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(2009-2012)
AVANT PROPOS
L'époque des Lumières amorça une rupture, avec la recherche d'une définition légale
et universelle du permis et du défendu, illustrant le projet de fonder une "légalité des
délits et des peines" que formula l'Italien Beccaria, dans son ouvrage publié en 1764,
"Des délits et des peines". Cette recherche s'inscrivait dans le cadre d'une aspiration
plus générale, celle de donner une nouvelle définition de l'homme, compris comme un
être social, détenteur de droits et de devoirs, évoluant dans une société où, le pouvoir
cessant de chercher sa légitimité dans la religion, on pourrait s'interroger sur la nature
des infractions et l'échelle des sanctions applicables à tous, quelle que fût la qualité du
délinquant.
Cependant, toutes les maladies qui donnent une température élevée ne sont pas les
différentes manifestations d'une seule maladie qui serait "La fièvre"! C'est la même
chose pour les maladies de la société d'où l'importance d'opérer un tri entre la
délinquance juvénile et la délinquance d'adulte qui n'ont pas les mêmes mobiles, les
mêmes causes ou les mêmes conséquences.
DEDICACE
Tous les enfants délinquants de toute sorte qui sont marginalisés par la société soient en Haïti et
à travers le monde.
Tous ceux et celles qui ont lutté et qui luttent toujours contre ce fléaux.
Tous ceux et celles qui lutteront jusqu'à leur mort pour une Haïti meilleure.
REMERCIEMENTS
Nous remercions très sincèrement DIEU, le grand architecte de l’Univers qui nous a donné la
santé, l’intelligence et nous remercions sincèrement notre père SAINTILIEN Damucier et
CHARLES Jordany qui nous donnent un soutien inestimable, faisant de nous ce que nous
sommes aujourd'hui. Merci a mon Epoux chéri MARCELLUS Frid, et mon fils MARCELLUS
Jacky Fred Sarmy, et mon époux CHARLES ARISTILD Modeline. Remerciements adresses
également à nos frères et sœurs, particulièrement a SAINTILIEN Gérard, JEAN Simone,
LAFORTUNE S. Précieuse
Nous remercions notre directeur de mémoire : Rév. Père. NERESTANT Micial qui nous
accompagné et a été très patient avec nous pendant toute la durée de l'élaboration d notre travail
de mémoire et Ing. BRUNO Jhon pour son dévouement et patience envers nous pour notre
réussite.
Nous ne voulons pas négliger certaines institutions et personnes qui nous ont aidé, soit par des
informations, des suggestions, soit en nous ouvrant leur bibliothèque. Nous citons, entre autre,
Nos remerciements les plus profonds s'adressent au Staff administratif de l’UPH aussi à tous les
professeurs de la Faculté des sciences d’agronomie et du développement de l UPH pour le temps
qu'ils nous ont consacré tout au long de ces quatre années d'études, et aussi à tous nos
compagnons d'études en particulier ceux du groupe de travail Cap-Haitien (G.C.H) : Jhon,
Gamany, Miguel, Dieulima, Quetty, Christianise, Rose Kerline, Ronise Murat et Amira. A ceux
du groupe : Fort St Michel, Morne Rouge, Milot, Limbé, Robillard, Trou du Nord, Pignon, Fort
Liberté.
Nos remerciements s'en vont à tous ceux et celles qui, d'une façon ou d'une autre, ont contribué,
de près ou de loin, dans la réalisation de ce travail, d’une façon spéciale Mr et Mme Dorvil
Etienne qui nous avaient ouvert les portes de leur institution (Institut Sacre Cœur du Cap-
Haitien) nous favorisant d’effectuer les différents travaux d’études, Directeur PETIT Jean Henry
et son épouse, Directeur BELL Angelot et son Epouse, Me MANASSE, Me BARCK Wilden,
Mr JOSEPH Phanaud.
Puisse ce travail contribuer dans le débat sur les perspectives d’amélioration de la situation
économique et sociale d'Haïti !
1- APPROCHE CONCEPTUELLE
1.1- Delinquance
1.2- Delinquance juvenile
1.3-Exode rurale
1.4-Bidonvilisation
1.5-Pauvreté
1.6-Chomage
2- Introduction
Chapitre I
3- Justification
4- Objectif
3.1- Objectif Principal
3.2- Objectifs Spécifiques
5- Problématique
Chapitre II
6. Approche Théorique
6.1- Les Théories Socio géniques
6.2- Les Teories de l’Etiquetage
6.3- les Tenants des Théories du Contrôle
6.4- des Chercheurs Québécois
6.5- La Conception Kantésienne
6.6- Des Chercheurs Canadiens
6.7- Le Théoricien Rousseau
Chapitre III
8. Méthodologie
7. Hypothèse
7.1- Hypothèse Heuristique
7.2- Hypothèse de travail
Deuxième Partie
Chapitre IV
Impact de la Délinquance juvénile dans la vie socio-économique de la commune du Cap-Haitien
(2009-2012)
Chapitre V
Historicité
Avant 2009
De 2009 a 2013
Les causes
Les conséquences
Troisième Partie
Chapitre VI
Perspective de l’Etat haïtien
Chapitre VII
Chapitre VIII
Conclusion
Recommandation
Perspective
2. INTRODUCTION
2
www.vie publique.fr
fréquence de la quasi-totalité des crimes atteignent leurs sommets au cours de cette période. Il
s’agit d’un phénomène à traiter dans l’urgence, car les adolescents délinquants infligent
actuellement un tort irréversible à leurs victimes. De plus, ils seront les adultes criminels et
demain les futurs parents. Il y a trop de jeunes fragiles, sans préparation qui sont devenus malgré
eux, parents. Précoces ou pas, ils ont la responsabilité d’éduquer leurs enfants. Quelle éducation
peuvent-ils inculquer à ces derniers? En 1838 paraissait un petit ouvrage dont le titre est « les
enfants vicieux et criminels » : ces enfants, on pourrait les appeler des enfants des rues, des
vagabonds, livrés à eux-mêmes, appartenant à de nouvelles classes urbaines.
Ainsi, un sujet de si grande importance doit soulever la conscience de tout un chacun, surtout le
devoir de l’Etat haïtien est fort de réfléchir et a poser des jalons concrets pour améliorer la
situation des enfants vivant en délinquance. Les causes et ses effets qui sont à l'origine de cette
déviance, de ce comportement antisocial. Après l'étude de différents facteurs pouvant provoquer
cette déviance, nous pouvons en offrir les différents éléments de solutions capables de diminuer
le taux de la délinquance juvénile.
Alors, en regardant la situation des enfants, l’ensemble des problèmes rencontrés par eux, le
manque d’encadrement des enfants ainsi que l’extrême pauvreté qui s’abaisse soit sur la famille
haïtienne soit sur les enfants, nous avons pu constater tous ces problèmes qui ont pour
conséquence directe: la délinquance des enfants haïtiens. Ainsi nous avons choisi d’étudier
l’impact de la délinquance Juvénile dans la vie socio-économique de la commune du Cap-
Haitien. Afin de soulever nos objectifs.
2.2 OBJECTIFS
A partir de nos objectifs vises, nous allons chercher en quelque sorte comment évoluer le
virus de la délinquance a partir des constats faits afin d’apporter des solutions concrets.
La Délinquance Juvénile en Haïti est l'un des plus grands fléaux de notre société, ce phénomène
est très complexe. Cette déviance est liée au développement de la société urbaine et à l'évolution
des mœurs dans le monde moderne.
Aujourd'hui la minorité délinquante fait peur. En Haïti, il n'y a pas de statistiques fiables
concernant ce phénomène, mais, plusieurs enquêtes révèlent que le nombre de garçons sont
beaucoup plus importants que les filles pour ces types de cas. Aujourd'hui, le phénomène de la
délinquance juvénile prend de plus en plus de l'importance en Haïti. Ce dernier est l’un des pays
de la région caraïbe ou la situation des enfants est des plus critiques. Selon le fonds des Nations
Unies pour l’Enfance (UNICEF), on constate dans un recensement qu’on a organise en mars
dernier, que la direction du Bien-être sociale a dénombré environ trois (3.000) mille enfants
vivant dans les rues, trois cent mille (300.000) enfants places en domesticité, près de huit cent
(8.000) adoptes chaque année et des milliers vivant en situation de rue a travers le pays, sans
souligner ceux qui font des travaux forces a l’âge scolaire. Il est du devoir de l'Etat d'avoir une
attention spéciale pour l'adolescence et l'enfance. Cette jeunesse d'aujourd'hui est appelée demain
à recueillir les reines du pouvoir. On ne peut pas laisser cette jeunesse livrée à elle-même. Par ce
temps-ci nous vivons une pareille situation, le phénomène de la délinquance juvénile prend des
proportions inquiétantes. Elle connait un rythme croissant.
Généralement, vu l'importance de ce phénomène, tout citoyen responsable ne s'aurait
resté indifférent, en se contentant de regarder cette jeunesse ne fait que s'enfoncer de jour en jour
dans l'abime. Des valeurs qui pourraient être utiles aux pays périssent. Le problème de la
délinquance juvénile est très sérieux. On parle constamment des droits de l'enfant, de la journée
mondiale des droits de l'enfant, mais, malgré tout, le mal persiste, le problème reste entier. Si on
laisse la situation telle qu'elle est, demain qui va prendre la relève ! La délinquance juvénile
représente un obstacle à l'épanouissement intellectuel, moral et social des jeunes. Les sociétés se
trouvent dans l'obligation de respecter les droits de la personne humaine. On constate que la
délinquance juvénile n'a jusqu'à ce jour trouvé de réponse visant à faire face à ce phénomène.
Particulièrement, Vu la constation faite a travers les rues du Cap-Haitien, et les dits des différent
notables interviews, cela nous pousse a réfléchir sur l’impact de la délinquance juvénile dans la
vie socio-économique de cette ville allant de la période 2009 a 2012.
2.3- LA PROBLEMATIQUE
La Délinquance Juvénile en Haïti est l'un des plus grands fléaux de notre société, ce
phénomène est très complexe. Cette déviance est liée au développement de la société urbaine et à
l'évolution des moeurs dans le monde moderne. Aujourd'hui la minorité délinquante fait peur. En
Haïti, il n'y a pas de statistiques fiables concernant ce phénomène, mais, plusieurs enquêtes
révèlent que le nombre de garçons sont beaucoup plus importants que les filles pour ces types de
cas. Aujourd'hui, le phénomène de la délinquance juvénile prend de plus en plus de l'importance
en Haïti. Ce dernier est l’un des pays de la region caraibe ou la situation des enfants est des plus
critiques. Selon le fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), on constate dans un
ressencement qu’on a organise en mars dernier, que la direction du Bien-Etre sociale a denombre
environ trois (3.000) mille enfants vivant dans les rues, trois cent mille (300.000) enfants places
en domesticite, pres de huit cent (8.000) adoptes chaque annee et des milliers vivant en situation
de rue a travers le pays, sans souligner ceux qui font des travaux forces a l’age scolaire. Il est du
devoir de l'Etat d'avoir une attention spéciale pour l'adolescence et l'enfance. Cette jeunesse
d'aujourd'hui est appelée demain à recueillir les reines du pouvoir. On ne peut pas laisser cette
jeunesse livrée à elle-même. Par ce temps-ci nous vivons une pareille situation, le phénomène de
la délinquance juvénile prend des proportions inquiétantes. Elle connait un rythme croissant.
Particulièrement, Vu la constations faite a travers les rues du Cap-Haitien, et les dits des
différents notables interviewes, cela nous pousse à réfléchir sur l’impact de la délinquance
juvénile dans la vie socio-economique de cette ville allant de la periode 2009 a 2012.
Ensuite, sur le plan socioéconomique, nous considérons le phénomène des enfants de la rue
comme le produit des rapports sociaux inégalitaires de la société ; d'ailleurs il est l'un des
problèmes concrets engendrés par cette formation sociale et économique dans laquelle nous
vivons. Donc, il faut bien que nous comprenions les rapports sociaux de production au sein de
notre société pour mieux aborder ce phénomène. Car, l'enfant de la rue porte d'emblée en lui-
même les méfaits du système social et économique dans lequel il vit, et qui le contraint
constamment dans des conditions de vie matériellement déterminées. Si nous prenons le temps
de bien observer, nous remarquerons que dans chaque enfant de la rue, il y a le produit de
l'ensemble des problèmes fondamentaux de la société. Donc, puisqu'il en est ainsi, en quoi
l'enfant de la rue, dans ses interactions, participe-t-il au renforcement de ces problèmes ?
Enfin, sur le plan psychosocial, le problème du développement sociohistorique et
psychologique de l'enfant de la rue le met directement face au schéma classique des théories de
la socialisation3 qui, à notre avis, ne correspond pas au contexte et aux modes de vie réelle,
FISCHER, Nicolas Gustave, les Domaines de la psychologie sociale : le champ
3
1.1-La délinquance
La délinquance est l'ensemble des délits, infractions et crimes commis en un lieu ou
durant une période donnée, quand on se place d'un point de vue statistique, social ou pénal. La
délinquance désigne aussi une conduite individuelle caractérisée par des infractions ou crimes
répétés4
4
www.toupie.org.dictionnaire
5
Avec une structure difficile déjà entretenue dans les villes, les gens venant de la
campagne ont du mal à s'intégrer, notamment en ce qui a trait à un logement décent. C'est ainsi,
qu'ils se mettent, eux-mêmes, à chercher un endroit favorable, gratuit ou moins cher, afin de
s'abriter. Malheureusement, ces lieux sont souvent inappropriés, vues leurs conditions
hygiéniques et autres qui ne répondent pas. On appelle ces lieux assez couramment bidonville.
1.4- Bidonvilisation
3
Larousse Pratique, p. 579
7
François Latortue, p. 52
est un terme utilisé, pour la première fois, en 1950, par Yves Lacoste, pour nommer un
quartier de Casablanca (Maroc) où les maisons étaient construites avec les gros bidons découpés
pour servir de baraquement à la population. Depuis, le terme désigne un habitat insoluble où la
population vit dans la promiscuité8. Nous pouvons dire aussi que, selon le dictionnaire Larousse
pratique, c'est une agglomération d'abris de fortune en matériaux de récupération, dont les
habitants vivent dans des conditions précaires, à la périphérie des grandes villes 9. D'autre étude
approfondie avance à dire que c'est une forme d'habitat précaire, dépourvu d'un équipement
élémentaire (eau, électricité), et dont la construction est réalisée initialement avec des matériaux
de récupération. Les bidonvilles, qui forment des quartiers urbains et périurbains considérables,
sont assez généralisés dans les métropoles des pays en développement (favelas au Brésil,
barriadas au Pérou, gourbiville en Afrique du Nord, médina en Afrique noire). Cet habitat traduit
les conditions de la croissance urbaine dans une société inégalitaire.
