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LE DÉBAT AUTOUR DE LA REDEVABILITÉ DES NOUVEAUX ORGANISMES

PUBLICS ET PARAPUBLICS DANS LES ANNÉES 1950

Philippe Masquelier

Institut national du service public | « Revue française d'administration publique »

2016/4 N° 160 | pages 1027 à 1040


ISSN 0152-7401
DOI 10.3917/rfap.160.1027
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publique-2016-4-page-1027.htm
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LE DÉBAT AUTOUR DE LA REDEVABILITÉ
DES NOUVEAUX ORGANISMES PUBLICS
ET PARAPUBLICS DANS LES ANNÉES 1950

Philippe MASQUELIER
Chargé de recherche à l’Institut de la gestion publique et du développement
économique, doctorant à l’École pratique des hautes études

Résumé
Rendre des comptes, c’est à la fois présenter des comptes et mesurer, à l’aune de règles juridiques,
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les responsabilités qui sont liées à l’emploi des fonds correspondants. Dans les années cinquante
la question de la redevabilité des comptes se présente sous un nouveau jour dans le cadre du
développement massif et soudain d’un important secteur parapublic. Celui‑ci, répondant pour
partie à des exigences à caractère commercial, a cherché à échapper à la comptabilité publique
et aux contrôles juridiques qui y étaient traditionnellement attachés. Dans cette optique, rendre
des comptes se limitait à présenter des comptes. Gilbert Devaux, directeur de la Comptabilité
publique de 1949 à 1956, s’efforça de combattre ce mouvement centrifuge. Il contribua fortement
à la rédaction de textes visant à limiter les risques d’engagement des fonds publics à destination
du secteur parapublic. Ce faisant, il réaffirmait le primat accordé à l’arsenal juridique de la comp‑
tabilité publique sur la production comptable de résultats chiffrés.

Mots‑clefs
Comptabilité publique, contrôle a priori, comptes spéciaux, affectation des fonds, responsabilité
financière

Abstract
— The debate about the public and para‑public bodies set up in the 1950s — Being accountable
is both providing accounts and being liable of the use of the public funds granted. In the 1950s,
the massive and sudden emergence of a large para‑public sector raised the accountability’ issue
of the new bodies created. These bodies, created also for the fulfillment of commercial purposes,
sought to elude public accountings rules and the legal controls attached to it. In this perspective,
being accountable was reduced to provide accounts. Gilbert Devaux, head of the Public Accounts
department of the Finances ministry from 1949 to 1956, attempted to counter this centrifugal
move. He decisively contributed to the drafting of a body of legislation aimed at mitigating the
risks of public financial commitments towards the newly established para‑public sector. Doing so,
he reiterated the primacy of the legal constraints attached to the public accounting system on an
accountably based on the provision of quantified results.
Keywords
Public accounting system, ex ante control, special accounts, appropriation of funds, financial liability

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Léon Say écrivait en 1894 que « Le mot comptabilité publique ne signifie pas seu‑
lement la tenue d’écritures descriptives d’opérations de recette et de dépense : il s’entend
aussi de l’obligation et de l’acte de rendre des comptes, ainsi que de tout ce qui pré‑
pare, facilite et assure la reddition des comptes  » (Campagnole, 1894, 1132). Rendre
des comptes c’est donc tout à la fois présenter ces comptes et mesurer, à l’aune de règles
juridiques, les responsabilités qui sont liées à l’emploi des fonds publics correspondants.
Toute l’histoire de la comptabilité publique balance entre ces deux pôles. L’un et l’autre
sont renforcés par les réformes mises en place sous la Restauration (Kott, 2010, 237) qui
laissent la possibilité à chaque ministre ordonnateur, en tant que seul responsable au titre
notamment de la loi des comptes (nom de la loi de règlement à l’époque), d’être « l’unique
directeur de ses dépenses » 1. Les ordonnateurs des ministères dits dépensiers doivent en
principe tenir une comptabilité administrative, proche d’une comptabilité d’engagement,
qui doit être confrontée avec la comptabilité de caisse des comptables. Il s’agit là d’une
des pierres angulaires des réformes et du système qui en découle. Un des réformateurs,
V. Masson 2, envisage la dépense de la façon la plus exhaustive possible. Il développe
la notion d’engagement et, gestionnaire avant l’heure, estime que « l’objectif essentiel
des comptes des administrateurs réside dans l’évaluation des résultats de leur gestion »
(Kott, 2010, 416). La construction est belle et d’apparence cohérente. Cette conception
plutôt gestionnaire de la comptabilité prévaut sous la Restauration mais aura du mal à
perdurer. Face à elle, un administrateur plus traditionnel, Lafontaine (Kott, 2010, 230) 3
cherche à établir un contrôle administratif non seulement des paiements mais également
des dépenses 4. Contrairement à Masson, Lafontaine doute de la viabilité d’une comptabi‑
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lité administrative décentralisée par ministère et privilégie l’administration des Finances
en matière de tenue des comptes, en sorte que le contrôle s’effectue principalement par le
truchement de la comptabilité du comptable. Surtout, face à la comptabilité comme outil
gestionnaire selon Masson, Lafontaine est le tenant d’une « culture juridique au sens strict
qui n’aborde la comptabilité que comme un élément dans la chaîne de responsabilité des
comptables. » (Kott, 2010, 232, 234, 239). En réalité, défiant par principe à l’égard de
l’ordonnateur, il ne croit ni à la capacité, ni à la volonté d’une administration de tenir sa
propre comptabilité et donc de rendre des comptes par elle‑même.
Au manque d’ardeur des administrations à tenir leur comptabilité s’ajoute, au XIXe
siècle, la croissance de l’État et l’augmentation du volume des fonds publics. Votée
avec retard, notamment à partir de la défaite de 1870, la loi de règlement 5 cesse d’être
le moment‑clé de la reddition des comptes et de la mesure « gestionnaire » des résul‑
tats. M. de Grandsaignes, conseiller référendaire à la Cour des comptes, écrit en 1933 :
«  […] la comptabilité administrative prévue par la loi de 1817, organisée par l’ordon‑
nance du 14 septembre 1822 a complètement disparue à la fin du XIXe siècle. Il n’en

1.  La formule est de V. Masson.


2.  Victor Masson (1778‑1858), employé au ministère des Finances sous la seconde Restauration. Il pour‑
suit une carrière au conseil d’État à partir de 1820. Il est député royaliste de 1824 à 1827. Il est, en 1822, l’auteur
présumé d’un ouvrage intitulé De la comptabilité des dépenses publiques qui soulève une controverse avec le
directeur des Dépenses, Lafontaine.
3.  Lafontaine fait sa carrière au ministère des finances (Trésor) Fin 1822, il publie en réponse à Victor
Masson des Lettres à l’auteur de l’écrit anonyme intitulé : « De la comptabilité des dépenses publiques ».
4.  Le contrôle administratif des dépenses effectué par cette direction peut se comprendre, à certains
égards, par analogie avec celui exercé aujourd’hui par la direction du Budget ; le contrôle des paiements est
celui qu’effectue le comptable en vérifiant la régularité de la dépense avant décaissement.
5.  La loi de règlement arrête le montant définitif des dépenses et des recettes de l’État à la fin de chaque
exercice. Elle constitue un document comptable soumis à l’approbation du Parlement. Elle était originellement
destinée à constituer le support privilégié du contrôle parlementaire.

