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Immuno-analyse & Biologie spécialisée 18 (2003) 199–206

www.elsevier.com/locate/immbio

Profils immuno-analytiques

Les inhibines
C. Coussieu *
Service de biochimie médicale, hôpital Hôtel-Dieu, 1 place Parvis Notre-Dame, 75004 Paris, France
Reçu le 5 mai 2003

1. Nom de l’analyte les techniques employées et le modèle expérimental utilisé,


une valeur « moyenne » est proposée, les valeurs extrêmes
Les inhibines trouvées dans la littérature [10,14,22,29] sont indiquées ci-
dessous entre parenthèses et en italique.
Le précurseur issu de cette première protéolyse est le
2. Structure Pro-aN-aC d’environ 50 kDa (47–60), composé de 348 aci-
des aminés (aa) [25]. Il est constitué de 3 parties qui sont, de
Les inhibines sont des protéines appartenant à la superfa- l’extrémité N–terminale à l’extrémité C–terminale : une
mille des TGF-ß. Cette famille regroupe d’autres facteurs « pro-région » d’environ 10 kDa (6 à 10) (43 aa), une région
intervenant également dans la régulation de la fonction gona- N–terminale dite aN d’environ 23 kDa (20–23) (171 aa) qui
dique : les activines, l’hormone anti-mullérienne (AMH), le porte 1 site de glycosylation et une région C–terminale dite
GDF-9 (growth differentiation factor-9) et le BMP (bone aC d’environ 17 kDa (17–23) (134 aa) qui porte 2 sites de
morphogenetic protein) [18]. glycosylation.
Les inhibines sont des glycoprotéines hétérodimèriques
La protéolyse du Pro-aN-aC est plus ou moins complète
constituées de 2 sous-unités a et ß. Chacune de ces sous-
suivant les circonstances physiopathologiques et la localisa-
unités est synthétisée sous forme de précurseurs qui sont
tion tissulaire. Les éléments issus de cette protéolyse sont : le
progressivement protéolysés et glycosylés (les protéases in-
aN-aC d’environ 40 kDa (40–45), le Pro-aC d’environ
tervenant dans le clivage des précurseurs des inhibines ne
27 kDa (26–30) et le aC d’environ 17 kDa (17–23).
sont pas encore identifiées). Les éléments issus de cette
protéolyse sont ensuite unis par un pont disulfure pour for-
2.1.2. La sous-unité bêta
mer des protéines dimériques. Cette dimérisation n’est pas
systématique : il peut exister des formes monomériques is- Elle est spécifique de chaque type d’inhibine. Il existe des
sues exclusivement de la protéolyse de la chaîne a [22]. sous-unités ß de type A, B, C, D et E. Les sous-unités ßA et ßB
sont issues chez l’homme de la transcription d’un gène situé
2.1. Eléments composant la structure des inhibines sur le chromosome 7 (région p15–––p14) pour ßA et sur le
chromosome 2 (région cen––––q13) pour ßB [3].
2.1.1. La sous-unité alpha La sous-unité ß est différente suivant les inhibines : la
La sous-unité a est commune à toutes les inhibines. Elle sous-unité ß est de type A pour l’inhibine A et de type B pour
est issue chez l’homme de la transcription d’un gène situé l’inhibine B.
chez l’homme sur le chromosome 2 (région q33–––qter) [3]. La sous-unité ß est synthétisée sous forme d’un précurseur
La sous-unité a est synthétisée sous forme d’un pré- Proß-ß de 58 kDa (de 406 aa pour ßA) constitué de 2 parties :
précurseur nommé Pré-Pro-aN-aC. Ce pré-précurseur est une région N–terminale Proß de 43 kDa (de 290 aa pour
ensuite soumis du côté N–terminal à des réactions successi- ProßA) qui porte 1 site de glycosylation et une région C–ter-
ves de protéolyse et de glycosylation qui conduisent à la minale ß de 15 kDa (de 116 aa pour ßA). Ce précurseur est
formation de plusieurs protéines de masse moléculaire (MM) soumis à une protéolyse plus ou moins complète suivant les
différentes (Fig. 1). L’estimation de cette MM variant suivant circonstances physiopathologiques et la localisation tissu-
laire. Les éléments issus de cette protéolyse sont : le précur-
* Auteur correspondant. seur non protéolysé Proß-ß, l’élément N–terminal Proß et
Adresse e-mail : christiane.coussieu@htd.ap-hop-paris.fr (C. Coussieu). l’élément C–terminal ß.
© 2003 Publié par Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS.
doi:10.1016/S0923-2532(03)00066-8
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Fig. 1. Éléments composant la structure des inhibines.

