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17/10/2019

Découpage de l’interaction
Ppt support à l’analyse de la transcription de « les héritiers » (voir fichier
word annexe) + ouverture de l’émission « On n’est pas couché. » avec
Poutou comme invité
https://www.youtube.com/watch?v=1Wp51SBgNKM

Des unités dialogales et des unités monologales


• On retiendra pour ce cours 2 unités monologales (qui n’impliquent pas plusieurs
participants) : l’acte de parole et l’intervention

• 3 unités dialogales : l’échange la séquence, l’intervention.

• NB : d’autres unités ont été dégagées par des chercheurs en interaction comme
« l’histoire interactionnelle » (une suite d’interactions reliées entre elles, en
général parce qu’elles impliquent les mêmes participants). (Golopentja a, la
première, parlé d’histoire conversationnelle)
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Plus grande unité dialogale


L’interaction* : se caractérise pour une ouverture et une clôture. Par exemple : une
consultation, une conversation, une transaction (interaction pour un achat), un cours…

Ici l’interaction serait le cours. On n’en a donc qu’un extrait.

On peut toujours imaginer des interactions sans clôture (un prof « à bout de nerfs » qui
sort de cours avant la fin sans terminer son cours et sans dire au revoir par exemple). Il est
plus difficile d’imaginer une interaction sans aucune trace d’ouverture.

NB : le terme « interaction » peut être ambigu. Il peut désigner à la fois le « matériau »


verbal que l’on analyse et l’unité de découpage maximale. C’est le cas par exemple dans la
première phrase de la diapo de conclusion. La 1ère occurrence « les interactions » fait
référence au matériau verbal. La 2ème occurrence fait référence à l’unité (« les moments
d’une interaction »)

Plus petite unité dialogale


• L’échange. L’échange minimal est de type « question-réponse ».
Par ex. dans l’extrait :
50. P : ELLE EST OU CETTE IMAGE +
51. E : dans les églises
Idem pour 92 -93
• Echanges plus complexes.
54 P : et à cette époque les chrétiens sont en lutte contre QUI
55 E : bah les musulmans
56 E : l'islam
Ici la réponse est co-construite par deux élèves et donc l’échange s’étend sur 3 interventions.
En fait, il est logique de considérer que le début de l’intervention suivante (57 « l’islam oui »)
appartient à cet échange avant qu’une nouvelle question de l’enseignante (« et alors ils vont le
mettre où l’ennemi ») ouvre un nouvel échange
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Remarques à propos de l’échange (plus petite


unité dialogale)
Certains chercheurs considèrent qu’au-delà de deux interventions, il ne faut plus
parler d’échange mais de séquence.
D’autres considèrent que c’est au de là de 3 interventions.
Une approche plus souple peut-être adoptée. Notamment, pour les interactions
didactiques on constate
1. qu’il y a souvent co-construction de réponses par les apprenants (55 et 56
répondent à la question posée en 54 -> 54-55-56 constitue un échange)
2. Les réponses des apprenants sont très souvent suivis d’une évaluation des
réponses par l’enseignant (en 31 « les ennemis du Christ » valide la réponse
donnée en 30 à la question posée en 29.-> 29-30-31 constitue un échange)
Les frontières entre échanges peuvent passer au milieu d’une intervention, comme
en 57 où la pause + marque la frontière entre un échange qui se termine avec
l’évaluation des réponses précédentes (« l’islam oui ») et la question qui ouvre un
nouvel échange (« et alors ils vont le mettre où l’ennemi »)

