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Inhibine 5
Inhibine 5
www.elsevier.com/locate/immbio
Profils immuno-analytiques
Les inhibines
C. Coussieu *
Service de biochimie médicale, hôpital Hôtel-Dieu, 1 place Parvis Notre-Dame, 75004 Paris, France
Reçu le 5 mai 2003
• les processus de dimérisation qui contribuent à favoriser demment. Ce sont pour l’essentiel les travaux réalisés par les
ou non la présence des formes dimériques des inhibines équipes de Robertson et al. [29], Mason et al. [22] et Good et
A et B par rapport aux formes monomériques (Pro-aC al. [10].
par exemple) ;
• la nature du liquide biologique étudié : sérum, liquide 2.5.1. Mesure de la bioactivité in vitro
amniotique ou liquide folliculaire [29,38] ; Les dosages visant à étudier l’activité biologique (BIA)
• les circonstances physiologiques. Les travaux de Ro- consistent à quantifier sur des cellules hypophysaires en cul-
bertson ont montré que cette répartition n’est pas la ture soit l’inhibition de la sécrétion de FSH soit la sécrétion de
même dans un sérum de femme ménopausée versus un LH induite par le Gn-RH. Ils sont réalisés soit sur des cellules
sérum de femme au cours d’une stimulation ovarienne hypophysaires de rat sensibles aux deux types d’inhibine : A
par les gonadotrophines ou versus un sérum d’homme. et B (méthode décrite par Scott [33]) soit sur des cellules
Elle varie même au cours de l’évolution d’un processus hypophysaires d’ovin très sensibles à l’inhibine A, beaucoup
physiologique comme la grossesse [34,36] ; moins à l’inhibine B (méthode décrite par Tsonis [37]).
• les processus pathologiques : cancer de l’ovaire [31], Ces BIA sont difficiles à maîtriser, leur reproductibilité est
mole hydatiforme [19] par exemple. parfois peu satisfaisante au sein d’un même laboratoire [10].
Ils donnent également des résultats très divergents d’un labo-
2.5. Formes biologiquement actives ratoire à l’autre. Ainsi, lors de la mise au point d’un Standard
International d’inhibine porcine (86/690) en 1992, l’activité
Rares sont les études qui ont analysé avec précision la biologique du même échantillon délivré à 10 équipes diffé-
bioactivité de toutes les formes moléculaires citées précé- rentes variait d’un facteur 4 [9].
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3.1.1. L’ovaire
L’Inhibine B est synthétisée en période de transition lutéo- 4. Demi-vie
folliculaire puis au cours de la phase folliculaire précoce par
Il n’existe pas d’étude, à notre connaissance, qui ait établi
les cellules de la granulosa des petits follicules à antrum et les
les demi-vies des différentes formes moléculaires d’inhibine.
follicules pré-antraux [41]. L’inhibine A est synthétisée es-
Une donnée parcellaire a été apportée par un travail de
sentiellement par les cellules de la granulosa du follicule
Muttukrishna et al. en 1997 qui a montré sur un groupe de
dominant et par les cellules de la granulosa lutéinisées.
12 femmes qu’après « avortement » provoqué la concentra-
tion plasmatique d’InhA diminuait significativement pendant
3.1.2. L’unité foeto-placentaire
la première heure puis diminuait progressivement au cours
Le syncitiotrophoblaste placentaire est le lieu de produc-
des 3 heures suivantes tandis que la concentration plasmati-
tion majeur des sous-unités a et ßA. Il synthétise l’inhibine A
que du Pro-aC diminuait pendant la première heure puis
qui est exclusivement secrétée vers la circulation maternelle.
restait stable pendant les 3 heures suivantes.
La couche chorionique des membranes fœtales secrète
l’inhibine A et l’inhibine B en quantités identiques mais de
manière unidirectionnelle vers le liquide amniotique. 5. Concentrations physiologiques
Seul le testicule d’un fœtus mâle peut être en fin de
grossesse à l’origine de la sécrétion d’inhibine B dimérique 5.1. Chez la femme
dans la circulation fœtale et le liquide amniotique.
Enfin, le Pro-aC retrouvé dans la circulation maternelle 5.1.1. Au cours du cycle
est d’origine placentaire. Le Pro-aC retrouvé dans le liquide Les inhibines sont synthétisées au cours du cycle mens-
amniotique est, lui, d’origine placentaire mais peut égale- truel par les cellules de la granulosa.
ment avoir pour origine la corticosurrénale fœtale L’inhibine B, synthétisée par les petits follicules à antrum,
[6,23,26,28,39]. prédomine dans la circulation sanguine en période de transi-
tion lutéo-folliculaire et en début de phase folliculaire. Son
3.2. Chez l’homme évaluation est aujourd’hui classiquement intégrée au bilan
d’évaluation de la « réserve ovarienne ». Ce bilan est réalisé
Seule l’inhibine B est synthétisée chez l’homme. le troisième jour du cycle menstruel.