2.2. Structure des inhibines 2.3. Homologie inter-espèces des inhibines

La structure des inhibines a été peu modifiée chez les


Les différents éléments décrits ci-dessus peuvent mutuel-
mammifères au cours de l’évolution : il existe :
lement s‘assembler pour former (Fig. 2) :
• 85 % d’homologie entre les sous-unités a humaine,
• des protéines hétérodimèriques de MM variables :
bovine, porcine, murine et ovine ;
C aC et ß(A ou B) d’environ 32 kDa (30–36) ;
• 100 % d’homologie entre les sous-unités ßA humaine,
C aN-aC et ß(A ou B) d’environ 55 kDa (55–58) ;
bovine, porcine et murine ;
C Pro-aN-aC et ß(A ou B) d’environ 65 kDa (55–66) ;
• 95% d’homologie entre les sous-unités ßB de ces espè-
C aC et le proß (A ou B)ß(A ou B) d’environ 75 kDa (66–
ces.
75) ;
Il existe également 70 % d’homologie entre les sous-
C aN-aC et le proß (A ou B)ß(A ou B) d’environ 98 kDa
unités ßA et ßB [5].
(95–101) ;
C Pro-aN-aC et le proß (A ou B)ß(A ou B) d’environ 108
2.4. Répartition des différentes formes moléculaires
kDa (90–108).
des inhibines
• des protéines monomériques
C Pro-aC d’environ 27 kDa (26–30) ;
La répartition des différentes formes moléculaires des
C Pro-aN-aC d’environ 50 kDa (47–60).
inhibines présentée au paragraphe 2.2. varie selon :
Toutes les formes d’inhibine décrites ci-dessus n’ont pas • la spécificité cellulaire à exprimer la sous-unité a et/ou ß
la même activité biologique. Brièvement : il semble établi et donc à synthétiser les inhibines A et /ou les inhibines
que les formes monomèriques et les formes de MM très B;
élevées ne soient pas bioactives, tandis que la forme aC/ ß (A • l’importance relative des processus de protéolyse qui
ou B)) de ≠32 kDa (30–36) le soit. Ces données seront reprises privilégient ou non la présence des différentes formes de
et discutées au paragraphe 2.5. haute ou faible MM ;
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Fig. 2. Structure des inhibines.

