Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Référence 1:
Patrick Charaudeau, « De l’enseignement d’une grammaire du sens »,
Revue Le Français aujourd’hui 2001/4 n° 135 | pages 20 à 30.
https://www.cairn.info/revue-le-francais-aujourd-hui-2001-4-page-
20.htm
Référence 2 :
Janine Courtillon, « La mise en œuvre de la grammaire du sens dans
l’approche communicative : analyse de grammaires et de manuels », Éla.
Études de linguistique appliquée 2001/2 no 122 | pages 153 à 164.
https://www.cairn.info/revue-ela-2001-2-page-153.htm
Département : Didactique des langues Module : Approches linguistiques et didactique
Compte-rendu 1
Cette distinction, établie par Charaudeau, constitue la première touche d’une pensée qui
préambule celle s’avérant fondamentale dans le domaine d’enseignement de la grammaire en tant
que telle. Pour ce qui est de la condition d’applicabilité, il s’agit d’une condition révélant le rôle
réducteur de l’école en termes d’apprentissage. Celle-ci conçoit l’apprentissage tel un processus
aussi bien scolaire qu’extrascolaire. S’y rejoint la seconde qui illustre l’importance de
l’envisagement de l’héritage de la société de l’élève dans la construction des savoirs. Elle préconise,
par le principe de filiation, l’assurance d’un certain décloisonnement de savoirs chez l’élève. Vient
Département : Didactique des langues Module : Approches linguistiques et didactique
Ceci dit, il est temps alors d’aborder, à fond, la mise en relation de la grammaire
morphologique et de la grammaire sémantique. Charaudeau adopte une attitude neutre vis-à-vis le
rapprochement de ces deux grammaires. Comparer, n’est pas la finalité majeure de cette étude, a
contrario, démontrer la complémentarité et la complicité de la forme et du sens en est la vraie fin.
Reste donc la dernière, inscrite sous l’intitulé « grammaire pour réfléchir », qui cherche, à
partir d’une catégorie formelle, à démasquer la pluralité sémantique qu’elle dérobe. Elle prône
Département : Didactique des langues Module : Approches linguistiques et didactique
l’attitude réflexive de l’élève à l’égard de la pluralité sémantique figuré au cœur d’un constituant
formel.
Cet aspect rejoint parfaitement l’idée directrice, subtilement conduite le long de la réflexion
de Charaudeau : donner sens à l’enseignement-apprentissage de la grammaire. Dans cette
perspective, Charaudeau essaie justement d’ériger cette passerelle joignant marchés de savoirs
savants et marchés de savoirs appliqués afin d’aboutir à semer cette culture de conscientisation de
la primauté du sens, tant sur le plan personnel que collectif. Cette « grammaire pour réfléchir »
élargit la vision modeste de l’enseignement de la grammaire, devançant la forme au détriment du
sens.
Au travers de cette relecture, il s’avère important de remettre le point sur ce que Charaudeau
a l’intention de transmettre comme directive(s) d’enseignement de la grammaire du sens. Toujours
dans la conception d’interrelier forme et sens, la grammaire de Charaudeau offre à l’élève la
possibilité d’interroger ses représentations, c’est-à-dire interroger la faisabilité et l’utilité des
moyens formels dans sa quête de la substantifique moelle.
Département : Didactique des langues Module : Approches linguistiques et didactique
Compte-rendu 2
entre ce qu’on l’appelle temps grammatical et temps vécu. Ce dernier interpelle une ou des
situations de la vie quotidienne. Or, la visée de Janine Courtillon tend, à l’encontre de ce que
suggère certaines grammaires, à dépasser cette démarche préconisant le recours aux significations
contextuelles. De la part de Courtillon, cette multitude de contextes, prétendant avoir étayé la
signification de base d’un temps donné (exemple : imparfait : « signification d’accompli au
passé »), ne vient que bouleverser, à vrai dire, l’apprentissage du temps en question. D’où
l’émergence du concept vision fondamentale, concept simplificateur de l’enseignement de la
grammaire.
Dans la même lignée d’idées, il paraît primordial d’apporter la contribution de chacun de
Charaudeau (Grammaire du sens et de l’expression, 1992) et de G.D. Salins (Grammaire pour
l’enseignement/apprentissage du FLE, 1996) quant à cette vision opposant ce que l’auteure a
dénominé significations contextuelles. Pour P. Charaudeau, l’adoption d’un métalangage simple et
clair est l’une des clés résolvant les soucis de la réception de la notion grammaticale, en
l’occurrence les temps du passé rassemblés au cœur de l’un des chapitres de son ouvrage sous le
nom d’« antériorité » . Chez G.D. Salins, le concept est explicité davantage. Il essaie de démontrer,
à travers deux exemples alliant (Je descendais, il est monté) et alternant (Je savais / J’ai su)
imparfait et passé composé, l’insuffisance de la valeur du procès dans l’appréhension de l’emploi
des temps en œuvre. Cette défaillance mène Salins à penser vision continue (imparfait) et vision
discontinue (passé composé) concrétisant, par suite, cette tentative de simplification de l’usage des
temps avancés. Tentative qui semble tout de même délicate quand on a affaire à des verbes d’état,
dont le choix du temps de passé demeure problématique.
Mais l’expression « grammaire du sens » va faire plus que se contenter de l’aspect notionnel
(quantitatif, temps du passé) de son enseignement. Aux prémices de son article, J. Courtillon
reprend, dans le sillage de P. Charaudeau, les trois grands points caractérisant cette grammaire, à
savoir : intentions du sujet, enjeux communicatifs et effets de discours. L’aspect communicatif
semble fondamental à l’envisagement de l’enseignement de la grammaire en classe. Raison pour
Département : Didactique des langues Module : Approches linguistiques et didactique
laquelle Janine Courtillon puise, dans le deuxième volet da son article , son étude analytique dans
des méthodes conçues selon une approche notionnelle-fonctionnelle (appelée également de
notional-functional communicative approach par le Conseil de l’Europe). Approche qui vient
justement donner sens à l’enseignment de la grammaire, s’intéressant à la forme et à la (ou aux)
fonction de l’objet enseigné.
Du côté notionnel, l’analyse de certaines méthodes fait surgir la persistance des problèmes
de métalangage, de l’explication sémantique quant à l’application de l’imparfait et le passé
composé sur un verbe d’état et les significations contextuelles qui « encombrent » les méthodes
utilisées.
Du côté fonctionnel, l’analyse des méthodes révèle deux démarches distinctes. La première
consiste à engager l’apprenant en l’amenant, en premier lieu, à saisir les traits fonctionnels de la
forme au sein d’un énoncé. Il est amené, ensuite, à l’investissement des énoncés, proposés par la
méthode, dans la création d’une situation de communication, incarnant ainsi son implication
personnelle dans l’apprentissage. Quant à la seconde, elle ne fait que diriger l’apprenant vers le
ressassement de ce qui est proposé comme énoncés dans des situations stipulées au préalable.
De cette relecture ressort deux grands partis : parti privilégiant la stagnation de
l’enseignement de la grammaire, reposant essentiellement sur le côté formel que sémantique.
Enseignement qui souffre toujours de la marginalisation de l’aspect opératoire des objets enseignés.
Il n’y a alors que la massification et l’entassement. Pour ce qui est du second parti, il prône la prise
en considération de la fonction d’une forme dans un contexte donné. Il priorise l’attribution à la
forme d’un sens, d’une valeur du contexte. D’où l’émergence de l’approche notionnelle-
fonctionnelle par le biais de laquelle l’apprenant parvient, lui-même, à construire des significations
contextuelles de la forme dans une situation de communication donnée.