L'exode rural amène dans les villes une population pauvre, dont les pouvoirs publics sont dans
l'impossibilité d'assurer l'accueil et le logement. Ces néocitadins occupent illégalement des
terrains souvent inconstructibles (en raison de la pente ou de problèmes d'eau, ou parce qu'ils
sont grevés de servitudes) selon les normes habituelles. La construction se fait selon l'opportunité
d'une place libre pour minimiser les coûts, et souvent en un temps très court (maison d'une nuit
en Turquie) pour éviter une éventuelle procédure d'expulsion. Ce scénario a été fréquent pendant
le dernier quart du XXe siècle et a été l'une des formes de l'explosion urbaine. Les bidonvilles qui
n'ont pas été rasés brutalement et dans des délais courts par les autorités ont connu un processus
d'« urbanisation » par un équipement minimal en eau potable et en électricité ; les habitants se
sont organisés pour assurer des services (enlèvements des ordures). Des matériaux en dur ont peu
à peu remplacés ceux de récupération ; les plus anciens des bidonvilles ont accédé à la
reconnaissance administrative et transformés en quartier avec une représentation de type
municipal, des écoles, des services sociaux, en Haïti, nous avons l'exemple de Cité Soleil. Les
bidonvilles peuvent être envisagés dans un cycle de l'urbanisation particulier aux sociétés en
développement, mais ils ont aussi été observés localement, dans des périodes de crise, dans les
pays industrialisés.
8
Lakehal, p.67
9
Larousse Pratique, p. 149a
Les habitants de ces quartiers souffrent des problèmes multiples et sont dans une lutte
perpétuelle afin de subvenir aux besoins quotidiens dits de bases. Nous évoquons, entre autres, le
problème de nourriture qui a des répercussions assez grave sur l'état sanitaire de la population, en
particulier avec des cas de maladies comme la malnutrition chez les enfants.
En résumé, un bidonville est un quartier qui se caractérise par un développement physique
spontané, non contrôlé par les institutions publiques. Les conditions d'hygiène et de sécurité sont
précaires et ces quartiers, dans la majorité des cas, privés d'infrastructures et de services sociaux.
La bidonvilisation et la pauvreté restent des phénomènes complexes. Les chercheurs constatent
assez souvent que les deux augmentent de manière simultanée. La crise de bidonvilisation qui
prévaut en Haïti, notamment dans les guetos du Cap- Haïtien, tels; à Shada, nan Bannann,
EPPLS, Sans Raison etc., a entraîné des manifestations de certaines situations socio-
économiques vraiment néfastes à la survie de la population défavorisée. Cette dernière vit dans
l'instabilité économique, dans la pauvreté, dans l'insatisfaction des besoins de bases ou primaires.
1.5- Pauvreté
De beaucoup de points de vue, la pauvreté est si manifeste que l'on n'a pas besoin de
concepts bien pensés, ni de théories élaborées pour pouvoir la comprendre et la reconnaître en sa
réalité brutale. Pourtant, tout n'est pas si simple que l'on puisse renoncer à des réflexions
conceptuelles et théoriques.1 Celles-ci sont inévitables si l'on doit saisir ce qu'est la pauvreté,
l'analyser plus précisément pour ensuite la combattre efficacement. Comme le montre son
histoire, la pauvreté était et est encore un problème extraordinairement complexe et
multidimensionnel, présentant non seulement des aspects économiques, mais aussi des aspects
politiques, socioculturels, écologiques et bien d'autres10
La pauvreté en soi, c’est la carence de quelques choses jugées nécessaire, où entre autre
le manque de ressource matérielle nécessaire, que celle-ci soit mesurée en terme de quantité ou
de qualité. Les points de vue sont nombreux, concernant les approches sur la pauvreté. La
10
M. Mollat, Les pauvres au Moyen Age, Paris, Hachette, 1978, p. 14
mesure du niveau de vie des ménages ou des individus ou du seuil de pauvreté s'opère à travers
un certain nombre de critères et d'indices qui varient d'une Ecole à l'autre. C'est très souvent à
partir de ces critères que se construisent les stratégies de lutte contre la pauvreté.
1.6-Chômage
Période d’inactivité forcée qui caractérise la situation de personne capable, disponible et
désireuse de travailler, mais qui ne parvienne pas à trouver un emploi.11
2.1- Les Théories « Sociogéniques » mettent l'accent sur l'importance des comportements
acquis. D'après les théories de la « sous-culture », les jeunes de la classe ouvrière développent
une sous-culture nouvelle avec ses normes et ses attentes propres, et pour laquelle la vertu
consiste à défier la moralité de la classe moyenne.
2.2- Selon les Théories de l'Etiquetage, la carrière d'un délinquant est une réponse au traitement
institutionnel des agents officiels.
2.3- Les Tenants des Théories du Contrôle mettent l'accent sur l'importance de la socialisation
pour aider les individus à développer les émotions appropriées, les croyances et les intérêts qui
les attachent à la société. Des Travaux récents insistent sur le fusionnement de ces théories de
façon à obtenir une compréhension plus globale des causes de la délinquance.
11
MARC Antoine Brice Sces sociale 8e A.F. nouvelle edition Oct.99p.69
2.4- Des Chercheurs Québécois mènent une importante recherche longitudinale sur des garçons
violents. Un nombre grandissant d'études faites au Canada insistent sur les relations entre la
marginalité sociale et économique et l'activité des sous-cultures criminelles. En ciblant les
groupes délinquants et les jeunes sans-abri, ce travail révèle que les jeunes qui contreviennent
gravement à la loi, grandissent dans des milieux défavorisés, où ils font l'expérience de la
négligence, du rejet et des mauvais traitements physiques et émotionnels. Ils sont peu instruits,
ont peu de compétences professionnelles et très peu de chance de trouver de l'emploi. En raison
de leur pauvreté, ou parce que leurs parents les rejettent, ils se retrouvent à la rue. Ces jeunes
voient leurs perspectives légitimes se fermer, ce qui les laisse à l'écart de la société
conventionnelle et les plonge dans une vie de drogue, d'alcool et de graves comportements
criminels.12
2.5- La conception Kantesienne de l’éducation des enfants ondée sur la discipline et le dressage
qui transforme la nature sauvage de l’enfant en un être humain reste dominante.
13
www.the.canadiaencyclopedia.com
cette marginalisation. Les foyers à composition monoparentale ont connu un accroissement
foudroyant durant les trente dernières années. Parmi ces derniers, plusieurs sont conduits par une
femme vivant seule dans des conditions fragiles. Ces situations sont inappropriées à l’éducation
des jeunes à évolution difficile. Ces mutations sociales qui ont déstabilisé le groupe familial, les
valeurs éducatives, influent ainsi sur le développement des adolescents. On est passé en moins
d’un demi-siècle d’une éducation rigide basée sur la parole sacrée du père, à une attitude de
compréhension et de «copinage» qui a escamoté l’idée de l’obligation pour laisser place à celle
du plaisir. Ce rôle social dont les parents se déresponsabilisent peu à peu, les enseignants
scolaires sont souvent incapables de le rattraper. Tous ces facteurs sont déterminants quant à
l’intégration des jeunes au sein de la société.
2.8-Durkheim constate qu’avec le temps, le phénomène délictuel s’est banalisé et est devenu
«une conséquence du fonctionnement régulier des sociétés de cette nature». Toutefois «l’état
dangereux» qu’il présente rendra son étude indispensable.
Durkheim dans Les règles de la méthode sociologique : Le développement de nos sociétés a
entraîné de profondes mutations des ensembles urbains, des systèmes de communication, des
conditions de travail, et ont ainsi transformé les hygiènes de vie. On assiste à une rapide
expansion du phénomène d’urbanisation qui crée des problèmes d’agglutination et de chômage.
On constate d’étroites relations entre la criminalité et l’urbanisation: les taux de criminalité,
comme les taux de victimisation, augmentent avec la taille des villes et les taux sont
particulièrement élevés dans le centre des grandes métropoles. Les milieux en périphérie des
villes sont également en effet en proie à un taux de criminalité plus élevé. De nombreux
exemples peuvent être cités ici .Des conflits générationnels et culturels vont peu à peu apparaître:
le comportement des individus sera conditionné par son environnement. Un «esprit matérialiste»
occupera progressivement la première place dans l’échelle des rapports humains, les répartitions
inégales des biens et pouvoirs entre les différentes couches sociales seront de plus en plus
marqués.
2.9- Mucchielli définit «la société comme un milieu d’existence qui implique une confiance
fantastique dans son être propre bien qu’une lutte pour la vie se joue au niveau des relations entre
individus pour assurer leurs positions sociales
La société nous environne comme un système d’obligations collectives dont nous pouvons
profiter mais que nous devons assumer aussi» 14.
Autrement dit, exister socialement conduit d’une part à avoir des repères sociaux et se situer dans
une certaine classe par rapport aux autres, et d’autre part avoir une implication au sein même de
la société. L’adolescent n’existe donc pas toujours en tant qu’individu autonome. Il se valorise à
travers son groupe dans lequel il prend son identité. Vouloir appartenir à la société requiert que
l’acteur soit armé par la vie, d’un point de vue sociale, psychologique, familiale et biologique.
.La justice pour mineurs a elle aussi évoluée. Les mineurs sont punis par la loi et se retrouvent
dorénavant privés de liberté. Il existe des systèmes spécifiques à l’incarcération des mineurs
(maison de correction, maison de rééducation...) mais nombre d’entre eux restent incarcérés avec
des adultes dans des prisons. «Où sont les dangers ? Les dangers sont dans la délinquance. Les
dangers sont dans les abus de pouvoir. Et ils sont dans la spirale qui les lie entre eux. Il faut s’en
prendre à tout ce qui peut renforcer la délinquance. S’en prendre aussi à tout ce qui, dans la
manière de la punir, risque de la renforcer»
Nous voudrions terminer en soulignant qu’il est a la fois un devoir moral et une exigence
sécuritaire fondamentale pour la communauté nationale d’aider les pouvoirs publics dans la sous-
région a assurer l’immense tache de la prise en charge de la question du respect des droits
enfants. Il faudrait que la communauté national s’emploie aujourd’hui a désamorcer cette bombe
a retardement constituée par la présence dans les rues de ces enfants qui, en grandissant ne
connaissent que le vol, la drogue, la prostitution et la violence .Pour éviter qu’elle ne se retrouve
plus tard face a la nécessité de mobiliser dix ou cent fois plus d’énergie ,de ressources humaines
et matérielles pour mettre fin aux violences, aux crimes ethniques et guerres civiles dont ces
derniers seront ces principaux acteurs.
L’homme est ne bon la société le déprave, le corrompte ( Rousseau), la délinquance est toujours
juvenile.comme l’acne. Les jeunes grattent leurs acnes a tout va. Il est légitime de se demander si
la prison est réellement la solution pour traiter la délinquance. Ces jeunes désintégrés
socialement ne vont-ils pas plonger toujours plus bas?
2.10- Rousseau fut en effet le premier théoricien á célébrer les bienfaits d’une éducation a la
spontanéité naturelle de l’enfant. Echappant durant les premières années de sa vie a la corruption
14
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sociale que manqueront pas de lui transmettre les adultes, l’enfance, et avec elle sa dimension
naturelle doit être protégé le plus longuement possible ; ce qui implique de considérer l’enfant
comme un être a part entière et de respecter les spécificités de son développement physique et
mental.
Notre intervention de la délinquance juvénile se fait suite a Rousseau qui parlait
beaucoup sur la sensibilisation et la motivation de l’éducation des enfants à la base et cela servira
une sorte de prévention de tomber dans la délinquance, l’enfance, et avec sa dimension naturelle
doit être protège le plus longuement possible; ce qui implique de considérer l’enfant comme un
être a part entière et de respecter les spécificités de son développement physique social et
mental. Sans une volonté d'accepter des réformes étendues et des solutions requérant des
réajustements majeurs de notre mode de vie, on ne pourra pas réduire la délinquance de façon
significative.
SECTION.1- HYPOTHESE
15
DANIEL Verba Le métier d’éducation de jeunes enfants, Les édition Syros-alternatives, 1990,p.46 pages 212
L’éducation haïtienne doit viser avant tout à favoriser la formation de l’homme. Citoyen-
producteur capable de modifier les conditions physiques, naturelles, de créer les richesses
matérielles et de contribuer à l’épanouissement des valeurs culturelles, morales et spirituelles.16
- L’école haïtienne est un processus global et continu de formation humaine et individuelle
qui permet d’intégrer tous les aspects d’une formation complète et harmonieuse.
L’éducation physique et sportive. La formation morale, civique et religieuse
- Le développement du patriotisme et de la conscience nationale
- Initiation a la science et a la technologie. La préparation au travail et a la vie active
- L’entrainement aux activités productives et aux processus du développement
16
DANIEL Verba Le métier d’éducation de jeunes enfants Ibid., p.49
CITATION: Friendrich Frobel (1782- 1852) “Le petit enfant ne tête pas seulement sa mère, mais le monde autour de lui avec tous ses sens”.
SECTION.2 -METHODOLOGIE
Pour rendre notre travail de recherche possible, nous avions du consentir des dépenses
scientifiques, techniques et financières considérables, Nous avons recourir a l’exploitation
rationnelle de certaines bibliothèques et aux ressources humaines. Les premiers concernes de
notre travail de recherché ce sont les enfants des rues, puis qu’ils sont l’objet de notre étude.