• les processus de dimérisation qui contribuent à favoriser demment. Ce sont pour l’essentiel les travaux réalisés par les
ou non la présence des formes dimériques des inhibines équipes de Robertson et al. [29], Mason et al. [22] et Good et
A et B par rapport aux formes monomériques (Pro-aC al. [10].
par exemple) ;
• la nature du liquide biologique étudié : sérum, liquide 2.5.1. Mesure de la bioactivité in vitro
amniotique ou liquide folliculaire [29,38] ; Les dosages visant à étudier l’activité biologique (BIA)
• les circonstances physiologiques. Les travaux de Ro- consistent à quantifier sur des cellules hypophysaires en cul-
bertson ont montré que cette répartition n’est pas la ture soit l’inhibition de la sécrétion de FSH soit la sécrétion de
même dans un sérum de femme ménopausée versus un LH induite par le Gn-RH. Ils sont réalisés soit sur des cellules
sérum de femme au cours d’une stimulation ovarienne hypophysaires de rat sensibles aux deux types d’inhibine : A
par les gonadotrophines ou versus un sérum d’homme. et B (méthode décrite par Scott [33]) soit sur des cellules
Elle varie même au cours de l’évolution d’un processus hypophysaires d’ovin très sensibles à l’inhibine A, beaucoup
physiologique comme la grossesse [34,36] ; moins à l’inhibine B (méthode décrite par Tsonis [37]).
• les processus pathologiques : cancer de l’ovaire [31], Ces BIA sont difficiles à maîtriser, leur reproductibilité est
mole hydatiforme [19] par exemple. parfois peu satisfaisante au sein d’un même laboratoire [10].
Ils donnent également des résultats très divergents d’un labo-
2.5. Formes biologiquement actives ratoire à l’autre. Ainsi, lors de la mise au point d’un Standard
International d’inhibine porcine (86/690) en 1992, l’activité
Rares sont les études qui ont analysé avec précision la biologique du même échantillon délivré à 10 équipes diffé-
bioactivité de toutes les formes moléculaires citées précé- rentes variait d’un facteur 4 [9].
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2.5.2. Résultats établies. La cellule de Sertoli sécrète l’inhibine B à la fois au


Il semble que, dans l’état actuel des connaissances, seules niveau apical vers la lumière des tubes séminifères et au
soient bioactives les inhibines dimériques dont la chaîne ß a niveau basal vers le liquide interstitiel [2]. Ceci explique la
subi un clivage protéolytique complet. La forme la plus présence d’inhibine B dans le liquide séminal et dans le sang
bioactive serait la forme dimérique d’environ 32kDa. périphérique.
Le rôle de la glycosylation sur la bioactivité des inhibines La cellule de Leydig serait également un lieu de synthèse
n’est pas encore complètement établi. des sous-unités a et ßB, mais il n’est pas prépondérant. La
cellule de Leydig ne contribue que très faiblement à l’inhi-
2.6. Formes circulantes bine B circulante chez l’homme. Il n’est cependant pas im-
possible qu’elle soit en partie à l’origine des sous-unités a
Les inhibines circulent dans le sérum humain complexées libres circulantes.
à l’alpha2–macroglobuline. Cette dernière circule en forte Les cellules germinales sont-elles un lieu de production
concentration dans le sérum mais elle ne présente qu’une d’inhibine puisque des sous-unités a et ßB ont été localisées
faible affinité pour les inhibines. dans les spermatocytes ? Ce n’est pas encore démontré, mais
Les inhibines sont également liées à la follistatine par la elles pourraient contribuer à la formation d’inhibine B dimé-
sous-unité ß. Cette liaison ne modifie pas l’activité des inhi- rique par la cellule de Sertoli lors de la phagocytose de leur
bines. cytoplasme [2]. Il est en revanche bien établi que, in vitro, la
sécrétion d’inhibine B par la cellule de Sertoli est fortement
augmentée par la présence de cellules germinales. Et in vivo
3. Lieu de Synthèse chez l’homme, Foresta [7] a montré que la concentration
d’inhibine B circulante était plus faible lorsque la spermato-
3.1. Chez la femme génèse était arrêtée avant le stade spermatide.

