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Thème du mois

Pourquoi la Suisse est-elle riche? L’histoire économique


nous répond
L’histoire nous apprend qu’il est
quasiment impossible de réussir
sans des circonstances favorables.
Cela s’applique également à l’his-
toire écono­mique suisse de ces
90 dernières années. Trois fac-
teurs exogènes ont eu un effet
particulièrement favorable dans
cette réussite: une paix perma-
nente, la croissance de nos grands
voisins à partir de 1945 et la
structure économique héritée du
XIXe siècle. L’histoire nous montre
aussi que pour réussir il faut sa-
voir saisir la balle au bond. Parmi
les atouts suisses, on trouve l’ex-
Le succès de l’économie suisse résulte à la fois de l’effort personnel et de circonstances favorables. La qualité du capital
cellente qualité de son capital hu- humain fait partie des forces internes de la Suisse. En illustration: carte postale de 1920 de l’École polytechnique fédé-
rale de Zurich fondée en 1854. Photo: Keystone
main et une politique économique
axée sur la stabilité. En d’autres
termes, la chance et l’intelligence
À notre époque, 90 ans d’histoire écono- En matière de politique économique,
sont à l’origine de la réussite de mique représentent presque une éternité. En deux mondes séparent 1920 de l’époque ac-
1920, le revenu moyen était cinq fois plus bas tuelle. Les relations entre les patrons et la
l’économie suisse des 90 derniè-
que maintenant et la Suisse comptait moitié classe ouvrière ont été profondément désta-
res années. Nous analysons ci- moins d’habitants. Les deux tiers des person- bilisées par la grève générale de novembre
nes actives travaillaient soit dans l’agriculture 1918. Les partis bourgeois et de gauche
après ce mélange singulier.
(26%), soit dans l’artisanat et l’industrie avaient des positions très éloignées. Lors de
(44%), alors que ces secteurs en emploient son congrès de 1920, le parti socialiste suisse
actuellement à peine plus d’un quart. Avant, (PSS) a voté un nouveau programme qui
la vie était plus dure, plus courte et plus dan- condamnait la démocratie bourgeoise et
gereuse. La grippe espagnole qui a sévi entre prévoyait la dictature du prolétariat après
1918 et 1919 a fait 25 000 victimes en Suisse l’obtention de la majorité parlementaire.
et l’espérance de vie moyenne se situait Certaines factions des partis bourgeois sou-
autour des 60 ans. haitaient, en revanche, un retour à l’autori-
tarisme afin de faire plier le mouvement des
travailleurs. Il a fallu attendre les an-
nées  trente pour que la gauche et la droite
commencent à se comprendre. Le PSS a ob-
tenu son premier siège au Conseil fédéral en
1943.
Si l’on compare l’époque actuelle avec le
passé, ce ne sont pas les différences qui ont
besoin d’être expliquées, bien qu’elles sautent
aux yeux. L’histoire économique de notre
Tobias Straumann pays est davantage marquée par la constance,
Institut de recherche puisqu’il comptait déjà, à cette époque, par-
­économique empirique de
l’université de Zurich
mi les plus florissants au monde. Comment
cela s’explique-t-il?

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g­ uerre, ou l’inflation ou la confiscation. Le