Cette dernière porte sur la délinquance du secteur juvénile qui est un phénomène social, attitude
contraire aux valeurs. Nous nous limitons a la ville du Cap-Haitien vers les guetos tels; Shadda
et EPPLS en interrogeant plus de vingt cinq enfants. Questionnaire en Annexe. En outre, ce sont
les institutions éducationnelles parce qu’elles sont responsables de l’éducation sociale, telles:
MENFP, IBESR. A partir des informations recueillies, on peut dire la délinquance juvénile est
réputée au Cap-Haitien, cause d’irresponsabilité et manqué de formation des jeunes parents
envers leurs enfants; brutalité des parents; promiscuité; abus sexuel des enfants en domesticité.
Les zones les plus réputés dans l’immigration de cette commune, Pilate, Plaisance, Trou-du-
Nord. Et ensuite une enquête se traduisant par des visites dans des centres pénitentiaires
infantiles, des interviews accordes a des défenseurs des droits des enfants nous a permis de
crédibiliser nos résultants.
SECTION 3- PRESENTATION DE LA VILLE DU CAP-HAITIEN
3.2- Bibliographie
Le Cap-Haitien est la deuxième ville D’Haïti par sa situation, sa population, son
commerce et son importance touristique. Cette ville est une des plus anciennes du pays. Elle
existait déjà du temps des indiens et les Espagnols l’appelèrent Guàrico. Plus tard les Français la
dénommèrent le Cap-Français.
Le Cap-Français, c'est alors son nom, s'affirma rapidement comme la ville la plus
prospère et la plus importante de la colonie, en dépit des nombreux incendies et séismes qui la
frappèrent. Cette ville et sa région servirent de cadre à des évènements majeurs de la guerre
d'indépendance : La cérémonie de Bois-Caïman, arrivée de Santhonax, débarquement de
l'expédition Leclerc, bataille décisive de Vertières. Ajoutons que Toussaint Louverture était
esclave sur l'habitation Bréda et que le futur roi Henry Christophe travailla à la fondation d'une
auberge au Cap. Quelques années après il se fit couronner dans cette ville et la rebaptisa Cap-
Henry mais lui préféra son palais de Sans-soucis. Cap-Haïtien fut la première ville coloniale
française dotée d’un tracé moderne. Ses rues à implantation orthogonale offraient un passage aux
vents alizés. De nombreuses fontaines agrémentaient la cité, qui ne présenta jamais l’aspect
d’une place forte. Après chaque incendie ou séisme, elle fût toujours relevée selon le même
tracée. Le quai destiné aux marchands ne fut installé qu’après l’indépendance.
Depuis le début du XXe siècle, la délinquance juvénile en Haïti s’est aggravée. Bon
nombre d’enfants en bas âge se sont retrouvés un peu partout dans les rues.
Abandonnés de leur foyer natal, ces enfants mènent une vie pénible dans les aires
métropolitaines le plus souvent. Leurs principales activités sont en autres la mendicité pour
survivre. Au levé du soleil, ils se trouvent le plus souvent dans les aires du Champ de mars, au
carrefour d’Aviation pour ne citer que ceux-là. Ces zone s restent et demeurent leur principal
centre de nuit. Dans les rues de la capitale, ils marchent en groupe en vue de mener leurs
activités. Manipulés le souvent par certains groupes plus de gang ou d’autres secteur afin
commettre des actes répréhensibles, ces enfants ont beaucoup contribué dans les actes de
kidnapping sévissant en Haïti.
17
Fred E. DENIS
moins de 13 ans, quelle que soit la gravité de l'infraction. Elle est facultative si le mineur est âgé
de plus de 13 ans au moment de la commission de l'infraction. L'ensemble des mesures
d'assistance, de surveillance et d'éducation, se substitue alors au régime légal de la peine de droit
commun.Cependant, l'exemption n'est pas obligatoire et les juges peuvent prononcer une
condamnation pénale, "lorsque les circonstances et la personnalité du délinquant leur paraîtront
l'exiger." Dans cette hypothèse, il ne s'agit pas d'une exemption mais d'une atténuation (art. 51 du
Code pénal).Aujourd'hui, de nombreux pénalistes soulignent que la question de la responsabilité
pénale des mineurs et de la répression de la délinquance est de plus en plus complexes. Il résulte
d'un impératif Kantien que celui qui a commis une infraction doit être condamné conformément
à la loi. Concrètement, le législateur haïtien prévoit les peines les plus fortes pour sanctionner les
actes qui causent le trouble social le plus grave, non pour la sanction elle-même, mais pour servir
d'exemple et avoir une retombée préventive.Le mineur délinquant face à la loiSelon la loi du 7
Septembre 1961, les mineurs reconnus coupables d'infraction pénale doivent faire l'objet de
mesures de protection, d'assistance, de surveillance et d'éducation.
Pour le mineur de plus de 13 ans, cette loi instaure un régime de liberté surveillée : Celui
qui a encouru la peine des travaux forcés à perpétuité, sera astreint à huit ans de traitement dans
un Centre d'Education corrective de l'État. S'il a encouru la peine des travaux forcés à temps, de
la détention ou de la réclusion, il sera soumis à un traitement de trois ans au plus dans un Centre
professionnel spécialisé de l'État (Article 1er modifiant l'article 51 du Code pénal).Le Code pénal
haïtien date de 1825 et compte 182 années d'existence (nous sommes en 2007). Il a été annoté
sans avoir subi de modifications sensibles. Il semblerait que les législateurs haïtiens ne se soient
jamais souciés de l'épreuve de la réalité, de la mouvance sociale et de la dialectique des forces,
pour répéter l'autre, et se soient encrassés dans la routine de ce Code pénal plus que centenaire.Et
l'homme de loi (magistrat, juriste) est forcé, dans certaines circonstances, de se référer au modèle
étranger, au droit français plus précisément, pour trancher des problèmes qui affectent la société
haïtienne.Or, comment faire face efficacement à la minorité délinquante en Haïti ?
En sommes, la délinquance juvénile est un phénomène social qui risque d’exposer le pays à un
temps donné, si tous les citoyens n’assument pas leurs responsabilités.
SECTION 5- L’EMERGENCE HISTORIQU DE LA DELINQUANCE
18
FISCHER, Nicolas Gustave, les concepts fondamentaux de la psychologie sociale, Dunod, Paris, 2005
D'abord, de 1971 à 1986, sous le régime dictatorial des DUVALIER, il y avait un exode rural
économique manifestement accéléré à Port-au-Prince depuis Papa Doc jusqu'à l'arrivée des
premières manufactures de sous-traitances en Haïti sous le régime de Baby Doc ; une
désorganisation de la famille paysanne dans les provinces devient une concentration de cette
même catégorie de familles dans la capitale que l'on appelait à l'époque la « population
secondaire » et qui constituait la première montée de nos bidonvilles à Port-au-Prince. A ce
moment, les enfants de ces bidonvilles sans surveillance parentale ont commencé à se constituer
des bandes en fonction de leur âge, de leur proximité et de leurs besoins ; aussi, ils ont
commencé à créer petit à petit leurs espaces de regroupement clandestin, soit devant les églises,
devant les salles de cinéma, sur les places publiques, dans les marchés, etc., parce qu'à cette
époque, il y avait une instance de contrôle du bien-être social ( CHALAN) et le groupe des 19
volontaires de la sécurité nationale (VSN / Macoutes) qui empêchaient ces enfants vagabonds
non encore dits de la rue, ou du moins non encore définis en tant que tels, de se regrouper
librement dans la rue.20
Ensuite, de 1986 à 1990, il y avait un renversement politique en Haïti caractérisé par la
fin d'une longue dictature ; puis survenait un exode politique interne et externe siégeant à Port-
au-Prince d'une vague d'immigrants se sentant libérés sous le poids de cette longue période de
dictature. C'était la période d'une seconde montée de nos bidonvilles dans la capitale, et aussi
c'était le moment où le pouvoir politique était beaucoup plus militaire que civil. Pour être plus
clair, c'était une période où les institutions publiques d'Etat étaient faibles et elles n'avaient aucun
contrôle des situations qui se déroulaient à l'époque ; encore moins des groupes d'enfants qui
deviennent de plus en plus visibles dans les rues avec des étiquettes identitaires de « SAN
MANMAN » ou de « SE LAVI » , et avec des pratiques statutaires comme la mendicité, le
lavage des voitures, des vaisselles et le lavage des pieds des commerçants à la Croix des
Bossales. Egalement, de 1990 à 1994,21 l'ancien prêtre Jean Bertrand ARISTIDE devient
19
FOURNIER, Louise et MERCIER, Céline, Sans domicile fixe/au delà desstéréotypes, Méridiens, Québec, 1996
20
21
FRANCOIS, Cholette- Pérusse, La psychologie de l'adolescent de 10 à 25 ans, ed. Du Jour, Ottawa, 1966
président d'Haiti ; passant quelques mois au pouvoir, un coup d'Etat militaire venait terrifier d'un
côté les aspirations du nouveau président et, de l'autre côté, l'espoir de la population. Le chaos
s'installait à nouveau. A cette période, nous étions en face d'une dictature militaire avec tous les
dangers que cela implique ; par exemple, la formation d'une nouvelle force de répression
(FRAPH : Front pour l'Avancement et le Progrès d'Haiti), 22 des vols, des crimes et des
assassinats. Un embargo économique a été imposé à Haiti, durant cette même période, suivi
d'une invasion militaire américaine (les MARINES) dans le but de pacifier le territoire, d'y
instaurer la démocratie et qui, du même coup, servira à faciliter le retour de l'ancien président
exilé. Vu l'atrocité de cette situation, les enfants de la rue continuent à lutter pour la vie ; malgré
tout, ils recherchent les traces de la vie dans les poubelles des MARINES américaines. A cet
effet, il n'y avait pas d'autres manières plus descriptives de les identifier à l'époque que de les
appeler « KOKORAT ».
Outre ces années précédentes, la période allant de 2000 à 2004 était caractérisée par de
graves bouleversements sociopolitiques en Haïti. Plusieurs catégories sociales et politiques de
cette époque se regroupaient pour protester contre la mauvaise gestion du pouvoir par le régime
en place, alors que les partisans de ce régime résistèrent avec tous les moyens dont ils
disposaient pour protéger les intérêts du gouvernement et les leurs. Vols, corruption, crimes
politiques, incendies, pillages, kidnapping sont les principaux actes manifestant la résistance des
partisans de ce régime connus à l'époque sous le nom de « RAT PA KAKA » ; puis le diminutif
semble être attribué aux enfants de la rue comme étant des « TI RAT ».
Enfin, de 2004 à nos jours, une seconde invasion militaire transnationale arrive en Haïti.
Rien n'a vraiment changé. Après examen, un gouvernement de transition a été établi, les
bouleversements restent inchangés ; il n'y a plus de trêve. Suite à l'élection présidentielle en
2006, un nouveau régime est au pouvoir, s'efforçant de travailler à l'éradication de quelques
problèmes qui bouleversent la société. Par contre, le coût de la vie s'élève et la hausse des prix a
contraint la population à manifester en revendiquant ses droits à la nourriture et en protestant
contre le chef du gouvernement... Cependant, les enfants de la rue vivent quotidiennement
l'aigreur du coût de la vie ; leur situation reste et demeure une vie de grappillage, ce qui a
actualisé leur existence comme étant aujourd'hui des « GRAPYAY ».
22
FREIRE, Paulo, Pedagogy of the oppressed, the continuum publishing company, New York, 1998
A l'état actuel, au niveau national, le nombre des enfants délinquants varie entre 1500 et
2000. On les retrouve dans presque tous les recoins du territoire, spécialement dans les grandes
villes telles Cap-Haitien en est une, et on les retrouve dans ces localites suivantes : Shadda, Nan
Bannann, EPPLS etc.. Dans les rues, ces enfants vivent, grandissent et travaillent ; ils s'adonnent
à toutes sortes de pratiques, rémunérées ou pas, qui leur permettent de satisfaire les besoins les
plus fondamentaux tels que : manger, boire, se vêtir, se loger et se soigner dans une lutte
incessante qui doit garantir la survie. A Cap-Haitien, la visibilité de ces groupes d'enfants est
manifeste. Sur les trottoirs, dans les marchés, sur les places publiques, devant les églises, ils s'y
affichent jour et nuit sans le moindre signe de fatigue. Ils sont des candidats potentiels à
l'espérance, au mépris, au rejet, à la violence ; ce qui fait qu'il porte le nom de Selavi, Kokorat
et Grapiyay .
Au niveau international, le phénomène des enfants de rue est bel et bien visible. De
Mexico à Madrid, de Brasilia à Hanoi, de Kinshasa au Sud de l'Italie, on retrouve des enfants qui
vivent de la rue ; sous alimentés, exploités, malades, maltraités, abandonnés, ces enfants habitent
et survivent dans les rues où ils sont contraints à travailler, à mendier, à se prostituer dans une
quête incessante pour trouver de quoi subsister. Dépendamment de la culture, ils portent des
noms différents qui aident à les identifier plus facilement ; par exemple, suivant les pays, on les
appelle : Sin casa, Streetkids, Sem casa, Niños de calle, Strasskinder, Homeless, etc. Ces enfants
représentent approximativement entre 50 et 120 millions de la population mondiale.
Tableau 5.1- Présentation de l'émergence historique du phénomène de la délinquance
Contexte Identité Pratiques
La famille, structure fondée sur un contrat matrimonial de l’homme, la femme et les enfants ne
de leur union. Contribue a la satisfaction des besoins des enfants, permet de se développer
harmonieusement. Durant la croissance, l’enfant qui vit avec sa famille s’individualise
progressivement. Par l’intermédiaire de ses parents, il a acquis des manières, des habitudes et
des façons de vivre
4.1.1 La famille monoparentale
La famille monoparentale est caractérisée par la présence d’un seul parent. Cette
situation peut être volontaire ou involontaire ; le décès d’un des conjoint, un divorce, une
séparation ou encore un parent célibataire qui décide de garder son enfant seul, le plus souvent
la mère. On a souligne aussi que les parents isolés connaissent plus souvent le chômage. Ce
constat montre en tout cas la situation souvent difficile des parents et des enfants dans les
familles monoparentales. se rencontrent à travers tout le territoire Haïtien. Il s'agit d'un
phénomène à évolution croissante.23
23
MC Graw-HILL, Chemin faisant vers une meilleure qualite de vie, Canada, Bibliotheque nationale du Quebec, 1984,25 p.332
pages.
certains parents élèvent leurs enfants trop durs. Trop de rigidité pousse les enfants à chercher
des solutions dans la rue. Trop de sévérité les contraignent également à abandonner le toit
familial jusqu'à tomber dans l'illégalité. Étant incapable de subvenir à leurs besoins, ils vont
jusqu'à pratiquer tout un ensemble d'actions contraires aux mœurs de la société. De là étant, ils
tombent dans l'impudicité, le vol, la débauche, les actes sexuels. Ainsi, ils deviennent des jeunes
délinquants à troubler l'ordre social, provoquer le chaos social en cherchant à obtenir leur
satisfaction. Fait encore marquant les enfants issus de ces familles, sont continuellement
torturés par leurs parents qui déchargent sur eux le poids de leur misère prétextant les corriger.
