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NAUD Elia

MALINGE Marion

2022-
2023

Pharmacognosie, Mr Richomme et CM6

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A) Exemples (suite)
a) Sesquiterpènes lactones (suite)

❖ A noter que 3 « camomilles » (Compositae/Asteraceae) sont communément cultivées en Europe (mais pas
du même genre – emploi différent) :
• La camomille « romaine » : Chamaemelum nobile (Anthemis nobilis) aux propriétés digestives (nobilines
et dérivés) Elle est produite en Anjou et contient au niveau des sesquiterpènes de la nobiline et ses
dérivés. Elle est utilisée pour ces propriétés digestives.
• La camomille « allemande » : Matricaria camomilla (= matricaire)
• La « grande » camomille : Tanacetum parthenium (parthénolide) → produit du parthénolide avec des
propriétés antimigraineuses
—> Ces 3 plantes sont trois espèces différentes (il faut bien savoir les différencier)

❖ Propriétés biologiques générales (sesquiterpènes lactones) :


• Principes amers (gentiane)  liqueur de gentiane utilisé pour des propriétés digestives
• Antiparasitaires, antihelmintiques (contre les vers)
• Toxiques : ambroisie (Ambrosia mariBma, Asteraceae) et ambrosine (donne des allergies (respiratoire et
de contact) quand on la touche à cause de sa structure chimique (groupement alpha-méthylène-gamma-
lactone qui va entrainer spontanément des réactions de Michaël) et aussi par son pollen produit plus de
2.5 milliards de pollens/jour) avec leur fonction α – méthylène- gamma-lactone. Le groupement exo-
méthylène est retrouvé dans les plantes invasives.
• D’une façon générale, les lactones sesquiterpéniques se lient aux protéines par un groupement α
méthylène-γ lactone. Celui-ci est un accepteur de Michaël, en rouge sur diapo (quand un groupement
électroattracteur réagit avec un carbanion s’ajoutant sur une double liaison, cela forme des liaisons
carbone-carbone qui sont irréversibles) réagissant aisément avec les groupements nucléophiles tels que
les amines et thiols retrouvés au niveau des protéines de manière irréversible. Il se forme alors des
allergènes induisant une sensibilisation des lymphocytes, d’où le développement de dermatites de
contact (eczéma, urticaire). Les allergies sont créées par modification structurel irréversible des
protéines
• Programme ECOPHYTO 2020 : but étant de diminuer les (herbicides) intrants (herbicides, engrais,
pesticides etc) de 50%
• Propriétés cytotoxiques = intéressante car exploité en chimiothérapie anticancéreuse

Propriétés biologiques spécifiques :


Le parthénolide ou germacranolide est présent avec le camphre dans l’huile essentielle de la « grande
camomille » = Tanacetum parthenium (Asteraceae) utilisée contre les migraines. Cette activité est
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démontrée notamment au niveau anti-inflammatoire, le pathénolide inhibe le facteur de transcription NF-KB
(médiateur de l’inflammation) qui est un acteur important de la cascade inflammatoire.

Parthénolide et tubuline :
La tubuline est une protéine (hétérodimère) dont les sous-unités α et β s’assemblent en spirales (billes vertes et
bleues sur le schéma) (Mg 2+, GTP) pour former des microtubules. (Antitubulines = anticancéreux comme le
Taxol/Taxotère qui agit sur l’assemblage/Désassemblage de la tubuline sur les microtubules, soit sur le
fonctionnement de la cellule).

Les microtubules :
Les microtubules sont responsables de l’établissement et du maintien de l’organisation spatiale du cytoplasme,
essentiels pour la cellule. Ils contribuent à la motilité cellulaire telle que la ségrégation chromosomique et la
distribution intracellulaire de nombreux organites. Les microtubules doivent pouvoir se séparer au moment de la
division cellulaire. Ce sont des structures ciblées en cancérologie (poison et stabilisant du fuseau).
Image : en vert/jaune = tubuline, en rouge = actine et myosine, en bleu= acide nucléique

❖ Cycle de tyrosination/détyrosination de la tubuline (la plupart des eucaryotes) :

