Le Fils, en effet, « revendique la propriété et la familia
rité » du Père en disant : « Je suis dans le Père et le Père est en moi, Jn 14,10», §115, tandis que l'Esprit, qui ne jouit pas de cette familiarité, est dit seulement « recevoir du Père le témoignage semblable à celui qu'il lui rend lui-même», §116. Pour marquer cette origine paternelle de l'Esprit qui est bien proche de celle du Fils, sans en avoir cependant tous les caractères, Didyme dira encore : « Comme l'Esprit Saint possède le caractère propre du Fils en tant que [le Fils est] Dieu, mais pas toutefois la filialité qui ferait de lui son Fils, il montre par là l'unité qui le conjoint au Fils », § 139. A travers ce langage d'Évangile, les idées sont nettes : l'Esprit sort du Père, mais pas comme le Fils ; sans la particularité d'être le Fils, mais avec celle d'être l'Esprit du Père. La théologie moderne de la procession se trouve à l'aise dans ces formules.
Les Personnes Tout un ensemble de passages, qui
concourent principalement à l'exegese de Jn 14,26, Jn 15,26, Jn 16,12-15, nous aide à aller plus loin dans la pensée de Didyme sur la « procession » : §114-120, 133-139, 153, 158-173, et, par le fait même, à envisager à partir de maintenant la distinction des per sonnes. Mais nous allons voir que Didyme y vient diffi cilement. Sauf en un cas (douteux), le mot « personne » n'est pas employé.
¥, . ,, .„ Donc, arrivé là dans sa réflexion
Un double envoi ? . . , . . „. ., . .. . 9 sur la « sortie » (procession), Di dyme se heurte au texte de Jn 14,16, où il est dit que le Père enverra au nom du Fils « un autre Paraclet que celui qui est envoyé par le Fils », §120. Ce double envoi peut mettre le trouble dans la pensée, car il paraît contredire ce qui a été déclaré peu avant : y aurait-il donc deux Esprits et pas seulement