La croissance grâce à la paix
fait que les banques étaient à même d’offrir
La Suisse n’a jamais été envahie durant les une protection particulièrement élevée de la
90 dernières années. Certes, la chance a joué sphère privée a favorisé indubitablement ce
un grand rôle, personne ne le conteste. Si processus, à moins qu’il ne l’ait même dé-
l’armée allemande, au printemps 1940, clenché. La stabilité politique et économique
n’avait pas progressé aussi rapidement, elle d’une Suisse épargnée par la guerre a été dé-
aurait vraisemblablement ouvert un deuxiè- terminante.
me front pour pénétrer en France et celui-ci
serait passé par la Suisse. La plupart des
À la remorque des grands voisins
autres petits États de l’Europe occidentale
qui, comme nous, faisaient valoir leur neu- Il faut dire aussi que la Suisse, qui a une
tralité en cas de conflit ont eu moins de économie nationale ouverte mais de faible
chance. Attaquée par les troupes allemandes ampleur, est entourée de voisins économi-
pendant la Première et la Seconde Guerre quement puissants, surtout l’Allemagne qui
mondiale, la Belgique a essuyé de très lour- a connu une sorte de renaissance après la Se-
des pertes, surtout dans les années vingt conde Guerre mondiale. De même, la de-
lorsqu’elle a souffert, d’une part, des dom- mande venant de France et d’Italie du Nord a
mages dus à la guerre et, d’autre part, des stimulé l’industrie exportatrice suisse après
conflits politico-financiers qui ont freiné sa la Seconde Guerre mondiale. Au cours des
croissance. dernières décennies, l’importance du marché
À l’opposé, après les deux guerres mon- européen s’est relativisée mais les trois quarts
diales, la Suisse est entrée sur les marchés de nos exportations s’écoulent toujours dans
mondiaux avec un appareil productif intact. les pays voisins. Si l’Allemagne a des problè-
Cette paix chanceuse a été un critère impor- mes, les exportations suisses en souffrent im-
tant de la croissance spectaculaire de la ges- médiatement, comme le prouve la crise éco-
tion de fortune au XXe siècle. Déjà à la fin des nomique actuelle.
années vingt, c’est-à-dire avant l’introduc- Outre les exportations, les activités finan-
tion du secret bancaire en 1935, la Suisse était cières et le tourisme ont aussi profité de la
le leader européen de la gestion de fortune. prospérité croissante de nos grands voisins.
Après la Seconde Guerre mondiale, le mon- À cela s’ajoute que l’immigration d’ingé-
tant des fortunes étrangères a continué à nieurs et de scientifiques a permis de résou-
croître parce que de nombreux citoyens dre le problème de la relève indigène, laquelle
européens craignaient ou une nouvelle était trop modeste dans les domaines où la
Suisse excelle. La chimie bâloise et les gran-
des entreprises de l’industrie des machines,
par exemple, n’auraient pas pu se développer
de la sorte sans spécialistes venus de l’étran-
Encadré 1 ger. Autre motif et non des moindres: la poli-
tique monétaire de la Banque centrale alle-
Immigration et croissance mande s’est avérée extrêmement efficace.
Alors que les autres banques centrales euro-
Au cours des 90 dernières années, le taux tite taille et ouverte comme celle de la Suisse ne
moyen d’immigration a été nettement supérieur à peut croître régulièrement que si elle recrute de
péennes déclenchaient des inflations et d’im-
celui de l’émigration, mais cette évolution ne la main d’œuvre étrangère. L’immigration – qu’el- portants mouvements de capitaux qui pous-
s’est pas faite de manière linéaire. Si, à défaut de le soit appréhendée en termes de taux ou de ges- saient le taux de change réel du franc
meilleures données, nous prenons comme indica- tion – est d’abord une question politique. D’un temporairement vers le haut, les gardiens de
teur le taux d’étrangers dans la population rési- point de vue économique, il importe qu’elle ne
dante permanente, on distingue quatre étapes: serve pas seulement à repourvoir des postes va- la devise de notre principal partenaire com-
de 1920 à 1945, la part de la population étran­ cants, mais qu’elle contribue à augmenter la pro- mercial veillaient à la stabilité. La situation
gère résidante a diminué de moitié pour passer de ductivité. Cela n’a pas toujours été le cas tout au s’est encore améliorée grâce à la Banque cen-
10 à 5%. Cela provient de la politique d’immigra- long de l’histoire économique de ces 90 dernières
trale européenne. Sans l’euro, la dernière
tion rigoureuse qui avait été instaurée et de la années. C’est surtout pendant la période de hau-
Seconde Guerre mondiale. Une première grande te conjoncture de l’après-guerre que les branches ­crise financière aurait provoqué à coup sûr
vague d’immigration a eu lieu pendant la phase structurellement faibles ont recruté de la main- un effondrement de la monnaie encore plus
de haute conjoncture qui a duré de 1945 jusqu’à d’œuvre étrangère, appliquant en cela une stra- grave en Europe, ce qui aurait sensiblement
la grande récession du milieu des années sep­ tégie des bas salaires dans le but de différer leur
affaibli la compétitivité de l’industrie expor-
tante, durant laquelle la part de la population inéluctable déclin. Il en a résulté un effondre-
étrangère résidante est passée de 5 à 17%. Après ment particulièrement dramatique dans les an- tatrice suisse.
une forte diminution de courte durée (14%) due nées septante. En revanche, la Suisse a toujours
au renvoi par la Suisse de plus de 150 000 saison- attiré une main d’œuvre hautement qualifiée.
niers étrangers afin de lutter contre le chômage, Sans cet atout, l’histoire économique de la Suisse Une structure économique flexible
une deuxième grosse vague d’immigration, qui se des 90 dernières années aurait évolué tout autre-
prolonge encore aujourd’hui, a commencé dans ment. La structure économique héritée du passé
les années quatre-vingt. doit être considérée comme une immense
L’immigration et la prospérité sont les deux chance. La combinaison entre une agricul­
côtés d’une même médaille. Une économie de pe-
ture orientée vers l’exportation, une produc-