Voilà une situation de plus qui peut inciter des jeunes et malheureux innocents à devenir des
délinquants.24
4.1.4 Enfants de bidonville
Les bidonvilles sont des lieux où se trouvent les constructions anarchiques, un lieu qui
n'ont aucune structure adéquate. La nourriture des gens qui y vivent est entre pain sec et
cigarette, une situation socio-économique lamentable pour les enfants de bidonvilles. Il est
grand temps que les pouvoirs publics se penchent sur le phénomène de la ghettoïsation. Il est
reconnu que les ghettos sont des foyers latents de troubles et de soulèvement populaire. La
majorité des enfants qui vivent dans les bidonvilles quittent l'école a bas niveau. Ils préfèrent
travailler pour aider aux besoins matériels de leurs familles. 25 Travailler est devenu leur jeu
favori, pour ces enfants là, un jeu de survie, dans un lieu où la misère est palpable. De lourdes
responsabilités tombent ainsi sur les enfants de bidonville :
Cette situation lui donne le sentiment de se perdre dans l'espace. Il se sent déstabilisé, il n'a pas
de maison qui le protège des dangers extérieurs.
Par exemple après les catastrophes naturelles telles : cyclone, tremblement de terre, inondation
et autres a fait beaucoup de gens sans abri. En ce lieu, les enfants tombent souvent malade à
cause de l'humidité et de la salubrité de l'environnement, ils n'ont pas d'autres endroits, ils sont
obligés d'y rester. De ce fait, les responsables locaux étaient dans l'obligation de recasser les
familles sinistrées dans les logements destinés initialement aux habitants des bidonvilles.
24
www.the canadiennencyclopedie.com
25
ameenah90.blospt.com
Une grande partie des enfants de bidonville brulent les étapes de la croissance psychologique.
Ils passent de l'étape de la petite enfance à celle de l'adulte sans transition.
27
www.ladissertation.com
« la délinquance juvénile englobe tout». Dans bien des cas, quand la famille fait défaut à
l'enfant, la rue y supplante et se présente généralement comme l'espace d'accueil le plus
accessible aux yeux de l'enfant. De cet espace public 28 qui, grâce au transport, est un espace de
transport et, grâce aux marchands, un espace de commerce, l'enfant se trouve exposé à une série
d'interactions déterminantes pour son futur. Cet espace public, dans lequel on fait la
collectivisation des déchets urbains, où les actes délictuels et criminels sont très fréquents et,
aussi, dans lequel les nuisances sonores, olfactives et thermiques sont abondantes, est devenu
grâce aux enfants, un espace de lutte pour la vie. La rue a rendu floues et limite la notion de
territoire et celle de la propriété privée. En étant le dénominateur commun d'une population
entière, la rue appartient à tous, et, en même temps, elle n'appartient à personne.
28
Criminologie », 1996, 4e édition., 128p.
Le lendemain du 29 février 2004, ces jeunes délinquants lourdement armés, ont redoublé
d'activités. Tandis que par le passé la minorité délinquante était individuelle et rarement
collective, avec pour seuls reproches des délits rarement graves, s'il en était, aujourd'hui elle
évolue à l'inverse et est surtout utilisée comme instrument placé au service d'un activisme
politique généralisé et systématique.
Le milieu immédiat pour tout enfant est la famille où la culture lui est présentée et
inculquée comme mode de vie et exemple à suivre. Cet environnement est donc important pour
nous dans notre recherche des causes de la minorité délinquante. Dans notre société, la famille
est en proie à une grave crise culturelle. Les familles y sont constituées par union libre, souvent
par des jeunes gens, non encore majeures ou mûres, de préférence. Elles sont aussi
monoparentales.
Les familles légalement constituées sont, pour certaines, concernées par ce genre de
difficultés. Un problème fort important est le surpeuplement et la promiscuité du fait de l'extrême
pauvreté. La famille se désagrège parce que l'autorité parentale disparaît ou s'amenuise à cause
de l'absence au foyer des parents. Le rôle de la femme en vient à être révisé, car elle aussi doit
participer à la construction de l'économie familiale ; pauvreté et nouvel ordre mondial obligent.
Dr. Legrand Bijoux a montré qu'en Haïti, que si le père existe dans la famille, les relations des
enfants avec lui sont lointaines, superficielles, coloriées par la peur, la méfiance, la rébellion, et
même la mère encourage cette rébellion en une alliance subtile avec l'enfant. Ces relations ont,
en général, des impacts psychologiques néfastes, surtout en ce qui a trait à la délinquance
juvénile31. Les études de Tieche Maurice ont révélé que 70% à 80% des délinquants proviennent
30
LOUIS Second,le livre de proverbe,La saint bible 256 p.
31
Legrand Bijoux, « Coup d'œil sur la Famille Haïtienne, Port-au-Prince et des Antilles », SA 1990, p.66
de familles dissociées. La torture, le manque de communication dont font preuve les parents
envers leurs enfants ont un impact très négatif sur les jeunes qui sont de bons imitateurs.32
L'alcoolisme chez les adultes est un autre facteur qui explique le penchant de nos jeunes
enfants vers les substances psychotropes. Aussi Nancy Plet déclare-t-elle que l'enfant qui se
drogue imite ses parents. L'aisance et l'abondance excessives facilitent la pratique des vices chez
nos jeunes. Les enfants issus de milieux aisés, trop tôt indépendants et disposant d'argent, en
viennent à pratiquer des délits graves. Dès lors, la famille devient un lieu de contradiction
affective. Au lieu d'être un instrument de socialisation, d'apprentissage de comportements et de
normes admis par la société, du dressage sous l'autorité des parents, elle devient contrainte,
obligation, lieu de conflits dont l'enfant cherche à s'éloigner.33
Chez l'adolescent la contradiction est ressentie avec plus de violence. Le père autoritaire,
ou le père démissionnaire, est rejeté avec fureur ou mépris. Le couple désuni, ou trop uni et
fermé sur lui-même n'est pas toléré. Tout éclate et les adolescents cherchent une compensation,
une vengeance ou une évasion dans le repli sur des groupes de jeunes opposés aux adultes, dans
la délinquance ou dans la drogue. Le malaise et l'espoir engendrés par cette situation apparaissent
plus concrètement dans l'expérience des nouveautés.34
32
Tieche Maurice : « Guide Pratique d'Êducation Familiale », Paris et SDI Domrie les Lys, p. 962, p.372
33
Van Pelt Nancy : « L'Enfant Epanoui », op. cit. 151.
34
Paul Henri Chombart de Lawe : « Psychologie Sociale du Changement »,
35
Chronique Sociale, 7 rue Plat Lyon 690002, p. 20
étrangers : les adolescents découvrent leur espace de liberté d'adulte, ils en testent les limites. La
grande majorité des futurs délinquants ne commencent à commettre des actes illicites qu’à partir
de l’adolescence.
Si donc la délinquance peut commencer dès l’âge de 14 ans environ, c’est que cela correspond
au moment où l’enfant sort de la dépendance directe et presque exclusive à ses parents dans la
définition de lui-même, dans la construction de son identité.36
6.1 Vols avec agression : Les jeunes agresseurs ont comme cibles les personnes qui ont peu ou
pas de moyens pour se défendre : jeunes filles esseulées, vieillards, enfants… Ce sont les portes
monnaies, les sacs qui sont arrachés. Parfois les agresseurs s’emparent des atours de leurs
victimes (montres, bracelets, chaînes…)
6.2.Violence gratuite : « On déconne pour se défouler ». Ce n’est point un besoin matériel ou la
pauvreté qui pousse le délinquant à suer de violence gratuite (on tabasse une jeune fille, on
casse des vitres de voitures…) mais peut être envie sans doute négative, d’exprimer sa
personnalité.
6.3. Violence verbale : le délinquant est souvent vulgaire, grossier, impoli. Il a tendance à ne
pas respecter les adultes, à les défier. Il n’est jamais triste quand il se voit traiter d’un voyou. Il
trouve un malin plaisir à transgresser toutes les règles d’une bonne moralité, d’une bonne
éducation. En ce sens même, l’accoutrement des délinquants (gros pantalons, casquettes à
l’envers, cheveux tressés…) cherche la marginalisation.
6.4. La drogue et l’alcool : La consommation de tabac et de drogue rime avec la délinquance
juvénile, de même que la consommation de l’alcool. C’est pour le délinquant une façon (sans
36
ameenah90.blogspot.com
doute mauvaise) de s’affirmer, de se donner du plaisir « chaud ». Souvent les délinquants font
précéder leurs méfaits de la consommation d’une bonne dose d’alcool ou de drogue.
6.5. Le viol : Une mauvaise éducation sexuelle peut pousser le délinquant à violer des jeunes
filles.
6.6. La prostitution juvénile féminine comme masculine est une forme de délinquance.37
L'environnement dans lequel l'enfant délinquant est impliqué délimite préalablement les actions
de celui-ci suivant des conditions matérielles qui, dans la structure globale de la société, doivent
lui garantir la survie. Pour une telle survie, l'enfant développe des rapports sociaux
fondamentaux, tels que ses rapports avec le milieu, les individus et avec d'autres artefacts de la
société qui font le lien entre ses activités socioéconomiques et la satisfaction de ses besoins de
chaque jour. À dire vrai, ces rapports ne sont pas en dehors des conditions matérielles
déterminées et déterminantes dont le contenu fait répercussion dans le milieu de vie de l'enfant
de la rue ; au contraire, ils prennent corps et se renforcent à l'intérieur même de ses conditions
pendant qu'ils orientent, canalisent les attitudes et les comportements de l'enfant de la rue dans la
logique de la conservation de sa vie. Alors, comment celui- ci arrive-t-il à conserver sa vie ?
37
www.coursdemorale.wifi-bar.com
Au Carrefour de l'Aéroport et au Champ de Mars, notre recherche nous permet de comprendre
que l'enfant de la rue, sujet de notre échantillon, fait la conservation de sa vie à travers ses
pratiques et ses activités quotidiennes. Dans de telles activités, il utilise, comme le dit Marx, sa
capacité de travail pour la satisfaction de ses besoins et, constamment, il la reproduit puisque la
nécessité de survie l'exige suivant ce qui est ou ce qui a été établi dans la conscience de ce
dernier lors de la formation de sa personnalité. Selon Lucien SEVE 90(*), voici le schéma qui
correspond à cette forme de reproduction :
A cet effet, dans le cas de notre recherche, nous avons aussi utilisé ce même schéma tout en
essayant de le remanier pour expliquer l'idée de la conservation de vie des enfants de la rue au
Carrefour de l'Aéroport et au Champ de Mars ; ceci étant dit, le schéma devient :
si la capacité de travail de l'enfant de la rue s'insère dans cette spirale, ce n'est pas étonnant que
son développement intégral soit limité, aboutissant à un type d'individu dont la conscience,
l'intelligence, les conduites affectives ne lui permettent pas de dépasser ses conditions matérielles
d'existence, mais de les reproduire. C'est ce qui fait que, dans l'Idéologie allemande, Marx et
Engels, ont mentionné :
« Si les circonstances où cet individu évolue ne lui permettent que le développement unilatéral
d'une qualité aux dépens des autres, si elles ne lui fournissent que les éléments matériels et le
temps propices au développement de cette seule qualité, cet individu ne parviendra qu'à un
développement unilatéral et mutilé. »91(*)
A ce propos, il nous est revenu de comprendre que les conditions et les circonstances dans
lesquelles l'enfant vit quotidiennement au Champ de Mars et au Carrefour de l'Aéroport
déterminent un niveau, un type et un rythme de développement physique, socio affectif et
intellectuel à ce dernier qui soit caractéristique de son travail, de ses pratiques et de ses activités
dans le but de produire sa vie par la consommation et la satisfaction de ses besoins.
7.4- L'enfant développement crée sa journée et, en retour, elle définit son histoire
Dans la rue, l'enfant délinquant e est présent du matin au soir danst les rues et ` se manifeste
en tant que tel à travers ses modes de production de vie, notamment ses activités matérielles
et/ou ses rapports socioéconomiques comme la mendicité, l'essuyage de voitures, le vol, les jeux
de toutes sortes, etc. qu'il réalise à longueur de journée.
De notre échantillon, les cas que nous avons étudiés ont démontré que nos sujets d'étude ont
quasiment la même cadence, tenant compte des activités qu'ils ont réalisées au cours d'une
journée. A partir de ce tableau ci-après indiqué, nous allons présenter la récurrence de leurs
activités de chaque jour :
Dans ce tableau est affiché l'ensemble des items qui définissent les activités de chaque jour de
l'enfant de la rue de manière régulière au Carrefour de l'Aéroport et au Champ de Mars. De ce
fait, la récurrence de ces activités chez chacun de nos sujets (Cas I, II, III, IV) nous permet de
déterminer les conditions dans lesquelles l'enfant de la rue crée son quotidien qui, par répétition,
le conduit à un mode de reproduction de vie déterminé par ces conditions et qui, bien sûr,
participe au renforcement de ces mêmes conditions chaque fois que l'enfant de la rue produit un
travail et/ou consomme les résultats de ce travail pour la satisfaction de ses besoins.
