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IFPEK,

Institut de Formation en Pédicurie-podologie, Ergothérapie, Masso-Kinésithérapie


12 rue Jean-Louis Bertrand, 35000 Rennes

Hypnose et kinésithérapie
Comment optimiser son recours et ses effets
dans la prise en soins ?

Iléna BARBARE

Mémoire d’initiation à la recherche en masso-kinésithérapie


Formation en Masso-Kinésithérapie

Promotion 2015-2019 Session juin 2019


Hypnose et kinésithérapie
Comment optimiser son recours et ses effets
dans la prise en soins ?

Iléna BARBARE

Mémoire d’initiation à la recherche en masso-kinésithérapie


Formation en Masso-Kinésithérapie

Promotion 2015-2019 Session juin 2019


Remerciements

J’adresse mes sincères remerciements

A Madame L., ma directrice de mémoire, pour son aide, sa disponibilité et son


soutien tout au long de ce travail ;

A Madame M., kinésithérapeute-hypnothérapeute, pour son aide précieuse et


ses conseils dans mes recherches ;

Aux patients ayant participé à cette recherche, pour leur gentillesse et le temps
qu’ils m’ont accordé ;

A Monsieur M., formateur à l’IFMK, pour avoir été présent et pédagogue tout au
long de notre formation ;

A l’ensemble des professionnels de santé rencontrés lors de mes stages, pour


avoir grandement contribué à ma formation et pour m’avoir préparée à la vie
active.

Je tiens également à remercier ma famille, pour son soutien tout au long de mes études
et plus particulièrement sur la dernière ligne droite. Merci aussi de m’avoir aidée pour le
travail fastidieux de la relecture et des corrections.

Un grand merci à Maxime, pour m’avoir supporté pendant ces moments de stress et
pour avoir fait en sorte de « simplifier les choses », en m’apportant son aide, sa patience
et son amour.

Je remercie mes collègues de promotion devenus des amis au fil de ces 4 années, pour
tous les moments passés ensemble.

Je remercie également Chloë, ma binôme, mon amie. De notre première année de


STAPS jusqu’à cette 4ème et dernière année d’études, tu auras été là pour moi. Merci
pour tous ces bons souvenirs, et tous ceux à venir.

Enfin je dédie ce travail à mes parents qui ont toujours cru en moi et qui m’ont toujours
encouragée à persévérer dans mon travail.

Et à toi Damien, notre collègue et ami, parti bien trop tôt. Nous ne t’oublierons jamais.
Avant-Propos

L’intérêt que je porte à l’hypnose est très récent et remonte à l’année dernière. Avant
cela, j’avais tendance à être relativement sceptique et à ne pas percevoir les bienfaits
de cette technique. Ayant fait des séances de sophrologie étant plus jeune, j’avais déjà
eu une première approche de la relaxation et de ses différentes modalités. Cependant,
cette expérience ne s’était pas avérée être bénéfique dans la mesure où les pratiques
de la sophrologue en question ne m’avaient pas convenu. Je me suis donc mise en
retrait de ces techniques pendant plusieurs années avant que mon entourage ne s’y
intéresse. Les différents échanges avec mes proches, qui ont suivi leurs formations
d’autohypnose et d’hypnose thérapeutique, m’ont alors permis d’avoir une nouvelle
approche de l’hypnose, suscitant ainsi mon intrigue puis mon intérêt. J’ai ainsi consulté
de la documentation sur l’autohypnose ou écouté des enregistrements sonores de
séances d’hypnose et les ai appliqués pour soulager des douleurs passagères ou pour
m’aider à m’endormir. Les résultats positifs obtenus m’ont alors confortée dans mon
intérêt pour l’hypnose et ont définitivement effacé mon scepticisme.
Sommaire
Introduction ................................................................................................................... 1
1. MISE EN PLACE DE LA RECHERCHE ................................................................. 2
1.1. Situation d’appel..............................................................................................2
1.1.1. Expériences professionnelles ...................................................................2
1.1.2. Réflexions personnelles ...........................................................................2
1.2. Contextualisation.............................................................................................3
1.2.1. Historique de l’hypnose ............................................................................3
1.2.2. Formations et pratique de l’hypnose dans le domaine médical.................4
1.2.3. Application de l’hypnose en kinésithérapie ...............................................5
1.2.4. Définition de l’Hypnose Ericksonienne .....................................................7
1.2.5. Recommandations pour la pratique de l’Hypnose Ericksonienne .............8
1.2.6. Hypnose Ericksonienne et représentations mentales ...............................9
1.3. Construction de la problématique ..................................................................10
1.3.1. Emergence du questionnement de recherche ........................................10
1.3.2. Problématisation ....................................................................................10
1.3.3. Problématique ........................................................................................11
1.3.4. Hypothèses ............................................................................................12
1.4. Cadres conceptuels ......................................................................................12
1.4.1. Représentations .....................................................................................12
1.4.2. Relation thérapeutique ...........................................................................15
1.4.3. Place du patient dans le soin .................................................................18
2. METHODOLOGIE ................................................................................................ 20
2.1. Méthodologie de recueil d’informations préalables ........................................20
2.2. Méthodologie de l’outil de recherche : L’entretien..........................................21
2.1.1. Choix de l’outil de recherche ..................................................................21
2.2.2. Mise en lien avec la problématique ........................................................22
2.2.3. Place du chercheur en entretien.............................................................23
2.2.4. Type d’entretien : L’entretien semi-directif ..............................................24
2.2.5. Conception du guide d’entretien .............................................................25
2.2.6. Ethique de la recherche .........................................................................25
2.3. Méthodologie de l’analyse des données de recherche ..................................26
2.3.1. Retranscription des entretiens ................................................................26
2.3.2. Description du mode d’analyse sélectionné............................................26
2.3.3. Augmenter la qualité de l’analyse ...........................................................28
2.4. Cadre de la recherche ...................................................................................29
2.4.1. Présentation du terrain de recherche .....................................................29
2.4.2. Choix de l’échantillon : Critères d’inclusion et d’exclusion ......................29
2.4.3. Modalités de passation des entretiens ...................................................30
3. RESULTATS & ANALYSE ................................................................................... 32
3.1. Mise en place du recueil des données ..........................................................32
3.2. Préparation de l’analyse ................................................................................33
3.2.1. Construction d’une grille d’analyse .........................................................33
3.2.2. Méthode des juges .................................................................................35
3.3. Interprétation des données de recherche ......................................................36
3.4. Réponses à la problématique ........................................................................46
4. DISCUSSION ....................................................................................................... 47
4.1. Critique méthodologique ...............................................................................47
4.2. Confrontation des résultats de la recherche à la littérature ............................50
4.3. Perspectives à donner à la recherche ...........................................................55
Conclusion .................................................................................................................. 56
Bibliographie ............................................................................................................... 57
Table des illustrations......................................................................................................
ANNEXES .......................................................................................................................
Introduction

L’hypnose, telle qu’elle est appliquée actuellement dans le domaine médical,


reste encore méconnue de la plupart des patients.
Bien que de nombreuses professions médicales, telles que les infirmiers, les sages-
femmes ou encore les pédiatres (BONTOUX et al., 2013), soient formées à l’hypnose,
nous pouvons constater que cette technique thérapeutique n’est pas systématiquement
intégrée aux soins du patient. Les bienfaits qu’il pourrait en tirer dans ces différents
champs médicaux sont pourtant multiples.

Plus spécifiquement à notre future pratique professionnelle, l’intérêt d’utiliser l’hypnose


en kinésithérapie est bien présent (WEBHE and SAFAR, 2015). Cependant, et ce malgré
l’absence de toute contre-indication, la mise en place de cette thérapie complémentaire
dans la rééducation du patient reste encore inhabituelle.

Nous nous sommes donc interrogés sur les moyens d’optimiser son recours dans la
prise en soins. Cet axe de recherche nous paraît nécessaire dans le développement de
notre pratique. En effet, en se formant à l’hypnose, le kinésithérapeute aurait la
possibilité d’acquérir de nouvelles compétences tant techniques que relationnelles. A
travers l’hypnose, il serait ainsi amené à mettre en place un soin, plus adapté à son
patient, optimisant ainsi les effets de cette technique thérapeutique pour le guider du
mieux possible vers sa guérison.

Au travers de ce mémoire, nous verrons donc comment optimiser le recours et les effets
de l’hypnose en kinésithérapie.
Pour cela, nous présenterons dans un premier temps, le contexte dans lequel s’inscrit
notre recherche qui nous permettra, par la suite, de problématiser notre travail. Cette
partie visera à proposer un axe plus spécifique d’optimisation de la pratique de
l’hypnose. A partir de la problématique établie, nous définirons ainsi les concepts sous-
jacents à notre recherche avant d’expliciter la méthodologie suivie. Dans un second
temps, les résultats obtenus et leur analyse apporteront les éléments de réponse à notre
travail. Enfin, nous reviendrons sur les limites de ce mémoire au travers de la discussion.
Nous proposerons alors une critique méthodologique, une confrontation des résultats de
la recherche aux données de la littérature mais également une mise en perspectives de
nos résultats.

1
1. MISE EN PLACE DE LA RECHERCHE
1.1. Situation d’appel
1.1.1. Expériences professionnelles
Au cours de nos études de kinésithérapie, nous avons pu avoir une approche plus
scientifique et plus médicale de certaines thérapies complémentaires, dont fait partie
l’hypnose.
Sur différents terrains de stage, nous avons ainsi pu rencontrer et échanger avec des
kinésithérapeutes pratiquant l’hypnose thérapeutique durant des soins de rééducation
ou encore en unité palliative.
Par ailleurs, nous avons eu l’opportunité d’aller au congrès des Journées Francophones
de la Kinésithérapie à Paris en 2017 où P. PREVOST a présenté une conférence sur
l’hypnose et l’induction thérapeutique. Les différents résultats d’études scientifiques qu’il
nous a présentés, mais également ses expériences et son ressenti sur l’hypnose
thérapeutique en tant que kinésithérapeute-hypnothérapeute m’ont davantage
encouragée à m’intéresser à l’application de l’hypnose en kinésithérapie et à une
éventuelle application dans ma future pratique professionnelle.

1.1.2. Réflexions personnelles


En tant que kinésithérapeutes en devenir, nous accordons un intérêt particulier à
développer un traitement adapté à chaque patient. Les différentes situations auxquelles
nous avons pu être confrontés lors de notre formation ou de notre vie quotidienne nous
ont initiés à l’intérêt de considérer un individu dans sa globalité, et non de se focaliser
d’emblée sur ses problèmes personnels ou sa pathologie par exemple.
Par ailleurs, dès le début de nos études, nous sommes encouragés à suivre le modèle
biopsychosocial au cours des soins en tenant ainsi compte des différentes composantes
sociales, émotionnelles, psychologiques, culturelles… de chaque patient. Rapidement,
nous avons pu constater que le traitement était global et que nous devions également
porter un intérêt au ressenti du patient. En hypnose, ces éléments sont centraux et
justifient que cette technique thérapeutique soit introduite dans le soin.
D’autre part, face aux différents enjeux des réformes du système de santé, il semble
nécessaire de développer de nouvelles techniques médicales moins onéreuses, plus
naturelles, plus accessibles et surtout plus adaptées à chaque patient. Encore une fois,
l’application de l’hypnose thérapeutique dans le soin trouve dans ces faits une véritable
justification et un réel intérêt.

2
Enfin, les bienfaits de suivre le modèle biopsychosocial et de chercher à développer des
techniques plus adaptées à chaque individu ne seraient pas aussi significatifs sans
l’implication et l’adhésion du patient au soin. Il est, avant toute chose, reconnu en tant
qu’individu et est sollicité physiquement ou psychologiquement de manière à encourager
sa motivation et à lui témoigner de son rôle important dans le soin. A travers l’hypnose,
le patient devient capable d’agir pour sa propre santé, donc acteur de sa prise en soins.

Nous verrons donc par la suite quelle est la place du patient pratiquant l’hypnose et quels
seraient les moyens possibles à mettre en place afin d’optimiser les effets de cette
technique mais aussi son recours dans le soin.

1.2. Contextualisation
1.2.1. Historique de l’hypnose
Le recours à l’hypnose dans le soin est très ancien. L’hypnose, ou des techniques
associées, étaient déjà utilisées durant l’Antiquité (PEYROUSE, 2000). Au fil des siècles,
la pratique de l’hypnose s’amenuise. A titre d’exemple, au travers des périodes telles
que l’Inquisition, cette pratique était associée à de la sorcellerie et était de ce fait
interdite. Il faudra attendre le XVIIIème siècle pour retrouver un véritable regain de
l’intérêt envers l’hypnose tant par les scientifiques que par le public. C’est à cette époque
que naît l’hypnose dite « de spectacle » identifiable par ses caractéristiques dirigiste et
autoritaire.
Successivement, des médecins, des religieux, des savants, des scientifiques vont
étudier les effets de l’hypnose. Au XIXème siècle, des médecins et des chirurgiens se
saisissent de cet outil, alors peu connu, notamment pour ses effets anesthésiants. Les
recherches menées à cette époque par A. LIEBAULT (1823-1904) et H. BERNHEIM
(1837-1919) visent à démontrer les bienfaits de l’hypnose tant sur le plan physique que
psychologique. Ses applications thérapeutiques deviennent alors très variées,
particulièrement l’analgésie qui donnera dès lors à l’hypnose sa légitimité dans le
domaine chirurgical. Il faudra attendre le XXème siècle et ses progrès en neurosciences
apportés par I. PAVLOV (1849-1936) pour affirmer scientifiquement les effets de
l’hypnose (DUFOUR et PREVOST, 2016).
L’année 1918 est marquée par la création de la forme d’hypnose la plus appliquée dans
le domaine médical de nos jours. M. ERICKSON (1901-1980) est alors un jeune homme
de 17 ans atteint d’une forme grave de poliomyélite. Selon le diagnostic établi par les
médecins, il ne remarchera probablement jamais. Restant alité, il décide de mobiliser

3
ses ressources et capacités mentales pour s’imaginer en train de bouger et se focaliser
sur le mouvement. Il retrouve peu à peu des sensations puis la mobilité au niveau de la
main. Au fur et à mesure de sa rééducation, l’ensemble des territoires musculaires est
de nouveau fonctionnel et au bout d’un an, il peut de nouveau marcher à l’aide d’une
canne. Devenu par la suite psychiatre et psychologue, il se sert de son expérience
personnelle pour mettre en place une nouvelle forme d’hypnose : l’Hypnose
Ericksonienne.
Bien que les bienfaits de l’hypnose thérapeutique soient reconnus depuis 1955 par la
British Medical Association et depuis 1958 par l’American Medical Association, il faudra
attendre 2013 pour que l’Académie Nationale de Médecine (ANM) française valide
officiellement le recours médical à l’hypnose comme thérapie complémentaire.
(BONTOUX et al., 2013).

Même s’il existe plusieurs formes d’hypnose thérapeutique utilisées dans le domaine
médical telles que l’hypnose directe ou encore l’hypnose conversationnelle, l’Hypnose
Ericksonienne est aujourd’hui la plus utilisée. Nous y reviendrons plus tard.

1.2.2. Formations et pratique de l’hypnose dans le domaine médical


Du fait de ses multiples domaines d’application (WEBHE et SAFAR, 2015), de
nombreuses professions médicales et paramédicales ont recours à l’hypnose comme
thérapie complémentaire. Les formations, congrès ou séminaires proposés aux
professionnels de santé mais aussi aux particuliers sont nombreux à travers toute la
France. Selon le rapport de l’ANM, « il est difficile d’estimer le nombre de pratiquants de
l’hypnose thérapeutique en France » (BONTOUX et al., 2013). Le rapport dissocie le
nombre d’élèves formés à l’hypnose thérapeutique, qu’ils soient professionnels de santé
ou non. En effet, il n’est pas exigé d’être professionnel de santé pour devenir
hypnothérapeute.
Ce rapport indique également la proportion de chaque profession de santé représentée
dans les formations dispensées par l’Institut Français de l’Hypnose (IFH). Ainsi, parmi
les 508 professionnels de santé formés par l’IFH, la répartition est la suivante :

4
Figure 1 : Répartition des professionnels de santé formés à l'hypnose par l'IFH
(source : BONTOUX et al., 2013)

Les différentes études menées sur les bienfaits de l’hypnose thérapeutique concluant
sur des résultats positifs (WEBHE et SAFAR, 2015) ainsi que le nombre croissant de
formations accessibles au milieu médical justifient le fait qu’il y a davantage de
professionnels de santé à se former à l’hypnose thérapeutique et à y avoir recours dans
leur pratique. La plupart de ces professionnels de santé exerce en libéral. Cependant,
de plus en plus de centres de soins ou de rééducation ainsi que des hôpitaux proposent
à leurs patients l’hypnose comme thérapie complémentaire dans leur traitement
(MAMANE, 2017). De plus, en 2012, plus de la moitié des centres anti-douleur de
France proposaient l’hypnose comme moyen thérapeutique (CHICHE, 2012).

1.2.3. Application de l’hypnose en kinésithérapie


La profession de kinésithérapeute n’échappe pas à cette évolution et la pratique de
l’hypnose au cours des soins s’est démocratisée. Elle est proposée aux patients dans le
traitement de nombreuses pathologies appartenant aux domaines de compétences du
kinésithérapeute. En effet, une revue de littérature a recensé les résultats positifs de
plusieurs études contrôlées randomisées sur les bienfaits de l’hypnothérapie dans le
traitement de multiples pathologies démontrant ainsi son efficacité et ses nombreux
bienfaits. D’après WEBHE et SAFAR (2015), le kinésithérapeute peut donc proposer à
son patient d’intégrer l’hypnose thérapeutique à son traitement si celui-ci présente :

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- « Des douleurs aigües ou chroniques,
- Une lombalgie chronique,
- De l’arthrose associée à des douleurs ostéo-articulaires,
- Des douleurs temporo-mandibulaires,
- Des douleurs liées à une fracture,
- Un syndrome douloureux régional complexe,
- Une fibromyalgie,
- Des douleurs du membre fantôme,
- Des douleurs liées à des brûlures.
- …»

Par ailleurs, l’hypnose permettrait de faire diminuer la perception douloureuse et


l’anxiété, provoquant de ce fait une baisse de la consommation médicamenteuse. Elle
permettrait aussi des mobilisations plus fréquentes de l’appareil locomoteur et une
diminution de l’appréhension des séances chez les patients les plus douloureux ou
anxieux. On constate dès lors que la participation aux séances ainsi que la collaboration
du patient en sont améliorées. Ces résultats sont confirmés entre autres par les études
scientifiques de M-E. FAYMONVILLE, réalisées au CHU de Liège en 1992 et celle de
THE LANCET menée à Boston en 2000 (CHICHE, 2012). A travers cette dernière étude,
on constate également une nette diminution de la durée des interventions (les objectifs
étant atteints plus rapidement) et de la fréquence des complications avec moins de
récidives observées. Ainsi, l’utilisation de l’hypnose thérapeutique permettrait par la
même occasion de diminuer les coûts hospitaliers.
Enfin, le recours à l’hypnose thérapeutique dans le soin kinésithérapique serait un
véritable moyen d’instaurer une bonne relation thérapeutique avec le patient basée sur
l’échange et la confiance, améliorant de ce fait la communication et l’implication du
patient dans sa rééducation (BELLET, 1993).
Il est néanmoins nécessaire de rappeler que l’hypnose thérapeutique, bien qu’ayant
prouvé ses bienfaits, n’est pas une thérapie de première intention. Il s’agit bien d’une
thérapie complémentaire qui comme son nom l’indique est proposée pour
« compléter les moyens de la médecine, ne devant être préconisé[e] que dans
les cas où [son] utilité est plausible, et au terme d’une démarche médicale où les
moyens thérapeutiques éprouvés, s’il en existe, sont jugés insuffisants, contre-
indiqués, mal tolérés, ou encore sont récusés, pour une pathologie bénigne, par
un patient dûment informé des avantages et inconvénients réciproques »
(BONTOUX et al., 2013).
En résumé, lors d’une rééducation médicale et plus particulièrement kinésithérapique, le
traitement appliqué doit associer techniques spécifiques et hypnose thérapeutique.

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Pour terminer, la prise en soins kinésithérapique actuelle ne se limite plus au plan
physique. Le kinésithérapeute doit désormais également traiter le patient sur les plans
psychologiques et sociaux en tenant compte de son individualité. De par ses différents
principes, l’Hypnose Ericksonienne est la forme d’hypnose thérapeutique qui correspond
le mieux à cette finalité.

1.2.4. Définition de l’Hypnose Ericksonienne


Pour AIM et KAHN (2012), « l’hypnose désigne à la fois un état de conscience, une
forme de relation particulière, mais aussi la technique pour y parvenir, et les formes de
thérapies qui en découlent. »

L’Hypnose Ericksonienne, largement utilisée dans le domaine médical, fait partie de ces
thérapies. Elle résulte de l’observation puis de la théorisation des techniques
thérapeutiques, utilisées par M. ERICKSON en son temps, réalisées par ses
successeurs tels que E. ROSSI ou l’école de Palo Alto (BIOY et MICHAUX, 2017). On
parle également d’approche Ericksonienne.
Cette forme d’hypnose se veut humaniste. Elle permet de soigner le patient dans sa
globalité en privilégiant le recours au modèle biopsychosocial et en instaurant une
alliance thérapeutique entre le thérapeute et le patient par une forme d’hypnose
davantage « permissive ». M. ERICKSON lui-même définit l’hypnose comme un type de
relation. Par ailleurs, elle accepte entièrement le patient sans le juger. Selon lui,
« les thérapeutes qui souhaitent aider leurs patients ne doivent jamais mépriser,
condamner, ou rejeter le moindre aspect de la conduite du patient […]. Le
comportement du patient fait partie du problème […], il constitue l'environnement
personnel au sein duquel la thérapie doit prendre son effet. » (ERICKSON, 1980).
D’autre part, l’Hypnose Ericksonienne a la particularité de regrouper des principes très
importants afin d’optimiser la thérapie.
Parmi eux, on remarque qu’une attention particulière est accordée à la communication
et à son individualisation face au patient. En effet, au niveau des techniques
hypnotiques, l’hypnothérapeute adapte son langage mais aussi son style d’élocution et
d’approche en fonction du patient. Il s’appuie sur des métaphores et suggestions
indirectes construites en adéquation avec le patient, son vécu, ses représentations…
pour le laisser accéder à ses propres ressources. On parle alors de « synchronisation
au patient » (VIROT et BERNARD, 2018).
De plus, la priorité est donnée à la satisfaction des besoins du patient. Ainsi, chaque
patient est considéré comme unique et nécessite une approche individuelle et spécifique
de son problème. Pour ERICKSON (1980), la thérapie résulte d'un travail intérieur du
comportement du patient effectué par le patient lui-même. Une réassociation puis une

7
réorganisation des idées, des compréhensions et des souvenirs sont induites et sont
nécessaires pour de meilleurs effets de la thérapie. « Pour ERICKSON, le thérapeute
apprend au patient à apprendre à trouver des solutions. Il permet en quelque sorte, au
patient de devenir son propre thérapeute » (MALAREWICZ et GODIN, 2005).
Enfin, la particularité de l’Hypnose Ericksonienne réside dans le rôle donné au patient
dans ce soin. En effet, C. VIROT et F. BERNARD insistent bien sur le fait que l’hypnose
ne se fait pas auprès du patient mais bien avec lui, ce qui définit le côté actif du patient.
Selon MALAREWICZ et GODIN (2005), « ERICKSON considérait que le sujet lui-même
effectue sa propre thérapie. Le thérapeute ne fait que l’aider en apportant un cadre
favorable ». Ils rajoutent qu’au cours de l’Hypnose Ericksonienne « le travail du
thérapeute va consister à refuser la passivité du patient pour l’amener et le maintenir
dans une collaboration active ».

On comprend dès lors que l’Hypnose Ericksonienne constitue un apprentissage auprès


du patient qui le réinvestit, à son tour dans sa rééducation en utilisant ses propres
ressources (MALAREWICZ et GODIN, 2005). Le thérapeute fait uniquement figure de
guide et encourage son patient dans sa démarche active afin qu’il obtienne des résultats
valables et les plus durables possibles. De part ces caractéristiques, M. ERICKSON était
précurseur du concept du soin centré sur le patient qui tient une place importante dans
le système de santé actuel.

1.2.5. Recommandations pour la pratique de l’Hypnose Ericksonienne


Dans leur ouvrage, les docteurs VIROT et BERNARD soulignent les prérequis au
bon déroulement des séances d’hypnose. Pour espérer bénéficier de ses bienfaits, « la
motivation du patient, la coopération du patient et la confiance du patient dans le
thérapeute » (VIROT et BERNARD, 2018) sont des éléments essentiels qui constituent
le fondement de l’hypnose thérapeutique. Son implication influerait également sur la
durée de la phase d’hypnose. M. ERICKSON rajoute que « sans la coopération complète
du patient, les résultats thérapeutiques peuvent être retardés, déformés, limités ou
même empêchés » (ERICKSON, 1980).
Par ailleurs, pour aller plus loin dans la rééducation, l’Hypnose Ericksonienne encourage
la pratique de l’autohypnose. Cette pratique permet au patient, une fois le processus
hypnotique bien assimilé, de s’induire seul dans un état hypnotique. D’autre part, « elle
permet de reproduire ce qui a été expérimenté en « hétéro-hypnose » sous la conduite
du thérapeute » (VIROT, 2014) en réutilisant et en réexploitant par lui-même, les
différentes techniques apprises en séances.

8
Le patient, qui a appris à connaître ce qui lui convient le mieux, personnalise sa séance
d’autohypnose en choisissant la communication, les inductions et les suggestions
hypnotiques les plus efficaces pour atteindre son objectif prédéterminé.

Figure 2 : Objectifs de la pratique de l'autohypnose (source : VIROT, 2014)

De par la pratique de l’autohypnose, le patient gagne ainsi en autonomie dans son


processus de guérison. Sur le plan rééducatif, les bienfaits en seront ainsi amplifiés et
obtenus plus rapidement.

Autrefois considéré comme passif dans le processus de soin, le patient est désormais
entièrement intégré à sa rééducation. En effet, à travers la mise en place de l’hypnose
thérapeutique dans sa rééducation, il est inconditionnellement acteur de ses soins.

1.2.6. Hypnose Ericksonienne et représentations mentales


Sous Hypnose Ericksonienne, le thérapeute va alors utiliser les émotions, les
souvenirs, mais encore la mémoire du patient comme base de travail. Il va établir «
l’architecture globale du souvenir » tandis que le patient, aidé des suggestions
hypnotiques du thérapeute va « étoffer les détails » (CONWAY et BEKERIAN, 1987). On
peut donc dire que le thérapeute va simplement servir de guide au patient qui va être
disposé, grâce aux suggestions hypnotiques, à mobiliser ses capacités et ses
compétences, à revivre un souvenir, une expérience, ou encore un mouvement positif
inscrit dans sa mémoire, mais aussi à influer sur sa propre représentation mentale. Le
thérapeute ne va donc pas avoir une action directe mais il va contribuer à la stimulation
mentale de son patient pour faire évoluer ses représentations. En outre, la pathologie à
laquelle le patient est confronté résulte en partie « d’apprentissage négatif et de
limitations acquises » stockés dans sa mémoire (ERICKSON, 1980).

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Le recours à l’hypnose en rééducation permettrait ainsi d’activer chez le patient ce qu’on
appelle la dynamique hypnotique : face aux différentes difficultés qu’il rencontre, le
patient serait désormais capable de retrouver, grâce aux inductions hypnotiques, ses
capacités physiques et mentales mais surtout de répondre lui-même de manière adaptée
aux difficultés qu’il rencontre. M. ERICKSON rajoute que pour lutter contre les effets
induits de la pathologie, le travail sur la mémoire et les souvenirs du patient sont les
fondements du traitement hypnotique.

En conclusion, bien que le patient tienne un rôle important dans le soin par hypnose
thérapeutique, le rôle du thérapeute et son importance ne doivent pas être négligés.

1.3. Construction de la problématique


1.3.1. Emergence du questionnement de recherche
L’hypnose et ses bienfaits ont été, à de nombreuses reprises, traités dans la
littérature scientifique. Il ne s’agissait donc pas de suivre le même axe d’étude au travers
de ce mémoire. C’est pourquoi il a paru pertinent d’étudier un nouvel axe de recherche :
celui du patient. En outre, cibler les recherches sur son expérience au cours de sa
rééducation avec des séances d’hypnose semble particulièrement intéressant dans la
mesure où l’on pourrait, au terme de ce travail, recueillir un aperçu de son ressenti sur
cette technique thérapeutique. C’est cet aspect subjectif qui a motivé l’orientation du
questionnement de recherche.
Ainsi, l’intérêt de cet axe de recherche est double. Il propose d’étudier l’hypnose sous
un nouvel angle, celui du ressenti du patient, et ce à travers le prisme des sciences
sociales.

1.3.2. Problématisation
Après avoir décidé d’axer la recherche sur l’hypnose vécue par le patient, avec toutes
les modalités subjectives que ce travail représente, il était nécessaire de faire le lien
avec la kinésithérapie.
De nombreuses études viennent confirmer les bienfaits de l’hypnose en kinésithérapie
et son intérêt à être utilisée dans la rééducation. Cependant, il persiste chez certains
patients une forme de scepticisme qui nuit ou empêche son recours dans les soins. Une
des raisons que nous pourrions évoquer à cette appréhension serait qu’ils présentent
des représentations parfois inexactes sur l’hypnose. En effet, leurs connaissances ne

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sont pas toujours actualisées et certains patients ne considèrent pas l’hypnose comme
une technique médicale. Pour remédier à cet obstacle, il semble donc essentiel de mieux
expliquer aux patients ce qu’est l’hypnose et quels sont les bienfaits que cette technique
pourrait apporter à leur rééducation. A travers cette clarification, le kinésithérapeute-
hypnothérapeute encouragerait ainsi ses patients à avoir recours à l’hypnose dans leur
prise en soins, faisant évoluer par la suite leurs représentations.
Plusieurs questionnements ont alors émergé :

➢ Comment ces représentations évoluent-elles au cours des séances ?


➢ Quel est le rôle du kinésithérapeute-hypnothérapeute dans ce processus ?

Pour tenter de répondre à ces questions, il semble indispensable de donner la parole


aux patients tant leurs retours d’expériences sur cette pratique thérapeutique présente
un intérêt évident pour mieux comprendre le processus d’évolution de leurs
représentations.
C’est pourquoi il a été décidé pour ce travail de recherche d’interroger les patients sur
leur ressenti quant à la pratique même de l’hypnose au cours de leur prise en soins afin
de déterminer le rôle du kinésithérapeute-hypnothérapeute dans ce processus.

