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DEVOIR

En 2020, 22 millions d’internautes ont utilisé l’application Yuka


pour scanner leurs courses et savoir si les produits qu’ils achètent
sont sains ou non. Yuka analyse les produits alimentaires,
cosmétiques et d’hygiène puis explique leur évaluation dans une
fiche détaillée. Pour les produits médiocres ou mauvais, Yuka
recommande en toute indépendance des produits similaires,
meilleurs pour la santé. Au commencement, en 2015, Benoît
Martin, responsable des achats dans le secteur bancaire, cherche à
acheter des produits sains pour ses trois enfants. Avec son frère
François, informaticien, et une amie, Julie, ils décident de rendre plus transparente la composition des
produits pour permettre aux consommateurs de faire des choix plus éclairés. En février 2016, le trio
s’inscrit à un food hackathon, une compétition où des entrepreneurs passent un week-end à perfectionner
leur projet, entourés de coachs. Au bout de quarante-huit heures, ils ont perfectionné leur idée et créent
une carotte dotée d’un lecteur de code-barres. Ils lanceront leur application Yuka en janvier 2017.
Aujourd’hui les jeunes dirigeants s’interrogent : avec un modèle économique fragile, comment la start-up
Yuka peut-elle assurer son développement tout en maintenant ses valeurs et son indépendance
financière ?

Dossier 1 : Yuka, une aventure entrepreneuriale et sociétale (Document à exploiter : 1 et 2)

1.1 Repérez les finalités de l’entreprise Yuka.


1.2 Analysez le modèle économique de l’entreprise Yuka.
1.3 Décrivez les mécanismes de coordination mis en place au sein de l’entreprise Yuka.

Dossier 2 : Yuka, un développement à l’international (Documents à exploiter : 1, 2 et 4)

2.1 Analysez les modalités de croissance retenues par l’entreprise Yuka.


2.2 Repérez l’impact des technologies numériques dans le développement de l’entreprise Yuka.

Dossier 3 : Yuka, une indépendance financière (Documents à exploiter : 3 et 5)

3.1 Analysez l’équilibre financier de Yuka en calculant BFR, FRNG et TN pour 2020.
3.2 Expliquez les choix de financement de l’entreprise Yuka.

Document 1 : La belle aventure de Yuka

Comment s’y retrouver dans la jungle des produits alimentaires pour choisir les bons produits pour sa
santé ? C’est le problème auquel a été confronté Benoit en regardant de plus près la composition des
produits pour ses enfants. Avec son frère François et une amie, Julie, ils décident de rendre plus
transparente la composition des produits pour permettre aux consommateurs de faire des choix plus
éclairés. Ainsi naît Yuka en janvier 2017.

Yuka est devenu un véritable phénomène tant entrepreneurial que sociétal. Comment expliquer
une croissance si rapide ?
Julie Chapon–Yuka existe depuis 3 ans et nous venons de passer la barre des 16 millions d’utilisateurs
(12,5 millions en France), ce qui est en effet extraordinaire. Nous avons 5,7 millions d’utilisateurs actifs
1
par mois et 5 millions de produits sont scannés tous les jours, soit 57 par seconde. L’application est
aujourd’hui disponible dans 8 pays (France, Belgique, Luxembourg, Suisse, Espagne, Royaume-Uni,
Canada et USA) et nous prévoyons de poursuivre notre internationalisation au premier semestre 2020 en
nous lançant en Italie, au Portugal et en Allemagne. Yuka est arrivé au bon moment, à une période où,
suite à de nombreux scandales dans le secteur agroalimentaire, les consommateurs avaient un réel besoin
de transparence. Yuka leur a permis de reprendre le contrôle sur leurs achats et leur santé en leur
permettant de comprendre ce que contiennent réellement leurs produits et à faire de meilleurs choix pour
leur santé.

Vous êtes un trio à la tête de Yuka, est-ce un avantage ?


J.C.– Nous sommes effectivement trois co-fondateurs à statut égal(il n’y a pas de CEO 1).Notre
complémentarité est essentielle, car elle permet de créer une vision basée sur différents points de vue,
plutôt que sur l’avis et la volonté d’une seule personne qui peut se tromper. Elle permet d’avoir des
discussions, de s’ouvrir l’esprit sur une autre vision du projet. J’ai une vision très centrée utilisateurs,
Benoît et François ont une vision très centrée sur l’efficacité technique, et les deux se rejoignent.

Quelles sont vos sources de revenus aujourd’hui ?


J.C.– Yuka est une application 100 % indépendante et nous ne faisons aucune publicité. Notre projet est
aujourd’hui financé via trois sources de revenus : la version payante de l’application, un calendrier des
fruits et légumes de saison et un Programme Nutrition en ligne permettant d’acquérir les bases d’une
alimentation saine en 10 semaines. Les utilisateurs qui le souhaitent peuvent donc devenir membres et
souscrire à l’offre Premium qui propose plusieurs fonctionnalités supplémentaires : une barre de
recherche, un mode hors-ligne et des alertes portant sur les préférences alimentaires. Nous sommes
pleinement satisfaits de ce business model et sommes à l’équilibre financier depuis 4 mois.

