie orale. En cas de persistance de selles colorées,
paraît raisonnable pour le couple de s’accorder un délai
un lavement laxatif par voie rectale est réalisé le matin du
de 6 à 18 mois après la chirurgie dans le but d’obtenir une
geste.
conception spontanée.
S’agissant spécifiquement de l’AMH, il s’agit d’un test
utile pour l’évaluation de la réserve ovarienne avant et après Point clé
le traitement chirurgical des kystes ovariens, notamment
des endométriomes. Par ailleurs, le dosage de l’AMH est Une préparation digestive préopératoire peut être
utile dans la prise en charge en préservation de la fertilité réalisée en cas de geste digestif programmé.
des patientes présentant une endométriose pelvienne
profonde. Le taux préopératoire d’AMH est utile dans la
décision d’opérer les patientes et de la mise en place d’une Sondes urétérales
procédure d’AMP (assistance médicale à la procréation)
en postopératoire. Le taux postopératoire d’AMH permet En l’absence de suspicion d’atteinte urétérale, les données
d’évaluer l’impact du traitement sur la réserve ovarienne. de la littérature sont insuffisantes pour recommander la
Dans ces indications, le dosage de l’AMH est préférable au pose ou non de sonde urétérale en préopératoire en vue de
compte folliculaire antraux [1]. diminuer le risque de lésions du bas uretère ou d’hydroné-
phrose. La mise en place de sonde JJ en préopératoire en cas
de suspicion d’endométriose urétérale n’a pas été évaluée
Point clé dans la littérature. Il n’y a pas de données permettant de
préciser le bénéfice ou la durée optimale de drainage vési-
L’évaluation de la réserve ovarienne, quelle qu’en cal et urétéral (sondes JJ) dans la chirurgie pour endomé-
soit la technique, peut être utile avant la prise triose urétérale. Cependant, La mise en place systématique
en charge chirurgicale d’endométriome chez les de sondes JJ permet, dans l’indication spécifique de la trans-
patientes en âge de procréer. plantation rénale, de diminuer significativement le taux de
fistules et sténose post-anastomotique [3].

Traitement hormonal En pratique


préopératoire
Les indications le plus souvent retenues de mises
Le traitement hormonal systématique avant chirurgie en en place de sonde  JJ en préopératoire d’une chi-
prévention des complications chirurgicales, de l’améliora- rurgie d’endométriose sont les atteintes intrin-
tion des conditions chirurgicales ou de la diminution du sèques de l’uretère, l’urétérohydronéphrose et les
taux récidive de l’endométriose n’est pas recommandé [2]. atteintes vésicales proches des méats urétéraux.
131
II. Environnement chirurgical

Drainage la seule étude ayant étudié spécifiquement l’un de ces dis-


positifs en cas de chirurgie pour endométriose [4] rendent
Il n’existe pas dans la littérature d’étude ayant spécifique- difficile l’élaboration de recommandations spécifiques.
ment étudié l’impact de la mise en place systématique d’un Une méta-analyse récente réalisée sur la prévention des
drainage (quel qu’il soit) en cas de geste uniquement gyné- adhérences postopératoires en chirurgie gynécologique
cologique mais aussi en cas de geste digestif ou urologique n’a pas mis en évidence d’intérêt à l’utilisation des barrières
complémentaire (quelles qu’en soient les modalités) en cas de anti-adhérentielles concernant la diminution des douleurs
chirurgie pour endométriose pelvienne profonde. La réalisa- postopératoires ou d’amélioration de la fertilité́ [5]. En l’état
tion de ce drainage (et ses modalités) est laissée à la discrétion actuel des connaissances, il n’est pas recommandé d’utiliser
des opérateurs en fonction des conditions peropératoires ces barrières après chirurgie en prévention des adhérences
(terrain, gestes réalisés, complications peropératoires, etc.), postopératoires.
mais n’est pas recommandée de manière systématique [2]. L’application de barrières anti-adhérentielles lors d’une
chirurgie abdominopelvienne avec anastomose digestive
(hors contexte d’endométriose) est un facteur de risque de
Point clé
complications postopératoires graves [6-8]. L’utilisation de
ces barrières anti-adhérentielles est donc proscrite en cas
Le drainage ne doit pas être systématiquement
de chirurgie abdominopelvienne pour endométriose pro-
réalisé en peropératoire.
fonde comportant une anastomose digestive [2].

Sondes vésicales Point clé

Il n’existe pas de données dans la littérature ayant évalué la L’utilisation de barrières anti-adhérentielles n’est
durée nécessaire de sondage vésical en l’absence de geste uré- pas recommandée en cas de réalisation d’une anas-
téral et/ou vésical. Dans ces conditions, l’ablation de la sonde tomose digestive en raison des risques de compli-
vésicale peut être réalisée en postopératoire immédiat. Cepen- cations graves.
dant, les gestes à risque de lésion des plexus hypogastriques
(résections digestives basses, résection de lésions importantes
des fosses pararectales et des ligaments utérosacrés) requièrent
un sondage à demeure pendant au moins 48 heures.
C Reactive Protein
En cas de geste vésical, les données de la littérature ne Il n’existe pas dans la littérature d’étude ayant évalué l’inté-
permettent pas de formuler de recommandation concer- rêt d’un dosage de la CRP en postopératoire en cas de geste
nant la durée de sondage vésical à demeure, la nécessité gynécologique et/ou de geste sur les voies urinaires. En cas
d’une cystographie rétrograde de contrôle avant l’ablation de réalisation d’un geste digestif complémentaire, le dosage
de la sonde à demeure ou l’évaluation du résidu post-mic- de la CRP a été évalué par 2  études. Scattarelli et  al. ont
tionnel après son ablation [2]. En pratique, la sonde vésicale identifié qu’un taux de CRP supérieur à 100 mg/L à J4 était
est laissée en place pendant 10 jours en postopératoire. prédictif de complications [9], tandis qu’une diminution de
la CRP de J1 à J3 était prédictive de l’absence de complica-
Points clés tion dans 92,1 % des cas dans l’étude de Riiskjær et al. [10].
Il existe par ailleurs des données sur le taux de CRP post-

La sonde vésicale est à laisser en place 48 heures opératoire en cas de résection colorectale dans d’autres
en cas de geste à risque de lésion des nerfs hypo- indications, notamment carcinologiques [11]. La CRP
gastriques. était dosée à J4, une valeur supérieure à 123  mg/L (après

Ce délai est de 10 jours en cas d’exérèse de lésion laparotomie) ou 56  mg/L (après geste cœlioscopique)
vésicale avec cystectomie partielle. était significativement prédictive de complications post-
opératoires anastomotiques (lâchage), mais aussi d’autres
complications infectieuses (abcès, infection de cathéter,
Barrières anti-adhérentielles pneumopathies, infections urinaires, colite à Clostridium,
etc.). D’autres études, avec un niveau de preuve inférieur,
La diversité des barrières anti-adhérentielles disponibles ont réalisé des dosages à une temporalité différente et ont
sur le marché ainsi que le niveau de preuve modeste de retrouvé des seuils de CRP prédictifs de complications
132
14. Soins périopératoires

légèrement différents [12,13]. Le dosage de la CRP semble La délivrance d’une pilule œstroprogestative postopé-
donc être un marqueur utile dans le cadre de la surveillance ratoire prévient le risque de récidive d’endométriome en
des complications postopératoires mais ne saurait se subs- postopératoire. Elle constitue le traitement de référence en
tituer totalement à l’évaluation clinique et/ou morpholo- l’absence de contre-indication et de désir de grossesse. La
gique de la patiente. prescription d’analogue de la GnRH (Gonadotropin Relea-
sing Hormone) en postopératoire dans le seul but de préve-
nir la récidive d’endométriome n’est pas recommandée [2].
Points clés

Le dosage de la CRP postopératoire est une Points clés
donnée utile.

Les seuils à retenir ainsi que la temporalité du ■
Le traitement hormonal postopératoire repose
dosage dépendent de la voie d’abord chirurgicale et sur les œstroprogestatifs ou le système intra-utérin
du type de complication que l’on souhaite prévenir. chez les patientes n’ayant pas de désir de grossesse.

La récidive d’endométriome est diminuée par la
prise d’une pilule œstroprogestative.
Évaluation des résidus
post-mictionnels Remise en continuité
Selon les séries publiées, la présence d’un résidu post-mic- En cas de chirurgie du bas rectum en contexte d’endomé-
tionnel (RPM) anormal est retrouvée dans 2,2 à 50 % des triose ou de résection rectale avec colpectomie en regard,
cas après chirurgie colorectale dans le cadre d’une endo- la réalisation d’une dérivation digestive temporaire (iléo­
métriose pelvienne profonde [14]. Cette complication est stomie ou colostomie) doit être discutée et la patiente doit
due majoritairement à la lésion des nerfs hypogastriques recevoir une information et une éducation préopératoire
inférieurs de manière uni ou bilatérale. La fréquence de sur- adaptée [2]. Il n’existe pas de données spécifiques concer-
venue de cette complication ainsi que les conséquences à nant le délai de remise en continuité. Celle-ci, par analogie
moyen et long terme (infection, insuffisance rénales) invi- avec la chirurgie colorectale classique, est réalisée à 4 à
tent à la réalisation de ces RPM de manière systématique 6 semaines de l’intervention après opacification par l’anus
après une chirurgie ayant comporté une exérèse de lésions ou la stomie en fonction du niveau de suture.
contiguës des plexus hypogastriques (ligaments utérosa-
crés, fosses pararectales, résection rectosigmoïdienne).
Point clé
Point clé La remise en continuité après dérivation diges-
tive est à réaliser 4 à 6 semaines après la chirurgie
Les résidus post-mictionnels doivent être évalués initiale après test d’opacification.
en cas d’exérèse d’une lésion d’endométriose
proche des plexus hypogastriques.
Références
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Évaluation des technologies de santé, juillet 2017.
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métriose  : recommandations pour la pratique clinique CNGOF-
Après chirurgie et en l’absence de désir de grossesse, un HAS (texte court) [Management of endometriosis: CNGOF-HAS
traitement hormonal par œstroprogestatif (en continu practice guidelines (short version)]. Gynecol Obstet Fertil Senol
dans le cadre de dysménorrhées postopératoires) ou sys- 2018;46(3):144-55.
[3] Wilson CH, Rix DA, Manas DM. Routine intraoperative ureteric
tème intra-utérin au lévonorgestrel 52 mg, en 1re intention,
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permet de diminuer le risque de récidive douloureuse de Rev 2013;6:CD004925.
l’endométriose et l’amélioration de la qualité de vie des [4] Mais V, Ajossa S, Marongiu D, et al. Reduction of adhesion refor-
femmes [2]. mation after laparoscopic endometriosis surgery: a randomized trial
133
II. Environnement chirurgical

with an oxidized regenerated cellulose absorbable barrier. Obstet [10] Riiskjær M, Forman A, Kesmodel US, et al. Diagnostic Value of Serial
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Rev 2020;3:CD000475. [11] Warschkow R, Tarantino I, Torzewski M, et al. Diagnostic accuracy
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luronic acid/carboxymethylcellulose powder adhesion barrier ver-
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dictor of postoperative infective complications following elective
barrier in abdominopelvic surgery of the intestine. Dis Colon Rectum
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trial of 0.5% ferric hyaluronate gel (Intergel) in the prevention of C-reactive protein for intraabdominal infections after colorectal
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tion for endometriosis: a diagnostic study. BJOG 2019;126(9):1176-82. Meta-analysis. J Minim Invasive Gynecol 2020;27(7). 1490-1502.e3.

134
Chapitre 15
Endométriose superficielle
Stéphane Ploteau

PLAN DU C HAPITRE
Exérèse chirurgicale 139

Électrocoagulation, vaporisation 139

Chirurgie de l’endométriose
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III. Techniques chirurgicales

L’endométriose péritonéale est une entité à part dont la L’endométriose a été confirmée dans 80 à 20 % des cas
physiopathologie, l’histologie et l’évolution sont différentes en présence d’opacités péritonéales blanchâtres, 81  % en
des lésions d’endométrioses ovariennes et profondes [1]. cas de lésions rouges, dans 67 % des lésions glandulaires,
L’endométriose superficielle peut être responsable de 50 % en cas d’adhérences périovariennes, 47 % en cas de
douleurs pelviennes et d’infertilité mais peut également patch jaune brun et 45 % en cas de défects péritonéaux.
être retrouvée chez des patientes asymptomatiques. La pré- Le plus souvent, en cas de lésions typiques, le diagnostic
valence des patientes asymptomatiques atteintes d’endo- histo­logique confirme l’endométriose dans 64 à 93 % des
métriose superficielle n’est pas connue de façon claire mais cas.
des lésions d’endométriose typiques sont retrouvées chez 5 Les lésions d’endométriose péritonéales peuvent être
à 10 % des femmes asymptomatiques et plus de 50 % des classées en lésions noires, rouges et blanches [9] :
femmes douloureuses et/ou infertiles. • les lésions noires sont évidentes et sans ambiguïtés. Elles
Le traitement laparoscopique des lésions d’endométriose résultent d’une rétention de pigment d’hémosidérine don-
superficielle est légitime en cas de douleurs pelviennes nant cette couleur caractéristique aux lésions. Sur le plan
puisque l’on a montré que leur destruction diminuait de histologique, elles se composent de glandes endométriales
façon significative les douleurs par rapport à la laparoscopie et de stroma (fig. 15.1) ;
diagnostique. Dans ce contexte, les techniques d’ablation et • les lésions rouges se présentent sous la forme de flam-
d’excision donnent des résultats équivalents en termes de mèches rouges, de lésions glandulaires, de zones pétéchiales
diminution des douleurs [2,3]. ou d’adhérences périovariennes. Elles sont considérées
Il est donc recommandé de traiter ces lésions quand elles comme les lésions les plus actives (fig. 15.2) ;
sont découvertes lors d’une laparoscopie réalisée dans le • les lésions blanches apparaissent sous forme d’opacifi-
cadre de douleurs abdominopelviennes, ceci réduit les dou- cations blanchâtres du péritoine, de patchs jaune brun, de
leurs à court et moyen terme. En revanche, il n’est pas recom- défects péritonéaux. Elles sont séquellaires.
mandé de les traiter chez les patientes asymptomatiques [4]. Certains auteurs ont montré que des lésions d’endomé-
Concernant le traitement des lésions superficielles chez triose non visibles pouvaient être retrouvées sur du péri-
les femmes infertiles, seules deux études méritent d’être toine d’apparence normale de femmes infertiles avec ou
retenues et toutes deux montrent que la laparoscopie opé- sans lésion d’endométriose visualisée. Plusieurs auteurs évo-
ratoire avec excision ou ablation des lésions et adhésiolyse quent ce concept de lésion non visible [10-13]. Néanmoins,
est supérieure à la laparoscopie diagnostique en termes il est peu probable que ces lésions soient cliniquement
d’augmentation du taux de grossesses [5,6]. symptomatiques.
Concernant le rôle des lésions asymptomatiques, il est Le traitement chirurgical des lésions péritonéales a trois
difficile de conclure en une évolution potentiellement principaux objectifs :
douloureuse chez ces patientes. L’endométriose superfi- • réduire la douleur ;
cielle est commune et sans signification clinique clairement • augmenter le potentiel de grossesse ;
identifiée. La possibilité qu’elles puissent évoluer vers des • éviter les récurrences.
lésions symptomatiques est incertaine et il n’est probable- Il peut être associé au traitement médical [7].
ment pas indiqué de les traiter d’autant plus que les risques
inhérents à cette chirurgie ne sont pas nuls en fonction des
localisations. Il n’est donc pas recommandé de traiter chi-
rurgicalement une endométriose péritonéale superficielle
asymptomatique surtout en cas de rapports intimes avec
des éléments nobles (uretères, rectum et sigmoïde, ovaires
chez une patiente nulligeste) car rien ne prouve qu’elle évo-
luera vers une maladie symptomatique [7].
L’expérience du chirurgien pour détecter ces lésions a
permis d’améliorer de façon significative la prise en charge
des patientes. Le diagnostic d’endométriose superficielle
pendant la cœlioscopie est souvent porté sur des lésions
typiques noires et bleues caractéristiques, mais il existe
d’autres lésions plus subtiles d’endométriose péritonéale
[8,9]. Ces lésions, fréquemment non pigmentées sont sou- Fig. 15.1
vent diagnostiquées par biopsies. Lésion noire.
138
15. Endométriose superficielle

Vaporisation à l’énergie plasma


Comme le laser CO2, les principales propriétés de l’énergie
plasma sont l’absence de diffusion latérale de la chaleur, la très
faible diffusion de la chaleur en profondeur et l’énergie ciné-
tique. Le plasma utilise du gaz argon qui est insufflé à très faible
débit (0,4 L/min). Les différentes propriétés de l’argon permet-
tent d’utiliser cette énergie pour la chirurgie de l’endométriose
superficielle mais également de l’endométriose profonde et
des endométriomes. L’énergie plasma permet de réduire la
diffusion de chaleur en profondeur, la perte du parenchyme
ovarien sain et de traiter l’ensemble des lésions d’endométriose,
conduisant à une amélioration des symptômes douloureux et
Fig. 15.2 des taux de grossesses postopératoires encourageants [15].
Lésion rouge. La vaporisation des lésions d’endométriose superficielle
à une distance d’environ 5 mm de la pièce à main permet
une ablation de celles-ci sous toutes leurs formes (rouges
Exérèse chirurgicale actives, bleutées et blanches cicatricielles) (fig.  15.3).
Comme le laser CO2, cette technique est particulièrement
Elle est réalisée à l’aide de ciseaux froids ou d’une autre éner- adaptée aux lésions d’endométriose superficielle diaphrag-
gie comme les ultrasons. La lésion est saisie avec une pince matique de moins de 1 cm et non transfixiantes. On utilise
et l’ablation de la lésion et du péritoine est effectuée. Autant toujours la propriété ablative de l’énergie plasma en pré-
que possible, une attention particulière est portée à l’excision servant le muscle diaphragme des perforations. Elle évite
de toute la lésion et qu’une marge suffisante est laissée entre aussi les contractions incessantes des fibres musculaires car
la lésion et le péritoine sain. Avec cette technique, l’excision l’énergie plasma n’est pas une énergie électrique.
du péritoine est assez importante en taille. On peut noter
que le risque d’adhérences induites par cette technique
semble plus élevé qu’avec la technique de vaporisation [14].

Électrocoagulation, vaporisation
Vaporisation au laser
Le laser CO2 est en général utilisé. Ses propriétés sont
l’absence de diffusion latérale de la chaleur et la très faible
diffusion de la chaleur en profondeur. Cette technique de
destruction des lésions est sûre et permet de contrôler au Fig. 15.3
mieux la profondeur de pénétration du laser. La puissance Vaporisation à l’énergie plasma d’une lésion péritonéale
requise est de l’ordre de 40-50 W et le mode continu est le prévésicale.
plus souvent utilisé.
En cas de lésion recouvrant des structures nobles Coagulation
comme les uretères, la vessie, le côlon ou les gros vaisseaux,
l’hydrodissection peut être réalisée en infiltrant du sérum La technique de destruction par coagulation des lésions
physiologique entre le péritoine et ces éléments nobles. avec une pince bipolaire est possible, mais elle a deux
Ceci permet d’assurer une vaporisation des lésions dans de inconvénients :
bonnes conditions sans endommager ces éléments. Cette • tout d’abord, le dommage thermique apparaît plus
technique permet une destruction avec une précision important qu’avec le laser CO2 ;
de 100 à 200 µm, ce qui est très précis et limite significa- • ensuite, la destruction des lésions péritonéales n’est pas
tivement la profondeur de pénétration. Cette technique toujours certaine et totale.
est particulièrement adaptée aux lésions d’endométriose La récidive des lésions semble possible, voire plus fré-
superficielle diaphragmatique. quente [14].
139
III. Techniques chirurgicales

Points clés of pelvic pain associated with minimal, mild, and moderate endo-
metriosis. Fertil Steril 1994;62(4):696-700.
[4] Ploteau S, Merlot B, Roman H, et al. [Minimal and mild endometrio-

Le traitement chirurgical des lésions d’endomé- sis: Impact of the laparoscopic surgery on pelvic pain and fertility.
triose superficielle réduit les douleurs associées aux CNGOF-HAS Endometriosis Guidelines]. Gynecol Obstet Fertil
lésions d’endométriose superficielle. Les techniques Senol 2018;46(3):273-7.
d’ablation et d’excision péritonéale des lésions [5] Marcoux S, Maheux R, Bérubé S. Laparoscopic Surgery in Infer-
d’endométriose superficielle peuvent toutes deux tile Women with Minimal or Mild Endometriosis. N Engl J Med
1997;337(4):217-22.
être envisagées car d’efficacité identique.
[6] Parazzini F. Ablation of lesions or no treatment in minimal-mild

En cas d’endométriose superficielle chez une endometriosis in infertile women: a randomized trial. Gruppo
patiente infertile, la cœlioscopie opératoire avec Italiano per lo Studio dell’Endometriosi. Hum Reprod 1999;14(5):
excision ou ablation des lésions avec adhésiolyse 1332-4.
est supérieure à la cœlioscopie diagnostique en [7] Collinet P, Fritel X, Revel-Delhom C, et al. Management of endome-
termes d’augmentation du taux de grossesse. triosis. J Gynecol Obstet Hum Reprod 2018;47(7):265-74.
[8] Jansen RPS, Russell P. Nonpigmented endometriosis: Clinical,

Il n’est pas recommandé de traiter chirurgicale-
laparoscopic, and pathologic definition. Am J Obstet Gynecol
ment une endométriose péritonéale superficielle 1986;155(6):1154-9.
asymptomatique surtout en cas de rapports [9] Donnez J, Nisolle M, Casanas-Roux F. Peritoneal Endometriosis:
intimes avec des éléments nobles (uretères, rec- Two-Dimensional and Three-Dimensional Evaluation of Typical
tum et sigmoïde, ovaires chez une patiente nulli- and Subtle Lesions. Ann N Y Acad Sci 1994;734:342-51.
geste) car rien ne prouve qu’elle évoluera vers une [10] Nisolle M, Paindaveine B, Bourdon A, et  al. Histologic study of
peritoneal endometriosis in infertile women. Fertil Steril 1990;53(6):
maladie symptomatique. 984-8.
[11] Walter AJ, Hentz JG, Magtibay PM, et al. Endometriosis: Correlation
between histologic and visual findings at laparoscopy. Am J Obstet
Références Gynecol 2001;184(7):1407-13.
[12] Nezhat F, Allan CJ, Nezhat C, et al. Nonvisualized endometriosis at
[1] Nisolle M, Donnez J. Peritoneal endometriosis, ovarian endometrio- laparoscopy. Int J Fertil 1991;36(6):340-3.
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different entities. Fertil Steril 1997;68(4):585-96. Gynecol Obstet Invest 2003;55(2):63-7.
[2] Abbott J, Hawe J, Hunter D, et al. Laparoscopic excision of endo- [14] Donnez J. Atlas of operative laparoscopy and hysteroscopy. 3rd ed.
metriosis: A randomized, placebo-controlled trial. Fertil Steril 2004; Abingdon: Informa Healthcare; 2007.
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[3] Sutton CJG, Ewen SP, Whitelaw N, et al. Prospective, randomized, tion, bipolar coagulation and Plasmajet®: A preliminary animal
double-blind, controlled trial of laser laparoscopy in the treatment study. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol 2017;211:127-33.

140
Chapitre 16
Endométriose ovarienne
Chrystèle Rubod, Pierre Collinet, Sophie Delplanque

PLAN DU C HAPITRE
Place des différentes techniques 142

Points communs des différentes


prises en charge chirurgicales 143

Kystectomie intrapéritonéale par cœlioscopie 144

Drainage de l’endométriome 148

Techniques destructives 149

Sclérothérapie 150

Annexectomie 152

Impact de la chirurgie ovarienne, précautions 152

Chirurgie de l’endométriose
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III. Techniques chirurgicales

Les endométriomes sont une forme d’endométriose cou- prévenir les complications, faciliter la chirurgie ou dimi-
ramment diagnostiquée, on estime qu’ils sont présents nuer le risque de récidive, notamment par analogue de la
chez 17 à 44 % des femmes atteintes d’endométriose [1]. GnRH (Gonadotropin Releasing Hormone) en préopératoire
L’endométriome isolé reste quant à lui exceptionnel car sa (accord d’experts) [5].
fréquence est de l’ordre de 1 % [2]. Ainsi, la prise en charge
chirurgicale d’un endométriome se fait le plus souvent de
façon synchrone à une chirurgie complète d’une endomé- Points clés
triose pelvienne profonde. La particularité de l’endomé-
triome est qu’il altère la réserve ovarienne [3,4] et cet impact

Bilan préthérapeutique obligatoire avec une
augmente avec la taille de celui-ci. La différence avec l’ovaire imagerie pour confirmer le diagnostic et rechercher
non atteint est significative dès lors que l’endométriome de l’endométriose pelvienne profonde associée.
dépasse 20  mm de diamètre. D’un autre côté, la chirur-

Bilan de la réserve ovarienne pour discuter le
gie de l’ovaire altère elle aussi la fonction ovarienne et ce choix de la technique chirurgicale et valider la
d’autant plus s’il s’agit d’un endométriome (NP3 – niveau stratégie thérapeutique.
de preuve 3) [5]. C’est pourquoi les indications opératoires
doivent être discutées et la technique chirurgicale maîtrisée
dans le but de préserver le plus possible de stroma ovarien. Place des différentes techniques
Il faut également garder à l’esprit que le risque de récidive
augmente en cas de chirurgie incomplète, c’est-à-dire si La voie d’abord recommandée pour la prise en charge
toutes les localisations endométriosiques ne sont pas trai- des endométriomes selon les recommandations pour la
tées de façon concomitante lors de la chirurgie initiale [5,6]. pratique clinique du CNGOF (Collège national des gynéco-
Le bilan préthérapeutique comporte donc, en plus de logues et obstétriciens français) sur les tumeurs ovariennes
l’examen clinique, l’identification des localisations, la taille et bénignes et sur l’endométriose est la cœlioscopie (grade B)
le nombre d’endométriomes ainsi que la recherche d’autres [5,6]. En plus des avantages connus de la cœlioscopie en
localisations d’endométriose pelvienne profonde. Il s’assure termes de morbidité per et postopératoire, une méta-ana-
également du caractère bénin de la lésion ovarienne. lyse de la Cochrane a retrouvé une diminution des compli-
L’évaluation de la réserve ovarienne de la patiente, si celle- cations postopératoires, des douleurs postopératoires, de la
ci a toujours un désir de grossesse et a fortiori en cas de prise durée d’hospitalisation et du coût pour la prise en charge
en charge en assistance médicale à la procréation (AMP), des pathologies annexielles bénignes [8].
est primordiale car elle doit guider le chirurgien dans sa stra- Actuellement, se discute l’intérêt d’une chirurgie robot-
tégie thérapeutique pour une prise en charge globale de la assistée qui doit être évaluée en fonction des autres locali-
patiente ainsi que pour la technique opératoire utilisée [5,7]. sations endométriosiques mais qui n’a pas sa place dans la
Une fois ce bilan fait, l’indication opératoire doit être prise en charge isolée des endométriomes [9].
évaluée. En cas d’infertilité associée, le traitement chirurgical • La kystectomie est la technique chirurgicale de référence
des endométriomes avant FIV (fécondation in vitro) n’est (grade A) car elle présente un taux de récurrence moindre
pas recommandé à seule fin d’améliorer la fertilité car il est par rapport aux autres techniques (NP1) et semble plus
prouvé qu’il n’améliore pas les résultats de la FIV (grade B) efficace en termes de douleur (NP2) et sur les grossesses
et le bénéfice du traitement chirurgical des endométriomes spontanées chez les femmes infertiles par rapport au drai-
de moins de 6  cm par rapport à l’abstention n’a pas été nage-coagulation (NP1) [5].
démontré sur les résultats de grossesse après FIV (NP2) [5]. • Cependant, des données récentes sur la destruction laser
Dans les cas où la fertilité est un enjeu, il faut donc savoir ou CO2 semblent intéressantes en termes de récidive et de
éviter une chirurgie ovarienne en cas de réserve ovarienne moindre impact sur la réserve ovarienne et de taux de gros-
basse, antécédent de chirurgie ovarienne, endométriome sesse, notamment pour les patientes prises en charge en
récidivant ou s’ils sont bilatéraux et discuter une alternative AMP sans qu’il ne soit possible de recommander actuelle-
comme la surveillance, la sclérothérapie, le drainage ou les ment l’une ou l’autre des techniques opératoires [5-7,10,11].
techniques destructives. Cependant, en cas de symptômes • La simple ponction échoguidée, le drainage cœliosco-
douloureux, la prise en charge chirurgicale des endomé- pique ou la coagulation des parois de l’endométriome à la
triomes est justifiée (grade B) [5]. pince bipolaire ne sont pas recommandés.
Avant une prise en charge chirurgicale d’endométriose • La sclérothérapie à l’éthanol par voie vaginale est une
pelvienne, il n’existe pas d’argument pour recommander alternative en cas d’endométriome récidivant, notamment
une prise en charge médicamenteuse hormonale pour chez les patientes prises en charge en AMP [5].
142
16. Endométriose ovarienne

• La sclérothérapie par cœlioscopie est en cours d’évalua-


tion.
La patiente doit être informée de tous les risques associés
en plus de ceux inhérents à la chirurgie cœlioscopique avec
notamment la réduction de la réserve ovarienne induite,
et le risque d’ovariectomie partielle ou totale en raison de
difficultés opératoires et de ses conséquences.

Point clé

La kystectomie cœlioscopique est la technique de


référence pour le traitement des endométriomes
(grade A).

Points communs des différentes


prises en charge chirurgicales
Rappel physiopathologique
de l’endométriome Fig. 16.1
Anatomie de l’endométriome.
La chirurgie de l’endométriome suppose de connaître Z1 : manchon fibreux d’où provient l’invagination des kystes ;
Z2 : zone majoritaire où le plan de clivage avec le parenchyme ovarien
sa physiopathologie. La formation de l’endométriome est facilement identifiable ; Z3 : en regard du hile ovarien.
se fait par un mécanisme extrinsèque de surface, puis © Cyrille Martinet.
d’invagination au sein de l’ovaire. Son point de départ
n’est donc jamais complètement entouré de parenchyme Installation et mise en place
ovarien et on retrouve une zone de contact adhérente des trocarts
avec le péritoine de la fossette ovarienne dans 90 % des
cas. C’est la raison pour laquelle il ne faut pas inciser le La chirurgie de l’endométriome par cœlioscopie requiert
cortex ovarien sur son bord antimésial, contrairement à une installation et une instrumentation classique de la
la technique opératoire pour les autres kystes ovariens, cœlioscopie pour endométriose détaillée dans le cha-
mais réaliser une adhésiolyse de l’ovaire par rapport à sa pitre  12. Cependant, on peut spécifier que la technique
fossette [12]. d’open cœlioscopie peut être préférée pour les kystes volu-
L’endométriome est composé de trois zones (fig. 16.1) : mineux lors de la mise en place des trocarts.
• une première zone (Z1) qui est un manchon fibreux
d’environ 5 mm d’où provient l’invagination des kystes. Elle Temps opératoires
se situe autour du site des adhérences pariétales ;
• Temps A : réalisation d’une cytologie péritonéale.
• une deuxième zone (Z2), zone majoritaire où le plan de • Temps B : réalisation d’un bilan des lésions d’endomé-
clivage avec le parenchyme ovarien est facilement identi- triose (fig. 16.2), de leur traitement et d’un test de perméa-
fiable ; bilité tubaire qui est à associer en cas de patiente jeune avec
• une troisième zone (Z3), située en regard du hile ovarien. ou sans contexte d’infertilité.
• Temps C : confirmation de la technique opératoire selon
Matériel les données précédentes et le bilan préopératoire.
• Temps D, en fin d’intervention : résection des implants
• Laparoscope péritonéaux dans la fossette ovarienne pour réduire le risque
• Pince bipolaire de réaccollement en veillant à bien repérer l’uretère sur la
• Ciseau froid paroi pelvienne pour le mettre à distance et ne pas le léser.
• Système de lavage-aspiration • Temps E : envoi de la cytologie et des différents prélève­
• Pince à préhension fenêtrée de Johan et pince grip ments pour analyse anatomopathologique. Le risque de mali-
143
III. Techniques chirurgicales

Fig. 16.2
Bilan lésionnel : vue cœlioscopique du pelvis.
A. Présence d’un endométriome gauche (étoile) avec hématosalpinx gauche (croix) et adhérences avec le rectosigmoïde et la face postérieure
de l’utérus (flèches). B. Présence de lésions superficielles d’endométriose du cul-de-sac rectovaginal et du ligament utérosacré (LUS) droit
(flèches). C. Présence de lésions superficielles d’endométriose dans la fossette ovarienne gauche (flèche).

gnité inattendue lors d’une chirurgie d’un endométriome est tés savantes [5,13,14]. Elle est indiquée chez les patientes
faible après un bilan iconographique bien mené ; néanmoins, jeunes symptomatiques après évaluation de la réserve ova-
les techniques chirurgicales autres que la kystectomie doivent rienne. En cas d’infertilité, sa place est à discuter selon les
comporter un temps de cytologie péritonéale et de biopsie lésions associées, les symptômes, la réserve ovarienne et le
de la paroi kystique pour l’analyse en anatomopathologie. souhait de la patiente [15].

Point clé
Temps opératoires (vidéo e.16.1 )  

Le premier temps exploratoire de la cœlioscopie [11,16,17]


doit permettre de confirmer le diagnostic, valider
la technique chirurgicale et rechercher des lésions • Temps 1  : adhésiolyse et mobilisation de l’endomé-
d’endométriose abdominopelviennes associées. triome (fig. 16.3) :
– l’ouverture de l’endométriome est obtenue dans 90 %
des cas par la mobilisation de celui-ci qui est adhérent dans
Kystectomie intrapéritonéale sa fossette. Cette mobilisation se fait à l’aide d’une pince à
par cœlioscopie préhension ou du système d’aspiration par un mouvement
de soulèvement de l’ovaire le long de la paroi pelvienne
Indications d’arrière en avant de la partie postérieure de l’ovaire ;
– dans les rares cas où l’on ne trouve pas d’adhérences ova-
La kystectomie reste la technique chirurgicale de référence riennes majeures, le site d’invagination est situé sur la partie
des endométriomes recommandée par les différentes socié- antimésiale de l’ovaire, et le kyste est directement ouvert.

Fig. 16.3
Adhésiolyse et mobilisation de l’endométriome.
A. Vue cœlioscopique du pelvis. L’endométriome droit (étoile) est libéré des adhérences (flèches) avec le péritoine pariétal de la fossette
ovarienne à l’aide de la canule d’aspiration qui le mobilise. B. Endométriomes bilatéraux (étoiles) avec mouvement de libération des adhérences
(flèche) entre l’endométriome droit et en rétro-utérin à l’aide de la canule d’aspiration.
144
16. Endométriose ovarienne

• Temps 2  : drainage du kyste (fig.  16.4). L’ouverture du sont possibles pour ce temps sans qu’il n’y ait d’avantage
kyste se produit grâce à cette libération avec un écoule- retrouvé de l’une par rapport à l’autre tant sur le plan chi-
ment du contenu du kyste qui a un aspect caractéristique rurgical que pour la réserve ovarienne [16] :
« chocolat » et qui doit être aspiré. – la première consiste à réaliser une excision au ciseau
• Temps 3  : libération complète de l’ovaire (fig.  16.5 froid d’un manchon de 5 mm environ ;
et 16.6). On poursuit le mouvement de levier pour libérer – la deuxième est l’agrandissement par un mouvement
totalement l’ovaire, jusqu’au ligament utéro-ovarien et la divergent de 2 pinces de l’orifice du kyste.
limite inférieure du méso-ovaire afin de rendre une anato-
mie normale et un bon jeu tubo-ovarien. Dans certains cas,
une urétérolyse est nécessaire afin de repérer et ne pas léser
l’uretère le long de la paroi pelvienne. Une fois les annexes
libérées, on peut réaliser un test au bleu tubaire.
• Temps 4  : ouverture de l’endométriome (fig.  16.7
et 16.8). L’ovaire est complètement libre et la kystectomie
à proprement parler peut démarrer. Il faut d’abord élargir
l’orifice drainage de l’endométriome qui correspond à la
zone anatomique  1 de l’endométriome. Deux techniques

Fig. 16.6
Fig. 16.4
Schéma de la libération complète de l’ovaire.
Drainage de l’endométriome. L’endométriome (étoile) est libéré des adhérences au niveau de
L’endométriome droit (étoile) se rompt spontanément lors de la zone 1 au péritoine pariétal de la fossette ovarienne avec le
la mobilisation. L’écoulement du contenu du kyste a un aspect mouvement indiqué par la flèche.
caractéristique « chocolat ». © Cyrille Martinet.

Fig. 16.5 Fig. 16.7


Libération complète de l’ovaire. Ouverture de l’endométriome.
L’endométriome droit (étoile) a été drainé et l’ovaire est libéré des Agrandissement de l’orifice de drainage de l’endométriome (étoile)
adhérences au péritoine pariétal de la fossette ovarienne à l’aide de par un mouvement divergent de 2 pinces mises au niveau de l’orifice
la canule d’aspiration avec le mouvement indiqué par la flèche. du kyste (flèche).
145
III. Techniques chirurgicales

Fig. 16.9
Identification du plan de clivage.
On visualise le plan de clivage (éclair) entre l’endométriome (étoile)
Fig. 16.8
et le parenchyme ovarien (flèche).
Ouverture de l’endométriome à l’aide de ciseaux.
Pour ouvrir largement l’orifice de drainage de l’endométriome
(étoile), on peut s’aider des ciseaux.
dissection de façon centripète par traction divergente de
façon douce en veillant à se replacer régulièrement pour
• Temps 5 : identification du plan de clivage (fig. 16.9). Ce permettre une traction dans le bon axe. Il s’agit du bon plan
temps est primordial, l’identification du plan de clivage entre lorsque la dissection met en évidence une zone blanche et
l’endométriome et l’ovaire correspond à la zone anatomique 2. avasculaire. Si ça n’est pas le cas, il faut arrêter la traction et
Soit il est repérable d’emblée après l’étape précédente, soit on rechercher un meilleur plan de clivage.
réalise à l’aide de ciseau froid une ouverture plus large. • Temps 7 : dissection en regard du hile ovarien (fig. 16.12).
• Temps 6 : traction divergente (fig. 16.10 et 16.11). À l’aide Il peut exister des travées fibreuses en regard du hile ovarien
de 2 pinces, on repère le plan de clivage et on réalise une et la dissection par traction divergente devient difficile (il

Fig. 16.10
Traction divergente.
A. Deux pinces sont placées en face : l’une au niveau du parenchyme ovarien, l’autre au niveau de la paroi kystique de l’endométriome (étoile) au
niveau du plan de clivage (éclair). B. On réalise une traction divergente (flèche). Si le plan de clivage (éclair) est le bon, celui-ci est non hémorragique.

Fig. 16.11
Traction divergente.
En cours de traction, les deux pinces sont régulièrement replacées. A. Le plan de clivage (éclair) est le bon, car non hémorragique. B. Le plan de
clivage (éclair) n’est pas le bon car il est hémorragique, il faut se replacer pour reprendre la dissection.
146
16. Endométriose ovarienne

Fig. 16.12
Fig. 16.14
Dissection en regard du hile ovarien.
Le plan de dissection de l’endométriome (étoile) est plus difficile Suspension pariétale de l’ovaire.
avec des travées fibreuses (flèche). On arrête la traction divergente L’ovaire est suspendu en fosse iliaque gauche à l’aide d’une boulette
et on sectionne ces adhérences aux ciseaux froids après coagulation montée sur un fil à aiguille droite que l’on passe à travers la paroi
à la pince bipolaire si besoin. puis au niveau de l’ovaire (étoile).

s’agit de la zone anatomique 3). Il est préférable de ne pas Des récentes méta-analyses comparant la suture à l’énergie
poursuivre la traction sous peine d’endommager le stroma bipolaire retrouvent un impact plus faible sur les taux d’AMH
ovarien et de diminuer la réserve ovarienne. On sectionne (hormone antimüllérienne) postopératoires ou sur le compte
ces adhérences aux ciseaux froids après une coagulation à la des follicules antraux avec l’utilisation de sutures [18,19]. Mais
pince bipolaire si besoin qui doit être réalisée sur les travées on est en attente de résultat d’études randomisées avec des
en regard de l’endométriome et non sur l’ovaire. effectifs plus importants pour recommander l’une ou l’autre
• Temps 8 : hémostase (fig. 16.13). Une attention particu- de ces deux techniques pour l’hémostase [13,20,21]. L’utili-
lière doit être portée à cette étape sous peine d’endommager sation de matrice hémostatique versus bipolaire permettrait
le stroma ovarien restant et de diminuer la réponse ovocytaire égale­ment une diminution moins importante de l’AMH post-
en cas de prise en charge en AMP dans les suites, notamment opératoire précoce mais la récupération de l’AMH à plus long
avec la coagulation bipolaire [16]. Elle doit être évitée le plus terme serait identique [22,23].
possible, les saignements peu actifs se tarissent parfois sponta- • Temps additionnels : mise en place des pièces opéra-
nément. En cas de prise en charge d’endométriose pelvienne toires dans un sac pour leur extraction et envoi en analyse
profonde, la suspension des ovaires à la paroi permet à la fois anatomopathologique. Il n’y a pas de données suffisantes
la réalisation de l’hémostase spontanément dans la plupart pour recommander la mise en place d’un produit anti-
des cas et une meilleure exposition pour le traitement des adhérentiel afin de limiter les adhérences postopératoires
lésions (fig.  16.14). Si l’hémostase est tout de même néces- en fin d’intervention [5].
saire, Celle-ci se fait de façon sélective avec un système d’aspi- En cas de kystectomie trop difficile (notamment en
ration lavage et à la pince bipolaire fine ou par suture aux fils. absence de plan de clivage), il faut savoir s’arrêter si la

Fig. 16.13
Hémostase.
A. Repérage à l’aide du lavage du saignement. B. Zone d’hémostase zoomée : réalisation d’une coagulation sélective à la pince bipolaire.
147
III. Techniques chirurgicales

patiente souhaite préserver son ovaire afin de préserver le Le drainage par voie vaginale avant une ponction ovocy-
stroma ovarien et discuter la réalisation d’une technique taire pour FIV est discutable. Cette technique de drainage
alternative comme la kystectomie partielle, une chirurgie pourrait être proposée lors de stratégie en trois temps,
en 3 temps, un couplage à une technique destructive [5]. notamment pour des endométriomes volumineux  : drai-
nage de l’endométriome cœlioscopique, puis traitement
Points clés médical hormonal de blocage pendant 3 mois, puis reprise
chirurgicale cœlioscopique avec kystectomie ou technique

Ne pas inciser l’ovaire. destructive [5,12].