1.3.3. Problématique
La problématique définie est donc la suivante :

Selon le patient, quelles spécificités de la pratique du kinésithérapeute-


hypnothérapeute contribuent à faire évoluer ses représentations sur l’hypnose ?

Nous verrons dans la suite de ce travail comment les discours des patients permettent
d’aborder l’évolution de leurs représentations sur l’hypnose mais aussi les traces et les
spécificités de l’activité du kinésithérapeute-hypnothérapeute.

Par ailleurs, en cherchant à apporter une réponse à notre problématique, nous pourrions
éventuellement dégager d’autres conclusions intéressantes. Ce qui nous amène à nous
poser ces sous-questions :

➢ Est-ce que d’autres éléments du soin d’hypnose, hormis la pratique du


kinésithérapeute-hypnothérapeute, contribuent à l’évolution des représentations
du patient ?
➢ Existe-t-il un lien entre l’évolution des représentations du patient sur l’hypnose et
l’efficacité de cette technique ?

11
1.3.4. Hypothèses
A partir de la problématique définie ci-dessus, nous avons également émis plusieurs
hypothèses :

- Hypothèse 1 :
L’idée que se fait le patient de l’hypnose est susceptible d’avoir un impact sur
ses bienfaits ou tout simplement son recours dans le soin.

- Hypothèse 2 :
Identifier au préalable les représentations que le patient s’est construit autour de
l’hypnose et les prendre en compte au cours du soin permettrait de les faire
évoluer, optimisant ainsi les effets de ce soin.

- Hypothèse 3 :
La principale hypothèse est que, du fait de sa pratique, le thérapeute joue un rôle
important dans l’évolution des représentations du patient.

La formulation de ces hypothèses illustre nos premiers éléments de réponses à la


problématique et aux questionnements initiaux. Nous verrons à l’issue de ce travail si
nous pouvons les confirmer ou non.

1.4. Cadres conceptuels


1.4.1. Représentations
1.4.1.1. Définitions
Le concept de représentation sociale est introduit pour la première fois en 1898 par
E. DURKHEIM. La définition qui en est alors donnée est que « la représentation impose
à l’individu des manières de penser et d’agir, et se matérialise dans les institutions
sociales au moyen de règles sociales, morales, juridiques » (DURKHEIM, 1898). De
plus, DORTIER (2015) souligne le fait que jusqu’à la moitié du XXème siècle la
psychologie sociale parlait « d’attitudes, de préjugés et de stéréotypes » avant de
s’élargir au terme plus général et moins péjoratif des « représentations ».

12
Plusieurs psychologues sociaux de cette époque ont alors donné leur propre définition :

- Ainsi selon MOSCOVICI (1961), « les représentations sont des formes de savoirs
naïfs, destinées à organiser les conduites et orienter les communications » ;
- Pour JODELET (1989), « la représentation sociale est une forme de
connaissance, socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et
concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social » ;
- Enfin, selon ABRIC (2001), « la représentation sociale est le produit et le
processus d’une activité mentale par laquelle un individu ou un groupe,
reconstitue le réel auquel il est confronté et lui attribue une signification
spécifique ». Une de ses fonctions serait aussi de « justifier nos choix et
attitudes ».

D’un point de vue sociologique, GOTMAN (2005) parle quant à elle d’un système de
représentations qui est composé de « pensées construites » et de pratiques sociales
présentées comme des « faits expériencés ». Dans cette définition, les « pensées
construites » correspondent à un ensemble organisé de représentations basées sur des
« interprétations … qui [deviennent], pour ceux qui y adhèrent, la réalité elle -même ».
Ce système d’initiation de représentations est ensuite renforcé en second lieu par les
« faits expériencés » où « la représentation articulée à son contexte expérientiel l’inscrit
dans un réseau de significations » (GOTMAN, 2005). Ce processus a pour effet de
renforcer l’importance de la représentation et sa place dans la mentalisation du sujet.
Enfin , pour le sociologue AIT ABDELMALEK (2001), la représentation « incarne la
pensée » et serait « cette connaissance personnelle que chaque individu se constitue
au travers de ses expériences, des informations, savoirs et modèles de pensée qu’il
reçoit et qu’il retransmet par la suite par la tradition, l’éducation, la communication sociale
pour en faire « une connaissance socialement élaborée et partagée. » » selon les termes
de MOSCOVICI. La représentation peut donc être également individuelle.

Le système de représentations serait donc à la fois un processus psychologique et


sociologique complexe conscient, puisque partagé et exprimé, mais aussi inconscient
dans la mesure où il influencerait les comportements et les opinions d’un individu ou
d’un groupe d’individus.

13
1.4.1.2. Représentations et Hypnose
Les représentations tiennent une place importante dans la mise en place de
l’hypnose thérapeutique dans le projet de soin d’un patient.

En effet, des études menées en 1982 par N. SPANOS, psychologue connu pour ses
travaux sur l’hypnose, ont démontré que « dans notre culture les individus disposent de
représentations de l’hypnose et les mobilisent pour produire et/ou interpréter les
évènements auxquels ils sont confrontés » (LAURENS, 2017). Cependant, d’autres
recherches menées par MICHAUX, psychothérapeute et directeur de l’Institut Français
d’Hypnose, indiquent que ces représentations seraient surtout un obstacle dans le soin
par hypnose (2005). Selon lui, l’hypnose s’appuie sur deux types de connaissances :

- Les connaissances scientifiques, qui viennent de plus en plus en confirmer les


bienfaits ;

- Et les connaissances sociales qui, quant à elles, tendent malgré cela à réfuter
voir à rejeter ces connaissances scientifiques.

L’impact négatif que peuvent avoir les représentations du patient dans le soin par
hypnose justifie alors que le thérapeute accorde de l’importance à l’identification de ces
représentations. En outre, « la représentation sociale de l’hypnose influence fortement
sa connaissance et sa pratique et contraint l’hypnothérapeute à en tenir compte afin
d’appréhender de façon plus pertinente ses réactions comme celles de ses patients »
(SITBON et BIOY, 2005). Le thérapeute tiendra donc un rôle important et devra s’adapter
face aux représentations de ses patients car « il est plus intéressant de reconnaître ces
croyances et de savoir en situer l’origine et éventuellement de diminuer la pression que
cette représentation exerce sur la personne plutôt que de la renforcer » (MICHAUX,
2005).
Ainsi, nous comprenons l’intérêt d’étudier les représentations du patient sur l’hypnose.
Pour cela, LAURENS (2017) souligne que le discours d’un patient est « porteur d’un
ensemble de représentations sociales ». L’exploration puis l’interprétation de ses
représentations a donc pour finalité de potentialiser et d’améliorer le soin par l’hypnose,
en faisant éventuellement évoluer ces représentations si ces dernières étaient
négatives.

Par ailleurs, le processus de construction des représentations est qualifié de dynamique,


puisqu’en constante évolution.

14
Ainsi, pour tenter de faire évoluer ces représentations, nous devons nous intéresser et
intervenir dans chacun des domaines qui participent à l’élaboration des représentations
du patient :

Figure 3 : Composantes de la construction d'une représentation

Pour terminer, AIT ABDELMALEK (2001) souligne que « les représentations sociales
sont le produit des actions et des relations humaines » mais nous pouvons également
suggérer qu’elles influent sur ces relations dont fait partie la relation de soin.

1.4.2. Relation thérapeutique


Selon FORMARIER (2007), les représentations, tant du thérapeute que du patient,
conditionnent leurs attentes en matière de soin et de ce fait, la relation thérapeutique qui
sera instaurée. Ce type de relation a la particularité de survenir dans un contexte de
maladie, de vulnérabilité. Le patient peut donc être dans l’attente, le besoin ou bien au
contraire, dans la résignation. La relation thérapeutique instaurée avec le patient vise
donc à personnaliser le soin en « [portant] de l’intérêt à son histoire, à sa vision des
choses, à ce qu’il vit au sein de l’établissement, à ses doutes, ses peurs comme ses
espoirs » et de veiller au « … respect de [ses] croyances » (BENOIT, 2017) avant de
pouvoir prétendre à l’apprentissage de techniques et à l’apport d’informations
thérapeutiques.
De ce fait, la relation thérapeutique vise tout d’abord à instaurer une alliance
thérapeutique entre le patient et le thérapeute à travers :

- « L’existence d’un lien relationnel conséquent ;


- Une collaboration qui repose sur une motivation commune ;
- Une relation de confiance » (BENOIT, 2017).

15
De plus, BENOIT (2017) indique que « la relation passe par le partage, par la
communication établie sur la confiance », mettant ainsi l’accent sur l’importance de la
communication dans la relation thérapeutique. Il peut être utile d’ajouter que cette
communication est « dès les premiers contacts, constituée par les représentations et les
croyances mutuelles des interlocuteurs sur les enjeux et les objectifs du dialogue »
(BLANCHET, 2010).
Selon la définition de MARC et PICARD (2015), « La communication interpersonnelle,
appelée aussi comportementale, se définit par l’échange de messages et de codes entre
deux individus ». Elle est donc à mettre en lien avec la relation thérapeutique, l’une et
l’autre étant interdépendantes. Cette association semble nécessaire en hypnose
thérapeutique pour que les effets de cette technique soient optimaux. Des étudiants de
l’école de Palo Alto qui ont, pendant plusieurs années, assisté à des séances données
par M. ERICKSON viennent confirmer cette hypothèse. En effet, l’hypnose instaurée par
M. ERICKSON accorde un grand intérêt à ces éléments et selon eux il « réussit parce
qu’il entretient de bonnes relations avec les patients. Et s’il a de bonnes relations c’est
parce qu’il a de bons outils de communication. » (AIM et KAHN, 2012). De plus, selon
ANGELI-LOCKERT (2007), « le thérapeute … met les « formes » grâce à une
communication d’influence très travaillée et précise, pour que son patient aille ou il
souhaite : vers la guérison ». La communication instaurée vise donc à augmenter
l’adhésion et la participation du patient dans sa rééducation (MICHAUX et al., 2007).
Les thérapies brèves, dont fait partie l’hypnose, sont donc « basées sur des techniques
de communication visant toutes à améliorer la relation pour mobiliser les ressources
personnelles du patient. » (AIM et KAHN, 2012).

16
Figure 4 : La relation thérapeutique

Dans cette relation interpersonnelle introduite par le soin, le thérapeute va ainsi induire
chez son patient des modifications. Elle serait en fait une forme de « relation
pédagogique […] qui consisterait en une transmission d’un « savoir soigner » qui doit
devenir un « savoir se soigner […] et à instaurer comme telle dès son origine »
(BARRIER, 2014). Selon ce principe, l’autonomie du patient est sollicitée.
Appliquée plus spécifiquement à l’hypnose, cette relation thérapeutique induit également
une relation d’aide entre le soignant et le soigné. En effet, d’après BIOY et MICHAUX
(2017), « l’hypnose s’inscrit avant tout dans une relation d’aide » où le thérapeute
apporte le soutien nécessaire à son patient afin qu’il puisse gagner en efficacité et en
bienfaits dans ses séances d’hypnose mais aussi dans sa rééducation. Par ailleurs, la
communication interpersonnelle appliquée en hypnose confirme l’idée de relation d’aide
puisqu’elle présente la particularité d’encourager, faciliter et soutenir le plus possible
l’expression du patient. Elle participe ainsi à la mise en place d’une forme de
« partenariat [qui] est placé au premier plan dans la relation de soin » (VINAS, 2017).

17
1.4.3. Place du patient dans le soin
Cette nouvelle forme de relation thérapeutique suit une approche biopsychosociale
du patient et le reconnaît comme pensant-agissant dans sa prise en soins. Elle induit de
ce fait une reconfiguration du système de soins qui devient davantage centré sur le
patient précisant ainsi son rôle dans sa rééducation.

PIERRON (2007) souligne le fait que « pendant longtemps le patient [n’a pas été] perçu
et conçu comme un acteur de soin ». Cette idée est reprise et approfondie par VINAS
(2017) : Dans son travail de recherche, elle rappelle les deux principaux modèles
historiques de la relation thérapeutique. Pour commencer, elle décrit le modèle
paternaliste où « le médecin est le seul à détenir le savoir ; il prend les décisions, en
respectant le principe de bienfaisance, pour le patient qui lui accorde sa confiance ». Ce
modèle a largement été suivi de l’Antiquité à la moitié de XXème siècle. A partir de cette
époque, une tendance sociétale valorisant l’autonomie du patient se développe. La
relation thérapeutique est alors qualifiée d’autonomiste. Ici, « le patient prend les
décisions concernant sa santé, [et] le médecin a un rôle de consultant, de prestataire de
service », ce qui transforme fondamentalement le système de santé. Le patient est alors
« devenu plus responsable et autonome face à ses soins [et tient] une place beaucoup
plus importante dans sa prise en charge thérapeutique. » Ce modèle prédomine encore
de nos jours.
Plusieurs raisons peuvent expliquer cette évolution dans le modèle de soin. Pour
PALAZZOLO (1999), l’une d’entre elles serait que les patients souhaitent avoir plus
d’informations et d’explications sur leur maladie, le traitement et l’évolution probable de
leur état de santé. Ils sont donc de plus en plus impliqués dans leur rééducation. Le
patient n’est donc plus « un spectateur passif des décisions prises par les médecins : il
s’informe et devient un acteur du système de soins. ».
Par ailleurs, la chronicisation de certaines maladies joue aussi un rôle dans cette
évolution. Le patient chronique se trouve au centre de ses décisions thérapeutiques. De
plus, dans cette situation, la relation thérapeutique évolue : le patient étant parfois
expert, la place du thérapeute dans la prise en soins de son patient en est
modifiée. Selon GHADI et NAIDITCH (2000), « pour ces malades d’un type nouveau,
l’enjeu n’est plus de guérir mais de pouvoir aménager au mieux leur mode de vie pour
en améliorer la qualité. Ils apparaissent alors au moins aussi bien placés que les
médecins pour connaître leurs besoins et pour choisir entre plusieurs alternatives
thérapeutiques ».
Enfin, les différentes réformes de santé telles que la loi Santé promulguée le 4 mars
2002 relative aux droits des patients, ont grandement contribué à cette évolution. Elles

18
élargissent les droits des patients et les encouragent ainsi à s’investir davantage dans
leurs choix thérapeutiques et à s’orienter sur des techniques médicales plus adaptées à
leurs besoins. Cette loi place donc le patient au cœur du système de santé en le rendant
actif.
Comme témoin de cette nouvelle conception du soin, « l’expérience patient » peut être
abordée. D’après VINAS (2017), « l’expérience patient positive peut être définie comme
sa satisfaction concernant la personnalisation des soins, la qualité des relations, la
réactivité des professionnels à répondre à ses attentes ». Par cette définition, la notion
d’individualisation des soins est explicitée. En partant du principe que chaque patient,
chaque maladie, chaque histoire, chaque « expérience », sont singuliers, « il s’agit
maintenant de promouvoir une gestion individuelle de la santé, et donc une
responsabilisation accrue de l’individu face à sa santé (GHADI et NAIDITCH, 2000).
Mettre en place une rééducation différenciée et adaptée au patient mènerait donc à sa
responsabilisation. En effet, un patient concerné et engagé dans son soin, agirait de
manière plus responsable et serait davantage acteur de sa santé (VINAS, 2017). Tous
ces éléments concourent donc à encourager et à augmenter l’autonomie du patient dans
ses soins.

Au cours des soins d’hypnose thérapeutique, il s’agit donc pour le thérapeute de


s’adapter et de trouver les techniques correspondant le mieux à son patient afin
d’optimiser le soin d’hypnose et ses effets sur la rééducation.

19
2. METHODOLOGIE
« Expliciter la démarche, c’est justifier et légitimer la scientificité de son travail »
(CARDON, 2010)

2.1. Méthodologie de recueil d’informations préalables


La méthodologie adoptée pour cette partie du travail a été de croiser différentes
méthodes de recherche : théorique, enquête de terrain et expérientielle.

Pour commencer, les premières informations ont été obtenues de manière théorique en
consultant plusieurs bases de données afin de traiter divers types de documents (livres,
articles, mémoires, revues de littérature, études…). Ce procédé a permis de recueillir
des informations de validité, de fiabilité et de pertinence différentes et de les croiser par
la suite afin de déterminer lesquelles étaient les plus appropriées en vue de notre
recherche. Pour étayer le contexte du mémoire, les catalogues du CRPD, de Askoria et
de la BU de santé de Rennes 1 mais également les bases de données CAIRN et
Cochrane ont été respectivement consultés. Pour ce travail, les bases de données
Pubmed ou PEDro n’étaient pas nécessairement adaptées mais elles ont permis de
trouver des revues de littérature ou des études pouvant appuyer les idées déjà
introduites mais aussi de fournir des données scientifiques validées et actuelles.

Par ailleurs, afin de donner une légitimité empirique à la littérature scientifique, il


paraissait essentiel de réaliser une enquête de terrain en rencontrant des professionnels
de santé. Les échanges que nous avons pu avoir sur leur pratique en tant
qu’hypnothérapeutes mais aussi les informations recueillies, plus proches de la réalité
de terrain du fait de leurs expériences et de leurs connaissances, ont été d’une grande
utilité dans la première partie de ce travail.
Pour réellement établir un lien entre l’hypnose thérapeutique et la kinésithérapie, les
recherches de contact se sont limitées à des kinésithérapeutes pratiquant l’hypnose
durant leurs soins. Ainsi, plusieurs rencontres ont eu lieu avec 3 professionnelles
répondant à ce critère et exerçant dans différents centres de rééducation. Ces échanges
ont renforcé l’intérêt porté au thème du mémoire et ont grandement contribué au choix
de l’axe de recherche.

20
Concernant l’expérientiel, il semblait difficile de réaliser un mémoire de recherche sur
l’hypnose sans l’avoir expérimenté moi-même au cours d’une séance. La séance, alors
réalisée auprès d’un hypnothérapeute, s’est divisée en deux temps :
- un premier temps où nous avons pu échanger sur les principes de l’hypnose et
identifier mes propres représentations sur l’hypnose.
- un second temps où j’ai pu expérimenter les effets de l’hypnose, notamment
antalgiques.
Avant d’entreprendre ce travail de recherche, j’ai donc pu m’interroger sur mes
représentations, ce qui garantit une certaine objectivité.
Enfin, les ressources humaines d’Emergences, un institut de formation et de recherche
en hypnose et communication thérapeutique, ont été contactées pour leur proposer mon
aide en tant que bénévole lors d’un congrès qui a eu lieu du 14 au 16 juin 2018 à Saint-
Malo. Cette démarche m’a permis, sur la journée du samedi 16 juin, d’assister à
plusieurs conférences sur différents thèmes en lien avec l’hypnose et d’échanger avec
des professionnels de santé notamment sur la place du patient dans le soin par hypnose
thérapeutique.

2.2. Méthodologie de l’outil de recherche : L’entretien


2.1.1. Choix de l’outil de recherche
Pour ce mémoire, le travail de recherche s’est déroulé sous la forme d’enquête.
Selon CARDON (2010), « l’intérêt des enquêtes qualitatives est de gagner en
profondeur, de restituer les logiques des conduites et des discours de manière plus
approfondie […] et de rendre compte de la complexité du réel » ce qui correspond aux
objectifs de la problématique choisie. Par ailleurs, la recherche par enquêtes suit bien
« une démarche scientifique, méthodologique qui consiste à s’interroger sur l’origine et
le sens d’un fait social particulier » (CARDON, 2010).
Le recueil des données durant les enquêtes se faisant soit par entretien soit par
questionnaire, il a fallu sélectionner un outil. Face au petit nombre de patients et en vue
de la problématique, il paraissait ainsi plus pertinent d’opter pour l’entretien.
La recherche par entretien est une méthode qualitative. C’est « un outil à la fois de
recherche et de production d’information » (BLANCHET et al., 2010). Tout d’abord de
recherche, puisqu’en effet il permet de collecter des informations et de recueillir des
témoignages afin de répondre à la problématique de recherche. Puis de production
d’information puisque les données obtenues à l’oral constituent la base de travail pour
l’analyse.

21
Plus précisément, il s’agit d’un « (…) dispositif par lequel une personne A favorise la
production d’un discours d’une personne B pour obtenir des informations inscrites dans
la biographie de B » (LABOV et FANSHEL, 1977). Ici, « le terme biographie souligne le
caractère vécu de l’information recueillie par opposition à une information recueillie en
direct sur un évènement, au moment même de l’évènement, et qui serait restituée sans
avoir été préalablement assimilée et subjectivée » (BLANCHET et al., 2010).
Dans la mesure où « les entretiens permettent de faire émerger les articulations logiques
qui relient tous les éléments , ainsi que la place de ces éléments dans les contextes
sociaux dans lesquels ils sont produits » (GOTMAN, 2005), nous comprenons
parfaitement son recours dans la recherche mise en place en vue de la problématique
définie.

2.2.2. Mise en lien avec la problématique


De par la formulation de la problématique, le modèle suivi est dit
« phénoménologique » : en proposant d’étudier les représentations personnelles du
patient, la démarche de recherche met l’accent sur son expérience vécue.
Or, l’entretien « se révèle [être] un outil indispensable et irremplaçable pour accéder aux
informations subjectives des individus, à leur biographie, à leurs représentations
personnelles sur tel ou tel problème » et « constitue l’un des meilleurs moyens pour
accéder aux représentations subjectives » (CHAHRAOUI, 2013). Dans la même idée,
l’entretien va encourager chez le patient la production d’un discours « porteur d’un
ensemble de représentations sociales » (BLANCHET et al., 2010) et « est l’instrument
privilégié de l’exploration des faits dont la parole est le vecteur principal » (GOTMAN,
2005). Rappelons que ce que GOTMAN appelle « les faits » concernent plus
explicitement les systèmes de représentations composés de pensées construites de
faits expériencés à travers les pratiques sociales. Ainsi, « de manière générale,
l’entretien permet de mettre au jour des représentations (individuelles, sociales), des
comportements, et des pratiques » (CARDON, 2010).
Plusieurs auteurs s’accordent donc à dire que l’entretien est l’outil de recherche le plus
adapté pour avoir accès au raisonnement personnel et subjectif des patients en les
encourageant à exprimer leurs représentations. Nous comprenons dès lors son recours
dans ce travail de recherche.
Pour terminer, « l’analyse des représentations sociales se prête à cette méthode de
recherche, particulièrement quand ces recherches ont trait à l’étude des opinions, des
attitudes, de façon à pouvoir, par la suite, les relier entre elles et leur conférer un sens
plus général » (AIT ABDELMALEK, 2001).

22
Rappelons que dans son intitulé, la problématique propose d’étudier la place que le
patient accorde à la pratique du thérapeute dans l’évolution de ses représentations sur
l’hypnose pour éventuellement, à l’issue de l’analyse, pouvoir mettre en avant des idées
d’améliorations de la part du thérapeute pour optimiser ce soin. Ainsi, « les entretiens
individuels menés sur des patients contribuent, en exprimant leurs représentations et
leurs attentes, à améliorer la qualité du service » (BENOIT, 2017).

2.2.3. Place du chercheur en entretien


La place que le chercheur occupe durant l’entretien est d’une importance cruciale.
En effet, pour venir compléter les informations ci-dessus, l’entretien « mobilise un certain
nombre d’attitudes, de mouvements psychiques, d’affects, de représentations, de
comportements – tant chez le clinicien que chez le sujet lui-même […] qui sont aussi
importants que la conversation elle-même et qui orientent l’entretien, parfois à l’insu des
protagonistes » (CHAHRAOUI, 2013). Nous comprenons donc que le chercheur tient
également un rôle dans les échanges mais aussi dans la manière dont va se dérouler
l’entretien, ce qui bien entendu, aura une incidence sur le recueil des données et donc
sur les résultats.
Le discours produit lors d’un entretien étant considéré « comme une séquence verbale
dans laquelle un sujet fournit à quelqu’un d’autre sa représentation et sa position à
l’égard des faits » (BLANCHET et al., 2010), il est donc soumis à l’interprétation
subjective de celui qui le reçoit. En effet, dans cette recherche, l’objectif de l’entretien
est d’amener le patient à verbaliser ses propres représentations selon les thèmes
évoqués mais c’est bien l’interprétation subjective du chercheur, façonnée aussi en
fonction de ses propres représentations et croyances, qui influencera la conduite et le
déroulement de l’entretien. Il faut donc veiller à la posture adoptée durant les entretiens
pour éviter au maximum les répercussions des interventions et interprétations
subjectives du chercheur dans les résultats de recherche.
D’autre part, « l’entretien de recherche vise la production par B d’un discours continu sur
un thème donné, ce qui n’est possible que si A s’abstient de poser ses questions »
(BLANCHET et al., 2010) ce qui conditionnera le type d’entretien.

23
2.2.4. Type d’entretien : L’entretien semi-directif
L’objectif de l’entretien est tout d’abord de répondre aux hypothèses de recherche
mais aussi d’obtenir des données permettant de répondre, après analyse, à la
problématique prédéfinie. L’objectif est donc « non thérapeutique , ni diagnostique, mais
il vise à l’accroissement des connaissances dans un domaine particulier choisi par le
chercheur » (CHAHRAOUI, 2013). D’où la nécessité de déterminer en amont, les
thèmes et sous-thèmes qui seront abordés lors de l’entretien. Le style de conduite mené
lors de l’entretien est donc de l’ordre du semi-directif.
Ce type d’entretien est composé d’une partie dite « directive », puisque le choix du
thème est imposé au patient, et d’une partie dite « non directive » dans la mesure où le
contenu et l’évolution de l’entretien mais également les différentes réorientations et
interventions du chercheur ne sont pas prévues à l’avance. Ainsi, le degré de liberté
laissé au patient durant l’entretien est intermédiaire puis qu’il est guidé, par différentes
interventions du chercheur, à s’exprimer librement mais dans un thème/sous-thème
défini.

Dans ce type d’entretien, l’objectif du chercheur est de mettre en place une dynamique
conversationnelle qui vise à « déclencher une dynamique de conversation plus riche
que la simple réponse aux questions, tout en restant dans le thème » (KAUFMANN,
2008). De plus, la communication adoptée est non linéaire et permet des réorientations
lorsque l’échange avec le patient s’écarte trop du thème de l’entretien. Pour cela, le
chercheur dispose de techniques d’interventions (ex : relance, reformulation…) qui selon
BLANCHET (2010) « guident de manière implicite le discours du sujet vers la réponse
aux hypothèses du clinicien non formulées au patient ».

Les avantages qu’offre ce type d’entretien sont multiples. Il permet en tant que chercheur
de recueillir des données visant à une meilleure représentation du ressenti du patient en
lui offrant une liberté d’expression qui ne serait pas possible dans l’entretien directif. De
plus, en opposition avec l’entretien libre où les informations recueillies ne sont pas
toujours toutes de qualité et significatives pour la question de recherche, le temps de
recueil est plus court facilitant ainsi la retranscription et le traitement des données
obtenues (GOTMAN, 2005). Par ailleurs, la possibilité pour le chercheur d’intervenir et
de réorienter le patient sur la problématique permet de garder un contrôle relatif sur
l’entretien et augmente ainsi la qualité et la pertinence des informations recueillies dans
la mesure où elles sont davantage en lien avec le thème initial de l’entretien. Les
données alors recueillies contribueront à une analyse d’autant plus qualitative.

24
Le résultat de ce type d’entretien est la production d’un discours non linéaire du patient
ponctué d’interventions du chercheur qui du fait de la liberté d’expression qui lui est
laissée reflétera davantage ses représentations.

2.2.5. Conception du guide d’entretien


Avant de réaliser un entretien semi-directif, la méthode prescrit de réaliser un guide
d’entretien. Ce travail préliminaire vise à déterminer une trame à suivre au cours de
l’entretien et à justifier de la logique interne des éléments présents. L’objectif étant de
faciliter et fluidifier la communication, il s’agit d’établir un plan précis et détaillé.
Pour ce travail, un guide sous forme de tableau a donc été réalisé (Cf ANNEXE 1). Les
thèmes et sous-thèmes définis y sont hiérarchisés, des plus généraux au plus précis. Un
intérêt particulier a été porté à la cohérence de l’enchaînement des thèmes abordés, le
risque étant, dans le cas contraire, une rupture de l’attention du patient. Pour faciliter les
interventions du chercheur, quelques questions y sont même directement formulées.

En amont du premier entretien de recherche, il a été intéressant de tester le guide


d’entretien sur une personne ne faisant pas parti de l’étude pour s’assurer de la
compréhension et cohérence des questions. De plus, cette phase d’entraînement a
permis de mieux gérer la durée de l’entretien et de le rendre plus fluide mais aussi d’être
plus spontané dans la manière de poser les questions ou de rediriger le patient. Ce test
a également contribué à améliorer la qualité des entretiens réalisés auprès des patients
en déclenchant une bonne dynamique de communication basée sur des questions
ouvertes, reformulations, écoute active…

2.2.6. Ethique de la recherche


Pour respecter le code éthique de la recherche impliquant des patients (QUINTIN,
2017), nous devons répondre à certaines prérogatives.
Pour commencer, cette recherche s’inscrit au sein d’une Procédure Interne d’Ethique
dans la Recherche Etudiante définie par l’IFPEK dont nous nous engageons par écrit à
respecter les règles. Dans notre cas, ce travail renvoie au domaine des sciences
humaines et sociales et s’inscrit en dehors de la loi Jardé. Il n’est donc pas soumis à une
consultation du Comité de Protection des Personnes (CPP). Il a néanmoins été demandé
au patient de remplir un formulaire de consentement nous donnant l’autorisation de
l’enregistrer durant l’entretien et d’exploiter les données recueillies. Le patient a
également été averti du caractère anonyme du partage de ces données au sein du
mémoire et du fait que comme tout professionnel de santé, nous sommes soumis au
secret médical.

25
Au niveau du déroulé de l’entretien, une attention particulière a été accordée au contenu,
au choix des questions et des interventions afin de ne pas heurter le patient, de ne pas
lui nuire ou lui porter préjudice. De plus, « l’éthique [s’appuie] aussi sur une attitude
générale du chercheur qui doit être respectueuse, neutre, empathique, bienfaisante,
juste, équitable et aussi rigoureuse sur le plan scientifique » (CHAHRAOUI, 2013). Nous
avons donc veillé à adopter une attitude adéquate sur l’ensemble des entretiens.
Dans la mesure où la kinésithérapeute-hypnothérapeute en charge des patients a
souhaité avoir un retour sur les séances menées et qu’elle lira le mémoire à l’issu de ce
travail, il a semblé judicieux de lui transmettre la retranscription des entretiens. Pour cela,
l’accord de chacun des patients a été donné.