Il y a un mécanisme pour retirer et un autre pour ajouter la tyrosine en partie terminale de la tubuline.
On a isolée l’enzyme responsable de cette tyrosination, c’est la TTL (Tubulin Tyrosine Ligase). Il est également
pensé qu’il existe en regard la TCP (Tyrosine CarboxyPeptidase) qui, elle, ôte la tyrosine en coupant la liaison
tyrosine-glutamine, cependant elle n’a pas encore été isolée.
Il existe une relation très nette avec les tumeurs, c'est-à-dire que TTL se comporte comme un suppresseur de
tumeur : plus il y a de TTL et moins la tumeur progresse (les cellules tyrosinées se comporte comme cellules
cancéreuses mais peu agressives). TTL est supprimé lors de la progression tumorale, on observe une
détyrosination massive de la tubuline (car seul la TCP agit) à l’origine d’une agressivité tumorale croissante.
Une cible intéressante serait la TCP, en l’inhibant on empêcherait la progression tumorale. Le parthénolide inhiberait
significativement la TCP (ôte la carboxypeptidase coupant par hydrolyse la liaison entre tyrosine et glutamine) si elle
existe, en tout cas il inhibe la détyrosination mais vu que la cible n’est pas prouvée on ne peut pas produire
d’anticancéreux. On essaye toujours d’identifier la TCP car manque de caractérisation donc manque d’informations.

b) Sesquitèrpènes de

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l’Armoise annuelle

Cette plante s’appelle Artemisia annua, et se trouve au Guinshao en Chine, son nom chinois est Qinghao. C’est une
plante herbacée annuelle présentant des tiges très ramifiées (0,3-1m  3m). Les capitules sont en grappes et
terminent les branches. Originaire de Chine, elle a été progressivement acclimatée dans le centre et le sud de
l’Europe et en Amérique du Nord. Cela a permis de faire de la séléction variétale car elle a été sélectionné et on l’a
implanté ensuite en afrique de l’Est pour le developpement.

C’était une plante connue dans la médecine traditionnelle chinoise (TCM), contre la fièvre et les tremblements,
comme fébrifuge, et contre la malaria. La malaria est une affection due aux Plasmodium (P.falciparum). Elle est
transmise par des moustiques du genre Anophèles. C’est un problème de santé mondiale et selon les données de
l’OMS de 2017 : 219 M cas pour 87 pays (435 milles décès par an).

Les antimalariaux sont des dérivés de la quinine (cf alcaloïdes) mais il y a de nombreuses souches résistantes. EN
1967, a été développé en Chine, un programme appelé « 523 » (car lancé le 23/05/1967) : il a mobilisé plus de 500
chercheurs, et a permis l’étude de plus de 1000 plantes de la Pharmacopée, dans le but de trouver des molécules
contre la malaria. La Chine s’est lancée dans ce programme pour aider le Vietnam (qui était en guerre (1955-1975).
Le Vietnam avait risqué de perdre la guerre car pour lutter contre les troupes américaines, les Vietnamiens utilisaient
beaucoup des tunnels. Mais c’était une niche à moustiques, donc les Vietnamiens perdaient beaucoup de vies à
cause de la malaria. Il fallait trouver un moyen de les soigner.

Ce programme fut un échec, jusqu’à l’arrivée de la professeure en pharmacie Tu Youyou au milieu des années 70  :
elle a eu deux idées : la première était de s’intéresser à tous les écrits qu’elle pouvait trouver et qui pouvait
correspondre à la malaria pour retenir les plantes (en s’intéressant aux symptômes, se concentrant sur les plantes
soignant la fièvre etc), elle prit ces plantes et elle a exclue des plantes dont les familles étaient réputées pour
produire des alcaloïdes (de chemotaxonomies) car elles voulait des molécules qui avaient un autre mode d’action
que les alcaloïdes pour avoir un mécanisme différent. Elle a été Prix Nobel de médecine en 2015 et prix Lasker en
2011.

Deux découvertes avaient été récompensées lors du Prix Nobel : deux chercheurs pour leur découverte sur les
Avermectines, produits par des microorganismes (parasites). Ce sont des anthélmintiques (actifs contre les vers,
notamment nématodes). L’autre moitié du Prix pour Youyou Tu pour la découverte de l’artémisinine. Leurs
découvertes concernent des millions et des millions de personnes : atteints de l’éléphantiasis, de la cécité des
rivières, et de la malaria.

Dans cette découverte, le principe actif est l’artémisinine, schizonticide sanguin (actif contre les formes assexuées,
responsables des signes cliniques), virtuellement atoxique ( on a jamais demontré de toxicité partuclière du
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composé). L’artémisinine est un sesquiterpène (15C) complexe, présentant un pont éther et un enchaînement
oxygéné unique dont la présence est indispensable à l’activité thérapeutique : -OO-C-O-C-O-C=O (et donc un
péroxyde).

Squelette à 15C

L’acide artémisinique est le précurseur.

