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ATELIER DE LECTURE

Profil du groupe d’élèves : Public visé : 3 Elèves en grande difficulté


de lecture et de compréhension de textes en classe de seconde

Organisation : Plusieurs ateliers de lecture pour élèves en difficulté sont mis en


route en parallèle. Après la deuxième séance, les enseignants de chaque atelier se
réunissent et modifient les groupes selon les progrès de chaque élève. Un atelier
regroupe les élèves qui restent en grande difficulté de lecture et poursuivent la
lecture de textes à lire ou lus en cours de français. Les enseignants renouvèlent les
séances une et deux jusqu’à ce que les élèves gagnent en autonomie. Un autre
atelier poursuit la progression par la séance 3 et les suivantes.

Séance 1 : Récupérer chez les professeurs de lettres les textes qui vont être
étudiés en classe.

- L’élève lit silencieusement la première partie du texte, avec la consigne


suivante : souligner au crayon à papier les mots ou expressions non
compris.
- Sans explication de l’enseignant, reformulation de l’extrait à l’oral par
l’élève.
- Demander si les mots soulignés empêchent la compréhension.
- Explication sur les incompréhensions communes
- Relecture silencieuse du passage et les élèves soulignent au stylo les
incompréhensions qui persistent.
- Ré-explication des termes
Lecture du texte entier

Séance 2 : Récupérer chez les professeurs de lettres les textes qui ont été
étudiés en classe.
- Autoévaluation après l’étude du texte en cours : Qu’est-ce que j’ai
compris et ce que je n’ai pas compris.
- Formuler des besoins par rapports à une lecture fragile : qu’est-ce qui
m’a empêché de comprendre ?
- Echange, remédiation avec l’enseignant
- Lecture d’un autre texte (entier) à étudier pour le lendemain en cours
Même exercice (mais plus rapide pour les plus autonomes)
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Ces deux séances sont à multiplier selon la difficulté de lecture des élèves.
Suivre les élèves à l’AP en parallèle d’une séquence complète en classe et
évaluer les progrès. Collaboration avec l’enseignant de lettres.

Séance 3 : 3 textes sur Charles Quint (du plus facile au plus difficile)

- Lecture silencieuse et repérage des mots et expressions inconnus.


L’élève évalue sur dix sa compréhension du 1er texte.
- 2ème lecture du 1er texte et l’élève souligne au stylo ses
incompréhensions. Auto-évaluation sur dix.
- L’élève donne un titre à l’extrait, puis le résume brièvement.
- Mêmes exercices pour les textes 2 et 3.
- Reprendre les mots et expressions qui restent incompréhensibles pour
les élèves.
- Réflexion orale entre les différents membres du groupe sur la question
suivante : « Ces textes offrent-ils le même point de vue sur la figure de
Charles Quint ? » Comprendre qu’il est nécessaire de s’appuyer sur
l’ensemble des documents d’un sujet pour bien le cerner. Repérer les
informations les moins fiables et savoir dire pourquoi.
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Texte A :
CHARLES QUINT ou CHARLES V ♦ (Gand 1500 – Yuste, Estrémadure, 1558). Empereur
Germanique (1519
– 1556), prince des Pays-Bas (1516-1555), roi d’Espagne sous le nom de Charles Ier, roi de
Sicile sous le nom de Charles IV (1516-1556). Fils de Philippe le Beau et de Jeanne la Folle, il
fut d’abord un prince bourguignon et, le français étant sa langue maternelle, il ne parla
jamais correctement l’allemand. C’est en Bourgogne qu’il choisit ses principaux conseillers
(Chièvres, Gattinara) et l’héritage bourguignon resta toujours au cœur de ses
préoccupations, même lorsqu’il se trouve maître d’un immense empire.
Par sa mère, en effet, il hérita de la Sicile et de l’Amérique Latine, et par son père, des
possessions héréditaires des Habsbourg auxquelles il ajouta le titre d’empereur du Saint
Empire, âprement disputé par Fugger. La principale faiblesse d’un tel empire résidait dans sa
taille même, et dans sa dispersion qu’accentuaient encore des particularismes locaux :
Charles Quint fut d’abord un étranger en Espagne et bien davantage en Allemagne. (…)
Le Petit Robert des noms propres, rédaction dirigée par Alain Rey, 1997.
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1ère lecture : / 10 2ème lecture : / 10