Respecter les temps opératoires en rapport
avec la physiopathologie de l’endométriome.

Faire attention au temps de l’hémostase.
Temps opératoires

En l’absence de plan de clivage évident, préférer La technique opératoire spécifique reprend les temps opé-
abandonner la kystectomie si la patiente souhaite ratoires 1 à 4 de la kystectomie.
préserver son ovaire (accord d’experts) [5]. • Temps 1  : adhésiolyse et mobilisation de l’endomé-
triome.
Résultats • Temps 2 : drainage du kyste (fig. 16.15). En cas de volu-
mineux endométriome, on peut ponctionner le kyste via le
La kystectomie serait plus efficace que les techniques trocart sus-pubien pour le vider, puis réaliser l’adhésiolyse
conservatrices sur les symptômes douloureux et permet de l’ovaire de façon plus aisée une fois le volume ovarien
la récidive moins précoce des symptômes douloureux par diminué.
rapport aux techniques de drainage/coagulation [5,24]. • Temps 3 : libération complète de l’ovaire.
La kystectomie entraîne une diminution à court terme • Temps 4 : ouverture large de l’endométriome.
du taux d’AMH et une diminution du nombre de follicules • Temps 5 : biopsie de la paroi du kyste pour analyse ana-
antraux de l’ovaire atteint de façon significative [5,25,26]. tomopathologique.
Cependant, la kystectomie augmente le taux de grossesses • Temps 6  : hémostase parcimonieuse selon les mêmes
spontanées chez les femmes infertiles par rapport au sim- modalités que la kystectomie.
ple drainage-coagulation mais cet effet n’est pas retrouvé en
cas de prise en charge en AMP [5,27,28].
Résultats
Drainage de l’endométriome On retrouve un taux de récidive faible, de l’ordre de 8  %
avec la stratégie en 3 temps (drainage, traitement médical
Indication hormonal, puis reprise chirurgicale avec une technique des-
tructive), et on peut observer une réduction de la taille de
Il n’y a pas de place pour un drainage cœlioscopique seul en l’endométriome de 50 % avant la 2e chirurgie [29]. Tsolaki-
raison du risque de récidive évalué entre 80 et 100 % [16]. dis et al. retrouvent que la réserve ovarienne évaluée par le

Fig. 16.15
Drainage du kyste.
A. Avec la pointe du trocart sus-pubien, on vient s’enfoncer de façon perpendiculaire et à distance du ligament lombo-ovarien et du hile
dans l’endométriome (étoile). B. Le contenu liquidien de l’endométriome est alors aspiré. Deux pinces maintiennent l’ovaire pour limiter la
contamination de la cavité péritonéale.
148
16. Endométriose ovarienne

dosage de l’AMH est moins diminuée après la stratégie en – réglage des énergies selon le matériel utilisé ;
3 temps (drainage cœlioscopique, puis mise sous agoniste – temps 5  : éversion des berges de l’endométriome
de la GnRH pendant 3 mois et vaporisation de l’endomé- (fig.  16.16). Les berges de l’endométriome doivent être
triome par laser CO2) par rapport à la kystectomie des éversées totalement. Lorsque cette éversion n’est pas
endométriomes (diminution significative de 3,9 à 2,9  ng/ possible, le chirurgien expose progressivement l’intérieur
mL chez les patientes ayant eu une kystectomie alors qu’elle du kyste pour guider le faisceau de plasma selon un
passe de 4,5 à 3,99 ng/mL chez les patientes prises en charge angle perpendiculaire à la surface interne du kyste ;
par la stratégie en 3 temps) [30]. – temps 6 : vaporisation de la paroi kystique (fig. 16.17).
Le laser est utilisé avec un angle d’environ 45° sur la sur-
face du kyste à une distance de 5 mm de l’extrémité de
Techniques destructives la pièce à main [10,29]. Le temps d’exposition est de 1 à
2 secondes pour chaque zone exposée jusqu’à ce que la
surface du tissu ait un aspect argenté et brillant.
Indication
Ces techniques d’ablation par vaporisation laser ou vapo-
risation plasma peuvent se justifier actuellement car plu-
sieurs études mettent en avant le moindre impact qu’elles
auraient sur la réserve ovarienne par rapport à une kys-
tectomie mais avec un taux de grossesses post-chirurgical
équivalent [11,30,  31]. Cependant, le prix des dispositifs
rend la diffusion de cette technique limitée. Il n’y a pas
actuellement assez de données dans la littérature pour les
recommander en 1re  intention, et leur place reste à défi-
nir dans la stratégie thérapeutique de prise en charge des
endométriomes [5,13,14].
Fig. 16.16
Éversion des berges de l’endométriome.
Matériel spécifique Une pince atraumatique vient chercher l’intérieur de
l’endométriome (étoile) et l’éverse tandis que l’autre pince maintient
Le laser CO2 est un dispositif utilisé depuis de début des une berge avec le mouvement de la flèche.
années 2000 qui permet d’induire une nécrose avec des- Extrait de : Roman H. Laparoscopic Sclerotherapy of Large Endometriomas : Is It a
Reasonable Approach ? J Minim Invasive Gynecol. 2020 ; 27 (6) : 1223-4. © 2020 Elsevier
truction du tissu sur une faible profondeur [29]. Les sys- Masson SAS. Tous droits réservés.
tèmes de laser argon fournissent un courant neutre de gaz
argon ionisé. Le système émet un jet de plasma d’argon à
haute énergie possédant des propriétés thermiques et une
composante cinétique qui peut être utilisée pour coaguler
une surface de tissu [11]. Ces techniques permettraient
donc d’épargner le tissu ovarien grâce à une diffusion ther-
mique moins profonde.

Technique opératoire
Le début de l’intervention reprend les temps opératoires
communs à la cœlioscopie et temps opératoires de la kys-
tectomie jusqu’au temps 4. Fig. 16.17
• Temps 1  : adhésiolyse et mobilisation de l’endomé- Vaporisation de la paroi kystique.
triome. Le laser est placé avec un angle d’environ 45° avec la surface de
l’endométriome (étoile) à une distance de 5 mm de l’extrémité
• Temps 2 : drainage du kyste. de la pièce à main (éclair). On actionne le laser et on expose 1 à
• Temps 3 : libération complète de l’ovaire. 2 secondes la zone de l’endométriome à vaporiser.
• Temps 4 : ouverture large de l’endométriome. Extrait de : Roman H. Laparoscopic Sclerotherapy of Large Endometriomas : Is It a
Reasonable Approach ? J Minim Invasive Gynecol. 2020 ; 27 (6) : 1223-4. © 2020 Elsevier
• Temps spécifiques : Masson SAS. Tous droits réservés.

149
III. Techniques chirurgicales

Résultats postopératoires Contre-indications


Concernant le laser CO2, le taux de récidive serait de l’ordre • Kyste non typique d’endométriome en imagerie.
de 5 à 10 % avec une réponse aux stimulations identique à • Non-accessibilité du kyste endométriosique par voie
l’ovaire controlatéral non traité [29,31,32], et de l’ordre de 8 vaginale (adhérences digestives du fait d’antécédents chi-
à 10 % pour le laser argon [11]. Par rapport à la kystectomie, rurgicaux pelviens majeurs ou d’endométriose pelvienne
il existerait un risque relatif plus important de récidive (RR profonde).
= 0,33) et dans un délai plus court mais sans augmenter le • Contenu du kyste non homogène (risque d’échec d’aspi-
taux de réinterventions et avec un taux de grossesses simi- ration).
laire [24]. Ces techniques ont également un impact négatif • Infection génitale haute récente ou vaginale non traitée.
sur l’AMH en postopératoire avec une diminution de l’ordre • Anticoagulation curative.
de 1 ng/mL à 3 mois. Cependant, cette diminution initiale
est suivie d’une réascension significative et progressive des Matériel spécifique
valeurs plus à distance de la chirurgie sans atteindre tout de • Échographe avec sonde endovaginale
même le niveau préopératoire [33]. • Housse de protection et kit de ponction (guide et pro-
De récentes études retrouvent un taux de grossesses tection sonde)
global un peu plus élevé après vaporisation par laser argon • Aiguille de ponction 17 ou 18 G de 30 cm de longueur
par rapport à la kystectomie, notamment chez les patientes • 3 seringues de 60 mL
prises en charge en AMP (67-73 vs 30-67 %) [10,33]. • 1 seringue en verre de 20 mL
• Sérum physiologique
Point clé • Ampoule de 10 mL d’éthanol à 96 %

Les techniques destructives sont une alternative Temps opératoires [34,36]


à la kystectomie, notamment pour les patientes • Temps 1 : ponction de l’endométriome (fig. 16.18) :
avec une réserve ovarienne altérée en préopé- – introduction de l’aiguille de 17 ou 18 G dans le guide ;
ratoire, mais il manque de données dans la litté- – progression sous contrôle échographique jusqu’au
rature pour pouvoir préciser leur place à l’heure centre de l’endométriome.
actuelle.

Sclérothérapie
Sclérothérapie par voie vaginale
Indication
Cette technique peut être proposée en cas d’endomé-
triomes récidivants dont la taille est comprise entre 25 et
65  mm. Trois endométriomes maximums peuvent être
traités de façon simultanée. S’il s’agit d’un contexte pré-FIV,
la patiente est en général sous analogue de la GnRH et peut
débuter la stimulation 15 à 30 jours après le geste [34,35].

Confirmation radiologique
Ne disposant pas d’analyse histologique du kyste en
peropératoire, il est essentiel d’avoir une confirmation Fig. 16.18
radiologique avec un radiologue de référence de la nature Ponction de l’endométriome par voie vaginale.
endométriosique de ce kyste ovarien avant validation de Introduction de l’aiguille de 17 ou 18 G dans le guide sur la sonde
d’échographie endovaginale. On fait progresser l’aiguille sous
cette prise en charge. Une image non typique contre- contrôle échographique jusqu’au centre de l’endométriome (étoile).
indique cette technique. © Cyrille Martinet.

150
16. Endométriose ovarienne

• Temps 2 : aspiration du liquide de l’endométriome : Temps opératoires (vidéo e.16.2 ) [39,40]  

– envoi en cytologie pour analyse ;


– en cas d’échec (3 %) : arrêt de la procédure, antibio-
• Temps 1 : ponction de l’endométriome à l’aide du tro-
cart sus-pubien.
prophylaxie.
• Temps 3 : rinçage : • Temps 2 : aspiration du liquide de l’endométriome.
– deux à trois rinçages volume pour volume jusqu’à
• Temps 3 : mise en place d’une sonde de Foley CH 5 au
niveau de l’orifice de drainage. On gonfle le ballonnet de
l’obtention d’un liquide brunâtre clair ;
3 mL afin de rester étanche (fig. 16.19).
– réaspiration de la totalité du sérum physiologique.
• Temps 4 : instillation d’éthanol à 96 %. Volume instillé • Temps 4 : rinçage :
– 2 à 3  rinçages au sérum physiologique stérile volume
égal à 60 % du volume aspiré, maximum 60 mL par endo-
pour volume jusqu’à l’obtention d’un liquide brunâtre
métriome. Laisser en place l’éthanol pendant 10  minutes.
clair ;
Réaspirer l’éthanol.
– réaspiration de la totalité du sérum physiologique.
• Temps 5  : instillation d’éthanol 96  % volume pour
Complications [34,37] volume (fig.  16.20). Laisser en place l’éthanol pendant
• Risque d’ébriété en cas de doute sur une fuite d’éthanol (non 10 minutes, puis réaspirer.
réabsorbé en totalité) : il s’agit d’un phénomène rare (3,8 %) pour
lequel on peut mesurer l’alcoolémie et surveiller la patiente. Complications
• Risque infectieux faible (2 %) et prévenu par la désinfec-
Le risque d’ébriété est identique à celui de la sérothérapie
tion du vagin et l’utilisation de matériel stérile.
par voie vaginale. Il n’y a pas d’autres risques identifiés
• Risque de plaie digestive non rapporté dans les diffé-
actuellement mais l’effectif des essais reste trop faible pour
rentes études mais possible.
conclure et justifie des études prospectives randomisées de
plus grande envergure [40].
Résultats postopératoires
Le risque de récidive se situe entre 5 et 23 % à 12 mois selon Résultats
les études et permettrait une réduction des scores de la
Cette technique est encore peu évaluée. Cependant, le taux
douleur de l’ordre de 20 % [37,38]. Concernant le taux de
de récidive se situerait entre 3 et 21 % selon l’administration
grossesses avec AMP, il est significativement plus important
d’un traitement hormonal en postopératoire, et le taux de
après cette prise en charge par rapport à la kystectomie
grossesses à 57 % avec un recul de 2 ans [40].
pour des patientes ayant déjà un antécédent de chirurgie
ovarienne (55,2 vs 26,9 % ; p = 0,03) [5].

Sclérothérapie par voie cœlioscopique


Indication
La sclérothérapie par voie cœlioscopique est apparue
récemment comme une alternative en cas d’endomé-
triome volumineux où la voie vaginale est difficile en raison
de l’aspiration de son contenu qui est souvent important,
où la kystectomie pourrait être délétère chez une patiente
avec une réserve ovarienne diminuée et où la surface est
trop importante pour les techniques destructives [39]. Il
n’existe pas encore assez de données pour la recommander
en pratique courante et sa place reste à définir.
Fig. 16.19
Matériel spécifique Sclérothérapie par cœlioscopie.
Introduction d’une sonde de Foley CH 5 au niveau de l’orifice de
• Sérum physiologique stérile drainage de l’endométriome (étoile).
• Sonde urinaire pédiatrique CH 5 Extrait de : Roman H. Laparoscopic Sclerotherapy of Large Endometriomas : Is It a
Reasonable Approach ? J Minim Invasive Gynecol. 2020 ; 27 (6) : 1223-4. © 2020 Elsevier
• Ampoules de 10 mL d’éthanol à 96 % Masson SAS. Tous droits réservés.

151
III. Techniques chirurgicales

• Temps 3  : coagulation section du ligament large.


L’annexe est progressivement pédiculisée sur les pédicules
utéroannexiels.
• Temps 4  : coagulation section des pédicules annexiels
(ligament utéro-ovarien et trompe).

Complications
La particularité réside dans l’identification de l’uretère
homolatéral au niveau du ligament lombo-ovarien jusqu’au
paramètre afin d’éviter toute lésion directe ou thermique.

Fig. 16.20
Instillation d’éthanol à 96 %. Impact de la chirurgie ovarienne,
Le ballonnet de la sonde gonflé à 3 mL permet de garder l’étanchéité
pour instiller l’éthanol en sécurité. On instille l’éthanol à 96 %, on le précautions
laisse agir pendant 10 minutes et on réaspire le même volume.
Toute chirurgie ovarienne altère sa réserve. On sait que la
kystectomie des endométriomes entraîne souvent l’exérèse
Annexectomie de stroma ovarien en quantité variable [29,42] en plus de
l’effet délétère des coagulations réalisées pour l’hémostase.
Indication En effet, on observe une diminution de l’AMH en post-
opératoire, ainsi qu’une diminution des ovocytes recueillis
L’annexectomie est réservée aux patientes n’ayant plus de par rapport à l’ovaire controlatéral non opéré sans qu’il y
désir de grossesse au cours d’une chirurgie radicale chez ait d’altération concernant le taux de grossesses [16]. De
des patientes en préménopause, surtout en cas de récidive même, les techniques destructives sont aussi responsables
d’endométriose ovarienne malgré les prises en charge chi- d’une diminution de la réserve ovarienne [33]. Les consé-
rurgicales antérieures. Elle est également à réaliser en cas de quences sur la fertilité de la patiente sont donc à prendre
kyste suspect. De plus, le risque de transformation maligne en considération, surtout chez les femmes jeunes avec désir
de l’endométriose est toujours débattu mais il semble exis- de grossesse pour le choix de la technique chirurgicale et
ter une association entre l’endométriose et l’ensemble des pour sa réalisation.
tumeurs de l’ovaire de type 1 ou les cancers du sein ou de Le traitement concomitant d’autres lésions d’endomé-
lymphome non hodgkinien chez les femmes traitées pour triose est essentiel car il diminue les récidives et à long
endométriose (NP2). Le risque de découvrir un cancer de terme prévient donc des risques d’impact sur la réserve
l’ovaire chez une patiente souffrant d’endométriose est ovarienne [43].
estimé entre 0,9 et 2,5 %. Dans 60 à 80 % des cas, il s’agit d’un Les traitements médicamenteux hormonaux par œstro-
cancer endométrioïde ou à cellules claires (NP4). Cepen- progestatifs instaurés en postopératoire diminuent le risque
dant, il n’y a pas de recommandation quant à la prévention de récidive des endométriomes et sont donc à mettre en
ni la surveillance à l’heure actuelle [41]. place après la chirurgie en l’absence de désir de grossesse
immédiat [5,16].
Temps opératoires spécifiques Cette chirurgie annexielle est pourvoyeuse d’adhérences
[6,44]. Il est indispensable de traiter les implants péritonéaux
• Temps 1  : identification de l’uretère. En cas de diffi- afin de les limiter. Concernant l’usage systématique de pro-
culté, on réalise un abord rétropéritonéal par ouverture duits anti-adhérentiels, il n’existe pas assez de données pour
du péritoine en zone saine au niveau de la paroi pelvienne le recommander même si certaines études retrouvent une
entre l’uretère, le pédicule ovarien et les vaisseaux iliaques diminution des adhérences sévères [5,45].
externes, puis on procède à une dissection et éloignement Aucune étude de cohorte ni étude randomisée n’a été
de l’annexe. Si besoin, on réalise une urétérolyse jusqu’au rapportée à ce jour concernant la préservation ovocytaire
croisement avec l’artère utérine. dans l’endométriose. Cependant, il existe de nombreux
• Temps 2 : coagulation section du ligament lombo-ova- arguments pour la proposer de façon systématique, notam-
rien à la pince bipolaire. ment en cas d’endométriomes bilatéraux, à haut risque de
152
16. Endométriose ovarienne

récidive ou ayant déjà récidivé ou pour les endométriomes [8] Pais AS, Flagothier C, Tebache L, et al. Impact of Surgical Manage-
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III. Techniques chirurgicales

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154
Chapitre 17
Endométriose profonde
postérieure
Paul Renon, Sophie Delplanque, Chrystèle Rubod, Pierre Collinet

PLAN DU C HAPITRE
Indications opératoires 156

Bilan préopératoire 156

Protocole validé en réunion pluridisciplinaire


préopératoire 156

Information de la patiente 156

Technique opératoire en 6 étapes 156

Conclusion 163

Chirurgie de l’endométriose
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
III. Stratégie opératoire

Indications opératoires digestifs, chirurgiens urologues, gynécologues médicaux,


algologues, et radiologues, pour juger de la meilleure straté-
La prise en charge chirurgicale de l’endométriose pelvienne gie thérapeutique pour chaque patiente.
profonde n’est indiquée que lorsque celle-ci occasionne des
symptômes invalidants et résistant à un traitement médical
bien conduit. Information de la patiente
Le traitement des lésions postérieures peut également
s’inscrire dans la prise en charge globale d’une infertilité La consultation préopératoire est indispensable, dans le but
féminine. de reprendre les résultats des examens complémentaires de
Les signes fonctionnels pelviens les plus évocateurs la patiente, et l’avis de la RCP.
sont les douleurs pelviennes chroniques à recrudescence Elle se déroule comme une consultation d’annonce. Le
cataméniale, les dyspareunies profondes, les douleurs à la but est de présenter le plan de soin adéquat. Les temps
défécation à recrudescence cataméniale, ainsi que les signes opératoires sont développés, en apportant les détails
fonctionnels urinaires (dysurie principalement) à recrudes- compréhensibles par la patiente.
cence cataméniale. Par ailleurs, il faut évoquer les risques spécifiques de cette
L’examen clinique doit s’efforcer de rechercher des intervention  : stomie digestive, laparotomie, séquelles uri-
lésions, et notamment une localisation vaginale au niveau naires, digestives, sexuelles. Le risque de plaies de l’appareil uri-
du cul-de-sac postérieur. naire, et plus particulièrement des uretères, doit être évoqué ;
il peut entraîner une reprise différée de la miction spontanée,
et la nécessité de l’apprentissage de sondages évacuateurs.
Bilan préopératoire Enfin, il demeure toujours un risque d’échec de la procé-
dure, soit par évolution naturelle de la maladie, soit par impos-
En plus de l’examen clinique et de l’échographie pelvienne, sibilité d’une résection complète de la pathologie pelvienne.
l’étude par résonance magnétique du pelvis est recom-
mandée. Cet examen doit être réalisé avec une opacifica-
tion vaginale et rectale, dans le but d’identifier les lésions Technique opératoire en 6 étapes
endométriosiques postérieures. Le radiologue référent
doit par ailleurs rechercher une localisation d’adénomyose La chirurgie d’endométriose est une chirurgie rétropérito-
externe. La présence d’adénomyose externe étendue doit néale. Il en découle que l’utilisation des énergies opératoires
faire reconsidérer l’intervention chirurgicale en raison des dans la dissection se fait majoritairement par thermocoa-
risques d’effraction myométriale importants. gulation et dissection ultrasonique.
Par ailleurs, il est nécessaire de rechercher un retentisse- La chirurgie de l’endométriose du compartiment pos-
ment de la maladie sur l’appareil urinaire. On doit décrire l’état térieur est principalement rétropéritonéale. Pour cette raison,
de la vessie, des uretères, ainsi que des cavités pyélocalicielles. l’utilisation de pince ou d’énergie ultrasonique est tout à fait
En cas de suspicion d’atteinte digestive à l’échographie et/ pertinente, en particulier du fait de leur propriété de cavitation.
ou à l’IRM, il est nécessaire de compléter les investigations Indépendamment des modifications anatomiques et des
avec une échoendoscopie rectale ou bien un coloscanner. difficultés opératoires rencontrées, cette chirurgie impose
Le but de ces investigations est de prévoir le meilleur plan une standardisation afin de limiter les risques opératoires,
de soin pour la patiente, ainsi qu’un geste chirurgical qui per- et de garantir une chirurgie complète. Nous proposons une
mette une résection de la maladie la plus complète possible. standardisation en 6 étapes. De ce chapitre sont exclues les
atteintes digestives traitées dans un chapitre  18 même si
cette standardisation s’applique également, du moins pour
Protocole validé en réunion le début d’intervention, aux atteintes digestives.
pluridisciplinaire préopératoire
Temps 1 : dissection latéropelvienne
Une fois les investigations paracliniques réalisées, il s’agit de gauche
prévoir un projet thérapeutique adéquat. Il est nécessaire
de valider l’indication opératoire, ainsi que le protocole L’endométriose de l’espace rectovaginal peut résulter de
opératoire, en réunion de concertation pluridisciplinaire l’extension de la maladie à partir de la paroi vaginale pos-
(RCP) comportant chirurgiens gynécologues, chirurgiens térieure vers la paroi rectale antérieure, et latéralement vers
156
17. Endométriose profonde postérieure

Fig. 17.1
Urétérolyse gauche.
© Dessin : Cyrille Martinet.

les ligaments utérosacrés. Cette forme d’endométriose s’est Urétérolyse gauche (fig. 17.1)
avérée être fortement adhérente aux structures nerveuses qui
En suivant le trajet de l’uretère, on dissèque le tissu cellulo-
contrôlent la fonction vésicale, intestinale et sexuelle. La zone
graisseux en laissant l’uretère en dehors du plan de dissec-
d’infiltration est localisée non loin de l’intestin, et implique fré-
tion. En effet, la vascularisation intrinsèque de l’uretère est
quemment le vagin ; elle peut même empiéter sur le col utérin.
en majorité latérale ; on épargne l’adventice urétéral.
Mobilisation de la boucle sigmoïdienne, Ouverture fosse pararectale gauche
dissection du ligament lombo-ovarien
En dedans du ligament utérosacré gauche et en dehors du
gauche mésorectum gauche, le tissu cellulograisseux est l’entrée
L’abord du compartiment rétro-utérin commence par vers la fosse pararectale gauche. En enfonçant la pince
l’individualisation des structures urinaires et nerveuses atraumatique et les ciseaux monopolaires dans ce tissu, on
du cul-de-sac rectovaginal, c’est-à-dire des uretères et des crée une ouverture. On la poursuit par des mouvements
plexus hypogastriques. d’étirement contraires vers la profondeur et vers le bas.
On commence par le côté gauche. En maintenant le rectum médialement et le ligament
La libération de la boucle sigmoïdienne de son attache utérosacré latéralement, on poursuit le plus bas possible
pariétale se réalise le plus haut possible, c’est-à-dire à l’aplomb jusqu’aux muscles releveurs de l’anus.
de la bifurcation iliaque gauche. L’aide attrape le mésosig-
moïde par une pince atraumatique, ce qui laisse à l’opérateur Temps 2 : installation et
une spatule ou des ciseaux monopolaires dans la main droite,
qui permettra la dissection, et une pince atraumatique dans mobilisation des annexes
la main gauche. La dissection débute par une touche avec
la pointe monopolaire sur le péritoine pariétal, permettant
Utérus : manipulateur utérin ou
d’ouvrir ce dernier. La dissection continue, de proche en ventrofixation (fig. 17.2)
proche, en exerçant une traction divergente. La pince mono-
polaire s’enfonce dans le tissu cellulograisseux vers la pro- Erreur à éviter
fondeur. On continue en descendant par-dessus le détroit
supérieur du bassin et vers le ligament lombo-ovarien. Pas de manipulateur endo-utérin en cas de sou-
En passant sous le ligament lombo-ovarien, on atteint hait de grossesse ultérieure.
rapidement l’uretère gauche qui repte, et sous-croise l’artère
utérine, ou bien le tronc ombilico-utérin gauche. L’uretère Dans le but de faciliter l’accès laparoscopique au rectum,
est ici entre la paroi pelvienne et les gros vaisseaux iliaques au cul-de-sac rectovaginal, ou à l’espace rectovaginal, un
en dehors, et le ligament utérosacré gauche en dedans. manipulateur utérin peut s’avérer d’une aide précieuse.
157
III. Stratégie opératoire

Fig. 17.2
Ventrofixation de l’utérus.

De notre point de vue, le recours à une utéropexie ven- annexielle paraclinique par les techniques d’imagerie
trale temporaire, à l’aide d’un fil monobrin épais, a prouvé peut parfois omettre une localisation endométriosique
son utilité. Le fil est aiguillé à travers la paroi abdominale latérale.
avec une aiguille droite, puis guidé à travers le fond utérin, La mobilisation des annexes permet de repérer des
et ressorti à nouveau par la paroi abdominale, où le fil sera adhérences et de les traiter. On teste dans un premier
maintenu par une pince de Kocher. temps de jeu des trompes, ainsi que leur aspect macro-
L’utéropexie temporaire permet une élévation efficace scopique. Ensuite, on explore les fossettes ovariennes,
de l’utérus, sans avoir besoin de fixer le col ou le vagin. vérifiant ainsi la présence ou non d’adhérences entre
Cette option offre l’avantage qu’aucune assistance n’est l’ovaire et la paroi pelvienne, et la localisation ou non de
nécessaire, comme c’est le cas avec un manipulateur endo- lésion d’endométriose pelvienne superficielle dans ces
utérin. fossettes.
La même méthode peut aussi être utilisée pour une sus-
pension temporaire des ovaires pour les garder en dehors
du champ chirurgical. Traitement des ovaires et des trompes,
L’exploration du compartiment rétro-utérin nécessite test au bleu tubaire si nécessaire
une bonne mobilisation de l’utérus. Deux options s’offrent
Les lésions d’endométriose superficielle doivent être
à l’opérateur :
coagulées à la pince bipolaire par apposition des mors
• la première consiste en la canulation de l’utérus par un de la pince contre la lésion. C’est aussi le moment
manipulateur endo-utérin. Il est préférable de ne pas utiliser
de traiter les endométriomes présents sur les ovaires
l’hystéromètre, qui est trop fin et trop à risque de perforer
(cf. chapitre 16).
l’utérus au cours d’une intervention longue ;
Le test de perméabilité tubaire par le bleu patenté
• la deuxième est la ventrofixation de l’utérus. Elle consiste peut être réalisé lors de ce temps opératoire. Il est alors
en la suspension antérieure du fond utérin à la paroi abdo-
jugé de la nécessité d’une néosalpingostomie uni ou
minale antérieure à l’aide d’un fil monobrin monté sur une
bilatérale.
aiguille droite. Après introduction du fil monté dans le
Parfois, la simple adhésiolyse tubaire permet la restaura-
pelvis par un trocart, il s’agit de la manipuler à l’aide d’un
tion de la fertilité et la perméabilité tubaire.
porte-aiguille de façon à aiguiller le fundus dans le sens
postéroantérieur, puis de faire ressortie l’aiguille sur la ligne
blanche entre les muscles pyramidaux de l’abdomen, et de Suspension des ovaires
faire un nœud à l’extérieur du pelvis, en protégeant la peau La suspension ovarienne (fig. 17.3) permet, une fois le traite­
à l’aide d’une compresse. ment des annexes réalisé, une meilleure accessibilité au
compartiment inter-utéro-rectal en libérant la pince du
Mobilisation des annexes et exploration premier aide.
De la même manière que l’on a suspendu l’utérus, les
des fossettes ovariennes ovaires sont suspendus à l’aide d’un fil monobrin sur lequel
Un des temps importants est l’exploration des annexes on a fixé un tampon de gaze. Ou bien l’on peut utiliser le
et de la perméabilité tubaire. En effet, l’exploration dispositif T’Lift®.
158
17. Endométriose profonde postérieure

Fig. 17.3
Suspension des ovaires.

laire. Puis en introduisant ses deux instruments dans la


fenêtre, l’opérateur exerce une traction divergente, pour
agrandir l’ouverture. On dégage ensuite l’uretère droit de
son attache pariétale en poursuivant la dissection entre
le péritoine et l’uretère, de façon à récliner l’uretère en
dehors. Pour ce faire, la main droite de l’opérateur peut
utiliser l’aspiration, qui reste le dissecteur le moins trau-
matique en cœliochirurgie.
On poursuit la dissection vers l’avant jusqu’au sous-
croisement avec l’artère utérine.

Fig. 17.4 Ouverture de la fosse pararectale droite


Suspension de l’utérus et des ovaires.
Elle se fait de la même manière que la gauche. On repère
le plan de clivage entre le mésorectum en dedans et le
Chaque ovaire est maintenu par une pince atraumatique ligament utérosacré en dehors. Ainsi peut-on enfoncer
par l’aide, et l’opérateur manipule l’aiguille avec le porte- prudemment une pince atraumatique dans cette zone de
aiguille de façon à percer l’ovaire à travers son parenchyme faiblesse qui laisse apparaître le tissu cellulograisseux de la
dans le sens inféro-externe, pour ressortir l’aiguille par fosse pararectale.
la paroi pelvienne latérale, en dehors des muscles grands La dissection par traction divergente se poursuit jusqu’au
droits, et bloquer le fil par une pince de Péan ou de Kocher plancher pelvien, pour individualiser le bord latéral droit du
courbe. rectum.
À l’issue de ce premier temps pelvien, on note un bon
accès à la loge rétro-utérine (fig. 17.4).
Temps 4 : préservation nerveuse
Temps 3 : dissection latéropelvienne La dissection des fosses pararectales donne accès aux
plexus hypogastriques inférieurs. Ils appartiennent au sys-
droite tème nerveux autonome, participant à la continence vési-
cale et rectale. Ils se situent à la partie inférieure des fausses
Urétérolyse droite pararectales, au sommet d’un polygone qui aurait comme
L’abord de l’uretère droit n’est pas systématique. Néan- face médiale le rectum, comme face latérale le tissu cellulo-
moins, il permet de le protéger lorsqu’il s’agit d’aborder la graisseux pelvien, et comme face supérieure le fascia parié-
lésion. tal du péritoine, préalablement disséqué.
L’aide écarte le rectosigmoïde avec une pince vers le L’espace pararectal a été séparé en deux par le trajet
promontoire pour dégager l’espace latérorectal droit. On urétéral.
commence par saisir le péritoine postérieur en regard de • Dans cette dissection de l’endométriose pelvienne pro-
l’uretère avec une pince atraumatique. On crée ensuite fonde, le principal espace est celui d’Okabayashi. La loge
une fenêtre dans le péritoine avec une pointe monopo- pararectale médiale, ou espace d’Okabayashi, est délimitée
159
III. Stratégie opératoire

Fig. 17.5
Espace d’Okabayashi droit abritant le nerf hypogastrique droit.
© Dessin : Cyrille Martinet.

par l’uretère en dehors et le ligament utérosacré en dedans nerveuses. En cas d’atteinte latéropelvienne importante et/
(fig. 17.5). Elle abrite le nerf hypogastrique. ou en cas d’atteinte paramétriale, cette chirurgie préservant
• La loge pararectale latérale, ou espace de Latzko, les nerfs peut s’avérer difficile, voire impossible, du fait de
laisse l’uretère en dedans et l’artère utérine (et les vais- l’extension de la maladie. Les lésions étant le plus souvent
seaux iliaques internes – hypogastriques) en dehors. Elle unilatérales, il convient, dans ces situations à risque, d’éviter
abrite : toute dissection controlatérale en vue d’une préservation
– d’une part les nerfs splanchniques, et plus en profon- nerveuse optimale unilatérale. À noter que cette stratégie
deur le muscle piriforme ; associant radicalité d’un côté, et traitement conservateur
– d’autre part le plexus hypogastrique inférieur (fig. 17.6) de l’autre ne garantit pas l’absence de séquelle fonctionnelle
et l’artère rectale moyenne. urinaire.
La conservation de ces structures est un prérequis au Dans certaines configurations, on sectionne le ligament
pronostic fonctionnel de la patiente. Leur envahissement utérosacré (bord médial de l’espace d’Okabayashi) atteint
par la maladie endométriosique marque un tournant dans par l’endométriose dans le but d’emporter toute la lésion. Il
l’évolution de la maladie, et l’intervention de nerve spa- convient de prendre garde aux structures nerveuses poten-
ring élimine la maladie sans endommager les structures tiellement attirées vers cette structure ligamentaire.

Fig. 17.6
Plexus hypogastrique droit au fond de la fosse pararectale droite.
© Dessin : Cyrille Martinet.

160
17. Endométriose profonde postérieure

Temps 5 : préservation des artères


utérines
Le plus souvent, la maladie endométriosique atteint la por-
tion proximale du ligament utérosacré, et le tiers inférieur
du ligament large. Afin d’être radical et exhaustif, on résèque
cette atteinte péritonéale en regard de l’artère utérine, tout
en préservant celle-ci.
Le repérage des artères utérines est aisé. Sur la face
latérale de la jonction corporéo-isthmique de l’utérus se
dégage une structure blanchâtre sous le péritoine viscéral,
décrivant une boucle à concavité postérieure, battant au
rythme de la fréquence cardiaque. La boucle se termine
vers le haut – la branche ascendante – avant de plonger
dans le muscle utérin. Fig. 17.7
L’objectif est la section du péritoine au pôle inférieur de Vue de lésion d’endométriose avant sa dissection.
© Cyrille Martinet.
la boucle de l’artère utérine, en vue d’une exérèse complète
de la lésion d’endométriose.
Deux méthodes sont alors possibles, selon que l’on
commence par la dissection utérine ou par la dissection
Temps 6 : dissection recto-utérine rectale.
et rectovaginale
Cette étape vise à dégager la lésion endométriosique pos-
Dissection rectale première
térieure de l’utérus, ainsi qu’à libérer son adhérence à la On aborde la lésion par sa partie postérieure. On retrouve
face antérieure du rectum. Nous rappelons ici que nous sous la lésion la séreuse rectale, sans la franchir. L’instrument
traitons les atteintes rectovaginales superficielles, à savoir de choix pour cette partie est une pince de dissection
adhérences et atteintes séreuses, et que les atteintes diges- ultrasonique. L’aide tient le tube digestif tendu vers le pôle
tives transmurales ne font pas l’objet de ce chapitre (cf. céphalique de la patiente, la main gauche de l’opérateur
chapitre 18). tient la lésion, tandis que sa main droite effectue la dissec-
Il est nécessaire d’évaluer la localisation de la lésion par tion ultrasonique. Une troisième personne à la voie basse
rapport à la jonction cervico-isthmique, ainsi que l’atteinte peut installer une bougie intrarectale (aussi appelée « tête
myométriale ou non (adénomyose externe) (fig.  17.7). fantôme ») matérialisant la lumière du tube digestif.
Selon la profondeur, il est préférable de réaliser un shaving Idéalement, on progresse dans un axe supéro-inférieur.
utérin avec évaluation peropératoire de l’IRM. Si la lésion Si toutefois l’opérateur ne parvient pas à distinguer le tissu
n’est pas résécable sans léser le myomètre, il faut mesurer sain, et s’il existe un risque trop grand de perforation diges-
l’exérèse de la lésion, notamment avec le risque de plaie tive, nous conseillons un abord latéral de la lésion. Ainsi,
cervico-isthmique peropératoire, et celui d’isthmocèle uté- la différence entre le mésorectum et la lésion peut-elle
rine postérieure postopératoire. Tout l’enjeu de ce temps apparaître plus aisée. Néanmoins, on doit prendre garde à
opératoire réside donc dans l’évaluation préopératoire de la l’artère rectale moyenne qui chemine à ce niveau. Par ail-
résécabilité de la lésion d’endométriose pelvienne profonde leurs, il convient de la sectionner si elle est atteinte  : elle
postérieure. permet la mobilisation de la lésion.
Une fois que la lésion est libérée de son adhérence rec-
tale, on dégage de la partie postérieure de l’utérus. On peut
Point clé alors retirer le manipulateur endorectal. L’aide exerce une
traction de la lésion antéropostérieure. L’opérateur réalise
L’opérateur doit reconsidérer sa résection en cas la dissection ultrasonique le long de la partie postérieure
de discordance entre les imageries préopératoires de l’utérus pour détacher la lésion de la jonction corporéo-
et les constatations peropératoires si l’extension isthmique de l’utérus toujours dans le sens supéro-inférieur,
utérine de la maladie est plus importante que et cela jusqu’au vagin. La dissection est réalisée en tissu sain.
prévue. Le tissu sain est avasculaire, et se distingue clairement du
161
III. Stratégie opératoire

Fig. 17.8
Ultradissection de la lésion par rapport au vagin.
© Dessin : Cyrille Martinet.

tissu endométriosique. On n’identifie ni tissu fibreux ni tissu


graisseux.
Lorsque la lésion est complètement libérée de son
attache utérine, on évalue l’adhérence de la lésion au vagin.
Suivant l’aisance de la dissection à venir, on décide de réaliser
une dissection ultrasonique, plus ou moins une colpecto-
mie. L’enjeu est la réalisation d’une dissection complète de
la cloison rectovaginale, pratiquement jusqu’aux muscles
du plancher pelvien.
La dissection ultrasonique (fig. 17.8) suit les mêmes exi-
gences que les précédentes.
Guidée par le diagnostic préopératoire de l’atteinte vagi-
nale, on réalisera soit un shaving vaginal, soit une colpecto-
mie en cas d’atteinte confirmée. Certaines équipes réalisent
cette intervention uniquement par voie vaginale, ce que
nous ne recommandons pas ici, en raison de l’absence
Fig. 17.9
du bénéfice d’exploration de la cavité péritonéale, de la
Colpectomie à l’énergie monopolaire.
meilleure visibilité, malgré les potentielles difficultés anes-
thésiques dues au pneumopéritoine.
La colpectomie est parfois nécessaire lorsque l’ablation En définitive, une colpectomie élargie permet l’exérèse
de la lésion nécessite l’effraction de la paroi vaginale. On totale de la lésion d’endométriose. L’ouverture vaginale
réalise alors une incision à la lame monopolaire au pôle est ensuite suturée soit par un fil monobrin résorbable
supérieur de la lésion sur le vagin (fig.  17.9). Au cours de autobloquant, soit par un fil monobrin résorbable standard
ce temps opératoire, on réalise simultanément un toucher avec lequel on réalise des points séparés en X, ou bien un
vaginal, pour apprécier la taille de la lésion, et pour exposer surjet continu borné par des points en X.
la paroi vaginale sans léser la paroi opposée. L’alternative est L’axe de résection de la lésion lors de la colpectomie déter-
de placer une valve malléable intravaginale pour exposer le mine l’axe de suture (fig. 17.10). En effet, une résection verti-
cul-de-sac atteint par la lésion. Le reste de la colpectomie cale rend nécessaire la réalisation d’une suture transversale.
peut être réalisé avec l’énergie monopolaire, la thermo­ En revanche, une colpectomie horizontale amène la suture
fusion, ou bien la dissection ultrasonique. de façon longitudinale.