C’est la seule espèce parmi les 400 du genre à biosythétiser des quantités significatives d’artémisinine (Rdt 0,05% à
0,2%  issus de la sélection variétale) = peu élevé) également obtenue par hémisynthèse à partir de l’acide
artémisinique ce qui donne un rendement de 50% : ce qui est plutôt pas mal

Source double : le PA directement + un précurseur transformé

On part de l’acide artémisinique que l’on peut extraire de la plante, on fait de la photochimie. On fait aussi de la
biologie synthétique on identifie les gènes impliqués dans la biosynthèse de métabolites secondaires, et on implique
cette partie du génome dans un organisme facile à cultiver, ici, la levure de boulanger (saccharomyces cerevisiae).
On obtient clairement des OGM (« les bons », contrôlés par l’industrie).

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Des analogues structuraux obtenus par hémisynthèses (on prend le produit naturel, ici l’artémisinine, et on le
transforme), comme les hémiacétals, arthemeter et arteether ou l’artésunate, qui sont plus actifs, et utilisés par voie
injectable. Ils sont intéressants vis-à-vis des souches résistantes à la chloroquine (dérivé de la quinine).

Il y a un programme piloté par l’OMS pour utiliser ce PA. Dans les années découverts, il n’a pas été breveté par les
Chinois, donc il est d’usage libre. L’OMS a piloté cela avec le souci d’éviter que des résistances apparaissent. C’est ce
que l’on appelle des ACT : Artemesinin Combined Therapy (ne pas utiliser l’artémisinine seule dans un ttt, pour éviter
de développer des résistances). On utilise donc des traitements avec plusieurs molécules, et des moustiquaires
imprégnées d’insecticides (pour la prévention). Attention, l’artémisinine n’est pas insecticide, on peut par exemple
utiliser des dérivés de pyrèthre. Développement de dérivés de l’artémisinine qui vont être administrés en
polythérapie ACT.

Deux projets d’envergure, soutenus par la communauté internationale (OMS) ont ces dernières années vu le jour en
Afrique de l’Est pour la culture d’Artemisia annua et la fourniture d’artémisinine. Les variétés sont cultivées dans des
fermes au Kenya, Ouganda et Tanzanie qui ont à eux trois un terrain d’un millier d’hectares pour la culture et elles
sont aussi cultivées à Madagascar (600 hectares). La plante est aussi assez facile à cultiver. Procédure : on sème, puis
repiquage en pot puis en terre et enfin récolte. Pour la récolte on collecte les akènes contenant les graines  : 12000
graines/g. Les graines ont une capacité germinative supérieur à 90% et sont viables pendant 3 ans si elles sont
conservées à température ambiante. Pour terminer, séparation des feuilles et des tiges puis extraction sur place
pour récupérer de l’artémisinine.

Accord mondiale pour production d’acide artémisinique : Une initiative a été très controversée, par SANOFI, pour
produire l’artémisinine. Ce qui était suspecté, c’était de breveter des choses qui ne le seraient pas  : l’extraction à
partir de la plante n’est pas brevetée, mais la biologie synthétique a été brevetée (les étapes). Peut-on breveter le
vivant comme ça ? C’est une source de revenu pour les fermiers, etc, et les bénéfices pour eux n’étaient pas
évidents… L’armoise se cultive, donc il n’y avait pas de bénéfices à produire tout cela. Le programme a été
abandonné. Un autre inconvénient était que le coût de production de l’artémisinine par biologie synthétique était
très élevé.

Un article de Nature en février 2015 annonçait que Sanofi avait stoppé sa production d’artémisinine semi-
synthétique en 2015. Alors que le prix de fabrication de l’artémisinine biosynthétique était toujours d’environ 400
US$/kg, le prix du marché pour l’artémisinine naturelle a chuté en dessous de 250 US$/kg.

On a mieux diagnostiqué la maladie, donc on peut utiliser les traitements que quand c’est nécessaire, donc la
demande a chuté. Il fallait aussi garantir aux fermiers un revenu correct, ce qui a été fait par des contrats à long
terme.

D’une part, un travail sur les modalités de diagnostic du paludisme a permis de mieux cibler les personnes
effectivement atteintes de cette maladie. La diminution des faux diagnostics a de fait conduit à stabiliser la demande
mondiale de médicaments.

D’autre part, la mise en place de contrats de long terme entre les producteurs d’ACT et le Fond Mondial de lutte
contre le SIDA, le paludisme et la tuberculose a permis d’augmenter la production naturelle d’artémisinine.