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subsiste que des formes vaines » 6. Seuls demeurent les comptes des comptables dont la
sanction, réelle, est la mise en jeu de leur responsabilité personnelle et pécuniaire par la
Cour des comptes. La Grande Guerre achève de désorganiser le système. Une réforme
est nécessaire. Celle qui est réalisée demeure cependant limitée, en raison de l’attache‑
ment persistant des esprits à la doctrine libérale d’un État restreint et économiquement
neutre. Elle intervient en plusieurs étapes. Une nouvelle direction, celle du Budget est
tout d’abord créée en 1919 dans le but de renforcer le contrôle a priori de la dépense.
Un contrôle des dépenses engagées exercé par de hauts fonctionnaires du ministère des
Finances est ensuite mis place en 1922 dans chaque ministère dépensier afin de compléter
le nouveau dispositif de contrôle budgétaire. Ces mesures font basculer le contrôle de la
dépense avant même sa réalisation en donnant la priorité au vote de la loi de Finances par
le Parlement et consacrent un renforcement du ministère des Finances. Pour le reste, les
notables réformes de 1934‑1936 sur la comptabilité publique 7se cantonnent à une réfec‑
tion et à un perfectionnement du système de présentation et de reddition des comptes des
comptables conformément au système juridico‑administratif qui domine originellement
les règles de la comptabilité publique.
Par la suite, à la Libération, les nécessités de la reconstruction et l’émergence de
l’État keynésien acteur de l’économie portent un nouveau coup au système de reddition
des comptes tel qu’il fonctionnait jusqu’alors. Au secteur public traditionnel s’ajoute un
secteur parapublic, constitué d’entreprises, d’établissements publics ou encore d’orga‑
nismes d’intervention économique, dont les contours et les règles de fonctionnement sont
incertains 8. De cette incertitude et de la liberté apparente qu’elle offre, naît la tentation,
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au sein du secteur parapublic mais aussi du secteur public lui‑même, d’échapper au sys‑
tème de reddition de comptes financiers en vigueur ou même de cesser de rendre compte.
Telle est la situation que rencontrent les directeurs du Trésor, de la Comptabilité publique
et du Budget des années cinquante. Dans cet article, nous allons nous attacher à retracer
le rôle de l’un d’entre eux, lequel a joué un rôle central dans l’organisation de la redeva‑
bilité de ces nouveaux organismes publics et parapublics dans les années 1950 : il s’agit
de Gilbert Devaux, inspecteur des Finances, qui fut directeur de la Comptabilité publique
entre 1949 et 1956, puis du Budget de 1957 à 1960. Il prend position dans le débat qui agite
la question de la reddition des comptes de ces nouveaux organismes publics et parapublics.
D’un côté, ceux‑ci aspirent à l’autonomie de gestion : rendre compte se limite alors, au
mieux, à présenter leurs comptes. De l’autre, Rivoli s’inquiète du risque d’avoir à couvrir
indéfiniment, sur fonds publics, les potentielles erreurs de gestion d’une multitude d’enti‑
tés peu ou mal contrôlées (Masquelier, 2013, 439‑442). Le débat devient très vif. En termes
de contrôle, les conditions de reddition des comptes des entreprises privées devenues sou‑
dainement « publiques » sont l’objet de fortes polémiques. Du secteur privé au secteur

6.  Note historique de M. de Grandsaignes, annexe N2 du Rapport Labeyrie, p 6 et 7, SAEF, carton B 50366.
7.  Il s’agit d’une série de décrets‑lois et de décrets pris entre juin 1934 et septembre 1936 qui visent
notamment à restaurer la comptabilité administrative au sens de comptabilité des ordonnateurs. Elle débouche en
réalité seulement sur une comptabilité améliorée des mandatements qui favorise au sein de la Cour des comptes
les contrôles dits de « comptabilité administrative ». La réforme de 1936 requiert que les liasses de pièces justi‑
ficatives destinées à la Cour soient reclassées par ministère et par chapitre budgétaire au lieu de l’être par dépar‑
tement afin de pouvoir formuler des observations sur la gestion des ministères (Descheemaeker 2013, 141‑153).
8.  « La conséquence, pratiquement inévitable, [du défaut de cadres institutionnels préexistants et de l’ur‑
gence des tâches à accomplir] fut la disparités des formes et des statuts, la divergence dans les méthodes d’action
et de financement, l’incertitude fréquente sur la nature exacte des rapports entre l’État et ces organismes, de
même que sur les pouvoirs de tutelle et de contrôle dont les pouvoirs publics disposaient à leur égard », Exposé
des motifs du décret n° 53‑933 du 30 septembre 1953 relatif au statut, à l’organisation et au fonctionnement des
organismes d’intervention économique de caractère privé, JORF, 1er octobre 1953, p 8591.