3.1.1. L’ovaire
L’Inhibine B est synthétisée en période de transition lutéo- 4. Demi-vie
folliculaire puis au cours de la phase folliculaire précoce par
Il n’existe pas d’étude, à notre connaissance, qui ait établi
les cellules de la granulosa des petits follicules à antrum et les
les demi-vies des différentes formes moléculaires d’inhibine.
follicules pré-antraux [41]. L’inhibine A est synthétisée es-
Une donnée parcellaire a été apportée par un travail de
sentiellement par les cellules de la granulosa du follicule
Muttukrishna et al. en 1997 qui a montré sur un groupe de
dominant et par les cellules de la granulosa lutéinisées.
12 femmes qu’après « avortement » provoqué la concentra-
tion plasmatique d’InhA diminuait significativement pendant
3.1.2. L’unité foeto-placentaire
la première heure puis diminuait progressivement au cours
Le syncitiotrophoblaste placentaire est le lieu de produc-
des 3 heures suivantes tandis que la concentration plasmati-
tion majeur des sous-unités a et ßA. Il synthétise l’inhibine A
que du Pro-aC diminuait pendant la première heure puis
qui est exclusivement secrétée vers la circulation maternelle.
restait stable pendant les 3 heures suivantes.
La couche chorionique des membranes fœtales secrète
l’inhibine A et l’inhibine B en quantités identiques mais de
manière unidirectionnelle vers le liquide amniotique. 5. Concentrations physiologiques
Seul le testicule d’un fœtus mâle peut être en fin de
grossesse à l’origine de la sécrétion d’inhibine B dimérique 5.1. Chez la femme
dans la circulation fœtale et le liquide amniotique.
Enfin, le Pro-aC retrouvé dans la circulation maternelle 5.1.1. Au cours du cycle
est d’origine placentaire. Le Pro-aC retrouvé dans le liquide Les inhibines sont synthétisées au cours du cycle mens-
amniotique est, lui, d’origine placentaire mais peut égale- truel par les cellules de la granulosa.
ment avoir pour origine la corticosurrénale fœtale L’inhibine B, synthétisée par les petits follicules à antrum,
[6,23,26,28,39]. prédomine dans la circulation sanguine en période de transi-
tion lutéo-folliculaire et en début de phase folliculaire. Son
3.2. Chez l’homme évaluation est aujourd’hui classiquement intégrée au bilan
d’évaluation de la « réserve ovarienne ». Ce bilan est réalisé
Seule l’inhibine B est synthétisée chez l’homme. le troisième jour du cycle menstruel.
La cellule de Sertoli est le lieu majeur de production L’inhibine A, produite par le follicule dominant et le corps
d’inhibine B. Les deux sous-unités a et ßB y ont été identi- jaune, n’est pas utilisée aujourd’hui en pratique clinique
fiées par immunohistochimie. L’expression de leur mRNA a comme marqueur de la fonction ovarienne.
été démontrée. Elles ont également été identifiées dans les À titre indicatif sur le Tableau 1 est présenté l’évolution de
milieux de culture de cellules de Sertoli. Les modalités de la la concentration plasmatique d’inhibine A [inhA] et d’inhi-
dimérisation (localisation, régulation...) ne sont pas encore bine B [inhB] au cours du cycle menstruel.
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Tableau 1
Concentrations plasmatiques d’inhibine B et d’inhibine A chez la femme au cours du cycle (PF : phase folliculaire, PL : phase lutéale) (d’après Welt et al, [40])
Début de PF Milieu de PF Fin de PF Début de PL Fin de PL
Inhibine B (pg/mL)
< 35 ans (n = 23) 112 ± 10 146 ± 10 117 ± 11 94 ± 12 36 ± 6
≥ 35 ans (n = 21) 88 ± 7 117 ± 9 85 ± 8 64 ± 6 22 ± 2
Inhibine A (IU/mL)
< 35 ans (n = 23) 1,2 ± 0,3 1,6 ± 0,4 7,9 ± 3,9 8,5 ± 1,1 3,5 ± 0,5
≥ 35 ans (n = 21) 1,0 ± 0,2 1,3 ± 0,2 4,1 ± 0,5 7,2 ± 0,7 2,4 ± 0,5