L’unité dialogale intermédiaire : la séquence


On peut considérer qu’une séquence est une suite d’échanges liés par une cohérence thématique,
une cohérence pragmatique ou une cohérence sur le plan du cadre participatif. Souvent on peut
identifier au début des séquences une ouverture (par exemple « bon maintenant…. ») et à la fin
une clôture (par exemple « bien on va passer à autre chose »).
• 1 à 9 constitue une séquence thématique autour du thème « qu’est-ce qu’un tympan ».
• 18-24 : constitue une séquence dont la cohérence est plutôt pragmatique. Cette séquence a
comme enjeu la circulation de la parole dans la classe (mais on peut aussi considérer que la
cohérence est thématique -> gestion de la circulation de la parole)
• Les découpages en séquence sur le plan du cadre participatif se font dans les interactions
polylogales (au-delà de deux participants), lorsque pendant plusieurs échanges, un ou plusieurs
participants n’ont pas la parole. (par exemple, un enseignant qui aurait fait des groupes dans la
classe et qui dirait »bon maintenant c’est le groupe 1 qui répond à mes questions » puis « bon
maintenant c’est le groupe 2 »). On peut imaginer aussi de voir des frontières entre séquences en
fonction des rôles interactionnels occupés par les participants. Si pendant plusieurs échanges le
locuteur A pose des questions au locuteur B puis après le locuteur B pose des questions au
locuteur A, on peut considérer que cela délimite deux séquences différentes.
NB : Plusieurs séquences peuvent ensemble former une séquence plus longue.
Une même interaction peut être découpée de différentes manières suivant les critères que
l’on se donne pour dégager les séquences
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Echanges – séquences et discontinuité


Une séquence (ou un échange) peuvent être « discontinus ».
Ainsi, l’extrait 1 à 59 constitue une grande séquence (dans laquelle on peut
distinguer plusieurs petites séquences). La grande séquence de 1 à 59
présente une cohérence pragmatique et thématique (décrire le tympan).
Mais cette grande séquence est interrompue par la séquence 58-64
identifiée dans la diapo précédente.
Ce type de séquence (58-64) est une séquence parenthétique (comme une
parenthèse dans l’échange), parfois qualifiée par certains chercheurs de
séquence parallèle. En général, les séquences parenthétiques présentent des
marqueurs d’ouverture et de clôture clairs. Ici l’ouverture n’est pas très
explicite, juste « Madame » (parfois on a des formules du type « pardon de
vous interrompre », « excusez-moi mais…). La clôture est plus explicite « c’est
bon », qui signifie que le cours peut reprendre là où il en était.

Séquence Vs échange ?
• La distinction entre échange et séquence peut être difficile à établir.
Certains interactionnistes considèrent qu’il n’y a pas de différence de
nature entre la séquence et l’échange et que l’échange est juste un
cas particulier de séquence (une séquence très courte).
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La plus petite unité monologale


• L’acte de parole (unité empruntée à l’analyse pragmatique). Aussi appelé acte de communication.
Dans l’interventin 97, vous avez 2 actes de parole :
l’évaluation de la réponse produite en 96 « l’islam » puis une question « et alors ils vont le mettre
où… »

Analyses de l’intervention 71 : on peut souvent proposer plusieurs découpages suivant le point de


vue qu’on adopte sur le corpus (ici il faudrait écouter pour avoir toute les données sur l’intonation
et vérifier que ce qui précède la pause a une intonation de question. Disons de manière générale
que, surtout dans le contexte de classes, les énoncés inachevés suivis d’une pause, sont
généralement interprétés comme des questions)
Par exemple :
en 2 actes (évaluation de la réponse précédente, désignation des personnages du tympan)
71 P : les ennemis du christ + vous voyez regardez la y'a un chef barbare avec un + un évêque une

ou en 4 actes (évaluation de la réponse précédente, captation de l’attention, question sur le


deuxième personnage, réponse à la question)
71 P : les ennemis du christ + vous voyez regardez la y'a un chef barbare avec un + un évêque une

Unité monologale la plus grande


L’intervention. C’est ce qui est numéroté dans notre mode de transcription.
Elle désigne toute production sonore ou gestuelle (notamment les gestes
que Colletta qualifie d’emblèmes et qui ont un sens conventionnel comme :
qui peut se substituer à une prise de parole.