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public, le climat de redevabilité change. On passe du chiffre au droit. Les règles juridiques
de la comptabilité publique sont mal adaptées aux exigences de souplesse et d’autonomie
des organismes du secteur parapublic, notamment ceux issus du privé ; mais il n’en existe
alors pas d’autres. En matière de redevabilité, un équilibre entièrement neuf est à inventer.
Le processus est encore à l’œuvre lorsque Devaux publie en 1957 son ouvrage intitulé
La comptabilité publique (Devaux, 1957). L’auteur se fait, sur 250 pages, le commentateur
et l’analyste du débat qui opposent ceux qui s’insurgent contre le risque de fonctionnariser
le secteur parapublic et ceux qui s’attachent à l’importance d’un système de redevabilité
fut‑il provisoirement inadapté. Outre la position que lui prescrit sa fonction, Devaux déve‑
loppe dans son ouvrage ses convictions et les solutions qu’il a apportées. Il fait alors face
à une situation où près de la moitié du secteur public et parapublic échappe aux règles de
la comptabilité publique, donc à toute forme de redevabilité orthodoxe. Aussi sa priorité
est‑elle moins de présenter des comptes au sens de V. Masson que de maintenir ou de réor‑
ganiser un système de responsabilité hiérarchique et de centralisation financière au sens de
Lafontaine, tant vis‑à‑vis du pouvoir exécutif central que du Parlement.
Dans les parties suivantes, nous évoquerons tout d’abord le diagnostic que pose
Devaux sur les risques, à ses yeux, de dislocation de l’État sur le plan financier dans les
années 1945‑1947, puis les positions qu’il prend et les remèdes qu’il apporte en tant que
directeur de la Comptabilité publique entre 1947 et 1956.
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LA REDDITION DES COMPTES MISE EN CAUSE
PAR LE MOUVEMENT CENTRIFUGE DE L’ÉTAT

Après 1945, un mouvement centrifuge s’empare de l’État dont Devaux analyse


les causes et les conséquences. Passant en revue, de la périphérie jusqu’au centre, ce
qu’il appelle « les diverses manifestations de l’éclatement des règles de la comptabilité
publique », il décrit également le processus de prolifération d’organismes administratifs
ou para‑administratifs nouveaux en contradiction avec le principe de non affectation des
recettes et des dépenses.

Les facteurs de l’affaiblissement ou de la disparition des mécanismes classiques


reddition de compte après 1945 et leurs conséquences

L’émergence, après 1945, de la figure nouvelle de l’État acteur de l’économie se fait


dans le contexte troublé de la Libération : climat de réaction contre le régime de Vichy,
poussée du Parti communiste et fragilité institutionnelle de la IVe République naissante.
Sur le plan économique, les impératifs du ravitaillement et de la reconstruction ne per‑
mettent pas de donner la priorité à l’adaptation des règles financières au secteur parapu‑
blic qui se développe alors 9. Abandonnant délibérément le libéralisme, l’État transgresse
la frontière qui le sépare du monde productif. Il crée nombre d’entités dotées de la

9.  «  L’harmonie et la parfaite clarté de la gestion le cédaient, en quelque manière nécessairement, à


l’obligation d’agir », Exposé des motifs du décret n° 53‑933 du 30 septembre 1953 relatif au statut, à l’orga‑
nisation et au fonctionnement des organismes d’intervention économique de caractère privé, JORF 1er octobre
1953, p 8591.

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personnalité morale (Devaux, 1957,192‑197) 10, ce qui favorise d’une part un esprit


d’initiative qui tend à s’exercer au mépris du cadre réglementaire financier tradition‑
nel, désormais perçu comme le lieu d’«  un abus de formalisme de nature à paralyser
les administrations » (ibid., 14) et d’autre part la prolifération de techniciens enfermés
dans leur spécialité qui admettent difficilement que leurs «  connaissances profession‑
nelles puissent être contredites par l’existence d’une règle écrite  » (ibid, 190 et 16) 11.
Simultanément commence à se faire sentir le rôle plus important reconnu aux experts
par rapport aux décideurs, qui, en France, « supposerait une transformation radicale de
doctrine sur la régularité et l’opportunité » et risque, selon lui, de conduire à une dilution
de la responsabilité des décideurs. De l’ensemble de ces facteurs combinés, il résulte un
puissant « mouvement centrifuge » qui met en cause la notion de reddition de compte,
au sens traditionnel de mesure et de sanction de la responsabilité des acteurs financiers,
à laquelle, dans un premier temps, rien de cohérent n’est substitué. Devaux analyse ce
mouvement, facteur de « l’éclatement des règles de la comptabilité publique », depuis
ce qu’il appelle « les créations administratives de la libération » (la reconstruction, les
entreprises publiques et les interventions économiques) jusqu’aux « services les plus soli‑
dement charpentés » (le budget de l’État, les collectivités et les établissements publics) en
passant par « les services anciens les moins résistants » (la Sécurité sociale et les comptes
de trésorerie de l’État). Il conclut que les conditions de la reddition de comptes sur la base
des règles traditionnelles de la comptabilité publique ne sont plus, en 1947, que partiel‑
lement réunies. Par le jeu des comptes de trésorerie et des comptes spéciaux, près de la
moitié des dépenses publiques civiles échappe au Budget général 12, raison d’être, in fine,
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de la notion de reddition des comptes appliquée au contrôle démocratique de l’emploi des
deniers publics.
Celle‑ci s’entend au double sens de contrôle hiérarchique de l’État sur les entités qui
en sont des démembrements et de contrôle juridictionnel de la régularité financière. À
propos de l’un et l’autre et des mises en cause dont tous deux font l’objet, Devaux écrit :
«  Ce que les novateurs de cette époque ont plus ou moins consciemment voulu, c’est
atténuer ou faire complètement disparaître la notion de responsabilité financière dans
les relations administratives 13. Ils l’ont atténuée, lorsqu’ils ont supprimé, dans le cycle
classique des opérations, l’intervention et le rôle des comptables. Ils l’ont supprimée,
lorsqu’ils ont confié à des personnes, qui n’ont même pas la qualité de fonctionnaire
et qui échappent à toute emprise hiérarchique, le soin de préparer des liquidations de

10.  Celles‑ci concernent essentiellement le secteur de la Reconstruction (Crédit national, Caisse natio‑
nale de la reconstruction), les organismes d’interventions économiques (sociétés anonymes dont l’État possède
la majorité du capital : aéronautique, recherche pétrolière, entreprises des TOM) et les entreprises publiques
suite aux nationalisations industrielles et bancaires (Devaux, 1957, 192‑197).
11.  « Ne nous dissimulons pas que cette armée de spécialistes – chacun avec une optique technique dont
il finit par faire l’idéal de son existence – stimulée par les ordres qui viennent des centres de Paris et par une
émulation soigneusement entretenue, conduirait infailliblement au triomphe de la “fin justifie les moyens” s’il
n’existait pas une contrepartie très puissante pour assurer le respect de la loi » (Devaux, 1957, 70).
12.  «  En 1947, 312 comptes spéciaux du Trésor étaient égaux à la moitié du budget civil de l’État  »
(Cotteret, 41).
13.  La notion de responsabilité financière concerne l’ordonnateur et le comptable. Le premier est juge
de l’opportunité de la dépense sous réserve de sanctions hiérarchiques et, en tant qu’acteur financier chargé de
l’engagement de la liquidation et de l’ordonnancement de la dépense qui relèvent du domaine de la régularité, il
est soumis aux règles de la comptabilité publique. La responsabilité du second, également tributaire du domaine
de la régularité, est personnelle et pécuniaire, ce qui, en vertu d’une réforme voulue par Devaux en 1953 mais
abrogée en 1963 (cf. infra note 40), doit lui permettre de veiller en toute indépendance à la bonne application de
la règle financière par l’ordonnateur. Une telle responsabilité financière fonde la notion de redevabilité au sens
de « rendre compte ».