Texte B :
La puissance de Charles Quint, qui ajoute à son héritage espagnol les Flandres, la Franche-
Comté, l’Empire, le duché de Milan, paraît immense. En fait, cet empire n’a pas d’unité ; le
seul lien est constitué par la personne du souverain, mais les diverses composantes n’ont pas
le sentiment de former une communauté et elles sont loin de composer également aux
dépenses de l’ensemble. C’est la couronne de Castille qui fournit l’essentiel des moyens
militaires et financiers, ce qui ne va pas sans provoquer des difficultés au fur et à mesure que
la charge d’accroît. Les autres parties de l’empire tirent plus ou moins leur épingle du jeu et
se replient sur leur statut juridique et leur autonomie. En dépit des apparences, l’empire
espagnol est fragile parce qu’il est dispersé. C’est un conglomérat de territoires sans
cohésion.
Les Espagnols mettront du temps à s’accoutumer au cérémonial bourguignon qu’ils
trouvaient trop dispendieux et qui les avait persuadés que l’avènement des Habsbourg
marquait une rupture avec les habitudes plus simples de la cour des Rois Catholiques. Dès
1526, le Conseil d’Etat invite Charles Quint à modérer ses dépenses pour donner l’exemple à
ses sujets. Le jeu – entendons : les tournois -, le luxe dans la mode, les banquets, voilà les
trois innovations principales qu’on doit aux Habsbourg dans la vie de cour, écrira-t-on vers
1535. Une instruction de Charles Quint au futur Philippe II, datée d’Augsbourg, le 18 janvier
1548, fixe définitivement l’étiquette : la maison du roi se compose désormais d’une cour
d’environ mille deux cents personnes ; le rôle de chacun est minutieusement décrit et ce
règlement ne laisse aucune place à l’improvisation. On comprend que Philippe, à la
différence de son père, ait mené une existence plutôt casanière ; ce n’est pas seulement une
affaire de tempérament ; une cour itinérante était incompatible avec une étiquette
contraignante, sans parler des frais qu’elle entraînait ; en 1555 encore, les Cortès de Castille
demanderont en vain qu’au moins la maison de l’infant dan Carlos soit ordonnée selon la
coutume espagnole et non selon l’usage bourguignon.
Charles Quint, Empereur des deux mondes, Joseph Pérez,
Collection « Découvertes Gallimard », Gallimard, 1994.
.1ère lecture : / 10 2ème lecture : / 10
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Texte C : .
L’action se passe à la fin du XVIIème siècle. Ruy Blas qui n’était au début de la pièce qu’un
valet, est maintenant ministre, de par la volonté de son maître qui l’a introduit à la cour pour
en faire l’instrument de sa vengeance personnelle contre la reine. Le jeune homme malgré
son origine modeste a cependant des idées politiques bien arrêtées et une idée de l’Espagne
différente des ministres qu’il interrompt alors que ceux-ci se répartissent des profits et
auxquels ils s’adressent violemment.

RUY BLAS, survenant.


Bon appétit, messieurs ! –
Tous se retournent. Silence de surprise et d’inquiétude. Ruy Blas se couvre, croise les bras, et
poursuit en les regardant en face.
Ô ministres intègres !
Conseillers vertueux ! Voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison !
Donc vous n’avez pas honte et vous choisissez l’heure,
L’heure sombre où l’Espagne agonisante pleure !
Donc vous n’avez pas ici d’autres intérêts
Que remplir votre poche et vous enfuir après !
Soyez flétris, devant votre pays qui tombe,
Fossoyeurs qui venez le voler dans sa tombe !
– Mais voyez, regardez, ayez quelque pudeur.
L’Espagne et sa vertu, l’Espagne et sa grandeur,
Tout s’en va. – Nous avons, depuis Philippe Quatre,
Perdu le Portugal, le Brésil, sans combattre ;
En Alsace Brisach, Steinfort en Luxembourg ;
Et toute la Comté jusqu’au dernier faubourg ;
Le Roussillon, Ormuz, Goa, cinq mille lieues
De côte, et Pernambouc, et les Montagnes Bleues !
[…] Ruy Blas poursuit ainsi un tableau de l’Espagne affaiblie par les guerres, le banditisme et
une pauvreté extrême.
– Voilà ! – l’Europe, hélas ! écrase du talon
Ce pays qui fut pourpre et n’est plus que haillon.
L’état s’est ruiné dans ce siècle funeste,
Et vous vous disputez à qui prendra le reste !
Ce grand peuple espagnol aux membres énervés,
Qui s’est couché dans l’ombre et sur qui vous vivez,
Expire dans cet antre où son sort se termine,
Triste comme un lion mangé par la vermine !
– Charles-Quint, dans ces temps d’opprobre et de terreur,
Que fais-tu dans ta tombe, ô puissant empereur ?
Oh ! Lève-toi ! Viens voir ! – les bons font place aux pires.
Ce royaume effrayant, fait d’un amas d’empires,
Penche... Il nous faut ton bras ! Au secours, Charles-Quint !
Car l’Espagne se meurt, car l’Espagne s’éteint !
Ton globe, qui brillait dans ta droite profonde,
Soleil éblouissant qui faisait croire au monde
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Que le jour désormais se levait à Madrid,


Maintenant, astre mort, dans l’ombre s’amoindrit,
Lune aux trois quarts rongée et qui décroît encore,
Et que d’un autre peuple effacera l’aurore !
Hélas ! Ton héritage est en proie aux vendeurs.
Tes rayons, ils en font des piastres ! Tes splendeurs,
On les souille ! – ô géant ! Se peut-il que tu dormes ?
– on vend ton sceptre au poids ! Un tas de nains difformes
Se taillent des pourpoints dans ton manteau de roi ;
Et l’aigle impérial, qui, jadis, sous ta loi,
Couvrait le monde entier de tonnerre et de flamme,
Cuit, pauvre oiseau plumé, dans leur marmite infâme !

Victor Hugo, Ruy Blas, Acte III, scène 2, 1838.


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1ère lecture : / 10 2ème lecture : / 10

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