5.1.2. Au cours de la grossesse 6.2. Immunodosages disponibles


La concentration plasmatique d’inhibine A augmente au
cours de la grossesse. Selon Fowler et al [8], la [inhA] sérique 6.2.1. Dosage de l’inhibine A
est de 156 ± 28 pg/mL avant la grossesse. Elle atteint
548 ± 26 pg/mL à 9 semaines et 3740 ± 1350 pg/mL à 6.2.1.1. Dosage par la trousse Oxford Bio-Innovation. Ce
36 semaines. dosage a été mis au point dès 1994 par l’équipe de Groome [11].
L’inhibine A est un bon marqueur du second trimestre de Il s’agit d’un Elisa utilisant un couple d’anticorps (Ac)
la Trisomie 21. Elle est aussi significativement élevée en cas monoclonaux. L’Ac de capture (E4) est préparé à partir d’un
de pré-éclampsie et de môle hydatiforme où elle complète les peptide synthétique correspondant au résidu 82–114 de la
informations apportées par l’hCG plasmatique. sous-unité ßA mature de l’inhibine humaine. Le deuxième
monoclonal Ac (R1) fragment Fab conjugué à la phosphatase
5.2. Chez l’homme alcaline reconnaît la partie N–terminale (1–32) de la sous-
unité aC [29, 36]
Les modalités d’utilisation de cet Elisa ont été publiées.
Seule l’inhibine B est synthétisée par les cellules de Ser-
toli. Sa concentration sérique est le reflet de la qualité de la Les trousses actuellement fabriquées par Oxford Bio-
spermatogénèse. Son évaluation est souvent intégrée au bilan Innovation (anciennement Serotec) et distribuées en France
étiologique d’un dysfonctionnement de la spermatogénèse. actuellement par Argène sous les références MCA 950KZZ
et MCA 1273KZZ utilisent ce couple d’Ac. Ces Elisas sont
Les valeurs de référence varient beaucoup selon les études
précédés d’un traitement de l’échantillon par le SDS suivi
publiées comme en témoignent les résultats figurant sur le
d’une incubation en présence de H2O2 permettant une oxy-
Tableau 2.
dation des résidus méthionine qui « augmente la sensibilité
de l’immunodosage ».
La gamme d’étalonnage de la trousse MCA 1273KZZ
6. Immunodosage s’étend de 31,25 à 2000 pg/mL, sa sensibilité est < 20 pg/mL.
La gamme d’étalonnage de la trousse MCA 950KZZ s’étend
6.1. Conditions pré-analytiques de 3,9 à 500 pg/mL, sa sensibilité est < 3,9 pg/mL (2 pg/mL
d’après Groome [15]).
6.1.1. Inhibine A Dans ces deux trousses le « standard est préparé par
Les conditions pré-analytiques varient suivant l’immuno- extraction d’un mélange de formes d’inhibine obtenu à partir
dosage utilisé : se reporter aux paragraphes 6.2.1.1. et de liquide folliculaire. La concentration est déterminée par
6.2.1.2. calibration contre l’inhibine 32kD. Ce standard n’a pas le
statut officiel de standard ».
6.1.2. Inhibine B Toutes les formes d’inhibine A présentées sur la Fig. 2
Il n’existe aucune étude, à notre connaissance, qui ait sont mesurables par cet Elisa [15].
permis de fixer les conditions précises de prélèvement et de Le fabricant indique pour ces deux trousses qu’elles « pré-
conservation des échantillons en vue d’un dosage de l’inhi- sentent un minimum de réaction croisée avec l’inhibine B,
bine B. Il est d’usage, par précaution, de conserver les échan- les Activines et Pro-aC ».
tillons biologiques à –80 °C mais il n’a jamais été démontré Conditions pré-analytiques : récemment Thirunavukarasu
qu’une conservation à –20 °C ne soit pas suffisante. et al. [35] ont attiré l’attention sur l’existence d’une diminu-

Tableau 2
Valeurs de « référence » de l’inhibine B en pg/mL (moyenne ± sm) chez l’homme adulte déterminées chez des patients ne souffrant pas de dysfonctionnement
de la spermatogénèse
Brailly et al. [4] Foresta et al. [7] Jensen et al. [17] Kolb et al. [21] Pierik et al. [27]
172 ± 11 148 ± 47 220 ± 91 255 ± 59 182 ± 9
n = 19 n = 25 n = 187 n=8 n = 49
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tion de la détection de l’inhibine A par les Elisas si le Toutes les formes d’inhibine B présentées sur la Fig. 2
prélèvement sanguin est conservé sous la forme de sang total. sont mesurables par cet Elisa [15].
D’après cette étude, cette interférence, liée aux catalases Spécificité : moins de 0,1 % de réaction croisée avec
érythrocytaires, est éliminée si l’échantillon est prétraité par l’Activine A et B, la follistatine et le Pro-aC humain et 0,5 %
la chaleur. avec l’inhibine A recombinante.