162
17. Endométriose profonde postérieure

Fin d’intervention
Une fois la lésion totalement détachée de ses adhérences
pelviennes postérieures, on l’extrait du pelvis le plus sou-
vent par le trocart de l’optique pour un envoi en analyse
anatomopathologique. Il existe une alternative qui consiste
à sortir la pièce par voie vaginale s’il existe une colpectomie
et ce, avant la suture de ladite colpectomie.
Il faut s’assurer que l’exérèse de la maladie endométrio-
sique est complète. Pour ce faire, il est possible de réaliser
en peropératoire un toucher vaginal, un toucher rectal, ou
bien un toucher bidigital qui évalue la disparition plus ou
moins complète de l’induration constatée lors de la consul-
tation préopératoire.
Fig. 17.10 L’étanchéité rectale peut être mesurée par test aux bulles
Suture de la colpectomie au fil monobrin. (test Michelin), plus ou moins associé à un test au bleu
patenté.
Technique inversée : dissection utérine Le péristaltisme urétéral doit demeurer satisfaisant.
On termine l’intervention par la vérification de l’hémo­
première, puis shaving rectal
stase.
On commence l’abord de la lésion par sa partie antérieure. Il n’est pas utile de fermer les fosses pararectales.
En effet, il est parfois plus aisé de disséquer la lésion de la En dehors de situations particulières, nous ne recom-
face postérieure de l’utérus. mandons pas la mise en place de drains.
On réalise une dissection antérieure de la lésion dans
le sens supéro-inférieur, en longeant la face postérieure de
la jonction cervico-isthmique, jusqu’au torus. L’aide exerce
une traction postérieure de la lésion, et l’opérateur peut Conclusion
ainsi avec ses deux mains réaliser la dissection. La prudence
de ce geste est de mise, notamment concernant le risque En présence d’endométriose du compartiment postérieur,
de plaie cervico-isthmique, pouvant conduire, en postopé- les indications opératoires doivent être posées avec discerne­
ratoire, à la création d’une isthmocèle postérieure, pouvant ment après évaluation de la balance bénéfices/risques.
ainsi grever le pronostic obstétrical des futures grossesses. L’évaluation clinque, la définition du projet thérapeutique
À l’arrivée sur la jonction cervicovaginale, on évalue la et la cartographie lésionnelle sont des étapes fondamen-
nécessité ou non d’effectuer une colpectomie suivant tales dans le projet chirurgical. Enfin Il est capital d’évaluer
l’atteinte de la paroi vaginale postérieure, comme décrite la faisabilité de la résection complète en préopératoire, tant
dans la méthode précédente. Si elle s’avère nécessaire, on sur le plan utérin, rectal, que vaginal et urétéral.
réalise sa suture une fois la pièce tombée. Quelles que soient les modifications anatomiques
Lorsque la lésion est détachée du compartiment anté- induites par la maladie endométriosique, la standardisation
rieur, il s’agit désormais de la détacher du compartiment de cette intervention permet de réduire la morbidité per
postérieur, soit de réaliser un shaving rectal. Il se réalise et postopératoire, et de garantir un résultat anatomique et
comme décrit précédemment. fonctionnel optimal.

163
Chapitre 18
Endométriose digestive

PLAN DU C HAPITRE
Introduction 165

Atteinte colorectale 166

Traitement conservateur du rectum 166

Résection segmentaire rectosigmoïdienne


par voie cœlioscopique 173

Atteinte digestive non colorectale 178

Localisation appendiculaire 178

Cæcum : résection iléocæcale ou agrafage


cæcal 178

Grêle : résection – anastomose segmentaire 178

Iléostomie de protection 179

Indications 179

Technique 179
Chirurgie de l’endométriose
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
18. Endométriose digestive

Introduction
Benjamin Merlot, Thomas Dennis, Damien Forestier, Myriam Noailles, Horace Roman

L’endométriose digestive est définie comme une atteinte de la qualité de vie des patientes, et justifiant ainsi la propo-
d’une des couches de la paroi du tube digestif. Elle repré- sition d’un traitement chirurgical.
sente entre 8 à 30 % des endométrioses profondes. L’option chirurgicale en cas d’atteinte digestive a d’ailleurs
Il s’agit de l’atteinte «  non gynécologique » la plus fré- été retenue lors des dernières recommandations de bonne
quente. Dans la majorité des cas, elle concerne le rectum et pratique clinique du Collège national des gynécologues et
la charnière rectosigmoïdienne [1,2]. obstétriciens français en 2017 [10] :
Les lésions digestives peuvent parfois être multifocales • «  la chirurgie pour endométriose colorectale améliore
[1]. l’intensité des symptômes gynécologiques, digestifs et
Il existe également, de manière moins fréquente, des généraux ainsi que la qualité de vie sans que l’on puisse
atteintes iléocæcales, appendiculaires et grêliques. Dans de présager de la durée de cette efficacité (NP2). » ;
nombreux cas, il peut s’y associer une atteinte des voies uri- • « la chirurgie pour endométriose colorectale est efficace
naires, du vagin, des paramètres, des annexes ou bien une sur les symptômes gynécologiques, digestifs et améliore la
adénomyose [3]. qualité de vie (grade B) ».
Le type et l’intensité des symptômes liés aux atteintes Elle permet indépendamment de la technique utilisée
digestives peuvent varier d’une patiente à l’autre, certaines une amélioration des principaux symptômes et de la qua-
patientes peuvent être parfaitement asymptomatiques. lité de vie. Plusieurs études rétrospectives ou prospectives
Parmi ces symptômes, majoritairement cataméniaux, on ont en effet confirmé cette efficacité, que ce soit par une
note les diarrhées, les dyschésies, la constipation ou l’alter- approche radicale ou conservatrice (shaving ou résection
nance diarrhée – constipation, les ténesmes, les épreintes, discoïde) [11-13].
les rectorragies et, pour les lésions les plus évoluées, le syn- La chirurgie de l’endométriose avec atteinte digestive
drome subocclusif. présente également un intérêt dans la prise en charge des
Les mécanismes des douleurs sont multiples. Les patientes avec désir de grossesse ou infertiles. En effet, plu-
microsaignements cataméniaux au niveau des implants sieurs séries rapportent un taux de grossesses spontanées
endométriosiques digestifs entraînent des phénomènes pouvant aller jusqu’à 39,5 % (pour des patientes avec projet
inflammatoires responsables en partie des symptômes de grossesse [14-19]) et des taux cumulés de grossesses
cycliques [4]. allant jusqu’à 74 % dans le cas des patientes infertiles avant
La fibrose liée au nodule et la fixation aux organes de la chirurgie.
voisinage (torus, cul-de-sac vaginal, paramètres) peuvent Toutefois, il apparaît primordial de réaliser un traite-
altérer la fonction péristaltique et entraîner des phéno- ment chirurgical aussi complet que possible, que ce soit
mènes de constipation ou des dyschésies [4]. Les lésions dans le but de la réduction de la symptomatologie, du
évoluées rétrécissent la lumière rectale et peuvent être res- risque de récidive des lésions et des douleurs, ou pour
ponsables de phénomènes de constipation opiniâtre allant l’amélioration de la fertilité. En effet, plusieurs études ont
jusqu’à l’occlusion digestive [5]. Enfin, les infiltrations des montré une relation entre chirurgie incomplète macro-
plexus hypogastriques peuvent être responsables d’une scopiquement et taux de récidive avec recrudescence
altération de la fonction du rectum, du sigmoïde et du des douleurs [20,21] mais aussi entre chirurgie incom-
côlon gauche [6]. plète et diminution du taux de fertilité spontané ou via
Le traitement médical, souvent prescrit en 1re intention l’A MP [22].
en cas d’absence de projet de grossesse, permet la plupart Cette chirurgie, parfois considérée comme étant
du temps de réduire significativement les symptômes cata- «  lourde », expose la patiente à des complications per et
méniaux [7,8]. postopératoires non négligeables.
Toutefois, le traitement médical peut rester limité dans De manière globale, selon les séries et les caractéristiques
la gestion des douleurs liées à la composante fibreuse de des patientes incluses, le risque de complications majeures
l’atteinte [9], et certains symptômes peuvent persister mal- varie de 1,7 à 12 % [11,12,20,23-27]. Dans l’étude du groupe
gré l’aménorrhée, tels que les dyschésies, la constipation et FRIENDS réunissant la plupart des chirurgiens de l’endomé-
les diarrhées et les dyspareunies entraînant des altérations triose digestive en France [3] :
165
III. Techniques chirurgicales

• le risque global de fistule digestive était de 2,7 % (plus cæcal (si la limite du nodule du bas-fond cæcal est localisée
précisément de 1,3 % après shaving, 3,6 % après résection à plus de 2 cm de la jonction iléocæcale) ou une résection
discoïde et 3,9 % après résection colorectale) ; iléocæcale suivie par une anastomose iléocolique droite.
• le risque de fistule urétérale était de 0,7 % et le risque de Les nodules isolés du côlon sigmoïde sont souvent
dysurie postopératoire atteignait 8,6 %. traités par résections segmentaires courtes. Lorsque les
L’information détaillée des patientes au sujet des risques nodules sont situés à plus de 20 cm de la marge anale, les
possibles liés à la chirurgie représente une étape importante résections sont réalisées par un abord sus-pubien. En raison
de la consultation préopératoire. de la mobilité du sigmoïde, la technique de shaving semble
Plusieurs techniques et approches chirurgicales sont à moins adaptée aux nodules du côlon sigmoïde.
notre disposition afin de définir la meilleure option et le La stratégie chirurgicale en cas de nodule d’endomé-
meilleur compromis pour les patientes entre la nécessité triose infiltrant le rectum est plus débattue.
d’une chirurgie complète et le risque de complication per L’étude du groupe FRIENDS a permis de répertorier
et postopératoire. 1 135 patientes opérées lors de l’année 2015 d’une endomé-
En cas d’atteinte grêlique ou iléocæcale, la plupart des triose avec geste digestif [3]. Elle a pu mettre en évidence
équipes s’accordent sur la justification d’une résection notamment la diversité des stratégies et techniques chi-
segmentaire du grêle (lorsque l’anastomose grêlo-grêlique rurgicales proposées aux patientes. Selon l’expérience des
est à une distance raisonnable de la jonction iléocæcale, équipes, la répartition entre les techniques conservatrices
en général > 5 cm), une exérèse cunéiforme du bas-fond et « radicales » était très variable.

Atteinte colorectale

Traitement conservateur Voie d’abord


du rectum La voie mini-invasive est à privilégier. Un essai randomisé a
démontré la supériorité de la cœlioscopie, notamment en
Benjamin Merlot, Thomas Dennis, Damien Forestier, termes de pertes sanguines, de complications postopéra-
Myriam Noailles, Horace Roman toires et de taux de grossesses spontanées [11].
Le pneumopéritoine peut être réalisé selon deux moda-
lités :
Installation de la patiente • par mise en place d’une aiguille de Palmer ou de Véres
et de l’équipe chirurgicale au niveau de l’ombilic ou de l’hypocondre gauche et réali-
sation des manœuvres de sécurité ;
La patiente est installée en décubitus dorsal, les bras le long • par open cœlioscopie consistant en une incision parié-
du corps, les membres inférieurs écartés et les genoux légè- tale, une ouverture chirurgicale du péritoine et la mise en
rement fléchis à 15°. place d’un trocart spécial dit d’open cœlioscopie avec bal-
La colonne vidéo est à ses pieds. lonnet gonflable pour l’étanchéité du pneumopéritoine.

Remarque Positions des trocarts


Ce type de chirurgie peut tout à fait également Le premier trocart de 10 mm pour l’optique est introduit au
être réalisé par voie robotique. Plusieurs séries niveau de l’ombilic.
rapportent sa faisabilité avec des résultats compa- Les autres trocarts de 5 mm sont placés sous contrôle de
rables à la voie cœlioscopique, notamment en la vue après avoir infiltré la paroi avec un anesthésiant type
termes de complications [28-32]. ropivacaïne (Naropéine®) : un trocart au-dessus de l’épine

166
18. Endométriose digestive

antérosupérieure gauche, un trocart sus-pubien, un trocart


au-dessus de l’épine antérosupérieure droite. Ce dernier
peut être remplacé par un trocart de 12 mm s’il est néces-
saire d’utiliser une pince de suture digestive.
On utilise un optique de 0° ou un optique de 30° en
fonction de ses habitudes.

Exposition
Le patient est en mis en Trendelenburg avec possibilité de
roulis vers la droite.
Le grand omentum est refoulé au-dessus du côlon trans-
verse.

Shaving (vidéo e.18.1 )  

Remarque

Il est important de noter que le shaving et les tech- Fig. 18.1


niques de résection discoïde font partie des traite- Description anatomique du rectum.
© Cyrille Martinet.
ments dits conservateurs du rectum en opposition à
la résection segmentaire. En effet, ces deux approches
permettent de ne pas emporter la totalité d’un seg- peut également être nécessaire, de même qu’une résection
ment de rectum, de préserver en totalité le mésorec- vaginale partielle en cas d’atteinte transfixiante du vagin.
tum, ainsi que le volume de l’ampoule rectale. Selon certains auteurs, le nodule doit préalablement être
complètement libéré et laissé attaché au rectum avant de
Le shaving ne nécessite pas obligatoirement de suture procéder au shaving proprement dit. Ensuite, le nodule est
digestive. saisi par une pince à griffe et progressivement détaché de
Il s’agit d’une technique couramment utilisée, car elle la paroi rectale (fig. 18.2). D’autres auteurs préfèrent laisser
représentait 48,1  % des gestes digestifs dans l’étude du le nodule attaché au vagin et tracter en arrière le rectum
groupe FRIENDS [3]. à l’aide d’une pince, ce qui permet d’ouvrir l’angle dièdre
Des larges séries rétrospectives ont permis d’évaluer l’effi- formé entre la paroi postérieure du nodule et la paroi anté-
cacité de la technique, les complications postopératoires rieure du rectum, et de détacher progressivement le nodule
les plus fréquentes et les résultats à moyen terme [24,33,34]. par rapport à la paroi rectale.
La technique consiste à «  peler » la face antérieure du Le shaving peut être réalisé à l’aide d’instruments diffé-
rectum, afin de réaliser une excision macroscopiquement rents selon l’expérience de l’auteur : ciseaux froids, crochet
complète du nodule d’endométriose, sans ouverture de la ou ciseaux monopolaires, bistouri aux ultrasons, laser CO2
lumière digestive. ou énergie plasma.
Elle est donc habituellement réservée aux atteintes de Un test d’étanchéité de la paroi rectale est généralement
la séreuse ou musculeuse superficielle (fig.  18.1). Pour les réalisé à la fin du geste d’exérèse, surtout en cas de shaving
nodules infiltrant la paroi digestive jusqu’à la sous-muqueuse, profond, afin de s’assurer de l’absence de plaie transfixiante
la réalisation d’un shaving profond doit être prudente, et du rectum (fig. 18.3).
la sous-muqueuse mise à nu doit être recouverte par des Le rectum est examiné et palpé à l’aide des pinces ou par
points de suture, voire réséquée par une exérèse discoïde, un toucher rectal, afin de s’assurer de l’absence de rigidité
afin d’éviter une fistule digestive postopératoire précoce. de la zone de shaving, qui témoignerait du caractère incom-
Le début de l’intervention reste le même, notamment plet du geste digestif.
le temps gynécologique, et consiste à ouvrir les espaces Une suture « préventive » de la face antérieure du rectum
latérorectaux et rectovaginal autour des limites du nodule peut être réalisée encas de shaving profond allant jusqu’à la
d’endométriose profonde. Une urétérolyse uni ou bilatérale sous-muqueuse.
167
III. Techniques chirurgicales

Fig. 18.2 Fig. 18.3


Technique : shaving rectal. Résultats post-shaving.
© Cyrille Martinet. © Cyrille Martinet.

Exérèse discoïde (vidéo e.18.2 )  


conditions. Le shaving profond est le préalable absolument
indispensable de l’exérèse discoïde à l’aide des pinces trans-
La résection discoïde s’est développée depuis 20 ans, avec anales, car celles-ci ne peuvent pas se fermer autour d’un
initialement la réalisation d’une ouverture rectale avec nodule laissé en place (fig. 18.6).
résection de la partie infiltrée, puis la suture directe [35].
Plus tard, des techniques d’exérèse discoïde avec suture
rectale par agrafage automatique par voie transanale (avec Résection et suture manuelle
section et suture simultanée) ont été développées [36-38].
Cette technique réalise la résection complète du nodule
Pourtant, la résection discoïde n’a été utilisée que dans
avec une ouverture de la lumière digestive et suture directe
7,3 % des cas dans l’étude FRIENDS sur 1 135 patientes opé-
des berges. La réalisation préalable d’un shaving n’est pas
rées [3]. Seulement 16 des 56  centres participant à cette
nécessaire. La suture est réalisée habituellement par des
étude avaient recours à cette approche en 2015.
Le premier temps de l’intervention est identique à celui points séparés de fil résorbable. Les exérèses discoïdes au
précédemment décrit (cf. supra « Shaving ») avec libéra­ niveau du côlon sigmoïde peuvent être réalisées par suture
tion du nodule d’endométriose profonde, ouverture des directe, à travers une mini-incision sus-pubienne. L’assis-
espaces latérorectaux, des ligaments utérosacrés qui sont tance robotique facilite la suture du rectum grâce aux
souvent réséqués dans leur partie proximale, du torus, du degrés supplémentaires de liberté des porte-aiguilles.
cul-de-sac vaginal postérieur, du vagin avec parfois néces-
sité de colpectomie partielle.
Une urétérolyse uni ou bilatérale est également souvent Exérèse discoïde à la pince agrafeuse
nécessaire. circulaire transanale
Le nodule d’endométriose est ainsi «  pédiculé » sur le Cette technique permet la résection de nodules pouvant
rectum (fig. 18.4). aller jusqu’à 3 à 4 cm de diamètre, et localisés au maximum
Le temps digestif débute par un shaving qui permet à la 18-20 cm au-dessus de la marge anale.
fois de réduire le diamètre de la lésion et donc de limiter Le shaving préalable est indispensable et doit être réalisé
la taille de la résection, et également de diminuer l’épais- aussi profond que possible afin de réduire au minimum l’épais-
seur (la profondeur de la lésion, fig.  18.5), conduisant à seur de la paroi rectale à exciser et, par conséquent, d’aug-
une résection par agrafage transanal dans de meilleures menter la surface possible du disque à enlever (cf. fig. 18.6).
168
18. Endométriose digestive

Fig. 18.4 Fig. 18.5


Nodule avec infiltration de la musculeuse profonde. 1er temps : shaving rectal incomplet.
© Cyrille Martinet. © Cyrille Martinet.

Fig. 18.6
Aspect après shaving incomplet.
© Dessin : Cyrille Martinet.

169
III. Techniques chirurgicales

Lorsque le shaving a été réalisé, le chirurgien digestif se Exérèse discoïde transanale à la pince
place entre les jambes de la patiente et introduit dans le semi-circulaire Contour® Transtar :
rectum une pince transanale avec l’enclume montée et
fermée, lubrifiée au préalable. La pince est poussée sous le
« technique de Rouen » (vidéo e.18.3 )  

contrôle de la vision endoscopique, jusqu’au moment où Il s’agit d’une technique développée par l’équipe de Rouen
son extrémité dépasse la zone de shaving. Dans le cas des à partir de 2009 [39].
nodules avec protrusion intraluminale, le shaving permet Elle permet l’exérèse des nodules volumineux d’endomé-
de réduire la sténose et d’assouplir la paroi rectale, afin de triose profonde du bas et moyen rectum, localisés jusqu’à
permettre le passage de la pince transanale au-delà de la 8 à 10 cm au-dessus de la marge anale et infiltrant la paroi
zone préalablement sténosée. rectale sur 5 à 6 cm de longueur. Cette procédure a l’avan-
Le chirurgien gynécologue place un fil résorbable 3/0 tage de conserver une partie du rectum avec résection
dans les limites supérieure et inférieure de la zone de sha- uniquement de la paroi antérieure, en réduisant le risque
ving. Le chirurgien digestif ouvre complètement la pince du redoutable syndrome de résection rectale.
(fig.  18.7), tandis que le chirurgien gynécologue noue Un shaving profond préalable est également nécessaire
le fil, en sectionnant le fil à 4-5 cm du nœud. À l’aide de afin de bénéficier des mêmes avantages décrits ci-dessus et
deux porte-aiguilles qui saisissent les deux fils, le nœud est d’optimiser la qualité de l’agrafage.
poussé vers le bas, tandis que la pince transanale est anté- La collaboration entre les chirurgiens gynécologique et diges-
versée au maximum, afin que la zone de shaving se retrouve tif est aussi primordiale car il s’agit d’une procédure combinée
complètement pliée en deux entre les mors de la pince. La avec contrôle cœlioscopique du bon déroulement du geste.
pince est progressivement fermée sous contrôle de la vue, La pince utilisée est la pince Contour® Transtar (Ethicon).
jusqu’à ce que la zone de shaving disparaisse complètement Une fois le shaving réalisé, le chirurgien digestif se posi-
entre ses deux mors. Une fois fermée, la pince est armée et tionne entre les jambes de la patiente. Il installe un dilatateur
la section est déclenchée après 10 à 15 secondes (fig. 18.8). anal qu’il fixe à la marge anale avec 4 points de suture placés
L’étanchéité de la suture est testée par insufflation de dans les 4 points cardinaux. La zone de shaving est repérée
50-100 mL d’air dans le rectum. Des points séparés de fil résor- par voie transanale sous contrôle de la vue endoscopique.
bable peuvent être placés sur la ligne d’agrafes si nécessaire. Le chirurgien digestif place par voie transanale plusieurs fils
L’examen de la pièce permet de s’assurer du caractère de traction, au niveau des limites inférieure et supérieure,
macroscopiquement complet du geste chirurgical (fig. 18.9). ainsi qu’au centre de la zone de shaving. Il réalise une traction

Fig. 18.7
Mise en place de la pince pour exérèse discoïde rectale.
© Dessin : Cyrille Martinet.

170
18. Endométriose digestive

Fig. 18.8
Section et agrafages.
© Dessin : Cyrille Martinet.

la zone de shaving entre les mors. La pince est fermée, l’agra-


fage est déclenché, ensuite la paroi rectale est sectionnée. Le
geste est répété 3 à 4 fois en remplaçant les recharges d’agrafes.
Un test d’étanchéité est également réalisé, et quelques
points séparés de fil résorbable peuvent être parfois néces-
saires pour renforcer la ligne d’agrafes.

Place des produits anti-adhérences


En raison du risque augmenté de fistule digestive en cas
d’application des produits anti-adhérences autour des anas-
tomoses digestives [10], il n’est pas recommandé d’utiliser
des barrières anti-adhérentielles dans ce contexte.

Résultats
Les techniques radicales de type résection segmentaire
sont souvent présentées comme opposées aux techniques
conservatrices (discoïde ou shaving). Plusieurs études ont
comparé ces deux approches différentes. Une étude cas-
Fig. 18.9 témoins a comparé 48 résections discoïdes à 88 résections
Aspect post-exérèse discoïde. segmentaires, avec des résultats similaires en termes d’amé-
© Cyrille Martinet. lioration générale des douleurs et du taux de récidives, mais
avec une différence significative en termes de dysurie en
des fils vers le bas, dans l’axe du canal anal, afin d’induire pro- faveur des techniques discoïdes [40].
gressivement un prolapsus transanal de la zone de shaving. Le taux de complications semble également en faveur
La pince Contour® Transtar est introduite au niveau du des techniques conservatrices dans la série de Mohr [41]. De
point de 3 h, avec les mors ouverts, ensuite elle subit une rota- même, les résultats fonctionnels digestifs semblent meilleurs
tion en sens inverse aux aiguilles d’une montre, afin de glisser chez les patientes opérées par une technique conservatrice.
171
III. Techniques chirurgicales

La mobilisation limitée du côlon et l’absence de section du comme complémentaires dans le choix stratégique de
mésorectum permettent la préservation de la vascularisa- l’approche chirurgicale.
tion mais aussi la préservation de l’innervation et la bonne Ce choix peut se réaliser notamment lors de concer-
motricité du rectum et de la charnière rectosigmoïdienne. tation pluridisciplinaire grâce à la collaboration entre les
Une étude rétrospective a retrouvé un taux plus impor- équipes de chirurgie gynécologique et digestive.
tant de constipation distale en cas d’approche radicale
[42]. Une autre série comparative a rapporté un bénéfice
Paramètres guidant le choix de la stratégie
en termes de durée opératoire, de durée d’hospitalisation
chirurgicale la plus adaptée à la situation clinique
mais aussi de fonctions digestives postopératoires (notam- (fig. 18.10)
ment diarrhées et constipation) en faveur des techniques
conservatrices [43]. L’unique essai randomisé comparant ■
Localisation du nodule (sigmoïde, charnière rectosig-
la chirurgie radicale aux techniques conservatrices en cas moïdienne, haut rectum, moyen rectum, bas rectum),
d’endométriose profonde infiltrant le rectum sur plus de distance du nodule par rapport à la marge anale.

Taille du nodule et de l’infiltration digestive.
2  cm de longueur n’a pas confirmé les différences précé- ■
Profondeur de l’infiltration digestive (séreuse, mus-
demment observées en termes de score de qualité de vie culeuse, muqueuse).
et fonctions digestives, mais a montré un risque plus élevé ■
Atteinte multifocale.
de sténose digestive postopératoire après une résection ■
Expérience de l’équipe chirurgicale.
segmentaire [39]. ■
Âge de la patiente, symptômes, désir de grossesse et
Il apparaît donc que ces différentes approches chirur- antécédents chirurgicaux.
gicales ne sont pas en opposition mais doivent apparaître

Fig. 18.10
Algorithme d’aide au choix de la stratégie chirurgicale la plus adaptée en cas d’endométriose digestive.
172
18. Endométriose digestive

Résection segmentaire
rectosigmoïdienne
par voie cœlioscopique
Anne Gandon

Préparation peropératoire
Un bilan iconographique préopératoire est systématique-
ment réalisé pour préciser au mieux la topographie des
atteintes digestives, le geste opératoire et l’indication ou
non d’une stomie de protection. Néanmoins, toutes les
patientes reçoivent une préparation colique qui n’est théo-
riquement indiquée qu’en cas de résection rectale avec réa-
lisation d’une stomie de dérivation. Un régime sans résidus
est prescrit pendant 5 jours avant l’intervention et une pré-
paration colique type polyéthylène-glycol est administrée Fig. 18.11
la veille de l’intervention. Installation de la patiente.
© Cyrille Martinet.
Outre l’explication du geste opératoire, des risques de
complication et l’évaluation ou non de la mise en place d’une
stomie de protection en consultation de chirurgie digestive,
les patientes rencontrent en préopératoire une infirmière
stomathérapeute pour information sur l’appareillage de la
stomie et pour un marquage préopératoire du futur site de
stomie afin de limiter les difficultés d’appareillage.

Position opératoire
La patiente est installée en position de double équipe,
idéalement les deux bras le long du corps, l’opérateur étant
placé à gauche de la patiente pour le temps gynécologique
et à droite de la patiente pour le temps digestif. On vérifie Fig. 18.12
la possibilité de mise en position de Trendelenburg et de Position des trocarts.
roulis droit afin de faciliter l’exposition. 1 : trocarts opérateurs dans le flanc ou l’hypocondre droit et la fosse
Le chirurgien se place à droite de la patiente, son aide iliaque droite ; 2 : trocart optique ombilical ; 3 : marquage du site
d’iléostomie préopératoire ; 4 : trocart en fosse iliaque gauche ;
est à côté, à la gauche du chirurgien et l’instrumentiste en 5 : trocart sus-pubien.
face. La colonne de cœlioscopie est placée entre les jambes
et l’écran légèrement décalé en face du chirurgien dans l’ali-
gnement de la cuisse gauche de la patiente (fig. 18.11).
• un trocart de 5 ou 10  mm sus-pubien est également
souvent positionné lors du temps gynécologique. Il est
Disposition des trocarts utilisé pour l’introduction de la pince à agrafage/section
linéaire s’il est disponible.
On utilise en général 5 trocarts pour cette intervention
(fig. 18.12) : Matériel chirurgical
• le trocart de 10 mm périombilical déjà positionné lors
du temps gynécologique reste le trocart optique ; • Un optique 30° peut être utile et apporter un confort
• les trocarts de 5 mm en fosse iliaque gauche et droite supplémentaire lors de la dissection rectale mais dans notre
positionnés lors du temps gynécologique servent respective- expérience, l’intervention est réalisée sans difficulté avec un
ment de trocarts d’exposition et opérateur ; optique 0°.
• un trocart opérateur de 5 mm est introduit en flanc ou • Il est en revanche nécessaire d’opter pour l’emploi d’un
hypocondre droit ; bistouri à ultrasons ou à thermofusion car la dissection
173
III. Techniques chirurgicales

Fig. 18.13
Décollement colopariétal gauche.
1 : côlon gauche ; 2 : gouttière pariétocolique gauche ; 3 : décollement colopariétal gauche ; 4 : fascia prérénal.

s’effectue « au ras du tube digestif » et nécessite une coagu- l’opérateur pour mettre en tension le péritoine fixant le
lation efficace du mésosigmoïde et du mésorectum. côlon gauche à la gouttière pariétocolique gauche. Ce
• On y associe l’utilisation d’une pince bipolaire. feuillet péritonéal est incisé de bas en haut jusqu’à l’angle
• Pour la résection et l’anastomose, une pince à agrafage/ qu’il est rarement nécessaire de libérer. On réalise ainsi
section linéaire avec recharge et une pince à suture/agra- une mobilisation colique gauche de dehors en dedans. Le
fage circulaire transrectale sont nécessaires. mésocôlon gauche est libéré dans un plan avasculaire lais-
• Enfin, une jupe stérile ou une housse circulaire plas- sant en postérieur l’uretère gauche, les vaisseaux génitaux et
tifiée avec capuchon si l’incision est réalisée en regard d’un le fascia prérénal de Gérota (fig. 18.13).
trocart opérateur permet de protéger la paroi abdominale
lors de l’extraction de la pièce opératoire et de réinsérer un Dissection sigmoïdienne et de la charnière
trocart lors de la reprise de la cœlioscopie. rectosigmoïdienne
Exploration Points clés
L’exploration de la cavité abdominale vise à éliminer une
localisation digestive non identifiée sur le coloscanner ■
Résection segmentaire complète.
préopératoire, en particulier l’appendice et la jonction iléo- ■
Limitation des conséquences fonctionnelles.
cæcale qui imposeraient une appendicectomie ou une ■
Respect des plexus nerveux.
résection iléocæcale compte tenu du risque occlusif. ■
Conservation d’un maximum de rectum.
Une fois le côlon gauche, le sigmoïde et leurs mésos libé-
Résection rectosigmoïdienne rés et mobiles, on repère le pôle supérieur de la lésion
Mobilisation colique gauche d’endométriose qui est ascensionnée vers la paroi à l’aide
d’une pince introduite dans le trocart de la fosse iliaque
On débute le temps digestif par un décollement du fascia (fig.  18.14). Le mésocôlon gauche et le mésosigmoïde
de Toldt droit qui permet de sagittaliser le côlon gauche sont ainsi exposés pour réaliser une fenêtre dans le méso-
et d’augmenter sa mobilité pour l’extraction de la pièce sigmoïde juste sous le bord mésentérique du sigmoïde
de résection sans tension ainsi que la réalisation de l’anas- 1  cm environ en amont de la lésion d’endométriose afin
tomose colorectale également sans tension. En position de de respecter l’axe des vaisseaux mésentériques et l’arcade
Trendelenburg et roulis droit facilitant le basculement des bordante. La dissection est ensuite menée le long du bord
anses grêles en hypocondre droit, la charnière rectosigmoï- mésentérique du sigmoïde au ras du tube digestif, le méso-
dienne est tractée vers la fosse iliaque droite à l’aide d’une sigmoïde est sectionné à l’aide d’un bistouri à ultrasons ou à
pince introduite dans le trocart de la fosse iliaque gauche. thermofusion pour faire l’hémostase progressive des petites
Le côlon gauche est attiré à droite par la main gauche de branches sigmoïdiennes (fig. 18.15). Cette dissection selon
174
18. Endométriose digestive

digestifs et de réascensionner la lésion sans sacrifier de


rectum sain par dévascularisation rectale si le mésorectum
était abordé en premier lieu sous la lésion.

Dissection et section rectale


Les enjeux majeurs de la dissection rectale sont la préser-
vation d’un maximum de rectum natif vascularisé et la pré-
servation nerveuse pour éviter les séquelles fonctionnelles.
Il convient donc de poursuivre la dissection en section-
nant toujours au bistouri à ultrasons ou à thermofusion
le mésorectum au plus proche du rectum. La charnière
rectosigmoïdienne est attirée vers haut par l’aide à l’aide
d’une pince introduite dans le trocart de fosse iliaque
gauche ou sus-pubien. On débute par le mésorectum pos-
térieur (le plus souvent libre, compte tenu de la localisa-
tion des atteintes endométriosiques volontiers antérieures)
Fig. 18.14 permettant d’accéder aux joues latérales du mésorectum
Exposition de la charnière rectosigmoïdienne. (fig. 18.16). En regard des lésions d’endométriose rectales,
1 : pince de l’aide positionnée au pôle supérieur de la lésion ;
2 : main gauche opératrice exposant le mésosigmoïde ; 3 : suspension
le mésorectum est épaissi et plus difficile à sectionner
annexe droite ; 4 : utérus. souvent adhérent latéralement où il convient de vérifier le
trajet des uretères et de faire l’urétérolyse le cas échéant.
la technique de nerve sparing, préservant le mésocôlon, Le nerf hypogastrique et le plexus hypogastrique inférieur
permet une conservation de la vascularisation et le plexus doivent être respectés au maximum. Une tête fantôme
hypogastrique supérieur. La dissection est poursuivie sur la intrarectale introduite par un aide situé entre les jambes
charnière rectosigmoïdienne au ras du tube digestif, loin de peut être utile afin d’exposer le rectum et d’identifier la
l’uretère qu’il convient de repérer si l’urétérolyse gauche n’a zone de section rectale en aval du bord inférieur de la
pas déjà été réalisée lors du temps gynécologique. lésion. La section rectale est réalisée à l’aide d’une agrafeuse
Les lésions d’endométriose rectosigmoïdienne forment linéaire introduite par un trocart de 12  mm sus-pubien
très souvent des replis du sigmoïde et du rectum qui sont généralement (fig. 18.17). Idéalement, la section s’effectue
adhérents sur le nodule d’endométriose. La section des en un seul ou deux chargeurs d’agrafes, perpendiculaire
mésos au ras du tube digestif permet outre la technique au rectum sur une zone correctement vascularisée afin de
de nerve sparing de «  déboucler » ces segments de tube limiter le risque de fistule anastomotique.

Fig. 18.15
Section du mésosigmoïde.
1 : mésosigmoïde ; 2 : respect de l’axe mésentérique inférieur ; 3 : axe de section du mésosigmoïde pour la préservation vasculaire et nerveuse ;
4 : section du mésosigmoïde juste en amont de la lésion au ras du tube digestif.
175
III. Techniques chirurgicales

Fig. 18.16
Dissection rectale.
1 : rectosigmoïde ascensionné par l’aide ; 2 : section du mésorectum, abord postérieur premier ; 3 : lésion d’endométriose ; 4 : tête fantôme
intrarectale exposant la future zone de section.

Fig. 18.17
Section rectale.
A. Repérage de la zone de section rectale. 1 : zone de section ; 2 : lésion d’endométriose. B. Agrafage/section linéaire par le trocart sus-pubien.

Point clé ment être le site d’extraction. Le cas échéant, et le plus fré-
quent, est d’extraire la pièce par une courte incision cutanée
La dissection rectosigmoïdienne s’effectue au ras transversale sus-pubienne transversale. Les bords de l’incision
du tube digestif (nerve sparing) et du sigmoïde sont protégés par une housse circulaire plastifiée (fig. 18.18).
vers le rectum (« de haut en bas ») afin de préser- Le rectosigmoïde libéré est extrait à travers l’incision. On
ver un maximum de rectum natif vascularisé. réalise la section colique en amont de la lésion d’endométriose.
Après vérification de la bonne vascularisation du côlon en
regard de la fenêtre réalisée dans le mésosigmoïde via l’arcade
Extraction de la pièce de résection bordante, le côlon est sectionné. Une bourse manuelle ou à
L’extraction de la pièce de résection rectosigmoïdienne est l’aide d’une pince à bourse est confectionnée et l’enclume
réalisée par une courte incision (4-5 cm) dont le site est guidé d’une pince coupante à suture circulaire est introduite dans
par l’épargne pariétale et l’esthétisme. Lorsqu’une stomie de le segment colique avant fermeture de la bourse. On doit
protection est prévue, on crée le futur orifice de stomie et la prendre soin lors de la fermeture de la bourse d’éverser la
pièce de résection est extraite par cet orifice. Une cicatrice de muqueuse colique à l’aide de petites pinces atraumatiques
Mac Burney d’un antécédent d’appendicectomie peut égale­ accrochées électivement sur la muqueuse (fig. 18.19).
176
18. Endométriose digestive

et l’absence de grêle incarcéré. Le serrage est effectué


progressivement tout en vérifiant l’absence d’interposition
entre les mors de la paroi vaginale postérieure, de grêle ou
toute autre structure. La pince est actionnée et retirée. Les
collerettes rectale et colique retirées de la pince sont exa-
minées pour vérifier qu’elles soient circulaires, contrôlant
la qualité technique de l’anastomose (fig.  18.20). Afin de
vérifier l’étanchéité de l’anastomose, on injecte de l’air par le
rectum après avoir rempli le pelvis de sérum physiologique.
On peut également injecter du sérum coloré au bleu de
méthylène par voie transanale via une sonde de Foley dont
le ballonnet est gonflé juste au-dessus du sphincter.

Drainage
Le drainage n’est pas recommandé afin d’améliorer la réha-
Fig. 18.18 bilitation précoce. Nous réservons la mise en place d’un
Extraction de la pièce. drainage en cas de difficultés techniques peropératoire
1 : incision sus-pubienne protégée par une housse plastifiée circulaire ;
2 : lésion d’endométriose de la charnière rectosigmoïdienne. anastomotiques ou en cas de saignement.

Omentoplastie
Anastomose colorectale Bien qu’elle soit largement utilisée en chirurgie digestive,
Le côlon muni de son enclume est réintroduit en intra- l’omentoplastie d’interposition n’a pas montré d’intérêt
abdominal et l’incision temporairement fermée à l’aide du dans la prévention des fistules anastomotiques en chirur-
capuchon de la housse circulaire plastifiée afin de réintro- gie colorectale. Dans notre équipe, compte tenu de l’effet
duire un trocart si nécessaire. Par voie transanale, on intro- éventuel délétère sur la fertilité par encombrement stérique
duit la pince coupante à agrafage circulaire et sous contrôle dans le pelvis, elle n’est pas réalisée en cas de chirurgie avec
cœlioscopique, on vérifie la bonne position afin que son axe projet de grossesse. En revanche, en cas d’hystérectomie et
perfore la rangée d’agrafes rectales en son centre. L’enclume de résection rectosigmoïdienne avec anastomose colorec-
introduite dans le côlon est encliquetée sur la pince intra- tale ou résection discoïde, le choix de la réalisation d’une
rectale. Avant de démarrer le serrage, il convient de vérifier omentoplastie d’interposition entre les deux sutures est
l’absence de torsion du côlon sur son axe mésocolique laissé au chirurgien.