Quelles sont les prochaines étapes de votre développement ?


J.C.– Nous avons commencé l’internationalisation en 2019. L’application est désormais disponible dans
7 autres pays et elle cartonne en Espagne où nous avons près de 2,5 millions d’utilisateurs, 7 mois
seulement après son lancement. Nous prévoyons de poursuivre cette internationalisation au premier
semestre 2020 en lançant Yuka en Italie, Portugal et Allemagne. Notre autre gros chantier pour 2020 est
de pouvoir développer l’analyse de l’impact environnemental des produits.

Comment mesurez-vous l’impact positif de votre appli tant auprès des consommateurs que sur
l’industrie agroalimentaire ?
J.C.– Nous avons récemment mené une étude (https://yuka.io/impact/) auprès de 230 000 de nos
utilisateurs. Il en est ressorti que 94 % des utilisateurs ont arrêté d’acheter certains produits, 92 %
reposent les produits lorsqu’ils sont notés rouges dans l’application, 83 % des utilisateurs achètent moins,
mais de meilleure qualité, 57 % des utilisateurs déclarent cuisiner davantage et 90 % des utilisateurs sont
convaincus que Yuka peut pousser les marques à proposer de meilleurs produits. L’objectif de notre
application est d’aider les consommateurs à faire de meilleurs choix pour leur santé, mais aussi de pousser
les industriels à proposer une meilleure offre de produits. Et c’est ce que nous sommes en train de
constater aujourd’hui avec notamment la récente annonce d’Intermarché de modifier 900 produits en
supprimant 142 additifs. Mais ils ne sont pas les seuls. Une vingtaine d’industriels (Nestlé, Unilever,
Leclerc, Caudalie…) présentent notamment des produits dont les recettes ont été améliorées (baisse de la
teneur en sucre/sel/acides gras saturés ou suppression d’additifs controversés) grâce à l’impact direct de
Yuka.
Valérie Loctin, www.entreprendre.fr, 07 juin 2020

1
Le sigle anglo-saxon CEO pour Chief Executive Officer se traduit en français par Directeur général. De façon moins courante,
le CEO peut également désigner en France le Président-directeur général d’une entreprise. En d’autres termes, le CEO est la
personne qui occupe le poste le plus haut placé au sein de l’équipe de direction générale d’une organisation.
2
Document 2 : La success-story de Yuka

Les applications mobiles d’aide aux


achats, qui permettent notamment de
rechercher ou d’évaluer des produits
selon des critères liés à la santé ou
l’environnement, rencontrent un franc
succès ces dernières années. Parmi elles,
on peut citer Yuka, une application
créée en 2017 à l’initiative de trois
Français et qui permet de scanner des
produits alimentaires pour connaître
leurs ingrédients et évaluer leur qualité
nutritionnelle. En l’espace de 4 ans,
Yuka a séduit 21 millions d’utilisateurs
selon le dernier chiffre communiqué par
l’entreprise en mars. Et l’appli se
développe de plus en plus à
l’international : après son lancement en
Amérique du Nord et en Italie en 2020,
elle a débarqué en Allemagne en février,
étendant sa disponibilité dans 11 pays
en dehors de ses frontières d’origine.
Forte de son succès, l’application
dispose d’une influence grandissante sur l’agroalimentaire et la grande distribution. En septembre 2019,
Intermarché avait annoncé le changement de 900 recettes de produits dont elle gère la fabrication afin de
les rendre plus sains et de gagner des points sur l’application. Mais l’influence de Yuka pourrait bientôt
aller au-delà de l’aspect nutritionnel. Depuis cette année, l’appli de notation intègre un nouvel indicateur
qui rend compte de l’impact environnemental des aliments, en réponse notamment à l’intérêt des
utilisateurs et à l’une des propositions de la Convention citoyenne pour le climat.
Tristan Gaudiaut, wwwfr.statista.com, 26 avril 2021

Document 3 : Bilan fonctionnel de Yuka en euros

EMPLOIS RESSOURCES
Emplois stables Ressources stables
Immobilisations incorporelles 6 440 Capitaux propres 457 662
Immobilisations corporelles 18 378 Amortissements et dépréciations -
Immobilisations financières 66 930 Dettes financières et emprunts 499 000
Actif circulant Passif circulant
Stocks - Dettes fournisseurs 178 050
Créances 118 118 Autres dettes 140 106
Charges constatées d’avance 2 958 Produits constatés d’avance -
Trésorerie active 1 061 994 Trésorerie passive -
Total Emplois 1 274 818 Total Ressources 1 274 818