6.2.1.2. Dosage par la trousse DSL 10–28100. Cet Elisa 6.2.3. Dosage du Pro-␣C
fabriqué et distribué par Diagnostic Systems Laboratories, Il n’existe actuellement qu’un seul Elisa commercialisé
Inc., Webster, Texas, USA, utilise le même couple d’anti- pour doser le Pro-aC. Il s’agit de la trousse MCA 1254KZZ
corps monoclonaux que la trousse d’Oxford Bio-Innovation fabriquée par Oxford Bio-Innovation et distribuée en France
[20]. L’étape pré-analytique de traitement par le SDS a été par Argène.
supprimée et l’oxydation par H2O2 est directement réalisée Le principe de cet Elisa a été publié par Groome et al en
dans le micropuit. 1995 [12]. Il utilise un couple d’anticorps monoclonaux.
Les standards sont calibrés sur le 1er IRP WHO 91/624 qui L’Ac de capture (INPRO13) est préparé à partir d’un peptide
contient l’inhibine A recombinante 32 kDa. La gamme d’éta- synthétique CQGLELARELVLAKVRALFLDALGPPAV-
lonnage s’étend de 10 à 1000 pg/mL. La limite de détection TREGGDPGVRRLPRR issu du pro-peptide de la sous-unité
analytique est de 1 pg/mL. Les réactions croisées sont à 1 µg a. Le deuxième monoclonal Ac (R1) fragment Fab conjugué
/mL de 0,012 % pour l’inhibine B, 0,002 % pour l’Activine à la phosphatase alcaline reconnaît la partie N–terminale
A, 0,001 % pour l’Activine B et à 0,27 µg/mL de 0,01 % pour (1–32) de la sous-unité aC [29, 36]
le Pro-aC. Cet Elisa mesure les formes précurseurs des inhibines A et
Les performances analytiques et les conditions pré- B (≠ 65 kDa et ≠108 kDa) et les formes libres de la sous-unité
analytiques de cet Elisa ont été publiées [1,16,24]. a comme le Pro-aC et le Pro-aN-aC. Toutes les formes
Une comparaison des résultats d’inhibine A sérique obte- d’inhibine présentées sur la Fig. 2 qui possède à la fois la
nus par la trousse DSL versus la trousse Serotec a été effec- pro-région et la région aC sont reconnues par cet Elisa.
tuée sur 214 échantillons (50 à 1200pg/mL) : la droite de
régression a pour expression DSL = 1,16 Serotec – 9,35 ; 6.2.4. Dosage de l’␣C
r = 0,94 [24]. Le principe de cet Elisa a été publié par Robertson et
Groome et al en 2001 [30]. Il utilise un couple d’anticorps
6.2.2. Dosage de l’inhibine B monoclonaux. L’Ac de capture (PO#23) est dirigé contre la
Il n’existe actuellement qu’un seul Elisa commercialisé séquence d’acides aminés 342 à 356 de la sous-unité a. Le
pour doser l’inhibine B. Il s’agit de la trousse MCA deuxième monoclonal Ac (R1) fragment Fab conjugué à la
1312KZZ fabriquée par Oxford Bio-Innovation et actuelle- phosphatase alcaline reconnaît la séquence d’acides aminés
ment distribuée en France par Argène. 235–259 de la sous-unité a.
Le principe de cet Elisa a été publié par Groome et al en L’étalon utilisé dans cet Elisa est l’inhibine A recombi-
1996 [13]. Il utilise un couple d’anticorps monoclonaux. nante 30 kDa WHO 91/624. La gamme d’étalonnage s’étend
L’Ac de capture (C5) est préparé à partir d’un peptide syn- de 8 à 1000 ng /mL.
thétique IPTKLSTMSMLYFDDEYNIVKDRVPNMI- Cet Elisa reconnaît toutes les formes d’inhibine A et B, le
VEECG issu de la de la sous-unité ßB. Le deuxième mono- Pro-aC et le Pro-aN-aC. Il présente moins de 0,2 % de
clonal Ac (R1) fragment Fab conjugué à la phosphatase réaction croisée avec l’Activine A.
