Car après la définition qu'il en a donnée, Didyme n'est
pas quitte de son problème. La procession des Personnes divines au sein de la Trinité, quand il s'agit du Fils ou de l'Esprit, fait surgir des questions ardues, dans les quelles l'absence d'un vocabulaire adéquat l'oblige à se tenir au plus près des formules de l'Évangile. Celles-ci sont mystérieuses et le restent après l'évocation qu'en fait notre auteur. Ainsi dit-il au §114: «Il faut croire qu'il a été dit dans une parole ineffable et que la foi seule fait connaître, que le Sauveur est sorti de Dieu et que l'Esprit de vérité sort du Père, puisqu'il [le Père] dit : « L'Esprit qui sort de moi » (1s. 57,16). L'Écriture aurait pu dire : (qui sort) « de Dieu » ou « du Seigneur » ou « du Tout-Puissant » ; elle n'en a rien fait, mais elle a dit « du Père ».... « Il est dit que l'Esprit de vérité sort de lui en conformité avec la propriété de Père et conformément à la portée du terme de parent (secundum proprietatem Patris et intellectum parentis). » Nous avons traduit au mieux ce dernier membre de phrase, sans être sûr qu'on comprendra Didyme à travers les mots. Il y a là comme un essai d'explication du phénomène de la procession en ce qui concerne l'Esprit Saint, expli cation qui doit, pour Didyme, sauvegarder la non-diffé rence sur laquelle il a fait porter ses efforts en § 74. Cette explication est tirée de la puissance paternelle du Père, qui s'exerce non plus vis-à-vis d'un Fils que Didyme sait Unique, mais vis-à-vis de son Esprit, Esprit de Vérité, pour lequel la puissance paternelle, secundum intellectum parentis, §114, s'exerce aussi. Mais comment ? C'est ce que Didyme ne sait pas dire ; il s'en rapporte « à la parole ineffable et que la foi seule fait connaître », §114, et nous restons sur cette impres sion que la « sortie de l'Esprit » — c'est-à-dire sa pro cession — est quelque chose de semblable, mais non identique à ce qui se produit en ce qui concerne le Fils.