3
Document 4 : Une base de données de 1,5 million de produits alimentaires

Yuka, application mobile lancée en France en 2017, success-story présente dans 11 pays, clame
aujourd’hui plus de 20 millions d’utilisateurs dans le monde et plus de 50 produits scannés chaque
seconde !
Longtemps critiquée sur la fiabilité de ses informations produits, elle détient maintenant probablement la
plus grande base de produits alimentaires, au moins en France. Pas moins de 1,5 million de produits
alimentaires, et 800 créations par jour ! À l’origine, Yuka s’appuyait sur Open Food Facts, base de
données ouverte dans laquelle les informations produits étaient en grande partie renseignées par des
consommateurs. Yuka proposait à ses utilisateurs de signaler et corriger les éventuelles erreurs depuis
l’application, modifications qui venaient alors réalimenter Open Food Facts.
Dès 2018, Yuka décide de se constituer sa propre base avec comme maître mot la « fiabilité », pour ne pas
perdre la confiance de ses utilisateurs, en sollicitant notamment les marques et distributeurs qui peuvent
transmettre leurs informations (en direct ou via la plateforme Alkemics). En parallèle, Yuka met aussi en
place des mesures pour fiabiliser les informations corrigées/ajoutées par ses utilisateurs :
- La saisie est automatisée sur la base de photos prises par les utilisateurs (liste d’ingrédients,
valeurs nutritionnelles, origines des ingrédients…), puis vérifiée/retranscrite par un service
externe.
- Yuka indique que trois ETP [Équivalent temps plein] sont dédiés à la gestion de la base de
données et à sa fiabilité.
- Les fiches produits provenant directement des industriels ne sont plus modifiables par les
utilisateurs une fois vérifiées par les équipes Yuka.
[…] Cependant, après s’être attaquée aux informations nécessaires au calcul du score « santé » (liste des
ingrédients et additifs/valeurs nutritionnelles disponibles on pack), Yuka part à présent à la chasse aux
informations pour calculer son score « environnemental », l’Eco-Score disponible sur l’application depuis
mars 2021. L’idée est simple et probablement très efficace ! Si l’information n’est pas disponible sur
l’emballage, Yuka propose à ses utilisateurs de « Faire une demande à la marque ». Quand le
consommateur clique sur ce lien, un email est automatiquement édité avec l’adresse du service client de la
marque ou du distributeur concerné…Malin ! Et plutôt agressif, les services consommateurs étant par
conséquent inondés de demandes d’informations sur l’origine de leurs produits.
www.vertone.com, 05 mai 2021

Document 5 : Chaque investisseur passe un entretien

Yuka dérange et s’en délecte. En juin 2018, la start-up s’attaque au marché des cosmétiques – « une
demande pressante des utilisateurs ». Il faut repenser l’architecture de l’application, établir une base de
données et un nouveau système de notation. Sans bousculer les principes de management : surtout ne pas
aller trop vite, embaucher seulement au bord du surmenage…« On veut rester une entreprise à taille
humaine », précise François. Dans la pratique, cela vire parfois au casse-tête. Il faudrait créer un poste
pour pacifier les rapports avec les industriels, un autre pour répondre aux milliers d’emails d’utilisateurs
plus ou moins mécontents. Il faudrait aussi des locaux plus grands et augmenter la capacité de serveurs.
En somme, il faudrait plus d’argent pour tenir le rythme. « On a vraiment repoussé au maximum le
moment de lever des fonds, précise François. Ça nous faisait peur. » Pour conjurer leurs craintes, les trois
dirigeants ont visé des investisseurs « intéressés par une action responsable et sociale », comme ils disent.
Inversion des rôles. Ce sont eux qui font passer des entretiens à leurs futurs argentiers : « J’étais au bout
du monde et j’ai dû passer un long call en pleine nuit pour justifier mon parcours et mon expérience dans
le digital », se souvient Christophe Courtin, l’un des premiers business angels de Yuka. Le trio fixe ses
conditions aux investisseurs : pas de place au conseil d’administration, aucune promesse de rentabilité et
même l’interdiction écrite de revendre ses parts à un mastodonte de l’agroalimentaire. Pour résumer, ils
n’auront qu’un rôle consultatif et resteront minoritaires. C’est à prendre ou à laisser.
Résultat ? Ça se bouscule au portillon. Même Xavier Niel met la main à la poche pour le premier tour de
table d’à peine 800 000 euros contre une part minoritaire du capital (valorisant ainsi la start-up à
4 millions d’euros). « Julie, Benoît et François auraient pu lever beaucoup plus, confie Marc Ménasé, un
4
autre actionnaire. Mais ils veulent garder le contrôle, en évitant de se développer trop vite. Contrairement
à pas mal de jeunes entrepreneurs, ils prennent leurs temps. »Yuka n’est pas une association caritative
pour autant. Il faut du cash pour l’expansion internationale et ces trois-là le savent. Depuis mars 2019,
Yuka a posé sa carotte dans cinq pays (Belgique, Suisse, Luxembourg, Espagne et Royaume-Uni) et il
faut à chaque fois reconstituer une base de données, investir, recruter sur place.
www.vanityfair.fr, 18 mars 2020

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