Fig. 18.19
Section colique (A) et mise en place de l’enclume (B, C).
1 : pince à bourse ; 2 : fil de bourse ; 3 : enclume ; 4 : pinces éversant la muqueuse.
177
III. Techniques chirurgicales

Fig. 18.20
Anastomose colorectale.
A. Perforation du rectum au centre de la ligne d’agrafage par l’axe de la pince (1). B. Encliquetage et serrage de la pince coupante à agrafage
circulaire. C. Vérification des collerettes circulaires, complètes. 2 : collerette colique ; 3 : collerette rectale.
© Dessin : Cyrille Martinet.

Atteinte digestive non colorectale


Anne Gandon

Les atteintes digestives non colorectales ne présentent pas avec anastomose iléocolique. Après libération de la racine
caractéristique d’exérèse chirurgicale particulière. du mésentère et décollement colopariétal droit, le mésen-
tère en regard de l’iléon à retirer et le méso du cæcum sont
Localisation appendiculaire sectionnés au ras du tube digestif. L’anastomose iléocolique
peut être réalisée en intracorporel sous cœlioscopie ou en
Une appendicectomie peut être réalisée sur la base appen- extracorporel par une courte incision selon les habitudes du
diculaire après ligature et section de son méso et du pédi- chirurgien.
cule appendiculaire si la base est saine. En cas d’atteinte de
la base, un agrafage du cæcum doit être réalisé. Une pince Grêle : résection – anastomose
d’agrafage section linéaire est utilisée en prenant garde de
laisser libre la valvule iléocæcale. segmentaire
Les atteintes endométriosiques du grêle, rarement isolées, peu-
Cæcum : résection iléocæcale vent justifier une résection devant le risque occlusif. L’anse est
ou agrafage cæcal repérée en cœlioscopie et extraite par courte incision, qui peut
être : le site d’extraction d’une résection rectosigmoïdienne, le
Une atteinte cæcale, de la valvule iléocæcale ou des 5 der- futur orifice de stomie, ou une mini-laparotomie réalisée au
niers centimètres de l’iléon justifie une résection iléocæcale, niveau du trocart ombilical en fin d’intervention. Une courte
178
18. Endométriose digestive

résection de grêle, après ligature et section du mésentère en congruence des segments digestifs et les habitudes du chirur-
regard de la lésion, est réalisée. L’anastomose peut être termi- gien. Une résection cunéiforme peut être également réalisée
noterminale, latérolatérale, manuelle ou mécanique selon la si l’atteinte est limitée sans risque de sténose.

Iléostomie de protection
Anne Gandon

au bord externe du muscle grand droit en prenant garde de


Indications ne pas léser l’artère épigastrique. Les muscles sont dissisés
aux ciseaux jusqu’à l’aponévrose postérieure et le péritoine
Les indications de stomies de protection peuvent varier selon
qui sont incisés également en croix. L’orifice de stomie doit
les équipes [10]. Dans notre pratique, nous réalisons une
laisser passer deux doigts : ni trop serré pour éviter le risque
stomie de protection lorsqu’une suture rectale (résection
d’occlusion, ni trop large pour limiter le risque d’éventration
rectosigmoïdienne avec anastomose colorectale ou résection
ou de prolapsus stomiaux. On extériorise l’iléon repéré. Une
discoïde) est associée à une suture vaginale en regard en cas
baguette ou un drain siliconé transmésentérique peut être
de chirurgie dans un contexte d’infertilité afin de limiter le
mis en place et fixé à la peau afin d’éviter l’invagination de la
risque de fistule rectovaginale ou de péritonite pelvienne pou- stomie en cas de paroi très adipeuse ou de stomie en tension,
vant altérer la fertilité et/ou retarder la prise en charge en aide mais dans la majorité des cas l’iléostomie peut être directe-
médicale à la procréation. En cas d’hystérectomie associée à ment ourlée à la peau par des points séparés. Après fermeture
une suture colorectale ou une résection discoïde, nous privi- aponévrotique et cutanée des orifices de trocarts, l’iléostomie
légions l’interposition d’une omentoplastie et ne réalisons une latérale est ouverte et ourlée à la peau en réalisant une trompe
stomie de protection qu’en cas de suture rectale basse voire selon le procédé de Turnbull visant à optimiser l’appareillage
très basse (< 5 cm de la marge anale), de dévascularisation et à protéger la peau péristomiale de liquide digestif.
rectale et/ou de difficulté technique peropératoire.
L’éventuel futur site de stomie est repéré la veille de l’inter-
vention. Classiquement situé au bord externe du muscle ``Vidéos
grand droit à mi-distance entre l’ombilic et la crête iliaque,
ce site est adapté en préopératoire en position debout et Des vidéos sont associées à ce chapitre. (Elles sont indi-
assise, et marqué au feutre afin d’éviter d’être dans un pli et quées dans le texte par un picto «  e »  ). Pour voir ces
de pouvoir être appareillé de manière optimale. vidéos, connectez-vous sur http://www.em-consulte/e-
Dans notre équipe, nous réalisons des iléostomies de complement/477427 et suivez les instructions.
protection. Malgré les inconvénients des iléostomies Vidéo e.18.1
comparées aux colostomies (hyperdébit, déshydratation), Shaving.
les risques de complications lors du rétablissement de
continuité sont moindres que pour une suture colique. Vidéo e.18.2
Exérèse discoïde à la pince agrafeuse circulaire transanale.
Point clé
Vidéo e.18.3
Une stomie de dérivation est indiquée en cas suture Exérèse discoïde transanale à la pince semi-circulaire Contour®
Transtar.
digestive (résection discoïde ou segmentaire) asso-
ciée à une suture vaginale chez les patientes ayant
un désir de grossesse à court ou moyen terme. Références
Technique [1] Bailey HR, Ott MT, Hartendorp P. Dis Colon Rectum 1994;37(8):747-53.
[2] Campagnacci R, Perretta S, Guerrieri M, et al. Laparoscopic colorec-
tal resection for endometriosis. Surg Endosc 2005;19(5):662-4.
La dernière anse est repérée par voie cœlioscopique. On réa- [3] Roman H. A national snapshot of the surgical management of deep
lise une incision cutanée circulaire d’environ 2 cm de diamètre infiltrating endometriosis of the rectum and colon in France in
sur le marquage. L’incision est poursuivie jusqu’au plan aponé- 2015: A multicenter series of 1135 cases. J Gynecol Obstet Hum
vrotique. Une incision en croix de l’aponévrose est réalisée Reprod 2017;46(2):159-65.
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III. Techniques chirurgicales

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Chapitre 19
Endométriose des voies
urinaires
François Golfier, Pierre-Adrien Bolze, Pascal Rousset, Philippe Paparel

PLAN DU C HAPITRE
Épidémiologie pratique 182

Diagnostic préopératoire 183

Traitement chirurgical 183

Chirurgie de l’endométriose
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
III. Stratégie opératoire

Épidémiologie pratique
L’atteinte endométriosique des voies urinaires est rare et
concerne environ 1 % des patientes endométriosiques. Elle
concerne en revanche environ 12 % des femmes atteintes
d’endométriose profonde, avec des taux rapportés variant
de 7 à 53 % dans la littérature [1].

Endométriose vésicale
Elle représente de l’ordre de 85  % des atteintes urinaires
endométriosiques. L’atteinte isolée du dôme dans ses deux
tiers antérieurs représente près du quart des atteintes vési-
cales [2] ; la chirurgie de ces lésions exclut le risque de réim-
plantation urétérovésicale. L’atteinte du tiers postérieur du
dôme au niveau du cul-de-sac vésico-utérin est présente
dans près de 80 % des cas ; elle s’étend alors à la base dans Fig. 19.1
près de 80  % des cas également. Dans les atteintes de la Sténose urétérale gauche de siège paramétrial.
base, la lésion peut venir à proximité immédiate des méats IRM pelvienne : coupe pondérée T2 parasagittale gauche.
ou les englober ; une réimplantation urétérovésicale peut
alors être nécessaire. L’endométriose vésicale est asso- dinales puis circulaires jusqu’à la muqueuse de l’uretère. Elle
ciée à une adénomyose externe de la paroi antérieure de peut s’observer dans les endométrioses polypoïdes [4] en
l’utérus chez 50 à 95 % des patientes. Ce taux est estimé à particulier, qui peuvent avoir un développement intralumi-
66 % par Rousset et al. qui retrouvent en IRM 18 % d’infil- nal marqué.
tration sévère jusqu’à la zone de jonction [2]. La résection Une technique radicale est nécessaire, à type d’excision
chirurgicale complète de l’adénomyose externe n’est donc urétérale avec réimplantation urétérovésicale habituellement ;
pas toujours possible sauf au prix d’un délabrement de la une résection segmentaire de l’uretère avec anastomose ter-
paroi utérine antérieure ou d’une hystérectomie. La validité minoterminale est possible si le segment atteint est court.
de l’excision concomitante de l’adénomyose externe pour • Lorsque l’obstacle urétéral est pelvien, juste en amont du
diminuer le risque de récidive de l’endométriose vésicale paramètre, il est presque toujours en continuité avec une
n’est cependant pas avérée [3]. endométriose du ligament utérosacré qu’il faut exciser dans
le même temps.
Endométriose périurétérale • Lorsque l’atteinte est intraparamétriale, elle peut s’éten-
dre vers l’avant à la base vésicale et au méat urétéral ; elle
ou urétérale nécessite alors une chirurgie plus complexe emportant
Elle représenterait moins d’un quart des endométrioses paramètre, uretère intraligamentaire et base vésicale
urinaires. La définition n’est cependant pas consensuelle ; la incluant le méat.
fréquence et la gravité rapportées sont donc très variables • L’atteinte urétérale suspendue en regard des vaisseaux
selon les publications. Les séries, très majoritaires, rappor- iliaques correspond habituellement à l’extension d’une
tant une stratégie d’urétérolyse de principe ne font état que atteinte du sigmoïde ou de son méso ou du ligament
d’environ 45 % de dilatation urétéro-pyélocalicielle ; celles lombo-ovarien contre la paroi pelvienne. Elle se traite par
rapportant une chirurgie radicale de principe font état excision des lésions et urétérolyse le plus souvent ; l’alter-
d’environ 95 % de dilatation urétéro-pyélocalicielle [1]. La native est une résection segmentaire avec anastomose
lésion siège le plus souvent du côté gauche (fig. 19.1). terminoterminale préférable à une réimplantation urétéro-
• L’atteinte est extrinsèque dans 80 % des cas, engainant vésicale haute.
l’uretère de façon variable ; l’urétérolyse est le plus souvent
suffisante mais une réimplantation urétérovésicale peut Endométriose rénale
être nécessaire.
• L’atteinte intrinsèque correspond à un envahissement Elle est exceptionnelle et représenterait de l’ordre de 1 à 2 %
centripète et progressif des tuniques musculaires longitu- des endométrioses urinaires [5].
182
19. Endométriose des voies urinaires

Diagnostic préopératoire intraluminal peuvent permettre d’affirmer l’atteinte intrin-


sèque ; elles sont rares.
L’existence d’une dilatation sur l’imagerie préopératoire
Endométriose vésicale est finalement le facteur le plus fortement corrélé à la néces-
Les douleurs mictionnelles et la dysurie à recrudes- sité d’une chirurgie radicale (OR ≈ 77 [6]) de type excision
cence cataméniale sont présentes chez près de 85 % des – réimplantation urétérovésicale ou résection segmentaire
patientes opérées d’endométriose vésicale. L’hématu- – anastomose. L’uroscanner avec injection permet de pré-
rie cyclique concerne près de 20  % de ces patientes. La ciser le degré d’urétérohydronéphrose allant de la simple
fréquence des lésions asymptomatiques ne nécessitant dilatation de l’uretère pelvien à la dilatation minime puis
pas de prise en charge chirurgicale est difficile à évaluer. sévère des bassinets avec atrophie parenchymateuse au
L’échographie transvaginale et l’IRM sont les deux exa- maximum. La scintigraphie au Mag3 (mercaptoacétyltri-
mens d’imagerie diagnostique de l’endométriose vésicale glycine, ou au DMSA – Dimercaptosuccinic Acid) évalue
les plus performants. Ces deux examens permettent le la fonction rénale résiduelle. Elle est systématique en cas
diagnostic positif de l’endométriose vésicale. Ils précisent d’urétérohydronéphrose.
la taille qui est en moyenne de 30  mm et l’atteinte du • Une fonction rénale assurée à moins de 10  % par le
dôme et/ou de la base de la vessie. L’IRM permet de plus rein dilaté correspond habituellement à un rein fonction-
de préciser l’atteinte du dôme sur ses deux tiers antérieurs nellement détruit ou avec marge de récupération anecdo-
ou sur son tiers postérieur, ainsi que l’atteinte de la base en tique. La destruction rénale n’implique une néphrectomie
précisant ses rapports avec les méats urétéraux de façon de principe que lorsque ce rein devient symptomatique,
d’autant plus reproductible que la réplétion vésicale est principalement sous forme de pyélonéphrites obstruc-
satisfaisante [2]. L’échographie et l’IRM ne permettent pas tives, de douleurs, voire d’hypertension artérielle mal
de prédire la nécessité d’une réimplantation urétérovési- contrôlée.
cale de façon fiable dans les atteintes vésicales ; les consta- • Une fonction rénale assurée à plus de 20 % par le rein
tations peropératoires en décident. La cystoscopie n’est dilaté correspond à un rein encore fonctionnel avec une
pas recommandée systématiquement ; elle ne permet pas marge de récupération.
l’estimation correcte de l’atteinte de la paroi vésicale et • Entre 10 et 20 %, une discussion au cas par cas est sou-
des méats. Les lésions visibles en intravésical ne sont en haitable, idéalement en réunion de concertation pluridis-
effet que la partie la plus émergée du nodule à développe­ ciplinaire.
ment intrapariétal centripète. La résection transurétrale
des lésions n’est pas recommandée car elle est nécessaire­
ment incomplète et expose donc à un risque élevé de
récidive postopératoire. Traitement chirurgical
Chirurgie de l’endométriose vésicale
Endométriose urétérale
L’objectif de la chirurgie est l’exérèse complète de la
L’absence de symptômes cliniques spécifiques caractérise lésion vésicale par une cystectomie partielle dont
l’endométriose périurétérale  ; elle peut être totalement l’étendue est proportionnelle à la taille de la lésion. Ce
asymptomatique et n’être découverte qu’au stade de des- principe implique de réséquer autant de paroi vésicale
truction rénale complète. L’IRM permet le diagnostic que nécessaire, si besoin en réséquant le méat s’il est
de l’endométriose périurétérale. Un protocole dédié est concerné. Il est donc souhaitable de prévoir la réunion
recommandé [5]. Elle précise le siège de l’obstacle et évalue de compétences urologiques au moins lors de la chirur-
le degré de dilatation urétéro-pyélocalicielle d’amont. L’obs- gie de lésions s’étendant à la base vésicale (trigone). La
tacle peut être suspendu à la croisée des vaisseaux iliaques, cystectomie partielle s’effectue préférentiellement par
en regard de l’annexe ou du ligament infundibulo-pelvien cœlioscopie dont la faisabilité est largement démontrée ;
mais il est beaucoup plus souvent pelvien bas. Il siège alors la cœlioscopie avec robot-assistance est une voie d’abord
habituellement avant l’entrée dans le paramètre, parfois possible. Dans certaines formes complexes, notamment
dans le paramètre, voire encore plus bas au contact du englobant le trigone et le méat, la cystectomie peut
méat urétéral. Le caractère intrinsèque de l’atteinte urété- s’effectuer par laparotomie.
rale n’est que rarement défini par l’imagerie préopératoire. La mise en place préopératoire d’une sonde urétérale
Les formes d’endométrioses polypoïdes à développement double J n’est pas indispensable habituellement. Elle peut
183
III. Stratégie opératoire

se justifier si la lésion envahit le méat avec dilatation de Cystotomie


l’uretère en amont. Elle peut se discuter lorsque la lésion
Elle peut se faire au bistouri monopolaire ou à la pince
descend à proximité de la barre interurétérale. La décision
Ultracision® après remplissage vésical par 250 à 300  mL
peut cependant être prise en peropératoire en fonction
de sérum physiologique ; ce remplissage permet de mieux
de l’étendue de la cystectomie. Les données actuelles sont
définir les limites du nodule et d’économiser la paroi vési-
insuffisantes pour définir la place exacte des sondes urété-
cale saine. Il permet par ailleurs de bien visualiser le détru-
rales double J pré ou peropératoire.
sor, puis la muqueuse avant ouverture de la vessie. Le sérum
Une sonde vésicale CH20 est mise en place en début
physiologique est aspiré après ouverture.
d’intervention. Elle se doit d’être d’un calibre suffisant en
cas d’hématurie postopératoire ; celle-ci apparaît d’autant
plus fréquemment qu’il y a eu une cystotomie ou la mise Cystectomie partielle (fig. 19.2)
en place d’une ou deux sondes double J. L’excision du nodule sous contrôle visuel attentif doit se
Les principales étapes de la cystectomie partielle par faire en tissu macroscopiquement sain  ; l’issue de mini-
cœlioscopie sont les suivantes. gouttelettes marron clair ou noirâtres sur la tranche de
section doit faire agrandir la résection jusqu’à sectionner
Dissection vésico-utérine la paroi en tissu visuellement sain. La cystectomie peut
Elle permet de séparer la face antérieure du corps et occasionnellement rester extra-muqueuse si la dissection
du col de la lésion vésicale  ; la séparation de la lésion en zone saine sans effraction muqueuse a été possible. La
vésicale de l’origine des ligaments ronds est effectuée pièce opératoire est extraite de façon protégée et envoyée
en préalable lorsqu’ils sont atteints. La dissection est en anatomopathologie.
poursuivie vers le bas jusqu’à descendre au moins 1 cm
en dessous de la limite inférieure de la lésion vésicale  ; Suture vésicale
cette marge de tissu sain permet d’effectuer la suture La position des méats par rapport aux berges de la cystec-
vésicale dans de bonnes conditions. L’utilité de l’excision tomie est vérifiée :
de l’adénomyose externe sur le risque de récidive vési- • une marge de 10 mm est adaptée pour une suture sim-
cale n’est pas avérée de façon fiable ; elle est technique- ple ;
ment impossible lorsqu’elle s’étend en profondeur vers la • une marge < 5 mm implique soit une suture sous cou-
zone de jonction, sauf au prix d’une fragilisation utérine vert d’une sonde double J, soit une réimplantation urétéro-
importante. vésicale.
La suture se fait obligatoirement avec du fil résorbable
Mobilisation latérale de la vessie
du fait du risque de lithiase associé au fil non résorbable.
La section de la réflexion du péritoine vésical latéral sur Elle se fait typiquement par deux points d’angle en  X de
le péritoine pariétal et l’ouverture de l’espace de Retzius Vicryl  2/0® (polyglactine) suivis de deux hémisurjets bien
permettent de mobiliser largement la vessie ; cette mobi- serrés en un seul plan muqueux et musculaire. La place
lisation est le garant de l’absence de tension sur la suture exacte des surjets et des points séparés ainsi que des sutures
vésicale dans les formes les plus volumineuses d’endomé- en un ou deux plans n’est pas clairement définie. L’adage à
triose vésicale. retenir est qu’il vaut mieux une suture en un plan bien fait

Fig. 19.2
Cystectomie partielle.
A. Vue cœlioscopique du compartiment pelvien antérieur (∗ : lésion d’endométriose du dôme vésical). B. Cystectomie partielle du dôme
avant suture du détrusor (⊛ : paroi du détrusor). C. Vue latérale de la pièce de cystectomie partielle. D. Versant intravésical de la pièce de
cystectomie partielle.
184
19. Endométriose des voies urinaires

qu’en deux plans de qualité médiocre. La pertinence du test Période postopératoire


d’étanchéité systématique n’est pas avérée même si tous
Il est essentiel de s’assurer régulièrement de l’écoulement
les auteurs le préconisent. Ce contrôle doit au moins être
des urines dans le sac de la sonde vésicale. Tout obstacle
réalisé lorsque la suture vésicale descend bas sur le trigone.
à l’écoulement (coudure ou clampage de la sonde, caillo-
tage vésical) est un facteur de mise en tension des sutures
Montée d’une sonde double J vésicales, et donc de lâchage et de fistule secondaire. La
sous contrôle cœlioscopique sonde vésicale est laissée en place 8 à 10 jours habituelle-
Une sonde double J peut être mise en place sous contrôle ment. La cystographie rétrograde de désondage n’est pas
cœlioscopique lorsque les berges de la cystectomie arrivent indispensable ; en raison du risque minime de fistule chez
à proximité (moins de 5 mm habituellement) d’un méat ; la ces femmes jeunes et d’un risque de surdistension par la
suture vésicale est alors très proche du méat. L’œdème post- cystographie pouvant conduire à un lâchage précoce de
opératoire peut de fait entraîner une obstruction urétérale suture, certains auteurs n’en réalisent jamais. L’ablation de
fonctionnelle, source de lâchage de suture et de fistule. Les la sonde vésicale est suivie de la surveillance de la reprise
étapes de la pose d’une sonde double  J par cœlioscopie de la miction par débitmétrie et mesure du résidu vésical
sont les suivantes : post-mictionnel. L’apparition rapide de douleurs pelviennes
• introduction dans le pelvis du guide hydrophile type signe l’épanchement intrapéritonéal d’urine et impose la
Terumo® largement humidifié par un des trocarts de cœlio- remise en place d’une sonde vésicale pour une quinzaine
scopie ; de jours supplémentaires.
• introduction du guide dans le méat urétéral avec deux
pinces à préhension sous contrôle cœlioscopique ;
• montée du guide en butée dans les cavités pyélocali- Points clés
cielles ;
• mise en place de l’extrémité conique de la sonde sur Endométriose vésicale
l’extrémité extra-pelvienne du guide type Terumo® humi- ■
L’IRM préopératoire permet de distinguer une
difié à nouveau ; atteinte du dôme ou de la base.
• introduction de la sonde dans la cavité pelvienne à tra- ■
La distance aux méats doit être précisée en cas
vers le trocart, puis montée dans l’uretère sur son guide à d’atteinte de la base.
l’aide de deux pinces sous contrôle cœlioscopique ; ■
La résection transurétrale d’une endométriose
• retrait du guide de l’uretère puis du pelvis à travers le vésicale doit être abandonnée.
trocart ; ■
La cystectomie partielle par cœlioscopie est le
• positionnement de l’extrémité inférieure de la sonde traitement de référence.
dans la vessie. ■
La clé pour réaliser une suture étanche et sans
tension du détrusor est une mobilisation ample
de la vessie.
Trucs et astuces ■
La reprise des mictions après retrait de la sonde
vésicale doit être indolore et sans résidu post-mic-
Lorsque la cystectomie descend bas sous la barre
tionnel.
interurétérale dans le trigone, la suture vésicale est
effectuée en deux temps. Elle débute par une série
de 5-6  points séparés totaux horizontaux en  X Chirurgie de l’endométriose
au Vicryl  2/0® (polyglactine). Ces points rappro-
chent les berges droite et gauche de l’incision et
périurétérale ou urétérale
reconstruisent le trigone et la base vésicale de Compte tenu du risque d’altération de la fonction rénale et
façon minutieuse en une suture linéaire verticale. des faibles taux de complications sévères et de récidives, le
C’est dans ces situations que les méats sont le plus traitement des endométrioses périurétérales compliquées
rapprochés sur la ligne médiane et que la pose d’une urétérohydronéphrose est recommandé de principe.
d’une sonde double J doit être envisagée de façon L’objectif de la chirurgie est l’exérèse complète de la lésion
bilatérale. La fermeture vésicale se poursuit par la périurétérale pouvant comporter une urétérolyse ou l’exé-
suture horizontale de la cystotomie par les deux rèse de l’uretère pathologique. Les données de la littérature
hémisurjets en points totaux de Vicryl 2/0®. ne permettent pas de formuler des recommandations sur
185
III. Stratégie opératoire

les indications respectives des différentes techniques chi- Complications possibles


rurgicales : urétérolyse, résection urétérale avec anastomose
urétéro-urétérale, et résection urétérale avec réimplanta- ■
Une hypotonie ou une atonie vésicale post-
tion urétérovésicale. Le taux de réintervention pour réci- opératoire peut nécessiter des autosondages tran-
dive des symptômes apparaît plus important, de l’ordre de sitoires, occasionnellement définitifs, notamment
4 %, si la stratégie chirurgicale est de privilégier l’urétérolyse en cas de chirurgie pelvienne extensive entraînant
de principe, que si elle est d’opter systématiquement pour une dénervation vésicale importante.
une technique radicale (0 %). À l’inverse, le taux de compli- ■
Une sténose d’anastomose nécessite une sur-
cations sévères est de l’ordre de 3 % dans le premier groupe veillance postopératoire par imagerie.
versus 6 % dans le second. Des taux de complications chi- ■
Un reflux vésico-urétéral par un dispositif anti-
rurgicales globales (incluant complications périopératoires, reflux défaillant peut induire des douleurs lom-
récidive des symptômes et réintervention urétérale) ont été baires et/ou une pyélonéphrite.
observés dans environ 55 % des cas après urétérolyse dès
lors qu’existait une hydronéphrose de grade supérieur ou Urétérolyse par cœlioscopie
égal à 2 de la classification de Fembach (dilatation pyélo-
calicielle légère ou sévère ou atrophie rénale parenchyma- Identification de l’uretère
teuse) [7]. L’uretère est recherché en amont de la lésion endométrio-
De façon pratique, il est nécessaire de garder à l’esprit sique ; son identification est facilitée lorsqu’il est dilaté. Le
que l’endométriose intrinsèque de l’uretère est rare. Près péritoine sain est alors ouvert en regard de l’uretère.
de 55 % des endométrioses dites urétérales ne sont en fait
que des lésions périurétérales sans dilatation de l’uretère Dissection entre uretère et péritoine pathologique
d’amont. Environ 85 % de ces lésions sont alors accessibles à périurétéral
une urétérolyse ; lorsque l’aspect de l’uretère n’est pas satis-
faisant à l’issue (uretère blanc, effilé et sans mouvement de Cette dissection est menée progressivement de haut en
reptation), une technique radicale doit pouvoir être déci- bas ; elle peut utiliser ciseaux ou pinces Ultracision® en évi-
dée en peropératoire. tant toute brûlure thermique.
La place des sondes double  J en pré ou peropératoire
d’une chirurgie d’endométriose urétérale n’est pas définie. Excision du péritoine pathologique périurétéral
La mise en place d’une sonde double  J est rapportée de Le péritoine épaissi est excisé avec l’ensemble des lésions
façon très hétérogène dans la littérature entre 4 et 100 % d’endométriose adjacentes  ; il s’agit le plus souvent de
des cas d’urétérolyse alors qu’elle est rapportée dans 100 % lésions du ligament utérosacré ou du torus, voire d’une
des cas de technique radicale. L’intérêt préventif des sondes lésion du paramètre. Dans les lésions suspendues en regard
double J sur le risque de plaie peropératoire n’est pas avéré. de la croisée des vaisseaux iliaques, il s’agit de lésions du sig-
L’œdème réactionnel de la paroi urétérale au contact pro- moïde ou de son méso ou du ligament lombo-ovarien. La
longé d’une sonde double J est parfois très important ; cet libération de l’uretère est d’autant plus facile que l’uretère
œdème complique la confection d’un trajet antireflux de n’est pas atteint et le péritoine peu épaissi ; la constatation
qualité lors d’une réimplantation urétérovésicale. Le rôle d’une difficulté significative d’urétérolyse peut correspon-
préventif des sondes double J sur les risques de fistule et de dre à une atteinte extrinsèque majeure, voire intrinsèque.
complication obstructive postopératoires n’est pas connu
pour la chirurgie radicale de l’endométriose (réimplan-
tation urétérovésicale ou anastomose urétéro-urétérale). Remarque
Cependant, par assimilation avec la diminution de l’ordre
de 75 % de ces mêmes risques lors d’une transplantation La possibilité de changer de stratégie au profit
rénale, la mise en place d’une sonde double J est indiquée d’une technique radicale doit être évoquée à ce
en cas de chirurgie radicale. stade.
Une sonde vésicale, charrière  20, est mise en place en
début d’intervention. Vérification de l’intégrité de l’uretère
Il est fortement souhaitable de donner une information L’intégrité de la paroi urétérale, la reptation et l’absence
claire aux patientes sur les avantages attendus de la chirur- de sténose serrée résiduelle de l’uretère sont évaluées  ; si
gie et ses risques. Une consultation avec un urologue est besoin, une résection de l’uretère avec anastomose urétéro-
indispensable dans ces situations. urétérale ou réimplantation urétérovésicale est réalisée.
186
19. Endométriose des voies urinaires

Période postopératoire • Un fil tracteur d’attente de PDS  4/0® (polydioxanone)


est passé sur l’extrémité distale de l’uretère.
La sonde vésicale peut être retirée le jour même ou le len-
demain de l’intervention en fonction des gestes associés Cystotomie horizontale
éventuellement réalisés. • La vessie est d’abord mobilisée par ouverture et dis-
section large de l’espace rétropubien (espace de Retzius) ;
Résection urétérale avec réimplantation ceci facilite l’ascension de la corne vésicale homolatérale à
urétérovésicale la réimplantation.
• L’artère ombilicale controlatérale peut être coagulée et
Dérivée de la technique de Politano-Leadbetter [8] sectionnée s’il est nécessaire de plus mobiliser la vessie en
C’est la technique de référence qui peut être réalisée par haut et en dehors.
cœlioscopie, éventuellement robot-assistée, ou par lapa- • Le péritoine vésical est sectionné horizontalement à
rotomie. Pour les lésions d’endométriose urétérale, elle est la face antérosupérieure et latérale du dôme vésical  sur
adaptée de la technique originelle de correction du reflux 4-5 cm aspiration du sérum physiologique.
vésico-urétéral chez l’enfant. • Le détrusor est ouvert sur 4 à 5  cm jusqu’à exposer la
muqueuse vésicale qui est ouverte.
Identification de l’uretère • Le sérum physiologique est aspiré.
Lorsqu’une réimplantation est décidée, l’uretère sténosé par
la lésion endométriosique est presque toujours dilaté ; il est Création du néo-orifice urétéral
donc facile à identifier. Le péritoine à l’aplomb de l’uretère Il est réalisé à la face postérieure du dôme au bistouri mono-
est ouvert en zone saine, puis excisé dès qu’il devient patho­ polaire ; l’uretère est attiré par son fil tracteur d’attente de
logique. La libération de l’uretère se fait jusqu’à ce qu’il plonge PDS  4/0® à travers le néo-orifice. Son trajet passe sous le
dans la lésion endométriosique où il s’effile en « queue de ligament rond avant de rentrer dans la vessie.
radis ». Une paroi urétérale dilatée est fragile ; l’attention doit Création du dispositif antireflux
être de préserver au mieux la vascularisation adventicielle. • Le trajet sous-muqueux est réalisé aux ciseaux fins,
depuis le néo-orifice, sur une distance au moins 4  fois le
Section de l’uretère en amont et en aval de la lésion diamètre de l’uretère (loi de Paquin).
L’ensemble des lésions d’endométriose englobant l’uretère • La dissection voit avancer les ciseaux par transparence
est circonscrit, puis excisé. Pour cela, l’uretère est d’abord sous la muqueuse.
sectionné en amont de la sténose ; le maximum d’uretère • La muqueuse est ouverte à l’extrémité du trajet sous-
d’amont doit être conservé pour faciliter la réimplantation. muqueux.
Pour terminer l’excision de la lésion endométriosique, • L’extrémité distale de l’uretère est attirée dans le trajet
l’uretère est sectionné une nouvelle fois en aval de la lésion sous-muqueux par le fil tracteur.
d’endométriose, le plus souvent à son entrée dans le para-
mètre. Une section dans le trajet intra ou préligamentaire Amarrage de l’uretère et montée de la sonde double J
de l’uretère est réalisée lorsque le paramètre est atteint. • L’extrémité distale de l’uretère est fixée à 6 h par un point
L’orifice du segment d’uretère après la section d’aval est total de PDS 4/0® prenant le détrusor et la muqueuse.
aveuglé par un point en X de Vicryl 2/0® (polyglactine). La • Une sonde double J de calibre CH7 est montée sur un
pièce opératoire est extraite de façon protégée et envoyée guide hydrophile type Terumo®.
en anatomopathologie. • L’extrémité distale de l’uretère est fixée par 3 points sup-
plémentaires muco-muqueux de PDS 5/0® à 12 h, puis à 9 h
Préparation de l’uretère et 3 h, complétés par 1 point supplémentaire entre chacun
• L’extrémité proximale de l’uretère est libérée vers le haut des 4 premiers points.
de ses attaches rétropéritonéales. Cette étape doit être • L’entrée du trajet sous-muqueux est ensuite fermée par
d’autant plus poussée sous le mésosigmoïde ou sous l’angle un court surjet muqueux de PDS  4/0® perpendiculaire à
iléocæcal que la section de l’uretère a dû être haute ; elle a l’axe du trajet de façon à en agrandir la longueur.
pour objectif de donner à l’uretère autant de mobilité vers
le bas que nécessaire. Fermeture vésicale
• L’extrémité de l’uretère est ensuite dégraissée sur 2  cm Les sutures en un ou plusieurs plans n’ont jamais été compa-
pour lui donner un calibre régulier, puis il est spatulé sur rées au regard du risque de fistule. L’important est plus
1 cm à 12 h à son extrémité distale à l’aide de ciseaux de d’assurer une suture solide que le nombre de plans à réaliser.
Potts ou de ciseaux classiques. Il est obligatoire d’utiliser un fil résorbable pour éviter les
187
III. Stratégie opératoire

dépôts lithiasiques. La fermeture vésicale peut être effec- Technique de Lich-Gregoir [9]
tuée par 2 hémisurjets étanches en 1 plan de Vicryl 2/0®.
C’est une technique de réimplantation qui peut aussi
L’uretère est enfin fixé à la paroi vésicale externe par 3 ou
bien être réalisée par cœlioscopie, éventuellement robot-
4 points de PDS 4/0® à l’entrée du néo-orifice vésical pour
assistée, que par laparotomie. Dans la littérature, elle est
calibrer et étanchéifier l’orifice. La fixation de la vessie sur
privilégiée pour la réimplantation urétérovésicale par voie
le muscle psoas n’est nécessaire qu’occasionnellement, si
cœlioscopique des lésions d’endométriose urétérale [10].
l’anastomose paraît en tension en fin d’intervention. Elle se
C’est une technique extra-vésicale, plus simple à réaliser
fait alors par un ou deux points de Vicryl 2/0®. Il est essen-
que la technique intravésicale de Politano-Leadbetter. Elle
tiel de repérer les deux branches du nerf génitofémoral  ;
est volontiers utilisée en transplantation rénale.
leur englobement pourrait induire une fibrose secondaire à
l’origine de troubles sensitifs et de douleurs neuropathiques Identification de l’uretère
ou mécaniques potentiellement invalidantes. Ces troubles Lorsqu’une réimplantation est décidée, l’uretère sténosé par
siégeraient au niveau de la grande lèvre et de la face interne la lésion endométriosique est presque toujours dilaté et donc
de la racine de la cuisse. Les lésions du nerf fémoral pour- facile à identifier. Le péritoine à l’aplomb de l’uretère est ouvert
raient être induites par une prise profonde dans l’épaisseur en zone saine, puis excisé dès qu’il devient pathologique. La
du psoas où ce nerf circule. libération de l’uretère se fait jusqu’à ce qu’il plonge dans la
lésion endométriosique où il s’enfonce en « queue de radis ».
Période postopératoire
Quelle que soit la voie d’abord de la réimplantation uré- Section de l’uretère en amont et en aval de la lésion
térovésicale, il est essentiel de s’assurer régulièrement en L’ensemble des lésions d’endométriose englobant l’uretère
postopératoire de l’écoulement des urines dans le sac de la est circonscrit, puis excisé. Pour cela, l’uretère est d’abord
sonde vésicale. Tout obstacle à cet écoulement (coudure sectionné en amont de la sténose ; le maximum d’uretère
ou clampage de la sonde, caillotage vésical) est un facteur d’amont doit être conservé pour faciliter la réimplantation.
de lâchage de suture et de fistule secondaire. La sonde L’extrémité proximale de l’uretère est alors libérée de ses
vésicale est laissée en place 8 à 10  jours habituellement. attaches rétropéritonéales vers le haut  ; cette étape est
La cystographie rétrograde de désondage n’est pas indis- d’autant plus poussée sous le mésosigmoïde ou sous l’angle
pensable. En raison du risque minime de fistule chez ces iléocæcal que la section de l’uretère a dû être haute ; elle a
femmes jeunes et d’un risque de surdistension pouvant pour objectif de donner à l’uretère autant de mobilité vers
conduire à un lâchage précoce de suture, certains auteurs le bas que nécessaire. Pour terminer l’excision de la lésion
ne réalisent jamais de cystographie de désondage. L’abla- endométriosique, l’uretère est sectionné une nouvelle fois
tion de la sonde vésicale est suivie de la surveillance de la en aval de la lésion d’endométriose, le plus souvent à son
reprise de la miction par débitmétrie et mesure du résidu entrée dans le paramètre ; une section dans le trajet intra ou
vésical post-mictionnel. L’apparition rapide de douleurs préligamentaire de l’uretère est réalisée lorsque le paramètre
pelviennes signe habituellement l’épanchement intrapéri- est atteint. L’orifice du segment d’uretère après la section
tonéal d’urine et impose la remise en place d’une sonde d’aval est aveuglé par un point en X de Vicryl 2/0® (poly-
vésicale pour une quinzaine de jours supplémentaires. glactine). La pièce opératoire est extraite de façon protégée
L’ablation de la sonde double J est organisée 4 à 6 semaines et envoyée en anatomopathologie.
après l’intervention. Un uroscanner avec temps tardifs est Incision du détrusor et de la muqueuse vésicale
préconisé un mois après l’ablation de la sonde double  J, • La vessie est remplie avec 200-300 mL de sérum physio-
puis une scintigraphie rénale au Mag3 à 3 mois pour d’une logique (elle doit être suffisamment distendue).
part vérifier la fonctionnalité du rein par rapport à la phase • Le péritoine du dôme vésical est sectionné latéralement
préopératoire et d’autre part s’assurer de l’absence d’ano- à sa face antérieure de façon oblique en bas et en dedans.
malie à l’écoulement des urines. Compte tenu du risque • Puis le détrusor est ouvert sur 2 à 3 cm jusqu’à exposer la
de sténose tardive de l’anastomose après chirurgie radicale muqueuse vésicale transparente.
et du risque d’atrophie rénale silencieuse, une surveillance • La muqueuse distale est alors ouverte sur 1 cm.
postopératoire par imagerie apparaît justifiée. Une écho- • Le sérum physiologique est aspiré.
graphie rénale peut ainsi être proposée tous les 6  mois
jusqu’à 3  ans. Une surveillance de la créatininémie avec Amarrage de l’uretère et montée de la sonde double J
clairance de la créatinine selon la méthode CKD-EPI (Chro- • L’extrémité distale de l’uretère sain est amarrée par un
nic Kidney Disease-Epidemiology) permet de surveiller la point total solide, musculaire et muqueux, de fil monofila-
récupération de la fonction rénale. ment de polydioxanone (PDS 4/0®) à 6 h.
188
19. Endométriose des voies urinaires

• Un premier hémisurjet muco-muqueux est confec- toujours dilaté ; il est donc facile à identifier. Le péritoine à
tionné au PDS 5/0®. l’aplomb de l’uretère est ouvert en zone saine puis excisé
• Une sonde double J CH7 est alors montée sur un guide dès qu’il devient pathologique. La libération de l’uretère se
hydrophile type Terumo®. fait jusqu’à ce qu’il plonge dans la lésion endométriosique
• Un deuxième hémisurjet muco-muqueux est réalisé sur où il s’effile en « queue de radis ». Une paroi urétérale dila-
l’autre berge. tée est fragile ; l’attention doit être de préserver au mieux la
vascularisation adventicielle.
Création du dispositif antireflux
• Le trajet sous-muqueux est constitué par la suture du Section de l’uretère en amont et en aval
détrusor en paletot au-dessus de l’uretère par 3 à 5 points
de la lésion
séparés de Vicryl 2/0®.
• Une épreuve d’étanchéité est réalisée. L’ensemble des lésions d’endométriose englobant l’uretère
est circonscrit, puis excisé. Pour cela, l’uretère est d’abord
Période postopératoire
sectionné en amont de la sténose ; le maximum d’uretère
La sonde vésicale est laissée en place 8 à 10 jours habituelle-
d’amont doit être conservé pour faciliter l’anastomose.
ment.
Cette section se fait prudemment autour d’une sonde
L’ablation de la sonde double J est effectuée habituelle-
double  J placée en pré ou peropératoire. Pour terminer
ment entre 4 et 6 semaines postopératoires. Un uroscanner
l’excision de la lésion endométriosique, l’uretère est sec-
avec temps tardifs est préconisé un mois après l’ablation de
tionné une nouvelle fois en aval de la lésion d’endomé-
la sonde double J, ainsi qu’une scintigraphie rénale au Mag3
triose. La pièce opératoire est extraite de façon protégée et
(cf. supra), pour s’assurer de l’absence d’anomalie à l’écoule-
envoyée en anatomopathologie.
ment des urines. Compte tenu du risque de sténose tardive
de l’anastomose après chirurgie radicale et du risque d’atro-
phie rénale silencieuse, une surveillance postopératoire par Préparation de l’uretère
imagerie apparaît justifiée. Une échographie rénale peut • L’extrémité proximale de l’uretère est libérée vers le
ainsi être proposée tous les 6 mois jusqu’à 3 ans. Une sur- haut de ses attaches rétropéritonéales. Cette étape est
veillance de la créatininémie avec clairance de la créatinine d’autant plus poussée sous le mésosigmoïde ou sous
selon la méthode CKD-EPI permet de surveiller la récupé- l’angle iléocæcal que la longueur du segment urétéral
ration de la fonction rénale. excisé a dû être importante ; elle a pour objectif de don-
ner à l’uretère proximal autant de mobilité vers le bas que
nécessaire.
Résection urétérale avec anastomose
• Chaque extrémité de l’uretère est ensuite sectionnée
urétéro-urétérale terminoterminale obliquement, voire spatulée en zone saine. L’anastomose
Elle peut être menée par cœlioscopie, éventuellement terminoterminale se fait ainsi sur une circonférence plus
robot-assistée, ou par laparotomie. La décision de résec- importante que sur une tranche de section circulaire  ;
tion est habituellement prise en peropératoire ; elle peut cela minimise le risque de sténose secondaire de l’anas-
être indiquée après tentative infructueuse d’urétérolyse tomose.
ou après urétérolyse laissant un court segment d’uretère
altéré de façon significative. Les critères d’altération rési- Anastomose urétéro-urétérale terminoterminale
duelle significative post-urétérolyse sont subjectifs ; outre La suture est débutée par un point total de PDS 5/0® (poly-
l’éventuelle plaie de la paroi, ils comportent l’aspect blanc dioxanone) à 12  h et un point à 6  h à chaque extrémité
jaunâtre dépourvu de vaisseaux de surface de l’uretère, son de la tranche de section oblique de l’uretère, autour de la
aspect effilé rigide et l’absence de mouvements de repta- sonde double J. Elle est complétée soit par deux hémisur-
tion. Une résection segmentaire de plus de 3 cm rend peu jets, soit par des points séparés de PDS 5/0®.
probable une anastomose terminoterminale sans tension ;
elle doit donc faire envisager une réimplantation urétéro- Période postopératoire
vésicale.
La sonde vésicale est enlevée le lendemain habituellement.
La surveillance de la reprise des mictions est complétée
Identification de l’uretère
de la mesure du résidu post-mictionnel. L’ablation de la
Lorsqu’une résection segmentaire de l’uretère est décidée, sonde double J est organisée 4 à 6 semaines après l’inter-
l’uretère sténosé par la lésion endométriosique est presque vention.
189
III. Stratégie opératoire

Points clés Références


Endométriose urétérale [1] Bolze PA, Paparel P, Golfier F. [Urinary tract involvement by endo-
metriosis. Techniques and outcomes of surgical management:

En l’absence de prise en charge chirurgicale, CNGOF-HAS Endometriosis Guidelines]. Gynecol Obstet Fertil
l’atteinte urétérale entraîne une destruction rénale Senol 2018;46:301-8.
silencieuse irréversible. [2] Rousset P, Bischoff E, Charlot M, et  al. Bladder endometriosis:

L’IRM préopératoire permet de localiser la hau- Preoperative MRI analysis with assessment of extension to ureteral
orifices. Diagn Interv Imag 2021;102:255-63.
teur de l’atteinte urétérale.
[3] Collinet P, Fritel X, Revel-Delhom C, et al. Management of endome-

Le choix entre urétérolyse et résection urétérale triosis: CNGOF/HAS clinical practice guidelines – Short version. J
avec réimplantation doit être discuté en concerta- Gynecol Obstet Hum Reprod 2018;47:265-74.
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expose à un risque supérieur de récidive.
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[10] Gregoir W. [Congenital vesico-ureteral reflux]. Acta Urol Belg
1962;30:286-300.