En fait, la satisfaction des besoins réels de l'enfant de la rue dans laquelle s'entremêlent
« Production et Consommation »92(*) ne débouche pas nécessairement, pour sa réalisation, sur la
reproduction du capital au premier chef. L'enfant de la rue, un individu qui mène forcément des
activités rémunérées, reproduit sa capacité de travail pour satisfaire ses besoins immédiats de
chaque jour, l'essence de sa survie, tout en formant de manière continuelle et continuée sa
personnalité et en renouvelant ses conditions matérielles d'existence. Donc, si l'enfant gagne
Trois cent cinquante (300) gourdes par jour, voici comment il en fait généralement la
consommation selon les résultats consignés dans ce tableau:
Total final
264
Et c'est ainsi que l'enfant de la rue fait ses dépenses journalières. Tout cela, c'est pour insinuer
que le travail ou les activités que celui-ci réalise quotidiennement, produisant du numéraire,
représentent l'élément matériel fondamental qui lui permet de produire sa vie matérielle par la
consommation de ses gains journaliers, fruits de sa capacité de travail. Ces gains ou ces revenus
journaliers, une fois consommés pour la satisfaction de ses besoins, l'enfant de la rue est conduit
constamment à reproduire sa capacité de travail dans cette même lignée, du Lundi au Dimanche
et de Janvier à Décembre pour s'assurer la survie. Une telle nécessité de survie n'exige pas
nécessairement à l'enfant de la rue d'intégrer des structures de domination et d'exploitation à
partir desquelles des relations de production se sont déclenchées en tant que manières de garantir
l'accumulation du capital d'un patron ou d'une institution. Au contraire, elle provoque chez ce
dernier des comportements d'autodestruction ou d'auto-dénigrement sur tous les plans : social,
économique, psychologique, politique et culturel qui sont liés de loin à des relations de
domination entre classes, certes ; mais qui sont davantage les résultats d'une exploitation de soi
par soi dan le système de production sociale et économique. Si nous nous référons aux réflexions
de l'auteur Jn Anil Louis-Juste dans un article « la question de la personnalité chez le paysan
haïtien » nous ajoutons pour finir que cette une sorte d'auto exploitation.94(*)
Par rapport à toutes ces questions, nous avons vite compris que l'enfant de la rue, en luttant pour
la survie, lutte en même temps pour se faire une place dans la société. De 1986, 1996, 2006 à nos
jours, l'enfant de la rue existe, s'affiche, est et vit dans la rue. Il fait partie de la société, il est un
élément de la structure sociale et, par dessous tout, nous le représentons clairement dans notre
conscience, soit à partir des activités qu'il réalise à longueur de journée, soit à partir des services
que nous lui offrons chaque jour, soit à partir des abus que nous lui faisons subir ; nous le
représentons en tant que tel. Cependant, à chaque fois qu'il nous soit arrivé de parler de son futur,
nous prenons toujours les devants pour dire qu'il n'y a pas d'espoir. Ce qui fait que dans la
société, pour la grande majorité de la population, nous attendons à ce qu'il devienne des voleurs,
des criminels et à ce qu'il reste des Grapyay, Kokorat, Se lavi, etc. pour le reste de sa vie ; car, en
toute évidence, c'est cette place que nous lui réservons dans la société.
En fait, quoique le devenir de l'enfant de la rue soit fortement déterminé, cela n'empêche pas qu'il
a des aspirations ou qu'il rêve d'une autre vie qui soit meilleure et qui dépasse amplement ce que
la société a fait de lui. A cela, pendant la période de l'enquête, les sujets de notre échantillon nous
ont permis de comprendre les quelques aspirations possibles :
Alors, étant enfant de la rue qui vit dans un milieu où les conditions prédéfinies, déterminées et
contraignantes ne lui offrent que la possibilité de développer une seule qualité, celle de satisfaire
les mêmes catégories de besoins et de maintenir chaque jour les mêmes types de relations
sociales, comment arrivera-t-il à rendre effectives et à matérialiser ces aspirations ? De plus, ces
conditions d'existence peuvent-elles le conduire à ce port ? Devenir95(*) président, Ingénieur, etc.
ne se réfère pas totalement aux héritages96(*) sociaux, culturels, politiques et économiques de
l'enfant de la rue ; les conditions matérielles d'existence dont l'enfant de la rue a héritées de sa
famille, de son milieu de vie, de ses aînés ( la génération d'avant) et de sa classe sociale et , en
outre, celles qui lui sont imposées et qu'il finit par accepter en les reproduisant encore et encore
depuis 1986 jusqu'à présent n'ont presque aucun rapport à ces positions sociales, économiques et
professionnelles. Au contraire, selon les résultats de nos observations et de nos entretiens, de
1986 à nos jour, les positions sociales, économiques et professionnelles que l'enfant de la rue a
toujours atteintes et qu'il continue à les reproduire de génération en génération par rapport à ce
qu'il a vu, entendu, appris, réalisé, et acquis et qui s'est maintenu de manière durable dans sa
personnalité sous forme de dispositions permanentes sont totalement différentes. Etant celui qui
ne possède aucune des forces productives du système de production socioéconomique en vigueur
et, aussi, n'étant pas capable de jouir du capital suffisant, les positions de l'enfant de la rue au
cours des vingt (20) dernières années peuvent se présenter de cette manière :
Donc, la liste de la partie droite se réfère aux activités ou aux positions qui sont généralement
accessibles à l'enfant de la rue en devenant adulte et à partir desquelles il continue pour vivre. A
ce moment, il devient un véritable «Nèg lari »97(*) à l'entendre parler le plus souvent dans ses
moments de colère ou de prouesses. Un tel «Nèg lari » qui a longtemps survécu, arrive enfin à se
faire une place dans la société ; une place pour laquelle il s'est constamment battu, qui lui a
garanti la survie et qui a permis directement ou indirectement à d'autres personnes ou à d'autres
groupes formels ou non formels, organisés ou non organisés, de survivre. Et enfin, pour cette
place, le dit « Nèg lari » s'implique davantage dans les conditions qui lui ont garanti la vie, qui le
personnalisent, qui le construisent, le déconstruisent et le reconstruisent à chaque instant au cours
de son histoire.
L'enfant de la rue qui vient siéger à Port-au-Prince pour se loger, se nourrir, se divertir et, en
gros, pour gagner sa vie, provient de différents endroits du pays. Il est généralement fils de
paysans, l'un des groupes du « prolétariat » haïtien qui subit le poids de l'exploitation
économique de la classe dominante dès la construction de notre société et à cause de laquelle il
souffre de tous les manques qui l'empêchent de satisfaire ses besoins réels, de se réaliser ou de se
manifester pleinement et librement. Etant dominé (e), le paysan ou la paysanne privé(e) de
ressources, n'ayant ni biens, ni capitaux, ni forces productives et n'ayant que sa capacité de
travail physique et psychique, espère que son fils ou sa fille se fasse un nom en société en
devenant quelqu'un ou quelque chose. Pour ce faire, généralement, le fils du paysan le plus
privilégié rentre dans la capitale, continue ses études, est admis à l'Université et fait une carrière
professionnelle en devenant ouvrier, employé, professeur, directeur de banques, homme d'Etat,
etc. s'efforce par ses capacités et ses compétences d'être promu, de percevoir un salaire dix (10),
vingt (20), cent (100), mille (1000) fois plus grand que ses parents, de passer de position en
position, d'investir d'autres rapports de production qui sont, en somme, d'autres formes de
relations sociales et économiques qui sont, autant que ces prédécesseurs, autant que ces parents,
déterminées par les conditions matérielles de la structure et de la formation socioéconomique
dominante et déterminante de vie. Alors, qu'en est-il de l'enfant de la rue ?
L'enfant de la rue, également fils de paysan, mais non privilégié, rentre à Port-au-Prince et mène
une toute autre vie ; comme l'on dit, une vie de « San manman », de « Selavi », de « Kokorat »,
de « Rat » et de « Grapyay ». En luttant de toute sa force pour subsister et pour se faire une
place. L'enfant de la rue finit par s'adapter à son milieu et à ses conditions d'existence. Autant que
celui-ci veut rester en vie, autant il s'enracine dans ce mode de vie particulier. Ce qui fait qu'au
cours de nos entretiens, l'un de nos experts, en l'occurrence la psychologue Danielle St Paul a
affirmé que certaines fois des institutions publiques ou privées, des ONG et des particuliers
donnent assistance, aide et support à l'enfant de la rue en lui offrant logement, éducation,
nourriture, etc. et au bout de quelques temps, soit qu' il s'évade ou il prenne la fuite, soit qu'il
raconte des histoires du genre : je dois aller en provinces... ma mère est malade... mon père est
mort, etc. dans le but de regagner sa place dans la rue. D'où sort ce comportement d'évitement de
l'enfant de la rue ? A ce propos, elle a ajouté que la réccupérabilité de l'enfant de la rue n'est pas
chose facile, elle prend en compte deux (2) facteurs importants et fondamentaux qui sont d'abord
de l'ordre biologico-chronologique ayant rapport à l'âge de l'enfant de la rue et le nombre de
temps qu'il a passé dans la rue ; ensuite, qui sont de l'ordre événementiel qui traduit le nombre
d'événements significatifs positifs, négatifs, délétères ou non dans ce dit milieu dont il porte
l'empreinte98(*) dans son physique et dans son psychique. Par rapport à tout cela, nous avons
compris clairement que le rapport histoire- conditions d'existence est de toute évidence fort
important dans l'étude de la formation de la personnalité de l'enfant de la rue. Cependant, cette
catégorie d'enfants, selon nos experts Jean Robert Chéry et Danielle St Paul, n'écarte pas toute
possibilité de mobilité ou de promotion sociale. Selon eux, au cours des vingt (20) dernières
années, nous avons connu des cas d'enfants de la rue, quoique minimes, qui s'en sont bien tirés
en devenant professeurs, techniciens, employés dans des institutions privées, étudiants en France
et au Canada, etc. Alors, cinq (5), dix (10), quinze (15), vingt (20) enfants de la rue ont gravi de
nouveaux échelons socioéconomiques et professionnels, qu'est ce que cela a bien changé ? Dans
ce cas, où en est-on avec le phénomène dans la société ?
En dépit de tous les efforts consentis par les institutions publiques ou privées, les ONG et les
particuliers, le phénomène se perpétue, se renforce et s'amplifie de jour en jour. L'enfant de la rue
à Port-au-Prince devient de pus en plus proche de la population. Arrivé à ce stade, nous avons
compris que rien n'a réellement changé malgré la promotion et mobilité individuelle dont jouit
l'enfant de la rue. En devenant professionnel, en percevant un salaire assez élevé, il se peut bien
qu'il ne dépasse pas les conditions matérielles limites liées à sa classe. Mais, en produisant du
capital et de la plus value, il ne fait qu'agrandir la chaîne des exploités et des dominés du
prolétariat et du lupemprolétariat au profit de la classe dominante, sans avoir la conscience que
ses actes aident à reproduire le système et ceci n'a rien à voir à un changement de vie social,
économique et politique de la classe défavorisée, encore moins de l'enfant de la rue. Donc c'est
ce qui permet de dire que la promotion ou la mobilité socioéconomique n'implique pas
automatiquement le dépassement. Et, même s'il y aurait dépassement, un (1), dix (10), vingt (20)
individus promus et qui dépassent les conditions socioéconomiques déterminantes de leur vie
avec pleine conscience ne signifieraient pas grand-chose, car ce qui devrait être collectif et
massif est individuel et isolé. D'où, l'idée de Marx reformulée par François Bourricaud prend tout
son sens :
« Les agents peuvent modifier leurs comportements dans le temps mais ces modifications
microsociologiques ne produisent pas de changements au niveau macrosociologique [...] il suffit
pour q'un système se reproduise qu'aucun des acteurs ne soit incité à agir en vue de sa
transformation. »99(*)
Et aussi, pour finir, Jean Robert Chéry a bien compris et nous a bien précisé au cours de
l'entretien quand il a dit :
« L'enfant de la rue est un acteur social, sorti d'une classe sociale et d'une famille à l'intérieur
d'une société. Il vit les conditions sociales qui sont liées à sa classe, son statut rentre dans
l'organisation sociale même du pays [...] tant que la classe défavorisée ne change, la situation de
l'enfant de la rue ne changera. »100(*)
Et nous ajoutons à cela, tant que la structure de la société ne change pas pour pallier tous les
manques, tous les problèmes et pour répondre à tous les besoins de la population dans la capitale
et dans nos provinces, nous ferons face à longueur de journée à ces épiphénomènes qui feront
nos malheurs, les malheurs de nos petits enfants jusqu'à ce que nous ne puissions plus y
remédier.
* 90 _ Cf. Lucien Sève, Marxisme et théorie de la personnalité.- ed. sociales, 2e edition, Paris,
1972
* 91 _ Cf. Karl Marx et Friedrich Engels, l'idéologie allemande.- ed. Sociales, Paris, 1982, p. 178
* 92 _ Cf. « La production et la consommation », deux concepts jumeaux qui définissent le cours
de la vie d'un individu dans ce qu'il fait et ce qu'il fait de ce qu'il a produit depuis son enfance
jusqu'à sa mort. A cela, Lucien Sève a mentionné :
« la production est le véritable point de départ, et par suite le facteur qui l'emporte, la
consommation en tant que nécessité que besoin est elle-même un facteur interne de l'activité
productive ; mais cette dernière est le point de départ de la réalisation et par suite aussi son
facteur prédominant, l'acte dans lequel tout le procès se déroule à nouveau. L'individu produit
un objet et fait retour en soi même par la consommation de ce dernier, mais il le fait en tant
qu'individu productif et qui se reproduit lui-même » (Voir Op. cit. Lucien Sève, P. 48)
* 93 _ Cf. Nous recueillons ces données pour présenter le prix des produits que l'enfant de la rue
généralement consomment au cours d'une journée et qui, en même temps, représentent en
moyenne ses dépenses journalières. Sachant, toutefois, que nous ne mentionnions pas dans ce
tableau les dépenses livrées dans des jeux de Hasard et ses dérivés. Cependant, il faut signaler
que les dépenses consignées dans le tableau ci-dessus peuvent varier d'un enfant à un autre, et le
prix des produits, d'un milieu à un autre et suivant sa qualité ; par exemple, le prix du Aleken à
Midi peut se situer entre 25, 75 et 100 gourdes. C'est ce qui traduit la difficulté pour nous de
fixer ce prix dans ce tableau.
