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Exposé : Le Mépris de Jean Luc Godard

Exposants : Serigne Babacar Touré


Thierno Brahim Ndao

Plan : Introduction
Synopsis et résumé
Critique
Conclusion

Introduction

Adaptation libre du roman de 1955 de l'écrivain italien engagé Alberto Moravia, Le


Mépris est l'un des plus beaux et importants 'métafilms' de l'histoire du cinéma.
'Métafilm' en ce sens qu'il réfléchit explicitement aux conditions de sa propre
production, mais aussi par l'hommage qui est rendu aux grands maîtres du cinéma
européen et aux cinéastes du Vieux Continent qui ont laissé leur empreinte sur le
cinéma hollywoodien (notamment Alfred Hitchcock). Résumer Le Mépris relève de
l'impossible, tellement ce film est riche pour les passionnés du septième art. Au lieu
donc de procéder à une analyse exhaustive ou à une interprétation globalisante -
autrement dit, d'imposer au film une structure qui lui sied mal - on se contentera ici
de proposer quelques pistes de lecture qui vous serviront de point de départ au cas
où vous auriez envie de continuer à nager dans les eaux profondes du cinéma
godardien.
Synopsis et résumé

Le scénariste Paul Javal mène une vie heureuse avec sa femme Camille. Un jour, le
célèbre producteur américain Jeremy Prokosch lui propose de travailler à une
adaptation de l’Odyssée, réalisée par Fritz Lang à Cinecittà. Le couple se rend alors
sur les lieux du tournage et rencontre l’équipe. Prokosch fait bientôt des avances à
Camille sous les yeux de Paul. Cette tentative de séduction va sonner le glas de leur
couple…
Il est proposé à Paul Javal de reprendre et de terminer le scénario du film, ce qu'il
accepte, pour des raisons économiques. Durant le séjour, Paul laisse le riche
producteur seul avec Camille et encourage celle-ci à demeurer avec lui, alors qu'elle,
intimidée, insiste pour rester auprès de Paul. Camille pense que son mari la laisse à
la merci de Prokosch par faiblesse et pour ne pas froisser ce nouvel employeur. De là
naissent des malentendus, la déchirure, le mépris, et la désagrégation du couple.
Critique
Fondé sur le roman d’Alberto Moravia, Le mépris raconte le lent et progressif
déchirement d’un couple en Italie. Une sorte de voyage translpin qui finit mal. Camille
(Brigitte Bardot) a peu à peu l’impression que son mari (Michel Piccoli) ne la regarde
plus, ne l’aime plus. Alors que son époux doit s’atteler à la réécriture d’un scénario
en train de se tourner à Cinecittà, le doute puis le mépris vont naître chez Camille. Et
de là, l’incompréhension puis la colère de Paul ; d’ailleurs pas nécessairement
innocent dans l’affaire. Le couple n’y survivra pas.
Au cœur du couple, au centre même de l’amour, le regard. Dès la première image du
film, une voix off en parle déjà : "Le cinéma, disait André Bazin, substitue à notre
regard un monde qui s’accorde à nos désirs. Le Mépris est l’histoire de ce
monde." Godard annonce ce qui sera pour lui finalement non le nœud de l’amour,
mais l’amour même : le regard. Pour Jean-Luc Nancy, "égard et regard sont à peu
près le même mot : le re-gard indique le recul propice à l’intensification de la garde,
de la prise en garde."
L’égard que traque Camille chez son mari est constant, elle veut convoquer l’œil de
celui-ci, le provoquer parfois aussi. Pour elle, son époux la trahit dès lors qu’il a cessé
de l’observer, "son regard est pareil au regard des statues"] Ces mêmes statues
antiques qui traversent le film de part en part, rappelant l’odyssée homérique vécue
par le couple. Regard sans trou ni profondeur, alors même que le mot a aussi le sens
de : "Ouverture destinée à faciliter les visites, les réparations." Ce couple n’a-t-il pas
oublié, à un moment donné, de se visiter face à face et de consolider ses failles
humaines ?
Les célèbres phrases "Tu les trouves jolies mes fesses ?", "Je t’aime totalement,
tendrement, tragiquement" crient la dépendance du regard de l’Autre ; dépendance
à être aimé, mais aussi à exister. "Chaque regard nous fait éprouver concrètement
(...) que nous existons pour tous les hommes vivants", disait Sartre ]. Une des
réussites du Mépris est le point de vue même de Godard, personnel, réflexif, incisif,
signant là un de ses chefs-d’œuvre, en dépit des quelques problèmes rencontrés au
cours du tournage.
Les producteurs du film ne voulaient pas de scènes de sexe dans Le Mépris. Godard,
fidèle à lui-même, fit mine d’accepter, tout en contournant l’ordre. La première
séquence (post-générique) dévoile une Brigitte Bardot complètement dénudée sur un
lit, "cul nu". Le regard y est au rendez-vous, voire au garde à vous. Et l’inoubliable
musique de Georges Delerue de contempler, caresser et traverser le corps de Bardot,
illuminant à tout instant, comme la foudre, une tragédie décidément atemporelle.
Notes ; Combien de cinéastes ont, suite au Mépris de Godard, débuté leurs films par
une femme nue vue de dos ? Parmi les exemples les plus intéressants : Carrie (1976)
de Brian De Palma, Moloch (1999) d’Alexandre Soukourov et Eyes wide shut de
Stanley Kubrick - ce dernier racontant quasiment la même odyssée que celle
du Mépris.
Conclusion
Du Mépris on a souvent dit qu’il s’agissait de l’œuvre la plus classique de Godard.
Pourquoi pas après tout ? Mais n’oublions pas que pour beaucoup, il reste avant tout
un classique… du cinéma moderne ! Cette apparente contradiction explique en partie
pourquoi Le Mépris constitue toujours, quarante ans après sa sortie, un film de
référence(s).

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