190
Chapitre 20
Hystérectomie dans un contexte
d’endométriose profonde
Julien Niro, Pierre Panel

PLAN DU C HAPITRE
Indication opératoire 192

Bilan préopératoire 192

Problématique de la radicalité
de la chirurgie 193

Modalités de l’hystérectomie 193

Principes de l’hystérectomie
pour endométriose 194

Problématique de la conservation
ovarienne 197

Résultats sur le contrôle des douleurs


à moyen et long terme 198

Conclusion 198

Chirurgie de l’endométriose
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III. Stratégie opératoire

Chez les femmes atteintes d’endométriose symptomatique


et n’ayant plus de désir de grossesse, l’hystérectomie asso-
ciée ou non à une annexectomie bilatérale est souvent pré-
sentée comme une solution définitive à leurs symptômes.
Ainsi, aux États-Unis en 2012, plus de 311 000 hystérecto-
mies ont été réalisées pour indication bénigne et près de
80 000 pour endométriose [1]. Parallèlement, environ 12 %
des patientes atteintes d’endométriose ont recours à une
hystérectomie.
Cette intervention dite radicale est le plus souvent pro-
posée comme traitement de clôture après généralement
d’autres interventions lorsque les patientes n’ont plus de
désir de grossesse et lorsque la maladie présente un stade
avancé. Malgré ce traitement radical, il faut savoir que près
de 15 % de ces patientes ont des douleurs persistantes [2].

Indication opératoire
Il est fondamental de bien définir le profil de patiente à qui Fig. 20.1
proposer une hystérectomie car celle-ci doit s’intégrer dans Adénomyose sévère.
une stratégie globale de prise en charge de l’endométriose.
Et ce, aussi bien pendant l’intervention où l’hystérectomie endométriosique persister, que ce soit au niveau de l’utérus,
doit être couplée à l’exérèse de toutes les lésions d’endo- d’une annexe, dans les paramètres ou en sous-péritonéal,
métriose associées (afin de limiter le risque de persistance et d’offrir ainsi le traitement le plus radical possible. Cou-
des douleurs), qu’en postopératoire où il peut être utile de pler l’hystérectomie à une annexectomie bilatérale a pour
poursuivre un traitement hormonal et une prise en charge objectif de supprimer toute stimulation hormonale endo-
des douleurs résiduelles. gène sur d’éventuels tissus endométriosiques occultes et
L’hystérectomie pour endométriose se doit d’être pro- d’éviter toute récidive.
posée uniquement aux femmes n’ayant évidemment plus
de désir de grossesse mais aussi, plus encore, ayant fait le
deuil de leur fertilité dans un contexte où ces femmes ont Bilan préopératoire
souvent un parcours difficile en la matière. Car, même dans
les cas où les chances de grossesse sont quasi nulles, l’accep- Le bilan préopératoire d’une hystérectomie pour endomé-
tabilité de cette procédure définitive influence le taux de triose se fait à plusieurs niveaux.
résolution des douleurs chroniques [3]. • Une consultation d’anesthésie avec bilan biologique
Une fois cette condition respectée, l’hystérectomie est adapté au profil de la patiente est requise.
proposée : • L’imagerie comprend au minimum une échographie pel-
• aux formes sévères avec une atteinte pariétale utérine vienne par un échographiste référent en endométriose, mais
importante par une adénomyose interne ou externe on recommande également une IRM pelvienne réalisée par
(fig. 20.1) ; un radiologue référent afin de cartographier au mieux les
• aux patientes multi-opérées avec forme sévère dans le lésions et de pouvoir relire les images en préopératoire par
cadre d’une chirurgie dite de clôture  ; dans ce contexte, le chirurgien afin de bien préparer le geste chirurgical.
l’annexectomie bilatérale est également discutée ; • Chez une patiente douloureuse chronique, une consul-
• aux patientes souffrant de ménométrorragies en lien tation avec un médecin de la douleur permet mieux antici-
avec une endométriose, résistantes aux traitements conser- per les suites postopératoires.
vateurs médicaux ou chirurgicaux. • L’acceptation du deuil de la fertilité peut être délicate et
Les objectifs de l’hystérectomie couplée ou non à on propose volontiers une consultation avec un psycho-
l’annexectomie sont surtout de ne pas laisser de tissu logue.

192
20. Hystérectomie dans un contexte d’endométriose profonde

Problématique de la radicalité Problématiques de la conservation


de la chirurgie du col
La conservation du col dans le contexte d’endométriose
Comme indiqué précédemment, la chirurgie doit être la
profonde semble exposer à plusieurs écueils [7,8] :
plus complète possible et donc, l’hystérectomie doit être
associée à la résection de toutes les lésions d’endométriose
• la persistance de tissu endométriosique au niveau de la
zone infra-isthmique : le torus, les ligaments utérosacrés, le
afin de réduire le risque de récidive et d’échec thérapeu-
col ou encore les culs-de-sac vaginaux ;
tique en termes de douleurs [2,4].
• la persistance d’endomètre dans la partie haute du canal
cervical pouvant entraîner des petites règles résiduelles ;
G estes potentiels à maîtriser • les greffes d’endomètre en cas de morcellement intrapé-
par le chirurgien ritonéal non protégé du corps utérin.
La conservation du col est donc fortement déconseillée

Résection du péritoine du cul-de-sac rectovagi- dans le contexte de chirurgie pour endométriose profonde.
nal et des parois pelviennes Néanmoins, si cette option est prise, elle doit s’accompa-

Urétérolyse étendue, voire résection-anasto- gner de précautions telles que :
mose • éliminer en préopératoire des lésions du torus utérin ou

Neurolyse des plexus hypogastriques du vagin supérieur ;

Shaving rectal • morceler dans un sac le corps utérin ;

Résection rectale discoïde ou segmentaire • détruire l’endomètre endocervical.

Shaving vésical Enfin, si de telles lésions sont diagnostiquées en peropé-

Cystectomie partielle ratoire, la question de leur excision ou de la totalisation de

Paramétrectomie l’hystérectomie doit avoir été discutée avec la patiente.
Néanmoins, si l’on considère que l’hystérectomie est réa-
lisée comme intervention de « clôture », il semble illogique
de prendre le risque de laisser des lésions en place.
Modalités de l’hystérectomie
Voie d’abord Hystérectomies dites « complexes »
ou « élargies »
La cœlioscopie a prouvé, au travers différentes indications
d’hystérectomie, un avantage sur la laparotomie en termes Du fait de la nécessité de réaliser une hystérectomie dans
de morbidité. La série rétrospective thaïlandaise publiée un contexte d’endométriose sévère avec envahissement du
en 2012 comparant 115 hystérectomies cœlioscopiques à cul-de-sac rectovaginal, des paramètres ou encore du vagin
388  hystérectomies par laparotomie a confirmé, en dépit supérieur, certains auteurs ont décrit des hystérectomies
d’un temps opératoire significativement plus long pour « élargies » à ces différentes localisations. En effet, l’exérèse
la cœlioscopie, une hospitalisation plus courte, moins de complète des lésions d’endométriose profonde associées
pertes sanguines et moins de complications postopéra- permet de diminuer le risque de réintervention [3].
toires [5]. Ainsi, Fedele et al. en 2005 ont introduit le terme d’« hys-
La voie vaginale est à déconseiller car elle ne permet pas térectomie radicale modifiée » pour décrire la procédure
de manière fiable une exploration de l’ensemble de la cavité qui vise à réaliser une hystérectomie totale avec résection
péritonéale et le traitement des lésions d’endométriose des nodules endométriosiques profonds rectovaginaux
extra-utérine. ou vésicovaginaux [9]. Cette intervention comprend alors
Même en l’absence de lésions visualisées sur l’imagerie l’ablation de l’utérus, des annexes, des paramètres antérieurs
préopératoire, la sensibilité et la spécificité de l’échographie et postérieurs, du tiers supérieur du vagin. Cette série rétros-
ou de l’IRM ne permettent pas de s’affranchir d’une explo- pective descriptive de faible effectif comparait 26 patientes
ration minutieuse de la cavité péritonéale par la qualité opérées par hystérectomie extrafasciale avec annexectomie
visuelle de la cœlioscopie et la possibilité de traiter ainsi les bilatérale à 12 patientes opérées d’une hystérectomie élar-
lésions d’endométriose extra-génitale [6]. gie modifiée pour une récidive d’endométriose déjà opérée

193
III. Stratégie opératoire

au moins une fois. Toutes les patientes recevaient en post- Principes de l’hystérectomie
opératoire un traitement par œstrogènes transdermiques.
Avec un recul minimum de 18  mois, 31  % (n =  8) des pour endométriose
patientes du groupe hystérectomie extrafasciale rappor-
taient des symptômes de récidive, alors qu’aucune patiente L’hystérectomie pour endométriose doit suivre le protocole
n’en rapportait dans le groupe hystérectomie radicale. Les d’une hystérectomie totale extra-fasciale classique avec
auteurs ne précisent pas si cette différence est significative ses différents temps. Cette technique peut être adaptée
mais les effectifs sont très faibles. Cette hystérectomie comme on l’a vu plus haut en fonction de différents cas de
radicale modifiée nécessitait en moyenne 60 minutes sup- figure modifiant l’anatomie comme :
plémentaires d’intervention et 1,7  jour d’hospitalisation • un volume utérin important du fait d’une adénomyose
supplémentaire. interne étendue ;
Plus récemment en 2019, Melnyk et  al. ont comparé • la présence de nodules vésico-utérins, de nodule recto-
rétrospectivement les patientes opérées d’endométriose utérin ou encore rectovaginaux ;
qui avaient une occlusion du cul-de-sac rectovaginal à • une localisation vaginale ou paramétriale.
celles sans occlusion quel que soit le stade ASRM (Ameri-
can Society for Reproductive Medicine). Les patientes avec
occlusion du cul-de-sac rectovaginal étaient opérées par Matériel
une hystérectomie dite «  radicale modifiée » cœliosco- On conseille afin de se mettre dans des conditions facili-
pique avec ligature des artères utérines à leur origine. Sur tantes d’exposition et d’ergonomie le recours au type de
un total de 333 patientes, les 55 patientes présentant une matériel suivant :
endométriose de stade IV avec occlusion du cul-de-sac • matelas antiglisse à mémoire de forme couplé à des
rectovaginal avaient nécessité, dans 92,7 % des cas, une bottes ;
hystérectomie radicale modifiée qui entraînait un temps • manipulateur utérin avec valve vaginale rétractable pour
opératoire significativement augmenté par rapport aux garder la possibilité d’un toucher vaginal peropératoire ;
patientes sans oblitération du cul-de-sac rectovaginal. • concernant les énergies  : si ce type d’intervention est
De plus, ces patientes nécessitaient significativement réalisable à la pince bipolaire avec les ciseaux froids cœlio-
plus de procédures supplémentaires telles qu’urétérolyse, scopiques, notre préférence va aux ciseaux ultrasoniques
pose de sonde urétérale, cystoscopie, adhésiolyse diges- pour leur finesse de dissection et leur capacité à coaguler,
tive, suture digestive, rectoscopie, résection rectale. Sur couper et réaliser de la cavitation pour ouvrir les espaces.
cette courte série, il n’y avait d’augmentation significative Mais l’usage de pinces fines de thermofusion est tout à
du taux de complications. Malheureusement, il n’y avait fait valable également. Certains dispositifs allient d’ailleurs
pas d’évaluation à long terme de l’évolution des douleurs les deux technologies. Le gain de ces pinces est également
pelviennes chroniques. Cette étude montre néanmoins d’avoir en même temps la coagulation et la coupe per-
qu’en cas d’occlusion du cul-de-sac rectovaginal en per­ mettant d’éviter trop de changement d’instrument. Une
opératoire ou suspectée sur les examens préopératoires, pince bipolaire avec une forme de dissecteur est sou-
cette procédure nécessite un chirurgien spécialisé dans haitable afin de faciliter la dissection et la précision des
la chirurgie d’endométriose complexe, voire une équipe hémostases.
multidisciplinaire.
Compte tenu de la complexité de ces procédures et
des risques de lésions des plexus nerveux hypogastriques Temps opératoires
inférieurs, il a été publié en 2020 par Nehzat et al. une tech-
nique d’hystérectomie radicale avec épargne nerveuse [10], • Coagulation des ligaments ronds et séparation des feuil-
inspirée de la technique de Negar publiée en 2012 par Cec- lets antérieurs et postérieurs du ligament large.
caroni et al. [11]. Dans cette série de 112 patientes opérées • Fenestration du ligament large ou urétérolyse en cas
par des opérateurs experts, il n’est retrouvé que 0,9  % de d’endométriose attirant l’uretère.
rétention urinaire postopératoire, et une seule patiente a • En cas de conservation ovarienne, coagulation-section
été réopérée pour récidive d’endométriose. À noter que les du mésosalpinx, puis du ligament utéro-ovarien.
hystérectomies radicales pratiquées n’étaient pas associées • En cas d’annexectomie associée : coagulation section du
à une annexectomie bilatérale. ligament lombo-ovarien.

194
20. Hystérectomie dans un contexte d’endométriose profonde

• Coagulation-section de chaque feuillet du ligament large


pour exposer les pédicules utérins.
• Mêmes temps en controlatéral.
• Décollement vésico-utérin, puis vésicovaginal sur repère
de la valve intravaginale du manipulateur.
• Coagulation-section des pédicules utérins et des
branches cervicovaginales.
• Colpotomie circulaire sur repère de la valve vaginale.
• Extraction par voie vaginale pouvant nécessiter un mor-
cellement.
• Suture vaginale par surjet ou points séparés. Fig. 20.3
Ouverture de l’espace paravésical.

Points clés

En cas d’endométriose antérieure associée



Bien identifier les limites lésionnelles.

Sectionner les ligaments ronds en zone saine
(fig.  20.2) pour ouvrir l’espace paramétrial, puis
paravésical (fig. 20.3)

Disséquer de proche en proche (fig. 20.4) avec
une traction sur la lésion vésico-utérine, ce qui
permet d’ouvrir les plans.

En cas de lésion peu volumineuse, la laisser
adhérente à la face antérieure de l’utérus en pour-
suivant l’hystérectomie. Fig. 20.4

En cas de lésion volumineuse, envisager sa Résection du péritoine intervésico-utérin.
résection complète afin de pouvoir poursuivre la
dissection dans de meilleures conditions (fig. 20.5).

En cas d’atteinte vésicale, réaliser éventuelle-
ment en cas d’atteinte sous-muqueuse un shaving
vésical (cf. chapitre 18).

En cas d’adhérences importantes avec la mu­
queuse vésicale ou d’atteinte transpariétale vésicale,
réaliser une cystectomie partielle (cf. chapitre 19).

Fig. 20.5
Résection d’un nodule vésico-utérin.

Fig. 20.2
Section du ligament rond gauche.

195
III. Stratégie opératoire

Points clés ■
Procéder à l’ouverture des fosses pararectales
et au clivage rectovaginal plus ou moins aisé en
En cas d’endométriose postérieure associée fonction de la présence ou non d’un nodule recto-

Bilan des lésions  : délimiter les limites lésion- vaginal.
nelles et l’implication d’organes de voisinages (rec-

Concernant la douglassectomie associée : faire
tum, uretères, ovaires, etc.). le décollement péritonéo-rectal en démarrant en

Identifier le trajet des nerfs hypogastriques infé- zone saine et de manière centripète afin de finir
rieurs (fig. 20.6) pour inciser le péritoine en interne sur la zone la plus étroite au contact du rectum et
à ses nerfs (fig. 20.7) que l’on doit essayer de pré- diminuer le risque de plaie digestive.
server en les réclinant en externe de préférence

Concernant les nodules du torus et des liga-
(fig.  20.8). Parfois il peut être nécessaire, comme ments utérosacrés  : après section des ligaments
dans la technique de Negar [11], d’ouvrir le péri- utérosacrés en zone saine, une fois la dissection
toine au niveau du promontoire afin de retrouver terminée, laisser la lésion adhérente à l’utérus.
les trajets nerveux au-dessus des lésions.

En cas de shaving rectal associé : réaliser à part
ce temps opératoire de l’hystérectomie en privi-
légiant la technique «  réverse » en disséquant le
nodule de l’utérus et du vagin, puis finir par le
temps sur le rectum (fig. 20.9).

En cas de résection rectale basse associée, dis-
cuter la confection d’une iléostomie afin de dimi-
nuer le risque de fistule rectovaginale du fait de la
proximité des sutures.

Fig. 20.6
Repérage du nerf hypogastrique.

Fig. 20.8
Dissection du nerf hypogastrique qui est laissé en dehors
de la zone de résection.

Fig. 20.7
Incision péritonéale et dissection du nerf hypogastrique droit.

196
20. Hystérectomie dans un contexte d’endométriose profonde

Points clés

En cas d’endométriose paramétriale


et vaginale

Les temps sont ceux d’une hystérectomie élar-
gie de type II avec ouverture première des fosses
paravésicale et pararectale.

L’urétérolyse pelvienne complète est nécessaire
jusqu’à son abouchement vésical (fig. 20.11).

L’uretère est décroisé avec l’artère utérine
Fig. 20.9 qui doit alors être sectionnée à son origine ou à
Résection de nodule rectovaginal selon technique « réverse ».
l’aplomb de l’uretère en fonction de la localisation
de la lésion d’endométriose.
Points clés ■
On effectue la neurolyse du nerf hypogastrique
inférieur et du plexus splanchnique.
En cas d’annexectomie pour endométriome ■
Une fois les éléments du paramètre complète­
complexe ment disséqués, on laisse si possible le nodule
La complexité du geste vient des adhérences paramétrial adhérent à la face latérale du col pour
importantes entre l’ovaire et la fossette ovarienne. réaliser une résection monobloc.

Ouvrir le rétropéritoine en zone saine en dehors

En cas d’envahissement vaginal, un toucher
du ligament lombo-ovarien et coagulation/sec- vaginal peropératoire aide à repérer les limites
tion de celui-ci après repérage de l’uretère. lésionnelles inférieures pour réaliser une colpo­

Procéder à une urétérolyse jusqu’au croisement tomie en zone saine.
avec l’artère utérine pour libérer l’uretère de la fos-
sette ovarienne et ainsi le protéger.

Effectuer une neurolyse du nerf hypogastrique
qui est souvent adhérent au péritoine.

Ouvrir la fosse pararectale homolatérale en cas
d’adhérence de l’ovaire avec la face latérale du rec-
tum et dans ce cas, mettre à distance les fibres du
plexus splanchnique inférieur.

Emporter en monobloc l’ovaire et la fossette
ovarienne une fois les organes de voisinage sécu-
risés.

En cas d’endométriome volumineux, réaliser un Fig. 20.11
drainage dans un premier temps afin de diminuer Urétérolyse droite.
le volume (fig. 20.10).

Problématique de la
conservation ovarienne
La castration chirurgicale a pour objectif d’arrêter la pro-
duction endogène ovarienne afin de bloquer la stimula-
tion des implants endométriosiques. En l’absence d’essai
randomisé, il n’est pas possible de statuer sur le fait que
la préservation ovarienne améliore ou détériore la qualité
Fig. 20.10 de vie des patientes ayant de l’endométriose. Les données
Endométriome volumineux nécessitant d’être ponctionné pour actuelles reposant sur des études rétrospectives suggèrent
accéder au pelvis. que la conservation ovarienne augmenterait la fréquence
197
III. Stratégie opératoire

des symptômes de récidive de l’endométriose, ainsi que le un facteur de diminution de la satisfaction des patientes
taux de réinterventions. [16], de même que l’existence d’une dépression préopéra-
Namnoum et  al., dans l’étude sur une cohorte de toire [18].
138  patientes hystérectomisées avec ou sans préserva- En ce qui concerne le taux de récidive des douleurs après
tion ovarienne, ont conclu que la conservation ovarienne hystérectomie, Vercellini et al., dans une revue de la littéra-
entraînait un risque relatif de récidive à 6,1 et un risque de ture, ont évalué à 15 % le taux de persistance de douleurs
réintervention de 8,1 [12]. Shakiba et  al., dans leur étude pelviennes chronique avec un taux de 3 à 5 % d’aggravation
rétrospective sur 240 patientes, ont montré que la préserva- des douleurs ou d’apparition de nouveaux symptômes [19].
tion ovarienne lors de l’hystérectomie pour endométriose
symptomatique augmentait d’un facteur 2,44 le risque de
réintervention sans que ce résultat soit significatif (IC 95 % :
0,65-9,1) [13]. De plus, dans le sous-groupe 30-39  ans, Conclusion
l’annexectomie bilatérale ne modifiait pas significativement
L’hystérectomie dans le cadre d’une endométriose s’inscrit
l’intervalle sans réintervention. Dans aucune de ces études,
dans une démarche de radicalité chez les patientes n’ayant
il n’était précisé si le traitement des lésions d’endométriose
pas de projet de grossesse à venir et ayant fait le deuil de
présentes était complet ou non lors de l’hystérectomie, ce
leur fertilité. Cette intervention peut être rendue complexe
qui peut induire un biais.
en cas d’endométriose sévère associée et nécessite d’être
Étant donné que la grande majorité des patientes opé-
réalisée en centre expert de la chirurgie de l’endométriose
rées sont jeunes, il faut prendre en compte la surmortalité
profonde, de façon à limiter le risque de complications
observée en cas d’ovariectomie bilatérale associé à l’hys-
opératoires, de persistance ou de récidive de douleurs.
térectomie. En effet, selon l’étude de Parker et al. chez les
L’association d’une annexectomie bilatérale à l’hystérecto-
patientes ovariectomisées avant 50  ans sans supplémen-
mie est controversée du fait d’une surmortalité induite par
tation œstrogénique, il a été observé une augmentation
la castration chez les jeunes patientes ainsi que des don-
de la mortalité toutes causes confondues et par maladie
nées insuffisantes de son efficacité dans la littérature. Il est
coronarienne [14].
important d’informer les patientes en préopératoire d’un
À cela s’ajoute la notion d’inconfort sexuel et psycholo-
taux de persistance des douleurs autour de 15 %.
gique induit par la privation œstrogénique, d’autant plus
marquée que les patientes sont jeunes.
À retenir

Résultats sur le contrôle ■
L’hystérectomie pour endométriose est à propo-
ser aux femmes n’ayant plus de projet de grossesse.
des douleurs à moyen ■
Les indications sont les ménométrorragies résis-
et long terme tant au traitement médical, les formes sévères réci-
divantes multi-opérées.
Différentes équipes suédoises ont évalué l’impact de l’hys- ■
Le geste doit être le plus radical possible sur
térectomie sur les douleurs d’endométriose [15-17]. l’ensemble des lésions d’endométriose.
Avec une médiane de suivi de 63 mois, Sandström et al. ■
Il s’agit d’une chirurgie potentiellement complexe
ont retrouvé que la proportion de patientes douloureuses selon les localisations des lésions d’endométriose
diminuait significativement de 28 % en postopératoire [15]. associées, et le volume utérin.
Plus particulièrement, dans le sous-groupe de patientes ■
Il est nécessaire de bien délimiter les limites des
avec des douleurs importantes, cette proportion diminuait lésions en début d’intervention et de privilégier la
de 76  % (p <  0,001). Le taux de satisfaction des femmes résection en monobloc afin de réduire le risque de
opérées était de 84 %, confirmant l’intérêt de la procédure. persistance de tissu endométriosique.
Un élément intéressant était que la conservation ovarienne ■
L’annexectomie bilatérale ne semble pas appor-
n’influait pas sur le taux de douleurs et de satisfaction en ter de gain d’efficacité et expose à un surcroît de
postopératoire. mortalité chez les jeunes patientes.
Néanmoins, par rapport aux autres indications d’hysté- ■
Les patientes doivent être prévenues d’un risque
rectomie, Grundström et al. ont observé que les hystérecto- de 15 % de persistance des douleurs en postopéra-
mies réalisées pour des douleurs chroniques pouvaient être toire.

198
20. Hystérectomie dans un contexte d’endométriose profonde

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199
Chapitre 21
Traitement et prévention
des lésions nerveuses
PLAN DU C HAPITRE
Nerve sparing 201

Définitions et introduction 201

Anatomie des espaces pelviens latéraux


et des nerfs pelviens autonomes 201

Sites lésionnels potentiels dans la chirurgie


radicale 203

Technique chirurgicale 204

Résultats fonctionnels postopératoires 205

Faut-il systématiquement disséquer


les nerfs autonomes en cas d’endométriose
profonde ? 205

Micro-anatomie et architecture interne


du nerf périphérique 205

Perspectives : techniques de dissection


non-touch 206

Conclusions 207

Traitement des lésions nerveuses 208

Considérations préopératoires 208

Chirurgie en fonction des localisations


endométriosiques 209

Exérèse chirurgicale 211


Chirurgie de l’endométriose
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
21. Traitement et prévention des lésions nerveuses

Nerve sparing
Benoît Rabischong

Définitions et introduction Anatomie des espaces pelviens


Le terme anglophone de nerve sparing correspond à la
latéraux et des nerfs pelviens
préservation des nerfs pelviens, en particulier du système autonomes
autonome, lors des chirurgies d’exérèse radicale, voire fonc-
tionnelle. On doit l’idée de ces techniques à des chirurgiens Sa connaissance est le prérequis indispensable pour une
japonais (Okabayashi) qui les ont développées, il y a plu- bonne compréhension des principes techniques de la
sieurs dizaines d’années, pour la chirurgie du cancer du col préservation nerveuse et l’interprétation des données de la
et l’hystérectomie élargie. Leur objectif était de réduire la littérature. Nous rappelons à ce titre les bases de cette ana-
morbidité mictionnelle classiquement observée à l’époque tomie. Le lecteur peut approfondir ses connaissances par
dans les suites de cette chirurgie en rapport avec des lésions la lecture d’ouvrages de référence ou d’articles spécifiques
de l’innervation autonome des viscères pelviens. Ces tech- [2-4] ou la visualisation de présentations avec une icono-
niques ont été introduites en Occident à la fin des années graphie spécifique à ce sujet [5].
1980 suite aux premières publications internationales faites D’un point de vue topographique, il convient d’insister
par les élèves des premiers auteurs japonais. sur la description anatomique des espaces rétropéritonéaux
Grâce à l’avantage anatomique de la laparoscopie, ces latéraux, qui contiennent la majeure partie des nerfs auto-
techniques chirurgicales de nerve sparing ont depuis sen- nomes, telle qu’elle est faite par les auteurs japonais [4] et
siblement évolué et sont aujourd’hui relativement bien utilisée dans la plupart des publications. En ce qui concerne
codifiées dans cette indication de l’hystérectomie élargie. la fosse pararectale, on distingue deux sous-espaces  :
Les avantages postopératoires pour les patientes semblent celui d’Okabayashi et celui de Latzko. Le premier est situé
se démontrer vis-à-vis des fonctions mictionnelles, diges- entre médialement le ligament utérosacré et latéralement
tives, voire sexuelles à travers des études de fort niveau de l’uretère rétroligamentaire (fig.  21.1). Dans la chirurgie de
preuve scientifique [1]. l’endométriose rectovaginale et des ligaments utérosacrés,
Ce concept de préservation nerveuse a été proposé, son ouverture constitue un des premiers temps de l’inter-
plus récemment, pour la chirurgie de l’endométriose pro- vention après le repérage de l’uretère avant de poursuivre
fonde. Toutefois, il faut d’emblée souligner les conditions
opératoires différentes dans cette pathologie. En effet dans
la chirurgie du cancer, il n’y a pas d’atteinte des espaces
rétropéritonéaux renfermant cette innervation. Le chirur-
gien est donc confronté à une anatomie « normale » avec
des repères ou des limites qu’il peut suivre afin de respecter
les nerfs. À l’inverse, dans l’endométriose profonde, il existe
des phénomènes de rétraction sous-péritonéale qui modi-
fient de façon importante l’anatomie chirurgicale avec la
possibilité de rapports anatomiques extrêmement intimes
entre les lésions à traiter et les nerfs. Aussi, les techniques de
préservation en oncologie n’apparaissent pas transposables
de prime abord dans l’endométriose. Fig. 21.1
Il convient donc de discuter la faisabilité, la technique Espace d’Okabayashi, côté droit.
1 : utérus ; 2 : ovaire droit ; 3 : pavillon tubaire droit ; 4 : rectum ;
et les résultats fonctionnels du nerve sparing dans cette 5 : nodule rectovaginal ; 6 : espace d’Okabayashi droit ; 7 : nerf
indication de l’endométriose. hypogastrique droit.

201
III. Techniques chirurgicales

en direction du septum rectovaginal. L’espace de Latzko


est lui situé entre l’uretère rétroligamentaire médialement
et latéralement les branches terminales de l’artère hypogas-
trique (fig. 21.2). Au-delà des espaces pararectaux, l’espace
de Yabuki, ou 4e  espace, est un espace paravaginal situé
entre latéralement l’uretère rétrovésical et médialement la
paroi vaginale latérale dont l’abord vise à préserver l’inner-
vation vésicale (fig. 21.3).
En ce qui concerne les nerfs pelviens autonomes, on
distingue classiquement un système sympathique et para-
sympathique (fig.  21.4). Le sympathique pelvien prend
son origine au niveau du plexus hypogastrique supérieur
situé en regard du promontoire en parasagittal gauche. Il
se prolonge, de chaque côté de l’espace présacré, par un
nerf hypogastrique qui chemine dans la fosse pararectale
(espace d’Okabayashi) le long de la paroi latérale du rectum
à environ 2 cm sous l’uretère rétroligamentaire (cf. fig. 21.1).

Fig. 21.4
Constitution des plexus hypogastriques (vue antérolatérale
droite).
1 : trompe ; 2 : ovaire ; 3 : nerf obturateur ; 4 : fond utérin ;
5 : ligament rond ; 6 : vessie ; 7 : urètre ; 8 : vagin ; 9 : nerf splanchnique
lombaire ; 10 : ganglion sympathique lombaire ; 11 : plexus
hypogastrique supérieur ; 12 : nerf hypogastrique gauche ;
13 : ganglion sympathique pelvien ; 14 : nerf ischiatique ; 15 : nerfs
splanchniques pelviens ; 16 : uretère ; 17 : plexus hypogastrique
inférieur gauche ; 18 : nerf pudendal ; 19 : nerfs vaginaux.
Fig. 21.2 Extrait de : Cosson M, Cornu JN, de Tayrac R, et al. Chirurgie de l’incontinence urinaire et
Espace de Latzko, côté droit. du prolapsus, 2e éd. © 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
1 : artère iliaque externe ; 2 : veine iliaque externe ; 3 : artère
ombilicale ; 4 : origine de l’artère utérine ; 5 : espace de Latzko ; Après avoir croisé la partie postérieure du ligament utéro-
6 : uretère rétroligamentaire.
sacré, il s’anastomose avec les nerfs splanchniques pelviens
dans la fosse pararectale (espace de Latzko) sous le para-
cervix afin de constituer le plexus hypogastrique inférieur.
Les nerfs splanchniques pelviens sont la composante prin-
cipale du système parasympathique. Ils sont issus des der-
nières racines sacrées ventrales (S3, S4) et cheminent dans
la partie dorsolatérale de la fosse pararectale (espace de
Latzko) en avant du muscle piriforme (fig. 21.5). Le plexus
hypogastrique inférieur (fig. 21.6) est, quant à lui, situé dans
ce même espace sous l’uretère et le paracervix. La veine
utérine profonde (fig.  21.7), située sous l’uretère et non
satellite de l’artère utérine, est le vaisseau le plus superficiel
Fig. 21.3 du paracervix lors de l’ouverture de l’espace de Latzko. Elle
Espace de Yabuki, côté droit. constitue ainsi un repère important et une limite inférieure
1 : fosse paravésicale ; 2 : artère ombilicale ; 3 : artère vésicale dans la dissection afin de préserver les nerfs splanchniques
supérieure ; 4 : artère utérine dans sa portion ascendante et le plexus hypogastrique inférieur. De ce dernier émanent
cervico-isthmique ; 5 : vagin et espace vésicovaginal ; 6 : vessie ;
7 : faisceau profond ou postérieure du ligament vésico-utérin ; les efférences destinées à l’utérus, au vagin, à la vessie et au
8 : uretère rétrovésical ; 9 : espace de Yabuki. rectum (fig. 21.4 et 21.8). Pour la vessie, on distingue deux
202
21. Traitement et prévention des lésions nerveuses

Fig. 21.5 Fig. 21.8


Nerfs splanchniques pelviens, côté droit. Innervation vésicale et espace de Yabuki, côté droit.
1 : paracervix ; 2 : artère rectale moyenne ; 3 : muscle piriforme ; 1 : vagin et espace vésicovaginal ; 2 : faisceau de fibres nerveuses
4 : nerfs splanchniques pelviens. à destinée vésicale, disséquées/vagin sur cette vue ; 3 : espace de
Yabuki ; 4 : uretère rétrovésical ; 5 : faisceau profond du ligament
vésico-utérin.

groupes de fibres : un premier disposé sous et en dehors


de l’uretère et un second prépondérant qui chemine sous
le paracervix, puis contre la paroi postérolatérale et latérale
du vagin, en rapport (avant sa distribution à la vessie) avec
l’uretère rétrovésical et le faisceau profond du ligament
vésico-utérin (espace de Yabuki).
D’un point de vue fonctionnel et si l’on prend l’exemple
de la miction, le sympathique, en théorie adrénergique, est
en charge de la compliance vésicale par inhibition du détru-
sor et stimulation des fibres musculaires lisses du sphincter
urétral. A contrario, le parasympathique, en théorie choli-
nergique, est responsable de la vidange vésicale par stimu-
lation du détrusor et inhibition des fibres musculaires lisses.
Fig. 21.6
Néanmoins, cette distinction reste effectivement théorique
Plexus hypogastrique Inférieur, côté droit.
car plusieurs travaux récents ont montré la coexistence des
1 : rectum ; 2 : uretère ; 3 : artère rectale moyenne ; 4 : plexus fibres adrénergiques et cholinergiques dans les voies sym-
hypogastrique inférieur. pathiques et parasympathiques [6].
Les sphincters striés urétral et anal reçoivent parallèle-
ment une innervation somatique par l’intermédiaire du nerf
pudendal (nerf mixte somatique et autonome). Ce nerf est
issu des racines sacrées ventrales S2 et S3 et a un trajet rela-
tivement court dans le pelvis qu’il quitte par le canal infrapi-
riforme en passant en arrière du ligament sacro-ischiatique.
Il chemine ensuite dans la fosse ischiorectale puis le canal
d’Alcock où il donne ses branches terminales : clitoridienne,
périnéale et sphinctérienne.