* 94 _ Cf. Jn Anil Louis Juste, « La question de la personnalité chez le paysan haïtien » in Alter
Presse, soumis le 1er juillet 2004, consulté en Mars 2009
* 95 _ Cf. Judith Harris, pourquoi nos enfants deviennent ce qu'ils sont? , Robert Laffont, Paris,
1999
* 96 _ Cf. Pierre Bourdieu, les Héritiers. Les étudiants et la culture, De minuit, Paris, 1984
* 97 _ Cf. Concept référentiel qui décalque le modèle identitaire du Noir Américain rappeur qui
se qualifie ou se fait qualifier souvent de « Street Negro ou Street Nigga » en opposition à la
dénomination de « Home Boy » qui signifierait « Garçon de maison »
* 98 _
Voir la notion d' « Imprinting », Konrad Lorenz, évolution et modification de
comportement, ed. Payot&Rivâges, Paris, 2007.
* 99 _
Cf. Boudon Bourricaud, Dictionnaire critique de la sociologie, Quadrige, PUF, Paris,
2000
* 100 _ Cf. Entretien réalisé avec le professeur Jean Robert Chéry le 21 Avril 2009 en son bureau.
Dans cette partie, nous allons énoncer la prise en charge de l’Etat pour éviter le problème de la
délinquance juvénile.
Parmi les multiples dispositions du projet de loi, celles qui attirent le plus l’attention ont
trait aux attributions du maire, à la définition de nouvelles peines et infractions ainsi qu’à la
justice des mineurs.
- De nouvelles infractions sont créées et des peines alourdies (en réponse aux épisodes récents
de violence urbaine notamment). Les infractions nouvelles concernent les violences avec armes
en bande organisée ou avec guet-apens sur des forces de l’ordre ou des agents de transport, la
détention et le transport sans motif de substances incendiaires ou explosives. Les peines sont
notablement alourdies pour la rébellion, la provocation directe à la rébellion ou même
l’occupation illégale de halls d’immeuble.
Des dispositions de tous ordres sont encore énoncées portant aussi bien sur les violences
conjugales que sur les infractions et crimes sexuels, la toxicomanie, la protection des mineurs
face aux messages violents ou pornographiques, les placements d’office en établissement
psychiatrique, les gens du voyage ou les chiens dangereux.
Pour certains, les évolutions de la délinquance juvénile ne paraissent pas justifier un nouveau
dispositif règlementaire. Les chiffres du Ministère Ensemble des services de l’Etat
(administration centrale et services déconcentrés) placés sous la responsabilité d’un
ministre. de la justice38, concernant l’année 2005 n’annoncent qu’une proportion de 9,8%
d’infractions susceptibles de poursuites pénales imputables à des mineurs (142 851 sur un total
de 1 462 429), même si des faits récents ont mis cette délinquance particulière en lumière. Les
chiffres du Ministère de l’intérieur pour la même année (Statistiques de la délinquance 2005)
donnent une proportion supérieure, ce qui s’explique par le fait qu’une personne mise en cause
lors d’une procédure policière n’est pas toujours finalement sanctionnable sur le plan judiciaire.
Les nouvelles compétences données aux maires sont-elles compatibles avec leur statut d’élu ?
Si les dispositifs améliorant leur information font consensus, les mesures visant à leur donner des
pouvoirs de sanction (accompagnement familial, mise sous tutelle des prestations familiales,...)
ne sont-elles pas contradictoires avec leur position traditionnelle de médiateur ? La rupture de la
confidentialité ne risque-t-elle pas d’être un obstacle à la confiance dont ont besoin les
travailleurs sociaux par exemple ? Le rôle du maire dans la décision de placement d’office en
hôpital psychiatrique est également contesté : les raisons d’ordre public pouvant dans ce cadre
l’emporter sur les raisons médicales.
Sur un plan plus général, certains (organisations de travailleurs sociaux, certains syndicats
enseignants ou de magistrats) regrettent des choix qui, mettant l’accent sur l’exemplarité des
sanctions, ne donnent peut-être pas toute la place qui devrait leur revenir à des mesures
spécifiques d’accompagnement social, éducatif ou d’aide à la réinsertion.
38
Minisrtee de l’Interieur, les chiffres clés de la justice 2006 pp 4 et 5
SECTION 1. LES PRINCIPES FONDAMENTAUX PRÉVENTIONNELS
1.2 Pour que la prévention de la délinquance juvénile porte ses fruits, il faut que la société tout
entière assure le développement harmonieux des adolescents en respectant leur personnalité et en
favorisant l'épanouissement des jeunes dès la plus tendre enfance.
1.3 Aux fins de l'interprétation des présents Principes directeurs, il conviendrait d'adopter une
orientation axée sur l'enfant. Les jeunes devraient avoir un rôle actif de partenaires dans la
société et ne pas être considérés comme de simples objets de mesures de socialisation ou de
contrôle.
1.4. Pour la mise en oeuvre des présents Principes directeurs, tout programme de prévention
devrait, conformément aux systèmes juridiques nationaux, être axé sur le bien-être des jeunes dès
la petite enfance.
1.5.1 Dispositions, en particulier en matière d'éducation, permettant de faire face aux divers
besoins des jeunes et de constituer un cadre de soutien assurant le développement personnel de
tous les jeunes et particulièrement de ceux qui sont à l'évidence "en danger" ou en état de "risque
social" et ont besoin d'une attention et d'une protection spéciales;
1.5.2 Adoption de conceptions et de méthodes spécialement adaptées à la prévention de la
délinquance et concrétisées par des textes législatifs, des processus, des institutions, des
installations et un réseau de services visant à réduire la motivation, le besoin et les occasions de
commettre des infractions et à éliminer les conditions donnant lieu à un tel comportement;
1.5.3 Intervention officielle ayant pour principal objet l'intérêt général du mineur et s'inspirant de
la justice et de l'équité;
1.5.4 Protection du bien-être, du développement, des droits et des intérêts de tous les jeunes;
1.5.5 Conscience que le comportement ou la conduite d'un jeune qui n'est pas conforme aux
normes et valeurs sociales générales relève souvent du processus de maturation et de croissance
et tend à disparaître spontanément chez la plupart des individus avec le passage à l'âge adulte;
1.5.6 Conscience que, d'après l'opinion prédominante des experts, qualifier un jeune de
"déviant", de "délinquant" ou de "prédélinquant" contribue souvent au développement chez ce
dernier d'un comportement systématiquement répréhensible.
1) La prévention.
a) Le couvre-feu
Une des principales mesures de prévention adoptées est la possibilité d'instaurer
temporairement un couvre-feu dans certains quartiers.
39
www.vie publique.fr
Cette mesure est applicable depuis le 30 septembre 1998 et concerne les mineurs de moins de
dix ans qui se trouvent dans un lieu public entre 21 heures et 6 heures, non accompagnés de
leurs parents ou d'un adulte de plus de dix-huit ans. Le couvre-feu peut imposer des horaires
différents en fonction de l'âge des mineurs.
Les autorités locales doivent soumettre la demande d'instauration d'un couvre-feu à l'approbation
du ministère de l'Intérieur. Le couvre-feu ne peut être imposé pendant une période supérieure à
quatre-vingt dix jours.
Lorsqu'un enfant de moins de dix ans ne l'a pas respecté, les agents de police doivent
le reconduire chez ses parents ou, en leur absence, au commissariat.
Les autorités locales doivent être informées de cette infraction et ordonner une enquête, qui est
effectuée par les services sociaux.
b) Le contrôle de l'obligation scolaire
Les enfants âgés de cinq à seize ans ont l'obligation de fréquenter un établissement scolaire et
ils ne peuvent s'absenter pendant les heures de cours que s'ils ont une autorisation.
Lorsqu'un agent de police rencontre un mineur dans un lieu public, un centre commercial ou une
boutique, et qu'il a de bonnes raisons de croire qu'il fait l'école buissonnière, il peut le ramener
soit à l'école, soit dans un endroit désigné par les responsables locaux de l'enseignement.
2) Les peines alternatives à la prison
a) Les admonestations et les mises en garde
Elles sont adressées aux mineurs en fonction de l'importance de l'infraction qu'ils ont commise :
- une mise en garde pour une infraction plus importante ou si le jeune a déjà reçu précédemment
une admonestation ou une mise en garde depuis plus de deux ans, mais que l'agent de police
considère que l'infraction ne justifie pas une inculpation.
Les admonestations et les mises en garde sont données au poste de police. Si le mineur a moins
de dix-sept ans, la présence d'un adulte est requise. Il peut s'agir d'un parent ou d'un tuteur, voire
d'un travailleur social ou d'un représentant d'une organisation bénévole si le mineur a été confié à
une telle organisation.
L'officier de police doit expliquer au mineur, si ce dernier a plus de dix-sept ans, ou à l'adulte
qui l'accompagne, s'il a moins de dix-sept ans, dans un langage clair, les conséquences d'une
admonestation ou d'une mise en garde.
Après avoir délivré la mise en garde, l'officier de police doit confier le mineur à l'équipe de prise
en charge des jeunes délinquants qui détermine s'il est utile de lui imposer un programme de
réinsertion et de prévention de la récidive.
Lorsqu'un jeune commet une nouvelle infraction dans le délai de deux ans, ou si l'infraction est
trop importante pour n'être passible que d'une admonestation ou d'une mise en garde, le tribunal
ne peut le dispenser de peine. Il doit le condamner au minimum à une peine avec sursis.
b) Les ordonnances de réparation
Le but des ordonnances de réparation est de faire prendre conscience au jeune délinquant des
conséquences de ses actes. Une telle ordonnance consiste à condamner le mineur à effectuer des
réparations au profit de la victime de l'infraction, si elle y consent, ou d'une personne à laquelle
ont nui les actes délictueux, voire au profit de la collectivité.
Le tribunal doit également expliquer au mineur, dans un langage clair, les conséquences de
l'ordonnance et les obligations qu'elle comporte, ainsi que ce qui pourrait advenir s'il ne les
respectait pas.
La peine doit être proportionnelle au délit, mais ne peut dépasser vingt-quatre heures. Elle doit
être effectuée dans les trois mois de la délivrance de l'ordonnance. L'ordonnance peut également
contenir l'obligation d'envoyer une lettre d'excuses à la victime.
L'exécution de cette peine est contrôlée par un officier de probation, un travailleur social ou un
membre de l'équipe de prise en charge des jeunes délinquants.
c) Les peines d'intérêt général
Les travaux d'intérêt général font partie d'un programme dont l'objet est d'éviter la récidive et
de favoriser la réinsertion.
La peine dure trois mois et comporte des obligations (participer à certaines activités, être présent
dans certains lieux à certaines heures) et des interdictions (ne pas fréquenter certains endroits). Si
la victime y consent, le délinquant peut également effectuer des travaux de réparation à son
profit.
Pendant la durée de la peine, le mineur est placé sous la surveillance d'un agent de probation,
d'un travailleur social ou d'un membre de l'équipe de prise en charge des jeunes délinquants.
Avant d'imposer une peine d'intérêt général, le tribunal doit prendre connaissance du rapport qui
est établi dans les mêmes conditions que pour l'ordonnance de réparation. Il doit donner
également des explications au mineur.
Le tribunal fixe la date d'une prochaine audience, qui doit avoir lieu dans le délai maximum de
vingt et un jours suivant la fixation de la peine, et demande à la personne chargée de la
surveillance du mineur d'établir, pour cette date, un rapport sur l'exécution de la peine
mentionnant éventuellement les modifications qu'il serait souhaitable d'y apporter. A la lecture de
ce rapport, le tribunal peut modifier les sanctions imposées.
3) Les mesures éducatives
Les ordonnances d'assistance éducative aux mineurs en danger ont pour but d'assurer à l'enfant
les soins, la protection et le soutien nécessaires pour lui éviter de s'engager dans des activités
criminelles ou de récidiver.
Elles sont prononcées par le tribunal lorsqu'un enfant de moins de dix ans :
- a commis un délit qui aurait été sanctionné s'il avait eu plus de dix ans ;
- ou a commis des actes visant à harceler ou effrayer une personne étrangère à son entourage.
Leur durée ne peut généralement être supérieure à trois mois, mais, dans des cas exceptionnels,
elle peut atteindre un an.
Le mineur est placé sous la surveillance d'un travailleur social ou d'un membre d'une équipe de
prise en charge des jeunes délinquants.
Le mineur est condamné à une peine qu'il effectue pour moitié en détention (dans un centre
d'entraînement spécial, un établissement pour mineurs, un centre d'hébergement local...). Pendant
la période de détention, le mineur suit une formation. Ensuite, il est laissé en liberté sous la
surveillance d'un officier de probation, d'un travailleur social ou d'un membre d'une équipe de
prise en charge des jeunes délinquants. En fonction de ses progrès et de la durée de la peine, la
mise en liberté surveillée peut être avancée d'un ou deux mois.
b) La libération conditionnelle pour les courtes peines avec port obligatoire d'un bracelet
électronique
Les jeunes de plus de dix-huit ans condamnés à une courte peine de prison peuvent bénéficier
d'une libération conditionnelle assortie du port obligatoire d'un bracelet électronique permettant
de vérifier qu'ils sont bien présents aux heures et endroits spécifiés.
c) La levée de l'anonymat
Lorsqu'un délinquant mineur a commis des actes particulièrement graves, un officier de police
peut autoriser la levée de son anonymat.
* *
*
Compte tenu de la recrudescence de la délinquance des mineurs et de la gravité de certains délits,
le gouvernement a approuvé la construction de cinq prisons pour enfants, dont la première a été
ouverte au mois d'avril 1998 à Medway, dans le Kent. Ces établissements sont destinés aux
enfants âgés de douze à quatorze ans, considérés comme dangereux et irrécupérables.
Le coût de ces centres de détention sous surveillance est très élevé : 1.200.000 francs environ par
enfant et par an contre 173.000 francs dans une maison de redressement traditionnelle.
Le Code Pénal de 1826 ainsi que le Code Pénal de 1835 répriment le vagabondage, la
mendicité, les voies de fait qui étaient des infractions le plus souvent reprochées aux Mineurs.
La Loi du 28 novembre 1846 a créé dans chaque chef lieu de département, une maison centrale
dont la mission est la rééducation de la jeunesse délinquante. La Loi de 1893, reprenant l'idée de
celle du 28 novembre 1846, transforme la maison centrale en institution d'éducation et de
correction pour l'enfance délinquante et abandonnée. Elle fixe la majorité pénale à seize (16) ans.