On appelle aussi souvent l’intervention un Tour de parole (voire un TP). Il


faut noter que l’appellation « Tour de parole » pose un petit problème :
parfois on prend la parole pour ne pas la « prendre » : c’est le cas par
exemple d’une intervention de type « hm hm » qui peut signifier à la fois
« d’accord », et/ou « j’écoute » mais aussi très souvent « continue »
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Choix de transcription et mise en valeur des unités


monologales
Dès qu’il y a des phénomènes comme les « chevauchements », « enchaînement rapide des
tours de parole » (et donc potentiellement interruption des interlocuteurs), les choix de
transcription auront une incidence sur la manière d’envisager le découpage.
Nous présentons ici différentes manières de transcrire un petit échange complexe. Cela
permet à la fois de vous faire découvrir différents types de transcription et de vous
montrer l’impact des choix graphiques et de mise en page sur le découpage. Ce qui montre
que bien que la transcription se doive d’être aussi « neutre » que possible et « fidèle » à ce
qui est entendu, les choix qu’elle implique ont une incidence sur l’interprétation et
l’analyse de l’interaction.

Il s’agit des premières secondes de l’émission On n’est pas couché


https://www.youtube.com/watch?v=1Wp51SBgNKM
où la parole circule très rapidement et où il y a une sorte de « compétition » pour prendre
la parole. Notamment, le chevauchement de parole révèle ici qu’il y a une tentative
d’interruption de Ruquier par Audrey Pulvar. Voici différentes manières de transcrire cet
échange. En rouge des commentaires sur l’intérêt et les limites de ces modes de
transcription.

1. Ruquier : <en serrant la main de Poutou qui va 1. Ruquier : <en serrant la main de Poutou qui va
ensuite s’asseoir> bonjour bienvenu <> ben vous ensuite s’asseoir> bonjour bienvenu <> ben vous
voyez monsieur poutou ça commence BIEN voyez monsieur poutou ça commence BIEN
parce que vous aurez au moins appris / voilà /
parce que vous aurez au moins appris / voilà /
j’sais pas si on vous l’a dit mais que / le politique
j’sais pas si on vous l’a dit mais que / le politique salue la main toujours
salue la main toujours de tout le monde sur un 2. Pulvar : faut faire un tour de table
plateau quand il arrive/ ça y est vous êtes prêt =. 3. Ruquier : de tout le monde sur un plateau quand
2. Pulvar : faut faire un tour de table il arrive/ ça y est vous êtes prêt =.
3. Poutou : = on m’la dit hein 4. Poutou : = on m’la dit hein
5. Ruquier : ah ouais vous l’auriez pas fait
4. Ruquier : ah ouais vous l’auriez pas fait
naturellement
naturellement
5. Poutou : je sais pas Cette option n°2 permet de mieux visualiser
Option 1 de transcription : Ce choix permet de l’enchaînement du tour de parole de Ruquier et de
celui de Poutou mais elle a un défaut : elle fait
montrer la continuité de l’intervention de Ruquier,
apparaître 1 et 3 comme deux interventions ou
qui n’a pas prêté attention à la tentative tours de parole distincts alors qu’il ne s’agit que d’un
d’interruption de Pulvar. Défaut ! on a le seul tour de parole (Ruquier ne s’est pas du tout
sentiment que l’intervention de Pulvar s’est interrompu malgré l’intervention de Pulvar, il a
intercalée entre Ruquier et Poutou. produit son énoncé comme un seul tour de parole)
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Option 3 Cette présentation a l’avantage de mieux rendre compte de la superposition des prises
de parole (chevauchement) et de respecter une visualisation de l’axe du temps (la succession
des lignes suit le déroulement temporel). Ce type de transcription est difficile à mettre en page
(ici nous avons utilisé un tableau en deux colonnes. Ce type de transcription peut se révéler peu
« ergonomique » s’il y a de longs passages sans chevauchement car la colonne de droite, dans
ces cas-là, est vide.
Avec une telle transcription, on pourrait choisir de ne pas numéroter la prise de parole de Pulvar
car elle n’a pas vraiment réussi à construire un « tour de parole ».