alcaline reconnaît la partie N–terminale (1–32) de la sous-
unité aC [29,36]. 6.3. Les standards internationaux
Cet Elisa est précédé d’un traitement de l’échantillon par
6.3.1. Inhibine A
le SDS suivi d’une incubation en présence de H2O2 permet-
Depuis 1996, il existe un « First International Standard for
tant une oxydation des résidus méthionine qui « augmente la
Inhibin Human Recombinant » [32]. Il s’agit d’une prépara-
sensibilité de l’immunodosage ».
tion lyophilisée d’inhibine A 32kDa, nommée 91/624. Il a été
L’étalon utilisé dans cette trousse est d’après la notice « un validé par « the Expert Committee on Biological Standardi-
standard préparé par extraction d’un mélange de formes zation of the World Heath Organization ». Chaque ampoule
d’inhibine obtenu à partir de liquide folliculaire. La concen- contient 150 000 unités internationales.
tration en est déterminée par calibration contre l’inhibine B L’existence d’un standard international n’évite cependant
recombinante 32kD. Ce standard n’a pas le statut officiel de pas aux différentes trousses de dosage d’inhibine A actuelle-
standard. Le National Institute for Biological Standards ment commercialisées de donner des résultats sensiblement
(NIBSC) a produit un standard immunopurifié international différents. Les récents travaux de Knight et al. [20] montrent
temporaire pour l’inhibine B pour Elisa ». que les [inkA] obtenues par la trousse DSL sont en moyenne
La gamme d’étalonnage s’étend de 15,6 à 500 pg/mL, sa 48% plus élevées que celles qui sont obtenues par la trousse
sensibilité est < 15pg/mL. Serotec (devenue Oxford BioInnovation depuis) alors que
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ces deux trousses utilisent le même couple d’Ac monoclo- [11] Groome NP, Illingworth PJ, O’Brien M, Cooke I, Ganesan TS,
naux. Ces résultats de Knight et al. ne confirment pas ceux Baird DT, et al. Detection of dimeric inhibin throughout the human
menstrual cycle by two-site enzyme immunoassay. Clin Endocrinol
mentionnés par Mistry et al. [24] en raison probablement du (Oxf) 1994 Jun;40(6):717–23.
manque d’homogénéité des calibrations. [12] Groome NP, Illingworth PJ, O’Brien M, Priddle J, Weaver K,
McNeilly AS. Quantification of inhibin pro-alpha C–containing forms
6.3.2. Inhibine B in human serum by a new ultrasensitive two-site enzyme-linked
Robertson et al. ont en 1996 utilisé une inhibine B recom- immunosorbent assay. J Clin Endocrinol Metab 1995 Oct;80(10):
2926–32.
binante préparée par Genentech mais cette préparation n’est
[13] Groome NP, Illingworth PJ, O’Brien M, Pai R, Rodger FE,
pas reconnue actuellement comme étalon de référence. Le
Mather JP, et al. Measurement of dimeric inhibin B throughout the
« National Institute for Biological Standards (NIBSC) » a human menstrual cycle. J Clin Endocrinol Metab 1996 Apr;81(4):
produit un standard immunopurifié international temporaire 1401–5.
d’inhibine B pour Elisa. [14] Groome NP, Evans LW. Does measurement of inhibin have a clinical
La trousse d’inhibine B actuellement commercialisée uti- role? Ann Clin Biochem 2000 Jul;37(Pt 4):419–31.
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