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recettes et de dépenses. » (Devaux, 1957, 212). De là découlent obscurité et complication.


Ainsi écrit‑il : « La réglementation financière n’a pas […] pour objet de freiner les ini‑
tiatives, mais de les harmoniser. Lorsqu’elle disparaît tout devient beaucoup moins clair.
Chaque cellule administrative s’isole et, ne pouvant plus se justifier par des chiffres, elle
s’abrite derrière un nuage de mystère. Chacun s’efforce en tâtonnant de travailler dans le
secret, la confidence et la nuit » (Devaux, 1957, 213). Quant à la complication, elle naît
de la liberté même laissée au technicien qui s’aperçoit « qu’il est demeuré un rouage dans
une machine complexe et, ne pouvant plus se guider sur l’automatisme du droit financier,
est obligé d’accomplir de pénibles efforts pour engrener avec les autres rouages ». De
leur côté, s’agissant du Budget de l’État, « les comptables étaient invités par le directeur
de la Comptabilité publique à faire ‘exceptionnellement’ le contraire de ce que le texte
prévoyait. Aussi bien s’abstenait‑on de mettre en cause leur responsabilité pécuniaire sauf
en cas de déficit de caisse. » (Devaux, 1957, 210). On mesure à l’aune de ces commen‑
taires la force du mouvement centrifuge après 1945 tel que perçu par Devaux, sinon par
l’ensemble de la rue de Rivoli.

Le risque de démembrement du système financier public :


le cas des entreprises publiques et des organismes d’intervention économique

Dès l’entre‑deux‑guerres, la création de divers établissements publics, dont le


célèbre Office national industriel de l’azote (ONIA) 14, porte atteinte au principe de l’unité
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de trésorerie par l’affectation comptable qu’elle suppose et l’affectation des fonds qu’elle
risque d’engendrer 15. «  Il est rare, écrit Devaux, [que les affectations] n’exercent pas
une influence très fâcheuse dans l’évolution des finances publiques. Elles aboutissent à
créer de petits organismes autonomes à l’intérieur de l’État et des collectivités. Elles sont
fréquemment des manifestations d’intérêts particuliers qui se désolidarisent de la com‑
munauté. » (Devaux, 1957, 106). Il ajoute : « Aussi bien, pendant la période 1920‑1930,
a‑t‑on vu naître comme des champignons de petits établissements publics qui avaient
essentiellement pour but de créer des affectations comptables. » (Devaux, 1957, 108‑109).
Ces établissements sont cependant encore soumis à toutes les règles de la comptabilité
publique. Avec le Front populaire, puis la Libération, les choses changent. Outre les
entreprises publiques de fabrication industrielle (poudres, imprimerie nationale, mon‑
naies et médailles) ou de services (PTT, radiodiffusion, loterie nationale), d’autres bud‑
gets annexes ou comptes d’affectation spéciale 16 se développent. Devaux cite notamment

14.  Célèbre par les controverses qu’il a suscitées (Chatriot, 2013).


15.  L’affectation comptable consiste en l’existence d’une comptabilité spécifique rapportée à l’organisme
concerné sans entrainer d‘affectation matérielle des fonds  ; l’affectation matérielle des fonds, en revanche,
consiste, en contradiction avec le principe d’universalité budgétaire, à réserver une recette en vue d’une dépense
et, rapportée à un organisme public ou parapublic, à lui conférer une autonomie financière et économique indue
au regard du principe selon lequel toutes les ressources de l’État sont confondues pour financer l’ensemble des
dépenses publiques (Lalumière, 72).
16.  Les budgets annexes correspondent à une facilité de gestion accordée à des services publics dont l’ac‑
tivité principale est d’ordre commerciale ou industrielle tout en les maintenant au sein du budget de l’État ; les
comptes spéciaux correspondent à des opérations de nature budgétaire qui devraient figurer au budget de l’État
mais qui permettent de déroger aux règles strictes de la comptabilité publique pour l’enregistrement d’opé‑
rations à caractère industriel ou commercial réalisées accessoirement par des services publics  ; les comptes
d’affectation spéciale se rattachent à la catégorie des comptes spéciaux ; ils présentent trois particularités : ils
sont alimentés par des taxes propres à hauteur d’au moins 80 %, ils financent surtout des dépenses en capital et
assurent principalement des réalisations définitives (Ibid., 58‑62).

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l’imputation de recettes fiscales et parafiscales ou encore de subventions à des dépenses