2.3. Méthodologie de l’analyse des données de recherche


2.3.1. Retranscription des entretiens
Par souci d’optimisation de la retranscription, nous avons fait le choix d’enregistrer
uniquement la partie détaillée dans le guide d’entretien. Les entretiens menés ont ainsi
fourni un certain nombre d’informations qualitatives qu’il a fallu analyser de manière
méthodique. A partir des retranscriptions, la méthode d’analyse de contenu a pu être
réalisée.
La retranscription est donc d’une importance cruciale et est, de ce fait, soumise à
quelques règles. Pour commencer, l’anonymat des patients est préservé. Les prénoms
des thérapeutes dont parlent les patients ont été modifiés. De plus, la retranscription met
en évidence les particularités orales : périodes de silence, hésitations, rires…, de
manière à ce que l’entretien retranscrit soit le plus proche de la réalité.
Par ailleurs, effectuer les retranscriptions a permis de faire un premier repérage du
contenu des entretiens en identifiant les premières idées fortes qui ressortaient mais
aussi en repérant les thèmes et sous-thèmes qui allaient pouvoir être définis pour
l’analyse.

2.3.2. Description du mode d’analyse sélectionné


L’objectif de l’analyse étant de « faire parler le texte » et de « sélectionner et [d’]
extraire les données susceptibles de permettre la confrontation des hypothèses au fait
» (GOTMAN 2005), nous nous devons de sélectionner un mode d’analyse en adéquation
avec la problématique.

26
A l’issue de la retranscription et au vu du verbal déjà riche en informations, nous avons
volontairement écarté l’analyse du non verbal et du paraverbal. Ainsi nous avons pu
nous concentrer sur un seul mode d’analyse.

Nous avons donc choisi de réaliser l’analyse des données en suivant les principes de
l’analyse thématique. Sa particularité est de « découper transversalement le corpus.
L’unité de découpage est le thème qui représente un fragment de discours. Chaque
thème est défini par une grille d’analyse élaborée empiriquement. Le mode de
découpage est stable d’un entretien à l’autre » (GOTMAN, 2005). Elle se caractérise
donc par une démarche structuraliste de catégorisation où la première étape est de faire
un inventaire en isolant les éléments de chaque entretien. Puis, dans un second temps,
ces éléments sont soumis à une classification organisée par thèmes et sous-thèmes. «
Classer des éléments en catégories impose de rechercher ce que chacun d’eux a de
commun avec d’autres. C’est la partie commune entre eux qui permet leur regroupement
» (BARDIN, 2007). En effet, cette classification permet de dégager des éléments
pertinents dans les discours des patients pour ensuite les mettre en lien et répondre ainsi
à la problématique. La récurrence des thèmes et des sous-thèmes dans l’ensemble des
entretiens est un critère qualitatif puisqu’il signifie que la classification a été établie sur
un ensemble et non sur un seul entretien. L’objectif est de rechercher une « unité de
sens dans chaque entretien qui correspond à des thèmes et sous-thèmes » (CARDON,
2010) et contribue à créer une cohérence thématique inter-entretiens. Bien que des
thèmes et sous-thèmes soient définis, il n’y a pas de hiérarchie établie dans l’analyse
des données car « l’ensemble des thèmes d’analyse sert de support à l’analyse des
discours produits » (CARDON, 2010). Chaque thème est donc analysé de la même
manière et avec la même importance.

Cependant, cette classification a été critiquée car trop soumise à la subjectivité du


chercheur. En effet, « dans tous les cas, on observe que l’information extraite par A n’est
pas identique à l’information donnée par B. L’opération d’extraction suppose une activité
de A d’analyse et d’interprétation » (BLANCHET et al., 2010).

27
2.3.3. Augmenter la qualité de l’analyse
Ainsi, pour que notre analyse soit la plus qualitative possible, il faut veiller à sa
pertinence, à sa validité et à sa fiabilité.
Selon ROEGIERS et DE KETELE (2009), ces trois notions sont définies comme suit :

-« La pertinence est le caractère plus ou moins approprié, qui s’inscrit dans la ligne de
l’objectif visé ».
➔ Pour cela, l’information produite par l’analyse doit être suffisante, accessible et
en adéquation avec la problématique posée.

-« La validité est le degré d’adéquation entre ce que l’on veut faire (évaluer ou recueillir
de l’information) et ce que l’on fait réellement ».
➔ En définissant, les objectifs de la problématique en amont puis en les comparant
avec les résultats obtenus, nous pouvons juger de la validité de notre
méthodologie, particulièrement celle adoptée pour l’analyse.

-« La fiabilité est une qualité qui consiste à trouver les mêmes résultats, soit chez des
personnes différentes, soit chez une même personne à des moments différents, soit par
une nouvelle personne, par rapport à un protocole défini, etc.».
➔ Différentes techniques existent pour renforcer cette fiabilité notamment pour la
catégorisation de l’analyse thématique. Nous en décrirons une par la suite.

Ensuite, dans la mesure où l’analyse conditionne l’interprétation des résultats, le respect


de ces notions s’applique également à la construction de la grille d’analyse. Dans ce
procédé, il est donc important de veiller au respect de différents critères qui selon AIT
ABDELMALEK (2001) « peuvent servir à estimer la qualité de l’énoncé d’une
catégorie » :

➢ Critère d’exclusion mutuelle (ou critère d’univocité) : un élément d’information ne


peut entrer que dans une seule catégorie à la fois.
➢ Critère d’homogénéité : même niveau d’analyse pour l’organisation d’une
catégorie.
➢ Critère de pertinence : reflète la relation de pertinence entre les hypothèses de
recherche et la détermination des catégories.
➢ Critère de productivité : permet de produire du sens à l’issue de l’étude à partir
du codage.

D’autre part, face à la subjectivité de la classification de l’analyse thématique, le «


chercheur doit toujours être en éveil et maintenir une distance critique par rapport aux
propos tenus » (DORTIER 2015).

28
2.4. Cadre de la recherche
Pour obtenir un échantillon de patients correspondant à la recherche menée, différents
centres de rééducation en Bretagne ont été contactés pour être terrain de recherche. En
effet, dans chacun de ces centres, l’hypnose thérapeutique fait partie des traitements
proposés au patient. N’ayant pas eu de réponse de l’un d’entre eux, les recherches n’ont
eu lieu que sur un seul centre de rééducation. Le mode d’accès aux patients a donc été
indirect et s’est fait via une institution. Utiliser des relais institutionnels pour obtenir les
sujets fournissant les données nécessaires à la recherche a été plus pratique et a
permis, dans le cas de ce mémoire, de mieux répondre à la problématique. Par ailleurs,
la demande étant à l’initiative du chercheur, il a fallu justifier auprès du centre de
rééducation de l’intérêt et de la méthodologie de la démarche suivie dans la mesure où
l’intérêt de la recherche n’est immédiat ni pour le patient ni pour le thérapeute.

2.4.1. Présentation du terrain de recherche


Le recueil des données de recherche s’est donc réalisé en Bretagne, dans un centre
spécialisé dans la rééducation et la réadaptation de patients présentant des pathologies
neurologiques ou traumatiques. L’hypnose y est utilisée depuis environ 9 ans par les
kinésithérapeutes ou les psychologues. Jusqu’en 2017, il y avait 2 kinésithérapeutes
formées à l’hypnose ; désormais une seule kinésithérapeute assure les soins d’hypnose
auprès des patients. Une salle spéciale est prévue à cet effet.
En kinésithérapie, l’hypnose y est pratiquée comme thérapie complémentaire lorsqu’une
douleur persiste ou lorsque le patient présente d’importantes limitations articulaires par
exemple. En fonction des besoins du patient ou de son avancée dans sa rééducation,
les séances d’hypnose sont hebdomadaires ou bi-mensuelles. La décision de la
proposer au patient dans sa prise en soins est pluriprofessionnelle et est soumise à la
prescription du médecin. La demande peut aussi émaner des autres kinésithérapeutes
ou professionnels de santé, ou du patient lui-même. Les patients sont avertis à leur
admission des différents traitements proposés au centre dont fait partie l’hypnose.

2.4.2. Choix de l’échantillon : Critères d’inclusion et d’exclusion


« Définir la population, c’est sélectionner les catégories de personnes que l’on veut
interroger et à quel titre ; déterminer les acteurs dont on estime qu’ils sont en position de
produire des réponses aux questions que l’on se pose » (GOTMAN, 2005).

29
Le choix de l’échantillon sur lequel les recherches ont été menées a été d’une
importance cruciale dans la mesure où il a conditionné les réponses à la problématique
de ce travail.

Les critères d’inclusion à la recherche étaient donc les suivants :

- Patient adulte ayant une prise en soins complète ou partielle au centre de


rééducation (Hospitalisation Complète ou Hospitalisation de Jour) ;
- Patient bénéficiant ou ayant bénéficié de soin d’hypnose thérapeutique avec un
kinésithérapeute-hypnothérapeute du centre ;
- Patient pratiquant l’autohypnose ;
→ Indicateur de l’implication du patient et de l’évolution de sa représentation de
l’hypnose.
- Patient acceptant de participer à la recherche.

Les critères d’exclusion étaient les suivants :

- Patient ayant eu moins de 4 séances d’hypnose thérapeutique ;


→ Recul insuffisant pour aborder l’évolution de leurs représentations.
- Patient pour lesquels le kinésithérapeute-hypnothérapeute a stoppé les séances
d’hypnose, quelques qu’en soient les raisons ;
- Patient présentant un éventuel handicap qui limiterait sa communication verbale.

En ce qui concerne les pathologies dont sont atteints les patients, aucun critère
particulier n’a été défini puisque l’étude se concentre sur les représentations du patient
sur l'hypnose et non sur les effets obtenus dans le traitement de diverses pathologies.

2.4.3. Modalités de passation des entretiens


En amont des entretiens, nous avons tout d’abord sollicité le cadre de rééducation
afin d’obtenir son accord pour réaliser notre recherche auprès de patients du centre.
De plus, plusieurs auteurs soulignent l’importance de « bien prendre en compte la
situation sociale de la personne interrogée et le contexte social » (CARDON, 2010) en
insistant sur le fait qu’
« il est fondamental que le clinicien ait, d’une part, une connaissance des
organisations psychiques normales et pathologiques, et qu’il prenne en compte,
d’autre part, le fait que la personnalité pathologique mobilise et oriente [la
rencontre] de façon spécifique » (CHAHRAOUI, 2013).
Nous avons donc demandé l’autorisation de consulter les dossiers médicaux des
patients inclus dans la recherche.

30
D’autres part, afin de limiter les biais possibles, la méthodologie prescrit de suivre un
déroulement commun à l’ensemble des entretiens. Nous avons donc veillé au respect
de cette recommandation lors de nos rencontres avec les patients.

Figure 5 : Déroulement de la rencontre avec le patient

31
3. RESULTATS & ANALYSE

3.1. Mise en place du recueil des données


Le processus de recueil des données s’est déroulé en plusieurs étapes.
Nous nous sommes tout d’abord concertés avec la kinésithérapeute-hypnothérapeute
du centre pour sélectionner les patients répondant aux critères d’inclusion et pouvant
donc être intégrés dans la recherche. Sur la période à laquelle ce travail a été effectué,
peu de patients avaient des séances d’hypnose dans leur rééducation et peu d’entre eux
répondaient aux critères.
Nous avons ensuite consulté les dossiers médicaux des patients sélectionnés. Des
informations sur leur contexte personnel, social ou encore professionnel mais aussi sur
l’histoire de leur pathologie et de leur prise en soins ont ainsi pu être récoltées puis
répertoriées (Cf ANNEXE 2).
Suite à un problème de santé, un des patients n’a pas pu participer à la recherche. Le
recueil de données s’est donc réalisé auprès de 3 patients
De plus, un pré-entretien a été réalisé auprès de la kinésithérapeute-hypnothérapeute
du centre afin de s’entraîner notamment au niveau des interventions mais aussi dans le
but d’avoir un retour et des conseils pour améliorer la posture à adopter pendant les
entretiens avec les patients. L’objectif était d’apprendre à se positionner en tant que
« chercheur » et à ne pas prendre parti ou orienter les réponses du patient interrogé.
Cet entretien n’a pas été analysé.

4 patients 3 entretiens menés


sélectionnés 3 entretiens (durées : entre 27 et 36 min)
> consultation des programmés + 1 pré- entretien auprès du
dossiers médicaux thérapeute

Figure 6 : Processus de recueil des données de recherche

32
3.2. Préparation de l’analyse
3.2.1. Construction d’une grille d’analyse
L’analyse thématique des données de recherche s’est, elle aussi, déroulée en
plusieurs étapes.

Pour commencer, puisque les informations recueillies « ne peuvent être comprises


qu’en référence au sujet lui- même » (CHAHRAOUI, 2013), chaque entretien a été
analysé séparément. La lecture des trois retranscriptions d’entretiens et l’identification
des différents thèmes et sous-thèmes développés ont conduit à la construction d’une
grille d’analyse unique pour l’ensemble des entretiens :

THEMES Sous-thèmes
Mise en place de l'hypnose dans la Présentation des patients (Cf ANNEXE 2)
prise en soins Motifs du recours à l'hypnose
Connaissances et ressenti sur l'hypnose AVANT le début des
Evolution des représentations du séances
patient sur l'hypnose Ressenti ACTUEL par rapport à l'hypnose
Raisons de l'évolution des représentations
Relation avec le thérapeute
Qualités du thérapeute
Place et pratique du thérapeute
Aide du thérapeute
Individualisation du soin
Bénéfices de l'hypnose
Effets de la pratique de l'hypnose
Autonomie du patient
dans la rééducation
Lien avec la rééducation

Tableau 1 : Grille d'analyse

Notons que les thèmes et sous-thèmes définis dans la grille d’analyse ne correspondent
pas nécessairement à ceux définis dans le guide d’entretien.

La mise en place de cet outil permet d’étudier les entretiens de manière structurelle :
l’analyse s’est faite entretien par entretien puis thème par thème. En effet, la grille
d’analyse élaborée met en évidence les thèmes principaux et secondaires bien qu’il n’y
ait pas de hiérarchisation dans l’analyse des données. L’objectif est de décomposer au
maximum l’information en gardant une certaine logique.

Dans un second temps, nous avons donc effectué la catégorisation des données
obtenues lors des entretiens en fonction des thèmes et sous-thèmes définis par la grille
d’analyse (Cf ANNEXE 3). Ces données sont désignées par le terme « indicateur ».

33
Tableau 2 : Extrait du tableau de catégorisation des données de recherche (Annexe 3)

Puis, en regroupant les résultats de la catégorisation des 3 entretiens, nous avons pu


initier l’analyse thématique croisée qui correspond à une interprétation, à une
classification et à un dénombrement des indicateurs.

Tableau 3 : Extrait du tableau d'analyse thématique croisée (Annexe 4)

D’autre part, pour faciliter le traitement des données, les grilles d’analyses ont été
réalisées sous forme de tableau avec le logiciel Excel. Cette mise en forme facilite
l’analyse des différences, divergences, et convergences entre les discours des patients
puisque « l’observation de la succession des propositions met en évidence des relations,
des modes de raisonnement » (BARDIN, 2007) pour permettre par la suite de dégager
une tendance entre les 3 entretiens.

34
Figure 7 : Récapitulatif de l'analyse des résultats

3.2.2. Méthode des juges


Lors de l’analyse des données, la catégorisation est soumise au choix d’interprétation
du chercheur. Elle constitue pourtant un élément prépondérant puisqu’elle conditionne
par la suite l’analyse puis l’interprétation des résultats. Il est donc intéressant d’avoir un
avis extérieur sur la catégorisation réalisée.

La méthode des juges a ainsi été adoptée afin de renforcer la fiabilité de la


catégorisation. Cette technique vise à « expérimenter la pertinence des catégories
retenues a priori en les confrontant au jugement d’autres personnes » (AIT
ABDELMALEK, 2001). L’objectif de cette méthode des juges est qu’« à l’issue de
l’expérimentation, les codeurs [aboutissent] à des résultats similaires. Ceci voudra dire
que les catégories retenues ne sont pas équivoques, et que le classement des
informations ne devrait pas poser de difficultés majeures » (AIT ABDELMALEK, 2001).
Ainsi, en couplant l’interprétation, on limite l’aspect subjectif de la catégorisation.

Pour ce travail, l’avis d’un camarade a été sollicité. Ce couplage d’interprétations des
données permet d’avoir un autre regard sur l’analyse réalisée et d’effectuer quelques
modifications si besoin, augmentant ainsi la qualité de ce mémoire de recherche.

35
3.3. Interprétation des données de recherche
L’analyse approfondie des tableaux de catégorisation et d’analyse thématique croisée
(Cf ANNEXES 3 et 4) correspond en réalité à une interprétation des données de
recherche. En outre, la classification, la catégorisation puis l’interprétation des
indicateurs réalisées lors de cette analyse ont permis de leur donner du sens et de fournir
des éléments de réponse à la problématique posée. Pour CARDON (2010), l’analyse
des données recueillies lors des entretiens permet de « repérer les comportements
sociaux et les représentations » ce qui correspond également aux objectifs posés.
Nous verrons donc dans cette partie comment l’analyse et la mise en relation des
indicateurs entre eux, selon les différents thèmes et sous-thèmes définis par la grille
d’analyse, nous ont permis d’initier une réponse à notre problématique.

Pour commencer, nous nous sommes intéressés à la mise en place de l’hypnose dans
la rééducation du patient.
Malgré le fait que leur pathologie, leur âge ou leur contexte social soient différents (Cf
ANNEXE 2), les patients s’accordent sur les motifs du recours à l’hypnose durant leurs
soins. Ainsi, l’hypnose est utilisée pour « avoir moins mal » (Cf ANNEXE 5, l.78),
« enlever cette douleur » (Cf ANNEXE 6, l.40) ou bien « pour la gestion des douleurs »
(Cf ANNEXE 7, ll.4-6). Deux patients voient également dans l’hypnose une alternative à
la prise de médicaments en exprimant leur volonté de vouloir « un peu laisser les
médicaments de côté » (Cf ANNEXE 7, l.10). Enfin, pour une patiente l’hypnose dans le
soin serait également un moyen pour « [l’] aider à travailler » (Cf ANNEXE 5, l.5)

Figure 8 : Composantes thématiques des motifs du recours à l'hypnose

36
Ensuite, nous nous sommes penchés sur l’évolution des représentations du patient sur
l’hypnose.
Avant le début des séances d’hypnose, l’ensemble des patients savait que cette
technique était appliquée dans le domaine médical, notamment pendant les opérations.
Ils avaient également quelques connaissances générales notamment sur la réceptivité
ou l’état d’esprit qu’il faut avoir pour favoriser la réussite des séances d’hypnose.
Cependant, deux d’entre eux présentaient des a priori et se disaient « sceptiques » (Cf
ANNEXE 5, l.131 et ANNEXE 6, l.8 et l.23 ). Pour eux, l’hypnose se référait à des
anciennes techniques avec le pendule ou bien à ce qu’on peut voir actuellement à la
télévision et ils ne « [voyaient] pas quelque chose qui pourrait aboutir et enlever
réellement les douleurs » (Cf ANNEXE 6, l.10). La dernière patiente n’avait, quant à elle,
pas d’ a priori et avait déjà pratiqué l’autohypnose durant sa grossesse.
Après plusieurs séances et parfois à distance de leur traitement, nous constatons que
pour les deux patients sceptiques, leur ressenti sur l’hypnose a changé : « je suis ravie »
(Cf ANNEXE 5, l.390), « je trouvais ça vraiment très très bien » (Cf ANNEXE 6, l.135).
Nous avons donc interrogé ces patients sur ce qui, selon eux, avait permis de faire
évoluer leurs représentations. Ce qui ressort majoritairement de l’analyse des données
est que les patients perçoivent désormais des effets positifs du recours à l’hypnose dans
leur rééducation. Pour les patients, « c’est le fait de se rendre compte que ça fonctionne
qui a permis l’évolution » (Cf ANNEXE 6, ll.154-155). De plus, ils ont acquis de nouvelles
connaissances et se sont rendu compte « qu’il y avait plusieurs formes d’hypnose » (Cf
ANNEXE 5, ll.168-169) et « que ce n’était pas comme ce qu’on pouvait voir à la télé »
(Cf ANNEXE 6, ll.57-58).
Après les séances, les représentations des patients ont donc évolué leur permettant
ainsi d’avoir un intérêt pour la pratique de l’hypnose durant leur prise en soins : « ça m’a
vraiment tout de suite intéressée » (Cf ANNEXE 5, ll.9-10), « c’était vraiment
intéressant » (Cf ANNEXE 6, l.59).

Figure 9 : Composantes thématiques des raisons de l'évolution des représentations

37
Nous allons maintenant nous intéresser plus particulièrement à la place que tient le
kinésithérapeute-hypnothérapeute dans l’évolution des représentations du patient sur
l’hypnose. Pour rappel, nous étions partis avec l’hypothèse que sa pratique contribuait
à cette évolution. Nous pourrions donc faire le lien avec le paragraphe précédent en se
demandant par quels moyens le thérapeute participerait à l’induction des effets positifs
perçus par le patient.

Tout d’abord, les patients évoquent à l’unanimité une relation très forte avec leur
thérapeute, qui va parfois jusqu’à devenir pour une patiente, une « relation amicale » (Cf
ANNEXE 5, l.12) Pour le second, il s’agit davantage d’une « relation de confiance » (Cf
ANNEXE 6, ll.188-189). Ces caractéristiques de la relation thérapeutique établie
permettent donc d’instaurer une alliance thérapeutique et un cadre de soin propices au
bon déroulement et bénéfices des séances d’hypnose : « ça fonctionne très bien avec
Yaëlle* et je suis contente que ce soit elle et pas quelqu’un d’autre » (Cf ANNEXE 7,
ll.287-288). Cela induit également que la communication interpersonnelle en est
améliorée. Deux patientes parlent ainsi d’ « échanges » : « on a beaucoup parlé,
beaucoup échangé. Suite à ça, elle est rentrée dans ma vie » (Cf ANNEXE 5, ll.23-24),
« le courant passe bien, du coup je suis réceptive à ce qu’elle me propose et elle écoute
aussi ce que je dis, donc il y a de l’échange » (Cf ANNEXE 7, ll.239-240).
Enfin nous pouvons terminer sur un fait intéressant : le seul patient masculin interrogé
aborde l’intérêt d’avoir une thérapeute en évoquant une « approche différente avec une
femme » (Cf ANNEXE 6, ll.245-246). Selon lui, « on a toujours une réserve avec un
homme, on met peut-être une barrière » (Cf ANNEXE 6, l.248) et il ne « [sait] même pas
si ça aurait fonctionné avec un homme » (Cf ANNEXE 6, ll.195-196) du fait de ne pas
réussir à se détendre ou à se confier. Ce point pourrait être à approfondir dans un autre
travail.

Pour continuer, la relation thérapeutique ainsi que la communication interpersonnelle


sont renforcées grâce à des qualités spécifiques.
Pour commencer, tous les patients soulignent les qualités communicationnelles de leur
thérapeute. En effet, ils évoquent sa « voix posée » (Cf ANNEXE 5, l.54), sa « voix très
calme » (Cf ANNEXE 6, l.), « très douce » (Cf ANNEXE 6, ll.194-195) mais aussi sa
capacité à « parler doucement » (Cf ANNEXE 7, l.269). Un patient rajoute que pour lui,
cette qualité est « très importante » (Cf ANNEXE 6, ll.194-195). De plus, une patiente
insiste sur le fait que sa thérapeute « arrive toujours à trouver les bons mots » (Cf
ANNEXE 5, ll.54-55) et qu’ « elle est… dans la qualité de ses mots qu’elle choisit » (Cf
ANNEXE 5, l.52). Ainsi, tant sur le plan vocal que lexical, les qualités

38
communicationnelles du thérapeute semblent venir enrichir et encourager la
communication interpersonnelle mise en place dans le soin.
La relation thérapeutique serait renforcée, quant à elle, par les qualités personnelles,
professionnelles et relationnelles du thérapeute. Du point de vue personnel, les qualités
sur lesquelles les patients semblent s’accorder seraient la faculté du thérapeute à être
« très calme, très détendu » (Cf ANNEXE 6, ll.198-199), « posé » (Cf ANNEXE 7, l.269)
de manière à ce que « tout se [fasse] dans la douceur et la plénitude » (Cf ANNEXE 5,
ll.92-93). Du point de vue professionnel, les qualités du thérapeute, qui pourraient par
ailleurs se mesurer par sa faculté à être patient et à l’écoute, font également l’unanimité.
Les patients évoquent une thérapeute « professionnelle » (Cf ANNEXE 6, l.187),
« attentive aux douleurs » (Cf ANNEXE 7, ll.262-265) et « à l’écoute » (Cf ANNEXE 7,
l.293). Enfin, d’un point de vue relationnel, les qualités du thérapeute seraient sa
bienveillance, son respect et son absence de jugement envers les patients et ce qu’ils
pourraient lui confier : « elle est aussi dans la bienveillance pour moi, elle est dans le
respect de tout ce que je peux lui raconter… Y’a pas de jugement, y’a rien de tout ça »
(Cf ANNEXE 5, ll.100-102).
Cependant, ces qualités ne sont pas inhérentes au thérapeute. Une patiente indique en
effet que « ça aurait pu être avec quelqu’un d’autre… [elle] pense que ça aurait pu
fonctionner. » (Cf ANNEXE 7, ll.287-289). Cet indicateur souligne ainsi le fait que ce sont
davantage les qualités que le thérapeute pourra mettre en application dans sa relation
avec le patient qui sont importantes et non le thérapeute en lui-même.

Figure 10 : Composantes thématiques de la relation avec le thérapeute

39
Ensuite, nous pouvons constater que, dans cette relation singulière induite par les
séances d’hypnose, le thérapeute ne tient pas un rôle supérieur. En effet, dans cette
relation, il est désormais question de complémentarité et d’aide de la part du thérapeute.
En ce qui concerne la complémentarité, nous observons à plusieurs reprises l’emploi du
« on » dans chacun des discours des patients ce qui indique un travail et des objectifs
communs : « on est arrivé à faire des séances » (Cf ANNEXE 5, l.25), « on a enfilé des
bandes » (Cf ANNEXE 6, l.43), « on a repris cette idée » (Cf ANNEXE 7, l.147). Les
patients soulignent également le rôle que le thérapeute joue dans leur rééducation :
« grâce à elle, j’arrive à gérer ma douleur en séance de kiné » (Cf ANNEXE 5, ll.15-16),
« elle m’accompagne » (Cf ANNEXE 7, ll.190-191). Par ailleurs, l’idée de
complémentarité est renforcée par la notion de « guide » dont font mention l’ensemble
des patients : « Yaëlle* c’est mon guide » (Cf ANNEXE 5, l.354), « elle guide par sa voix
à venir mettre les bandes » (Cf ANNEXE 6, l.77), « elle me guide sur ce qu’il y a à
travailler » (Cf ANNEXE 7, ll.133-134). On retrouve aussi chez une patiente plusieurs
indicateurs en faveur de l’aide que le thérapeute lui apporte : « je pense qu’elle m’aide
beaucoup dans ma douleur » (Cf ANNEXE 5, ll.20-21), « elle m’aide vraiment par ses
séances à … atténuer les choses » (Cf ANNEXE 5, ll.80-81) ; ce qui indique que ni le
patient ni le thérapeute n’agissent seuls dans la thérapie par l’hypnose mais bien qu’ils
travaillent ensemble avec des objectifs communs.
L’intérêt pour le thérapeute de développer une relation thérapeutique basée sur de tels
fondements serait d’encourager le patient à envisager son rôle dans le soin d’hypnose
comme étant de plus en plus actif et ainsi de lui signifier l’importance qu’il aurait à
davantage s’investir dans sa rééducation.

Figure 11 : Composantes thématiques de l’aide du thérapeute

40
Enfin, l’individualisation du soin par le thérapeute permettrait au patient de percevoir
davantage d’effets positifs aux séances d’hypnose. En effet, les patients soulignent tous
le fait que leur thérapeute adapte la séance à leur état du jour et à leurs besoins : « avec
Yaëlle* on parle un peu dans quel état je suis sur le moment » (Cf ANNEXE 5, l.33),
« auparavant, elle m’avait questionné pour savoir qu’est-ce qui pourrait m’aider » (Cf
ANNEXE 6, l.38), « selon les besoins, le ressenti, chaque séance est différente » (Cf
ANNEXE 7, l.121). Avec l’hypnose, les séances sont donc beaucoup plus
individualisées. Il est ainsi possible de répondre à des « demandes spécifiques » (Cf
ANNEXE 7, l.130) et d’instaurer un soin personnalisé notamment au niveau de la
communication ou des techniques mises en place : « elle choisit bien les mots qui me
conviennent » (Cf ANNEXE 5, ll.52-53), « pour moi c’était on va chercher au plus
profond » (Cf ANNEXE 6, l.37), « avec l’hypnose, on travaille sur des points précis, plus
personnels » (Cf ANNEXE 7, ll.159-160). Il est intéressant de constater que le
thérapeute s’adapte également aux croyances du patient ce qui encourage ce dernier à
adhérer à cette technique mais aussi à la pratique du thérapeute : « Je travaille aussi
avec les pierres… elle a voulu que je prenne certaines pierres avec moi pour une séance
pour intégrer ça dans mes séances d’hypnose » ANNEXE 7, ll.290-292).

Figure 12 : Composantes thématiques de l’individualisation du soin

41
En résumé, les spécificités de la pratique du kinésithérapeute-hypnothérapeute qui
contribuent à faire évoluer les représentations du patient sur l’hypnose sont :

- La relation thérapeutique singulière dans laquelle s’inscrit le soin d’hypnose ainsi


que les nombreuses qualités du thérapeute qui viennent enrichir et encourager
cette relation ;
- L’aide que le thérapeute apporte au patient en instaurant un soin dans lequel ils
travaillent ensemble et où le patient est ainsi encouragé à devenir acteur de ses
soins ;
- L’individualisation du soin que le thérapeute met en place pour répondre au
mieux aux besoins et aux attentes de son patient.

Relation Evolution des


thérapeutique Aide du Individualisation représentations du
singulière thérapeute du soin patient sur
l'hypnose

Figure 13 : Spécificités de la pratique du kinésithérapeute-hypnothérapeute contribuant à l’ évolution des


représentations du patient sur l’hypnose

Cependant les représentations des patients évolueraient aussi grâce aux effets directs
de la pratique de l’hypnose dans la rééducation.