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tion industrielle de haute qualité, le tourisme machines, auparavant florissante, a égale-


et les activités financières s’est avérée extra- ment connu un déclin relatif en raison de la
ordinairement flexible au cours des 90  der- découverte du pétrole. En Suisse aussi, des
nières années. Cette conjonction doit être centres industriels prospères ont perdu de
interprétée comme une circonstance favora- leur importance parce qu’ils ont trop reposé
ble, car elle est le résultat d’une longue évolu- sur une seule branche, comme dans les can-
tion et n’a jamais fait partie d’une grande tons de Glaris, Saint-Gall ou Soleure. Il est,
stratégie. La vocation exportatrice de notre toutefois, moins facile de créer de nouveaux
agriculture remonte au bas Moyen Âge lors- emplois dans une région dédiée jadis à l’in-
que les paysans du «peuple des bergers» ont dustrie minière que dans une autre dont
abandonné la culture céréalière au profit de l’atout était l’industrie textile ou horlogère.
l’élevage du bétail et ont déplacé leurs trou- L’essor de la technologie médicale au pied du
peaux vers le Nord de l’Italie en empruntant Jura est à cet égard emblématique.
les cols des Alpes. La spécialisation dans
l’économie laitière a jeté les bases de la pro-
La chance a des limites
duction industrielle du lait en poudre et du
chocolat. L’industrie suisse plonge ses racines On ne saura jamais comment l’histoire
aux XVIe et XVIIe siècles lorsque les hugue- économique de la Suisse aurait évolué sans
nots chassés de France ont apporté l’horloge- ces circonstances favorables, le développe-
rie en Suisse romande et contribué à l’essor ment d’un pays étant toujours unique. Ce-
du textile en Suisse alémanique. Les indus- pendant, si l’on compare avec d’autres petits
tries mécanique, chimique et pharmaceuti- États européens, on voit que la chance n’est
que sont le fruit de l’industrie textile du XIXe pas le seul facteur de succès de l’économie
siècle. Le tourisme est essentiellement l’in- suisse. Il est vrai que la Suisse a profité du fait
vention des visiteurs anglais qui, au XIXe siè- d’avoir été épargnée par les deux guerres
cle, ont découvert les Alpes et en ont fait un mondiales: à la fin des années vingt et des
lieu de villégiature. L’industrialisation de la années quarante, sa prospérité relative a for-
seconde moitié du XIXe siècle a donné nais- tement augmenté. Cet avantage n’était, tou-
sance aux grandes banques, aux banques tefois, que temporaire. À la fin du XXe siècle,
cantonales et aux compagnies d’assurance. ce ne sont pas les pays épargnés par la Se­
La diversification de l’économie suisse et conde Guerre mondiale, comme la Suède ou
l’insignifiance du secteur des matières pre- la Suisse, qui affichaient le revenu moyen le
mières ont été des facteurs primordiaux. En plus élevé, mais le Danemark. Notons que la
effet, l’histoire montre que les régions dont le Suède n’a pas fait mieux que la Belgique.
secteur des matières premières est fort ont Le fait que la Suisse soit entourée de voi-
davantage de difficultés à changer leurs sins prospères n’explique pas tout; l’exemple
structures. À nouveau, il est intéressant de irlandais est légendaire. Alors que son voisin
comparer ce phénomène avec la Belgique. est l’un des pays les plus riches du monde,
Jusqu’à l’entre-deux guerres, la Wallonie, ri- l’île verte n’a jamais connu de croissance
che en matières premières, était prospère. Un ­notable jusqu’à récemment. Son voisinage
déclin s’est amorcé après la Seconde Guerre avec la Grande-Bretagne apparaît davantage
mondiale et la région ne s’en est pas encore ­comme une malédiction que l’inverse. Ce
remise aujourd’hui. En science, on parle à n’est que grâce à un changement de cap poli-
juste titre de la «malédiction des ressources». tico-économique radical que l’économie ir-
La richesse qui repose sur les matières pre- landaise a pu tirer profit de la proximité de la
mières n’est positive qu’à court terme. À long Grande-Bretagne. La simple présence d’un
terme, c’est une hypothèque. voisin performant ne suffit pas: c’est bien da-
Le phénomène du «mal hollandais» fait vantage la manière dont un petit État sait
aussi partie des inconvénients provoqués par utiliser ses atouts qui prime.
une dotation importante en ressources natu- Il faut, enfin, relativiser l’importance de la
relles. Les pays qui tirent des recettes élevées structure économique reçue en héritage.
de leurs exportations en matières premières Certes, la Suisse a eu l’immense chance de ne
souffrent d’une forte pression à la hausse de pas connaître la malédiction des ressources.
leur taux de change réel; les autres branches Mais cela n’explique toujours pas pourquoi
exportatrices perdent alors de leur compéti- la chimie bâloise, par exemple, a réussi à
tivité et se contractent. Ce problème a été re- transformer ses structures pour évoluer vers
connu pour la première fois dans les années l’industrie pharmaceutique à la fin du XXe
septante lorsque les Pays-Bas, en raison de siècle. Les entreprises allemandes ont eu da-
leurs exportations de gaz naturel, ont connu vantage de problèmes dans ce domaine. On
au même moment des excédents commer- ne comprend pas non plus pourquoi le
ciaux et une crise des secteurs traditionnels Luxembourg a su créer une place financière
d’exportation. L’industrie norvégienne des florissante malgré des décennies de dépen-