de nature budgétaire 17 (Devaux, 1957, 129‑130). Enfin après 1945, apparaissent massi‑
vement les entreprises publiques (électricité, gaz, charbon, automobiles, banques) et les
organismes d’intervention économique (ravitaillement, programmes d’investissements
industriels, construction aéronautique, recherche pétrolière par exemple). À propos des
premières et du système de contrôle financier mal défini dont elles faisaient l’objet, il
conclut  : «  Tout se passa comme si l’on avait voulu systématiquement créé à côté de
l’État une puissante féodalité de techniciens dont l’indépendance était beaucoup plus
marquée que celle des collectivités locales. Aussi bien certains nationalisés n’hésitèrent
pas à contester toute allégeance à l’égard du pouvoir central, observant qu’ils n’apparte‑
naient pas à l’État mais à la ‘Nation’ » (Devaux, 1957, 197). Plus grave encore lui paraît
le cas des interventions économiques : sous l’occupation puis pendant la période de la
libération, « l’État [a confié] à des industriels ou à des commerçants (unis le plus souvent
sous forme de sociétés professionnelles) les plus importants secteurs de la vie nationale.
Il leur demandait d’agir en son nom pour organiser l’alimentation, le ravitaillement, la
reconstruction. Il remettait entre leurs mains des fonds publics, des produits d’impôts,
des produits d’emprunts. Il leur recommandait seulement de ne pas se laisser gagner par
les traditions de la bureaucratie étatique et de suivre leurs ‘méthodes privées’ » (Devaux,
1957, 188). Cette intervention de l’État dans l’économie se fait par le truchement de
sociétés anonymes dont l’État possède la majorité ou la totalité du capital, de multiples
groupements professionnels confiés aux représentants des syndicats patronaux ou même
d’organismes dépourvus de toute personnalité morale, établis sous forme de « fonds » par
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une loi, un décret ou un arrêté. Les recettes de ces diverses entités relèvent souvent de la
parafiscalité et « les dépenses [sont] décidées par des comités où toutes sortes d’intérêts
publics ou privés se [trouvent] réunis. » (Devaux, 1957, 199). Devaux décrit encore « un
nombre croissant d’organismes publics [qui] cherchaient en vain les capitaux dont ils
avaient besoin », face à quoi « il fallait que le directeur du Trésor intervienne pour établir
un contact malaisé entre les techniciens et les financiers du secteur parapublic, c’est-à-dire
entre les besoins d’investissement des entreprises industrielles nationales et les ressources
des établissements de crédits nationalisés […]. Il y parvenait au prix de procédures très
coûteuses et très complexes, derrière lesquelles on pouvait toujours retrouver en dernière
analyse la garantie de l’État, résultant soit de promesses officieuses, soit d’un contrat offi‑
ciel signé sans aucun contrôle du Parlement et dénommé ‘lettre d’agrément’ » (Devaux,
1957, 214). Sur ce sujet des interventions économiques, il remarque également : « il n’y
a plus de doctrine ; l’État ne parvient plus à accomplir correctement sa tâche ; il en est
réduit à accepter avec reconnaissance le concours de ceux qui s’offrent pour agir en son
nom ; non seulement il n’y a plus de règles de droit public, mais on sort des cadres les plus
élémentaires du droit privé ». (Devaux, 1957, 200). Éliminant toute forme de reddition
de compte, « les personnels de certaines entreprises nationales, écrit Devaux, n’hésitaient
pas alors à affirmer que les revenus des capitaux dont ils assuraient la gestion ne devaient
pas revenir à l’État mais à eux‑mêmes. » (Devaux, 1957, 217). Face à cette tendance au

17.  S’agissant de recettes fiscales, il s’agit d’un détournement pur et simple de fonds au profit d’un
organisme para‑administratif, alors qu’elles sont originellement destinées à financer la dépense publique dans
sa globalité ; les taxes parafiscales sont le plus souvent directement liées à une activité économique régie par un
organisme para‑administratif et sont en ce cas incluses dans le prix de vente ; les subventions sont des partici‑
pations du budget de l’État à certaines dépenses des collectivités locales ou de divers organismes parapublics.
(Ibid., 63‑66 et 128).

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1034 philippe masquelier

démembrement financier de l’administration, le choix n’est plus, à le suivre, qu’entre la


dislocation finale et le sursaut.

LA REDDITION DES COMPTES AU CŒUR DE LA RÉACTION


CENTRIPÈTE SUSCITÉE PAR L’ADMINISTRATION DES FINANCES

C’est le sursaut qui prévaut, notamment parce que les causes «  légitimes  » de la
spirale centrifuge ont disparu. La pénurie d’aliments ou de matières premières, notam‑
ment, et le climat d’urgence lié aux nécessités de la Reconstruction ont cessé. Une cer‑
taine remise en ordre des chaînes de responsabilité devient possible. L’administration des
Finances s’y attèle dès 1948 en multipliant les initiatives visant le retour à l’orthodoxie
financière, certes en tolérant divers assouplissements ou même en admettant, à son corps
défendant, le recours au contrôle de gestion 18. Cet effort de remise en ordre trouve son
acmé en 1953, alors que le contexte sur le plan politique et administratif devient pour
quelques temps favorable.

1948 : l’amorce d’un retour à un contrôle orthodoxe de la comptabilité publique


au nom de la démocratie
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Ce que Devaux appelle la « réaction centripète » trouve son origine dans la traduc‑
tion, sur le plan gouvernemental, de la nécessité, reconnue par les politiques alertés par
les grands directeurs de Rivoli, d’une remise en ordre et d’un renforcement du système de
reddition des comptes. Dès 1947, sous l’égide de Robert Schuman, ministre des Finances
des gouvernements Ramadier I et II, puis président du Conseil, s’amorcent les conditions
de cette réaction centripète. Les principales manifestations du retour à l’orthodoxie sont
le rétablissement de l’unité du Trésor (Devaux, 1957, 218), à laquelle il a été porté atteinte
par la multiplication d’organismes parapublics à la recherche de leur autonomie finan‑
cière 19, et la restauration de la règle de l’universalité budgétaire. Le cœur de la réforme
amorcée en 1948 est la prise en charge par l’État du financement de tous les grands inves‑
tissements dans le cadre d’un Fonds d’expansion économique, devenu en 1954 Fonds de
développement économique et social. Dès lors, les programmes de travaux sont démo‑
cratiquement approuvés par le Parlement et le montant que l’État est autorisé à investir
est fixé limitativement comme s’il s’agissait d’un crédit budgétaire. Le rétablissement

18.  Devaux distingue « le contrôle de gestion exercé sur les ordonnateurs responsables par un examen
approfondi des comptes annuels  » qu’il assimile à «  un contrôle d’experts orienté vers l’opportunité  » du
contrôle juridique de la régularité des comptables d’une part et, d’autre part, du contrôle juridictionnel de la
Cour des comptes dont il estime qu’il reste indispensable, (Devaux, 230‑234). Sur les questions sémantiques
autour de la comptabilité administrative selon qu’il s’agit de la comptabilité tenue par les ordonnateurs ou d’une
présentation sous une autre forme des opérations budgétaires décrites par ailleurs dans les comptes de gestion
des trésoriers‑payeurs généraux destinée à la Cour des comptes (Descheemaeker, 2013, 150).
19.  La notion d’unité du Trésor procède, selon Devaux, de la doctrine selon laquelle « les collectivités
et les établissements publics sont des démembrements exceptionnels et précaires de la puissance publique. Elle
suppose que l’effet de ces démembrements doit être limité à la responsabilité politique et administrative du
choix de certaines recettes et de certaines dépenses et ne doit pas aller jusqu’à une dispersion des moyens de
trésorerie. Il s’ensuit que les fonds publics forment un ‘bloc’ à la disposition de toutes les personnes morales,
mais géré par l’État, et que les disponibilités des collectivités et établissements publics sont représentées par un
simple ‘avoir’ au Trésor » (Devaux, 1957, 139).