En outre, les patients tirent de nombreux bénéfices de la pratique de l’hypnose. Pour


une patiente, « les séances [sont] de plus en plus enrichissantes » (Cf ANNEXE 5, l.25),
l’« ont aidée à être dans une voie peut être meilleure » (Cf ANNEXE 5, ll.210-211), et à
« relativiser sur plein de choses » (Cf ANNEXE 5, ll.192-195). Elle en a tiré de nombreux
enrichissements personnels (humilité, sagesse). Un autre des bénéfices obtenus serait
de se sentir « plus léger, plus détendu » (Cf ANNEXE 5, l.51) et de « vraiment sentir
[son] corps, d’être très détendu » (Cf ANNEXE 6, ll.175-176) au cours des séances. Ceci
serait possible grâce au fait qu’« avec l’hypnose, on est vraiment dans une séance,
beaucoup plus zen, beaucoup plus posée » (Cf ANNEXE 5, ll.149-150) et que « ça fait
un temps pour se poser » (Cf ANNEXE 7, l.47). Le cadre de la prise en soins est ainsi
plus agréable. Par ailleurs, l’hypnose permettrait aussi d’« avoir moins mal » (Cf
ANNEXE 7, l.358) et de diminuer les douleurs : « ça anesthésiait un peu » (Cf ANNEXE
6, l.46), ce qui apporterait des bénéfices directs à la rééducation. Pour une patiente, il

42
est même « clair que sans l’hypnose, [elle ne serait] pas dans d’aussi bonnes conditions
pour évoluer vers la guérison » (Cf ANNEXE 5, ll.235-236). Enfin, pour une autre
patiente, l’hypnose serait aussi une alternative à un traitement plus classique et
permettrait « de se poser, d’avoir un moment, de pouvoir discuter avec le soignant,
d’essayer d’explorer d’autres pistes que celle de la douleur » (Cf ANNEXE 7, ll.84-85),
tout en n’ayant pas « l’impression de faire un exercice » (Cf ANNEXE 7, l.187).

Figure 14 : Composantes thématiques des bénéfices de l’hypnose

Une patiente évoque néanmoins le fait que « si ça ne [lui avait] rien apporté, [elle n’en
ferait] plus » (Cf ANNEXE 7, ll.218-219) ce qui induit qu’une pratique optimale du
thérapeute n’est pas le seul facteur qui contribue à faire évoluer les représentations du
patient sur l’hypnose et à susciter son investissement dans le soin.

D’autre part, les représentations des patients pourraient évoluer au travers du fait qu’ils
se rendent compte qu’avec l’hypnose, l’autonomie dans leur soin est encouragée. En
effet, leur discours souligne leur investissement et leurs prises d’initiatives dans leur
rééducation. Tout d’abord, cet investissement s’exprime par l’utilisation prépondérante
du « je » par l’ensemble des patients lorsqu’ils évoquent l’hypnose : « je mets en place »
(Cf ANNEXE 5, ll.266-267), « j’ai réussi » (Cf ANNEXE 6, ll.179-180), « je me mets
vraiment en conditions » (Cf ANNEXE 7, ll.66-67). Une patiente dit même clairement
qu’elle se sent investie dans sa rééducation (Cf ANNEXE 5, l.315) et dit avoir « mis
toutes les chances de [son] côté pour que ça marche » (Cf ANNEXE 5, ll.302-303).

43
De plus, plusieurs indicateurs témoignent de leurs prises d’initiatives : « j’ai essayé de
mettre en place quelque chose de différent qu’avec Yaëlle*. C’est le même principe mais
c’est quelque chose qui m’appartient à moi en fait. Et puis ça fonctionne bien. » (Cf
ANNEXE 5, ll.280-282), « j’ai réussi à la reproduire chez moi, tout seul, dans le lit. Ça
fonctionne. » (Cf ANNEXE 6, ll.179-180), « maintenant, quand j’ai mal ou que j’ai froid,
je continue » (Cf ANNEXE 7, ll.222-223). Nous constatons par la même occasion que
les patients ont unanimement compris l’intérêt de pratiquer et de s’investir dans la
pratique de l’hypnose : « chaque jour, je mets en pratique et ça m’aide » (Cf ANNEXE
5, ll.84-85), « Effectivement, une fois qu’on s’habitue, qu’on assimile réellement la
méthode, et bien après ça fonctionne » (Cf ANNEXE 6, ll.32-33), « c’est à force de
répétitions » (ndrl : que c’est acquis) (Cf ANNEXE 7, ll.194-195)
Enfin, un indicateur de cette autonomie développée pourrait être la pratique de
l’autohypnose pratiquée par l’ensemble des patients. A travers ces éléments, le patient
devient donc acteur de sa rééducation.

Figure 15 : Composantes thématiques de l’autonomie du patient

Pour terminer, l’intérêt de l’hypnose serait de pouvoir appliquer les principes et les
techniques enseignés puis assimilés durant la rééducation, avec les autres
professionnels de santé et ce grâce à l’autohypnose. Le patient aurait ainsi un outil pour
participer activement à sa rééducation : « pour chaque séance de kiné, j’essaye de
mettre en place ce que Yaëlle* m’a enseigné » (Cf ANNEXE 5, ll.239-240), « une
auxiliaire de vie qui est trop bourrine… je sais que quand je vais la voir, et bien il faut
que je me prépare avant. » (Cf ANNEXE 7, ll.224-226). Pour un des patients, faire de
l’autohypnose durant ces séances ou ces soins « [aiderait] pour faire… les exercices de
la kiné, de l’ergo. » (Cf ANNEXE 5, l.181), et permettrait de « vraiment bien avancer »
(Cf ANNEXE 5, ll.255-256) et d’« [avoir] des séances de kiné formidables » (Cf ANNEXE
5, ll.261-262). Cependant ce qui ressort du discours des patients est la difficulté à mettre
en place les techniques en dehors des séances d’hypnose : « l’après-midi il y a tellement

44
de bruits autour de moi que j’ai du mal à être dans la concentration. » (Cf ANNEXE 5,
ll.244-245), « On se retrouve dans la salle commune, en kiné. Donc il y a du passage, il
y a du bruit et là c’est impossible. » (Cf ANNEXE 6, ll.165-166). Il y aurait donc un cadre
et un moment propices pour mettre en application les principes de l’hypnose et ainsi
espérer en tirer des bienfaits. Néanmoins, pour un des patients interrogés « le but était
de pouvoir le faire pendant les séances de kiné, chose qui a été impossible à faire en
réalité. » (Cf ANNEXE 6, ll.164-165) du fait des manipulations (Cf ANNEXE 6, ll.176-
177).

Figure 16 : Composantes thématiques du lien avec la rééducation

En conclusion, les effets positifs de la pratique de l’hypnose que le patient perçoit dans
sa rééducation contribuent donc, au même titre que la pratique du kinésithérapeute-
hypnothérapeute, à faire évoluer ses représentations. Ces effets positifs sont :

- Les bénéfices que le patient retire de la pratique de l’hypnose tant sur le plan
médical que personnel ;
- L’autonomie que le patient développe, notamment au travers de la pratique de
l’autohypnose, et qui l’encourage à s’investir et à prendre des initiatives,
devenant ainsi acteur de sa rééducation ;
- Le lien que le patient peut établir entre l’hypnose et sa rééducation en pratiquant
l’autohypnose en séances avec d’autres professionnels de santé par exemple.

Evolution des
Bénéfices de Autonomie du Lien avec la représentations du
l'hypnose patient rééducation patient sur
l'hypnose

Figure 17 : Effets positifs de la pratique de l’hypnose contribuant à l’évolution des représentations du


patient sur l’hypnose

45
3.4. Réponses à la problématique
Grâce à l’analyse des données de recherche et à leur interprétation, nous pouvons
ainsi répondre à notre problématique.
Tout d’abord, plusieurs spécificités de la pratique du kinésithérapeute-hypnothérapeute
induisent chez le patient une expérience positive du soin d’hypnose et contribuent de ce
fait à une évolution positive de ses représentations. Ces spécificités mises en place par
le thérapeute sont les suivantes :

➢ Une relation thérapeutique singulière ;


➢ Une aide de la part du thérapeute ;
➢ Une forte individualisation du soin.

Cependant, la pratique du kinésithérapeute-hypnothérapeute n’est pas le seul facteur


qui contribue à faire évoluer positivement les représentations du patient.

Effectivement, les effets positifs induits par les soins d’hypnose dans la rééducation
contribuent, au même titre que la pratique optimale du kinésithérapeute-
hypnothérapeute, à faire évoluer les représentations du patient sur l’hypnose. En effet,
du fait des bénéfices obtenus, du développement de son autonomie ou encore de
l’application qu’il peut en faire dans sa rééducation, les représentations du patient sur
l’hypnose sont amenées à évoluer. Cette évolution favorise par ailleurs l’implication du
patient dans le soin d’hypnose thérapeutique, contribuant ainsi à son optimisation.

Figure 18 : Synthèse des résultats

46
4. DISCUSSION
4.1. Critique méthodologique
Dans un premier temps, nous pouvons aborder la cohérence interne de notre
recherche en présentant ses points positifs et négatifs.

Tout d’abord, une des qualités de cette recherche est de proposer une approche
originale de l’Hypnose Ericksonienne. En effet, en proposant d’interroger les patients sur
la pratique du thérapeute, l’objectif était d’en déterminer les spécificités élémentaires afin
d’optimiser les bienfaits et le recours à cette technique thérapeutique dans le soin et plus
particulièrement en kinésithérapie. La parole est donc donnée au patient afin qu’il
contribue à l’amélioration du soin par hypnose dans lequel son rôle est
incontestablement actif.
D’autre part, au niveau méthodologique, nous avons accordé un intérêt particulier à
mettre en place un dispositif de recherche adapté à notre problématique et donc à notre
mémoire. Pour déterminer le mode de recueil de données le plus pertinent, de
nombreuses recherches littéraires ont ainsi été effectuées. Par ailleurs, afin de réduire
au maximum l’incertitude des résultats obtenus, cette recherche s’inscrit dans une
démarche clinique déductive dont les principaux objectifs ont été suivis :

Obtenir des Répondre à la


données proches problématique
Limiter les de la réalité
biais
Développer une
méthodologie de
recherche
Questionnement
initial

Figure 19 : Modélisation de la démarche de recherche suivie

47
Pour compléter cette illustration, nous avons veillé à ce que notre démarche respecte
les principes énoncés par GOTMAN (2005) ce qui a permis de suivre la méthodologie la
plus adaptée possible à la recherche :

Figure 20 : Caractéristiques de la méthodologie de recherche (source : GOTMAN(2005))

Par ailleurs, l’analyse suivie est bien qualitative dans la mesure où la grille d’analyse,
réalisée pour la catégorisation des données de recherche, répond aux critères
d’exclusion mutuelle, d’homogénéité, de pertinence et de productivité. De plus, pour
reprendre l’idée de ROEGIERS et DE KETELE (2009), la qualité de notre analyse réside
dans ces trois caractéristiques :

➢ Pertinence : Les résultats obtenus à l’issue de l’analyse ont bien permis


de répondre à notre problématique initiale.
➢ Validité : La méthodologie suivie au cours de la recherche, et plus
spécifiquement de l’analyse, a bien abouti à des résultats en adéquation
avec les objectifs de la problématique.
➢ Fiabilité : Afin de limiter l’aspect subjectif de notre analyse thématique,
la technique de la méthode des juges a été utilisée pour la catégorisation
des données de recherche.

48
Cependant, notre recherche présente quelques limites auxquelles nous pouvons
suggérer d’éventuels axes d’amélioration.

Tout d’abord, par souci de temporalité, un seul mode de recueil de données a été utilisé
pour obtenir les données de recherche. Nous aurions pu coupler plusieurs outils tels que
l’entretien et le questionnaire afin d’établir un panel plus large et ainsi renforcer la qualité
de la recherche. Dans ce cas, le mode de recueil serait dit mixte et nécessiterait un
travail non réalisable dans le cadre du mémoire. De plus, une des limites de cette
recherche, qui proposait d’explorer les représentations du patient sur l’hypnose, est que
seul le discours du patient a été analysé. Or, le langage témoigne seulement d’une partie
des représentations. Une suggestion d’amélioration de ce travail pourrait donc être
d’avoir une approche comportementale en supplément.
Par ailleurs, bien que l’entretien soit l’outil le plus adapté pour répondre à notre
problématique, il occasionne un biais majeur. Effectivement, BLANCHET et al. (2010)
soulignent que « la subjectivité du produit informatif généré est une propriété des
entretiens » et ce principalement lorsque le chercheur n’a pas de formations ou
d’expériences en la matière. Ainsi, pour limiter l’aspect subjectif de l’interprétation des
données obtenues, nous avons eu recours à la méthode des juges mais il reste
néanmoins probable que la catégorisation réalisée présente toujours des biais.
Enfin, les résultats présentés sont basés sur l’analyse de seulement 3 entretiens. Cette
recherche pourrait donc être approfondie en recrutant davantage de patients,
éventuellement au sein d’autres centres de rééducation. Bien que ce travail ne puisse
de ce fait aboutir à aucune généralisation scientifique, les résultats obtenus nous
permettent tout de même de dégager une tendance générale et ainsi d’apporter une
réponse à notre problématique.

49
4.2. Confrontation des résultats de la recherche à la littérature
Dans un second temps, la confrontation des résultats obtenus aux données de la
littérature nous permet d’évoquer la cohérence externe de notre recherche.

Pour rappel, nous avions initialement formulé des hypothèses. Le travail de recherche
que nous avons mené nous permet aujourd’hui d’y apporter des éléments de réponses :

➔ Nous avons pu constater que deux des trois patients interrogés présentaient
des a priori sur l’hypnose et se décrivaient comme « sceptiques » quant aux
bienfaits que l’hypnose pourrait apporter à leur prise en soins. Ayant exploré
plusieurs solutions pour diminuer leurs douleurs, ils ont finalement accepté
d’intégrer des séances d’hypnose à leur rééducation, ce qui leur a permis,
par la suite, de faire évoluer leurs a priori et leurs représentations sur
l’hypnose. Cette constatation vient donc confirmer l’idée de D. MICHAUX
selon laquelle les représentations initiales du patient peuvent constituer un
obstacle à la mise en place de l’hypnose dans le soin.

➔ L’objectif de l’étude menée par P. ROBIN-QUACH intitulée « Connaître les


représentations du patient pour optimiser le projet éducatif » était de
démontrer que la connaissance des représentations du patient permettait de
définir avec lui un programme de soins individualisé, réduisant ainsi le risque
de prise en soins inefficace. La conclusion de cette étude est que : « la prise
en charge éducative du patient optimale, ne peut être réalisée que « sur
mesure » à chaque patient, dans une relation de collaboration entre les
professionnels de santé et les patients afin de faire évoluer ces
représentations » (ROBIN-QUACH, 2009) ce qui vient nuancer quelque peu
notre hypothèse.

50
En effet, grâce à une personnalisation des soins ou encore à une forte
relation thérapeutique, le thérapeute contribue à faire évoluer les
représentations de son patient.
Les résultats obtenus au travers des entretiens viennent appuyer cette idée.
En outre, ces deux facteurs font partie des spécificités de la pratique du
thérapeute qui participent à l’évolution des représentations du patient sur
l’hypnose, qui, nous l’avons vu, contribue quant à elle à l’optimisation des
séances d’hypnose.
Ce qui nous renvoie à notre dernière hypothèse.

➔ Les résultats que nous pouvons tirer de cette recherche viennent corroborer
notre principale hypothèse. Pour rappel, l’intérêt de la problématique était de
définir, plus précisément, quelles spécificités de la pratique du thérapeute
contribuaient à faire évoluer les représentations du patient sur l’hypnose.

Pour répondre à la problématique, nous avons tout d’abord pu constater que la


singularité de la relation thérapeutique dans laquelle s’inscrit le soin d’hypnose ainsi que
les qualités du thérapeute étaient des facteurs favorables à l’évolution des
représentations. En effet, d’après BIOY et MICHAUX (2017), « l’attitude du thérapeute…
possède une influence déterminante sur le succès de la thérapie » de par sa pratique
strictement technique mais également de par la qualité de la relation thérapeutique qu’il
entretient avec son patient. AIM et KAHN (2012) évoquent même l’idée d’ « alliance
thérapeutique » qui renforce l’idée d’un lien fort entre le thérapeute et son patient,
propice à la guérison mais également à l’évolution des représentations. Pour
LLAMBRICH et POUTEAU (2017), ces changements sont possibles et « se réalisent au
mieux dans une relation définissable par certaines qualités ». Selon eux, « cette relation
suppose de la part du soignant de développer de l’empathie, [et d’être] dans le non
jugement » ce qui correspond aux qualités énoncées par les patients interrogés. De plus,
une synthèse d’études réalisée en 2003 et portant sur les liens thérapeute-alliance
thérapeutique indiquerait que les principales qualités que devrait démontrer un
thérapeute pour susciter une solide alliance seraient « d’être souple, honnête,

51
respectueux, digne de confiance, chaleureux, intéressant et ouvert » (AIM et KAHN,
2012).

Par ailleurs, une relation thérapeutique optimale favorise l’écoute active qui est aussi
mentionnée par les patients et qui est « définie comme un processus ayant pour objet
d’amener le malade dans un espace serein favorisant la compréhension de ses
représentations sur la maladie, le traitement, ses besoins, ses valeurs, ses ressources
et compétences » (LLAMBRICH et POUTEAU, 2017). Ainsi, cette technique d’écoute
mobiliserait la motivation du malade et l’encouragerait à modifier ses comportements.
BENHAIEM (2012) ajoute qu’une relation de confiance entre le sujet et le thérapeute
serait « nécessaire pour permettre le changement ». D’autres part, AIM et KAHN (2012)
rappelle que les thérapies brèves dont fait partie l’Hypnose Ericksonienne s’inscrivent
dans des « cadres d’intervention souples basés sur des techniques de communication
visant toutes à améliorer la relation pour mobiliser les ressources personnelles du
patient. » En effet, on retrouve dans l’analyse des données recueillies lors des
entretiens, l’intérêt porté par les patients aux qualités communicationnelles de leur
thérapeute. Un autre objectif de cette communication interpersonnelle adaptée serait,
selon VINAS (2017), de permettre « la création d’un véritable partenariat » renforçant
ainsi l’alliance thérapeutique.

Ensuite, l’aide que le thérapeute apporte au patient au cours des séances d’hypnose
participe également à cette évolution. Pour rappel, la relation dans laquelle s’inscrit
l’hypnose est semblable à une relation d’aide (BIOY et MICHAUX, 2017) et doit être
présentée au patient comme telle. De plus, selon BARRIER (2014), le thérapeute
« se trouve dans une position assez similaire à celle de l’enseignant, qui doit
tenter d’apporter des connaissances et de proposer une évolution de conscience
à un public qui n’y est pas nécessairement disposé, ou qui peut se trouver
prisonnier d’affects et d’a priori négatifs qui freinent ou bloquent ses appétences
cognitives ».
La notion d’ « enseignant » employé ici peut renvoyer à celle du « guide » que les
patients ont unanimement employé pour qualifier la place de leur thérapeute dans leur
prise en soins. Ainsi, le rôle du thérapeute serait d’aider son patient à faire évoluer ses
propres représentations en « apportant un cadre favorable » (MALAREWICZ et GODIN,
2005). Ce dernier sera ainsi davantage disposé à acquérir de nouvelles connaissances,
devenant ainsi acteur de son soin. En outre, MICHAUX et al. (2007) soulignent qu’une
des caractéristiques de la pratique de l’Hypnose Ericksonienne est d’avoir délaissé un
fonctionnement autoritaire du soin au profit d’un fonctionnement de type paritaire où le
thérapeute et le patient sont désormais complémentaires et agissent ensemble dans
l’intérêt du patient. A travers cette nouvelle conception du soin, le patient est

52
incontestablement encouragé à s’investir au cours des séances, optimisant ainsi les
effets de l’hypnose sur la rééducation.

Enfin, l’évolution des représentations du patient sur l’hypnose est également due à une
importante individualisation du soin dont le principal objectif est de répondre au mieux
aux attentes et besoins du patient. AIM et KAHN (2012) rappellent ainsi que face à
chaque nouvelle situation médicale, la thérapie mise en place doit être individuelle.
Actuellement, ce modèle thérapeutique est de plus en plus spontanément instauré dans
le soin. Cette adaptation traduit, selon BENOIT (2017), la volonté du système de santé
de répondre à une des demandes majeures des patients concernant la personnalisation
de leurs soins. Néanmoins, cette conception du soin n’est pas nouvelle. Elle pourrait être
assimilée au concept de thérapie centrée sur le patient développé par le psychologue
humaniste américain C. ROGERS dans les années 50 et reconnu de nos jours. En effet,
cette approche qui, au même titre que l’Hypnose Ericksonienne, privilégie le recours à
un modèle biopsychosocial, a largement démontré ses bienfaits sur la prise en soins du
patient. D’après VINAS (2017) « le soutien de cette tendance actuelle découle
directement du fait que le statut du patient ait changé » et que ce dernier soit désormais
encouragé à prendre une part active dans sa rééducation. En personnalisant le soin, le
thérapeute favorise l’efficacité de la technique et améliore ainsi l’implication du patient
(VINAS, 2017).

Dans le même temps, cette recherche a permis de répondre à la première sous-question


posée en mettant en évidence d’autres facteurs qui participent à l’évolution des
représentations du patient. Parmi les bénéfices perçus et l’application qu’il peut en faire
dans sa rééducation, l’élément le plus propice à cette évolution serait son
autonomisation développée au travers de l’hypnose et transférable par la suite à sa
rééducation. En effet, grâce à l’individualisation du soin et à la responsabilisation du
patient dans son plan de traitement, il est désormais « mieux placé pour gérer son «
capital santé » [et] acquiert ainsi un certain nombre de droits et une reconnaissance de
sa position centrale » (GHADI et NAIDITCH, 2000). Le patient, qui devient de plus en
plus actif, s’investit alors davantage dans sa rééducation. D’après BARRIER (2014), le
travail mené par le thérapeute auprès de son patient « consiste précisément à le faire
accéder à l’autonomie ». L’objectif du thérapeute serait ainsi de guider son patient afin
qu’il acquière cette faculté dans la mesure où « l’individu a constamment besoin des
autres pour avancer sur le chemin de l’autonomie » (BARRIER 2014). En Hypnose
Ericksonienne, cette autonomisation se traduit par l’apprentissage et l’encouragement à
la pratique de l’autohypnose par le patient.

53
Pour terminer, nous avons pu répondre à notre deuxième sous-question en faisant le
lien entre l’évolution des représentations du patient sur l’hypnose et l’efficacité de cette
technique. Plusieurs études présentées par AIM et KAHN (2012) ont permis de
déterminer les facteurs d’efficacité de la thérapie :

Figure 21 : Facteurs d’efficacité de la thérapie (source : AIM et KAHN (2012))

Nous constatons que ce diagramme indique les importants pourcentages d’influence


que tiennent l’implication du patient (40%) et l’alliance thérapeutique développée (30%)
dans l’efficacité de la thérapie mise en place. Or nous avons vu précédemment que ces
éléments contribuaient également à faire évoluer les représentations du patient sur
l’hypnose. Par ailleurs, l’implication du patient, qui peut se mesurer à sa participation et
sa motivation dans sa rééducation, est indissociable d’une bonne alliance thérapeutique.
Pour (AIM et KAHN, 2012) « La qualité de l’alliance thérapeutique est centrale et
fondamentale » puisqu’elle renforce dans un même temps l’implication du patient. Les
résultats seront alors d’autant plus positifs que le sera l’alliance thérapeutique mise en
place.
D’autre part, ce diagramme indique que la confiance en l’efficacité du traitement (15 %)
et la spécificité de l’approche thérapeutique privilégiée (15%) constituent également des
facteurs d’efficacité de la thérapie. Une étude menée en 2005 par B. WAMPOLD montre
même qu’il arrive que la technique ne compte que pour 2 % de l’efficacité… Néanmoins
AIM et KAHN (2012) soulignent que « la confiance en l’efficacité du traitement dépend
là aussi en partie de l’alliance thérapeutique mais également d’une bonne
compréhension de l’approche thérapeutique. » Il sera donc nécessaire pour le
thérapeute d’instaurer une relation thérapeutique optimale avec son patient et de lui
enseigner les principes de l’Hypnose Ericksonienne de manière adaptée et
pédagogique.

54
4.3. Perspectives à donner à la recherche
Enfin, nous proposons de terminer cette discussion en évoquant les perspectives
que nous pourrions donner à cette recherche.

Tout d’abord, au regard des données recueillies lors des entretiens et de leur
concordance entre les patients, nous avons pu déterminer les spécificités de la pratique
du thérapeute qui contribuent à faire évoluer les représentations du patient sur l’hypnose.
Par ailleurs, nous avons pu mettre en lien cette évolution avec l’efficacité de cette
thérapie. En identifiant les facteurs propices à ce changement, l’objectif de notre
démarche est de permettre au thérapeute de proposer, par la suite, une prise en soins
davantage en adéquation avec le patient, ses représentations mais aussi ses besoins.
Ainsi, à partir des résultats de notre recherche, il pourrait être intéressant de cibler
davantage les formations d’Hypnose Ericksonienne sur ces spécificités à développer.
De cette manière, l’ensemble des thérapeutes s’accorderaient sur une pratique optimale
de cette technique thérapeutique, permettant ainsi aux patients d’obtenir d’autant plus
de bienfaits. En optimisant les effets de l’hypnose thérapeutique, nous pourrions donc,
dans un même temps, optimiser l’ensemble de la rééducation.
Appliquée plus spécifiquement à la pratique du kinésithérapeute, l’Hypnose
Ericksonienne répond aux nouvelles directives de la profession qui sont de davantage
prendre en considération le contexte biopsychosocial du patient et d’établir avec lui un
soin personnalisé tout en le rendant actif. Nous pourrions donc, à travers cette
recherche, encourager les kinésithérapeutes à se former à cette technique
thérapeutique afin qu’ils puissent la proposer de manière plus systématique à leurs
patients. L’intérêt pour la pratique professionnelle serait d’obtenir un outil supplémentaire
aux nombreuses compétences du kinésithérapeute déjà référencées, en mettant cette
fois-ci le patient au centre de sa rééducation.

55
Conclusion
En conclusion, ce mémoire proposait de définir des moyens d’optimiser les effets
et le recours à l’hypnose en kinésithérapie. Plusieurs études viennent confirmer la
légitimité de cette technique thérapeutique dans la prise en soins. Pourtant, l’hypnose
reste encore peu répandue en kinésithérapie. Nous avons donc suggéré que les
représentations personnelles du patient sur l’hypnose tenaient une part importante dans
la mise en place de l’hypnose dans son projet de soins. Un des objectifs du
kinésithérapeute-hypnothérapeute serait alors de l’amener à faire évoluer ses
représentations. De par la problématique proposée, il s’agissait donc de déterminer, plus
précisément, les spécificités de la pratique du kinésithérapeute-hypnothérapeute qui
contribuent à cette évolution.

Pour cela, nous avons pris le parti d’interroger les patients sur leur propre ressenti quant
à la pratique de leur kinésithérapeute-hypnothérapeute. Les données de recherche
obtenues au cours des entretiens puis analysées selon le mode d’analyse thématique
nous ont permis de répondre à nos questionnements de recherche.

Ainsi, les spécificités de la pratique du kinésithérapeute-hypnothérapeute contribuant à


faire évoluer les représentations du patient sur l’hypnose sont la mise en place d’une
relation thérapeutique singulière, d’une relation d’aide et de complémentarité et d’une
forte individualisation du soin. Cependant, les effets positifs induits par les soins
d’hypnose, tel que le développement de l’autonomie du patient, participent également à
faire évoluer ses représentations. C’est cette évolution qui favorise, par la suite,
l’implication du patient dans le soin d’hypnose thérapeutique, contribuant ainsi à son
optimisation.

Nous comprenons alors l’intérêt des résultats obtenus pour notre profession. En effet,
concernant la pratique du kinésithérapeute-hypnothérapeute, nous pouvons évoquer
l’importance de développer un « savoir-être » qui est aussi essentiel que le « savoir-
faire » selon les patients. Par ailleurs, nous observons que le recours à l’hypnose
contribue à rendre le patient acteur de sa prise en soins, ce qui correspond à un des
objectifs principaux du thérapeute.

Pour terminer, ces résultats pourraient être transférables à l’ensemble de nos pratiques
et également aux professions médicales et paramédicales tant sur l’importance de
privilégier le « savoir-être » que sur l’autonomisation du patient. En effet, en
l’encourageant à devenir acteur de sa prise en soins, le soignant optimiserait ainsi
davantage les bienfaits obtenus et participerait, par la même occasion, à l’évolution du
système de santé.

56
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59
Table des illustrations

Figure 1 : Répartition des professionnels de santé formés à l'hypnose par l'IFH ...........5
Figure 2 : Objectifs de la pratique de l'autohypnose (source : VIROT, 2014) .................9
Figure 3 : Composantes de la construction d'une représentation ................................15
Figure 4 : La relation thérapeutique .............................................................................17
Figure 5 : Déroulement de la rencontre avec le patient ...............................................31
Figure 6 : Processus de recueil des données de recherche ........................................32
Figure 7 : Récapitulatif de l'analyse des résultats ........................................................35
Figure 8 : Composantes thématiques des motifs du recours à l'hypnose.....................36
Figure 9 : Composantes thématiques des raisons de l'évolution des représentations..37
Figure 10 : Composantes thématiques de la relation avec le thérapeute .....................39
Figure 11 : Composantes thématiques de l’aide du thérapeute ...................................40
Figure 12 : Composantes thématiques de l’individualisation du soin ...........................41
Figure 13 : Spécificités de la pratique du kinésithérapeute-hypnothérapeute contribuant
à l’ évolution des représentations du patient sur l’hypnose ..........................................42
Figure 14 : Composantes thématiques des bénéfices de l’hypnose ............................43
Figure 15 : Composantes thématiques de l’autonomie du patient................................44
Figure 16 : Composantes thématiques du lien avec la rééducation .............................45
Figure 17 : Effets positifs de la pratique de l’hypnose contribuant à l’évolution des
représentations du patient sur l’hypnose .....................................................................45
Figure 18 : Synthèse des résultats ..............................................................................46
Figure 19 : Modélisation de la démarche de recherche suivie .....................................47
Figure 20 : Caractéristiques de la méthodologie de recherche (source :
GOTMAN(2005)) .........................................................................................................48
Figure 21 : Facteurs d’efficacité de la thérapie (source : AIM et KAHN (2012)) ...........54

Tableau 1 : Grille d'analyse .........................................................................................33


Tableau 2 : Extrait du tableau de catégorisation des données de recherche ...............34
Tableau 3 : Extrait du tableau d'analyse thématique croisée .......................................34
ANNEXES

Annexe 1 : Guide d’entretien ......................................................................................... I

Annexe 2 : Tableau de présentation des patients .........................................................III

Annexe 3 : Tableau de catégorisation des données de recherche ............................... IV

Annexe 4 : Tableau d’analyse thématique croisée .................................................... XIV

Annexe 5 : Retranscription Entretien 1 ...................................................................... XVI

Annexe 6 : Retranscription Entretien 2 .................................................................... XXV

Annexe 7 : Retranscription Entretien 3 .................................................................. XXXII


Annexe 1 : Guide d’entretien
➢ THEME : « évolution de vos représentations sur l’hypnose »

Déroulé de l’entretien Questions Relances


Comment l’hypnose est-elle rentrée dans votre prise en
Thème 1 : charge médicale ?
→Sous-thème 1 : AVANT l’hospitalisation →Saviez-vous que l’hypnose
➔ Que saviez-vous de l’hypnose avant d’être était utilisée dans le domaine
- Connaissances sur l’hypnose
médical ?
- Avis personnel hospitalisé ? →Auriez-vous de vous-même
- Influences : Antécédents ➔ Quel était votre ressenti personnel quant à décidé de faire de l’hypnose ?
médicaux et environnement l’hypnose ? →Ce que vous avez entendu
(social et familial) ➔ Autour de vous, aviez-vous déjà entendu parler sur l’hypnose ?
EVOLUTION DES de l’hypnose ?
REPRESENTATIONS →Sous-thème 2 : MAINTENANT
- Connaissance actualisée
- Avis personnel
→Si oui, comment ? Si non,
- Modifications au sein de ➔ Qu’avez-vous appris de plus sur l’hypnose
pourquoi ?
l’environnement (social et durant vos soins ? →Ce que pensent vos proches
familial, changements) ➔ Votre avis sur l’hypnose a-t-il changé au cours par rapport à l’hypnose durant
des soins? le soin ? Si cela vous influence
➔ Quelles conséquences cela a eu sur votre ou vous a influencé ?
entourage ? Vous êtes-vous senti soutenu ?