Renforçant la législation haïtienne, le 17 juin 1936, un décret-loi porte création d'une maison de
rééducation des Mineurs qui a pour vocation entre autres, d'offrir une formation professionnelle
aux Mineurs en conflit avec la Loi et aux Enfants livrés à eux-mêmes. Le 16 juillet 1952, une loi
portant sur la justice juvénile est publiée. Elle institue une section spéciale créée pour juger les
Enfants n'ayant pas encore atteint la majorité pénale.
En effet, dans chaque Tribunal, une section spéciale appelée « section de la jeunesse
délinquante » est instituée pour connaitre des crimes et des délits commis par des Mineurs de
moins de seize (16) ans. Cette loi consacre aussi l'amendement de l'Enfant délinquant avec un
accent sur son utilité pour la société. Le 7 septembre 1961, une nouvelle Loi est votée. Elle est
constituée de quarante-cinq (45) articles. Elle est considérée comme étant l'une des Lois les plus
complètes en matière de répression des infractions commises par les Mineurs en Haïti car, tout
en réprimant la délinquance juvénile, elle protège le Mineur en conflit avec la Loi. Elle trace
aussi la procédure en matière de justice pour Mineurs en énonçant clairement, les responsabilités
du Commissaire du Gouvernement, du Juge d'Instruction, jusqu'à la disjonction du dossier, s'il
compte aussi des Mineurs et des personnes âgées.
Cette Loi modifie certains articles du Code Pénal et classe les Mineurs, en fonction de
leur âge et de la gravité de l'infraction commise. A titre d'exemple, le Mineur âgé de plus de
treize (13) ans et de moins de seize (16) ans peut être, dans certains cas, admonesté, remis à ses
parents, à son tuteur ou à une personne digne de confiance. Il peut aussi être acheminé à un
institut médico-pédagogique privé ou public, ou encore, placé au Centre d'Accueil Duval
Duvalier pour être rééduqué et suivre une formation professionnelle, pendant un temps ne
dépassant pas le moment où il atteindra sa majorité. Cette Loi institue aussi le régime de la
liberté surveillée en faveur des Mineurs.
De plus, la loi du 7 septembre 1961 prévoit, en son article 2, que les Mineurs coupables
de délit, de crime ou de contravention, seront jugés par les Tribunaux pour Enfants, les Cours
d'Assises des Mineurs et le tribunal de simple police en audience spéciale. En effet, dans chaque
juridiction de jugement, il sera, selon cette Loi, placé un Tribunal pour Enfant. Selon cette loi, les
peines pouvant être prononcées par les autorités judiciaires sont des mesures de protection,
d'assistance, de surveillance et d'éducation appropriée, personnalisée, selon le cas.40
Cependant, si une condamnation pénale doit être prononcée, elle sera aussi accompagnée d'une
mesure de traitement. De plus, si le tribunal décide d'écarter l'excuse de minorité, il devra
justifier cette décision.
Le Décret du 20 novembre 1961, composé de dix-huit (18) articles, complémentaire à la
Loi du 7 septembre 1961, instaure le Tribunal pour Enfant de Port-au-Prince. Selon ce décret,
il s'agit de traiter les Mineurs, par catégorisation d'âge. Il prévoit des dispositions pour les
Enfants âgés de onze (11) ans, pour ceux âgés de treize (13) ans et pour ceux âgés de dix-sept
(17) ans. Le décret du 20 novembre 1961 reprend les sentences pouvant être prononcées par les
Juges pour Enfants. Ces sentences oscillent entre la mesure de protection, la mesure de
surveillance, la mesure d'assistance, la mesure d'éducation, le placement familial et le placement
définitif du Mineur au Centre d'Accueil Duval Duvalier.
Par ailleurs, l'article 10 du Décret du 20 novembre 1961 résume en partie la procédure en
matière de délinquance juvénile. Il stipule que Les dispositions du Code d'Instruction
Criminelle relative à la procédure devant les Tribunaux criminels, corrections et les justices
de paix, sont communes au Tribunal pour Enfants, à la Cour d'Assises des Mineurs et aux
Tribunaux de Paix, siégeant en audience spéciale, réserves faites des modifications
apportées par la Loi du 11 septembre 1961. De plus, dans les cas de délit, le Ministère public
saisira le Juge pour Enfants par simple requête ; Dans les cas de crime, le dossier suivra donc son
cours normal et il sera procédé aux actes urgents de poursuite et d'information. En ce sens, le
Ministère public, par réquisitoire d'informer, demandera au Juge d'Instruction de mener
l'instruction du dossier. Après l'instruction, le dossier sera renvoyé au Parquet pour le réquisitoire
40
Le RNDDH plaide pour une prise en charge effective des Mineurs en conflit avec la Loi
Rap/A13/No5
définitif ou le supplément d'informations. Finalement, l'ordonnance sera rédigée et acheminée au
Parquet pour le jugement du Mineur. Cette instruction doit être célère mais complète. Elle doit
aussi camper le profil du Mineur, les circonstances de la commission de l'infraction et tous les
éléments importants découverts au moment de l'enquête judiciaire qui puissent justifier le
prononcé d'une condamnation contre le Mineur. Le profil du Mineur sera dressé sur la base de
son dossier juridique complété par une enquête de personnalité, un examen médical et un
examen psychologique.41
Les Règlements Internes des Etablissements Pénitentiaires ont été adoptés par l'Etat haïtien
en mai 1999. C'est en fait, le document national de référence en matière de détention. Ils
prévoient la garde des prisonniers en général dont les Mineurs. Divisés en six (6) titres, les
Règlements Internes des Etablissements Pénitentiaires passent en
revue:
La situation pénale et administrative du détenu
La prise en charge de la population carcérale
La réinsertion sociale
Le maintien des liens familiaux et sociaux
La discipline
La sécurité
Selon les Règlements Internes des Etablissements Pénitentiaires, personne ne peut être
incarcérée sans la présentation d’un titre d’écrou émanant d’une autorité judiciaire compétente.
Les détenus dont les Mineurs seront gardés dans un établissement du ressort de l’autorité
judiciaire ayant donné l’ordre. Les personnes condamnées seront incarcérées selon leur
dangerosité, la durée de leur peine etc. ; De plus, la nourriture des prisonniers sera prise en
compte et surveillée par les responsables pénitentiaires. Chaque détenu a droit à un repas
équilibré au moins deux (2) fois par jour, préparé dans de bonnes conditions hygiéniques de telle
41
Le RNDDH plaide pour une prise en charge effective des Mineurs en conflit avec la Loi
Rap/A13/No5
sorte qu’il n’affecte pas la santé des détenus. Ceux-ci devront aussi bénéficier de six (6) heures
par jour en dehors de leur cellule. Chaque établissement détiendra une bibliothèque, un
dispensaire etc. Les détenus auront accès de manière permanente, à des équipements sanitaires
leur permettant de satisfaire leurs besoins physiologiques; ces équipements seront installés de
manière à préserver l’intimité de l’utilisant. Les détenus seront visités par un médecin qui est
chargé de faire des inspections régulières au sein de la prison. Il vérifiera la qualité et la propreté
des vêtements, de la literie etc. Les détenus seront habilités à entretenir des liens avec l'extérieur.
Ils sont autorisés à maintenir une correspondance dont le suivi sera assuré par les responsables de
prisons. La correspondance est prévue au chapitre 1er du titre IV et des articles 84 à 91.42
Les détenus ont droit aux visites de leurs parents et de leurs amis, sur la base des règles et de
l'horaire établis par la DAP. Les Règlements Internes des Etablissements Pénitentiaires
intitulé Les droits de visite, traite de la visite des personnes privées de liberté dans les articles 92
à 98. Les détenus sont aussi autorisés à utiliser le téléphone. En effet, les Règlements Internes
des Etablissements Pénitentiaires prévoient les appels téléphoniques au niveau des articles 99 à
101 de son chapitre III, dénommé Le téléphone. Les Règlements Internes des Etablissements
Pénitentiaires prévoient, par ailleurs, la formation, l'éducation, la formation professionnelle, les
activités culturelles en faveur des détenus. Dans ce document composé de cent cinquante deux
(152) articles, seul un article prononce clairement le mot Mineur, en faisant injonction aux
autorités pénitentiaires de séparer les adultes des Mineurs. Il s'agit de l'article 106 qui dispose
que : "Le Chef d'établissement organise la répartition des détenus entre les différents
quartiers et différentes cellules de son établissement pour séparer impérativement les
hommes des femmes, les adultes des Mineurs, les violents des non violents, en conformité
avec une circulaire de la Direction de l'Administration Pénitentiaire sur le Classement des
Détenus et dans la mesure du possible, les condamnés des prévenus".
42
Le RNDDH plaide pour une prise en charge effective des Mineurs en conflit avec la Loi
Rap/A13/No5
c. Formation dans les autres prisons du pays
Aucune formation académique n'est mise en oeuvre pour les Mineurs incarcérés dans les
prisons situées dans les villes de province. Conséquemment, les Mineurs abandonnent
l'école pendant leur incarcération sans aucune possibilité de poursuivre leur formation.
Aucune formation vocationnelle n'y est dispensée.
Il en est de même des autres prisons du pays. Les Mineurs peuvent recevoir les visites de
leurs parents. Cependant, souvent, les parents ne leur rendent pas visite.
Le tableau suivant donne une représentation chiffrée du contact de tous les Mineurs du
pays avec leurs parents, après leur incarcération.as de visite et semblent abandonnés à leur sort.
Selon le graphe précédents, quarante deux pour cent (42%) des Mineurs incarcérés à
travers le pays ne reçoivent pas la visite de leurs parents. Cependant, il convient de
souligner que les raisons sont nombreuses. Parmi elles, on peut compter l'éloignement des
centres où sont incarcérés les Mineurs et le manque de moyens économiques pour assurer
le trajet de la maison au centre d'incarcération.
TOTAL 115 94 21
2. Classement des Mineurs des les villes de province par dernière extraction
Les Mineurs qui se retrouvent dans les prisons localisées dans les villes de province sont
victimes des horaires fantaisistes des Magistrats. Certains d'entre eux semblent avoir été
oubliés en prison. A titre d'exemples :
Deux (2) Mineurs incarcérés à la prison civile des Cayes sont extraits depuis 2012,
sur ordre des Juges d'instruction Jean Odilon SEIDE et Gérôme Paul FAUGAS. A
date, ils ne sont jamais jugés.
Un (1) Mineur, extrait le 2 avril 2012 sur ordre du Juge d'Instruction Heidi
FORTUNE est encore à la prison civile du Cap-Haïtien, en situation de détention
préventive prolongée
Après avoir dégagé l’impact de la délinquance juvénile en Haïti, plus particulierement au Cap-
Haitien, nous avons cru nécessaire d'indiquer des pistes de solutions. Nous avons fait une étude
de la délinquance juvénile et de la justice des mineurs dans quelques pays. Par les dimensions
que le phénomène de la délinquance juvénile a pris durant ces dix dernières années, nous avons
montré comment elle est devenue un fléau et un défi pour les autorités haïtiennes. Nous avons
montré que la délinquance juvénile chez nous, essentiellement urbaine et associative, est
politiquement organisée dans bien des cas. Souvent commanditée et conseillée, elle est
également liée à un certain activisme politique. Elle est, de ce fait, devenue une arme puissante
au service des idéologies politiques. Examinant la problématique de l'enfance délinquante en
Haïti, nous nous sommes questionné sur l'efficacité des mesures légales et institutionnelles
jusqu'ici utilisées.
Par ailleurs nous avons aussi considéré les multiples torts et dommages sociaux, économiques et
moraux causés par la minorité délinquante en Haïti. Il nous a paru impérieux d'ouvrir des pistes
de solution, d'élaborer un plan de lutte contre ce fléau. Nos propositions se sont constituées en un
ensemble de mesures légales, institutionnelles, sociales et économiques. Nous avons proposé la
modification de certaines dispositions légales, désuètes, inadaptées et l'application entière de
celles jugées valables ; nous avons aussi envisagé l'engagement de réformes à opérer au niveau
de certains organes et services relatifs à la protection des enfants. Nous avons aussi insisté sur
certaines structures à mettre en place et sur le rôle déterminant que l'État, l'école, les médias, la
famille, et toutes autres institutions privées doivent jouer leurs rôles dans la lutte contre la
délinquance juvénile. La question de la délinquance juvénile en Haïti est cruciale. Le phénomène
est complexe et les mesures envisagées sont diverses. Cependant, quels que soient les moyens
mis en œuvre, il serait illusoire de croire que nous pourrions d'un coup relever les défis de la
délinquance juvénile en Haïti. Nous sommes confiant que nos suggestions seront prises en
considération par tous les secteurs concernés et prendront acte des mesures qui s'imposent.
L'enfant de la rue, catégorie de personnes vivant dans des conditions difficiles, agit dans le
quotidien, évolue dans le quotidien, se manifeste dans le quotidien par l'intermédiaire de ses
relations socioéconomiques et c'est ce quotidien qu'il est appelé à reproduire au cours de son
histoire. Dans notre société, l'enfant de la rue est meurtri par les intempéries, les privations, les
maladies, la précarité, la violence et l'indifférence ; il est exposé à tout risque et à tout danger
avec lesquels il doit jongler pour devenir ce qu'il est censé être aujourd'hui. Se livrant dans des
combats intenses de survie, la délinquance a Cap-Haitien spécialement nan bannann, shadda
finit par porter les marques de ses conditions dans son physique, dans son psychique et il va agir
en conséquence tout le long de la vie des enfants délinquants. Etant intéressé à cette catégorie
d'enfants, nous avons mené cette étude dans le but de mieux comprendre la vie de l'enfant de la
rue. A travers les différentes parties méthodologique, empirique et théorique de cette recherche,
nous avons fait de notre préoccupation académique une réussite scientifique.
Lesquels objectifs sont liés à la pertinence et à la validation de notre hypothèse de recherche qui
est formulée ainsi : « La délinquance juvénile dans la vie socio-économique de la commune du
Cap-Haitien de la période 2009a 2013. » Une fois atteints, ces objectifs nous ont permis de
vérifier cette hypothèse et d'annoncer sa confirmation. Ainsi en parcourant toutes les lignes de
notre analyse, nous sommes arrivés à comprendre que la personnalité de l'enfant qui vit de la rue
à Port-au-Prince se forme dans ses conditions matérielles d'existence pendant qu'il soit conduit à
les reproduire quotidiennement pour rester en vie.