Sites lésionnels potentiels


Fig. 21.7 dans la chirurgie radicale
Veine utérine profonde, côté gauche.
1 : fosse paravésicale ; 2 : artère ombilicale ; 3 : origine de l’artère Ils découlent du trajet anatomique des voies nerveuses du
utérine et paramètre ; 4 : uretère rétroligamentaire ; 5 : veine utérine
profonde et paracervix ; 6 : artère vaginale et paracervix ; 7 : espace système autonome. Ils ont été précisément décrits pour
de Latzko. l’hystérectomie élargie, à savoir  : lors de la résection des
203
III. Techniques chirurgicales

ligaments utérosacrés (nerfs hypogastriques), lors du traite-


ment du paramètre et du paracervix (nerfs splanchniques
et plexus hypogastrique inférieur) et dans la dissection
des ligaments vésico-utérins et plus particulièrement de
son faisceau postérieur ou profond (innervation vésicale).
Les sites suivants sont transposables dans l’endométriose
profonde :
• ligaments utérosacrés pour les atteintes postérieures et
paramètre-paracervix en cas d’extension latérale ;
• ligaments vésico-utérins pour les lésions vésicales (volu-
mineuses et/ou latéralisées) ;
Fig. 21.9
• zone du promontoire et faces latérales du rectum en cas
Nodule rectovaginal avec extension latérale droite à la paroi
de résection colorectale associée. pelvienne et atteinte d’un nerf splanchnique pelvien.
1 : rectum ; 2 : paroi pelvienne latérale et veine glutéale inférieure ;
3 : racine sacrée ventrale S3 ; 4 : nerf splanchnique pelvien ;
5 : nodule d’endométriose.
Technique chirurgicale
ou lésion des nerfs ou préservation nerveuse et exérèse
Voie d’abord incomplète de la maladie (fig. 21.9).
La laparoscopie, en raison de ses avantages admis en Aussi, si le nerve sparing peut être faisable, il ne l’est
termes de morbidité pour les patientes et de son avantage pas toujours selon la topographie de l’atteinte endomé-
anatomique en termes d’exposition des nerfs pelviens, est triosique et son extension latérale et/ou antéropostérieure.
aujourd’hui la voie à privilégier. L’installation de la laparo- Lorsqu’il n’est pas faisable, en cas d’atteinte extrinsèque ou
scopie et l’instrumentation ne diffèrent pas de celles pour intrinsèque des nerfs autonomes, il faut éviter une déner-
l’endométriose profonde. vation complète et se limiter autant que possible à une
résection unilatérale et une préservation controlatérale. Et
cela, même si l’hypothèse d’un côté dominant de l’innerva-
Faisabilité tion, comme au niveau du cerveau, peut rendre compte de
certains résultats délétères en cas de lésions chirurgicales
Compte tenu des remarques énoncées dans l’introduction, nerveuses d’un seul côté du pelvis.
la question de la faisabilité du nerve sparing doit être posée
en fonction des différents types d’atteinte et de l’extension
sous-péritonéale de la maladie. Existe-t-il une technique
Parmi la soixantaine d’études disponibles [1], moins standardisée et reproductible ?
d’une dizaine (prospectives ou rétrospectives, pas d’étude
prospective comparative randomisée) rapportent des Il convient à ce titre de distinguer ce qui relève de l’identifi-
résultats en termes de faisabilité et de résultats postopé- cation des nerfs d’une part, et de la préservation nerveuse
ratoires dans cette indication. Ces études demeurent hété- d’autre part.
rogènes dans leur méthodologie et l’interprétation de leurs Concernant l’identification, il est en théorie possible
résultats. Mais toutes concluent à la bonne faisabilité de de la standardiser à partir des données anatomiques et
cette technique. de l’approche laparoscopique, en zone saine, des espaces
D’autres patientes peuvent être atteintes d’une endomé- pelviens contenant ces éléments, par exemple dans l’endo-
triose des nerfs somatiques (ischiatique, pudendal, racines métriose profonde du compartiment postérieur où l’iden-
sacrées) notamment au niveau de la paroi pelvienne laté- tification des nerfs hypogastriques devient de plus en plus
rale où il n’est pas possible de préserver l’intégrité des nerfs systématique. Celle-ci peut être faite dès le début de l’inter-
concernés. Il n’y a pas à ce jour d’étude sur les possibilités vention dans la plupart des cas par l’observation directe
de préservation en cas d’atteinte directe et intrinsèque des transpéritonéale (fig. 21.10) des plis péritonéaux présacrés
nerfs somatiques ou autonomes. Mais en cas de lésions très que forment ces nerfs lors de la mobilisation latérale de
volumineuses avec une extension sous-péritonéale latérale l’utérus [5,7]. Puis après le repérage de l’uretère rétroliga-
vers la paroi pelvienne, plusieurs équipes ont été confron- mentaire, ils sont identifiés lors de l’ouverture de l’espace
tées à devoir choisir dans ce cas entre radicalité et section pararectal d’Okabayashi (cf. fig. 21.1).
204
21. Traitement et prévention des lésions nerveuses

Résultats fonctionnels
postopératoires
L’enjeu de ce type de procédure est de limiter ou réduire la
morbidité postopératoire en termes de fonction miction-
nelle, digestive, voire sexuelle.
Dans l’hystérectomie élargie, cet avantage semble dé­
sormais démontré par plusieurs méta-analyses [1].
Dans l’endométriose profonde, les études disponibles
montrent avec un niveau de preuve satisfaisant (mais avec
Fig. 21.10 de faibles effectifs) que la technique du nerve sparing,
Identification transpéritonéale du nerf hypogastrique droit. lorsqu’elle est faisable, est susceptible de réduire la morbi-
1 : ligament utérosacré ; 2 : cul-de-sac rectovaginal ; 3 : ovaire dité mictionnelle postopératoire des patientes compara-
gauche ; 4 : rectum ; 5 : appendice ; 6 : ligament suspenseur de
l’ovaire ; 7 : promontoire ; 8 : uretère rétroligamentaire ; 9 : nerf
tivement à une technique d’exérèse conventionnelle [1,9].
hypogastrique. Vis-à-vis des fonctions digestives ou sexuelles, il n’est pas
possible de conclure à ce jour.
Au-delà, pour la préservation proprement dite, seul le
groupe de Negrar a proposé à ce jour une standardisation de
la technique notamment en cas de résection digestive [8]. Son
principe est d’ailleurs repris par les auteurs des autres études Faut-il systématiquement
prospectives ou rétrospectives [1]. Les différentes étapes sont disséquer les nerfs autonomes
décrites très précisément dans la publication de Cecaroni
et al. [8] et sont composées des temps principaux suivants : en cas d’endométriose
• adhésiolyse ; profonde ?
• exérèse des implants péritonéaux ;
• ouverture de l’espace présacré avec identification et pré- Il faut évoquer les controverses qui existent sur l’intérêt
servation du plexus hypogastrique supérieur et des nerfs d’une dissection systématique des nerfs autonomes. Dans
hypogastriques ; l’étude de Ceccaroni et  al. avec résection colorectale,
• ouverture de l’espace d’Okabayashi ; les durées moyennes d’autosondages vésicaux interpel-
• séparation des nerfs hypogastriques par rapport aux lent avec 121,1  jours dans le groupe classique et surtout
ligaments utérosacrés ; 39,8  jours dans le groupe nerve sparing [8]. Cette valeur
• dissection de l’uretère et du paramètre proximal et pos- élevée, alors qu’une préservation nerveuse a été effectuée,
térieur ; pose la question du caractère potentiellement traumatique
• identification du plexus hypogastrique inférieur et de de ce type de dissection au niveau de nerfs de très faible
sa jonction avec le nerf hypogastrique le long de la paroi diamètre (souvent < 1 mm). En effet, on peut penser que
antérolatérale du rectum ; leur dissection peut engendrer un traumatisme direct par
• identification de la veine utérine profonde, puis des nerfs compression mécanique ou par des phénomènes d’isché-
splanchniques à leur origine au niveau des racines sacrées mie en raison de leur vascularisation précaire.
ventrales ;
• dissection et séparation du ligament latéral du rectum
par rapport aux nerfs splanchniques et les fibres du plexus ;
• préservation de la partie caudale du plexus en paravaginal ; Micro-anatomie et architecture
• résection et anastomose colorectale. interne du nerf périphérique
Pour autant, tout comme sa faisabilité, la reproductibi-
lité de cette technique peut être discutée en cas d’envahis- Au-delà de la vision macroscopique du nerf lors de sa dis-
sement des espaces abordés ou a fortiori d’entrapment de section, il importe désormais au chirurgien d’en connaître
ces nerfs par l’endométriose. l’architecture interne et la micro-anatomie afin de limiter le
Il convient aussi d’apprendre de nos collègues neuro- risque de lésion nerveuse lors de sa dissection. La section
chirurgiens quant aux règles de dissection dans ce type de d’un nerf périphérique (fig.  21.11) permet de visualiser
procédure. l’architecture interne de type fasciculaire d’un tel tronc
205
III. Techniques chirurgicales

bien inférieure à celle développée par une pince préhen-


sive en laparoscopie, suffit à interrompre le flux vasculaire
interne du nerf et la conduction nerveuse [7].
Il est donc essentiel de prendre en compte ces données
si l’on souhaite limiter, lors de la dissection chirurgicale, le
risque de neuropraxie (type  I des lésions nerveuses) ou
d’axonotmésis (type II), voire de neurotmésis (type III-V).
Ces différents éléments sous-tendent les recommanda-
tions du CNGOF élaborées en 2017 dans cette indication
[1]. Ils imposent surtout de respecter certaines règles, quant
à la dissection chirurgicale des nerfs périphériques, décrites
par les neurochirurgiens [10] en les transposant à la laparo-
scopie (encadré 21.1).

ENCADRÉ 21.1 Règles à respecter


pour le nerve sparing en
laparoscopie
• Savoir lire les images du péritoine opératoire en début
de procédure, avec l’identification notamment des plis
Fig. 21.11 péritonéaux correspondant aux nerfs hypogastriques de
Coupe d’un nerf périphérique. chaque côté.
• Débuter l’abord des espaces pelviens, qui contiennent
les nerfs autonomes à préserver, en zone saine et en amont
des lésions d’endométriose.
nerveux. Les différentes fibres nerveuses (axones) sont ainsi • Éviter la préhension et les tractions excessives des nerfs
réparties au sein du nerf en différents fascicules entourés après leurs expositions dans les espaces concernés et faire
de tissu conjonctif. En périphérie de ces faisceaux de une dissection la plus atraumatique possible autour du
fibres nerveuses, on décrit trois gaines de soutien du nerf : nerf.
l’endonèvre, le périnèvre et l’épinèvre. Ce dernier, composé • Connaître et respecter les techniques de dissection
de tissu conjonctif lâche, constitue l’enveloppe externe neurochirurgicale ou de « neurolyse » des nerfs périphé-
du nerf. Le périnèvre correspond à la gaine entourant un riques [10] en cas d’atteinte par l’endométriose.
fascicule. Elle est composée essentiellement de fibres de • Utiliser la micro-instrumentation disponible en laparo-
collagène disposées dans différentes directions de l’espace. scopie, avec des instruments de moins de 5 mm de dia-
mètre (3 mm) pour la dissection des nerfs lorsqu’ils sont
L’endonèvre constitué de collagène, de fibroblastes et de
«  engainés » ou atteints intrinsèquement par les lésions
matrice extracellulaire est disposé entre les fibres nerveuses d’endométriose.
à l’intérieur d’un fascicule. Les fibres de collagène s’organi-
sent pour former de véritables tubules autour de chaque
axone myélinisé ou non. Même aux niveaux de nerfs de très
faible diamètre, comme ceux du système autonome, il faut
souligner la densité de ces fascicules et fibres nerveuses au Perspectives : techniques
niveau de nerfs. Des études récentes ont montré que le nerf de dissection non-touch
hypogastrique au niveau du promontoire, chez l’homme,
contenait entre autres plus de 50  fascicules de moins de C’est dans ce contexte qu’apparaissent des perspectives
0,05  mm de diamètre avec pour chacun 40 à 100  fibres afin d’optimiser la technique de nerve sparing. L’objectif de
nerveuses [7]. ces nouvelles techniques non-touch est d’éviter le contact
Par ailleurs, si l’on s’intéresse aux effets d’une compres- direct avec les nerfs dans la dissection. Elles relèvent de nou-
sion mécanique sur ces nerfs, des données expérimentales, veaux instruments de dissection, de technique de neuro­
chez l’animal, ont montré qu’une force appliquée de 0,4 N, stimulation peropératoire ou encore d’imagerie virtuelle [7].
206
21. Traitement et prévention des lésions nerveuses

Nouveaux instruments de dissection Remarque


Il s’agit du CUSA® (Cavitron Ultrasonic Surgical Aspirator) et L’ensemble de ces techniques de préservation ner-
d’instruments laparoscopiques permettant une dissection veuse, tout comme l’implantation de neuropro-
de type waterjet. Le CUSA® utilise la cavitation ultrasonique thèses (LION procedure – Laparoscopic Implantation
et l’aspiration des tissus à fort contenu en eau, comme le Of Neuroprothesis) pour restaurer des fonctions
tissu adipeux, tout en préservant les tissus à fort contenu motrices ou végétatives en cas de lésions nerveuses
en collagène. Le principe de la dissection waterjet, utilisé avérées, s’intègre désormais dans le concept récent
initialement dans l’industrie pour la coupe de précision de de la neuropelvéologie [12].
différents matériaux, est de disséquer les tissus avec une très
fine lame d’eau projetée par un instrument laparoscopique
muni d’une fine aiguille de 80 à 120 µm de diamètre sous
une pression pouvant aller jusqu’à 150 bar. Ces deux instru- Conclusions
ments sont utilisés dans la chirurgie hépatique, splénique,
ganglionnaire et en neurochirurgie. Dans ces indications, ils Dans l’endométriose profonde, le nerve sparing, lorsqu’il est
ont montré leur intérêt avec une réduction des pertes san- possible, en fonction de l’extension de l’atteinte endomé-
guines, une meilleure préservation du parenchyme tissulaire triosique, apparaît bénéfique pour réduire la morbidité
et la quasi-absence de lésions thermiques en périphérie de mictionnelle des patientes mais doit être réalisé de la façon
la lésion à traiter. Plus récemment, ils ont été proposés dans la plus atraumatique possible. Compte tenu des conditions
l’hystérectomie élargie avec nerve sparing [7]. Si les résultats chirurgicales spécifiques dans cette indication, la conscience
semblent intéressants vis-à-vis de la morbidité mictionnelle, du chirurgien de la présence même de l’innervation auto-
le très faible nombre d’études ne permet pas de conclure nome à proximité de son champ opératoire est probable-
sur leur intérêt dans cette indication. ment le premier facteur de succès de l’identification de ces
nerfs et, au-delà de leur préservation, en les éloignant des
zones à réséquer par la dissection.
Neurostimulation peropératoire Néanmoins, la dissection extensive et systématique de
C’est une autre technique prometteuse, dont le principe l’ensemble du système nerveux autonome, en l’absence
est de limiter les dissections extensives en neurostimulant d’envahissement des espaces pelviens concernés ou
avec un instrument bipolaire les zones où le chirurgien d’atteinte directe de ces nerfs, n’est pas recommandée en
pense être à proximité de l’innervation et de confirmer sa l’état actuel des connaissances.
présence par l’enregistrement de réponses manométriques Le développement de nouveaux instruments de dis-
au niveau vésical ou électromyographiques au niveau du section sans contact direct et des techniques de neuro­
sphincter interne anal [7]. Les résultats des études utilisant stimulation peropératoire ou de neuro-imagerie virtuelle
cette technique dans le domaine de la chirurgie radicale devraient améliorer très sensiblement, dans le futur, les
gynécologique [11] ou digestive depuis plusieurs années, résultats actuels très prometteurs du nerve sparing.
même s’ils doivent être confirmés, montrent son intérêt en
termes de morbidité postopératoire et de préservation de
la fonction vésicale. Références
Neuro-imagerie virtuelle [1] Rabischong B, Botchorishvili R, Bourdel N, et al. Nerve sparing tech-
niques in deep endometriosis surgery to prevent urinary or diges-
Enfin, il faut évoquer la possibilité future de nouvelles tive disorders: techniques and results. CNGOF-HAS guidelines.
Gynecol Obstet Fertil Senol 2018;46(3):309-13.
techniques de neuro-imagerie virtuelle utilisant des agents [2] Kamina P. Anatomie opératoire Gynécologie et Obstétrique. Paris:
marqueurs spécifiques des nerfs autonomes [7]. Elles per- Maloine; 2000.
mettraient de visualiser les nerfs comme avec les techniques [3] Lemos N, Souza C, Marques RM, et al. Laparoscopic anatomy of the
de fluorescence et le vert d’indocyanine (ICG) injecté par autonomic nerves of the pelvis and the concept of nerve-sparing
voie intraveineuse. Au décours de quelques études pilotes, surgery by direct visualization of autonomic nerve bundles. Fertil
Steril 2015;104(5):e11-2.
il conviendra de préciser les modalités de mise en œuvre
[4] Yabuki Y, Sasaki H, Hatakeyama N, et al. Discrepancies between clas-
de ces techniques et d’évaluer leur efficacité pour identifier sic anatomy and modern gynecologic surgery on pelvic connective
l’ensemble des structures nerveuses dans les conditions tissue structure: harmonization of those concepts by collaborative
anatomiques spécifiques de l’endométriose. cadaver dissection. Am J Obstet Gynecol 2005;193(1):7-15.
207
III. Techniques chirurgicales

[5] Rabischong B. Useful Anatomy for Endometriosis. www.websurg. [9] Darwish B, Roman H. Nerve Sparing and Surgery for Deep Infiltra-
com 2019. ting Endometriosis: Pessimism of the Intellect or Optimism of the
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assisted anatomic dissections. Surg Radiol Anat 2011;33(5):397-404. tomical and physiological basis and its classification. Microsurgery
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clinical trial. Surg Endosc 2012;26(7):2029-45. 2015;22(7):1140-1.

Traitement des lésions nerveuses


Jean-Philippe Estrade, Ilaria Alasia

Associée aux lésions d’endométriose ou isolées, le chirur-


Considérations préopératoires gien doit avoir à l’esprit la possibilité de diagnostic différen-
tiel concernant les conflits vasculonerveux et les fibroses
Distribution postopératoires à l’origine des racines nerveuses pouvant
Le plexus sacré ou endométriose des racines sacrées consti- être responsables de la même symptomatologie, et ainsi
tue la majeure partie des atteintes nerveuses périphériques compliquer le geste opératoire. C’est l’imagerie préopéra-
avec 95,7 % des lésions, suivies des lésions du nerf ischia- toire par IRM pelvienne ou neurographie IRM 3D [5] qui
tique avec 7,1  % des atteintes, celles du nerf obturateur oriente le chirurgien sans toutefois prédire définitivement
sont plus rares (1,4 %) [1]. Les atteintes du cône médullaire le pronostic d’atteinte neurale.
(atteinte centrale) sont exceptionnelles [2].
Dissection du nodule
Physiopathologie endométriosique et risques
neurologiques
La connaissance physiopathologique de l’atteinte des nerfs
par l’endométriose permet d’aborder la dissection en limi- La difficulté essentielle repose sur le contrôle permanent
tant le déficit neurologique. Dans la majorité des cas (45 %), des éléments vasculaires riches dans cette région, ainsi que
la compression nerveuse est extrinsèque, dans 34 % des cas sur la découverte en temps réel de variations anatomiques
l’envahissement intrinsèque du nerf est effectif, dans 21 % vasculaires associées à la notion d’envahissement neural.
des cas cette atteinte est mixte [3]. Ces atteintes variables La neurolyse constitue toute la difficulté et l’expertise de
semblent être en relation avec les différentes théories cette chirurgie, elle est réalisée soit dans le plan de la gaine
d’implantation de l’endométriose. Plus spécifiquement, la neuronale, soit en intraneuronal.
théorie de la métastase lymphatique et vasculaire peut à la La résection peut se schématiser en trois étapes :
fois expliquer les atteintes intraneurales et les localisations à • la première consiste en une cartographie anatomique
distance des plexus pelviens et spinaux [4]. Parmi les autres et l’individualisation le plus possible des nerfs autonomes
mécanismes évoqués, citons la menstruation rétrograde hypogastriques supérieur et inférieur, des artères et veines
avec ensemencement péritonéal, l’implantation de cellules hypogastriques ainsi que de leurs confluentes, notamment
souches par voie hématogène ou via la menstruation rétro- glutéales afin d’en réaliser la sécurisation durant toute la dis-
grade avec différenciation endométriosique subséquente, section. Ce geste est réalisé par l’énergie bipolaire ou ultraso-
et la métaplasie du canal cœlomique ou du canal de Müller. nique possiblement associée aux moyens de ligature (clips,
L’agressivité de la fibrose périlésionnelle module la fils). Dans de nombreuses situations, il est nécessaire d’utili-
profondeur des dissections et les difficultés d’exposition. ser des clips par la complexité de la région potentiellement
208
21. Traitement et prévention des lésions nerveuses

hémorragique. Il faut garder en mémoire que l’utilisation Cette lésion peut être dans l’espace intramédullaire,
de clips notamment non résorbables est pourvoyeuse de intradurale ou extradurale. L’imagerie par IRM situe la lésion
fibrose postopératoire importante, associée à l’inflamma- et peut également détailler la diffusion hématique mens-
tion endométriosique potentiellement génératrice de réci- truelle. Dans le cadre d’une indication chirurgicale, cette
dive de la symptomatologie neurologique ; intervention est réalisée par un neurochirurgien. L’abord
• la deuxième étape concerne l’identification de nodule unique est postérieur par une incision médiane en regard
à la fois sur le plan neurologique, incluant la recherche du de la lésion. Une laminectomie uni ou bilatérale est néces-
contact musculaire piriforme, et sur le plan viscéral, urétéral, saire après exposition de la membrane transverse interne,
et tissulaire périlésionnel recherchant en permanence le l’intérêt étant d’identifier la partie proximale des racines par
tissu graisseux sain par l’ouverture première de l’espace para- une incision du ligament flavum. Cette incision permet une
rectal et la recherche du contact du rectum et de la cloison exposition parfaite des racines nerveuses. Bien souvent, la
rectovaginale ; lésion d’endométriose induit un œdème et un épaississe-
• la troisième et dernière étape se concentre sur la neuro- ment de la racine nerveuse, et n’envahit pas le parenchyme
lyse du nodule, ce geste doit être précis et méticuleux. Cette nerveux. La localisation de ce type d’endométriose spinale
neurolyse dépend de l’envahissement de l’épinèvre formé peut s’étendre de la racine de L1 à L5, encore plus rarement
de tissu conjonctif associé à des adipocytes et des vaisseaux au niveau des racines thoraciques.
sanguins. Dans le contexte pathologique endométriosique, Les résultats de cette chirurgie sont de bon pronostic, les
l’œdème associé est coresponsable de la diffusion de dom- récurrences sont généralement traitées par hormonothéra-
mages thermiques réalisée par l’hémostase conduisant pie. En effet, la radicalité du geste neurologique est guidée
à la neuropraxie altérant la fonction motrice et sensitive. par le risque de déficit fonctionnel.
Ces séquelles peuvent être plus ou moins bien récupérées
en fonction des processus de remyélinisation en quelques
semaines ou quelques mois. C’est pourquoi la neurolyse aux Abord chirurgical des nerfs sacrés
ciseaux froids doit être privilégiée, associée à une hémostase
bipolaire sélective à faible puissance (< 35 W). L’atteinte des racines sacrées est très souvent associée à la
La récupération fonctionnelle peut être améliorée par la présence d’un nodule endométriosique large responsable
prise de neuroleptiques en postopératoire [6], mais dépend d’atteinte rectale, vaginale et/ou urétérale. L’abord chirurgi-
également des sacrifices imposés sur l’innervation autonome. cal est alors guidé par la stratégie de résection du nodule.
L’altération des nerfs splanchniques au départ des racines L’exposition des nerfs sacrés ainsi que des nerfs splanch-
sacrées peut causer une atonie vésicale le plus souvent réso- niques pelviens nécessite une stratégie chirurgicale standar-
lutive en 4 à 6 semaines, et plus rarement définitive, nécessi- disée afin de faire face à tous les types de lésions.
tant des autosondages. La neuronavigation par la technique La dissection commence par une incision péritonéale à
LANN (Laparoscopic Neuro-Navigation) peut guider le chi- hauteur du promontoire, légèrement décalée vers le côté
rurgien afin d’éviter un sacrifice trop important [7]. lésionnel. La dissection de l’uretère est quasi systématique
Généralement, la neuropraxie est la séquelle la plus fré- en raison de la présence de lésions d’endométriose pro-
quente de ce type de chirurgie, notamment liée au volume fonde pararectale et paramétriale.
du nodule endométriosique et associée à l’envahissement Cette ouverture large du péritoine permet de rapide-
d’organe de voisinage [8]. ment verticaliser la dissection vers la fosse pararectale. Cette
étape est marquée par l’identification première du plexus
nerveux hypogastrique supérieur et du nerf hypogastrique.
La profondeur de la dissection laisse médialement l’uretère
afin de se concentrer sur le tissu conjonctif dont l’exposition
Chirurgie en fonction des est facilitée par l’effet champagne du pneumopéritoine. En
localisations endométriosiques association à une dissection le long et en avant des vais-
seaux hypogastriques, nous mettons en évidence le fas-
Chirurgie des lésions spinales cia de la lame sacro-recto-génito-pubienne individualisée
d’avant en arrière et servant de repère médian à la dissection
L’endométriose de la racine du plexus lombaire est une latérale (fig. 21.12), cette lame pouvant être effondrée sans
entité rare mais la plus fréquente des lésions spinales, sou- difficulté pour améliorer l’exposition latérale et élargie par
vent de diagnostic différentiel avec une tumeur engainante le contrôle et la ligature des veines glutéales qui enjambent
de la racine du plexus nerveux [9]. les racines sacrées (fig. 21.13). La poursuite de la dissection
209
III. Techniques chirurgicales

Fig. 21.12 Fig. 21.14


Paramètre gauche. Plexus sacré gauche, dissection lors d’une exérèse d’un nodule
1 : uretère gauche ; 2 : artère hypogastrique gauche ; 3 : veine d’endométriose profonde du paramètre gauche.
hypogastrique gauche ; 4 : racines sacrées gauches ; 5 : nerfs 1 : épine ischiatique ; 2 : rectum.
splanchniques ; 6 : lame sacro-recto-génito-pubienne gauche ; Courtoisie H. Roman.
7 : rectum.
Courtoisie H. Roman.

Fig. 21.15
Abord du nerf ischiatique gauche.
Fig. 21.13
1 : tronc lombo sacré ; 2 : nerf obturateur ; 3 : veine iliaque externe ;
Section des veines du paramètre gauche recouvrant le plan des 4 : muscle psoas.
racines sacrées. Courtoisie H. Roman.
1 : uretère gauche ; 2 : branche de l’artère hypogastrique gauche
clipée et sectionnée ; 3 : veine tributaire de la veine hypogastrique
gauche, section entre deux clips ; 4 : nodule d’endométriose avec ischiatique. L’ouverture péritonéale large est effectuée entre
compression des racines sacrées. le bord médial du psoas et le long de l’artère iliaque externe
Courtoisie H. Roman.
pour aborder le rétropéritoine  ; un décollement large et
facile des vaisseaux permet d’obtenir une laxité d’expo-
permet de mettre en évidence le muscle piriforme sur sition des vaisseaux artériels et veineux. Cette dissection
lequel reposent les racines sacrées S2-S3-S4 (fig. 21.14), ainsi se réalise dans un espace avasculaire, immédiatement à
que leur anastomose nerveuse sur le plexus hypogastrique la recherche du nerf obturateur pour le laisser sur le plan
inférieur. La lésion d’endométriose peut être individualisée médian (fig. 21.15). Sur le même niveau est recherchée la
des éléments nobles disséqués. ligne terminale de l’os iliaque qui définit le plan externe de
l’exposition.
La dissection verticale suit cette direction externe et
Abord chirurgical des nerfs permet l’ouverture de l’espace lombosacré et la dissection
ischiatique et pudendal du tronc lombosacré, suivie de haut en bas pour exposer
le nerf ischiatique immédiatement en direction de la partie
L’exposition du nerf ischiatique dans sa portion pelvienne inférieure du grand foramen ischiatique (fig. 21.16). C’est à
est généralement réalisée par une voie lombosacrée trans- ce niveau que la dissection du ligament sacro-ischiatique se
péritonéale afin de médialiser les vaisseaux accolés à la paroi dirigeant en bas et médialement permet également la dis-
pelvienne. La dissection est réalisée en direction de l’épine section de l’origine du nerf pudendal.
210
21. Traitement et prévention des lésions nerveuses

Exérèse chirurgicale
Bien que la pathologie endométriosique y compris pro-
fonde semble être fréquente dans la population générale,
l’atteinte neurologique des racines lombosacrées et du
nerf ischiatique semble très sous-estimée. Ces atteintes
peuvent être alors découvertes de façon fortuite lors
d’une intervention chirurgicale pour endométriose pro-
fonde ignorée lorsque ces lésions sont rétropéritonéales
et isolées.
Lors de l’exérèse des lésions nerveuses d’endométriose,
Fig. 21.16
il faut donc distinguer les lésions associées à une endomé-
Dissection du nerf ischiatique droit lors d’une exérèse
triose profonde (rectum), le plus souvent sur les racines
d’un nodule profond responsable d’une compression sacrées, de l’endométriose isolée, le plus souvent située sur
du nerf ischiatique droit. le nerf ischiatique et à l’origine du nerf pudendal. Cette dis-
La flèche jaune indique la grande échancrure ischiatique droite. tinction est importante dans le niveau d’atteinte du nerf,
1 : artère ombilicale droite ; 2 : nerf obturateur droit ; 3 : artère
obturatrice droite sectionnée ; 4 : nodule d’endométriose ; 5 : nerf extrinsèque ou intrinsèque.
ischiatique droit.
Extrait de Roman H, Dehan L, Merlot B, et al. Postoperative Outcomes after Surgery for
Deep Endometriosis of the Sacral Plexus and Sciatic Nerve : A 52-patient Consecutive
Series. J Minim Invasive Gynecol. 2020 :S1553-4650(20)31107-9. © 2020 Elsevier Masson
SAS. Tous droits réservés. Endométriose des racines sacrées
(encadré 21.2)
Cette dissection théorique dans des tissus sains doit être
gardée à l’esprit du chirurgien afin d’aborder des plans de
dissection difficiles dus aux lésions d’endométriose.
Pour Chiantera, cette voie d’abord peut être également ENCADRÉ 21.2 Exérèse de nodule
proposée pour la dissection des nerfs sacrés [10].
d’endométriose paramétrial
et des racines sacrées
Attention
en 10 étapes [1]
Dans cette exposition, la visualisation par l’axe 1. Urétérolyse
du cœlioscope est trop verticale et nécessite des 2. Ouverture de l’espace pararectal au contact du rectum
adaptations. 3. Prolongement de la dissection vers la cloison rectovagi-
nale
4. Identification du plexus hypogastrique supérieur et du
Abord chirurgical du nerf nerf hypogastrique au niveau du promontoire
5. Incision du péritoine en regard du promontoire, latéra-
obturateur lisé sur l’origine des vaisseaux hypogastriques
Bien que rarissime, l’atteinte du nerf obturateur semble être 6. Dissection antérograde de l’artère hypogastrique et
majoritairement le résultat d’une extension d’une lésion identification de la veine hypogastrique
volumineuse du ligament utérosacré plus ou moins asso- 7. Dissection antérograde de la veine hypogastrique et
ouverture de l’espace d’Okayabashi, contrôle par ligature
ciée à un endométriome. L’abord classique de ce type de
des veines confluentes de la veine hypogastrique (veines
lésion par le repérage systématique de l’uretère, des nerfs glutéales)
hypogastriques inférieurs permet de suivre la lésion englo- 8. Dissection latérale après identification du muscle piri-
bant le nerf obturateur. Dans cette situation, l’abord « extra- forme et mise en évidence des racines sacrées S2-S3-S4
péritonéal » de l’annexe permet de contourner la lésion et 9. Dissection antérograde des racines nerveuses et des
de la disséquer sans risque de lésion du nerf. L’exérèse est anastomoses vers le plexus hypogastrique inférieur
donc possible en monobloc après contrôle des vaisseaux 10. Exérèse du nodule d’endométriose profonde
iliaques et hypogastriques.

211
III. Techniques chirurgicales

Dans l’atteinte nerveuse des racines sacrées, l’association


à une endométriose profonde paramétriale est quasi sys- ENCADRÉ 21.3 Exérèse de nodule
tématique par des relations anatomiques étroites avec les
ligaments utérosacrés et les ligaments cardinaux. L’infiltra- d’endométriose du nerf
tion du ligament utérosacré et de la fosse pararectale est ischiatique en 7 étapes [8]
une situation à risque pour les racines S3 et S4. Alors que 1. Incision longitudinale du péritoine recouvrant l’artère
l’infiltration des ligaments cardinaux, des uretères et de la iliaque externe
fossette ovarienne est corrélée avec un envahissement des 2. Ouverture et dissection de l’espace défini latéralement
racines S1, S2 et S3. par le muscle psoas et médialement par l’artère et la veine
La localisation supra ou infracardinale de l’endométriose iliaques externes
profonde permet de tenter de visualiser les portions des 3. Progression plus profonde de la dissection, avec identi-
racines sacrées atteintes et également prévenir les éven- fication du nerf obturateur qui est poussé médialement, au
tuelles séquelles neurologiques, notamment vésicales et contact du muscle psoas
digestives. 4. Ouverture de l’espace lombosacré, sous le niveau du
Le point commun de ces atteintes endométrioses nerf obturateur, et identification du nerf ischiatique, résul-
physiques latérale et paramétriale est l’absence fréquente tant de la confluence des racines L5, S1 et S2  ; au cours
de cette étape, identification du nodule d’endométriose
d’atteinte neurologique intrinsèque aux racines nerveuses.
profonde
Cela nécessite donc, après le repérage des éléments 5. Dissection du nodule, en direction latérale au contact
anatomiques cités ci-dessus, une neurolyse prudente du muscle, jusqu’à la grande échancrure ischiatique
dans un plan le plus souvent fibreux avec une recherche 6. Ablation du nodule par dissection progressive au
mobilisation du nodule d’endométriose de type shaving contact du nerf ischiatique, hémostase des veines glutéales
(fig. 21.17) [1]. avoisinantes
7. Ablation complète du nodule permettant d’exposer le
nerf pudendal, situé médialement et caudalement, juste
avant sa sortie par le petit foramen ischiatique

Fig. 21.17
Shaving des racines sacrées gauches.
1 : nodule d’endométriose ; 2 : racines sacrées ; 3 : muscle piriforme.
Courtoisie H. Roman.

Fig. 21.18
Endométriose kystique du nerf ischiatique gauche.
Endométriose du nerf ischiatique Courtoisie H. Roman.

(encadré 21.3)
Le niveau atteint concerne les fibres L5 et S1 ±  S2. Dans
L’atteinte du nerf ischiatique et de la racine du nerf cette situation, l’envahissement neurologique est très
pudendal se manifeste le plus souvent de façon isolée par fréquent, nécessitant l’ouverture de la périnèvre avec une
une lésion kystique type endométriome (fig.  21.18) de neurolyse intrafasciculaire (fig. 21.19). Cette situation peut
quelques millimètres à quelques centimètres de diamètre. amener à la résection partielle du nerf.

212
21. Traitement et prévention des lésions nerveuses

[3] Siquara De Sousa AC, Capek S, et al. Neural involvement in endo-


metriosis: Review of anatomic distribution and mechanisms. Clin
Anat 2015;28(8):1029-38.
[4] Possover M, Rhiem K, Chiantera V. The “neurologic hypothesis”: a
new concept in the pathogenesis of the endometriosis? Gynecol
Surg 2005;2(2):107-11.
[5] Zhang X, Li M, Guan J, et al. Evaluation of the sacral nerve plexus
in pelvic endometriosis by three-dimensional MR neurography. J
Magn Reson Imaging 2017;45(4):1225-31.
[6] Possover M. Five-Year Follow-Up After Laparoscopic Large Nerve
Resection for Deep Infiltrating Sciatic Nerve Endometriosis. J Minim
Invasive Gynecol 2017;24(5):822-6.
[7] Possover M, Chiantera V, Baekelandt J. Anatomy of the Sacral Roots
Fig. 21.19 and the Pelvic Splanchnic Nerves in Women Using the LANN
Shaving du nerf ischiatique droit. Technique. Surg Laparosc Endosc Percutan Tech 2007;17(6):508-
1 : épine ischiatique ; 2 : nodule d’endométriose ; 3 : nerf ischiatique. 10.
Courtoisie H. Roman.
[8] Roman H, Dehan L, Merlot B, et al. Postoperative Outcomes after
Surgery for Deep Endometriosis of the Sacral Plexus and Sciatic
Références Nerve: A 52-patient Consecutive Series. J Minim Invasive Gynecol
2020;S1553-4650(20). 31107-9.
[1] Roman H, Merlot B, Darwish B. Excision of deep endometriosis [9] Jeswani S, Drazin D, Shirzadi A, et  al. Endometriosis in the Lum-
nodules of the parametrium and sacral roots in 10 steps 2021; bar Plexus Mimicking a Nerve Sheath Tumor. World J Oncol
115(6):1586-8. 2011;2(6):314-8.
[2] Jeswani S, Drazin D, Shirzadi A, et  al. Endometriosis in the Lum- [10] Chiantera V, Petrillo Mo, Abesadze E, et al. Laparoscopic Neurona-
bar Plexus Mimicking a Nerve Sheath Tumor. World J Oncol vigation for Deep Lateral Pelvic Endometriosis: Clinical and Surgical
2011;2(6):314-8. Implications. J Minim Invasive Gynecol 2018;25(7):1217-23.

213
Chapitre 22
Traitement des lésions
extragénitales
Benjamin Merlot, Thomas Dennis, Damien Forestier,
Myriam Noailles, Horace Roman

PLAN DU C HAPITRE
Lésions pariétales 215

Lésions diaphragmatiques 216

Lésions pleurales 219

Chirurgie de l’endométriose
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
22. Traitement des lésions extragénitales

Les localisations extra-génitales endométriosiques repré-


sentent 5 % des atteintes.
Leur prévalence semble souvent sous-estimée.
Par leur localisation extra-pelvienne, le diagnostic peut
parfois être plus difficile à réaliser. Néanmoins, le caractère
récidivant et cataménial des symptômes fait évoquer cette
pathologie.
La chirurgie semble le seul traitement efficace dans la
prise en charge des atteintes pariétales.
Les atteintes thoraciques et diaphragmatiques sont sou-
vent découvertes soit de manière fortuite lors d’une cœlio-
scopie, soit par des manifestations pulmonaires de type
pneumothorax cataménial. Le traitement médical peut
être discuté en préopératoire mais également en postopé-
ratoire. Le traitement chirurgical doit proposer la résection
complète des lésions.

Lésions pariétales Fig. 22.1


IRM pelvienne, coupe sagittale : identification du nodule pariétal
L’atteinte endométriosique de la paroi est dans la grande d’endométriose.
majorité secondaire à une première chirurgie. Quelques cas
d’atteintes pariétales « de novo » sont décrits notamment En cas de doute avec une tumeur desmoïde notam-
au niveau de l’ombilic ou inguinal [1]. ment, une biopsie peut être réalisée.
Le diagnostic est d’ailleurs difficile au niveau ombilical ou
inguinal, pouvant mimer une pathologie herniaire.
Une revue de la littérature a été menée par Horton
Traitement
et al. en 2008 sur 445 cas [1]. Ces lésions apparaissent en Le traitement médical semble avoir peu d’efficacité sur la
moyenne 2,3 ans (± 2,2 ans) le plus souvent (> 90 % des taille des lésions. Une réduction modérée des douleurs
cas) après une césarienne. L’incidence après césarienne peut parfois être constatée [1,6].
serait de 0,3 à 1 %. Le traitement de référence reste la résection large avec
On peut également retrouver dans les antécédents une marge d’environ 1 cm [5] La pose d’une plaque est parfois
hystérectomie, une myomectomie, et d’autres interven- nécessaire en cas de résection importante.
tions. Quinze cas de greffes sur orifices de trocart de cœlio- Le taux de récidive serait compris entre 1,5 et 9,3  %.
scopie ont également été décrits [2]. [1,4,5].
Des atteintes localisées sur les cicatrices d’épisiotomies Le taux d’endométriose pelvienne associée serait
sont également rapportées [3]. compris entre 5 et 15,3 % en cas d’atteinte pariétale [5].
La réalisation d’examens complémentaires est donc gui-
dée par l’interrogatoire.
Diagnostic
Celui-ci est souvent aisé. Les douleurs cataméniales repré-
sentent généralement la symptomatologie initiale, avec
Technique opératoire
également la palpation d’un nodule sous-cutané. Les localisations les plus fréquentes des nodules sont donc
Des épisodes de saignement lors des règles peuvent être au niveau de la cicatrice de césarienne, notamment au
rapportés [4]. niveau de l’aponévrose du muscle grand droit, au niveau
Le nodule se situe la plupart du temps au niveau de la inguinal par continuité du ligament rond, ou parfois au
cicatrice mais peut également se situer à distance. niveau ombilical.
L’échographie confirme le plus souvent le diagnostic, L’exérèse est réalisée par abord direct, en tentant de résé-
ainsi que la taille du nodule [5]. L’IRM peut être utile en cas quer de manière large et en monobloc la lésion avec des
de nodule de plus de 4 cm (fig. 22.1) [5]. marges de sécurité d’environ 1 cm. Il est parfois nécessaire
215
III. Techniques chirurgicales

d’emporter une partie de l’aponévrose notamment des 46  patientes atteintes d’endométriose diaphragmatique,
grands droits, voir une partie des fibres musculaires. soit une prévalence de 1,5 % [9]. Ces lésions atteignaient le
En cas de défect important après la résection, la mise en diaphragme droit dans 87 % des cas, et étaient bilatérales
place d’une prothèse ou d’une plaque peut être et propo- dans 11 %. Dans 70 % des cas, l’atteinte était multiple ; 50 %
sée afin d’éviter une éventuelle hernie à ce niveau (fig. 22.2). des lésions étaient millimétriques, 26  % s’étendaient sur
plus de 1 cm ; 30 % des patientes étaient symptomatiques
avant l’intervention (douleur épaule notamment). Quatre
Lésions diaphragmatiques pour cent des patientes avaient présenté un antécédent de
pneumothorax. Une endométriose de stade IV était confir-
L’endométriose diaphragmatique concerne le versant tho- mée lors de cette cœlioscopie dans 87 % des cas, les stades I
racique, avec des risques de pneumothorax et hémothorax, et II ne représentaient que 7 % des patientes atteintes.
mais elle peut également concerner le versant abdominal.
Dans une série rétrospective de 25  patientes opérées
pour endométriose pelvienne et thoracique symptoma-
Traitement
tique, Nezhat et al. ont retrouvé une atteinte sur les deux Selon certains auteurs, lorsque la patiente est symptoma-
versants du diaphragme dans 76 % des cas [7]. tique, ou lors d’une découverte fortuite, les lésions doivent
Ces lésions, côté viscéral, peuvent être découvertes de être réséquées de manière la plus complète possible afin
manière fortuite, lors d’une cœlioscopie notamment pour d’éviter une évolution vers une complication thoracique de
endométriose pelvienne. Elles sont parfois symptomatiques type pneumothorax ou hémothorax, ou vers une atteinte
sous la forme de douleur cataméniale de l’épaule (scapu- de la plèvre et du péricarde [9].
lalgie surtout droite) qui peut irradier au niveau du cou ou La résection peut se faire par cœlioscopie ; une coagu-
au bras. Des douleurs épigastriques peuvent également être lation ou vaporisation semble possible pour les lésions
rapportées [7,8]. millimétriques, ce qui permet d’éviter de créer une brèche
au niveau du diaphragme [9]. Toujours dans la série de
Ceccaroni concernant 46 patientes opérées, l’atteinte était
Diagnostic profonde, dépassant le feuillet péritonéal avec atteinte mus-
Quelques études semblent montrer l’intérêt de l’IRM pour culaire dans 24 % de cas, nécessitant une résection partielle
cette localisation. Les implants peuvent apparaître en du diaphragme qui conduit une fois sur deux à l’ouverture
hypersignal et sont souvent localisés dans la partie pos- de l’espace pleural et un capnothorax dans 56 % des cas [9].
térosupérieure du diaphragme et préférentiellement du La plupart des lésions se situent dans la partie pos-
côté droit. térieure du diaphragme droit.
Dans une série rétrospective de 3 008 cœlioscopies pour Redwine et al. ont développé le concept d’« atteinte sen-
endométriose pelvienne, Ceccaroni et  al. ont retrouvé tinelle » de la partie antérieure du diaphragme bien visible
lors des cœlioscopies habituelles [8]. Ces auteurs conseil-
lent de s’exposer au mieux et d’aller complètement évaluer
la partie postérieure en cas d’atteinte antérieure.
Peu de données sont disponibles quant à l’efficacité et
l’intérêt d’un traitement médical en cas d’atteinte diaphrag-
matique isolée.