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La chimie bâloise et les grandes entreprises de


l’industrie des machines n’auraient pas connu
un tel essor sans l’immigration d’ingénieurs et
de scientifiques étrangers.

 Photo: Keystone

dance à la sidérurgie. Il y a des exceptions qui attirant sans cesse des gens de la campagne
nécessitent des explications. ou des pays voisins qui cherchaient à se dis-
Pour comprendre la réussite de la Suisse, tinguer par leurs prestations spécifiques. La
il faut aussi tenir compte de facteurs que l’on Confédération faisait office de pionnière au
ne peut pas attribuer à des circonstances fa- XIXe siècle dans l’instruction populaire et la
vorables. Deux d’entre eux sont évidents: la formation technique. L’École polytechnique
qualité élevée du capital humain et une poli- fédérale de Zurich a été fondée en 1854, le
tique économique placée sous le signe de la Technikum de Winterthur en 1874 et la
stabilité. Confédération a instauré le modèle moderne
de l’apprentissage à la fin du XIXe siècle.
Le niveau élevé du capital humain est de-
Les «vertus suisses»
venu une condition pour que les entreprises
La théorie économique affirme que la suisses se spécialisent dans des produits de
prospérité d’un pays dépend en dernière niche de haute valeur et qu’elles paient des
instance de la qualité de son capital humain. salaires relativement élevés à leurs employés.
Plus le niveau de formation de la main C’était en même temps un corollaire de la
d’œuvre est élevé et plus son esprit d’entre- réussite. Les entrepreneurs savaient qu’ils ne
prise est développé; la probabilité qu’un pourraient poursuivre leur stratégie de ni-
pays soit riche n’en est dès lors que plus che qu’en soutenant l’école publique, l’en-
grande. En Suisse, les conditions menant à seignement technique supérieur et la for-
l’accumulation du capital humain semblent mation en entreprise. De leur côté, les
avoir été particulièrement favorables. D’une employés ont aussi compris l’intérêt qu’il y
part, des vertus telles que l’application, le avait à investir dans leur propre formation
travail de qualité et l’esprit d’entreprise ont parce qu’un meilleur diplôme engendrait
toujours été valorisées et, d’autre part, la presque systématiquement un salaire supé-
politique et l’économie ont toujours voulu rieur.
des instituts de formation de bon niveau
tant pour les élites que pour les élèves et les
L’art d’éviter les grosses erreurs
apprentis.
Il n’est pas simple d’expliquer d’où vient La politique économique de la Suisse
cette valorisation de la formation et du per- constitue un deuxième facteur qui ne pro-
fectionnement professionnel. Ce qui est sûr, vient pas forcément de circonstances favora-
c’est qu’elle repose sur une longue tradition bles. On ne peut pourtant pas parler de poli-
et qu’elle est si bien enracinée que l’on parle tique optimale puisque la Suisse a aussi pris
parfois de «vertus suisses». Les villes du pays de mauvaises décisions. Pourtant, en compa-
étaient des centres réformés et ont amené raison internationale, on remarque qu’en rè-
une nouvelle éthique du travail. Elles ont gle générale, les faux pas étaient moins graves
aussi libéré des énergies entrepreneuriales en que ceux commis dans les pays voisins. C’est