D'abord, les conditions matérielles d'existence de l'enfant de la rue restent l'élément fondamental
dans lequel sont noués tous les rapports sociaux de l'enfant de la rue afin qu'il devienne ce qu'il
est réellement aujourd'hui et ce qu'il sera demain. Etant l'élément déterminant, ces conditions
d'existence sont cruciales au développement de l'enfant de la rue. Elles touchent et modifient
chaque partie de son être, sa pensée, ses représentations, ses émotions, ses muscles, son identité
et ses goûts.
Ensuite, la personnalité de l'enfant de la rue, comme nous l'avons remarqué, est définie selon le
cours de ses conditions de vie qui le contraignent et qui le dictent à faire tout ce qui est
disponible à sa perception. Son intelligence, sa vigueur, sa force, toutes les autres formes
d'expression psychologiques et physiques sont canalisées et déterminées à ce que l'enfant de la
rue réalise et satisfait ses besoins à juste mesure, ce que nous pouvons qualifier de l'élan de
survie, qui ne va pas plus loin que ça...
D'où, ces données recueillies et analysées nous ont fourni des informations qui sont concordantes
à nos objectifs et qui vérifient notre hypothèse de recherche. Donc, la question qui nous a
fortement intéressée avant et pendant la recherche, à savoir comment la condition de vie des
enfants délinquants s’améliore-t-elle ? Est méthodologiquement et théoriquement répondue et
les résultats foncièrement qualitatifs que nous avons obtenus, serviront de pistes à d'autres
chercheurs, institutions publiques ou privées, ONG et à des particuliers, soit d'entreprendre
d'autres recherches du même type, soit de comprendre davantage le phénomène de la
délinquance et d'y travailler à son éradication.
A cela, nous recommandons ou, pour dire plus sagement, nous proposons :
régions du pays.
e) De faire des enquêtes annuelles permettant de repérer l'enfant de la rue d'où qu'il
f) De redéfinir les services que les Centres offrent à ces enfants, veuillez à ce qu'ils
soient adaptés et à ce qu'ils répondent aux modes de pensée, aux soucis et à la culture
de l'enfant.101(*)
phénomène.
b) De faire un partenariat avec les institutions publiques à cet effet dans le but
d'affermir les prises de décision, d'augmenter les fonds disponibles et dans le but de
mieux orienter les interventions, non pas dans le sens d'améliorer ou de renforcer les
services, mais au contraire d'éradiquer et de transformer
(1) Que chaque école offre cinq (5) bourses d'études primaires tous les trois ans à
l'enfant de la rue.
(2) Que l'église fasse son travail par des actions sociales correspondantes102(*) : les
101 _ Cf. Stéphanie Tessier, Langage et culture des enfants de la rue, Kartala, Paris, 1995
seulement de sauver des âmes, mais aussi de sauver des corps et des vies.
III- A l'Etat :
société est possible en Haiti basant sur l'égalité des droits et des biens sociaux et
IV- A la population :
rue.
b) Donner tous ses supports, dans la mesure du possible, le peu qu'ils puissent être,
Pendant que nous, en agissant ainsi, nous travaillions à la transformation de la société haïtienne
en établissant de nouvelles conceptions du social, du politique, de l'économique, du juridique, du
culturel et de l'idéologique en mettant un terme aux rapports sociaux de domination sociale et
économique afin que toute la population bénéficie avec justice et équité de tous les biens, tous
les droits, de tous les services et de tous les produits de la société.
* 103 _ Cf. Jn Anil Louis Juste, De la crise de l'Education a l'éducation de la crise, Imprimeur II,
Port -au-Prince, 2003
BIBLIOGRAPIE
PG.5
1www.toupie.org.dictionnaire
2
www.larousse fr/ encyclopédie/divers/délinquance juvénile
5
François Latortue, pp. 96-97
6
Larousse Pratique, p. 579
PD.6
7
François Latortue, p. 52
8
Lakehal, p.67
Larousse Pratique, p. 149a
PG.8
* 2 Cf. M. Mollat Les pauvres au Moyen Age, Paris, Hachette, 1978, p. 14
MARC Antoine Brice Sces sociale 8e A.F. nouvelle edition Oct.99p.69
PG.11
3- BASTIEN, Rémy, le Paysan haïtien et sa famille, Karthala, Paris, 1985, (1951)
PG.13
11
www.vie publique.fr
PG.24
Les pauvres au myen Age, Paris, Hachette, 1978, p.14
Microsoft Encata 2009.1989-2008 Microsoft Corporation.
www.the.canadiaencyclopedia.com
ANNEXE- I
I- Kondisyon ekonomik
13. Eske ou konn fè bagay ak tifi/ tigason? Kibò? Chak kilè? Lè nap fè bagay, eske nou pa pran
prekosyon? Eske nou fè sa pou kòb?
14. Eske pwoblèm ki konn gen nan peyi a konn nwi aktivite ou?
17. Kisa ou renmen fè pou w pran plezi? Chak kilè ? Ou menm sèl ou byen tout gwoup la ?
28. Eske ou te ale lekòl yon jou ? ou kontinye ale ? ki kote ? nan ki klas ou rive ? kijan ou te fè
ale lekòl la ?
33. Eske gen bagay ou dwe fè ? eske gen bagay ou pa dwe fè nan gwoup la ?
35. Eske konn gen pwoblèm nan gwoup la ? ki pwoblem konsa?
I- Afektivite
10. Kisa ki konn fè kèw kontan ? sa rive w souvan? Raman/ pafwa? Sa pa janm rivew?
II- Entelijans
3. Eske ou konn konbyen jou ki gen nan semen nan? konbyen mwa ki gen nan ane a? Eske ou
konn lè? Ou konn Li? Ou konn ekri? Ou konn koulè? Ou konn lè?
4. Kisa nou itilize pou nou fè lajan, pou nou travay ? kijan nou fè materyèl nap sèvi yo ?
5. Kijan yon moun kapab fè poul aprann deplake ? ki tip de moun ou chwazi pou w mande ? ki
tip de machin nou siye ?
6. ki sa ou panse de lekòl ?
7. sant yo konn vin dèyè nou pou n ale ladan l lan, kisa nou panse l ye ?
10. Lè ou gen kont ak yon moun nan gwoup la, kijan ou rezoud sa ?
13. Lè ou gen ti pwoblèm tankou : ou grangou, ou bezwen kote pou w dòmi, ou bezwen lajan
Kisa ou fè ?
I- Okipasyonèl
3. Eske ou gen fanmi oubyen yon moun ki pwòch ki ap ou byen ki tap viv nan lari?
4. Si ou bay lari a vag, ki lòt bagay ou kapab fè pou jwenn kòb, pou jwenn manje ?
3. Eske se menm zòn sa yo nan kapital la ki te toujou konn gen timoun nan lari ladan yo?
(Rezève pou antretyen ak ekspè yo)
II- Kiltirèl
1. Ki travay ki te toujou konn gen nan lari a ? yo vin plis oubyen yo vin mwens ? (Rezève pou
antretyen ak ekspè yo)
III- pwokreyasyonèl
3. Eske gen nèg nan lari ki fè pitit, epitou pitit yo ap viv nan lari a? ( rezève pou obsèvasyon)
ANNEXE- II
a) Kouman yo ap viv ?
1) De kisa l te okipe l?
2) Daprè ou menm, eske gen yon amelyorasyon sou kesyon timoun nan lari yo ? si wi, ki tip
amelyorasyon? Si non, sa ki fè sa?
ANNEXE- III
Grille d'observations
I- Les sujets
a) Qui sont-ils?
1- Âge
3- Couleur
4- Niveau d'études
5- taille et poids
b) Combien sont-ils ?
- Delmas
- Champ de Mars
3- Le nombre total
II- Les milieux
a) Espace d'hébergement
1- Caractéristiques du sol
3- Egouts
4- Immondices
b) Espace de travail
2- Types de travail
3- Organisation du travail
2- Types de recréation
d) Espace de consommation
1- Caractéristiques physiques
3- Types de consommation
ANNEXE- IV
1- Aleken : Type de nourriture préparé dans la rue ou au bord de la rue pour une clientèle assez
variée le matin et aux environs de midi. C'est un restaurant populaire en plein air dans lequel les
repas sont offerts à prix réduit aux clients. Généralement, on désigne ces genres de repas de :
3- Bwase lè a : Manière permettant à l'enfant de la rue de décrire le travail qu'il fait du matin au
soir. Car, généralement, nous constatons au cours de cette enquête que l'enfant de la rue n'aime
pas du tout préciser ; à chaque fois que nous lui demandons ce qu'il fait comme travail,
4- Banm on grenn : une façon spécifique à l'enfant de la rue au Champ de Mars de demander
cinq gourdes ; ce que nous appelons en Haïti de : « Adoken »
4- Dedwèt : c'est un exercice permettant à l'enfant de la rue de retirer de la poche des gens qui
passent dans la rue toutes sortes de chose ; à savoir leur téléphone, leur portefeuille, leur camera,
etc. c'est ce qu'on désigne généralement de « Pick-pocket »
5- Fè dach ou : cette expression est synonyme de « Sodomisation » pour l'enfant de la rue.
6- Fè touwego, fè rigòl : C'est une pratique qui consiste à descendre dans les égouts et à
chercher des pièces de monnaies, des bijoux, etc. Généralement, l'enfant de la rue s'adonne
7- Lagè dòmi : c'est un jeu que l'enfant de la rue réalise généralement le soir entre deux (2),
(4), (10) enfants, etc. les règles sont établies comme ce qui suit : celui qui trouve l'endroit dans
lequel son adversaire est en train de dormir, il peut lui faire tout ce qu'il veut ; le brûler, le tuer,
8- Klase yon moun : cette expression traduit l'idée q'un enfant de la rue a reçue une somme
d'argents ou un plat qu'il devrait séparer avec les autres enfants ; par contre, il garde tout le
bénéfice pour soi. A ce moment, on dit : « M sye klase lot nèg yo ».
10- Pran level : cette une expression qui traduit le fait q'un enfant de la rue soit devenu plus
hardi et plus brave dans le rang des enfants de la rue.
11- Tatonnen : l'enfant de la rue utilise ce mot qui traduit la réalité dans laquelle un enfant est en
train de fouiller la poche d'un autre pendant que ce dernier est en plein sommeil.
12- Vivan & sou menm : ces deux mots traduisent la même réalité dans le sens qu'ils
définiraient le degré d'intelligence de l'enfant de la rue.
Généralement appréhendé comme phénomène dans les études scientifiques, l'enfant de la rue
peut aussi s'étudier comme individu. Il est par définition tout enfant qui est livré à lui-même, qui
mène la majeure partie de son existence dans la rue pour y trouver des moyens de subsistance.
On distingue dans cette catégorie deux grands groupes d'enfants, selon l'UNICEF : les enfants
dans la rue et les enfants de la rue.
Les enfants dans la rue sont ceux qui y travaillent et entretiennent encore des relations plus ou
moins régulières avec leur famille. Leur vie reste centrée sur le foyer familial. Un grand nombre
* 58 _ Cf. Stéphane Tessier, Alphonse Tay et ses collaborateurs, langage et cultures des enfants
de la rue, Kartala, Paris,, 1995, pp. 40-47
d'entre eux vont à l'école, la plupart rentrent chez eux après leur journée de travail. Ils
maintiennent un sentiment d'appartenance vis-à-vis de la communauté où ils habitent.
Les enfants de la rue, en revanche, sont ceux qui considèrent la rue comme leur foyer et y
trouvent abri et nourriture. Ce sont leurs compagnons de survie qui leur donnent un certain sens
de la famille, car les rapports avec leur propre famille sont plutôt lointains, sinon inexistants. Ils
se réfèrent, pour s'identifier, au groupe auquel ils appartiennent plutôt qu'à une famille. Ils
arrivent qu'ils aient des parents quelque part, en un lieu plus ou moins éloigné, ce qu'ils finissent
par révéler après insistance.
Selon Paulo Freire, le phénomène des enfants de rue est le résultat normal d'une économie non
structurée et désorganisée. Pour présenter les caractéristiques de ces enfants, l'auteur précise
que :
1) ce sont des adultes prématurés cherchant un moyen de survivre à cause du système social qui
les rejette ;
2) ils satisfont leurs besoins réels et primaires dans la rue où ils dorment, mangent et travaillent ;
4) ils s'adonnent à des activités génératrices de revenus en réponses à des situations imposées
socialement ;
5) leurs activités se situent dans le cadre de l'économie formelle, informelle et/ ou marginale.
Donc, cela traduit l'importance de la théorie de l'activité de Vygotski et de Leontiev par rapport à
la façon dont l'enfant de la rue est présenté par Paulo Freire. La rencontre de leur développement
biologique ou physique avec les activités sociales que cette catégorie d'enfants réalise
quotidiennement définit l'idée que l'apprentissage, la pensée, la conscience de l'enfant sont
moulés dans les conditions sociales et dans ses rapports avec son environnement (individus,
objets, événements et autres artefacts). Alors, il serait toujours difficile de comprendre qu'un
enfant de 5, 6, 9, 11, 12 ans qui devrait être à l'école, apprendre à chanter, se divertir sur la cour
de recréation, regarder les dessins animés, raconter des histoires et des contes de fées, s'adonner
aux exercices de dessins, s'est retrouvé tout au contraire en situation de produire sa vie. En ayant
10 ans, il réalise des activités sociales économiques, rémunérées ou non, qu'une personne de 20
ou de 25 ans devrait réaliser ; son discours, ses conversations n'ont presque rien d'enfantin à
l'entendre parler. Chez nous, en Haïti, il parle généralement de la loterie (Bòlet), de longs
voyages aux fêtes patronales (Fèt Chanpèt), d'argent, etc.... Ce qui fait, en d'autres mots, que les
activités qu'il mène quotidiennement le définissent mieux, au lieu de centrer l'étude de son
développement par rapport à son âge, aux stades et aux activités qui y correspondent. (Cf. Piaget,
Freud, Erikson, Wallon. et al.)
Lutte pour la réalisation des droits économiques et Sociaux
http:/rnddh.org