1. Ruquier : <en serrant la main de Poutou qui va


ensuite s’asseoir » bonjour bienvenu <> ben
vous voyez monsieur poutou ça commence
BIEN parce que vous aurez au moins appris /
voilà / j’sais pas si on vous l’a dit mais que / le
politique salue la main toujours de tout le 2. Pulvar : faut faire un tour
monde sur un plateau quand il arrive/ ça y est de table
vous êtes prêt =.

3. Poutou : = on m’la dit hein

4. Ruquier Ah ouais vous l’auriez pas fait


naturellement

Option 4 : La transcription en partition (cf. modèle Vion dans le document sur la transcription) permet de ne pas
trancher sur le statut ou non de tour de parole des interventions qui se font uniquement par chevauchement
(Pulvar). On y numérote des lignes et non des tours de parole. Ceci a entre autre comme avantage de permettre
de faire plus facilement référence au corpus en cas d’intervention longue. (les transcriptions à l’aide de logiciels
adoptent généralement cette numérotation des lignes et non des tours de parole)

1. Ruquier : <en serrant la main de Poutou qui va ensuite s’asseoir » bonjour bienvenu <> ben vous voyez
2. monsieur poutou ça commence BIEN parce que vous aurez au moins appris / voilà / j’sais pas si on vous l’a
3. dit mais que / le politique salue la main toujours de tout le monde sur un plateau quand il arrive ça y est
4. Pulvar : faut faire un tour de table
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
5. Ruquier : vous êtes prêt =. ah ouais vous l’auriez pas fait naturellement
6. Poutou : = on m’la dit hein
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En résumé
Pour parler des interactions, on a besoin de parler des différents moments qui constituent une interaction. Les termes « échanges »,
« séquences » « interventions » aident donc à parler des « moments » qui constituent une interaction.

Certaines analyses d’interactions peuvent demander de porter une attention fine au « découpage ». Par exemple, si on étudie l’extrait
du film présenté pour voir comment se construisent les rapports de place Prof-élève dans cet extrait, on peut s’intéresser au
découpage de l’interaction. On pourrait regarder par exemple qui prend l’initiative de l’ouverture et de la clôture des unités. Par
exemple, la séquence parenthétique étudiée dans la diapo 7 a été ouverte et fermée par l’apprenante. L’enseignante accepte cette
prise d’initiative et ce « partage » des prérogatives enseignantes. Quand l’enseignante décide de clore la séquence, l’enseignante
reprend son cours. On peut imaginer une autre réaction, plus autoritaire du type « comment ça « c’est bon » ! Alors tu interromps le
cours, tu gesticules pour prendre la parole et maintenant que je te la donne tu ne veux rien dire ! Bon alors la prochaine fois tu
réfléchis avant de demander la parole. Allez, on reprend le cours ». Ce serait une manière de « reprendre la main », de contester
l’initiative de l’élève qui a ouvert et fermé une séquence. Mais ce n’est pas sur le terrain du « contrôle de la parole » que
l’enseignante de ce film essaie d’instaurer son autorité.

Les participants à une interaction co-construisent le découpage de l’échange, négocient les changements thématiques, ritualisent
dans certains cas, le passage d’une séquence à une autre (lorsque le médecin se lève de derrière son bureau et dit « bon allez je vais
vous ausculter », on sait que l’on passe à la séquence auscultation » qui suit la séquence « exposé des symptômes » et précède la
séquence « diagnostique et prescription ». Mais dans beaucoup d’interactions, notamment les interactions conversationnelles, le
découpage est « fluide », peu marqué, des marqueurs de clôture peuvent être suivi d’une reprise de la séquence etc. Bref, le
découpage de l’interaction, surtout lorsqu’il est non-planifié, peu ritualisé, et donc co-construit par les participants dans le hic et
nunc de l’échange, est souvent complexe à établir et peut donner lieu à des analyses divergentes suivant les critères que l’on prend.

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