Technique opératoire
La technique chirurgicale et la voie d’abord dépendent
surtout de la profondeur de l’atteinte des lésions endomé-
triosiques.
En effet, en cas de lésions superficielles qui peuvent
être traitées complètement sans résection partielle du dia-
phragme et donc ne nécessitant pas de suture diaphrag-
Fig. 22.2 matique, la chirurgie peut se faire dans le même temps
Exérèse complète de nodule pariétal d’endométriose. qu’une intervention pelvienne et avec la même installation.
216
22. Traitement des lésions extragénitales

Fig. 22.3
Vaporisation de lésions endométrioses superficielles diaphragmatiques droites.
© Cyrille Martinet.

La patiente est alors installée en décubitus dorsal, on peut En cas de nodule plus profond (fig.  22.5), l’exérèse
ajouter un peu de proclive (pieds vers le bas, et de roulis complète nécessite une résection partielle avec ouverture
côté gauche pour faciliter l’accès). L’optique caméra peut de la cavité thoracique et capnothorax, et donc suture du
rester en ombilical. Deux trocarts sont rajoutés en sous- diaphragme.
costal droit (fig. 22.3 et vidéo e.22.1  ). Dans un contexte d’atteinte très médiane, il convient de
Selon les difficultés techniques, l’optique peut être placée prendre l’avis en amont auprès d’un chirurgien thoracique
en sous-costal également en latéral gauche (de la patiente), afin d’éviter des lésions du nerf phrénique qui chemine sur
un écarteur à fois peut aussi être utilisé via le trocart ombi- la partie médiane, et discuter d’une éventuelle chirurgie
lical dans ces conditions. double abord avec thoracoscopie.
Le traitement complet des lésions peut être alors réalisé La suture du diaphragme peut être difficile compte tenu
par coagulation, vaporisation plasma, exérèse aux ciseaux de l’accès restreint et de la proximité du foie.
froids ou à la pince à énergie ultrasons en évitant de provo- Cette chirurgie est donc souvent réalisée par voie robo-
quer une effraction musculaire (fig. 22.4). tique, facilitant ainsi la réalisation de l’exérèse, l’exploration
du diaphragme et la suture. La patiente est installée en
décubitus latéral gauche, bras droit au-dessus de la tête,
on peut ajouter aussi une position proclive (pieds vers le
bas et du roulis côté gauche). Un trocart est placé en sus-
ombilical, puis 3 trocarts alignés en sous-costal à 7 cm de
distance (fig. 22.6).
Une optique 30° permet de faciliter l’exploration complète
notamment de la face postérieure du diaphragme.
Une adhésiolye hépatique est souvent nécessaire au
préalable afin de permettre la résection complète et faciliter
une suture sans tension ensuite.
L’équipe d’anesthésie doit bien sûr être informée de la
probable ouverture diaphragme.
La résection complète est alors réalisée, ce qui entraîne
Fig. 22.4 un capnothorax, et une rétraction temporaire du poumon.
Exérèse de lésions diaphragmatiques sans effraction musculaire. L’optique 30° est introduite dans la cavité thoracique pour
217
III. Techniques chirurgicales

Fig. 22.5
Différents types de lésions d’endométriose du diaphragme.
A. Lésions péritonéales superficielles, petits kystes infiltrant le diaphragme, de manière non transfixiante. Ces lésions ne sont pas révélées par
l’examen IRM du diaphragme, et peuvent être détruite par ablation au laser ou à l’énergie plasma. B. Lésions fibreuses ou kystiques profondes,
transfixiantes du muscle diaphragme. Les kystes sont habituellement identifiés par l’examen IRM sous la forme des spots en hypersignal sur les
séquences T1. Ces lésions constituent une excellente indication pour une exérèse avec assistance robotique. C. Lésions transfixiantes au niveau du
centre phrénique, avec un risque d’infiltration du nerf phrénique droit. Ces lésions justifient un complément d’approche par voie thoracique.

explorer au mieux le poumon, la plèvre et si possible la face la fin du surjet de manière hermétique. Cette manœuvre
thoracique du diaphragme, afin de s’assurer du caractère permet de réduire considérablement le capnothorax. Un
complet de l’exérèse. drain thoracique n’est en général pas nécessaire.
La suture peut être réalisée par un surjet au V-Lock® La radiographie thoracique est réalisée uniquement en
ou Vicryl® 0 ou 1 (polyglactine), un arrêt transitoire (30 à cas de mauvaise tolérance.
45 secondes) et répété de la ventilation peut aider à la réa- La sortie s’effectue en général le lendemain de l’inter-
lisation de la suture, la respiration et le capnothorax gênant vention.
parfois les gestes durant la suture. Une dernière technique est possible de manière moins
Un drain venant d’un des trocarts est introduit dans fréquente, réalisée notamment en cas de fenestrations
la cavité thoracique avant le dernier point du surjet. On multiples du diaphragme. Elle consiste, après mise en
réalise une aspiration du maximum du gaz cœlioscopique traction de la partie lésée du diaphragme, à l’introduc-
lors d’une ou deux manœuvres d’inspiration forcée, le tion d’une pince type agrafeuse linéaire (Endo-GIA™) qui
drain est alors extrait en continuant d’aspirer et en serrant réalise la section et suture du diaphragme par agrafage.
218
22. Traitement des lésions extragénitales

Il s’agit de lésions plus rares qui sont en général pris en


charge par nos collègues chirurgiens thoraciques.
Un talcage ou une abrasion pleurale est souvent réalisé
afin de limiter les risques de récidive.

``Vidéo
Une vidéo est associée à ce chapitre. (Elle est indiquée dans
le texte par un picto ). Pour voir cette vidéo, connectez-
vous sur http://www.em-consulte/e-complement/477427
et suivez les instructions.

Vidéo e.22.1
Vaporisation de lésions endométrioses superficielles diaphragmatiques
Fig. 22.6 droites.
Installation en décubitus latéral gauche en cas de résection
partielle du diaphragme par assistance robotique.
Références
Complications [1] Horton JD, Dezee KJ, Ahnfeldt EP, et al. Abdominal wall endome-
triosis: a surgeon’s perspective and review of 445 cases. Am J Surg
Elles sont rares. 2008;196(2):207-12.
Le nerf phrénique peut être repéré sur le versant [2] Emre A, Akbulut S, Yilmaz M, et al. Laparoscopic trocar port site
thoracique en cas de résection large, afin d’éviter endometriosis: a case report and brief literature review. Int Surg
2012;97(2):135-9.
une paralysie phrénique.
[3] Darwish B, Leleup G, Martin C, et al. Our experience with long-term
Peu d’informations sont disponibles au sujet du triptorelin therapy in a large endometriosis nodule arising in an
risque de récidive en cas de résection complète. episiotomy scar. Gynecol Obstet Fertil 2015;43(11):757-8.
Il existe quelques cas décris de hernie hépatique [4] Bektas H, Bilsel Y, Sari YS, et  al. Abdominal wall endometrioma;
par lâchage de la suture. a 10-year experience and brief review of the literature. J Surg Res
2010;164(1):e77-81.
À noter que ces lésions peuvent également être résé- [5] Ding Y, Zhu J. A retrospective review of abdominal wall endome-
quées par thoracoscopie ou thoracoscopie robot-assistée, triosis in Shanghai. China. Int J Gynaecol Obstet 2013;121(1):41-4.
[6] Rivlin ME, Das SK, Patel RB, et al. Leuprolide acetate in the manage-
avec tout de même une difficulté à explorer de manière ment of cesarean scar endometriosis. Obstet Gynecol 1995;85(5 Pt 2):
complète le versant abdominal du diaphragme. 838-9.
[7] Nezhat C, Main J, Paka C, et  al. Multidisciplinary treatment for
thoracic and abdominopelvic endometriosis. JSLS 2014;18(3).
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[8] Redwine DB. Diaphragmatic endometriosis: diagnosis, surgical
management, and long-term results of treatment. Fertil Steril 2002;
Elles peuvent être découvertes lors de thoracoscopie dans
77(2):288-96.
un contexte d’hémothorax ou pneumothorax cataménial. [9] Ceccaroni M, Roviglione G, Giampaolino P, et al. Laparoscopic sur-
L’exérèse des lésions peut être réalisée par thoracoscopie gical treatment of diaphragmatic endometriosis: a 7-year single-
ou thoracoscopie robot-assistée. institution retrospective review. Surg Endosc 2013;27(2):625-32.

219
Chapitre 23
Techniques robotiques
Sara Rahman, Jordan S. Klebanoff, Gaby N. Moawad, Yohan Kerbage

PLAN DU C HAPITRE
Prise en charge chirurgicale
de l’endométriose 221

Chirurgie mini-invasive versus laparotomie 222

Robotique en chirurgie gynécologique 222

Rôle de la chirurgie robotique


par rapport à la laparoscopie traditionnelle 225

Techniques de chirurgie robotique 226

Conclusion 228

Chirurgie de l’endométriose
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
23. Techniques robotiques

La chirurgie joue un rôle essentiel dans le diagnostic et le


traitement de l’endométriose malgré les efforts déployés
pour développer des tests diagnostiques non invasifs et de
nouveaux traitements médicaux. L’objectif du traitement
chirurgical est double [1] :
• pour la confirmation définitive ou l’exclusion de l’endo-
métriose ;
• pour rétablir au mieux une anatomie normale en réali-
sant l’exérèse de toutes les lésions et adhérences endomé-
triosiques visibles, en traitant les différents sites touchés et
en améliorant la qualité de vie.
Le traitement chirurgical de l’endométriose ne permet
pas toujours de guérir de la maladie, mais il joue un rôle
crucial dans sa gestion, notamment en diminuant les
douleurs et en améliorant la fertilité. La laparoscopie est
l’approche standard pour le diagnostic et l’exérèse des
lésions d’endométriose, la laparotomie étant réservée à
Fig. 23.1
des circonstances spécifiques uniquement. Il a été démon-
Lésions visibles.
tré que la chirurgie réalisée pour douleur liée à l’endomé-
triose réduisait considérablement les scores de douleur 6 et
la symptomatologie en termes de dysménorrhée et/ou
12 mois après l’intervention par rapport à la laparoscopie
augmenter la fertilité [2].
diagnostique seule [1]. L’objectif de ce chapitre est de dis-
Si toutefois, les patientes n’ont plus de désir de grossesse,
cuter du processus décisionnel du traitement chirurgical de
une hystérectomie avec ou sans conservation ovarienne
l’endométriose et comment la chirurgie robotique joue un
doit être proposée. De plus, la chirurgie radicale est une
rôle essentiel dans sa gestion.
meilleure option pour les personnes souffrant de douleurs
sévères, réfractaires à la prise en charge médicale, et/ou
ayant déjà subi une chirurgie conservatrice pour endomé-
Prise en charge chirurgicale triose [1]. Il a été démontré que les deux types de chirurgie,
conservatrice et définitive, soulagent les dysménorrhées
de l’endométriose après intervention. Cependant, il existe un taux élevé de
réinterventions pour endométriose si l’utérus et/ou les
Il existe de multiples indications pour la prise en charge
ovaires ne sont pas retirés [3].
chirurgicale de l’endométriose. Il s’agit essentiellement de
l’échec ou de l’intolérance du traitement médical, de chi-
rurgies à visée diagnostique ou réalisées dans le cadre d’une Ovariectomie concomitante
l’infertilité. Quand une chirurgie est envisagée, une discus-
sion avec la patiente sur des différentes modalités de prise Certaines études ont montré que les patientes qui subis-
en charge possible ainsi que ses objectifs est importante sent une chirurgie conservatrice ont les taux de réin-
pour que la patiente puisse adhérer et planifier sa chirurgie terventions les plus élevés, contrairement aux faibles taux
de manière adéquate. de réinterventions chez les patientes qui ont subi une hys-
térectomie et une ovariectomie concomitante. La majorité
des patientes, plus de 60  %, ayant eu une conservation
Chirurgie conservatrice versus ovarienne dans le cadre d’une chirurgie pour endométriose
définitive ont une réapparition des symptômes (fig. 23.2). Environ un
tiers de ces femmes ont dû subir une nouvelle intervention
La donnée la plus importante intervenant dans le choix chirurgicale.
d’une chirurgie conservatrice ou radicale est le désir de Le conseil et la discussion jouent un rôle central dans
grossesse. Pour les patientes ayant un projet de grossesse la décision d’ovariectomie au moment de l’hystérectomie.
actuel ou à venir, une approche conservatrice est préfé- Les patientes doivent comprendre que bien que l’ovariec-
rable. Cela implique uniquement l’exérèse ou la destruc- tomie concomitante conduise à une meilleure suppression
tion des lésions visibles (fig.  23.1), ce qui peut améliorer à long terme de la douleur, la ménopause chirurgicale a
221
III. Techniques chirurgicales

scopie traditionnelle. Des études non randomisées compa-


rant la laparoscopie et la laparotomie ont montré que les
deux méthodes chirurgicales sont efficaces pour réduire la
douleur à long terme de l’endométriose [3].
Bien que les études ne décrivent aucune différence en
ce qui concerne la réduction de la douleur à long terme
entre les deux approches chirurgicales, il existe plusieurs
autres résultats qui démontrent clairement que la laparo-
scopie est supérieure. Plusieurs études ont montré que le
traitement laparoscopique de l’endométriose a diminué le
temps de récupération postopératoire, les douleurs post-
chirurgicales immédiates, l’utilisation d’analgésiques, le taux
d’infection et le coût de la prise en charge par rapport à la
laparotomie [4]. De plus, la chirurgie laparoscopique dimi-
nue la formation d’adhérences postopératoires par rapport
Fig. 23.2 à la laparotomie [3].
Récidives. Concernant le traitement chirurgical de l’endométriose
en contexte d’infertilité, la laparoscopie est associée à un
des conséquences [1]. La ménopause précoce, qu’elle soit taux de grossesses spontanées plus élevé. Plusieurs facteurs
induite par une intervention chirurgicale ou une progres- peuvent expliquer cet effet positif de l’approche chirurgi-
sion naturelle, affecte la densité minérale osseuse et la santé cale mini-invasive de l’endométriose. Comme mentionné
cardiovasculaire des femmes et provoque des effets secon- précédemment, la formation d’adhérences est plus faible
daires importants. Certaines femmes requièrent un traite- après laparoscopie par rapport à la chirurgie ouverte, ce qui
ment hormonal substitutif. De plus, il est important que a probablement un effet sur les fonctions tubaires et ova-
les patientes aient une bonne compréhension que l’abla- riennes. De plus, le temps de récupération plus court après
tion de tout le tissu ovarien ne garantit pas la résolution la laparoscopie signifie que les rapports sexuels peuvent
complète des symptômes. être repris plus tôt.
Bien que la laparoscopie soit la méthode à privilégier, la
conversion en laparotomie doit parfois être effectuée en
Hystérectomie supracervicale cas de difficultés techniques avec une maladie étendue et
Certaines équipes ont évalué la pratique de l’hystérecto- la nécessité de plusieurs procédures complexes impliquant
mie supracervicale en cas d’endométriose  ; ses partisans des gestes complémentaires complexes sur les structures
émettent l’hypothèse que ce type d’hystérectomie réduit adjacentes. Le taux de conversion en chirurgie ouverte est
le risque de lésions chirurgicales des uretères, de la vessie, variable dans la littérature et dépend des difficultés opéra-
des nerfs et peut même permettre aux femmes une meil- toires, mais reste faible dès lors que la chirurgie est réalisée au
leure vie sexuelle à long terme. Cependant, la littérature ne sein d’une équipe aguerrie aux techniques mini-invasives [2].
soutient pas cette affirmation  ; il n’existe aucune preuve
suggérant que les hystérectomies supracervicales offrent
des avantages par rapport aux hystérectomies totales. Sou- Robotique en chirurgie
vent, les patients ont besoin d’une nouvelle chirurgie sous gynécologique
la forme d’une trachélectomie en raison de douleurs persis-
tantes [3].
Système robotique da Vinci®
Le da  Vinci® actuel comporte trois composants  : une
Chirurgie mini-invasive versus console de chirurgien, un chariot latéral patient et un
laparotomie chariot de vision. Le chirurgien est assis à la console et a
une vue en 3D du champ opératoire. Le système de vision
La prise en charge chirurgicale de l’endométriose est réalisée 3D du système chirurgical da Vinci® est constitué de deux
par laparoscopie ou laparotomie. La laparoscopie peut être endoscopes, permettant au chirurgien de visualiser la zone
subdivisée en laparoscopie assistée par robot ou en laparo- opératoire en haute résolution (fig. 23.3).
222
23. Techniques robotiques

réalisable et appropriée pour de nombreuses patientes.


Elle est utilisée dans une multitude de procédures gynéco­
logiques, y compris l’endométriose, les myomectomies, les
hystérectomies bénignes, l’urogynécologie et l’oncologie
gynécologique avec succès et une faible morbidité. D’autres
domaines chirurgicaux, y compris la chirurgie colorectale,
l’urologie et la chirurgie générale, ont appris des chirurgiens
gynécologues robotiques et ont appliqué avec succès
cette technologie à leurs propres domaines chirurgicaux.
Les preuves montrent que la chirurgie mini-invasive est
l’approche chirurgicale préférée à la laparotomie concer-
nant  : la douleur, la satisfaction de la patiente, le coût et
les complications. La chirurgie robotique peut rendre les
procédures laparoscopiques difficiles plus réalisables [5].
Fig. 23.3
Visibilité en haute définition grâce aux deux endoscopes.
Avantages et inconvénients
Le chariot latéral du patient se compose de quatre bras Il existe une littérature abondante qui traite des divers
robotisés. Un bras est utilisé pour la caméra et les trois autres bénéfices et avantages de la chirurgie robotique. Les avan-
bras sont des bras instrumentaux. Le chariot latéral peut tages peuvent être décomposés en divers éléments, décrits
être amarré entre les jambes de la patiente ou de chaque plus en détail ci-dessous.
côté de la patiente. La technique d’amarrage latéral permet
un meilleur accès au manipulateur utérin et devient de plus Champ et profondeur de vue
en plus populaire en chirurgie gynécologique bénigne. Les
bras chirurgicaux de 1 cm de diamètre du da Vinci® repré- La capacité de voir en 3D, comme mentionné précédem-
sentent une avancée significative en chirurgie robotique ment, est réellement une caractéristique remarquable.
par rapport aux systèmes antérieurs. La nécessité d’une exposition et d’une visualisation adé-
Le chirurgien contrôle la caméra et les bras robotiques quates est un vieil adage chirurgical. À ce titre, le robot per-
opératoires via la console chirurgien. Les bras robotiques met une augmentation de la qualité visuelle du geste par
doivent être considérés comme une extension des bras du rapport à la technique laparoscopique traditionnelle, dont
chirurgien. Le système EndoWrist® donne sept degrés de la vision bidimensionnelle est une limite. La vision stéréo-
mouvement, qui imitent la dextérité de la main humaine. scopique 3D permet une perception de la profondeur non
Cette caractéristique des bras opératoires reproduit les vue sur un moniteur laparoscopique standard. De plus, la
mouvements habiles du chirurgien et améliore la précision chirurgie robotique permet un grossissement accru qui
dans les petits espaces opératoires. Les instruments peu- ajoute la possibilité de techniques de microchirurgie fine
vent être tournés à 360°, ce qui permet un degré élevé de plus précises. Le robot élimine également le mouvement
flexibilité et de précision. contre-intuitif de la laparoscopie standard et aligne les yeux
Le dernier composant du système da Vinci® est le chariot et les mains sur la zone d’intérêt avec une ergonomie amé-
de vision, qui est le centre d’intégration des systèmes de liorée.
production d’énergie, de traitement d’images et d’informa-
tion. Il comprend également un écran haute définition, qui Précision
permet aux autres intervenants dans le bloc opératoire de Le système chirurgical robotique a amélioré la précision en
regarder la procédure. raison de différents facteurs tels que l’EndoWrist®, la réduc-
tion des tremblements (expliqué ci-dessous) et un champ
Adoption de la chirurgie robotique de vision amélioré. Il permet une plus grande liberté de
mouvement des instruments grâce à des mouvements du
Le débat actuel autour de la laparoscopie robot-assistée poignet et des doigts que les instruments laparoscopiques
souffre du même scepticisme dont a fait l’objet la laparo- standards n’ont pas. Cela augmente les degrés de liberté de
scopie traditionnelle dans les années  1980 et  1990. La quatre mouvements à sept, permettant plus de précision
chirurgie robotique a révolutionné la chirurgie gynéco- dans le champ chirurgical qui imite plus fidèlement la chi-
logique, faisant de la technique mini-invasive une option rurgie ouverte.
223
III. Techniques chirurgicales

Contrôle et amortissement du mouvement Remarque


Cette technologie réduit les tremblements créés naturelle-
ment par l’extension des doigts ou la tension résultante due Les avantages de la robotique ne se limitent pas
à la fatigue à mesure que le temps opératoire augmente. aux thèmes mentionnés ci-dessus. Les chirurgiens
Il élimine l’effet levier et permet une juste réalisation des qui ont adopté des techniques mini-invasives de
mouvements minimisant les tremblements de l’instrument laparoscopie robot-assistées profitent des autres
de la console au patient. Le robot est également capable de avantages offerts par cette technique, notam-
filtrer les mouvements inutiles des mains et des doigts, ce ment des séjours hospitaliers postopératoires plus
qui se traduit par des mouvements intracorporels plus sûrs courts, moins d’analgésie et une amélioration de
et plus précis. l’esthétique. De plus, ces chirurgiens répondent à
une demande de plus en plus pressante de la part
Dextérité de leurs patientes. Avec des améliorations signi-
L’invention des instruments ergonomiques du poignet a ficatives par rapport à la laparoscopie standard,
permis une reproduction plus précise du mouvement au le robot a permis aux chirurgiens d’effectuer par
poignet, y compris la rotation. Les chirurgiens peuvent uti- laparoscopie des procédures qui étaient aupara-
liser un matériel de suture très fin avec une manipulation vant effectuées par laparotomie, tout en offrant
améliorée par rapport à la laparoscopie traditionnelle. aux patients les avantages d’une chirurgie mini-
invasive.
Diminution des pertes sanguines
Limites
Cela peut être considéré comme le résultat direct des fac-
teurs ci-dessus, en particulier un meilleur contrôle de l’ins- Le système robotique da  Vinci® n’est pas sans limites. Le
trument, une capacité de visualisation augmentée et de coût initial est d’environ 1 à 2 M$ US, ce qui n’inclut pas les
petites incisions cutanées. frais pour la maintenance annuelle recommandée. Le sys-
tème lui-même est de grande taille, avec 3 composants, ce
Diminution de la fatigue du chirurgien qui limite son utilisation aux grandes salles d’opération. De
plus, une fois le système amarré, le chirurgien ne peut pas
La console de l’opérateur du chirurgien fournie sur le sys-
changer la position de la patiente. Si la patiente doit être
tème chirurgical robotisé est une excellente amélioration,
déplacée, le robot doit être désamarré puis réamarré une
en particulier lors d’opérations plus longues.
fois le changement de position effectué, ce qui augmente
Courbe d’apprentissage le temps passé dans la salle d’opération et le coût global.
Une autre limitation comprend une diminution du
Des études ont évalué l’apprentissage requis pour maî- retour de force. Celle-ci peut entraîner une rupture de
triser les techniques laparoscopiques et robotiques et ont la suture due à l’utilisation d’une force excessive lors du
noté que les compétences chirurgicales robotiques sont nouage. Le chirurgien doit apprendre à utiliser des repères
moins difficiles à acquérir. Cela s’explique probablement visuels plutôt que des repères tactiles, en particulier sur les
par la configuration ergonomique et par les mouvements tissus, pour surmonter ce handicap. Malgré cette limitation,
de main plus contre-intuitifs nécessaires par rapport à un la plateforme robotique est un moyen fiable et durable
mode laparoscopique. De plus, seulement 20  procédures d’être très précis dans la dissection chirurgicale et la recons-
robotiques sont nécessaires pour en acquérir la compé- truction.
tence. Un autre point important est que les temps opéra- Actuellement, il n’y a pas de recommandations quant à
toires ont tendance à diminuer à mesure que l’expérience la sélection des patientes en ce qui concerne la chirurgie
du chirurgien augmente. robotique. L’âge, la taille, le poids, le type de maladie et
l’étendue de la maladie jouent un rôle limité dans la déci-
Enseignement
sion de procéder à une chirurgie robotique. Cependant, la
La configuration robotique, qui comprend une station de capacité du patient à tolérer un Trendelenburg important,
visualisation pour les assistants et les autres membres du qui est nécessaire pour terminer la chirurgie, est un facteur
personnel dans la salle, offre une possibilité de visualisation majeur à prendre en compte. Néanmoins, les patientes
interactive permettant l’apprentissage et l’enseignement. présentant de multiples comorbidités ne doivent pas être
De plus, le système visuel peut être étendu à un emplace- exclues d’une approche chirurgicale robotique si elles sont
ment distant ou à une téléchirurgie. correctement conseillées, ont une autorisation préopéra-
224
23. Techniques robotiques

toire appropriée et ont l’approbation de l’équipe d’anes- faisable et que les patientes ont présenté une amélioration
thésie. clinique de leurs symptômes après chirurgie [6].
Le coût initial et de maintenance, le manque de retour Il existe peu d’études comparant la chirurgie robotique
de force et la taille volumineuse de l’équipement rendent à la laparoscopie conventionnelle pour le traitement de
la robotique moins attrayante pour certains chirurgiens et l’endométriose. Les deux approches chirurgicales sem-
institutions médicales. Malgré ces limitations, le système blent avoir des résultats périopératoires similaires. Cer-
chirurgical da Vinci® a acquis une popularité croissante en tains rapportent une durée opératoire plus longue avec
chirurgie gynécologique en raison des résultats immédiats l’approche robotique (191 vs 159 minutes en chirurgie clas-
et à long terme pour les patientes, en particulier lorsque les sique). Cependant, il est important de noter que le stade de
cas peuvent être réalisés de manière mini-invasive au lieu la maladie n’était pas similaire entre les groupes robotiques
d’une laparotomie (encadré 23.1). et laparoscopiques traditionnels dans bon nombre de ces
études. Une autre étude a rapporté une durée d’opéra-
tion 16 % plus courte pour la robotique par rapport à la
laparoscopie pour les patientes atteintes d’endométriose
ENCADRÉ 23.1 Avantages et infiltrante profonde (stade III/IV) (fig. 23.4). De plus, cette
inconvénients de la chirurgie augmentation du temps opératoire dans l’approche laparo-
robot-assistée pour le traitement scopique traditionnelle peut être un facteur de risque indé-
pendant de complications postopératoires et d’un séjour
de l’endométriose hospitalier plus long [3,7].
Certaines recherches rapportent que l’ergonomie du
Avantages
chirurgien est améliorée avec le robot par rapport à la lapa-
• Plus de degrés de liberté
• Annulation du tremblement roscopie traditionnelle. La perte de la vision 3D, les degrés
• Vision 3D de mouvement restreints et la présence d’un effet levier en
• Travail ambidextre laparoscopie conventionnelle affectent probablement la
• Meilleure ergonomie fatigue du chirurgien [3].
• Téléchirurgie Il est important de reconnaître que les nombreuses
études sont rétrospectives et que les résultats post-
Inconvénients
• Cout d’achat et de maintenance opératoires à long terme, tels que la qualité de vie et les
• Temps de docking scores de douleur, n’ont pas été évalués. Il est possible que
• Impossibilité de mobiliser le patient dès lors que le les différences observées dans ces études rétrospectives
robot est installé s’expliquent par la sélection des patients ou l’expérience du
• Absence de retour de force chirurgien.
L’étude LAROSE est le premier essai contrôlé randomisé
multicentrique comparant la robotique à la laparoscopie

Rôle de la chirurgie robotique


par rapport à la laparoscopie
traditionnelle
Comme mentionné précédemment, l’endométriose peut
être traitée par laparotomie, mais une approche mini-
invasive est maintenant recommandée dans le cadre de
son diagnostic et de son traitement. Concernant la laparo-
scopie robot-assistée, il existe peu de données décrivant
l’utilisation de la chirurgie robotique pour l’endométriose.
Les études initiales ont évalué la résection assistée par robot
de l’endométriose vésicale ou rectale et ont rapporté des
résultats favorables. Certaines séries récentes ont montré
que l’utilisation du système robotique pour la gestion chi- Fig. 23.4
rurgicale de l’endométriose pelvienne profonde (EPP) est Endométriose pelvienne profonde.
225
III. Techniques chirurgicales

traditionnelle pour le traitement de l’endométriose [8]. Ce


projet a mis en lumière plusieurs éléments importants :
• premièrement, aucune différence n’a été notée dans le
temps opératoire entre les deux prises en charge. Les temps
opératoires similaires démontrés dans cet essai contrastent
avec les études rétrospectives qui ont été publiées à ce jour.
Les temps opératoires sont des facteurs importants, car des
temps plus longs impliquent des coûts plus importants.
Le temps opératoire moyen et les pertes sanguines dans
l’étude LAROSE étaient comparables à ceux des autres
études dans la littérature. La sélection des patients et l’expé-
rience du chirurgien n’expliquent donc probablement pas
les temps opératoires équivalents ;
• aucune différence clinique significative n’a été trouvée Fig. 23.5
sur une période de suivi de 6 mois concernant les compli- Exérèse de l’ensemble des lésions d’endométriose visibles.
cations ou la qualité de vie. Les patientes de chaque groupe
ont toutes présenté une amélioration de leur score de qua-
(fig.  23.5). L’endométriose sévère impliquant l’intestin, le
lité de vie ; cela atteste de l’intérêt du traitement chirurgical
rectum, les uretères et/ou la vessie peut nécessiter une
de l’endométriose.
expertise différente et faire appel à une équipe multidiscipli-
Bien qu’égale en efficacité à moyen terme (jusqu’à 6 mois
naire composée de gynécologues, de chirurgiens viscéraux
après l’opération), des recherches supplémentaires doivent
et d’urologues. Il est important de bien planifier l’approche
être menées pour appréhender si la technologie robotique
chirurgicale pour les patientes atteintes d’endométriose car
améliore les résultats à long terme. Des essais cliniques anté-
la chirurgie peut entraîner des complications importantes si
rieurs avec un suivi à long terme de patientes ayant subi une
des organes et des structures importants sont endommagés.
laparoscopie conventionnelle pour endométriose ont révélé
une faible récurrence des symptômes pendant les 1 à 2 pre-
mières années, en particulier avec un traitement médical Excision et ablation
suppressif postopératoire, mais cela n’a pas encore été éva-
lué pour les patientes opérées avec assistance robotique [8]. Pour les patientes subissant une chirurgie conservatrice
de l’endométriose, il existe deux piliers du traitement de la
maladie : l’excision ou l’ablation des lésions visibles.
Points clés • Seule l’excision de la maladie peut confirmer le diagnos-
tic d’endométriose avec une analyse histologique.

La laparoscopie et la chirurgie robotique pour • Son ablation, tout en offrant un avantage clinique, exclut
le traitement de l’endométriose ont des résultats la possibilité d’une confirmation histologique. La confirma-
périopératoires comparables et une amélioration tion histologique est une considération importante, car
significative de la qualité de vie après la chirurgie. l’inspection visuelle à elle seule à une faible fiabilité pour

D’autres essais cliniques de bon niveau de diagnostiquer avec précision l’endométriose.
preuve évaluant les résultats cliniques et la qualité La chirurgie, qu’il s’agisse d’ablation ou d’exérèse, réduit la
de vie à moyen et long terme sont nécessaires. douleur globale associée à l’endométriose dans la période

Le traitement de l’endométriose par chirurgie postopératoire immédiate, à 6 et 12  mois, par rapport à
robotique est réalisable et est particulièrement la laparoscopie diagnostique seule [3]. Cependant, il est
utile dans les procédures complexes. important de considérer les impacts des deux approches
chirurgicales.
L’ablation se limite à la destruction des lésions super-
ficielles. Pour une maladie infiltrante, elle peut ne pas élimi-
Techniques de chirurgie robotique ner de manière adéquate la totalité de la lésion. Par ailleurs,
l’ablation des lésions ne doit pas être réalisée à proximité
L’objectif du traitement chirurgical de l’endométriose est de de certaines structures en raison du risque de propagation
restaurer une anatomie normale en procédant à l’exérèse thermique et de lésions adjacentes, telles que l’intestin, la
ou en détruisant toutes les lésions d’endométriose visibles vessie et les uretères.
226
23. Techniques robotiques

Une méta-analyse a rapporté que les femmes qui ont compression et une fibrose du tissu périurétéral, entraînant
subi une exérèse de lésions endométriosiques présentaient une obstruction. La laparoscopie robot-assistée permet
une réduction significativement plus importante des symp- aux urologues et gynécologues d’effectuer une urétérolyse
tômes par rapport à celles qui ont subi une ablation. De adéquate et de procéder à l’exérèse des lésions profondes.
plus, les patients traités par exérèse des lésions présentaient Des recherches supplémentaires doivent être menées sur
une amélioration significativement plus importante des des techniques robotiques spécifiques pour l’endométriose
symptômes 12  mois après l’opération par rapport à ceux vésicale et urétérale, mais la faisabilité a été établie.
traités avec la méthode ablative [4].

Adhésiolyse Atteinte colorectale


On estime que l’atteinte digestive survient chez 5,3 à 12 %
L’adhésiolyse laparoscopique peut être utilisée en plus de
des femmes souffrant d’endométriose. Le rectum et la jonc-
l’ablation et de l’excision. Le degré de réduction de la dou-
tion rectosigmoïdienne représentent ensemble 70 à 93  %
leur globale est statistiquement significatif à 6  mois post-
de tous les sites digestifs d’endométriose [1]. Les symp-
opératoires par rapport au groupe sans adhésiolyse en plus
tômes comprennent la dysménorrhée, l’infertilité, la dys-
de l’ablation et de l’excision [2].
pareunie, la dysurie, la dyschésie, le ténesme et la douleur
à la défécation.
Endométriose pelvienne profonde La prise en charge de l’endométriose digestive dépend
de la profondeur de l’envahissement de la paroi intestinale
Les EPP sont des lésions endométriosiques infiltrant le (envahissement superficiel, partiel ou transmural). L’image-
rétropéritoine ou la paroi des organes pelviens. Leur pré- rie diagnostique préopératoire confirme l’atteinte rectosig-
valence est difficile à évaluer car les critères diagnostiques moïdienne avec une précision de 99 % (sensibilité : 98,1 % et
de la littérature varient considérablement. On estime que spécificité : 100 %) lorsque l’échographie transvaginale avec
l’EPP affecte 20 % de toutes les patientes atteintes d’endo- préparation intestinale est utilisée, permettant aux gynéco-
métriose, et une gestion adéquate de cette maladie est un logues d’anticiper la présence d’un chirurgien colorectal si
défi important au niveau sociétal en raison de ses consé- nécessaire.
quences physiques, sociales et psychologiques. Les symp- L’endométriose digestive peut être réséquée soit par une
tômes présentés par les patientes, notamment urinaires et résection discoïde, soit par une résection segmentaire. La
digestifs, sont souvent corrélés à la localisation et à l’infil- récidive de l’endométriose est plus fréquente si les lésions
tration des lésions  : dysurie, ténesme, diarrhée, dyschésie. digestives ne sont pas réséquées. Un tiers des patientes
Une approche multidisciplinaire de la prise en charge chi- atteintes d’endométriose digestive traitées par résection
rurgicale est nécessaire car une résection complète unique discoïde ont une maladie persistante. Les meilleurs résul-
et, si nécessaire, la résection des organes atteints, constitue tats en termes de taux de récidive et d’amélioration des
la meilleure approche pour les patients atteints d’une EPP. symptômes sont obtenus par résection segmentaire. Pour
L’EPP est l’une des meilleures indications de la laparo- les lésions occasionnant une obstruction partielle et/ou en
scopie robot-assistée. Il n’y a pas d’augmentation du temps cas de lésions étendues, une résection digestive doit être
opératoire, des pertes sanguines ou des complications réalisée. L’exérèse complète de l’endométriose profonde
peropératoires ou postopératoires. L’utilisation du robot a avec résection digestive conduit à une diminution franche
également réduit les taux de conversion en laparotomie et et persistante des symptômes douloureux et à une amélio-
de laparotomie elle-même. La robotique a une place bien ration de la qualité de vie.
établie dans le traitement chirurgical de l’EPP, en particulier Les résections digestives sont réalisables par chirurgie
dans la maladie de stade IV plus agressive [9]. laparoscopique robot-assistée et entraînent une améliora-
tion significative des symptômes gynécologiques et diges-
Atteinte urologique tifs, ainsi que de la qualité de vie avec des résultats similaires
à ceux obtenus lors de l’utilisation d’une approche laparo-
Des rapports de cas ont documenté la faisabilité de réaliser scopique classique. Une étude a mis en évidence un taux
une chirurgie robotique en cas de lésions infiltrant la vessie de 43 % de grossesses naturelles seulement 6 mois après la
et/ou l’uretère. Le système da Vinci® peut être utilisé pour résection robotique [10]. Dans les cas complexes, la chirur-
réséquer les lésions vésicales et en réaliser la suture en deux gie robotique était un outil efficace pour éviter les conver-
plans. L’atteinte urétérale de l’endométriose entraîne une sions en laparotomie.
227
III. Techniques chirurgicales

L’utilisation de l’assistance robotique permet une dis- tionnelle en offrant une ergonomie améliorée pour le
section très précise de la zone pelvienne, une bonne visua- chirurgien, une visualisation tridimensionnelle du champ
lisation des nerfs du plexus pelvien, et ainsi une résection opératoire, une plus grande précision et une instrumenta-
sans lésion nerveuse. La stabilité de la caméra et la liberté de tion fine, avec 6 degrés de liberté permettant une mania-
mouvement permettent une dissection très délicate et pré- bilité accrue des instruments. De plus, le fonctionnement
cise, ainsi que l’identification et la préservation de l’artère de ces systèmes est intuitif et la courbe d’apprentissage
rectale supérieure, ce qui conduit à une bonne irrigation du est rapide pour les chirurgiens maîtrisant la laparoscopie
moignon rectal et diminue l’incidence de la fistule rectale. conventionnelle. Le traitement de nombreuses atteintes
La chirurgie de résection digestive laparoscopique robot- endométriosiques est faisable par laparoscopie robot-
assistée pour le traitement de l’endométriose digestive est assistée et aide à réduire la conversion en laparotomie. La
réalisable, efficace et sûre. laparoscopie robot-assistée joue un rôle crucial dans le
traitement de l’endométriose.
Endométriomes
La prise en charge chirurgicale des endométriomes (fig. 23.4
et  23.5) est utile pour établir le diagnostic d’une masse
Références
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représentent les derniers développements en chirurgie triosis-related pain: options and outcomes. Front Biosci (Elite Ed)
mini-invasive et ont révolutionné la laparoscopie conven- 2009;1:455-65.