La cellule de Sertoli est le lieu majeur de production L’inhibine A, produite par le follicule dominant et le corps
d’inhibine B. Les deux sous-unités a et ßB y ont été identi- jaune, n’est pas utilisée aujourd’hui en pratique clinique
fiées par immunohistochimie. L’expression de leur mRNA a comme marqueur de la fonction ovarienne.
été démontrée. Elles ont également été identifiées dans les À titre indicatif sur le Tableau 1 est présenté l’évolution de
milieux de culture de cellules de Sertoli. Les modalités de la la concentration plasmatique d’inhibine A [inhA] et d’inhi-
dimérisation (localisation, régulation...) ne sont pas encore bine B [inhB] au cours du cycle menstruel.
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Tableau 1
Concentrations plasmatiques d’inhibine B et d’inhibine A chez la femme au cours du cycle (PF : phase folliculaire, PL : phase lutéale) (d’après Welt et al, [40])
Début de PF Milieu de PF Fin de PF Début de PL Fin de PL
Inhibine B (pg/mL)
< 35 ans (n = 23) 112 ± 10 146 ± 10 117 ± 11 94 ± 12 36 ± 6
≥ 35 ans (n = 21) 88 ± 7 117 ± 9 85 ± 8 64 ± 6 22 ± 2
Inhibine A (IU/mL)
< 35 ans (n = 23) 1,2 ± 0,3 1,6 ± 0,4 7,9 ± 3,9 8,5 ± 1,1 3,5 ± 0,5
≥ 35 ans (n = 21) 1,0 ± 0,2 1,3 ± 0,2 4,1 ± 0,5 7,2 ± 0,7 2,4 ± 0,5
Tableau 2
Valeurs de « référence » de l’inhibine B en pg/mL (moyenne ± sm) chez l’homme adulte déterminées chez des patients ne souffrant pas de dysfonctionnement
de la spermatogénèse
Brailly et al. [4] Foresta et al. [7] Jensen et al. [17] Kolb et al. [21] Pierik et al. [27]
172 ± 11 148 ± 47 220 ± 91 255 ± 59 182 ± 9
n = 19 n = 25 n = 187 n=8 n = 49
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tion de la détection de l’inhibine A par les Elisas si le Toutes les formes d’inhibine B présentées sur la Fig. 2
prélèvement sanguin est conservé sous la forme de sang total. sont mesurables par cet Elisa [15].
D’après cette étude, cette interférence, liée aux catalases Spécificité : moins de 0,1 % de réaction croisée avec
érythrocytaires, est éliminée si l’échantillon est prétraité par l’Activine A et B, la follistatine et le Pro-aC humain et 0,5 %
la chaleur. avec l’inhibine A recombinante.
6.2.1.2. Dosage par la trousse DSL 10–28100. Cet Elisa 6.2.3. Dosage du Pro-␣C
fabriqué et distribué par Diagnostic Systems Laboratories, Il n’existe actuellement qu’un seul Elisa commercialisé
Inc., Webster, Texas, USA, utilise le même couple d’anti- pour doser le Pro-aC. Il s’agit de la trousse MCA 1254KZZ
corps monoclonaux que la trousse d’Oxford Bio-Innovation fabriquée par Oxford Bio-Innovation et distribuée en France
[20]. L’étape pré-analytique de traitement par le SDS a été par Argène.
supprimée et l’oxydation par H2O2 est directement réalisée Le principe de cet Elisa a été publié par Groome et al en
dans le micropuit. 1995 [12]. Il utilise un couple d’anticorps monoclonaux.
Les standards sont calibrés sur le 1er IRP WHO 91/624 qui L’Ac de capture (INPRO13) est préparé à partir d’un peptide
contient l’inhibine A recombinante 32 kDa. La gamme d’éta- synthétique CQGLELARELVLAKVRALFLDALGPPAV-
lonnage s’étend de 10 à 1000 pg/mL. La limite de détection TREGGDPGVRRLPRR issu du pro-peptide de la sous-unité
analytique est de 1 pg/mL. Les réactions croisées sont à 1 µg a. Le deuxième monoclonal Ac (R1) fragment Fab conjugué
/mL de 0,012 % pour l’inhibine B, 0,002 % pour l’Activine à la phosphatase alcaline reconnaît la partie N–terminale
A, 0,001 % pour l’Activine B et à 0,27 µg/mL de 0,01 % pour (1–32) de la sous-unité aC [29, 36]
le Pro-aC. Cet Elisa mesure les formes précurseurs des inhibines A et
Les performances analytiques et les conditions pré- B (≠ 65 kDa et ≠108 kDa) et les formes libres de la sous-unité
analytiques de cet Elisa ont été publiées [1,16,24]. a comme le Pro-aC et le Pro-aN-aC. Toutes les formes
Une comparaison des résultats d’inhibine A sérique obte- d’inhibine présentées sur la Fig. 2 qui possède à la fois la
nus par la trousse DSL versus la trousse Serotec a été effec- pro-région et la région aC sont reconnues par cet Elisa.