TRANSITION : Explication à cette évolution


➢ « A ce que vous me dites, j’ai l’impression que
vos représentations sur l’hypnose ont évoluées.
Qu’elles seraient selon vous, les raisons de
cette évolution ? »

Thème 2 : Laisser le patient exprimer les raisons de son évolution


en premier lieu, lui laisser du temps (blancs) pour → Mais encore ? D’autres
réfléchir et compléter avant de le rediriger vers les sous- raisons… ?
thèmes (la pratique K-H en elle-même).

I
➔ Pouvez-vous me décrire une séance type ? Les
différents exercices que vous réalisez ?
➔ Quelle technique utilisée par le K-H vous a le →Comment se déroulent les
séances ?
plus plu ? →A l’inverse, y’a-t-il quelque
➔ Qu’est-ce que vous aimez le plus lors de ces chose qui vous
➢ Sous-thème 1 : Déroulement des séances ? Cela vous donne t-il l’envie de interroge/dérange/interpelle ?
soins continuer par vous-même ?
- Description séance
- Ce sur quoi le patient est le ➔ Comment décririez-vous la relation que vous
RAISONS plus sensible/ Ce qu’il aime le avez avec le K-H ?
plus en séance d’H ➔ Que ressentez-vous en séance avec le K-H ?
➔ Cette relation est-elle différente de celles que
→Cela joue-t-il dans le fait que
➢ Sous-thème 2 : Relation de soin vous avez avec les autres soignants (MK, vous aimez les séances ?
- Relation avec le K -H médecins…) durant les soins ? →Dans quelle mesure est-elle
- Relation avec les autres Si oui, pourquoi et comment ? Si non, explicitez. différente ?
professionnels

TRANSITION : Conséquences de l’évolution des


représentations sur l’hypnose auprès du patient
➢ « Maintenant que vous êtes sensibilisé au
recours à l’hypnose durant vos soins, que
pourriez-vous me dire des effets, positifs ou
négatifs, que cette prise en charge vous a
apportée ? »

Thème 3 : ➢ Sous-thème 1 : En tant que patient ➔ Qu’est-ce que l’hypnose vous a apporté au
cours de votre séjour ? (en tant que patient) → Qu’est ce qui a changé dans
les représentations de votre
soin depuis que vous faites de
EFFETS ➢ Sous-thème 2: En tant que l’hypnose ?
personne ➔ Est-ce que vous avez réinvesti l’hypnose au
quotidien, dans la vie de tous les jours ? (en tant
que personne)

II
Annexe 2 : Tableau de présentation des patients
Caractéristiques
Age Situation Situation Pathologie/Maladie Plaintes/ Début des soins Thérapeute
familiale professionnelle Gênes d’hypnose

Patient

Madame 1 47 Mariée Assistante Fracture du coude droit avec Douleur Octobre 2018 Yaëlle*
ans - maternelle (en neurolyse du nerf ulnaire suite Fatigue - (masseur-kinésithérapeute et
- 1 fille arrêt maladie) à une chute dans les escaliers. Anxiété Pratique hypnothérapeute)
Peur phobique des escaliers Stress l’autohypnose
droitière (possible PTSD) Perte de
fonctionnalité
Membre dominant atteint :
sous-utilisation au profit de
l’autre

Monsieur 2 31 En couple Militaire dans Traumatisme par blaste Douleur Septembre 2017 Marie*
ans - l’Armée de (fractures et plaies multiples) Perte de - (masseur-kinésithérapeute et
- 2 enfants Terre depuis 11 des 2 mains lors de l’explosion fonctionnalité Pratique hypnothérapeute)
ans d’un obus à fragment lors d’un l’autohypnose
droitier (en exercice de déminage
convalescence
pour Accident
de Travail et en
reconversion
professionnelle
dans l’Armée)
Douleur Yaëlle*
Madame 3 34 Séparée Conseillère pôle Mononévrite multiple avec Perte Septembre 2016 (masseur-kinésithérapeute et
ans - emploi (en arrêt tétraparésie d’autonomie - hypnothérapeute)
- 1 fille maladie) Perte de Pratique
droitière fonctionnalité l’autohypnose

III
Annexe 3 : Tableau de catégorisation des données de recherche

THEMES Sous-Thèmes Indicateurs ENTRETIEN 1 Indicateurs ENTRETIEN 2 Indicateurs ENTRETIEN 3


« par la douleur », « j’étais vraiment dans la « « Donc j’avais [...] des douleurs permanentes « j’ai fait de l’hypnose [...] avec la kiné par
par la douleur », « j’étais vraiment dans la et je ne suis pas plus attiré par tout ce qui est rapport aux douleurs, pour la gestion des
souffrance » (l. 4) médicamenteux donc l’hypnose était un très douleurs » (ll.4-6)
« pour ne pas être dans la douleur» (ll.5-6) bon compromis justement, pour passer les « on est revenu vers moi par rapport aux
« avoir moins mal » (l.78) douleurs. Ou du moins les estomper» (ll.4-6) douleurs. » (l.8)
« c’est ma kiné, comme j’étais dans la « enlever cette douleur » (l.40) « pour l’appréhension des douleurs » (l.65)
Mise en place
souffrance, elle m’a dit « bah tiens, il y a antalgique : 2 « Le besoin parce que j’ai toujours mal »
de
Motifs du recours Yaëlle* qui fait de l’hypnose, vous voulez que alternative aux médicaments :1 (.210)
l'hypnose dans
à l'hypnose je vous inscrive ? » j’ai dit oui parce que « je voulais un peu laisser les médicaments
la prise en soins
quand on est dans la souffrance, on essaye de côté. » (l.10)
de faire tout ce qui est possible pour « si ça peut calmer les douleurs plutôt que
justement pas avoir mal » (ll.173-176) de manger des médicaments, c’est mieux. »
« pour m’aider à travailler » (l.5) (ll.30-31)
antalgique: 5 antalgique: 5
aide dans la rééducation :1 alternative aux médicaments: 2

IV
« j’avais justement lu une étude, peu de « J’avais dû lire quelques articles là-dessus « Je sais qu’il y avait de l’hypnose qui se
temps avant. Y’a quelqu’un qui s’était fait sur les opérations ou autres »(l.28) faisait pour éviter par exemple les
opérer à cœur ouvert, sous hypnose » (ll. « Je voyais l’hypnose un peu, comme ce anesthésies pendant les opérations. » (ll.
135-136) qu’on peut voir à la télé et puis pour moi 21-22)
« avant de savoir, je pensais que c’était un c’était […] Pas réel » (ll.8-9) « je n’avais pas d’a priori, pas de jugement
truc du style, vous savez, un peu comme à la « ça restait pour moi […] Utopique on » (l.45) « Après,
vieille époque, un truc devant les yeux puis pourrait dire, très particulier » (ll. 28-29) moi, l’hypnose on prêche plus ou moins
hop. Vous savez pour moi c’était ça pour moi « Je voyais pas quelque chose qui pourrait une convaincue » (l.345) « pas
l’hypnose. Et je me disais, ça se trouve je vais aboutir et m’enlever réellement les douleurs. grand-chose. A part le fait d’être réceptif ou
parler, je vais dire des bêtises, je vais pas me » (l.10) pas réceptif, que ça peut fonctionner,
rappeler ce que je vais dire » (ll.120-123) « je pense que c’est un peu l’idée générale comme ne pas fonctionner » (ll.15-16)
« Un petit peu»(ndrl: d’appréhension) (l.129) de toute personne qui n’a pas essayé « Oui oui mais pas par rapport aux
« j’étais un peu sceptique de me voir moi- l’hypnose. Et je pense que tout ce qu’on peut douleurs. Plus dans tout ce qui était
même me mettre en autohypnose, de voir à la télé y est pour quelque chose […] psychologique, éventuellement ; que soins
ressentir moins la douleur. » (ll.131-133) c’est très drôle quoi à voir Mais y’a pas on va dire plus médicaux.» (ndrl : déjà
Connaissances « Je me dit qu’un autre patient, une autre d’utilité » (ll.98-101) entendu parler d’hypnose ?) (l. 20-21)
et ressenti sur personne, si elle est dans un autre état « si je mettais arrêté sur le premier aperçu, je « J’en avais déjà fait» (l.355))
Evolution des l'hypnose d’esprit, si elle est… je sais pas, un état pense que j’aurais gardé l’optique que j’avais « Et puis moi je faisais de l’autohypnose
représentations AVANT le début d’esprit un peu maussade, pas envie, pas au départ, qui était que l’hypnose c’est de la quand j’étais maman pour pouvoir
du patient sur des séances réceptif, tout ça, je pense que ça fonctionnera connerie »(ll.155-157) m’endormir. » (ll.49-50)
l'hypnose pas. » (ll.309-311) « j’étais un peu sceptique » (l.8) connaissances scientifiques: 1
connaissances scientifiques: 1 « Juste effectivement très sceptique » (l.23) PAS d'a priori: 2
a priori : 1 « je pense aussi qu’il y a une partie « faut le connaissances générales : 2
émotions négatives :2 vouloir pour que ça marche » (ll. 15-16) connaissances pratiques: 2
connaissances générales : 1 connaissances scientifiques: 1
a priori : 5
émotions négatives : 2
connaissances générales : 1

« j’adore » (l.27) « Ah oui totalement » (ndrl :changer d’avis « contente d’essayer » (l.26)
« Moi je suis vraiment ravie quoi » (l.29) sur l’hypnose) (l.33) émotions positives: 1
« Je suis ravie. » (l.390) « j’étais plus du tout sceptique. Et je trouvais
Ressenti émotions positives : 3 ça vraiment très très bien » (l.135)
ACTUEL par changement d'avis : 2
rapport à
l'hypnose

V
« quand ça a vraiment fonctionné, je me suis « c’est le fait de se rendre compte que ça
dit « royal » quoi. Les appréhensions que fonctionne qui a permis l’évolution » (ll.154-
j’avais n’ont pas été du tout fondées. » (ll. 155) « je
132-133)) sais que ça marche et les bienfaits que ça
« ça me fait un bien fou. » (l.143) peut apporter. » (ll.139-140)
« je suis ravie de l’évolution que j’ai dans ma « Il y a que du bon à prendre » (ll. 240-241)
Raisons de guérison ici » (ll.377-378) « j’ai vu que c’était pas comme ce qu’on
l'évolution des « ça m’aide » (l. 30) pouvait voir à la télé, des gens qui font la
représentations « je me suis aperçue […] qu’il y avait plusieurs poule ou quoi. »(ll.57-58)
formes d’hypnose » (ll.168-169) effets positifs perçus: 3
effets positifs perçus : 4 nouvelles connaissances : 1
nouvelles connaissances : 1
« c’était vraiment intéressant. Et l’idée me
« ça m’a vraiment tout de suite intéressée » plaisait » (l.59)
(ll.9-10)

VI
« Yaëlle* fait partie des gens avec qui ça a « C’était vraiment oui une relation de « c’est agréable d’être avec elle, de faire ce
tout de suite collé » (ll.10-11) confiance » (ll.188-189) travail-là avec elle » (l.212)
« parfaite harmonie psychologiquement ou relation thérapeutique forte : 2 « Après ça fonctionne très bien avec Yaëlle*
même amicale » ( ll.11-12) et je suis contente que ce soit elle et pas
« ça devient une relation amicale à force « Totalement. En fait je pense que ça été plus quelqu’un d’autre » (ll.287-288)
»(l.12) rapide. » (ndrl : le fait que ça compte que « Ça se passe très bien avec elle. » (l.290)
« Cette relation-là elle est … elle est presque Marie soit une femme) (l.253) « le courant passe bien, du coup je suis
amicale en fait. J’aurais pu être amie avec « je sais même pas si ça aurait fonctionné réceptive à ce qu’elle me propose et elle
cette personne-là dans la vie de tous les jours avec un homme en fait. » (ll.195-196) écoute aussi ce que je dis, donc il y a de
en fait » (ll.93-95) « Il y a une approche différente avec une l’échange. » (ll.239-240)
« j’ai ressenti ce petit truc envers elle » (l.99) femme, enfin pour ma part, qu’avec un relation thérapeutique forte : 4
Place et « j’ai vraiment eu un coup de cœur pour cette homme » (ll. 245-246) « bonne communication interpersonnelle:
pratique du personne » (l.38) on a toujours une réserve avec un homme, on 1
thérapeute « je trouve ça tellement simple avec elle que met peut-être une barrière. » (l.248)
Relation avec le je me laisse totalement aller. » (ll.68-69) «Il aurait peut-être eu du mal à faire tomber
thérapeute « elle rentre dans ma vie » (l.13) les barrières, à faire tomber les masques ou
« on a beaucoup parlé, beaucoup échangé autres pour pouvoir vraiment être détendu et
suite à ça, elle est rentrée dans ma vie » que je me confie. » (ll.249-250)
(ll.23-24)
« on échange sur tout et n’importe quoi »
(l.34)
relation thérapeutique forte : 7
bonne communication interpersonnelle : 3

VII
« Elle est tellement dans la qualité de ses « la voix […] de Marie* qui berce. […]Elle « je pense qu’il faut être calme, faut être
mots, qu’elle choisit » (l.52) avait une voix très douce, je pense que ça a posé, faut quand même parler doucement.»
« elle arrive toujours à trouver les bons mots » un gros intérêt là-dedans. Ça permet (l.269)
(ll.54-55)) réellement de rentrer dans une phase de « c’est appréciable parce que Yaëlle* est
« elle a vraiment su trouver les mots… tout ce transe je dirais. » (ll.67-69) vraiment super » (l.211)
qu’il fallait bien ; elle a tout trouvé en fait. » « Elle était très douce, avec une voix très « c’est vraiment l’écoute par rapport aux
(ll.62-63) calme, très posée et pour moi je pense que soins, d’être attentive aux douleurs, de se
« Alors que Yaëlle*, c’est dans la douceur des c’était très important » (ll.194-195) rendre compte que même si des fois je dis
mots, dans la douceur de … tout. Tout se fait « Quelqu’un de très calme, de très détendu » « oui ça va » elle se rend compte que bon
dans la douceur, dans la plénitude en fait » (ll.198-199) ça va moyen quoi, que ça pourrait être
(ll.92-93) « elle est professionnelle » (l.187) mieux. Donc elle est attentive à ça. »
Qualités du « Elle a tellement une voix posée » (l.54) « faut vraiment qu’il y ait quelqu’un qui (ll.262-265)
thérapeute « Yaëlle* c’est une belle personne » (l.15) pratique bien la chose pour pouvoir « elle est à l’écoute » (l.293)
« Elle est tellement dans la bienveillance » l’expliquer correctement pour pouvoir le faire, communicationnelles (lexicale et
(l.292) pour pouvoir donner l’envie à quelqu’un vocale) : 1
« je pense que l’écoute et la bienveillance font d’autre de le faire. » (ll.133-136) personnelles : 2
parti des points importants. » (ll.295-296) communicationnelles (lexicale et vocale) : relationnelles : 1
« elle est aussi dans la bienveillance pour 2 professionnelles (écoute, patience) : 4
moi, elle est dans le respect de tout ce que je personnelles : 2
peux lui raconter. […]Y’a pas de jugement, y’a professionnelles : 2 « ça aurait pu être avec quelqu’un d’autre
rien de tout ça » (ll.100-102) « il faut qu’il y ait […] je pense que ça aurait pu fonctionner»
une relation amicale qui s’installe. » (l. 286) (ll.287-289)
« Alors déjà, la patience, l’écoute, » (l.285)
« Mais je pense vraiment que l’écoute, la
patience. Je pense que l’écoute c’est
vraiment... Et puis être dans le respect aussi.
[…] De respecter et de ne pas être dans le
jugement. Ça c’est quelque chose pour moi
d’important. » (ll.288-291)
« elle fait tout pour que ça se passe vraiment
bien. » (ll.292-293)
communicationnelles (lexicale et vocale) :
5
personnelles : 1
relationnelles (bienveillance, respect, non
jugement, confiance): 9
professionnelles (écoute, patience) : 6

VIII
« Yaëlle* c’est mon guide » (l.354) « elle guide par sa voix à venir mettre les « elle me guide sur ce qu’il y a à travailler »
« on est arrivée à faire des séances » (l.25) bandes » (l.77) (ll.133-134)
« Yaëlle* apporte sa pierre à l’édifice » (l.378) « On a enfilé des bandes. » (l.43) « elle me guide » (l.133)
« Je pense que sans elle, je ne serais pas notions de « guide » : 1 « Je l’ai expliqué et on a repris cette idée. »
aussi confiante sur ma guérison » (ll.386-387) complémentarité : 1 (l.147)
« je me dis que si elle était pas là, je ne « Elle m’accompagne mais je suis pas à,
pourrais pas forcément acquérir ce que je on va dire, appliquer scolairement. C’est
souhaite encore acquérir » (ll.354-355) acquis. . » (ll.190-191)
« avoir un support sur qui on peut compter, « On a mis d’autres choses en place pour
Aide du c’est important aussi je pense. » (l.352) les douleurs» (l.40)
thérapeute « grâce à elle j’arrive à gérer ma douleur en « on a répété un exercice pour bien
séance de kiné » (ll.15-16) « l’assimiler. » (l.131)
je pense qu’elle m’aide beaucoup dans ma notions de « guide » : 2
douleur » (ll.20-21) complémentarité : 4
« Elle m’aide beaucoup à ce niveau-là » (l.88)
« elle m’aide vraiment par ses séances à […]
atténuer les choses » (ll.80-81)
« elle m’aide vraiment » (l.84)
« Yaëlle* m’a aidé à ça (l.220)
« Grâce à Yaëlle* qui m’enseigne aussi »
(l.266)
« grâce à Yaëlle* et à son apprentissage ça a
été bénéfique pour moi » (ll.388-389)
notions de « guide » : 1
complémentarité: 6
notions d'aide: 7

IX
Individualisation « Avec Yaëlle* on parle un peu dans quel état « Auparavant elle m’avait questionné pour « Selon les besoins, le ressenti. Chaque
du soin je suis sur le moment » (l.33) savoir qu’est ce qui pourrait m’aider » (l.38) séance est différente » (l.121)
« je lui raconte des choses personnelles de « Et pour moi ça a été des gants de boxe « Après quand je vais bien, il y a pas
ma vie » (l.67) que je visualisais et que je venais enfiler sur besoin, on rentre direct dans le vif du sujet.
« elle choisit bien les mots qui me mes mains » (ll.40-41) Mais oui les jours où je suis fatiguée, on fait
conviennent » (ll.52-53) « pour moi c’était on va chercher au plus ça d’abord. » (ll.329-331)
adapté à l'état du patient et à ses besoins : profond » (l.37) « à chaque fois j’ai eu des demandes
1 adapté à l'état du patient et à ses besoins spécifiques » (l.130)
soin personnalisé : 2 :1 « l’hypnose c’est des séances individuelles.
soin personnalisé : 2 » (l.156)
« avec l’hypnose on travaille sur des points
précis, plus personnels » (ll.159-160)
« Je travaille aussi avec les pierres […] elle
a voulu que je prenne certaines pierres
avec moi pour une séance pour intégrer ça
dans mes séances d’hypnose »(ll.290-292)
adapté à l'état du patient et à ses
besoins : 3
soin personnalisé: 2
soin adapté aux croyances du patient: 1

X
« séances de plus en plus enrichissantes pour « ça me permet vraiment de sentir mon « ça fait un temps pour se poser. » (l.47)
moi » (l.25) corps, d’être très détendu. » (ll.175-176) « ça fait un temps pour se poser aussi.
« c’est enrichissant » (l.29) « La détente. C’est très apaisant. » (l.228) C’est pas désagréable ça. » (l.78)
« je pense que mes séances d’hypnose ont « Ça peut aider aussi à évacuer un peu. » «ça me permet de me calmer et d’avoir
beaucoup aidé, m’ont aidée à être dans une (ndrl : le stress) (l.235) moins mal quand il y a des auxiliaires de
voie peut être meilleure » (ll.210-211) « J’ai tendance à être un peu nerveux donc vie par exemple. (ll.359-360)
« depuis que je suis ici, de voir tous ces gens effectivement ça peut être un point sur lequel « De se poser, d’avoir un moment, de
en fauteuil roulant, j’ai l’impression d’avoir ça m’a calmé un peu. » (ll.237-238) pouvoir discuter avec le soignant, d’essayer
changé. Je suis beaucoup plus humble, moins « Le fait que la douleur s’estompe » (l.221) « d’explorer d’autres pistes que celle de la
attachée aux choses, beaucoup plus… C’est Ça anesthésiait un peu. » (l.46) douleur » (ll.84-85)
vrai que j’ai beaucoup changé et je pense détente/cadre agréable : 4 « Réussir à se concentrer, à se canaliser, à
qu’avoir fait de l’hypnose avec Yaëlle* m’a effets positifs dans la rééducation : 2 quand même gérer les douleurs avec
permis de relativiser sur plein de choses. » quelques respirations, de pouvoir maîtriser
(ll.192-195) « Et en fait moi ça m’a apporté ça… C’est de ça dont je suis la plus
[…] de la sagesse » (ll.205-206) contente » (ll.80-82)
« je suis beaucoup plus zen, beaucoup plus « avoir moins mal » (l.358)
humble. Moi qui suis très matérialiste, j’ai « on n’a pas l’impression de faire un
Effets de la Bénéfices de complètement déconnecté de tout ça. »(ll.207- exercice parfois. » (l.187)
pratique de l'hypnose 208) détente/cadre agréable : 4
l'hypnose dans « on se sent plus léger, plus détendu » (l.51) effets positifs dans la rééducation : 5
la rééducation « avec l’hypnose, on est vraiment dans une alternative à un traitement classique: 1
séance, beaucoup plus zen, beaucoup plus
posée » (ll.149-150) « Si ça ne m’avait rien apporté, je n’en
« J’étais déjà dedans quoi. Tellement ça ferais plus. » (ll.218-219)
m’avait plu, tellement ça m’avait relaxé »
(ll.177-178) « j’ai tout de suite senti un bien
être, j’ai été tout de suite bien. » (l.309)
« ça me fait vraiment du bien. » (l.328)
« [mes attentes] ont été plus que comblées »
(l.141)
« L’hypnose est arrivée à ce moment-là et ça
m’a beaucoup aidé » (ll.316-317) «
c’est clair que sans l’hypnose, je ne serais pas
dans d’aussi bonnes conditions pour évoluer
vers la guérison.» (ll.235-236)
enrichissements personnels : 6
détente/cadre agréable : 5
effets positifs dans la rééducation : 4

XI
« j’ai réussi à faire une séance avec une « j’avais une fiche de suivi pour pouvoir le « je me mets en condition pour me
flexion à 130° » (l.19) faire tout seul. » (l.92) persuader que ça me fera le moins mal
« j’ai vraiment réussi à mettre en pratique » « j’ai réussi à le reproduire chez moi, tout possible » (ll.66-67)
(ll.26-27) seul, dans le lit, ça fonctionne » (ll.179-180) « Je me mets vraiment en condition » (l.71)
« même toute seule j’ai réussi à être « Effectivement, une fois qu’on s’habitue, « je fais un peu chez moi» (ndrl : refaire
bien »(l.44) qu’on assimile réellement la méthode, et bien des exercices) (l.129)
« Tout ce que je mets en place, mes après ça fonctionne »(ll.32-33) « je me mets dans ma bulle » (l.133)
protections et tout ça, ça me permet vraiment « Faut vraiment le pratiquer pour réussir à « Et je le fais peut-être des fois
d’avancer. » (ll.266-267) faire quelque chose. » (l.159) inconsciemment. » (ll.199-200)
« J’ai essayé de mettre en place quelque investissement et prises d'initiatives : 4 « je le fais un peu de temps en temps. »
chose de différent qu’avec Yaëlle* ; C’est le pratique de l'autohypnose : OUI (l.202)
même principe mais c’est quelque chose qui « c’est à force de répétitions » (ndrl : que
m’appartient à moi en fait. Et puis ça c’est acquis) (ll.194-195)
Autonomie du fonctionne bien en fait. »(ll.280-282) « Je suis là pour bosser donc si je le fais
patient « Oui complètement » (ndrl : se sentir investie c’est pour moi. » (ll.310-311)
dans ma rééducation) (l.315) « Ah bah oui […] maintenant quand j’ai mal
« j’ai vraiment mis toutes les chances de ou que j’ai froid, je continue » (ll.222-223)
mon côté pour que ça marche. Je voulais investissement et prises d'initiatives : 9
tellement plus avoir mal, je voulais tellement pratique de l'autohypnose : OUI
être bien dans mon corps que j’ai vraiment
tout mis de mon côté en fait. » (ll.302-303)
« je me suis dit « je vais faire le vide, je vais
faire ce que Yaëlle* m’a enseigné » et bien ça
a fonctionné. » (ll.318-319)
« j’ai tendance à mettre en place tout ce que
Yaëlle* m’a enseigné » (l.326)
« Chaque jour, je mets en pratique et ça
m’aide » (ll.84-85)
« je me mets en autohypnose » (l.18) «
L’autohypnose, pour moi, c’est quelque chose
qui me convient tout à fait. » (l.169)
investissement et prises d'initiatives : 11
pratique de l'autohypnose : OUI

XII
« ça aide pour faire ensuite les exercices de « le but, c’était de pouvoir le faire pendant les «Une auxiliaire de vie qui est trop bourrine
la kiné, d’ergo … » (l.181) « Pour séances de kiné, chose qui a été impossible […] et bien je sais que quand je vais la
chaque séance de kiné, j’essaye de mettre en à faire en réalité » (ll.164-165) voir, et bien il faut que je me prépare
place ce que Yaëlle* m’a enseigné » (ll.239- « Dès que je suis manipulé, ça ça marche avant.» (ll.224-226)
240) plus » (ll.176-177) application dans la rééducation: 1
« Sylvie* elle me dit que quand je suis bien « c’est le cadre. On se retrouve dans la salle
détendue, que je suis en autohypnose, j’arrive commune, en kiné. Donc il y a du passage, il
vraiment bien à avancer » (ll.255-256) y a du bruit et là c’est impossible. » (ll.165-
« En fait, quand j’arrive à me mettre en 166)
Lien avec la autohypnose j’ai des séances de kiné difficulté de mettre l'hypnose en place : 3
rééducation formidables. Hier elle a vraiment été bluffante
ma séance de kiné » (ll.261-262)
«l’après-midi il y a tellement de bruits autour
de moi que j’ai du mal à être dans la
concentration» (ll.244-245)
application dans la rééducation: 4
difficulté de mettre l'hypnose en place : 1

XIII
Annexe 4 : Tableau d’analyse thématique croisée

Analyse Thématique Analyse Thématique Analyse Thématique


THEMES Sous-Thèmes ENTRETIEN 1 ENTRETIEN 2 ENTRETIEN 3
Mise en place Motifs du recours antalgique: 5 antalgique : 2 antalgique: 5
de l'hypnose à l'hypnose aide dans la rééducation :1 alternative aux médicaments :1 alternative aux médicaments: 2
dans la prise
en soins
Connaissances et connaissances scientifiques: 1 connaissances scientifiques: 1 connaissances scientifiques: 1
ressenti sur a priori : 1 a-priori : 5 PAS d'a priori: 2
l'hypnose AVANT émotions négatives :2 émotions négatives : 2 connaissances générales : 2
le début des connaissances générales : 1 connaissances générales : 1 connaissances pratiques: 2
Evolution des séances
représentations Ressenti émotions positives : 3 changement d'avis : 2 émotions positives: 1
du patient sur ACTUEL par
l'hypnose rapport à
l'hypnose
Raisons de effets positifs perçus : 4 effets positifs perçus: 3
l'évolution des nouvelles connaissances : 1 nouvelles connaissances : 1
représentations intérêt pour la pratique : 1 intérêt pour la pratique : 1
Relation avec le relation interpersonnelle forte : 7 relation interpersonnelle forte : 2 relation interpersonnelle forte : 4
thérapeute bonne communication : 3 bonne communication : 1

communicationnelles: 5 communicationnelles: 2 communicationnelles: 1


personnelles : 1 personnelles : 2 personnelles : 3
Qualités du relationnelles: 8 professionnelles : 2 relationnelles :1
Place et
thérapeute professionnelles : 6 professionnelles : 4
pratique du
thérapeute
Aide du notions de « guide » : 1 notions de « guide » : 1 notions de « guide » : 2
thérapeute complémentarité: 6 complémentarité : 1 complémentarité: 4
notions d'aide: 7

XIV
adapté à l'état du patient et à ses adapté à l'état du patient et à ses adapté à l'état du patient et à ses
Individualisation besoins : 1 besoins :1 besoins : 3
du soin soin personnalisé: 2 soin personnalisé: 2 soin personnalisé: 2
soin adapté aux croyances du patient: 1
enrichissements personnels : 6 détente/cadre agréable : 4 détente/cadre agréable : 4
détente/cadre agréable : 5 effets positifs dans la rééducation : 2 effets positifs dans la rééducation : 5
Bénéfices de effets positifs dans la rééducation : 4 alternative à un traitement classique: 1
l'hypnose

investissement et prises d'initiatives investissement et prises d'initiatives : investissement et prises d'initiatives : 9


: 11 4
Effets de la Autonomie du pratique de l'autohypnose : OUI pratique de l'autohypnose : OUI pratique de l'autohypnose : OUI
pratique de patient
l'hypnose dans
la rééducation

application dans la rééducation : 4 difficulté de mettre l'hypnose en place application dans la rééducation : 1
Lien avec la difficulté de mettre l'hypnose en :3
rééducation place : 1

XV
Annexe 5 : Retranscription Entretien 1
Chercheur : Alors, pour commencer, j’aimerais que vous me disiez comment l’hypnose est
rentrée dans votre prise en charge ?