228
Chapitre 24
Complications postopératoires
Anne Gandon, Jérôme Phalippou

PLAN DU C HAPITRE
Complications générales 230

Complications digestives 231

Complications urologiques 234

Complications gynécologiques 238

Récidive 240

Chirurgie de l’endométriose
© 2022 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
III. Techniques chirurgicales

La chirurgie de l’endométriose n’échappe malheureusement Prévention


pas aux complications chirurgicales. Leurs connaissances
Elle nécessite une technique opératoire rigoureuse. La mise
permettent d’apporter une information préopératoire à
en place d’un drainage doit être évitée afin d’améliorer la
la patiente, d’assurer leurs préventions, de les dépister pré-
réhabilitation postopératoire mais peut se discuter dans
cocement, d’en limiter leurs conséquences et enfin de les
certaines situations à risque.
traiter.
La classification de Clavien-Dindo (tableau  24.1) Diagnostic
permet de grouper les patientes selon la gravité de la
complication observée. Les complications postopéra- En cas de saignement extériorisé ou de signe hypovo-
toires graves sont rares et estimées à 1 % dans les centres lémique (tachycardie, hypotension artérielle, pâleur,
experts [1]. Leur incidence augmente avec la complexité malaise), un bilan biologique doit être réalisé en urgence
des procédures chirurgicales, la présence de comorbidités à la recherche d’une déglobulisation ainsi qu’un bilan
[2] et l’inexpérience du chirurgien. Une surveillance cli- radiologique comprenant au minimum une échographie
nique rapprochée est donc nécessaire, et doit conduire pelvienne. Le scanner abdominopelvien avec injection de
à la réalisation d’examens biologiques et radiologiques en produit de contraste est l’examen de référence permettant
cas d’anomalies cliniques. de déterminer la présence d’un saignement actif (fig. 24.1),
sa localisation, un hématome associé et son volume.

Traitement
Complications générales • En cas de saignement actif précoce et/ou mal toléré, une
prise en charge chirurgicale et réanimatoire rapide est indis-
Complications hémorragiques pensable.
• Pour des saignements plus tardifs et/ou de faible abon-
Les complications hémorragiques sont peu fréquentes et dance, il faut alors discuter entre expectative, embolisation
estimées à 1 % [1,2]. et reprise chirurgicale.

Tableau 24.1. Classification des complications chirurgicales selon Clavien-Dindo.


Grade Définition Exemples
Grade I Tout évènement postopératoire indésirable ne nécessitant pas de Iléus, abcès de paroi mis à plat au chevet du
traitement médical, chirurgical, endoscopique ou radiologique. patient
Les seuls traitements autorisés sont les antiémétiques, antipyrétiques,
antalgiques, diurétiques, électrolytes et la physiothérapie
Grade II Complication nécessitant un traitement médical n’étant pas autorisé Thrombose veineuse périphérique, nutrition
dans le grade I parentérale totale, transfusion
Grade III Complication nécessitant un traitement chirurgical, endoscopique ou
radiologique.
 IIIa Sans anesthésie générale Ponction guidée radiologiquement
 IIIb Sous anesthésie générale Reprise chirurgicale pour saignement ou autre
cause
Grade IV Complication engageant le pronostic vital et nécessitant des soins
intensifs
 IVa Défaillance d’un organe Dialyse
 IVb Défaillance multiviscérale
Grade V Décès
Suffixe d Complication en cours au moment de la sortie du patient nécessitant
un suivi ultérieur (d = discharge)
Reproduite d’après le site de l’Association française d’urologie (www.urologie-sante.fr).
230
24. Complications postopératoires

Traitement
• Les infections de la paroi nécessitent des soins infir-
miers locaux et, de façon exceptionnelle, la mise en place
d’une thérapie par pression négative ou d’un caisson
hyperbare.
• Les infections urinaires sont traitées par une antibiothé-
rapie adaptée.
• Les complications digestives sont les plus redoutées et
imposent la mise en œuvre de soins spécifiques.

Complications digestives
Fistule anastomotique
et fistule rectovaginale
Fig. 24.1
Les complications digestives postopératoires majeures sont
Plaie artérielle obturatrice montrant une fuite active au temps
principalement marquées par les fistules anastomotiques et
artériel sur le scanner abdominopelvien avec injection. les fistules rectovaginales (fig. 24.2) en raison de la proximité
Courtoisie P. Verpillat. entre une suture vaginale et une suture digestive en cas de
nodule de la cloison rectovaginale infiltrant le cul-de-sac
Infections et fièvre vaginal et le rectum [4,5]. La réalisation d’une résection dis-
coïde ou rectale antérieure, même si elle est réalisée dans
Prévention une optique de chirurgie « conservatrice », n’est pas asso-
Il s’agit d’appliquer les mesures d’antisepsie et d’antibiopro- ciée à une diminution significative des complications en
phylaxie préopératoire selon les recommandations de la termes de fistule rectovaginale [6].
Société française d’anesthésie-réanimation (tableau 24.2) [3]. Pour de nombreuses équipes, l’association d’une col-
pectomie partielle et d’une résection rectale (qu’elle soit
segmentaire ou discoïde) justifie la réalisation d’une stomie
Diagnostic
de dérivation afin de diminuer le risque de survenue d’une
L’apparition de douleur, d’une hyperthermie au-delà de fistule rectovaginale et d’en limiter les conséquences, en
38,5 °C, d’une rougeur cutanée en regard du site opératoire, particulier en cas de projet de grossesse à court ou plus
voire des signes de choc septique doivent conduire à la long terme. En effet, la péritonite secondaire à une fistule
réalisation d’un bilan biologique et d’un bilan radiologique ainsi que la durée de prise de charge altèrent gravement la
orienté afin de localiser le site infecté. fertilité et le délai du projet de grossesse [7].

Tableau 24.2. Recommandation SFAR 2018 pour l’antibioprophylaxie en chirurgie gynécologique.


Acte chirurgical Produit Dose initiale Réinjection et durée
Hystérectomie (voie haute ou basse) Céfazoline 2 g IV lente Dose unique (si durée > 4 heures, réinjecter 1 g)
Cœliochirurgie Céfamandole 1,5 g IV lente Dose unique (si durée > 2 heures, réinjecter 0,75 g)
Céfuroxime 1,5 g IV lente Dose unique (si durée > 2 heures, réinjecter 0,75 g)
Allergie : 900 mg IV lente Dose unique
clindamycine
+ Gentamicine 5 mg/kg/j Dose unique
Cœlioscopie diagnostique ou exploratrice Pas d’antibioprophylaxie
sans incision vaginale ou digestive
SFAR : Société française d’anesthésie-réanimation.
© SFAR. Antibioprophylaxie en chirurgie et médecine interventionnelle (patients adultes). Recommandations formalisées d’experts, 2018.
231
III. Techniques chirurgicales

Fig. 24.2
Fistule rectovaginale avec mise en évidence du trajet fistuleux (A, flèche rouge) et de l’opacification vaginale (B, flèche verte) sur un
scanner abdominopelvien opacifié par l’iléostomie.
Courtoisie P. Verpillat.

Fistule anastomotique Traitement


Diagnostic Le traitement des fistules symptomatiques postopératoires
justifie une reprise chirurgicale qui peut être débutée par
Il doit être évoqué en cas de fièvre, de douleur abdominale
voie cœlioscopique. Une conversion en laparotomie doit
avec défense à l’examen clinique, d’écoulement purulent ou
être réalisée en cas de difficultés liées aux conditions locales
digestif vaginal ou extériorisé par un drain éventuellement
(péritonite généralisée, adhérences postopératoires) et aux
mis en place, d’iléus persistant et/ou de syndrome inflam-
difficultés d’exposition. Le geste chirurgical consiste en une
matoire biologique. Le dosage de la CRP (C Reactive Protein)
toilette péritonéale avec prélèvement bactériologique afin
au 4e jour postopératoire avec un seuil inférieur à 100-
d’adapter l’antibiothérapie postopératoire. La fistule anas-
125  mg/L selon les études est facteur prédictif d’absence
tomotique est mise en évidence par un test à l’air et/ou
de fistule dont la sensibilité est bonne en l’absence de
au bleu. Une rectoscopie réalisée en peropératoire peut
symptôme clinique [8]. Un scanner abdominopelvien doit
aider au diagnostic si les tests à l’air et au bleu sont négatifs
être réalisé en cas de symptômes mais celui-ci peut être
malgré une péritonite. En l’absence de désunion complète
mis en défaut au cours des premiers jours postopératoires
et d’ischémie colique ou rectale, l’anastomose peut être
(< 5 jours) ; l’interprétation d’images hydroaériques périanas­
conservée, éventuellement renforcée par la mise en place
tomotiques pouvant être postopératoire ou en rapport avec
de points sur le défect anastomotique si celui-ci est acces-
une fistule. Certaines équipes proposent donc une cœlio-
sible, associée à la réalisation d’une stomie de dérivation et
scopie exploratrice en 1re intention en cas de symptômes
d’un drainage au contact de l’anastomose [9]. Le traitement
évoquant une complication postopératoire survenant dans
médical par antibiothérapie est poursuivi et l’évolution cli-
les premiers jours postopératoires. Cette reprise chirurgicale
nique et biologique doit être rapidement favorable. En cas
permet à la fois le diagnostic de fistule (test à l’air et/ou au
de désunion complète et/ou d’ischémie digestive, l’anas-
bleu) et son traitement le cas échéant. En cas d’exploration
tomose doit être démontée avec colostomie terminale
ne retrouvant pas de fistule, une toilette péritonéale seule
gauche et agrafage du moignon rectal (intervention de
est réalisée.
Hartmann).

Point clé Fistule rectovaginale


Elle peut être asymptomatique et diagnostiquée tardive-
Le dosage de la CRP au 4e jour postopératoire avec ment, à distance de l’intervention sur l’opacification diges-
un seuil inférieur à 100-125 mg/L est facteur pré- tive (lavement aux hydrosolubles ou scanner opacifié)
dictif d’absence de fistule en l’absence de symp- réalisée en vue de la programmation du rétablissement de
tôme clinique. continuité digestive lorsqu’une stomie de dérivation a été
232
24. Complications postopératoires

faite en 1re intention. Le rétablissement de la continuité doit regroupées sous le nom de syndrome de résection rectale
alors être différé afin d’optimiser une fermeture spontanée basse (LARS : Low Anterior Resection Syndrome) et associent
(délai de 4 à 6 mois) avant d’envisager une cure de la fistule quatre signes cardinaux à des degrés variables : troubles de
rectovaginale avec conservation de la stomie de dérivation la continence (incontinences ou troubles de la discrimina-
qui sera fermée après cicatrisation de la fistule [9,10]. tion selles/gaz), exonérations multiples, fractionnements
des selles et impériosités. L’impact de ces symptômes altère
la qualité de vie [12] et ces séquelles fonctionnelles doivent
Rectorragies postopératoires être diagnostiquées rapidement afin de pouvoir prendre en
Le taux de survenue des rectorragies postopératoires est charge les symptômes de manière spécifique (régulateurs
rarement rapporté, quelle que soit l’étiologie de la résection du transit, rééducation, irrigation transanale, etc. selon le
rectosigmoïdienne, mais peut être évalué entre 2,5 et 3 % degré des symptômes). La physiopathologie du LARS, étu-
[6,11]. Il s’agit classiquement du saignement d’un vaisseau diée principalement dans le cancer du rectum, est multifac-
du mésorectum en regard de l’anastomose colorectale ou torielle et retrouve des facteurs communs présents dans la
de l’agrafage d’une résection discoïde. maladie endométriosique et sa prise en charge chirurgicale,
• En cas de rectorragies peu abondantes sans caillots, même si le mésorectum est respecté autant que possible.
sans fièvre ni syndrome inflammatoire biologique, l’arrêt La survenue d’un LARS est en effet associée notamment à la
des anticoagulants et un lavement prudent à l’eau froide dénervation rectale, à la fibrose pelvienne, au sepsis pelvien
permettent de tarir le saignement. Une surveillance sup- postopératoire, à la longueur de rectum préservé. Même si
plémentaire s’impose afin de vérifier l’absence de récidive les approches conservatrices (résection discoïde) ne sem-
et de déglobulisation sur la numération sanguine. blent pas montrer de franche amélioration en termes de
• Lorsque les rectorragies sont abondantes avec des séquelles fonctionnelles [13], celles-ci semblent devoir être
caillots, persistent ou récidivent, il convient de réaliser une privilégiées a fortiori lorsque l’atteinte rectale est basse afin
rectoscopie afin d’identifier l’origine du saignement et de le de préserver un maximum de rectum natif.
traiter par voie endoscopique pour réalisation d’injection
d’adrénaline, hémostase mécanique par clip ou thermique
à la pince chaude [11]. Complications des stomies
• L’association de rectorragies avec fièvre et/ou syndrome
Une stomie de dérivation en cas de colpectomie partielle
inflammatoire biologique doit faire rechercher une fistule
associée à une anastomose digestive ou d’anastomose rec-
anastomotique.
tale basse (< 6 cm de la marge anale) est actuellement réa-
lisée par la plupart des équipes afin de prévenir et limiter les
Sténoses anastomotiques conséquences de survenue d’une fistule rectovaginale [5].
Néanmoins, la stomie peut être à l’origine de complications
Des sténoses anastomotiques de l’anastomose colorectale propres, altérant la qualité de vie des patientes et rendant le
réalisée lors d’une résection segmentaire peuvent sur- vécu de la stomie difficile [14].
venir. Le taux de sténose anastomotique est évalué entre • Les complications précoces sont la nécrose et la sté-
5,2 et 15,2 % [4]. Le diagnostic doit être évoqué devant des nose de la stomie responsables d’un syndrome occlusif.
troubles du transit persistant lors de consultation post- Elles doivent faire discuter une réfection chirurgicale de
opératoire. Il peut s’agir de selles « fines », de diarrhées (en la stomie. Éventuellement, en cas d’opacification diges-
amont d’une stase stercorale) et/ou de selles fragmentées, tive satisfaisante, une fermeture précoce de la stomie à
plus rarement d’un syndrome occlusif. La réalisation d’une 9-13 jours postopératoires peut être réalisée [15].
rectoscopie permet d’objectiver la sténose anastomotique. • L’hyperdébit stomial parfois présent chez les patientes
Une dilatation endoscopique au ballon/hydrostatique porteuses de d’iléostomie doit être contrôlé par des ralen-
permet de recalibrer le diamètre de l’anastomose. En cas tisseurs du transit afin de limiter le risque de fuites et de
d’échec de dilatation, une réfection chirurgicale de l’anas- désadaptation des poches. Les fuites répétées ou la diffi-
tomose doit être discutée. culté d’appareillage peuvent être à l’origine de troubles tro-
phiques cutanés douloureux et invalidants.
Séquelles fonctionnelles digestives • Les prolapsus stomiaux et les éventrations péris-
tomiales peuvent également être à l’origine de difficultés
Les séquelles fonctionnelles digestives initialement décrites d’appareillage avec conséquences cutanées. La fermeture
pour les résections rectales réalisées pour cancer sont de la stomie dès qu’elle est possible permet de corriger ces
233
III. Techniques chirurgicales

troubles. En cas de nécessité de conserver la stomie, une saire s’il existe une plaie associée de l’uretère. La réalisation
réfection chirurgicale doit être envisagée pour optimiser la d’une cystographie avant le retrait de la sonde urinaire
qualité de vie. n’est pas obligatoire mais doit se discuter en cas de lésion
• Enfin les éventrations sur anciennes cicatrices de sto- complexe.
mies surviennent à distance et nécessitent une prise en
charge chirurgicale avec mise en place d’un renfort prothé- Plaie urétérale
tique. Les patientes sont souvent très symptomatiques de
Le risque de plaie urétérale est principalement lié à une
ces éventrations et une prise en charge conjointe en consul-
urétérolyse nécessaire pour 80 % des patientes présentant
tation d’algologie est préconisée compte tenu de la part
une EPP (endométriose pelvienne profonde), mais aussi
neuropathique très fréquente dans les douleurs présentées
lorsqu’une hystérectomie est associée. La plaie acciden-
par les patientes atteintes d’endométriose.
telle peropératoire est retrouvée dans 1 à 5 % des cas selon
les séries [18]. Classiquement, les lésions peuvent sur-
venir soit à proximité du ligament lombo-ovarien en cas
Complications urologiques d’annexectomie associée, soit dans la portion pelvienne
lors de l’exérèse d’une lésion postérieure infiltrant la paroi
Les troubles mictionnels sont habituels dans les suites opé-
pelvienne ou le paramètre. Les données de la littérature
ratoires. Le symptôme le plus fréquent est la dysurie, dont
sont insuffisantes pour recommander la pose ou non de
l’incidence peut atteindre 30  %. Les complications graves
sonde JJ en préopératoire en vue de diminuer le risque de
sont rares.
lésion [19].

Complications peropératoires Diagnostic

Plaie de vessie Le pronostic reposant sur une réparation la plus précoce


possible, son diagnostic peropératoire est primordial. En cas
Les plaies de vessie sont consécutives à la réalisation de de doute, il est nécessaire de réaliser ou compléter l’urétéro-
l’exérèse d’un nodule vésical, d’une dissection péritonéale lyse de la région concernée. On peut visualiser directement
ou d’une hystérectomie. En cas de chirurgie dédiée à une la plaie ou un écoulement d’urine. On peut s’aider par
atteinte endométriosique urologique, Maggiore retrouve l’injection d’un colorant injecté en intravasculaire type blue
2,2  % de complications graves avec reprise chirurgicale dye, voire une cystoscopie avec urétéropyélographie rétro-
après cystectomie partielle [16]. grade. Dans tous les cas, il est indispensable de réaliser un
bilan complet de la lésion urétérale : localisation, étendue,
Diagnostic complexité, vascularisation afin de proposer un traitement
Il est souvent évident et l’on constate une perforation adapté.
vésicale avec visualisation directe de la sonde vésicale. On
peut observer des signes indirects comme un écoulement Traitement
d’urine, la présence de gaz dans le sac de recueil pendant Le traitement peropératoire permet l’obtention d’excellents
les gestes cœlioscopiques, des urines hématuriques. Toute résultats [18]. Il doit être effectué avec l’aide d’une équipe
suspicion de plaie de vessie doit conduire l’opérateur à urologique et consiste :
réaliser un test au bleu vésical. Il consiste à la mise en place • soit en la mise en place d’une endoprothèse urétérale
de 250 cm3 de sérum physiologique coloré au bleu par la par voie endoscopique ;
sonde urinaire. • soit en une suture simple en cas de lésion peu éten-
due ;
Traitement
• soit en une résection anastomose terminoterminale
Il consiste en une suture immédiate avec vérification de la spatulée sans tension pour des lésions courtes avec perte
bonne étanchéité vésicale et drainage des urines pendant de substances minime ;
5 à 12 jours en fonction de la gravité de la lésion. Si la plaie • soit en une réimplantation urétérovésicale au besoin
est complexe ou proche des méats, il faut alors demander sur vessie psoïque pour des lésions étendues de l’uretère
un avis spécialisé. Une montée de sonde urétérale permet pelvien ou atteignant le détroit supérieur.
d’éviter une sténose urétérale liée à un œdème postopéra- Ces réparations sont protégées par une endoprothèse
toire [17]. Une réimplantation urétérale peut être néces- urétérale au minimum 3 semaines.
234
24. Complications postopératoires

Complications postopératoires d’une insuffisance rénale associée doivent faire évoquer


le diagnostic et conduire à réaliser un uroscanner à la
Dysurie recherche d’un urinome (fig. 24.3).
Le taux de dysurie après chirurgie de l’endométriose varie
dans la littérature de 1,4 à 29,2  % [17]. Plusieurs facteurs
expliquent cette grande variabilité :
• une définition qui varie en fonction des études  : sen-
sation de miction incomplète de la vessie, exigence de
l’auto-cathétérisme (avec différents seuils de résidu post-
mictionnel – RPM), ou incapacité de vidange vésicale ;
• le type de chirurgie lié à l’extension vers la paroi pelvienne
ou vaginale.
Il s’agit d’une complication transitoire s’améliorant dans
le temps, estimé à 10 % le 1er mois, puis à 4,6 % au-delà de
ce délai pour s’établir à 2 % après un an.

Prévention
Elle repose essentiellement sur le respect de l’innervation
vésicale discuté dans le chapitre 11.

Diagnostic
Il s’agit d’un diagnostic clinique correspondant à un RPM
inférieur à 100 mL (sans consensus) contrôlé par un son- Fig. 24.3
dage évacuateur après miction ou d’une mesure échogra- Plaie de l’uretère pelvien gauche responsable d’un urinome.
phique (bladder scan). Courtoisie P. Verpillat.

Traitement Traitement
Il consiste à mettre en place des autosondages 4 à 5 fois/j, Il dépend de l’origine de la plaie urinaire  : mise en place
qui doivent être poursuivis jusqu’à l’obtention d’un RPM d’une sonde urinaire, d’une sonde urétérale ou d’une reprise
satisfaisant. Différents traitements (alphabloquant, toxine chirurgicale.
botulique, néostigmine, etc.) permettent d’améliorer la dys-
urie. Leur utilisation impose un avis urologique. La prise en Fistule urogénitale
charge d’une dysurie persistante au-delà d’un mois nécessite
un bilan urodynamique postopératoire afin de connaître le Plusieurs types de fistules urogénitales (FUG) sont décrits,
pronostic et de guider la prise en charge. Une neuromodula- associant les différents organes en communication de
tion avec implantation de capteur sous-cutané peut s’envi- façon plus ou moins complexe et peuvent apparaître dans
sager afin de rétablir une fonction vésicale pour les patientes les suites d’une chirurgie d’EPP.
sans récupération après au minimum 6 mois d’autosondage. Les deux principaux types de FUG qui peuvent être ren-
contrés après chirurgie de l’EPP sont : la fistule vésicovagi-
nale (FVV), la fistule urétérovaginale (FUV) (fig. 24.4).
Urinome Les fistules peuvent se présenter dans les premiers jours
Il s’agit d’une complication peu fréquente mais sévère en mais également à distance pour les fistules secondaire à un
rapport avec l’insuffisance rénale associée. Il est consécutif à processus ischémique (5 à 21 jours).
une plaie vésicale ou urétérale méconnue en peropératoire
qui aboutit à un écoulement urinaire intra-abdominal. Diagnostic
Une FUG doit être évoquée chez toute patiente présentant
Diagnostic
un écoulement vaginal de liquide des suites d’une chirurgie
Une altération de l’état général, des douleurs abdominales, d’EPP. L’examen au spéculum peut permettre de visualiser
une hyperthermie, un syndrome sub/occlusif, la présence un écoulement d’urine. Un test au bleu vésical ainsi qu’un
235
III. Techniques chirurgicales

Fig. 24.5
Fig. 24.4
Cure de fistule vésicovaginale par voie vaginale.
Fistule vésicovaginale (flèche rouge) et urinome (flèche verte). 1 : incision vaginale ; 2 : dissection vésicovaginale jusqu’à la
Courtoisie P. Verpillat.
fistule ; 3 : excision des berges vésicales ; 4 : suture vésicale non
chevauchante avec la suture vaginale.
Extrait de : Cosson M, Cornu JN, de Tayrac R, et al. Chirurgie de l’incontinence urinaire et
uroscanner doivent être réalisés pour dépister une FUG du prolapsus, 2e éd. © 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
complexe et déterminer le trajet fistuleux.

Traitement
Il nécessite une prise en charge multidisciplinaire et un opé-
rateur expérimenté dans ce type de chirurgie. Les modalités
de prise en charge dépendent de sa taille, du moment du
diagnostic et de la qualité des tissus aux pourtours de la
FUG.
Fistule vésicovaginale
Une FVV peut être traitée par voie vaginale, abdominale ou
mixte. Il n’existe aucune étude randomisée ayant comparé
les différentes techniques [20].
• Lorsque la FVV est accessible par voie vaginale, la répa-
ration consiste à réséquer l’orifice fistuleux, puis suturer par
surjet au fil résorbable monofilament de la vessie et le vagin
en décalant les sutures (fig. 24.5 à 24.9). L’intervention de
Latzko (fig. 24.10 et 24.11) ou la réalisation d’un lambeau de
Martius peuvent être réalisées pour les fistules complexes
ou les récidives (fig. 24.12 et 24.13). Fig. 24.6
• La réparation est réalisée par voie abdominale en Dissection intervésicovaginale.
l’absence d’accès vaginal suffisant, par laparotomie ou Il est essentiel d’obtenir un lambeau vaginal le plus large possible
cœlioscopie en fonction de l’expérience de l’opérateur. afin de faciliter la fermeture.
Extrait de : Cosson M, Cornu JN, de Tayrac R, et al. Chirurgie de l’incontinence urinaire et
Cette approche nécessite de réaliser une cystotomie, une du prolapsus, 2e éd. © 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

236
24. Complications postopératoires

Fig. 24.7 Fig. 24.9


Suture vésicale étanche en un plan de fil résorbable type PDS® Fermeture du lambeau vaginal par deux hémisurjets au fil
3/0. résorbable type Vicryl 0® (polyglactine), après avoir excisé
Un ou deux hémisurjets sont réalisés en fonction des conditions l’ancienne zone de fistule.
locales. Extrait de : Cosson M, Cornu JN, de Tayrac R, et al. Chirurgie de l’incontinence urinaire et
Extrait de : Cosson M, Cornu JN, de Tayrac R, et al. Chirurgie de l’incontinence urinaire et du prolapsus, 2e éd. © 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
du prolapsus, 2e éd. © 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Fig. 24.10
Dissection intervésicovaginale.
Décollement entre la vessie et le vagin sur au moins 3 mm tout
autour de l’orifice vésical. Cette dissection est menée aux ciseaux
Fig. 24.8 et peut être aidée par la mise en place de fils tracteurs sur la paroi
Excision des berges vésicales fibreuses. vaginale.
Extrait de : Cosson M, Cornu JN, de Tayrac R, et al. Chirurgie de l’incontinence urinaire et Extrait de : Cosson M, Cornu JN, de Tayrac R, et al. Chirurgie de l’incontinence urinaire et
du prolapsus, 2e éd. © 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. du prolapsus, 2e éd. © 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

237
III. Techniques chirurgicales

Fig. 24.12
Fermeture vésicale par un surjet de fil résorbable type PDS® 3/0.
En cas de suture non étanche, de fistule récidivée ou d’irradiation
préalable, un lambeau de Martius est prélevé dans la grande
Fig. 24.11 lèvre. Le lambeau graisseux est progressivement pédiculé sur sa
Fistule anfractueuse du fond vaginal. vascularisation inférieure.
1 : dissection de la muqueuse vaginale, pas de résection du trajet de Extrait de : Cosson M, Cornu JN, de Tayrac R, et al. Chirurgie de l’incontinence urinaire et
fistule ; 2 : fermeture directe de l’orifice de fistule ; 3 et 4 : fermeture du prolapsus, 2e éd. © 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
du fascia vaginal étagée en recouvrant l’orifice de fistule.
Extrait de : Cosson M, Cornu JN, de Tayrac R, et al. Chirurgie de l’incontinence urinaire et
du prolapsus, 2e éd. © 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

dissection vésicovaginale et une réparation de la fistule. On


peut utiliser un lambeau d’omentum pour la réparation.
Dans le cadre de l’endométriose, on préfère réaliser un
lambeau péritonéal ou interposer un appendice omental
sigmoïdien afin d’éviter une obstruction tubaire et ces
conséquences sur la fertilité.
Fistule urétérovaginale
La mise en place précoce d’une sonde JJ peut permettre de
traiter la fistule dans 50 % des cas [21]. En cas d’échec de pose
de sonde JJ, une néphrostomie percutanée est indiquée. Selon
les cas, on réalise à distance par voie haute (laparotomie ou
laparoscopie) une résection anastomose urétéro-urétérale
ou une réimplantation urétérovésicale ± vessie psoïque.

Complications gynécologiques
Déhiscence et éventration vaginales Fig. 24.13
Interposition du lambeau graisseux entre le vagin et la vessie,
Il s’agit d’une complication non spécifique des suites d’une puis fermeture vaginale pour couvrir le lambeau.
Extrait de : Cosson M, Cornu JN, de Tayrac R, et al. Chirurgie de l’incontinence urinaire et
hystérectomie ou d’une colpectomie. du prolapsus, 2e éd. © 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

238
24. Complications postopératoires

Diagnostic Salpinx
À l’interrogatoire, on retrouve la notion fréquente d’un Les adhérences et la fibrose postopératoires exposent les
rapport sexuel responsable d’une douleur abdominale vive, trompes utérines à une sténose source de complications à
la présence de métrorragies, d’une perte de liquide ou des type d’hydrosalpinx et d’abcès tubo-ovarien.
leucorrhées. L’examen au spéculum visualise une déhis-
cence partielle ou complète avec souvent une éviscération Hydrosalpinx
associée d’une anse grêle (fig. 24.14).
Il s’agit d’un épanchement intratubaire dont les consé-
quences sur la fertilité sont délétères.
Traitement
Il s’agit de réintervenir dans les meilleurs délais afin Prévention
d’éviter l’évolution vers une péritonite ou une occlusion Lors de la chirurgie, il faut manipuler délicatement les trompes
intestinale. Dans la majorité des cas, la reprise chirurgi- afin d’éviter un traumatisme et traiter une éventuelle sténose
cale peut s’effectuer par voie basse. En cas de déhiscence ampullaire. L’omentoplastie, favorisant les adhérences, parfois
partielle, une fermeture vaginale par des points séparés réalisée lors d’une chirurgie colorectale, n’est pas conseillée.
peut suffire. En cas de suspicion de péritonite, d’isché-
mie/lésion du grêle ou d’occlusion, il faut réaliser une Diagnostic
cœlioscopie avec une toilette péritonéale, une explo-
ration complète de la cavité abdominale avec déroule­ Il s’agit souvent d’un diagnostic radiologique, porté à l’occa-
ment du grêle et réalisation d’un test au bleu vésical sion d’une surveillance ou d’une prise en charge de la fertilité.
pour ne pas méconnaître une plaie vésicale associée. Un
avis spécialisé complémentaire au moindre doute doit Traitement
être demandé. On termine par une suture vaginale au Il dépend du projet de fertilité et de son caractère symp-
par point séparé ou surjet au monofilament à résorption tomatique. On discute entre expectative, plastie tubaire,
lente. salpingectomie ou mise en place d’un clip.

Fig. 24.14
Déhiscence de cicatrice vaginale avec éviscération d’une anse grêle.
A. 1 : zone de déhiscence vaginale ; 2 : extériorisation des anses intestinales par le vagin. B. 1 : examen des anses et réintégration douce sous
anesthésie ; 2 : dissection de la zone de fragilité, résection des berges si nécessaire ; 3 : mise en place d’une prothèse résorbable ou non selon
l’aspect des tissus après fermeture péritonéale si possible étagée ; 4 : fermeture du vagin en deux ou trois plans.
Extrait de : Cosson M, Wattiez A, Collinet P. Hystérectomies. © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

239
III. Techniques chirurgicales

Abcès tubo-ovarien risque pour chaque patiente doit être discutée en réunion
de concertation pluridisciplinaire (RCP). Enfin, la gestion
Diagnostic
des complications doit tenir compte au même titre que la
Il repose sur la réalisation d’une imagerie (échographie/ chirurgie initiale de la préservation de la réserve ovarienne,
scanner abdominopelvien) qui confirme la présence d’une de l’utérus et des trompes utérines.
collection latéro-utérine chez une patiente présentant des
douleurs pelviennes fébriles.
Sexualité
Traitement La chirurgie de l’endométriose profonde permet une amé-
Il n’est pas standardisé et dépend de l’état clinique de la lioration de la qualité de vie sexuelle [23]. Une attention
patiente, de la taille de l’abcès et du moment de survenue particulière doit être portée lors de la fermeture vaginale en
par rapport à la chirurgie. Schématiquement : cas d’exérèse vaginale, afin d’en limiter son rétrécissement,
• les abcès < 3 cm sont traitées par une antibiothérapie ; qui pourrait être source de dyspareunie. La préservation
• au-delà de cette taille, on réalise un drainage soit par une nerveuse (nerve sparing) présente également un intérêt
ponction évacuatrice transvaginale échoguidée [22], soit majeur dans la préservation de la fonction sexuelle.
par cœlioscopie (fig. 24.15).
Grossesse
Cicatrice abdominale Les césariennes chez les femmes ayant un antécédent de
Il ne s’agit pas à proprement parler d’une complication chirurgie d’endométriose pelvienne profonde avec atteinte
gynécologique mais une attention toute particulière doit digestive présentent un risque de complications du post-
être apportée aux cicatrices afin de limiter l’impact ultérieur partum augmenté [24]. Ce risque doit être connu afin
sur la qualité de vie des patientes. Les incisions doivent donc d’organiser dans les meilleures conditions l’accouchement
être dans la mesure du possible placées dans les endroits les de ces patientes (stand-by digestif, chirurgien gynéco­
moins exposés et la fermeture doit être réalisée avec soin si logique).
possible par des surjets intradermiques.

Fertilité Récidive
La prévention ainsi que la prise en charge optimale des La découverte d’une récidive est une épreuve difficile dans
complications postopératoires sont indispensables à la pré- le parcours des patientes et doit de ce fait être connue et
servation de la fertilité des patientes. Plusieurs études mon- évoquée dès le début de la prise en charge. Elle correspond
trent un bénéfice de la chirurgie colorectale en termes de soit à l’apparition d’une nouvelle lésion, soit à la progression
grossesses spontanées, mais en cas de complications graves, d’une maladie résiduelle (fig. 24.16).
Ferrier et  al. ont retrouvé une altération importante du Le taux de récidive à 5  ans est important et estimé à
taux de grossesses à 5 ans à 46 % [7]. La balance bénéfice/ 40-50 % [25]. On observe une grande variabilité des don-

Fig. 24.15
Endométriomes ovariens infectés.
Courtoisie P. Verpillat.

240
24. Complications postopératoires

Récidive par localisation


Récidive ovarienne
La récidive est définie, pour la plupart des auteurs, par
un endométriome de plus de 2  cm en échographie. On
retrouve une augmentation progressive du risque de réci-
dive avec le temps de 6,4 % à 2 ans, 10 % à 3 ans, 19,9 % à
5 ans et 30,9 % à 8 ans, et plus marqué pour les patientes de
moins de 35 ans [26].

Récidive digestive
Dans un essai randomisé comparant un traitement conser-
vateur versus une résection pour les atteintes endométrio-
siques rectales, Roman et al. retrouvent 1,8 % de récidive si
une résection a été réalisée, 3,7 % si un traitement conser-
vateur a été effectué à 5 ans [27]. Dans une méta-analyse
récente, Bendifallah et  al. confirment l’augmentation des
Fig. 24.16 récidives en cas de traitement conservateur versus une
Récidive sur cicatrice vaginale. résection (Odds Ratio : 5,53, IC 95 % : 2,33-13,12]) et retrou-
Courtoisie P. Verpillat. vent un taux de réintervention chirurgicale de 15,3 % [4].

nées dans la littérature qui sont comprises entre 0 et 89,6 % Récidive urologique
à 2 ans et 15,1 à 56 % à 5 ans. L’incidence maximale se situe Récidive vésicale
entre 28 et 30 mois après chirurgie [26].
La prise en charge de l’endométriose vésicale par cystecto-
Ces résultats s’expliquent à la fois par :
mie partielle est efficace à long terme, permet une diminu-
• l’absence de définition standard de la récidive qui cor-
tion des symptômes douloureux et elle est associée à un
respond, selon les auteurs, à une récidive douloureuse, un
taux de récidive faible [28]. Il varie dans la littérature de 8,7
diagnostic clinique ou radiologique, une augmentation
à 36,8 % pour les lésions de la base et de 0 à 33 % pour les
du CA125, une visualisation de lésions endométriosiques
lésions du dôme [26].
au cours d’une nouvelle chirurgie avec ou sans preuve his-
tologique ;
Récidive urétérale
• la réalisation fréquente d’un traitement conservateur ;
• l’expertise du chirurgien, notamment dans les formes Les taux de récidive dans la littérature varient de 5,4 à 27,5 %
complexes. après chirurgie urétérale [17].

Diagnostic
Points clés
Au sein de notre équipe, nous définissons la récidive comme

Le taux de récidive à 5 ans est important (40 à l’association d’une récidive douloureuse et d’un bilan d’ima-
50 %). gerie confirmant la présence de lésions d’endométriose.

Il n’existe pas de définition standard de la réci-
dive.

Un bilan complet préopératoire et l’expertise
Prévention
du chirurgien permettent de diminuer le taux de La prévention de la récidive impose, en l’absence de désir
récidive. de grossesse ou après la grossesse, de prescrire un traite-

Un traitement hormonal postopératoire per- ment hormonal postopératoire afin de réduire le risque
met de diminuer la récidive douloureuse. de récidive douloureuse de l’endométriose et d’améliorer

Le traitement de la récidive est complexe et la qualité de vie des patientes [4]. Le choix du traitement
doit être discuté de façon multidisciplinaire. hormonal est le même qu’en dehors du contexte chirur-
241
III. Techniques chirurgicales

gical. La contraception œstroprogestative (COP) ou le [9] Girard E, Messager M, Sauvanet A, et al. Anastomotic leakage after
DIU (dispositif intra-utérin) au lévonorgestrel 52  mg sont gastrointestinal surgery: Diagnosis and management. J Visc Surg
2014;151(6):441-50.
recommandés en 1re  intention en postopératoire d’une [10] Betagnol F, Alves A, Panis Y. Traitement des fistules rectovaginales
chirurgie d’endométriose. En cas de prescription d’une hautes. Pelv Perineol 2007;2:275-9.
COP, il est recommandé de privilégier une administration [11] Christidis C. Comment je fais pour traiter une hémorragie anas-
continue afin d’améliorer le contrôle des dysménorrhées et tomotique après colectomie sigmoïdienne élective ? Colon Rectum
qui doit être poursuivie tant que la tolérance du traitement 2007;1:206-70.
[12] Keane C, Fearnhead NS, Bordeianou LG, et  al. LARS Inter-
est bonne et qu’il n’y a pas de désir de grossesse.
national Collaborative Group. International Consensus Defini-
tion of Low Anterior Resection Syndrome. Dis Colon Rectum
Traitement 2020;63(3):274-84.
[13] Bokor A, Hudelist G, Dobó N, et  al. Low anterior resection syn-
La chirurgie des récidives est complexe et à haut risque de drome following different surgical approaches for low rectal endo-
complications postopératoires. Une prise en charge médi- metriosis: A retrospective multicenter study. Acta Obstet Gynecol
cale doit donc être privilégiée comprenant une optimisation Scand 2021;100(5):860-7.
[14] Bonin E, Bridoux V, Chati R, et al. Diverting stoma-related compli-
des traitements hormonaux, un renforcement de la prise en cations following colorectal endometriosis surgery: a 163-patient
charge pluridisciplinaire incluant un suivi en médecine de cohort. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol 2019;232:46-53.
la douleur, des thérapeutiques alternatives (médecine chi- [15] Guo Y, Luo Y, Zhao H, et al. Early Versus Routine Stoma Closure in
noise, acupuncture), des thérapeutiques physiques (sport, Patients With Colorectal Resection: A Meta-Analysis of 7 Rando-
ostéopathie, neurostimulation) et des thérapeutiques cog- mized Controlled Trial. Surg Innov 2020;27(3):291-8.
[16] Leone Roberti Maggiore U, Ferrero S, Candiani M, et  al. Bladder
nitivo-comportementales (relaxation, méditation, hypnose).
Endometriosis: A Systematic Review of Pathogenesis, Diagnosis,
En cas d’échec de ces thérapeutiques, une chirurgie ité- Treatment, Impact on Fertility, and Risk of Malignant Transforma-
rative est envisagée, au cas par cas, après présentation en tion. Eur Urol 2017;71(5):790-807.
RCP. Il faut bien garder à l’esprit les risques chirurgicaux et [17] Haddad M, Cornu JN, Bonneau C, et al. Endométriose et urologie.
les échecs du traitement de la douleur, même en cas de EMC – Urologie 2016;18-162-A-11.
traitement radical. [18] Adhoute F, Pariente JL, Le Guillou M, et al. The ureteric risk in lapa-
roscopic surgery. Prog Urol 2004;14(6);1162-6. discussion 1166.
[19] Collinet P, Fritel X, Revel-Delhom C, et al. Management of endome-
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[1] Roman H, Chanavaz-Lacheray I, Forestier D, et al. Early postopera- – Gynécologie 2018;220-A-10.
tive complications in a multidisciplinary surgical center exclusively [21] Shaw J, Tunitsky-Bitton E, Barber MD, et al. Ureterovaginal fistula: a
dedicated to endometriosis: A 491-patients series. Gynecol Obstet case series. Int Urogynecol J 2014;25(5):615-21.
Fertil Senol 2020;48(6):484-90. [22] Vermersch C, Dessein R, Lucot JP, et  al. Tubo-ovarian abs-
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