tuée sur 214 échantillons (50 à 1200pg/mL) : la droite de
régression a pour expression DSL = 1,16 Serotec – 9,35 ; 6.2.4. Dosage de l’␣C
r = 0,94 [24]. Le principe de cet Elisa a été publié par Robertson et
Groome et al en 2001 [30]. Il utilise un couple d’anticorps
6.2.2. Dosage de l’inhibine B monoclonaux. L’Ac de capture (PO#23) est dirigé contre la
Il n’existe actuellement qu’un seul Elisa commercialisé séquence d’acides aminés 342 à 356 de la sous-unité a. Le
pour doser l’inhibine B. Il s’agit de la trousse MCA deuxième monoclonal Ac (R1) fragment Fab conjugué à la
1312KZZ fabriquée par Oxford Bio-Innovation et actuelle- phosphatase alcaline reconnaît la séquence d’acides aminés
ment distribuée en France par Argène. 235–259 de la sous-unité a.
Le principe de cet Elisa a été publié par Groome et al en L’étalon utilisé dans cet Elisa est l’inhibine A recombi-
1996 [13]. Il utilise un couple d’anticorps monoclonaux. nante 30 kDa WHO 91/624. La gamme d’étalonnage s’étend
L’Ac de capture (C5) est préparé à partir d’un peptide syn- de 8 à 1000 ng /mL.
thétique IPTKLSTMSMLYFDDEYNIVKDRVPNMI- Cet Elisa reconnaît toutes les formes d’inhibine A et B, le
VEECG issu de la de la sous-unité ßB. Le deuxième mono- Pro-aC et le Pro-aN-aC. Il présente moins de 0,2 % de
clonal Ac (R1) fragment Fab conjugué à la phosphatase réaction croisée avec l’Activine A.
alcaline reconnaît la partie N–terminale (1–32) de la sous-
unité aC [29,36]. 6.3. Les standards internationaux
Cet Elisa est précédé d’un traitement de l’échantillon par
6.3.1. Inhibine A
le SDS suivi d’une incubation en présence de H2O2 permet-
Depuis 1996, il existe un « First International Standard for
tant une oxydation des résidus méthionine qui « augmente la
Inhibin Human Recombinant » [32]. Il s’agit d’une prépara-
sensibilité de l’immunodosage ».
tion lyophilisée d’inhibine A 32kDa, nommée 91/624. Il a été
L’étalon utilisé dans cette trousse est d’après la notice « un validé par « the Expert Committee on Biological Standardi-
standard préparé par extraction d’un mélange de formes zation of the World Heath Organization ». Chaque ampoule
d’inhibine obtenu à partir de liquide folliculaire. La concen- contient 150 000 unités internationales.
tration en est déterminée par calibration contre l’inhibine B L’existence d’un standard international n’évite cependant
recombinante 32kD. Ce standard n’a pas le statut officiel de pas aux différentes trousses de dosage d’inhibine A actuelle-
standard. Le National Institute for Biological Standards ment commercialisées de donner des résultats sensiblement
(NIBSC) a produit un standard immunopurifié international différents. Les récents travaux de Knight et al. [20] montrent
temporaire pour l’inhibine B pour Elisa ». que les [inkA] obtenues par la trousse DSL sont en moyenne
La gamme d’étalonnage s’étend de 15,6 à 500 pg/mL, sa 48% plus élevées que celles qui sont obtenues par la trousse
sensibilité est < 15pg/mL. Serotec (devenue Oxford BioInnovation depuis) alors que
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ces deux trousses utilisent le même couple d’Ac monoclo- [11] Groome NP, Illingworth PJ, O’Brien M, Cooke I, Ganesan TS,
naux. Ces résultats de Knight et al. ne confirment pas ceux Baird DT, et al. Detection of dimeric inhibin throughout the human
menstrual cycle by two-site enzyme immunoassay. Clin Endocrinol
mentionnés par Mistry et al. [24] en raison probablement du (Oxf) 1994 Jun;40(6):717–23.
manque d’homogénéité des calibrations. [12] Groome NP, Illingworth PJ, O’Brien M, Priddle J, Weaver K,
McNeilly AS. Quantification of inhibin pro-alpha C–containing forms
6.3.2. Inhibine B in human serum by a new ultrasensitive two-site enzyme-linked
Robertson et al. ont en 1996 utilisé une inhibine B recom- immunosorbent assay. J Clin Endocrinol Metab 1995 Oct;80(10):
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binante préparée par Genentech mais cette préparation n’est
[13] Groome NP, Illingworth PJ, O’Brien M, Pai R, Rodger FE,
pas reconnue actuellement comme étalon de référence. Le
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mélange de formes d’inhibine obtenu à partir de liquide Enzyme immunoassays for inhibins, activins and follistatins. Mol
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folliculaire. La concentration en est déterminée par calibra-
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tion contre l’inhibine B recombinante 32kD. Ce standard n’a Conference Melbourne, Australia, October 26–29, 2000.
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