Quand les marques s'engagent pour les femmes : vrai la différence, alors, entre les campagnes des marques
alors, entre les campagnes des marques à caractère féministe et la
politique des entreprises. « Par exemple, il faut regarder aussi si Always a une féminisme ou pur marketing ? campagne d’égalité professionnelle hommes-femmes en interne, voir si, dans les P a m é l a R o ug e r i e L e 21 j ui l l e t 2 01 5 conseils d’administration, il n’y a pas 8 hommes pour 1 femme comme cela est le cas Les grandes marques essaiment des campagnes publicitaires souvent qualifiées de dans certaines sociétés… » « féministes » sur les réseaux sociaux. Le tout accompagné de messages a priori positifs pour les femmes du monde entier. Assiste-t-on à un changement des mentalités ou à la L’efficacité même des projets n’est parfois pas garantie : « La campagne sur la beauté création d'un nouveau filon marketing ? de Dove n’a pas forcément fonctionné en termes de marketing mais plutôt au niveau institutionnel. Elle a transmis un message qui faisait réfléchir. » Il reconnaît quand « Je me suis dit que je devais arrêter si je n’étais pas assez bonne… Je leur ai montré même l’intérêt de telles communications : « Plus il y a de messages comme ceux-là, qu’ils avaient tort, en persévérant et en m’améliorant. » Une jeune fille, avec des plus les gens vont se rendre compte des inégalités. Cela les pousse à s’interroger et à bagues sur les dents, témoigne de sa détermination au milieu d’autres adolescentes démonter ces inégalités. Tout message (comme celui-là) est bon pour notre société et d'autres femmes pour la marque Always. Le slogan ? « Rien ne t’arrête. » Le label en général. » « féministe » est une véritable manne pour les marques qui veulent se renouveler. Et elle sont nombreuses à l'avoir compris : Nike et sa campagne humoristique sur les Des efforts à poursuivre femmes qui se sentent mal à l’aise dans une salle de sport, Dove qui encourage les Malgré l’essor de ces campagnes, les critiques demeurent. Pour Christine Delphy, femmes à avoir plus confiance en leur apparence, Gap Kids aux États-Unis, qui sociologue et chercheuse au CNRS spécialisée dans les études de genre, la plupart de collabore avec la célèbre animatrice Ellen DeGeneres pour encourager les filles à ces vidéos ne vont pas assez loin pour faire évoluer les mentalités. « Elles ne proposent assumer leur style. Est-ce là la preuve d'un engagement des entreprises en faveur des pas d’analyse sur l’origine des limites imposées aux filles, d’autres renforcent l’idée femmes ? qu’une femme doit être belle… » Certaines, par exemple, sont même connues pour Ce qui est sûr, c’est que les marques gagnent à parler du sujet. La première publicité être passées à côté de leur message. Pantene et sa campagne « Not Sorry », qui de Dove, qui devait révéler la « vraie beauté » des femmes, est devenue la 4e publicité encourageait les femmes à arrêter de s’excuser, a fait l’objet de critiques : c'est la plus partagée de tous les temps selon Time Magazine. « Jusque-là, le marketing notamment la question du lien entre le fait d’avoir des cheveux brillants et du succès avait plutôt un penchant pour le sexisme. Cette tendance à élargir le champ des au bureau qui a posé problème. possibles est positive pour les femmes. Les marques ont tout à gagner à soutenir Thibault Di Maria souligne qu’en « analysant plus précisément certaines publicités », ces mouvements, parce que cela leur donne une image positive », affirme Yves on peut aussi y retrouver des stéréotypes. Son exemple le plus parlant est celui Deloison, spécialiste du féminisme et auteur de L’Homme, le nouveau sexe faible. d'une campagne Decathlon, dans laquelle une fille se fait remarquer pour ses talents Manifeste pour un nouveau mâle (1). de footballeuse… en étant la seule habillée en rose au sein d'un groupe de garçons en Avec ces jeunes filles qui veulent remettre en cause ces critères qu’on leur impose, noir et marron. « Les consommateurs sont aussi responsables : les femmes ont « on contribue à faire évoluer l’image des filles et des femmes. Les personnes qui intériorisé la domination masculine et les hommes, la virilité affirmée. Ces souffrent le plus de cet enfermement, ce sont les femmes. (Le fait que les marques consommateurs sont ceux que les agences écoutent. », d'après le spécialiste. Le travail fassent des campagnes féministes) est plutôt bon signe, car plus cela imprègne les à faire dépasse donc l’enceinte des murs des agences de communication. couches de la société, plus cela permet aux individus de s’émanciper (des conventions). » Pourtant, même dans les commentaires des vidéos en question, on (1) L’Homme, le nouveau sexe faible. Manifeste pour un nouveau mâle, d'Yves Deloison, Éd. First, 256 p., 16,95 €. https://madame.lefigaro.fr/societe/les-grandes-marques-deviennent-elles-feministes-210715-97541 peut reprocher aux marques d’être hypocrites. La cause ? Ces campagnes sont des publicités et ne sont donc motivées que par l’appât du gain. Pour Thibault Di Maria, chargé du cours « Genre et marketing » au Celsa (Paris- Sorbonne), la réponse au problème est simple. « Je ne connais pas de marque qui soit véritablement féministe. Ça répond à un positionnement marketing à un temps donné, on emploie un discours temporaire parce que c’est dans l’air du temps. » Il faut faire