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surtout en matière de stabilité que cette poli- règle dans la plupart des branches après la
tique a réussi. Seconde Guerre mondiale, a été un facteur
La politique monétaire suisse est un exem- important de stabilité. Les conflits d’intérêts
ple caractéristique. Certes, la Banque natio- entre les travailleurs et les employeurs n’ont
nale suisse (BNS) a parfois fait des erreurs, certes pas disparu, mais la volonté de trouver
puisque la politique de déflation menée pen- des solutions en commun en cas de crise au
dant la crise économique mondiale des an- lieu de laisser les conflits dégénérer a créé un
nées trente, la politique d’austérité du milieu climat de confiance qui favorise incontesta-
des années septante et la politique des taux blement la croissance.
élevés du début des années nonante ont été
franchement contre-productives. Cependant,
Conclusion
pendant 90 ans, la politique monétaire suisse
a connu un succès exceptionnel. Alors que la En substance, on peut dire que la prospé-
plupart des États européens ont traversé au rité de la Suisse au cours des 90 dernières
moins une fois une phase de forte inflation ­années ne provient pas uniquement de cir-
voire d’hyperinflation, les prix sont toujours constances favorables, mais qu’elle repose sur
restés relativement stables en Suisse depuis des atouts qu’elle a acquis. Tout laisse à pen-
1920. ser que notre économie atteindra à l’avenir
Les politiques budgétaire et fiscale suisses un niveau supérieur à la moyenne. Il est, tou-
constituent un autre exemple. Les taux d’im- tefois, impossible de prévoir la fin de l’his-
pôts et l’endettement de la Confédération, toire. m
Encadré 2
des cantons et des communes sont restés
modérés au cours des 90 dernières années.
Bibliographie
Pendant que les autres pays tentaient de sta-
– Bergier, Jean-François, Histoire écono­ biliser la conjoncture après 1945 en usant de
mique de la Suisse, Zurich/Cologne, 1983, politiques budgétaire et fiscale débouchant
Benziger Verlag. sur un fort endettement, les autorités suisses
– Statistique historique de la Suisse, publiée
par Heiner Ritzmann-Blickenstorfer, sous
sont restées plutôt réservées. Cette retenue a
la direction de Hansjörg Siegenthaler, eu parfois des effets négatifs à court terme
­Zurich, 1996, Chronos. comme au milieu des années septante ou au
– Maddison Angus, L’économie mondiale: début des années nonante, mais elle s’est avé-
une perspective millénaire, Paris, 2001,
OCDE. rée bénéfique pour la stabilité des finances
– Banque nationale suisse (éd.), Banque publiques à long terme.
­nationale suisse 1907–2007, Zurich, 2007, Enfin, le partenariat social, qui s’est formé
NZZ Libro.
à la fin des années trente et qui est devenu la

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