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Inspiré par l'échange de crocodiles contre autant de Kanaks pour le cirque Höffner
de Francfort-sur-le-Main, ce récit déroule son intrigue dans le Paris des années 1930.
On y voit les mentalités de l'époque et l'univers étrange de l'Exposition coloniale de
1931. L'auteur y met en perspective les révoltes qui auront lieu cinquante ans plus
tard en Nouvelle-Calédonie. Ce passage évoque la visite des officiels au jardin
d’acclimatation, le jour de l’inauguration de l’Exposition.
Vous ferez le plan très détaillé du commentaire composé de cet extrait de Cannibale,
de Didier Daenincks (1998 Folio p.28.30.) Puis vous rédigerez l’introduction, et, au
choix, une des « grandes » parties de votre plan, et, enfin la conclusion.
Votre plan ne doit pas suivre celui du texte, contrairement à ce que l’on fait pour la
préparation des textes à l’oral.
Sur la copie que vous rendez :
- Le plan très détaillé
- Introduction rédigée
- Une de vos grandes parties, avec au moins deux sous-parties
- La conclusion rédigée.
Début de la conclusion :
En conclusion, Cannibale de Didier Daeninckx dénonce l’Exposition Coloniale à la fois à
travers les mentalités françaises face aux Kanaks et la condition des Kanaks. Dans ce roman
contre l’ignorance et la barbarie qu’elle engendre, l’auteur interroge l’histoire non seulement
sur le pouvoir des puissants sur les plus faibles mais aussi sur le racisme.
Ouverture :
Cette œuvre peut nous faire songer au texte de Montesquieu, écrivain des Lumières,
également très engagé dans la lutte contre l’injustice, nommé "De l'esclavage des nègres",
dans de l’Esprit des Lois, en 1748, texte ironique tournant en ridicule les arguments en faveur
de l'esclavage.
La dernière Exposition coloniale internationale de Paris ouvre ses portes le 6 mai 1931 à la
Porte Dorée et sur une grande partie du bois de Vincennes, et durera jusqu’au 15 novembre de
la même année. Avec huit millions de visiteurs, c’est un succès populaire sans précédent et
une victoire idéologique pour la France impériale de l’époque. Des « indigènes » des colonies
sont emmenés dans la capitale comme figurants, afin de reproduire pour le public français des
scènes de leur vie locale.
Mais pour des dizaines de Kanaks, une autre histoire va se dérouler. Sordide. En marge de
l’exposition, la Fédération française des anciens coloniaux en « recrute » une centaine, pour
les exhiber au Jardin zoologique d’acclimatation du bois de Boulogne. Vous avez bien lu,
dans un zoo ! En fait de recrutement, les Kanaks sont complètement dupés. On leur ment
délibérément en leur disant qu’ils vont participer à l’Exposition coloniale internationale pour
présenter leurs danses et leur culture, et qu’ils pourront visiter la capitale. A leur arrivée en
mars 1931 à Marseille, ils sont envoyés non pas à Vincennes, mais directement au Jardin
d’acclimatation. Quelques-uns d’entre eux iront néanmoins à Paris pour l’ouverture officielle
du pavillon de la Nouvelle-Calédonie.
On nous jetait du pain, des bananes, des cacahuètes, des caramels... Des cailloux aussi.
Les femmes dansaient, les hommes évidaient le tronc d’arbre en cadence, et toutes les
cinq minutes l’un des nôtres devait s’approcher pour pousser un grand cri, en montrant
les dents, pour impressionner les badauds. Nous n’avions plus une seule minute de
tranquillité, même notre repas faisait partie du spectacle.
Le triomphe est au rendez-vous, en dépit des protestations émises par les communistes, des
religieux, des associations de défense des droits humains et des Kanaks, tous unis contre les
responsables de cette déshumanisation. Le ministre des Colonies est saisi de l’affaire, et
réagira bien tard, en sommant la Fédération française des anciens coloniaux, au mois de
juillet, de rapatrier ses « employés ».
Mais les organisateurs n’en ont cure. Au contraire, ils poursuivent leurs sinistres projets. Dans
le courant du mois de mai, ils obligent une soixantaine de Kanaks à partir en Allemagne, où
ils sont de nouveau exposés aux railleries de la foule à Hambourg, Berlin, Francfort,
Munich… ainsi qu’à Vienne en Autriche. Ils sont confiés notamment à des dirigeants de
cirque.
Leur cauchemar se termine en novembre 1931. Avec ceux de Paris, les Mélanésiens
rejoignent Marseille, où ils embarquent finalement vers leur terre natale, avec un souvenir de
France qui les marquera à jamais, ainsi que leur descendance à laquelle ils ne manqueront pas
de raconter les avanies endurées. Le reste appartient à une histoire qui est loin d’avoir fini de
s’écrire, comme en témoigne l’actualité de la Nouvelle-Calédonie…