Patient : Par la douleur. En fait, j’étais vraiment dans la souffrance parce que quand je suis
5 arrivée ici, de Cesson jusqu’ici j’avais un cathéter, pour m’aider à travailler, pour pas être dans la
douleur en fait. Et quand on me l’a enlevé, ça a été très très douloureux. Et c’est là qu’on m’a
proposé l’autohypnose et j’ai accepté tout de suite en fait (rires).

Chercheur : D’accord. Vous connaissiez un peu l’hypnose ?

Patient : Oui je connaissais. Je suis un peu curieuse de nature mais franchement c’était… ça
10 m’a vraiment tout de suite intéressé et Yaëlle* fait partie des gens avec qui ça a tout de suite
collé. Je pense que c’est vraiment important qu’on soit en parfaite harmonie ; que ça soit
psychologiquement ou même amical. Parce que ça devient une relation amicale à force. Elle
rentre dans ma vie, c’est assez… Il y a des séances qui ont été assez prenantes. Yaëlle* ça a
été une personne, où… Des fois on rencontre des gens et on se dit « elle était sur ma route pour
15 ça » quoi. Et en fait…Yaëlle* c’est une belle personne et grâce à elle j’arrive à gérer ma douleur
en séances de kiné et ça je crois que je ne pourrais jamais la remercier assez.

Chercheur : C’est vraiment grâce à elle vous pensez ?

Patient : Ah oui. Oui. Franchement, quand je me met en autohypnose.. Je vois, hier, en kiné, à
13h30, je me suis mise en autohypnose et j’ai réussi à faire une séance avec une flexion à 130°
20 alors que ça n’était pas arrivé depuis… un bon moment. Et vraiment, je pense qu’elle m’aide
beaucoup dans ma douleur quoi.

Chercheur : C’est elle qui vous a guidé vers l’autohypnose ou c’est de vous-même ?

Patient : En fait c’est elle et puis en fait, on a beaucoup parlé, beaucoup échangé suite à ça, elle
est rentrée dans ma vie, tout ça. Et à ce que j’ai pu lui raconter de ma vie et de ma façon de vivre
25 etc etc, on est arrivée à faire des séances de plus en plus enrichissantes pour moi et j’ai vraiment
réussi à mettre en pratique ce qu’elle a pu m’enseigner entre guillemets. Et en fait, j’ai…j’adore
quoi. Je me dis si je pouvais avoir 2 séances par semaine je suis preneuse. (rires)

Chercheur : Vous en avez combien actuellement ?

Patient : J’en ai qu’une. Mais c’est vrai que c’est enrichissant. Moi je suis vraiment ravie quoi. Et
30 ça m’aide.

Chercheur : Qu’est-ce que vous faites pendant cette séance ? Est-ce que vous pouvez me
décrire le déroulé un petit peu ?

Patient : Alors... Ben. Avec Yaëlle* on parle un peu dans quel état je suis sur le moment, ma
semaine comment ça s’est passé etc. Et puis on échange sur tout et n’importe quoi. C’est
35 vraiment des banalités et tout. Et après notre conversation s’enrichi de minutes en minutes et
après on passe à une séance, ce qu’il y a de plus normal en fait.

Chercheur : Vous faites des petits exercices ?

Patient : En fait oui. Et j’y arrive assez facilement en fait comme j’ai fait du yoga. Ça m’aide
beaucoup la respiration et tout ça. Le vide, c’est quelque chose que j’arrive vraiment bien à mettre
40 en place. Mais moi je suis la première personne surprise de voir que l’autohypnose marche aussi
bien. J’aurais pas pensé... Je ne pensais pas être aussi réceptive que ça en fait.

Chercheur : Vous en faites en séances ou vous en faites à côté, de l’autohypnose ?

Patient : En fait, Yaëlle* m’a donné hier une feuille de conduite à suivre et j’ai essayé justement
hier et même toute seule j’ai réussi à être bien quoi.

XVI
45 Chercheur : Et avec Yaëlle* vous faites des exercices particuliers pendant vos séances ?

Patient : Non. En fait, on est beaucoup dans la discussion, dans ce qu’il s’est passé avant dans
ma vie et on est assez…Là hier on a fait une boucle. Elle m’a demandé par exemple, mon
enfance, un souvenir d’enfance qui m’a… Et je lui ai parlé de ma grand-mère etc etc. Et après ça
a été la naissance de ma fille, que j’ai attendu 10 ans avec toutes les complications qu’il y a pu
50 avoir, mon mari qui est beaucoup en déplacement… Et en fait, ça fait une boucle et suite à ça on
se sent plus léger, plus détendu. Et quand je repense aux séances que je fais avec Yaëlle*, je
me dis. Elle est tellement dans la qualité de ses mots, qu’elle choisit, elle choisit bien les mots
qui me conviennent. Même au niveau des odeurs, quand elle me parle d’odeurs. Des fois, j’ai
l’impression de sentir. Elle a tellement une voix posée, puis elle arrive toujours à trouver les bons
55 mots…

Chercheur : J’ai l’impression que vous avez une relation très particulière avec Yaëlle*.

Patient : Ah, j’adore cette femme-là, mais vraiment. Rien que d’en parler, ça m’émotionne. Parce
qu’en fait elle a fait ressurgir en moi des émotions que je ne pensais plus avoir enfaite. On a parlé
essentiellement de mon père qui est décédé il y a 1 an et demi. Et comme je suis croyante et
60 pratiquante, on avait parlé de la dernière messe de Noël où on était tous ensemble... Et je sentais
l’odeur du sapin, l’odeur du cierge dans l’église. Tous ces gens bien habillés. En fait, j’étais
complètement dedans quoi, elle a vraiment su trouver les mots… tout ce qu’il fallait bien ; elle a
tout trouvé en fait.

Chercheur : Ça vous aide à apprécier l’hypnose ?

65 Patient : Oui. Franchement oui. Et ça me rassure aussi. C’est pas évident de s’ouvrir à une
personne qu’on ne connait pas et qui est là pour nous aider, qui est là dans la bienveillance et
c’est… je me mets à nu devant elle quoi. Je lui raconte des choses personnelles de ma vie. C’est
quand même assez troublant et à la fois, je trouve ça tellement simple avec elle que je me laisse
totalement allée.

70 Chercheur : Est-ce qu’il y a autre chose qui fait que cette relation vous amène à vous confier ?

Patient : Je sais pas trop… Comme je vous disais, je suis une personne curieuse et j’aime bien
tester des choses. Et en fait quand l’autohypnose est arrivée à moi, pour moi au début ça a été
plutôt de la curiosité. Et après quand j’ai vu que j’étais plutôt bien réceptive, je me suis prise au
jeu, forcément.

75 Chercheur : Vous dites que vous étiez curieuse… Vous attendiez quelque chose de particulier
de l’autohypnose ?

Patient : Oui. D’avoir moins mal. Parce que j’ai vraiment eu des périodes où la souffrance était
omniprésente. Et puis ma chute dans les escaliers aussi. Elle m’aide beaucoup à ce niveau là
aussi, parce que j’ai chuté dans mes escaliers et (hésitations) j’entends toujours le bruit quand je
80 suis tombée quoi, mon coude qui a… Ça c’est un bruit qui est toujours là et elle m’aide vraiment
par ses séances à... Pas à oublier ; mais à atténuer les choses quoi. Et pour moi, ça c’est hyper
important de… d’avoir cette relation-là. Vous allez toujours entendre « Yaëlle, Yaëlle*» mais
j’aime tellement cette personne et puis l’être humain qu’elle est qu’en fait (hésitations), je crois
que je ne pourrais jamais la remercier autant ; parce qu’elle m’aide vraiment et chaque jour, je
85 mets en pratique et ça m’aide quoi. Rien que pour mes deux séances de kiné par jour, ça m’aide
quoi.

Chercheur : Vous ne retrouvez pas cette relation avec les autres soignants ?

Patient : Non, ce n’est pas pareil.

Chercheur : Est-ce que vous pouvez m’expliquez pourquoi ?

90 Patient : Bah en fait, par exemple, ma kiné, Sylvie* que j’aime beaucoup, elle est plutôt là pour
pousser mes limites, pour que j’avance dans ma rééducation et euh (hésitations) et Carole* en
ergo, bah c’est pareil faut que j’avance, faut que j’avance. Alors que Yaëlle*, c’est dans la douceur

XVII
des mots, dans la douceur de … tout. Tout se fait dans la douceur, dans la plénitude en fait. Cette
relation-là elle est … elle est presque amicale en fait. J’aurais pu être amie avec cette personne-
95 là dans la vie de tous les jours en fait. Alors qu’avec mon ergo, peut-être pas forcément (rires).
Des fois, on rencontre des gens et on se dit « cette personne-là, il y a quelque chose ». Et bien
Yaëlle* ça a été ça tout de suite. J’ai ressenti quelque chose.

Chercheur : Ce lien de confiance ?

Patient : Oui. Tout de suite. Tout de suite, j’ai ressenti ce petit truc envers elle, et je ne peux
100 même pas l’expliquer. C’est peut-être parce qu’elle est aussi dans la bienveillance pour moi, elle
est dans le respect de tout ce que je peux lui raconter. Elle est vraiment… Y’a pas de jugement,
y’a rien de tout ça. Et ça c’est hyper important, pour moi c’est quelque chose de très important.
Et oui… (hésitations puis rires) j’aime bien Yaëlle*.

Chercheur : Vous dites, qu’en en comparaison avec votre kiné et votre ergothérapeute, vous ne
105 ressentez pas ce non-jugement ?

Patient : Enfin non, non -jugement j’aurais peut-être pas du employer ce mot-là en fait. C’est pas
pareil parce que en fait avec Yaëlle* … (hésitations) elle fait rien sur moi en fait. Alors ce n’est
pas pareil qu’avec le kiné où parfois c’est dur et c’est compliqué. Alors forcément même si Sylvie*
j’aime bien la personne qu’elle est, quand elle me fait mal, ben je la déteste quoi à ces moments-
110 là (rires) inconsciemment en fait.

Chercheur : Vous ne vous mettez pas en autohypnose pendant les séances ?

Patient : Si. Mais pas tout au long de la séance ; comme ça, ça me permet de voir comment
j’avance ; de pouvoir aussi échanger avec elle. Quand je suis dans la douleur et que j’ai mal,
dans ces moments-là, et bien ce n’est pas copine quoi en fait (rires). Mais après, tout le monde
115 ici est tellement dans la bienveillance qu’on peut être que bien quoi. Franchement… Mais Yaëlle*
elle est là-haut quoi (rires)

Chercheur : J’ai bien compris (rires). J’aimerais que nous revenions à ce que vous saviez de
l’hypnose avant votre prise en charge et à ce que vous pensiez de l’hypnose ? Votre ressenti sur
l’hypnose avant de commencer ?

120 Patient : Alors, avant de savoir, je pensais que c’était un truc du style, vous savez, un peu comme
à la vieille époque (rires), un truc devant les yeux puis hop. Vous savez pour moi c’était ça pour
moi l’hypnose. Et je me disais, ça se trouve je vais parler, je vais dire des bêtises, je vais pas me
rappeler ce que je vais dire. Comme avec ma kiné, on a testé le MEOPA quand j’avais des
douleurs, je me suis dit « ça se trouve l’hypnose ça va être pareil et je vais dire des bêtises, d’aller
125 nourrir le chat alors que j’ai pas de chat » (rires) des choses comme ça… La première séance,
j’étais un petit peu… C’est pas que j’y allais à reculons parce que je suis curieuse mais je me
disais « olalala ».

Chercheur : Un petit peu d’appréhension ?

Patient : Oui un petit peu. Et après Yaëlle* est tellement dans la bienveillance que je me suis
130 vraiment laissé porter et je me suis rendue compte que me laisser porter, ça me faisait vraiment
du bien. Et j’étais un peu septique de me voir moi-même me mettre en autohypnose, de ressentir
moins la douleur. Et en fait quand ça a vraiment fonctionné, je me suis dit « royal » quoi. Les
appréhensions que j’avais n’ont pas été du tout fondées.

Chercheur : Vous saviez que l’hypnose s’appliquait dans le domaine médical ?

135 Patient : Oui je le savais mais j’avais pas forcément… Parce que j’avais justement lu une étude,
peu de temps avant. Y’a quelqu’un qui s’était fait opérer à cœur ouvert, sous hypnose, je sais
pas si vous l’avez lu. Et en fait j’avais été tellement euh (hésitations) à me dire « mais c’est
tellement incroyable » alors que moi je me disais « ça marche, ça marche pas, ça coûte rien
d’essayer » et en fait ça fonctionne bien.

140 Chercheur : Vos attentes ont été …

XVIII
Patient : Ah oui plus que comblées. J’attends toujours mes séances. Je sais que le lundi matin,
je vois Yaëlle* et je suis tellement ravie. Si je pouvais avoir 2 séances dans la semaine, je les
prendrais volontiers, tellement je trouve que c’est…que ça me fait un bien fou.

Chercheur : Et là, vous avez eu beaucoup de séances ?

145 Patient : Oui, ça fait 5 ou 6 là.

Chercheur : Et qu’est-ce que vous avez appris de plus sur l’hypnose ?

Patient : Ce que j’ai appris de plus c’est la zen-attitude, le fait d’être bien ancré dans ses… Moi
je suis une personne assez speed, assez volontaire à tout et je suis un vrai zébulon sur patte.
Alors je me rends compte qu’avec l’hypnose, on est vraiment dans une séance, beaucoup plus
150 zen, beaucoup plus posé quoi en fait. Et en fait je m’étonne juste d’être comme ça, parce que ce
n’est pas moi en fait. Ce que ça m’a appris aussi c’est que les choses que j’avais peut-être
forcément oubliées réapparaissent sans que je force de trop pour les faire revenir…

Chercheur : Comme si vous étiez entrainée en fait ?

Patient : Oui. Hier on a parlé de ma grand-mère et au fur et à mesure que je lui racontais, il y
155 avait plein de souvenirs qui me revenaient quoi en fait. C’est assez troublant mais à la fois, j’avais
l’impression que ma grand-mère était encore à côté de moi quoi. C’est assez troublant quoi. Mais
oui déjà rien que la zen-attitude, pour moi c’est important. Parce que c’est pas moi ça (rires).

Chercheur : Donc vous avez appris à l’être grâce à cela ?

Patient : Oui, vraiment. Ça m’arrive de me poser et de repenser à une séance que j’ai eu avec
160 Yaëlle* et de me conditionner et je suis bien après quoi.

Chercheur : Vous me dites que votre ressenti a changé entre ce que vous pensiez avant…

Patient : Ah bah oui, complètement. Rien que quand on voit l’émission sur la 1 là, avec Arthur.
« L’hypnose baaaah » et tout. Alors je me disais (rires)… Et puis ma fille de 10 ans qui me disait
« Maman, tu dis à quelqu’un qui prenne ton téléphone portable …» parce que je lui avait raconté
165 ce que je faisais « …parce que moi je veux voir comment tu vas être» (rires). Et en fait j’avais
beau lui dire que ça allait pas être comme ça, à moi-même je me disais « ça se trouve ça va être
comme ça » (rires). C’est vrai, quand on ne connait pas, l’inconnu fait toujours peur, qu’on soit
adulte ou enfant. Et en fait non, je me suis aperçue que c’était… qu’il y avait plusieurs formes
d’hypnose. L’autohypnose, pour moi, c’est quelque chose qui me convient tout à fait.

170 Chercheur : Comment on vous l’a proposé du coup ?

Patient : En fait, c’est ma kiné, comme j’étais dans la souffrance, elle m’a dit « bah tiens, il y a
Yaëlle* qui fait de l’hypnose, vous voulez que je vous inscrive ? » j’ai dit oui parce que quand on
est dans la souffrance, on essaye de faire tout ce qui est possible pour justement pas avoir mal.
Et puis c’est comme ça que c’est arrivé en fait. Et maintenant je continue de voir Yaëlle*.

175 Chercheur : Et petit à petit ça a guidé vers l’autohypnose, c’est ça ?

Patient : Oui. Même dès la première séance, j’ai… (hésitations). Ma séance de kiné d’après,
j’arrivais déjà à me mettre en autohypnose. J’étais déjà dedans quoi. Tellement ça m’avait plu,
tellement ça m’avait relaxé quoi. Parce que quand on a mal tout le temps tout le temps tout le
temps, qu’on est toujours dans la douleur, qu’on est contracté tout le temps et puis qu’on a une
180 séance d’hypnose et qu’on se sente complètement relâchée, qu’on se sente complètement vidée
en fait. Et bien ça aide pour faire ensuite les exercices de la kiné, d’ergo et tout ça… Mais si
c’était à refaire, je le referai (rires)

Chercheur : Autant ?

Patient : Ah oui oui, vraiment.

XIX
185 Chercheur : Et autour de vous est-ce que vous vous êtes sentie soutenue ? Vous disiez que
vous-même vous aviez des appréhensions au début. Est-ce que vous avez eu des petites
remarques de votre entourage ?

Patient : En fait j’en ai beaucoup parlé à mon mari et même lui il est étonné que je sois autant
réceptive parce que j’arrive pas à rester en place quoi, je suis assez…. Et quand on en parle il
190 me dit « oh bah je suis content que tu aies trouvé quelque chose qui puisse apaiser la femme
que tu es ». Et autour de moi j’ai une copine qui m’a dit « oh je te trouve changée ». Et c’est vrai
que depuis que je suis ici, de voir tous ces gens en fauteuil roulant, j’ai l’impression d’avoir
changé. Je suis beaucoup plus humble, moins attachée aux choses, beaucoup plus… C’est vrai
que j’ai beaucoup changé et je pense qu’avoir fait de l’hypnose avec Yaëlle* m’a permis de
195 relativiser sur plein de choses.

Chercheur : Ça c’est ce que l’hypnose vous a apporté en tant que personne, c’est bien ça ?

Patient : Oui.

Chercheur : Et est-ce qu’il y a autre chose que ça a apporté ?

Patient : Non à l’instant T, je vois pas.

200 Chercheur : Et en tant que patient, est ce que l’hypnose ou Yaëlle* vous a guidé sur quelque
chose, les qualités qu’un patient peut avoir… ?

Patient : On échange tellement avec Yaëlle* en fait que tout devient naturel avec elle. On peut
parler de presque rien et ça prend tout de suite une belle ampleur. Quand je dis une belle ampleur,
ce n’est pas tout de suite quelque chose de forcément bien, mais ça devient tout de suite quelque
205 chose de beaucoup plus beau, beaucoup plus… Et en fait moi ça m’a apporté, pour moi de la
sagesse. Parce que je suis quelqu’un qui est peu zébulon dans tous les sens. Oui je suis
beaucoup plus zen, beaucoup plus humble. Moi qui suis très matérialiste, j’ai complètement
déconnecté de tout ça. J’ai…. Oui j’ai l’impression que … même autour de moi, mon mari m’a dit
que j’avais changé, des amis autour de moi que j’étais beaucoup plus humble. Mais le fait d’être
210 aussi ici, ça peut jouer aussi. Mais je pense que mes séances d’hypnose ont beaucoup aidé,
m’ont aidé à être dans une voie peut être meilleure (rires) je sais pas. Quand je dis meilleure,
peut être que des choses que j’avais occulté avant, me sont un peu plus, comme dirais-je…
(hésitations) me semblent un peu plus raisonnables maintenant en fait.

Chercheur : D’accord.

215 Patient : J’ai pas d’exemple à vous donner. Je sais pas si je me fait bien comprendre mais en
fait (hésitations) oui je vous parle de ma grand-mère parce que Yaëlle* a réveillé un petit peu ça
mais il y avait des choses que j’avais complètement occulté et qui me sont revenues pendant la
nuit. Hier soir avant de me coucher, j’y ai pensé à tout ça. Et en fait des choses qu’on occulte, et
après à force de creuser, mais pas grand-chose, on arrive à tout remettre en place, comme un
220 échiquier, on remet les pièces en place quoi. Et, Yaëlle* m’a aidé à ça, à repenser sur des choses,
que je pensais qui ne valaient pas la peine, mais en fait qui sont importantes pour moi.

Chercheur : Et sur votre maladie ? Sur votre coude en particulier ?

Patient : Ça c’est dur ça…

Chercheur : Ça c’est dur ?

225 Patient : Oui parce que, les escaliers c’est une torture pour moi… J’arrive un peu à les monter.
J’arrive pas à les descendre. J’ai ce bruit qui est toujours là, qui est en permanence là. Et en fait,
le fait d’être toujours dans la douleur, ça me rappelle toujours ma chute et ça me rappelle toujours
le bruit. C’est un cercle vicieux en fait. Mais des fois j’arrive à l’occulter quand des fois je fais une
bonne séance de kiné comme hier : j’étais en autohypnose, j’ai gagné, j’ai été jusqu’à 130°, j’étais
230 contente et tout. Bah même si j’avais mal, j’arrive toujours à occulter en fait. Mais… Quand je
vois que je n’y arrive pas, qu’il n’y a pas de progression et que je n’y arrive pas, bah là c’est
compliqué…

XX
Chercheur : Est-ce que l’hypnose peut vous faire relativiser par rapport à ça ? par rapport à votre
rééducation ?

235 Patient : Ah oui oui. Ça c’est clair que sans l’hypnose, je ne serais pas dans d’aussi bonnes
conditions pour évoluer vers la guérison en fait.

Chercheur : C’est un moteur en fait.

Patient : Ah oui complètement. Pour chaque séance de kiné, j’essaye de mettre en place ce que
240 Yaëlle* m’a enseigné. J’essaye vraiment d’être la plus détendue possible, de mettre mes
protections etc etc. Et en fait je suis tellement bien quand je me mets en autohypnose qu’en fait
ça devient pratiquement un automatisme en fait. La seule chose qui me déconcentre c’est à 9h10,
quand il y a la piscine (rires) qui sonne, ça me… et hop je sors de mon autohypnose, j’arrive pas,
ou alors... Le matin à 8h30 ça va, c’est assez calme mais l’après-midi il y a tellement de bruits
245 autour de moi que j’ai du mal à être dans la concentration. Alors avec Sylvie*, on va... Hier on a
commencé sur le plateau et après on s’est dit « on va aller dans une pièce à côté ». Mais dès
qu’il y a du bruit, des voix ou je rentre dans une conversation, j’arrive pas forcément à me mettre
bien en fait et euh... Y’a des bruits qui me rappellent ma chute en fait, et ça c’est pire que tout.
Quand je suis en autohypnose et que j’entends un bruit et bah là c’est terminé, j’y arrive plus du
250 tout, même si je change de pièce, j’y arrive plus quoi.

Chercheur : Et les kinés qui s’occupent de vous voient une amélioration depuis que vous
pratiquez l’hypnose ?

Patient : Ah oui. Oui ils le voient. Je vois ma séance d’hier après midi…

Chercheur : Ils vous le disent qu’ils sentent la différence ?

255 Patient : Ah oui. Sylvie* elle me dit que quand je suis bien détendue, que je suis en autohypnose,
j’arrive vraiment bien à avancer quoi.

Chercheur : Et pour eux, est ce que vous pensez qu’il y a intérêt ?

Patient : Bah oui, parce que je suis moins dans la douleur et on est moins aussi en (hésitations)
pas en rapport de force mais quand on a mal et bien avec la personne qui nous touche on est un
260 petit peu fermé. On se dit « ouais elle m’a fait mal » je la déteste sur le moment en fait. Même si
c’est une personne adorable, gentille et tout (rires) on se dit « elle m’a fait mal ». En fait, quand
j’arrive à me mettre en autohypnose j’ai des séances de kinés formidables. Hier elle a vraiment
été bluffante ma séance de kiné, 130°, ça faisait je ne sais pas combien de temps que ça ne
mettait pas arrivé.

265 Chercheur : Grâce à vous en fait ?

Patient : Grâce à Yaëlle* qui m’enseigne aussi (rires). Mais oui aussi bien sûr. Tout ce que je
mets en place, mes protections et tout ça, ça me permet vraiment d’avancer.

Chercheur : Qu’est-ce que vous entendez par vos protections ?

Patient : Ben je protège mon mal en fait.

270 Chercheur : Comment…

Patient : Comment je fais ? Et bien en fait j’ai eu une séance avec Yaëlle*, elle c’était un gant
qu’elle me mettait et tout et tout, patch froid et tout. Et moi j’ai tellement peur du mal maintenant
que j’ai carrément une combinaison de cosmonaute. Et en fait on peut me mettre dans tous les
sens, j’ai pas mal, je m’imagine cosmonaute, dans une très très grosse combinaison, et en fait je
275 peux aller d’un côté et de l’autre, la kiné peut essayer, peu importe je ne vais rien sentir. Et ça
fonctionne super bien en fait (rires). Mais il me faut du temps hein par contre.

Chercheur : C’est vous qui avez développé cette image ?

XXI
Patient : Oui c’est moi. Je l’utilise pour les séances de kiné et je l’utilise aussi quand je suis au
niveau d’un escalier. Je me dis « ben il peut rien m’arriver, j’ai tout ce qu’il faut sur moi pour ne
280 pas avoir mal, si je tombe » Puis ben non je peux pas tomber en fait. J’ai essayé de mettre en
place quelque chose de différent qu’avec Yaëlle* ; C’est le même principe mais c’est quelque
chose qui m’appartient à moi en fait. Et puis ça fonctionne bien en fait.

Chercheur : Quelles sont pour vous les qualités que doit avoir un hypnothérapeute pour que ça
fonctionne ? Du moins pour vous.

285 Patient : Alors déjà, la patience, l’écoute, et euh… il faut qu’il y ait une relation amicale qui
s’installe. Parce qu’on se dévoile en fait. Yaëlle* sait des choses de moi qui sont assez
personnelles et c’est pour ça que c’est assez troublant de pouvoir parler à une personne sans
filtre et en sachant qu’il n’y a pas de jugement. Mais je pense vraiment que l’écoute, la patience.
Je pense que l’écoute c’est vraiment... Et puis être dans le respect aussi. Ça c’est quelque chose
290 de… De respecter et de ne pas être dans le jugement. Ça c’est quelque chose pour moi
d’important. Si elle avait été dans le jugement j’aurais arrêté tout de suite je pense. Mais là elle
est pas du tout. ; Elle est tellement dans la bienveillance, elle fait tout pour que ça se passe
vraiment bien.

Chercheur : C’est des séances de combien de temps ?

295 Patient : 1h. C’est pas assez long (rires). Mais non, je pense que l’écoute et la bienveillance font
partis des points importants. Parce que nous ici on peut pas parler ouvertement, comme on veut
en fait. Alors que là ce petit créneau d’1 h, c’est vraiment… Pour moi il est pile poil bien quoi. Et
oui j’adore Yaëlle* (rires).

Chercheur : Ça a marché sur vous. Est-ce que vous pensez qu’il y aurait un intérêt pour tous les
300 patients ? Quel est votre ressenti par rapport à ça ?

Patient : Ben je pense que. .. Je suis un peu partagée là-dessus. Parce que moi je me dis que
j’ai vraiment mis toutes les chances de mon côté pour que ça marche. Je voulais tellement plus
avoir mal, je voulais tellement être bien dans mon corps que j’ai vraiment tout mis de mon côté
en fait. Après je pense qu’un autre patient, qui a peut-être un autre état d’esprit, ça fonctionnera
305 peut-être pas. Parce que moi j’ai vraiment saisi la chance. J’ai tout de suite senti que ça allait être
bien pour moi.

Chercheur : Avant même de rencontrer Yaëlle* ?

Patient : Non à la première séance. Dès le premier quart d’heure je me suis dit « olala ça va être
bien » j’ai tout de suite senti un bien être, j’ai été tout de suite bien. Après je me dit qu’un autre
310 patient, une autre personne, si elle est dans un autre état d’esprit, si elle est… je sais pas, un état
d’esprit un peu maussade, pas envie, pas réceptif, tout ça, je pense que ça fonctionnera pas. Je
pense qu’il faut vraiment être, avoir une ligne de conduite, comme j’ai eu quoi. J’ai vraiment
plongé dedans sans vraiment réfléchir en fait.

Chercheur : Vous vous êtes vraiment sentie investie dans votre rééducation ?

315 Patient : Ah oui. Oui complètement. Ça c’est… Et puis comme je dis quand on a de la douleur,
on s’accroche au peu de chose qu’on peut avoir, on s’accroche, on s’accroche. L’hypnose est
arrivée à ce moment-là et ça m’a beaucoup aidé, encore une fois. Hier soir, j’étais pas bien, il
fallait que je mette mon attelle en extension, j’avais mal et tout et je me suis dit « je vais faire le
vide, je vais faire ce que Yaëlle* m’a enseigné » et bien ça a fonctionné.

320 Chercheur : Il y a un délai. Comment ça se passe en fait ?

Patient : Et bien j’essaye vraiment de faire le vide, d’être centrée sur moi-même, sans l’être trop
en fait. Et je mets mes protections. J’essaye d’être le plus… de regarder un point devant moi et
quand je sens que ce point commence à être un petit loin, je ferme les yeux mais j’évite parce
qu’en fait quand on ferme les yeux on a tendance à être un petit peu.. Sans le vouloir quand on
325 est vraiment dedans, moi j’ai tendance à pas vraiment m’endormir mais à être dans une

XXII
somnolence. Et j’ai tendance à mettre en place tout ce que Yaëlle* m’a enseigné, et ça me permet
de bien mettre mon attelle, d’essayer de tenir la nuit ; des fois j’y arrive, des fois j’y arrive pas ;
mais vraiment ça me fait vraiment du bien.

Chercheur : Là votre retour à domicile est prévu pour quand ?

330 Patient : Pour le moment non.

Chercheur : Et est-ce que vous avez prévu de continuer ces soins une fois chez vous ?

Patient : En fait... Je sais pas. Depuis le mois de mars où je suis tombée, je ne dis pas que je vis
au jour le jour mais presque quoi. En fait je suis tellement dans la douleur et j’accepte pas le fait
d’être diminuée, et j’accepte pas plein de choses que pour l’instant je me dit « je suis ici, je prends
335 ce qu’il y a à prendre ici et j’essaye de guérir au plus vite et quand je vais rentrer chez moi, je
verrai comment je vais gérer les choses quoi en fait ». Pour l’instant je me projette pas du tout à
ce niveau-là.

Chercheur : Au niveau de votre rééducation ?

Patient : Non, pour le moment je suis ici, je pense à ce que je vis ici quoi en fait.