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le débat autour de la redevabilité… 1035

de la régularité dans les comptes de trésorerie de l’État, en particulier dans les comptes
spéciaux, est le second élément de retour à l’orthodoxie aux règles traditionnelles de
contrôle juridique de la comptabilité publique. Le principe que la rue de Rivoli s’efforce
de définir à cette époque est qu’aucune recette, aucune dépense ne peut être exécutée
pour le compte de l’État si elle n’a pas été prévue dans une loi de finances annuelle, soit
au titre du budget, soit au titre d’un compte spécial. Dans cet esprit, les articles 37 à 47
de la loi n° 48‑24 du 6 janvier 1948 relative à diverses dispositions d’ordre budgétaire
pour l’exercice 1948 et portant création de ressources nouvelles et 48 de la loi n° 48‑1516
du 26 septembre 1948 fixant l’évaluation des voies et moyens du budget général pour
l’exercice 1948 et relative à diverses dispositions d’ordre financier du 26 septembre 1948,
à la rédaction desquels Devaux a vraisemblablement participé, permettent en particulier
d’isoler les comptes spéciaux, de les enfermer dans un cadre législatif et de les soumettre
à la règle de l’annualité (Descamps, 2014, 417). Simultanément le système de reddition
des comptes se trouve renforcé. Dès avant 1939, la Cour des comptes est reçue à donner
son avis en matière d’ « opportunité » (Descheemaeker, 2013, 148‑149). Dans le prolon‑
gement de cette innovation, la Commission de vérification des comptes des entreprises
publiques, créée en son sein en 1948, est chargée d’apprécier la « gestion » de ces entre‑
prises. Il en va de même pour la chambre en charge de la Sécurité sociale créée vers la
même époque. En 1946 est institué le Comité central d’enquête sur coût et le rendement
des services publics (CCECRSP) (Descamps, 2013, 253‑301) qui contribue notamment
à la régularisation des comptes spéciaux (rapport n° 53 examiné en 1947‑1948). Devaux,
tout en approuvant l’ensemble de ces innovations, nuance son enthousiasme. Il redoute
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une confusion entre régularité et opportunité s’agissant de l’extension des prérogatives
des magistrats de la Cour des comptes. Il regrette l’absence de comptables personnelle‑
ment et pécuniairement responsables au sein des entreprises publiques ou des organismes
de Sécurité sociale. Il déplore triplement : que le CCECRSP soit trop exclusivement com‑
posé de membres des grands corps de l’État, qu’il mène dans un « esprit militaire » des
enquêtes qui auraient dû relever de la « négociation diplomatique » et qu’il se soit « trop
longtemps attaché à la chimère du ‘rendement commercial’ » (Devaux, 1957, 76). Enfin,
il est sceptique sur le mode de responsabilité, pénale et non civile, institué par la Cour
de discipline budgétaire et financière crée en 1948 et censée renforcer le contrôle sur les
ordonnateurs. Il estime que « l’erreur fondamentale paraît être de prétendre juger la faute
d’un fonctionnaire (sur plainte extérieure) au lieu d’examiner l’ensemble des actes de ce
fonctionnaire et de dire s’il y a des fautes. » (Devaux, 1957, 80‑81)

La réactivation de la notion de reddition des comptes en 1953 entre marchandages


et réinvention des règles de la comptabilité publique

Après 1948, 1953 est l’année d’une deuxième poussée de remise en ordre des
conditions de reddition des comptes. En vertu des pouvoirs spéciaux conférés par la loi
n° 53‑611 du 11 juillet 1953 portant redressement économique et financier, obtenus du
Parlement par une coalition de droite menée par Joseph Laniel, la possibilité est offerte de
prendre par décrets une succession de textes dont Devaux est là encore l’auteur probable.
Sortant de ses attributions de directeur de la Comptabilité publique, il obtient l’oreille de
son ministre, Edgar Faure, et, dixit ce dernier, lui fait « pénétrer les arcanes de la finance
contemporaine ». Sans doute lui « vend‑il » au passage les textes qu’il médite afin de
restaurer l’autorité des Finances et qui vont contribuer à une réinvention des règles de
la comptabilité publique. La tactique alors adoptée par Rivoli consiste, selon Devaux, à

Revue française d’administration publique n° 160, 2016, p. 1027-1040


1036 philippe masquelier

grignoter l’indépendance abusive que les entités protéiformes du secteur parapublic avaient
acquises « soit en consolidant un privilège en échange d’un autre privilège plus redoutable,
soit en introduisant un petit germe d’orthodoxie dans un secteur privilégié  » (Devaux,
1957, 227). Dans le premier cas, il s’est essentiellement agi de tolérer de multiples affec‑
tations comptables pour mieux éviter l’affectation des fonds. La rue de Rivoli se trouve
confrontée dans les années cinquante à une forte demande d’autonomie de gestion des
multiples entités publiques et surtout parapubliques qui fleurissent alors. Cette demande
se traduit par la volonté d’obtenir une affectation des fonds, ce qui porterait atteinte au
sacrosaint principe d’orthodoxie financière de l’unité de Trésorerie. L’administration des
Finances ne peut souffrir un tel sacrilège. En revanche, celle‑ci, par esprit de transaction,
admet différentes affectations comptables, au prix, écrit Devaux, de multiples jeux d’écri‑
tures inutiles 20. Fonds de concours, crédits de reports, chapitres ouverts « pour mémoire »
et même création en 1954 d’un titre VIII du budget de l’État où sont inscrites les opérations
d’anciens comptes d’affection spéciale dont tous les avantages sont confirmés, tels ont été
les modes d’affectation comptables admis en échange de la restauration de l’universalité
budgétaire. Quant aux entreprises nationales que Devaux décrit comme étant «  farou‑
chement opposées à la notion d’agents comptables de droit public », elles sont amenées,
par nécessités fonctionnelles, à organiser leurs services en réintroduisant la séparation
ordonnateur/comptable à leur échelon propre. Il faut, en revanche, deux textes de nature
législative, pour introduire les règles de comptabilité publique dans le secteur des inter‑
ventions économiques. Par la loi n° 53‑633 du 25 juillet 1953 portant aménagements fis‑
caux, l’ensemble des taxes parafiscales doivent obligatoirement faire l’objet d’un examen
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annuel soumis à l’approbation du Parlement. Le décret‑loi n° 53‑933 du 30 septembre
1953 relatif au statut, à l’organisation et au fonctionnement des organismes d’intervention
économique de caractère privé encadre strictement les opérations qui ne sont pas confiées
à des personnes morales publiques. Les sociétés professionnelles concernées, à caractère
privé, sont fortement surveillées par des contrôleurs financiers et des commissaires du
Gouvernement qui possèdent un droit de veto et leurs opérations sont contrôlées a poste‑
riori par une commission présidée par un magistrat de la Cour des comptes. Leurs statuts
et la désignation de l’ensemble de leur appareil de direction doivent être approuvés par
le ministre du département technique de tutelle et par le ministre des Finances. Enfin,
leur comptabilité est confiée à un agent comptable agréé par le ministre des Finances
et pécuniairement responsable. Devaux constate que «  ce texte représente le plus gros
effort accompli jusqu’ici pour transposer dans le domaine privé – avec d’indispensables
assouplissements – les règles essentielles de la comptabilité publique  ». Il ajoute avec
satisfaction : « Son application ne s’est heurtée à aucune difficulté notable » (Devaux,
1957, 230). Il estime au demeurant que, s’agissant du secteur public à caractère industriel
et commercial, il serait opportun de s’inspirer des dispositions du décret‑loi n° 53‑933 du
30 septembre 1953 relatif au statut, à l’organisation et au fonctionnement des organismes
d’intervention économique de caractère privé afin de renforcer la position des comptables
en leur donnant plus d’indépendance face aux «  ordonnateurs  », c’est-à-dire les prési‑
dents et directeurs généraux (Devaux, 1957, 234). Enfin, dans le but de lutter contre les
caisses noires et de verrouiller l’ensemble du système, Devaux obtient du Parlement qu’il
adopte un texte de loi sur les gestions de fait (loi n° 53‑1336 du 31 décembre 1953 relative
aux comptes spéciaux du Trésor pour l’année 1954). À ceux qui plaident pour l’assou‑
plissement des règles de la comptabilité publique sur le terrain, il rappelle la solution des