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Où en sommes-nous de l’utilisation de cette molécule et de son efficacité ? L’IRD (Institut de Recherche pour le
Développement) a collaboré avec le Sénégal, pour tester le programme de l’OMS (insecticides sur les moustiquaires,
et ttt par ACT des personnes contaminées). Ils l’ont évalué pendant 10 ans. Au bout de 10 ans : constat de pb.
Moustiquaires imprégnées d’insecticide (mécanique), dans l’insecticide on retrouve un pyréthrinoïde, artéminiside
n’a aucune propriété insecticide. Lorsque des personnes sont contaminée malgré cette barrière, on va les traiter par
ACT (polythérapie) pendant 10 ans et on va regarder si dans le village il y a toujours la maladie.

Un analogue de pyrèthre est utilisé pour imprégner les moustiquaires. Les résultats n’étaient pas très optimistes :

2 phénomènes conduisent à une recrudescence du paludisme dans la zone étudiée (village)  :

- Les enfants survivants sont protégés par une « immunité » (mécanisme mal expliqué immunologiquement)
qui nécessite une exposition permanente au P.falciparum (cela signifie qu’ils sont régulièrement piqués par
les moustiques). Si celle-ci diminue drastiquement (= succès de la lutte anti-moustiques), les enfants plus
âgés et les jeunes adultes deviennent hypersensibles à une infection ultérieure, pouvant leur être fatale.

- Des résistances massives sont apparues au pyréthrinoïde utilisé (deltaméthrine) chez Anopheles gambiae.
 fonctionne bien pendant 10 ans mais après résistance donc il faudrait varier les insecticides pour éviter
cela (recommandé par l’OMS)

Il y a quand-même une efficacité, mais il faut trouver un autre moyen pour se débarrasser du paludisme : un vaccin.

Le mécanisme d’action vient du pont endopéroxyde qui, lorsqu’il y


a un clivage, en présence d’ions ferreux, génèrent des ROS (espèces
réactives de l’oxygène). C’est une réaction de Fenton (A + B). Cela
peut concerner l’oxygène, ou R (un substrat le plus souvent
lipidique). Le cycle d’oxydo-réduction du fer ferreux intervient pour
la génération de radicaux hydroxyles et autres avec R. Ces espèces
radicalaires ont une courte durée de vie, mais sont très réactives.

L’artémisinine agit comme un substrat, et conduit à la production


de ces ROS, attaquant le parasite (destruction de ses acides
nucléiques, de son arsenal).

L’idée de développer ce potentiel de mode d’action de


l’artémisinine contre certaines cellules cancéreuses

Il y a des ions ferreux dans les cellules saines, apportés par la transferrine dans le plasma. L’holotranferrine est la
transferrine chargée en fer. Fixerait sur la chaine de l’artémisinine. Les cellules cancéreuses ont des quantités plus
élevées en ions ferreux.

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Dans le cas de certains cancers, il y a une surexpression des récepteurs à l’holotransferrine. Il y a beaucoup plus de
fer. L’idée est d’apporter de l’artémisinine dans les cellules cancéreuses. Quand l’artémisinine arrive sur une cellule
saine, le stress oxydatif est gérable par la cellule. Mais dans le cas d’une cellule cancérigène, la concentration en
espèces réactives et trop important et cela est délétère pour la cellule. On n’a donc pas besoin de vectoriser
l’artémisinine sur la cellule cancéreuse.

L’artémisinine réagit avec le fer, formant des ROS, entraînant la mort cellulaire (et une inhibition de l’angiogenèse)
et diminue l’angiogénèse (vascularisation des cellule). Chimiothérapie sélective car cela ne va pas toucher aux
cellules saines.

Il y a quand-même de la vectorisation qui est mise en place : fixer sur l’holotransferrine l’artémisinine, qui est
amenée dans la cellule et cible les cellules cancéreuses. Cela est toujours en cours de développement. On met
beaucoup d’espoir dans ce type de traitement.

Autre développement : la schisotomiase (bilharziose) = 2nde pandémie (après le palu) : 230 M.

TTT actuel : praziquantel mais en qté insuffisantes (on peut traiter actuelle que ¾ des malades)

Les premiers essais sur animaux : analogue de la quinine (méfloquine) associé à l’artémisinine. Apparemment une
très bonne efficacité antihelminthique. Les premiers essais cliniques en Belgique : on compare un ttt à ACT vis-à-vis
du praziquantel. Essais actuellement en cours, en attente des résultats définitifs.

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