340 Chercheur : Et au niveau de la pratique de l’hypnose ?

Patient : Ah et bien je pense que je vais continuer oui.

Chercheur : Par vous-même ou est-ce que vous essayerez de rencontrer un autre


hypnothérapeute ?

Patient : Je pense que je vais essayer de continuer d’acquérir ce que Yaëlle* va pouvoir me
345 proposer et je pense qu’à un moment donné, je vais peut-être stagner et je voudrais certainement
apprendre d’autres choses et je pense oui, curieuse comme je suis, je n’arrêterai pas.

Chercheur : C’est vraiment l’apprentissage qui vous intéresse ?

Patient : Oui. Quand j’étais enceinte, j’ai fait de la sophrologie et j’adorais aussi ce genre de
pratiques. C’est pour ça aussi que je pense que je n’arrêterai pas.

350 Chercheur : Est-ce que vous recherchez quelque part l’autonomie de votre soin en fait ?

Patient : C’est une question un peu difficile en fait. Parce qu’être autonome à ce niveau-là en fait
c’est bien mais avoir un support sur qui on peut compter, c’est important aussi je pense.

Chercheur : Un guide un peu ?

Patient : Oui. Parce qu’en fait bah Yaëlle* c’est mon guide et en fait je me dis que si elle était
355 pas là, je ne pourrais pas forcément acquérir ce que je souhaite encore acquérir un petit peu plus
et en fait à un moment je vais stagner forcément. Parce qu’en fait je peux pas inventer des choses
que je ne connais pas en fait. Et c’est pour ça que je me dis que pour moi je pense que ça va être
important de continuer même après je pense.

Chercheur : Et là est ce que vous vous sentez déjà un petit plus autonome par rapport à la prise
360 de médicaments ?

Patient : Non parce que là j’en prend toujours et ça suffit plus. Justement je vois le médecin et
pour le moment les médicaments et l’hypnose ne suffisent pas encore à calmer les douleurs.

Chercheur : Donc sur ce point on peut pas encore vous apporter l’autonomie ?

Patient : Mais, il y a des moments, j’aurais moins mal, et la douleur sera supportable et les
365 médicaments suffiront. Mais là depuis jeudi, je suis en douleur pratiquement en permanence.
C’est pour ça qu’il me tarde demain de pouvoir voir le médecin pour pouvoir changer de traitement
ou trouver une solution.

XXIII
Chercheur : Est-ce que vous pensez à d’autres techniques pour calmer ces douleurs ?

Patient : Je pensais faire une séance d’acupuncture en fait. Parce que je suis très curieuse et
370 comme on disait, le yoga, l’acupuncture, la sophrologie ce genre de chose qui me plait. Et je
pense que c’est pour ça aussi que l’hypnose m’a plu tout de suite et que je suis tout de suite
rentrée dedans. Parce que je pense qu’une personne lambda aurait plus de mal.

Chercheur : Vous pensez que c’est cette curiosité, cette ouverture d’esprit qui fait que ça se soit
bien passé ?

375 Patient : Oui. Et puis c’est toujours bien de s’enrichir des connaissances des autres aussi.

Chercheur : Est-ce que vous avez quelque chose à ajouter ?

Patient : Et bien non, si vous avez d’autres questions n’hésitez pas. Mais moi je suis ravie de
l’évolution que j’ai dans ma guérison ici. Yaëlle* apporte sa pierre à l’édifice, comme mon kiné,
comme l’ergo, comme tout le monde mais je mets Yaëlle* en haut. (rires)

380 Chercheur : En tant que personne ou en tant que des techniques qu’elle vous a apprise ?

Patient : Les deux, en tant que personne et pour les techniques. C’est difficile à décrire parce
que j’ai vraiment eu un coup de cœur pour cette personne. Même si mon kiné me fait du bien et
que les séances d’ergo me font du bien aussi, Yaëlle* je la vois que 1h par semaine et c’est une
personne qui est au-dessus de tout le monde ici (rires).

385 Chercheur : Sa pratique rentre quand même en compte ?

Patient : Ah bah oui bien sûr, c’est lié. C’est évident. Je pense que sans elle, je ne serais pas
aussi confiante sur ma guérison et tout. Parce que je suis passée par des phases très très
difficiles, quand je suis arrivée ici et tout, ça a été très très dur pour moi et grâce à Yaëlle* et à
son apprentissage ça a été bénéfique pour moi. Je suis ravie.

390 Chercheur : Très bien, je vous remercie.

XXIV
Annexe 6 : Retranscription Entretien 2
Chercheur : Pour commencer, j’aimerais que vous me disiez comment l’hypnose au début est
rentrée dans votre prise en charge ?

Patient : Donc j’avais, j’ai toujours d’ailleurs, des douleurs permanentes et je ne suis pas plus
5 attiré par tout ce qui est médicamenteux donc l’hypnose était un très bon compromis justement,
pour passer les douleurs. Ou du moins les estomper on va dire.

Chercheur : On vous l’a proposé ?

Patient : On me l’a proposé et j’étais un peu (hésitations) sceptique, sur le fait de... Je voyais
l’hypnose un peu, comme ce qu’on peut voir à la télé et puis pour moi c’était un peu… Pas réel.
10 Je voyais pas quelque chose qui pourrait aboutir et m’enlever réellement les douleurs.

Chercheur : D’accord.

Patient : Donc on a fait un essai. Le premier essai c’était plus une approche. Voir, expliquer,
comment ça se passe un peu. Donc ça restait toujours un peu flou, c’est compliqué de se mettre
vraiment dedans. Et au fur et à mesure, en rentrant vraiment dans le système et en acceptant le
15 fait aussi de… en le voulant. Parce que je pense aussi qu’il y a une partie « faut le vouloir pour
que ça marche » et ben on est arrivé à faire quelque chose de pas mal.

Chercheur : D’accord. Est-ce que vous aviez des connaissances particulières sur l’hypnose
avant de commencer ?

Patient : Du tout.

20 Chercheur : Aucune notion. Et un ressenti sceptique c’est bien ça ?

Patient : C’est ça.

Chercheur : Est-ce que vous aviez d’autres ressentis ?

Patient : Non non du tout. Juste effectivement très sceptique et puis ça s’arrêtait là.

Chercheur : Et autour de vous, dans votre entourage, est ce que vous aviez déjà entendu parler
25 d’hypnose ?

Patient : Non. Pas dans le contexte médical en tout cas.

Chercheur : Donc vous ne saviez pas que l’hypnose avait une application dans le médical ?

Patient : J’avais dû lire quelques articles là-dessus sur les opérations ou autres, mais ça restait
pour moi… Comment dire… Je trouve pas mes mots. Utopique on pourrait dire, très particulier.

30 Chercheur : Et donc après vous disiez que vous être rentré dedans, pour reprendre votre
expression, est-ce qu’après plusieurs séances vous avez changé d’avis sur l’hypnose ?

Patient : Ah oui totalement. Effectivement, une fois qu’on s’habitue, qu’on assimile réellement la
méthode, et bien après ça fonctionne. C’est vraiment un moment où on prend sur soi, où on va
chercher réellement au plus profond, et ça fonctionne effectivement.

35 Chercheur : Vous parlez d’une méthode. Qu’est-ce que vous avez appris en fait avec cette
méthode ?

Patient : Euh… Donc pour moi c’était on va chercher au plus profond. Vu que j’ai des soucis
avec les mains. Auparavant elle m’avait questionné pour savoir qu’est ce qui pourrait m’aider,
qu’est-ce qu’on pourrait mettre en place comme méthode pour enlever cette douleur. Donc soit
40 un lieu, soit un endroit de bien être, soit un objet, quelque chose. Et pour moi ça a été des gants
de boxe que je visualisais et que je venais enfiler sur mes mains. La première étape, ça n’avait

XXV
pas fonctionné. Donc juste avec les gants de boxe, ce n’était pas suffisant. On est passé à des
bandes, on a enfilé des bandes. Et tout ça, elle expliquait.

Chercheur : C’était des exercices de visualisation ?

45 Patient : Oui c’est ça. Et donc avec tout ça, il y avait une chaleur qui rentrait dans la main, et qui
vraiment faisait effet. Ça anesthésiait un peu.

Chercheur : Vous ne ressentiez plus du tout la douleur ou elle était diminuée ?

Patient : Euh… plus du tout non mais beaucoup moins du moins.

Chercheur : Et donc ça c’était après plusieurs séances ou vraiment à la fin une fois que vous
50 maîtrisiez un peu plus ?

Patient : Il a fallu 3 séances pour que ça commence à fonctionner réellement. La première elle
n’a pas fonctionné mais elle m’a permis d’avoir des bases. Le plus dur c’était réellement de
rentrer, enfin d’intérioriser et puis de visualiser le fait de pouvoir mettre des gants. Tout ça c’était
vraiment compliqué.

55 Chercheur : Vous dites que la première séance n’a pas fonctionné. Qu’est-ce qui vous a donné
envie de continuer après ? de poursuivre les séances ?

Patient : Par curiosité en fait. Parce que j’ai vu que c’était pas comme ce qu’on pouvait voir à la
télé, des gens qui font la poule ou quoi (rires). Et bien non non, c’était vraiment intéressant. Et
l’idée me plaisait.

60 Chercheur : Est-ce qu’il y a autre chose qui vous a plu dans ces séances de kiné ?

Patient : C’était pas de la kiné, c’était plus de la relax en fait. On est assis, confortablement dans
le fauteuil. Donc on se détend, on prend réellement conscience de tout ce qui nous entoure, tous
les petits bruits, l’air, tout ça et puis… c’était pas mal en fait. Le cadre est vraiment agréable.

Chercheur : Ça contraste avec les autres séances que vous aviez ?

65 Patient : Ah oui complètement.

Chercheur : Qu’est-ce qui vous plaisait le plus ?

Patient : Le moment détente en fait. Et puis la voix en fait de Marie* qui berce tout ça. Elle avait
une voix très douce, je pense que ça a un gros intérêt là-dedans. Ça permet réellement de rentrer
dans une phase de transe je dirais.

70 Chercheur : C’est ce qu’elle vous disait, les phases de transe ?

Patient : Je crois que c’est ce qu’elle employait comme mot oui.

Chercheur : Et qu’est-ce que vous faisiez d’autre pendant ces séances ? Vous parliez de gants,
est-ce qu’il y avait d’autres exercices qu’elle vous faisait faire ?

Patient : (hésitations) Dans le premier exercice, c’était vraiment se concentrer sur la respiration.
75 Laisser entrer l’air, souffler l’air, ressentir l’air entrer dans les poumons et l’expulser. Une fois
qu’on avait atteint cette étape, progressivement on se détendait encore plus, on se laisse
réellement aller et après elle guide par sa voix à venir mettre les bandes. Donc tout ça c’était sur
une heure, donc ça prend pas mal de temps et à la fin, il fallait enlever tout ça, retirer, pas garder
toutes les bandes et autres.

80 Chercheur : Vous dites qu’il fallait se laisser aller. Est-ce que c’était simple pour vous cet
exercice ?

Patient : Non c’est très compliqué. C’est ça le plus compliqué je pense, de se laisser aller, et puis
de trouver vraiment le point où on est, c’est un peu comme une phase de sommeil. C’est un peu

XXVI
ça. Le point où on entend encore ce qu’il se passe mais on est sur le point quasiment de
85 s’endormir.

Chercheur : Vous aviez eu de l’hypnose pendant combien de temps ? Vous aviez fait combien
de séances en tout ?

Patient : J’avais fait 10-12 séances, une toutes les 2 semaines.

Chercheur : Et du coup quelle a été la réaction de votre entourage quand vous leur avez dit que
90 vous faisiez de l’hypnose ?

Patient : Un peu la même que celle que j’avais avant d’en faire (rires). Oui oui, parce que je suis
rentré, j’avais une fiche de suivi pour pouvoir le faire tout seul. Quand je montrais ça aux amis,
c’était fou rire quoi.

Chercheur : Qu’est-ce qu’il y avait sur cette fiche ?

95 Patient : Ce que je viens de vous dire en fait. Entrer en transe, trouver le point, se trouver un lieu
calme, sans bruit, être attentif à tout ce qu’il y a autour… Voilà.

Chercheur : Ce que pense vos amis, vous pensez que c’est l’idée générale ?

Patient : Oui c’est ça, je pense que c’est un peu l’idée générale de toute personne qui n’a pas
essayé l’hypnose. Et je pense que tout ce qu’on peut voir à la télé y est pour quelque chose,
100 parce que ça a l’air vraiment très (hésitations), c’est très drôle quoi à voir (rires). Mais y’a pas
d’utilité, on se dit…

Chercheur : Et maintenant que vous voyez l’utilité et que surtout votre entourage, vos proches
ont vu le bien que ça vous a apporté est ce que ça a changé un peu leurs idées ?

Patient : Pas l’entourage non. Ils comprennent pas en fait. Je vois mes parents ou ma conjointe
105 voient pas, ils ont du mal à visualiser ce qui peut se passer et pour eux ça n’a pas changé encore,
je pense pas. Même si pour moi ça marche, ils restent sceptiques.

Chercheur : Et vous vous sentez soutenu quand même ?

Patient : Ah oui oui là-dessus, y’a pas de soucis mais je pense que d’eux même, ils n’iraient pas
reprendre la fiche et essayer de le refaire.

110 Chercheur : Et vous, vous continuez de faire de l’autohypnose de temps en temps ?

Patient : Plus maintenant non.

Chercheur : Pour quelles raisons ?

Patient : Parce que maintenant je l’ai pas fait depuis longtemps, je pense que j’aurais beaucoup
de mal à retrouver le point pour se mettre en transe. Et puis je trouve plus réellement l’utilité.

115 Chercheur : Vous n’avez plus de douleurs ?

Patient : Sisi mais…

Chercheur : Alors pourquoi vous dites que vous ne trouvez plus l’utilité ?

Patient : C’est pas vraiment l’utilité, c’est le contexte de la vie. Maintenant je retourne tous les
jours chez moi, il faudrait que je trouve un moment calme, seul, sans les enfants et c’est pas
120 possible. Même si je monte dans une pièce pour me mettre au calme, il y a toujours les enfants
qui jouent, qui crient et tout ça en fait ça interfère.

Chercheur : C’est plus par difficulté d’application ?

Patient : C’est ça…

Chercheur : Si y’avait pas toutes ces difficultés, vous pensez que ça pourrait se mettre en place ?

XXVII
125 Patient : Ça pourrait se mettre en place oui. Après il faut vraiment se consacrer une heure pour
pouvoir le faire mais pour que ce soit, enfin pour ma part, efficace, il faut que on en tire un
bénéfice.

Chercheur : Vous aviez essayé des séances un peu plus courtes ?

Patient : Non généralement c’était 1h.

130 Chercheur : Est-ce que vous vous souvenez, quand vous êtes sorti, comment vous vous sentiez
par rapport à l’hypnose ? Est-ce que vous étiez enthousiaste, toujours sceptique ?

Patient : Non j’étais plus du tout sceptique. Et je trouvais vraiment ça vraiment très très bien et
justement je voulais en faire profiter un peu tout le monde mais ça fonctionne pas (rires). Faut
vraiment que les gens, faut vraiment qu’il y ait quelqu’un qui pratique bien la chose pour pouvoir
135 l’expliquer correctement pour pouvoir le faire, pour pouvoir donner l’envie à quelqu’un d’autres
de le faire.

Chercheur : Et maintenant, vous qui le pratiquer un peu moins, est-ce que vous sentez que votre
avis sur l’hypnose a changé de nouveau ?

Patient : Non du tout. Bien au contraire, je suis vraiment sûr et certain de ce que j’ai fait donc je
140 sais que ça marche et les bienfaits que ça peut apporter.

Chercheur : Est-ce que vous avez déjà songé à consulter un hypnothérapeute à l’extérieur ?

Patient : Du tout.

Chercheur : Ça ne vous a pas paru pertinent ?

Patient : Non parce que je pense que ça demande quand même… Il y a pas mal de contraintes
145 pour pouvoir le faire. Et étant donné qu’il faut le répéter pour en avoir les bienfaits, je pourrais
pas y aller toutes les semaines à une séance pour continuer et ne plus avoir mal.

Chercheur : Est-ce que vous avez trouvé une solution alternative à vos douleurs ?

Patient : Le sport. Ça permet quand même de canaliser et du coup de penser à autre chose. Au
final, on n’est pas très loin en faisant du sport, c’est à peu près la même chose et du coup ça aide
150 pas mal. Et quand il y a des grosses douleurs ben je prends des médicaments.

Chercheur : Donc à ce que vous me dites, j’ai quand même l’impression qu’entre maintenant et
le début de votre prise en charge, vos représentations sur l’hypnose ont changées, est-ce que
vous sauriez expliquer comment vous avez fait évoluer ces représentations ?

Patient : Euh.. non. Enfin pas vraiment. (hésitations) c’est le fait de se rendre compte que ça
155 fonctionne qui a permis l’évolution. Après, effectivement si je mettais arrêter sur le premier
aperçu, je pense que j’aurais gardé l’optique que j’avais au départ, qui était que l’hypnose c’est
de la connerie et voilà on en parle plus.

Chercheur : Donc c’est vraiment en pratiquant… ?

Patient : Faut vraiment le pratiquer pour réussir à faire quelque chose.

160 Chercheur : D’accord. Est-ce que vous avez été guidé vers l’autohypnose ou c’est de vous-
même qui avez manifesté l’envie de faire de l’autohypnose ?

Patient : Non progressivement. En fait une fois que j’avais toutes les cartes en main pour pouvoir
le pratiquer tout seul, elle m’a dit « voilà, tu as tout pour le faire toi-même , à toi de le faire, à toi
de le mettre en place ». Et le but, c’était de pouvoir le faire pendant les séances de kiné, chose
165 qui a été impossible à faire en réalité… Encore une fois, c’est le cadre. On se retrouve dans la
salle commune, en kiné. Donc il y a du passage, il y a du bruit et là c’est impossible.

Chercheur : Est-ce que vous avez demandé à faire des séances dans des salles à part justement
pour essayer de… ?

XXVIII
Patient : Ça m’a été proposé oui, effectivement. Et je crois que j’ai dû en faire une. Ça fonctionne
170 mais pas aussi bien.

Chercheur : Est-ce que vous avez une explication à ça ?

Patient : Le fait que je sois manipulé en même temps.

Chercheur : D’accord.

Patient : Quand je faisais dans le bureau, dans le fauteuil, je suis tout seul, elle est à côté, elle
175 me parle mais elle ne me touche pas en même temps. Donc ça me permet vraiment de sentir
mon corps, d’être très détendu. Donc là ça passe, j’arrive à m’y mettre. Dès que je suis manipulé,
ça ça marche plus (rires)

Chercheur : Vous aviez vraiment besoin de sa présence ?

Patient : La présence oui effectivement… Alors que non en fait parce que j’ai réussi à le
180 reproduire chez moi, tout seul, dans le lit, ça fonctionne. Mais faut vraiment que je sois au calme
et pas de mobilisations. Ou sinon, faudrait que ce soit fait après, donc il faudrait une phase où je
sois tout seul pour pouvoir me mettre en transe et à ce moment-là ils viennent manipuler par la
suite

Chercheur : D’accord. Et est-ce que vous entretenez une relation particulière avec Marie* ?
185 Vraiment une relation de confiance ?

Patient : Oui totalement. Malgré que je la voyais que pour l’hypnose. C’était pas ma kiné
principale. Mais effectivement, elle est professionnelle donc une fois qu’on rentrait dans le bureau,
on passe la porte et on est dans le cadre vraiment médical. C’était vraiment oui une relation de
confiance donc il y avait pas, il pouvait pas y avoir de fuites externes, ils sont tenus par un secret.
190 Donc ce qui est dit reste dans la pièce.

Chercheur : Est-ce qu’elle avait d’autres qualités qui vous encourageaient à pratiquer
l’hypnose ? Qui vous donner envie d’aller en séance ?

Patient : Euh oui. Je pense que c’est une qualité qui est valable pour tous ceux qui pratiquent
l’hypnose. Elle était très douce, avec une voix très calme, très posée et pour moi je pense que
195 c’était très important. Ça aurait pas fonctionné (hésitations) je sais même pas si ça aurait
fonctionné avec un homme en fait.

Chercheur : Intéressant. Pourquoi vous dites ça ?

Patient : Je sais pas, la voix… Je sais pas. Le rapport que je pouvais avoir avec elle. Quelqu’un
de très calme, de très détendu. Je sais pas c’est un ressenti comme ça.

200 Chercheur : Elle vous transmettait un peu…

Patient : Cette sagesse oui. C’est exactement ça. Cette détente aussi.

Chercheur : Et est-ce que vous avez retrouvé cette relation en séance avec d’autres kinés, ou
même des infirmières ? le même contexte de relation médicale.

Patient : Oui dans d’autres circonstances. Mais avec la kiné que j’ai actuellement, c’est vrai
205 (hésitations) que c’est pareil. Mais elle aussi elle est hypnothérapeute, elle a une voix très douce,
très calme, donc c’est peut être le même système effectivement.

Chercheur : Pour vous c’est des qualités essentielles pour faire de l’hypnose ?

Patient : Oui je pense. Sans ça, ça peut pas fonctionner pour ma part.

Chercheur : Et est-ce vous pensez qu’il y a d’autres qualités, que Marie* n’avait pas, qu’il faudrait
210 développer pour que l’hypnose fonctionne davantage et vous donne davantage l’envie de
poursuivre ?

XXIX
Patient : Non, je pense que c’était très bien comme ç’était. Il y a rien d’autres à faire.

Chercheur : Quelles techniques elle utilisait en plus de cette technique de gant ? Est-ce que
vous faisiez d’autres exercices ?

215 Patient : Le premier exercice réel c’était le souffle. Le souffle, après donc il y avait le ressenti du
toucher, du fauteuil, et de toutes les parties du corps qui peuvent toucher le fauteuil. C’était très
important. Et après c’était tous les bruits extérieurs, tous les bruits environnants.

Chercheur : Du coup-là vous me parlez des différentes séances, des différentes qualités. Est-ce
que du coup vous avez ressenti en tant que patient des effets positifs ou même négatifs, durant
220 votre séjour ?

Patient : Bah positifs oui. Le fait que la douleur s’estompe. Négatif… (hésitations) pas vraiment.
Hormis peut-être le fait que l’on se sente un peu déconnecté quand on sort. Très …( hésitations)
comme quand on vient de se réveiller (rires) oui c’est un peu ça.

Chercheur : D’accord. Et ça c’est une sensation que vous décririez de négative ?

225 Patient : Oh… C’est pas réellement négatif mais c’est pas forcément agréable. Si vous allez
manger juste après et que vous être un peu dans le coltard c’est pas top.

Chercheur : D’autres effets positifs ? Sur votre maladie, à part le fait d’avoir moins de douleur.

Patient : La détente. C’est très apaisant. Ça peut aider et puis non voilà, je pense que c’est tout
pour moi.

230 Chercheur : Est-ce que vous aviez le sentiment de lâcher un peu plus prise sur votre prise en
charge en générale ?

Patient : Oui oui aussi ça c’est vrai. Ça c’est quelque chose d’important parce que du coup il y a
aussi, hormis les douleurs, il peut y avoir des tensions qui sont créées suite à l’accident en fait.
Euh tout ce qui est administratif, le travail, tout ce stress qui effectivement a été accumulé. Ça
235 peut aider aussi à évacuer un peu.

Chercheur : Et en tant que personne, est-ce que ça vous a aidé dans votre vie de tous les jours ?

Patient : (Hésitations) peut être, peut-être. Sur le fait de… J’ai tendance à être un peu nerveux
donc effectivement ça peut être un point sur lequel ça m’a calmé un peu.

Chercheur : Est-ce que vous le recommanderiez à quelqu’un dans la même situation ?

240 Patient : Ah oui totalement. Effectivement, je pense que c’est pas mal. Il y a que du bon à prendre
donc oui.

Chercheur : J’aimerais qu’on revienne sur ce point, ça m’a intrigué. Vous disiez que ça n’aurait
pas forcément marché si ça avait été un homme. Du coup j’aimerais que vous réfléchissiez sur
ce qu’il aurait dû faire pour vous amener à avoir les mêmes résultats ?

245 Patient : L’approche peut être. Il y a une approche différente avec une femme, enfin pour ma
part, qu’avec un homme. Je pense qu’il aurait eu plus de mal à me mettre en confiance. Enfin
peut être pas en confiance mais à se lâcher en fait. Et (hésitations) c’est peut-être un peu macho
mais on a toujours une réserve avec un homme, on met peut-être une barrière. Avec une femme
je sais pas, y’a pas trop de barrière. Enfin pour ma part donc c’est peut-être ça. Il aurait peut-être
250 eu du mal à faire tomber les barrières, à faire tomber les masques ou autres pour pouvoir vraiment
être détendu et que je me confie.

Chercheur : Le fait que Marie* soit une femme ça a vraiment enlevé les barrières ?

Patient : Totalement. En fait je pense que ça été plus rapide.

Chercheur : Et donc vous me disiez tout à l’heure qu’actuellement vous ne voyez plus l’intérêt
255 de refaire de l’hypnose ?

XXX
Patient : Ça pourrait être bénéfique mais dans l’immédiat j’ai d’autres choses à voir. J’ai la tête
ailleurs, j’ai la reprise du travail. Il y a tout le côté administratif là, y’a le côté juridique... Y’a plein
de choses qui se mettent en place là vu que je suis sur la fin.

Chercheur : D’accord. Est-ce que vous avez quelque chose d’autres à ajouter ?

260 Patient : Non, c’est bon pour moi.

Chercheur : Je vous remercie.

XXXI
Annexe 7 : Retranscription Entretien 3
Chercheur : Pour commencer, j’aimerais que vous me disiez comment l’hypnose est rentrée
dans votre prise en charge ?

Patient : Euh… d’abord il y a eu les séances de relaxation, j’ai fait de l’hypnose avec la
5 psychologue pour le lâcher prise et avec la kiné par rapport aux douleurs, pour la gestion des
douleurs. On m’en avait déjà parlé avant, parce que j’avais des soucis, j’arrivais pas à aller aux
toilettes, pas au bassin. J’étais incapable de faire pipi allongée en fait et on m’avait proposé entre
eux deux mais c’est tombé à l’eau. Et on est revenu vers moi par rapport aux douleurs. On m’a
proposé ça parce que l’électrothérapie agissait sans agir, voilà… Donc vraiment trop de douleurs.
10 Et je voulais un peu laisser les médicaments de côté.

Chercheur : C’est votre kiné qui vous l’avait proposé ?

Patient : Je sais plus… Oui sûrement. Ça fait longtemps.

Chercheur : Qu’est-ce que vous saviez de l’hypnose avant de commencer cette technique dans
votre prise en charge ?

15 Patient : Euh, pas grand-chose. A part le fait d’être réceptif ou pas réceptif, que ça peut
fonctionner, comme ne pas fonctionner. Enfin voilà, c’est tout. Et puis je faisais les séances de
relaxation avant donc j’imaginais que ça s’apparentait assez.

Chercheur : Est-ce que vous aviez déjà entendu parler d’hypnose autour de vous ? Et de quelles
manières ?

20 Patient : Oui oui mais pas par rapport aux douleurs. Plus dans tout ce qui était psychologique,
éventuellement ; que soins on va dire plus médicaux. Je sais qu’il y avait de l’hypnose qui se
faisait pour éviter par exemple les anesthésies pendant les opérations.

Chercheur : Donc vous saviez que c’était appliqué au domaine médical ?

Patient : Oui quand même.

25 Chercheur : Est-ce que vous aviez un ressenti personnel particulier quant à l’hypnose ?

Patient : Euh non, contente d’essayer. Rien de particulier.

Chercheur : Pas d’appréhension ?

Patient : Non non.

Chercheur : Plus une curiosité ?

30 Patient : Oui. Et une envie que cela fonctionne, si ça peut calmer les douleurs plutôt que de
manger des médicaments, c’est mieux.

Chercheur : C’était votre attente principale ? Pour les douleurs ?

Patient : Oui oui.

Chercheur : Est-ce que vous aviez d’autres attentes de l’hypnose ? Vous parliez de bassin tout
35 à l’heure.

Patient : Non. Non bah ça on n’a pas réussi à le mettre en place puisque j’ai réussi à bouger et
on a pu faire fonctionner ça autrement. Donc le temps que ça se mette en place, c’était déjà
passé quoi.

Chercheur : Et suite à votre prise en charge qu’avez-vous appris de plus de sur l’hypnose ?

40 Patient : Euh (hésitations). Rien. On a mis d’autres choses en place pour les douleurs, pour
stimuler la repousse nerveuse, tout ce qui est réchauffement corporel aussi. Parce qu’avec les

XXXII
atteintes que j’ai, j’arrive pas à me réchauffer, mon corps est froid. Donc voilà. Mais j’ai rien appris
vraiment de plus non.

Chercheur : Et votre ressenti personnel a évolué quant à l’hypnose ?

45 Patient : Non parce que je n’avais pas d’a priori, pas de jugement donc à partir de là..

Chercheur : Vous avez quand même été satisfaite ?

Patient : Oui oui dans l’ensemble. Et puis ça fait un temps pour se poser aussi. Pour moi c’est
une relaxation plus plus. Et puis moi je faisais de l’autohypnose quand j’étais maman pour pouvoir
50 m’endormir.

Chercheur : D’accord.

Patient : Parce que ma fille se réveillait beaucoup et j’avais du mal à me rendormir et au bout
d’un moment je me disais « dors dors dors » et hop je dormais.

Chercheur : Ça remonte à quand ?

55 Patient : 10 ans.

Chercheur : Vous aviez eu une formation ou c’était de vous-même ?

Patient : Non non, je m’étais dit qu’il fallait que je convainque de dormir.

Chercheur : Et vous l’avez assimilé à de l’autohypnose ?

Patient : Oui et au final c’est ça.

60 Chercheur : Et vous vous êtes sentie soutenu quant au choix des soins d’hypnose dans votre
prise en charge ?

Patient : Hum… Mon entourage sait pas forcément tous les soins. Je ne rentre pas dans les
détails.

Chercheur : Et pour vous, ça vous a quand même bien aidé ?

65 Patient : Oui je pense. Rien que pour l’appréhension des douleurs en fait. Par rapport aux autres,
quand il y a des manipulations, je me prépare moi, je sais que je vais avoir mal. Donc je me mets
en conditions pour me persuader que ça me fera le moins mal possible. Comme j’ai des
hyperesthésies, donc vraiment très sensible, le moindre choc me fait mal, donc faut vraiment que
je sois préparée. Et chez moi au quotidien avec les auxiliaires de vie ; au centre c’était pareil avec
70 les aides-soignants quand y’a du monde quand on me bouscule quand y fait froid où j’ai du mal
à me réchauffer... Je me mets vraiment en conditions. Et on a commencé ça aussi avec la
plongée.