20.  Voir sur ce point Devaux, (1957, 108‑109, 131, 138‑139, 194 et 219‑220 (note 1)).

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le débat autour de la redevabilité… 1037

régies d’avances et de recettes 21. Simultanément, afin de limiter l’évaporation financière


potentiellement liée à leur multiplication, il s’attaque à la question de la responsabilité des
régisseurs d’avances ou de recettes qui, pour des raisons de souplesse et de commodité
(menues dépenses courantes notamment), sont autorisés à détenir des deniers publics
sans être comptables (décret n° 51‑135 du 5 février 1951 relatif aux régies d’avances et
aux régies de recettes instituées pour le paiement de dépenses ou la perception de recettes
imputables au budget de l’État, aux budgets annexes, aux budgets des établissements
publics nationaux ou aux comptes spéciaux du Trésor, complété par le décret n° 53‑1271
du 24 décembre 1953 relatif aux régies d’avances et de recettes).

Le cas des entreprises publiques, ou le recours non orthodoxe


au contrôle de gestion et au primat réaffirmé du contrôle juridictionnel

En dépit de ces efforts, Devaux estime que la règle financière est très loin d’avoir
retrouvé la place normale qu’elle occupait autrefois dans le secteur public. Malgré « l’es‑
prit de transaction  » dont ont fait preuve les Finances, celles‑ci n’avaient pas réussi à
faire renaître au sein de toutes les personnes morales publiques la préoccupation d’un
équilibre budgétaire indépendamment de l’aide de l’État, y compris dans le secteur public
à caractère industriel et commercial. C’est pourquoi, toujours en 1953, les conditions de
reddition de comptes des entreprises et établissements publics sont modifiées dans deux
directions : les règles de contrôle sont adaptées, généralisées et harmonisées dans le but
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d’éviter qu’aucun échelon puisse s’y dérober et le contrôle proprement dit s’oriente vers
la gestion appuyée sur la culture du chiffre.
Le premier point est traité par les décrets du 9 août 1953 n° 53‑707 relatif au contrôle
de l’État sur les entreprises publiques nationales et certains organismes ayant un objet
d’ordre économique ou social et n° 53‑708 relatif aux modalités d’exercice du contrôle
des entreprises bénéficiant de la garantie de l’État. Dans l’exposé des motifs communs
à ces deux textes, on trouve des préoccupations concernant la codification, la cohérence
et l’exhaustivité en matière de contrôle 22, notamment en ce qui concerne la création de
filiales d’entreprises ou d’établissements publics ainsi que les risques encourus par le
Trésor en raison de la garantie apportée par l’État 23. Enfin, si l’on en croit l’ouvrage
de Devaux, la composition des conseils d’administration des entreprises publiques est
progressivement remaniée afin d’assurer une représentation efficace du ministère des
Finances, du département technique intéressé et du département de l’Économie nationale.
Le système de reddition des comptes, en revanche, est entièrement aux mains de fonction‑
naires financiers : « le contrôle permanent fut assuré simultanément par des commissaires

21.  « À défaut de la ‘caisse noire’ individuelle, l’imagination fertile de certains techniciens a trouvé une
autre formule. Ils créent une ‘association’ de la loi de 1901 » (Devaux, 1957, 226). Selon Devaux, une solution,
juridiquement consacrée, existe pour les dépenses urgentes, les régies d’avances.
22.  « Il s’agit moins de créer des obligations nouvelles que de codifier et généraliser des règles d’appro‑
bation déjà édictées par la plupart des statuts et ayant trait aux décisions essentielles », Exposé des motifs des
décrets du 9 août 1953 n° 53‑707 « relatif au contrôle de l’État sur les entreprises publiques nationales » et
n° 53‑708 « relatif aux modalités d’exercice du contrôle des entreprises bénéficiant de la garantie de l’État »,
JORF, 10 août 1953, p. 7051.
23.  « Il est […] un domaine où l’expérience récente a montré la nécessité de renforcer l’efficacité du
contrôle : il s’agit des entreprises privées bénéficiant sous diverses formes de la garantie de l’État. L’octroi d’une
telle aide financière fait assumer au Trésor des risques fort importants qui rendent souhaitable l’institution
d’une mission de contrôle spécialisée. », Idem.

Revue française d’administration publique n° 160, 2016, p. 1027-1040


1038 philippe masquelier

du Gouvernement relevant à la fois de l’Économie nationale (direction du Contrôle) et des


Finances (direction du Budget et direction du Trésor) » (Devaux, 1957, 231). Toutefois,
sans remettre explicitement en cause les décrets du 9 août et du 30 septembre 1953 déjà
cités, une loi n° 55‑360 du 3 avril 1955 abrogeant les décrets du 11 mai 1953, qui éta‑
tisaient les entreprises publiques et portaient atteinte aux principes essentiels des natio‑
nalisations, exprime une réaction contre la tendance à appliquer les règles budgétaires
ainsi que celles de la comptabilité publique aux entreprises nouvellement nationalisées
(Quennouëlle‑Corre, 231) 24.
Concernant le contrôle proprement dit, tenant compte de ce type de réaction qui
émaille les années cinquante et constatant que les « techniciens » n’étaient en définitive
pas opposés à la notion de contrôle, la rue de Rivoli accepte selon Devaux, avec un peu
d’hésitation, de s’engager dans «  un contrôle d’experts orienté vers l’opportunité  » au
lieu du « contrôle ‘ juridique’ de la régularité » que cherchent à fuir les nouveaux orga‑
nismes para‑administratifs : dès 1948, « la direction de la Comptabilité publique, joignant
ses efforts à ceux du département de l’Économie nationale, obtint que toutes les entre‑
prises publiques adoptent le plan comptable normalisé qui avait été prévu pour le secteur
privé » (Devaux, 1957, 235). La reddition de comptes, dès lors, ne s’accomplit plus dans
le service de la règle mais dans une tentative d’évaluation des résultats que les progrès
de la technique comptable permettent d’affiner. Au demeurant, cette tendance gagne les
Finances elles‑mêmes, en particulier par l’établissement de la situation statistique heb‑
domadaire (SH) et l’effort d’éducation comptable que fournit la rue de Rivoli. Pourtant,
Devaux, malgré le réel intérêt qu’il porte à la technique comptable, conclut avec force que
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« si le contrôle de gestion peut compléter utilement le contrôle juridictionnel, il ne peut
jamais le remplacer » et qu’« il demeure indispensable […] de soumettre toutes les justi‑
fications des opérations publiques (commerciales ou non commerciales) à un juge qui ne
soit pas un simple commissaire aux comptes d’origine privée » (Devaux, 1957, 234). En
matière de reddition de comptes, le primat qu’il accorde à l’arsenal juridique de la comp‑
tabilité publique sur la production comptable de résultats chiffrés se justifie par le degré
de certitude auquel parviennent respectivement la comptabilité et le droit. L’une informe,
l’autre met en forme. L’une est indicative, l’autre relève de l’impératif. L’une dépend
d’une réalité complexe qui lui échappe, qu’elle peine à saisir et à laquelle elle ne s’impose
pas ; l’autre relève d’une fiction à laquelle il lui est loisible de répondre en fonction de ses
propres normes. Rendre compte pour Devaux, ce n’est pas d’abord, comme pour Masson,
présenter des comptes ; c’est avant tout, comme pour Lafontaine, se conformer au droit
et appliquer fidèlement la règle. En tant que praticien chargé de limiter la dépense, il ne
croit guère à la « rationalité comptable » des acteurs et à leur capacité à s’autolimiter en
fonction d’une connaissance des chiffres, fut‑elle proche de la réalité.

*
* *
Avec le témoignage de Gilbert Devaux, l’historien dispose, s’agissant de la notion
de reddition de comptes dans les années 1950, d’une balise qui lui permet de repérer

24.  C’est ainsi par exemple que Gaston Cusin, inspecteur de l’Économie nationale pouvait écrire dans
une note du 27 octobre 1948 : « On doit à tout prix éviter de stériliser les entreprises nationalisées par l’appli‑
cation des règles de la comptabilité publique et rechercher, au contraire, leur rentabilité que la comptabilité
commerciale permet seule d’apprécier », SAEF, 5A18.

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le débat autour de la redevabilité… 1039

un moment crucial où l’État, devenu acteur de l’économie, a cherché à contourner ses


propres règles au risque de se démembrer lui‑même. Si la pression des circonstances a
pu, entre 1945 et 1947, justifier les errements de nombreuses entités publiques ou parapu‑
bliques, les habitudes prises et le goût spontané de l’autonomie ont conduit à une remise
en cause globale du processus de reddition de comptes, notamment sur le plan financier.
Y mettre fin fut l’un des axes majeurs de l’action de Gilbert Devaux. Les nombreux textes
pris entre 1948 et 1956 afin d’établir ou de rétablir un régime de responsabilité conforme
aux règles de la comptabilité publique l’ont souvent été à son initiative.
Devaux initia également dès 1953 une réforme codificatrice plus large avec le
décret‑loi n° 53‑714 du 9 août sur la responsabilité des comptables publics et le décret
n°  53‑948 du 30 septembre complétant le décret précédent. Ceux‑ci visaient, notam‑
ment, à renforcer l’indépendance du comptable public mais ne reçurent jamais de décrets
d’application et furent abrogés par l’article 60 de la loi de finances du 23 février 1953.
Première partie d’un projet de codification générale que Devaux n’eut pas le loisir de
poursuivre 25, cette réforme eut permis de renforcer structurellement les textes plus ponc‑
tuels que nous avons cités et qui régissent la reddition des comptes des divers organismes
parapublics. Ajoutons qu’il n’est pas interdit de penser que, dans les années qui ont suivi,
sous l’influence d’une nouvelle génération d’administrateurs, il semble que le contrôle de
gestion, conforté par l’affirmation d’une culture du chiffre, ait pris le pas sur le contrôle
juridictionnel. Dans quelle mesure la reddition de comptes au sens d’information chiffrée
a‑t‑elle, par la suite, primée sur la reddition de comptes, façon « Lafontaine », au sens de
la mesure juridique et formelle d’une responsabilité ? La question est toujours d’actualité
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face aux évolutions intervenues depuis : décentralisation et multiplication des établisse‑
ments publics industriels et commerciaux ou d’autorités administratives indépendantes.
Gageons que le jeu entre forces centrifuges et centripètes qui a tant occupé Devaux, s’il a
changé de contexte, travaille encore les modalités de reddition des comptes, tant le long
de la chaîne de responsabilités de l’exécutif que vis‑à‑vis du Parlement.

Références bibliographiques

Campagnole, Édouard (1894), « Comptabilité publique », in L. Foyot et A. Lanjalley, Dictionnaire


des Finances, Léon Say (dir.), Paris, Berger‑Levrault.
Chatriot, Alain (2013), « Les offices : une innovation institutionnelle ou un problème pour le contrôle
budgétaire ? », in Philippe Bezes, Florence Descamps, Sébastien Kott, Lucile Tallineau (dir.),
L’invention de la gestion publique, Du contrôle de la dépense à la gestion des services publics
(1914‑1967), Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France.
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© Institut national du service public | Téléchargé le 30/12/2022 sur www.cairn.info (IP: 102.101.189.173)

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