Chercheur : Vous aviez commencé l’hypnose dès le début de votre prise en charge ?

Patient : Non pas dès le début. J’ai peut-être commencé 8 ou 9 mois après. Je ne sais plus trop,
75 le temps passe différemment… Je n’ai plus trop envie de m’en souvenir.

Chercheur : J’ai l’impression que vous êtes relativement satisfaite de l’hypnose dans votre prise
en charge...

Patient : Oui oui. Et puis ça fait un temps pour se poser aussi. C’est pas désagréable ça.

Chercheur : C’est ce qui vous plait le plus ?

80 Patient : Non c’est l’ensemble. C’est vraiment l’ensemble, ce que ça apporte. Réussir à se
concentrer, à se canaliser, à quand même gérer les douleurs avec quelques respirations, de
pouvoir maîtriser ça… C’est de ça dont je suis la plus contente. Et après il y a les petits plus.

Chercheur : Qu’est-ce que vous entendez par les petits plus ?

XXXIII
Patient : De se poser, d’avoir un moment, de pouvoir discuter avec le soignant, d’essayer
85 d’explorer d’autres pistes que celle de la douleur, par exemple pour la repousse nerveuse.
Essayer de stimuler des choses comme ça. Ça fonctionne, ça fonctionne pas, ça je sais pas. Est-
ce que ça aurait mieux fonctionner sans ou pire avec... Enfin voilà.

Chercheur : Et vous avec combien de séances d’hypnose actuellement ?

Patient : On est à une par mois là. Au début c’était une tous les 15 jours je crois. Je sais plus…
90 Et là on en fait selon les besoins mais on est quand même sur une fois tous les 15 jours-3
semaines à peu près.

Chercheur : Ça vous convient ?

Patient : Oui oui.

Chercheur : Est-ce que vous avez maintenu en parallèle les activités de relaxation ?

95 Patient : Non non, j’ai arrêté la relaxation quand j’ai commencé l’hypnose. Parce que ça faisait
déjà un an que je faisais de la relaxation donc c’est pareil j’ai préféré laisser la place à d’autres
qui pouvaient en avoir besoin. Moi j’avais assimilé les techniques.

Chercheur : De relaxation ?

Patient : Oui de relaxation.

100 Chercheur : Que vous faites en parallèle encore maintenant ?

Patient : Oui chez moi, quand j’ai besoin.

Chercheur : Quand vous avez besoin ou quand vous avez le temps ?

Patient : Euh, bah quand j’ai besoin c’est sûr je le fais, après quand j’ai le temps, non je fais plus.

Chercheur : Ce n’est plus une nécessité pour vous ?

105 Patient : Non.

Chercheur : Est-ce que vous pouvez me décrire si vous vous en souvenez une séance type
d’hypnose ?

Patient : Alors on arrive, on fait un petit debrief, on discute, on papote voilà de la semaine, des
soins, des différentes douleurs, des événements qu’il y a pu y avoir et auxquels j’étais contraintes
110 de faire face. Euh pour les douleurs j’entends. Et à partir de là ça nous donne une ligne à suivre
pour l’hypnose, sur quoi on peut travailler quoi. Si c’était pas les douleurs et que c’était plus tout
ce qui est réchauffement corporel, et bien on travaillait dessus. Donc voilà, on parle, et après on
se met en conditions, on s’installe dans le fauteuil. Yaëlle* m’explique d’abord sur quel terrain elle
veut m’emmener, elle explique l’exercice.

115 Chercheur : Par terrain vous entendez exercices ?

Patient : Oui, et en même temps l’hypnose c’est un peu un tableau, enfin je vois ça comme ça.
Quand je dis terrain c’est qu’on va faire ça, par tel biais. Et le biais va être l’exercice.

Chercheur : Elle vous explicite le chemin à suivre vers l’objectif ?

Patient : Oui.

120 Chercheur : Et vous manifestez votre demande ou c’est elle qui établit l’objectif de la séance ?

Patient : Ça dépend. Selon les besoins, le ressenti. Chaque séance est différente.

Chercheur : Est-ce qu’il vous est arrivé d’aller en séance avec une demande particulière ?

Patient : Oui oui. Bah notamment de stimuler le releveur du pied, de voir au niveau des atteintes
nerveuses si on pouvait faire quelque chose, des petites réparations.

XXXIV
125 Chercheur : Vous vous souvenez si ça avait marché ?

Patient : Et bien, (hésitations) vous savez sur du court terme on peut pas, sur ce genre de chose
on pas peut dire.

Chercheur : Donc c’est des exercices que vous refaisiez d’une séance à l’autre ?

Patient : Euh on en a refait, et puis je fais un peu chez moi aussi quand même. J’essaye d’y
130 penser. Après non, à chaque fois j’ai eu des demandes spécifiques. Il y a peut-être eu une ou
deux fois où on a répété un exercice pour bien l’assimiler.

Chercheur : Après ces exercices que faites-vous ?

Patient : Alors on s’installe, je me mets dans ma bulle, elle me guide, on travaille, elle me guide
sur ce qu’il y a à travailler pendant une demie heure, 20 minutes. Et après, je reviens, on debrief…

135 Chercheur : C’est des séances qui durent combien de temps ?

Patient : Alors, en tout on se voit environ trois quarts d’heures, mais en tout d’exercices il doit y
avoir 20 minutes-une demie heure. Parce qu’on discute quand même pas mal avant et on debrief
un petit peu après. Je pense qu’en hypnose pure il doit y avoir 20 minutes.

Chercheur : Vous parliez de bulles à l’instant. Comment ça se manifeste justement votre bulle à
140 vous ?

Patient : Euh… Moi avec la respiration et je me vois comme une bulle verte.

Chercheur : Est-ce qu’on vous a guidé vers cette représentation ?

Patient : Pas ici. Euh (hésitations). Moi des exercices comme ça, c’est déjà des choses que je
faisais en début de trauma parce qu’une amie m’avait conseillé de m’imaginer dans une bulle
145 verte parce que le vert, c’est la couleur de la guérison. Donc voilà. Et de me protéger en fait. Et
de pouvoir me regénérer dans cette bulle. Donc c’est avec une amie qu’on en avait discuté au
départ. Et après j’ai repris ce principe là en hypnose. Je l’ai expliqué et on a repris cette idée.

Chercheur : Ça convenait à Yaëlle* ?

Patient : Ah oui complètement. Mais je le mettais déjà en place en relaxation en fait. On se disait
150 de se mettre dans un endroit sécure, et pour moi cet endroit c’était ma bulle.

Chercheur : Vous avez assimilé en fait relaxation et hypnose dans la continuité ?

Patient : Alors en fait j’ai retranscrit des choses. Tout ce qui est endroit sécure et autre. J’ai trouvé
ça en relaxation et je l’ai réutilisé pour l’hypnose.

Chercheur : Et qu’est-ce que vous avez rajouté justement entre la relaxation et l’hypnose ?

155 Patient : Le fait d’être seule, de ne pas être en groupe. Parce que la relaxation c’est des séances
de groupe et l’hypnose c’est des séances individuelles.

Chercheur : Qu’est-ce que vous préférez entre les deux ?

Patient : Les deux me vont. Parce que ce n’est pas les mêmes attentes, ce n’est pas les mêmes
exercices. La relaxation m’a permis de m’apaiser, de souffler… l’hypnose on travaille sur des
160 points précis, plus personnels donc c’est des choses qu’on ne peut pas faire en groupe. On a
tous des pathologies différentes, des réactions différentes. Je pense que c’est difficilement
applicable.

Chercheur : L’hypnose c’est très personnel pour vous ? Enfin très individualisé ?

Patient : Alors, pour ce type de démarche, oui. Parce qu’on a… On voit bien entre patients, déjà
165 il nous ait tous arrivé des choses très différentes et les douleurs sont vraiment très différentes.
On peut avoir des douleurs communes ; admettons, j’ai un copain ça lui brûle pareil que moi

XXXV
l’intérieur des mains par contre il sent quand on le touche. Moi on me touche, je sens rien. Donc
on peut pas imaginer ; quand on perd le sens du toucher, y’a des notions qu’on a plus et qu’il faut
vraiment réimaginer. Alors que quelqu’un qui a cette notion-là, et bien peut être que toute une
170 partie de l’exercice où il faut se rappeler du toucher, du contact et bien ça n’a pas lieu. Enfin je
ne verrais pas la pertinence.

Chercheur : Pour vous, il faut vraiment que ça vous corresponde pour avoir le plus d’effets
possibles ?

Patient : Oui, principalement pour les douleurs. Autant sur les exercices du réchauffement du
175 corps, je pense que ça peut être des séances collectives mais non sur les douleurs je pense
vraiment qu’il faut que ce soit individuel. J’ai pas envie de partager ça avec tout le monde.

Chercheur : Est-ce vous avez trouvé que ça avait été difficile à mettre en place comme séance ?

Patient : Non non.

Chercheur : ça vous a tout de suite été simplifié ?

180 Patient : Oui oui. Au niveau planning il y a pire (rires).

Chercheur : Quelles techniques spécifiques vous utilisez pendant les séances ?

Patient : Beaucoup de respiration, et (hésitations) après d’imaginer, être dans son corps c’est un
peu plus compliqué. (Elle réfléchit) A chaque fois c’est des techniques de respiration différentes
je trouve. Et essayer de se rappeler de son corps quoi. Plus de la visualisation et de la respiration,
185 c’est ce qui me revient. Ou je ne me suis pas rendu compte de là où elle m’emmenait et tant
mieux parce que ça veut dire que ça s’est passé en douceur. Un peu comme une transe. Mais
ça paraissait logique en fait, on n’a pas l’impression de faire un exercice parfois.

Chercheur : Vous trouvez que la trame est naturelle ?

Patient : Oui et puis on prend l’habitude, j’ai pris l’habitude aussi. Donc il y a des choses des fois
190 j’écoute pas et je sais ce qui est demandé donc je fais. Elle m’accompagne mais je suis pas à,
on va dire appliquer scolairement. C’est acquis. Donc c’est plus naturel, c’est plus fluide.

Chercheur : Est-ce que vous pensez que c’est acquis en une séance une fois toute les 2
semaines ou parce que vous le refaites par vous-même le soir ?

Patient : Non à force de répéter mais ça c’était déjà avec la relaxation. C’est à force de
195 répétitions.

Chercheur : Par vous-même du coup ?

Patient : Non, en relax on était guidé. Y’avait Yaëlle* aussi ou Marie*… Je sais plus. Mais non
c’est à force de le faire. Toute seule (hésitations) je ne le fais pas beaucoup et je me rends peut-
être pas compte parce que c’est des moments où ça va pas. Et je le fais peut-être des fois
200 inconsciemment.

Chercheur : Vous êtes plus focalisée sur vos douleurs ?

Patient : Oui d’essayer de passer les douleurs, donc je le fais un peu de temps en temps. Mais
aussi les douleurs se sont apaisées.

Chercheur : Qu’est-ce qui vous donne envie de poursuivre ces séances d’hypnose, d’aller en
205 séance ?

Patient : Bah c’est le besoin plus que l’envie en fait. On se passerait bien d’avoir des soins mais…
Le besoin parce que j’ai toujours mal, parce que les connexions nerveuses fonctionnent pas
toujours bien non plus, donc voilà. Mais c’est un besoin, pas une envie.

Chercheur : Mais c’est quand même un temps appréciable ?

XXXVI
210 Patient : Oui oui, enfin des fois c’est compliqué. Il y a des séances c’est éprouvant. Euh… C’est
éprouvant parce que c’est fatiguant, c’est appréciable parce que Yaëlle* est vraiment super et
puis c’est agréable d’être avec elle, de faire ce travail-là avec elle mais c’est éprouvant. Il y a des
séances, j’étais en pleurs…

Chercheur : Plus psychologiquement du coup ?

215 Patient : Oui. Puis même il y a des douleurs, quand on essaye de les apaiser il y a bien un
moment où il faut les raviver donc le corps peut être en souffrance quand même.

Chercheur : Vous voyez ça quand même comme un plus dans votre prise en charge ?

Patient : Oui oui complètement ; Sinon j’aurais pas continué. Si ça ne m’avait rien apporté, je
n’en ferais plus.

220 Chercheur : D’accord. Et est-ce que ça vous donne, malgré tout, envie de continuer par vous-
même, par exemple avec l’autohypnose ?

Patient : Ah bah oui c’est ce que je vous disais, maintenant quand j’ai mal ou que j’ai froid, je
continue. Je me mets plus en séance, à me dire « ah bah tiens je vais me faire de l’hypnose », je
me dis que « là j’ai vraiment mal, faut que je me concentre, faut que ça passe ». Une auxiliaire
225 de vie qui est trop bourrine, parce qu’il y a pas d’autres expressions, et bien je sais que quand je
vais la voir, et bien il faut que je me prépare avant. Donc ça me sert à ça maintenant. Ou je sais
qu’en quelques respirations, tout ce qu’on a fait en séance d’hypnose, il y a plus beaucoup de
travail à faire quand je suis chez moi. J’ai juste à me rappeler de quelques parties des exercices,
à respirer. Donc je m’imagine ma bulle et je sais que cette auxiliaire pourra m’aider à me préparer
230 sinon c’est pas possible. Je la laisse pas m’approcher quoi.

Chercheur : Ça vous a aidé aussi à rentrer dans votre prise en charge et à vous autonomiser
vis-à-vis des soins ?

Patient : Médicalement il y a une phase où j’ai pu baisser les médicaments, là un peu moins.
Mais oui, rien que pour ce qui est des douleurs, on a moins besoin de faire des exercices en
235 séances, c’est quelque chose que j’ai assimilé donc oui si on va part là, je suis plus autonome là-
dessus.

Chercheur : Est-ce que vous pouvez me parler de la relation que vous avez avec Yaëlle* en
séance ?

Patient : Hum le courant passe bien, du coup je suis réceptive à ce qu’elle me propose et elle
240 écoute aussi ce que je dis, donc il y a de l’échange.

Chercheur : Est-ce ça vous encourage dans votre demande de continuer l’hypnose ?

Patient : Oui. Mais après c’est quelque chose de naturel en fait. Ça se passerait pas comme ça,
ça serait inquiétant à mon sens, qu’il y ait pas d’échange.

Chercheur : Du fait que ce soit une séance d’hypnose ou vous parler en général ?

245 Patient : En terme général. De toutes façons, que ce soit hypnose, kiné, ergo, si on s’entend pas
avec les personnes qui nous aident, moi ça fait un an et demi, ça serait un peu compliqué.

Chercheur : Vous vous entendez avec toutes les personnes qui vous soignent ?

Patient : Non je pense pas.

Chercheur : Vous faites la différence, au niveau relationnel, avec Yaëlle* à qui vous vous confiez,
250 vous échangez, et puis une autre auxiliaire de vie qui vient pour les soins ?

Patient : Ah bah oui il y a des auxiliaires avec qui on ne discute pas spécialement parce que y’a
pas d’accroche, y’a pas d’échange à avoir. Je dis ce dont j’ai besoin et elle fait et puis voilà. Et
puis ils ont pas les mêmes rôles dans un sens. Après il y a des auxiliaires de vie qui sont plus

XXXVII
mes auxiliaires mais avec qui on peut aller boire un coup maintenant et avec qui on s’entend
255 bien ; et puis il y a d’autres auxiliaires avec qui le courant est pas passé et en une demie heure,
j’ai demandé à ne plus les revoir quoi. Parce qu’elles faisaient mal, parce qu’elles n’écoutaient
pas.

Chercheur : Et spécifiquement dans le soin, est-ce que vous avez des attentes particulières pour
que le soin se passe bien ? Je vois en hypnose, vous parliez d’écoute…

260 Patient : Mais d’écoute, aussi dans le sens où dire « là j’ai mal de cette façon-là » donc ça elle
l’entend, elle l’écoute, elle l’entend. Et elle agit en fonction de. C’était plus ça. C’était pas
forcément aller confier mon weekend ou autre, c’est vraiment l’écoute par rapport aux soins,
d’être attentive aux douleurs, de se rendre compte que même si des fois je dis « oui ça va » elle
se rend compte que bon ça va moyen quoi, que ça pourrait être mieux. Donc elle est attentive à
265 ça.

Chercheur : Est-ce que vous avez en tête des qualités qu’il faudrait pour faire des séances
d’hypnose auprès d’un patient ?

Patient : Oui parce que j’ai pu voir la différence avec quelqu’un qui avait récupéré de la relaxation
et je pense qu’il faut être calme, faut être posé, faut quand même parler doucement, respirer et
270 être bien avec soi-même aussi. Parce que quelqu’un qui est pas forcément en accord avec lui-
même, c’est compliqué d’aider les autres aussi sur ce terrain-là. Parce que je l’ai ressenti en
relaxation avec une personne qui bombardait, qui lisait, qui voilà… Bah ça donne pas forcément
envie de te détendre.

Chercheur : Ça vous est désagréable ?

275 Patient : Oui.

Chercheur : Et est-ce que vous retrouvez ces qualités auprès de Yaëlle* ?

Patient : Oui, complètement. Alors après vu que c’est avec elle que j’ai commencé, je me suis
habituée à elle et implicitement ça m’oriente comme ça. Parce que d’autres personnes qu’on eut
cette personne là en relaxation, ça ne les a pas dérangés. Et peut-être s’ils récupéraient Yaëlle*
280 après sur quelques séances, peut être que ça leur ferait bizarre aussi. On s’habitue aux choses,
dès le début.

Chercheur : Vous pensez que c’est vraiment une perception propre à soi-même ?

Patient : Oh bah oui.

Chercheur : Et cette relation que vous avez mis en place, cette relation thérapeutique, vous
285 pensez que ça aurait pu fonctionner avec quelqu’un d’autre ou c’est vraiment parce que vous
retrouvez chez Yaëlle* des qualités qui vous sont chères ?

Patient : Oh bah ça aurait pu être avec quelqu’un d’autres. Après ça fonctionne très bien avec
Yaëlle* et je suis contente que ce soit elle et pas quelqu’un d’autre. Mais oui je pense que ça
aurait pu fonctionner ; Après si le courant passe bien… Je vois il y a des personnes, j’ai pas envie
290 de faire d’effort (rires). Ça se passe très bien avec elle. Je travaille aussi avec les pierres, ça fait
des années, avec l’énergie des pierres. Donc elle a voulu que je prenne certaines pierres avec
moi pour une séance, d’intégrer ça dans mes séances d’hypnose donc voilà. Quand je dis qu’elle
est à l’écoute, voilà quoi.

Chercheur : Elle s’adapte bien à ses patients ?

295 Patient : Oui, et puis c’est quelque chose qu’elle connait aussi un peu. Ça aurait été quelqu’un
d’autres, et bien ce quelqu’un d’autres aurait peut-être pas connu, aurait accepté mais aurait
peut-être eu des difficultés à l’intégrer, ce serait pas renseigné, ou ce serait peut être renseigné
et l’aurait intégré. Ça je sais pas.

Chercheur : Ouverte d’esprit vous pensez aussi que ça peut jouer ?

XXXVIII
300 Patient : Oh bah oui.

Chercheur : Est-ce que vous trouvez que la confiance joue aussi dans cette relation ?

Patient : Oui ; parce qu’il faut se laisser aller. Je vois pour certaines douleurs ou un lâcher prise.
Si j’ai des douleurs, je n’arriverais pas à me détendre. Et si je peux pas me détendre, j’arriverais
pas à aller en transe ou à lâcher le morceau pour faire ce qu’il y a à faire quoi.

305 Chercheur : Vos séances de kinésithérapie c’est avec Yaëlle* ou une autre kiné ?

Patient : Une autre kiné, mais Yaëlle* je l’ai eu un petit peu en remplacement. Mais non ma kiné
principale c’est pas elle.

Chercheur : Et vous arrivez quand même à faire de l’autohypnose, à vous mettre en conditions
d’hypnose avec une autre kiné ? ça ne joue pas ?

310 Patient : Sur la relaxation oui et puis après je l’ai aussi avec le psy. Je suis là pour bosser donc
si je le fais c’est pour moi. Donc à partir de là, je me dis qu’il faut que je me donne les moyens.

Chercheur : Vous trouvez ça compliqué ? De vous donner les moyens.

Patient : Oui ça peu. Oui parce que ‘il faut toujours se botter les fesses, pour aller plus loin. Mais
ça dépend des journées. Quand vraiment je suis fatiguée et que la séance on avait prévu de
315 bosser là-dessus, et bien non on ne le fais pas, parce que ça va me demander trop d’énergie ;

Chercheur : C’est principalement la fatigue qui bloque ?

Patient : Oui. Pour tout en général. Y’a des choses que je peux pas faire, même en ergo. Des
fois ils me voient arriver et me dit « bon bah on va pas faire ce que j’avais prévu ». La fatigue, les
douleurs… Et en fait c’est énergivore d’essayer de gérer les douleurs justement. Parce que j’ai
320 le corps entier qui me brûle, chaque pas j’ai mal, chaque mouvement de main j’ai mal. C’est
énergivore.

Chercheur : Et même une séance d’hypnose ? Vous disiez tout à l’heure que ça vous calmait.

Patient : Oui ça me coûte en énergie mais comme ça apaise… Et puis généralement quand c’est
comme ça, elle fait en fonction que je me ressource aussi. Donc elle met d’abord ça en place, de
325 me ressourcer, avant d’attaquer ce qui est problématique.

Chercheur : Comme quoi ?

Patient : C’est plus les exercices de respiration pour me ressourcer, voilà faire rentrer le bon,
faire ressortir le mauvais. Et trifouiller… Je dis trifouiller parce que dans mon imagination c’est
ça, pour la repousse nerveuse ou contre la douleur voilà. Il y a d’abord cette étape là avant. Après
330 quand je vais bien, il y a pas besoin, on rentre direct dans le vif du sujet. Mais oui les jours où je
suis fatiguée, on fait ça d’abord.

Chercheur : Donc depuis que vous faites de l’hypnose ou de la relaxation, vous avez quand
même été sensibilisée aux bienfaits. Est-ce vous avez quand même perçu des effets négatifs ?

Patient : (Hésitations) J’arrive jamais à savoir si c’est lié à ça ou pas mais un jour on avait bossé
335 sur la repousse nerveuse. Toute la soirée, j’ai eu mal aux pieds quoi. Donc moi après je devais
refaire des exercices à la maison pour essayer de lutter contre la douleur.

Chercheur : Donc des exercices de visualisation ?

Patient : Pour la repousse oui. J’imaginais mon kiné en train de dire à une copine où il fallait
réparer, où il fallait faire les connexions. Après je sais pas si c’est directement en lien, on peut
340 pas être sûre à 100%.

Chercheur : Vous ne remettez pas ça sur l’hypnose ?

XXXIX
Patient : Non. Mais c’est un évènement qui me dit que comme on a bossé ça, mon releveur je
l’ai bossé en kiné le matin comme j’ai marché. Il suffit d’un faux mouvement chez moi ou que
l’auxiliaire m’ait trop frotté ou cogné et que je ne m’en sois pas rendue compte et finalement que
345 ça me fasse mal quand même. Après moi l’hypnose on prêche plus ou moins une convaincue.
Je sais pas si vous connaissez Franz Bardon.

Chercheur : Non.

Patient : C’est un petit peu plus ésotérique. Lisez Frabato. C’est un des hypnotiseurs, début
19ème et qui faisait parti de la loge franc-maçonnique et qui faisait des spectacles, parce que c’était
350 encore autorisé. Donc s’il y a une référence, je pense qu’elle peut être intéressante. Donc pas en
soins médicaux hein mais en général.

Chercheur : Ça vous a aidé à accepter l’hypnose ça ?

Patient : Oui a accepté que ça soit dans un domaine soin, et autre que psychologique. On avait
fait une séance avec Jeanne*, la psychologue, pour le lâcher prise notamment. J’en avais déjà
355 fait, mais c’était pas les mêmes exercices et pas les mêmes étapes. J’étais beaucoup plus en
transe en séance psy qu’en séance soin médical comme ça quoi.

Chercheur : Et a contrario des effets négatifs, pouvez me parlez des effets bénéfiques, positifs ?

Patient : Ben d’avoir moins mal quand même. J’ai franchement… (hésitations) calmé Sur les
exercices de respiration, ça me permet de me calmer et d’avoir moins mal quand il y a des
360 auxiliaires de vie par exemple. D’essayer d’avoir un petit moins froid aussi des fois, ou moins
chaud.

Chercheur : Ça c’est spécifique du coup pour votre maladie. Est-ce que vous avez réinvesti au
quotidien les principes de l’hypnose dans la vie de tous les jours ?

Patient : Non non je cible ; toujours une question d’énergie.

365 Chercheur : Vous parliez de lâcher prise tout à l’heure. Des fois quand vous êtes stressée, est
ce que ça vous arrive de le faire par vous-même quand vous êtes chez vous ?

Patient : Hum… Non, parce que je pense pas être plus stressée que ça. J’ai tellement connu pire
en fait que maintenant ça va. Donc non, je l’utilise pas dans ces cas-là.

Chercheur : Et quand vous avez connu pire, qu’est-ce que vous faisiez ?

370 Patient : Ben je me mettais dans ma bulle, j’essayais de respirer, de mettre les principes de la
relaxation en place en fait.

Chercheur : Toujours dans la continuité de ce que vous aviez vu ?

Patient : Appris oui.

Chercheur : Vous considérez que c’est bien un apprentissage ?

375 Patient : Oui parce que c’est des techniques de respiration quand même, donc oui.

Chercheur : Ça a mis du temps d’apprendre ces techniques ?

Patient : Pas d’apprendre mais de l’appliquer. Plus dans l’application. Des fois, j’étais tellement
fatiguée que je m’endormais à chaque séance. Des fois ça me ressourçait. On est quand même
en relaxation pour ça. Donc oui.

380 Chercheur : Et l’hypnose du coup ?

Patient : Pour moi c’est lié. Je trouve que la relaxation c’est de l’hypnose de groupe, ici en tout
cas. Je le prends comme ça. Parce que je retrouve la même façon de parler, le même phrasé,
des exercices similaires.

XL
Chercheur : Le même soignant aussi ?

385 Patient : Oui. Après que ce soit la même personne c’est pas important. C’est plus dans les
actions qui sont mises en place pour arriver à soit de la relaxation soit de l’hypnose. En psy,
c’était différent. On n’était pas sur totalement les mêmes exercices pour arriver en transe.

Chercheur : Il y a quand même une période de transe pendant la relaxation ?

Patient : Euh… (hésitations) Ah oui, quand même. Il y a des fois je suis partie loin.

390 Chercheur : Quand vous dites partir loin…

Patient : C’est d’être dans son lieu sécure en fait. D’y être et d’y être bien quoi. D’oublier ce qu’il
se passe autour. Partir loin pour moi c’est vraiment déconnecter, enfin pas complètement, mais
déconnecter du présent.

Chercheur : C’est ce qui vous aide dans la gestion des douleurs ?

395 Patient : Dans la gestion de la situation des douleurs oui.

Chercheur : Donc en générale, vos attentes de l’hypnose dans votre prise en charge ont été
respectées ?

Patient : Oui. Et puis je conseille des fois à d’autres patients qui arrivent pas à se réchauffer ou
qui ont des douleurs. Et puis c’est un autre patient aussi qui m’en avait parlé. On le voyait, il
400 fermait les yeux et il nous répondait plus quand on lui parlait. Après il nous a expliqué, il se mettait
en condition pour que le froid arrête de l’agresser, pour qu’il ne se trouve pas complètement
tétanisé.

Chercheur : Vous avez un bouche-à-oreilles entre patients ?

Patient : Ah bah oui, on dédramatise un peu tout.

405 Chercheur : Vous avez déjà vu des patients à qui vous en avez parlé mais qui ont été un peu
réfractaire ?

Patient : Réfractaire non, mais à qui ça ne convenait pas oui. Parce qu’ils n’arrivaient pas à se
mettre dedans, ça leur convenait pas quoi. Mais tant qu’on n’essaye pas quelque chose on peut
pas savoir si ça convient ou si ça convient pas.

410 Chercheur : Est-ce que vous avez quelque chose d’autres à ajouter pour terminer ?

Patient : Euh non pas spécialement.

Chercheur : Je vous remercie.

*les prénoms ont été changés.

XLI
NOM : BARBARE
PRENOM : Iléna
TITRE : Hypnose et kinésithérapie
Comment optimiser son recours et ses effets dans la prise en soins ?

ABSRACT :
Background : This research paper aims to analyze the optimization process of
the hypnosis practice throughout the patient’s care. To this end, the interrogation
formulated aims to provide the existing framework regarding patient’s
representations about hypnosis and strives to define the characteristics of the
physiotherapist-hypnotherapist’s practice that contribute to their evolution.
Methods : To provide an answer to this interrogation, three interviews were
conducted with patients following hypnosis treatment as part of their overall care
process. The data collected was then analyzed through a thematical analysis.
Results : The analysis points out that several characteristics do indeed
contribute to the evolution of the patient’s representations regarding hypnosis.
The positive effects experienced by the patient as a result of this practice also
contribute to a positive evolution of the patient’s representations.
Conclusion : By bringing the patient to actively modify his representations, the
therapist incentivizes the latter to get more involved and to become an active
part of the care process. The benefits hereby experienced by the patient are
therefore more significant, optimizing then the hypnosis treatment in the
rehabilitation process.
RESUME :
Introduction : Ce travail de recherche propose d’étudier comment optimiser le
recours à l’hypnose dans la prise en soins. Pour cela, la problématique établie
cible la recherche sur les représentations des patients sur l’hypnose et vise à
définir quelles spécificités de la pratique du kinésithérapeute-hypnothérapeute
contribueraient à les faire évoluer.
Méthodologie : Pour répondre à notre problématique, nous avons menés trois
entretiens auprès de patients dont l’hypnose fait partie de la prise en soins. Nous
avons ensuite analysé les données selon le mode d’analyse thématique.
Résultats : L’analyse indique que plusieurs spécificités de la pratique du
thérapeute contribuent à faire évoluer les représentations du patient sur
l’hypnose. Les effets positifs que le patient peut tirer de cette technique
thérapeutique participent également à cette évolution.
Conclusion :
En amenant le patient à faire évoluer ses représentations sur l’hypnose, le
thérapeute l’encourage à s’impliquer et à devenir acteur de sa prise en soins.
Les bienfaits obtenus par le patient sont alors plus significatifs, optimisant ainsi,
par la suite, le recours à l’hypnose dans la rééducation.
KEY WORDS :
Hypnosis ; Physiotherapy ; Representations ; Care optimization.

MOTS CLES :
Hypnose ; Kinésithérapie ; Représentations ; Optimisation de la prise en soins.

INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE de RENNES


Adresse : 12 rue Jean-Louis Bertrand – RENNES (35)

TRAVAIL ECRIT DE FIN D’ETUDES – Année de formation 2015-2019

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