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ISBN 978-2-7453-2976-9
du savoir ». Mais le roi Thamus refusa cette invention de peur que l’externa-
lisation de la mémoire gardée dans l’écriture n’entraîne l’oubli du savoir chez
les hommes ; face à la vérité transmise de vive voix, l’écriture ne saurait
devenir qu’une apparence de la sagesse, son reflet extérieur, étranger à la vie
intérieure de l’homme1.
Le Nouveau Testament participe de la première de ces conceptions : celle
d’une sublimation de l’écriture, conçue comme allégorie fondamentale de
l’universalité divine. Si « au commencement était la Parole » et que « la
Parole était Dieu » (Jean 1, 1), cette Parole est formulée en termes graphi-
ques. L’une des métaphores de l’essence de Dieu est celle de l’alphabet
comme fondement de toute écriture, une image qui symbolise son caractère
absolu : « c’est moi qui suis l’alpha et l’oméga, dit le Seigneur Dieu, celui
qui est, qui était et qui vient, le Tout-Puissant » (Apocalypse de Jean 1, 8) ;
et la voix du Christ se fait entendre en écho : « L’alpha et l’oméga, le
1
Ernst Robert Curtius, Europäische Literatur und lateinisches Mittelalter, Berne, A. Francke
AG, 1948 (cf. le chapitre « Le livre comme symbole », trad. française J. Bréjoux, La
littérature européenne et le Moyen Âge latin, 2 vols. Paris, Presses Universitaires de France,
1956). Jacques Derrida a analysé dans De la grammatologie (Paris, Minuit, 1967) toute une
lignée de la pensée occidentale ayant conditionné depuis ses origines les sciences du langage,
basée sur le logocentrisme et le phonocentrisme. De Platon à Hegel, des présocratiques à
Heidegger, l’origine de la vérité en général a été accordée au logos. La vérité, inséparable du
logos, n’a jamais brisé son rapport originel et essentiel avec la phonè, la voix. Depuis la
philosophie grecque, le sens et la vérité siègent donc dans la parole. Par ailleurs, « Le livre
comme symbole » a été le sujet de réflexion de nombreux travaux récents ; sans aucune
prétention d’exhaustivité, nous nous permettons de renvoyer à un certain nombre d’ouvrages
de synthèse, où le lecteur trouvera les références d’études essentielles à ce sujet : pour
l’Antiquité, Luis Gil Fernández, La Palabra y su imagen. La valoración de la obra escrita en
la Antigüedad, Madrid, Universidad Complutense, 1995 ; pour l’Antiquité et son rapport avec
le Moyen Âge, Yvonne Johannot, Tourner la page. Livre, rites et symboles, 2e éd., Grenoble,
Jérôme Millon, 1994 ; pour la littérature à partir du XVIe siècle, François Delpech, « Libros
y tesoros en la cultura española del siglo de oro. Aspectos de una contaminación simbólica »,
dans El escrito en el Siglo de Oro. Prácticas y representaciones, dir. P.-M. Cátedra, A.
Redondo et M.-L. López-Vidriero, Salamanca, Ediciones Universidad de Salamanca-
Publications de la Sorbonne, « El libro antiguo español, V », 1998, p. 95-109 ; Hélène
Domon, Le livre imaginaire, Birmingham (Alabama), Summa Publications, 2000 ; Domingo
Ynduráin, « La vida como libro », dans Estudios sobre el Renacimiento y Barroco, éd. C.
Baranda, M.-L. Cerrón, I. Fernández-Ordóñez, J. Gómez et A. Vian, Madrid, Cátedra, 2006,
p. 213-238 ; Diego Navarro Bonilla, « El mundo como archivo y representación : símbolos
e imagen de los poderes de la escritura », Emblemata, Revista Aragonesa de Emblemática, 16,
2008, p. 19-43 ; Le Livre du monde, le monde des livres. Mélanges en l’honneur de François
Moureau, éd. Gérard Ferreyrolles et Laurent Versini, Paris, Presses de l’Université Paris-
Sorbonne, 2012 ; pour les aspects iconographiques, François Dupuigrenet-Desroussilles, dir.,
La symbolique du livre dans l’art occidental du haut Moyen Âge à Rembrandt, Revue
française d’histoire du livre, 86-87, 1995.
2
Sauf indication contraire, toutes les citations bibliques sont tirées de La Nouvelle Bible
Segond, Édition d’étude, Villiers-le-Bel, Société biblique française, 2002 (consultable en
ligne).
3
On pourrait s’attarder à comparer différentes traductions de ce passage, pour recenser les
différentes traductions de la métaphore graphique. La version française de la Bible de
Jérusalem (Paris, Cerf, Corpus de textes en ligne) dit, par exemple, « avant que ne passent le
ciel et la terre, pas un i, pas un point sur l’i, ne passera de la Loi » (Matthieu 5, 18).
tengas pena, que yo te daré libro vivo ». [...] Después desde a bien poco días lo
entendí muy bien, porque he tenido tanto en qué pensar [...] que muy poca u casi
ninguna necesidad he tenido de libros [...] ¡Bendito sea tal libro, que deja
imprimido lo que se ha de leer y hacer de manera que no se puede olvidar!4.
4
Libro de la Vida § 26, 6 ; Obras Completas de Santa Teresa, éd. Efrén de la Madre de
Dios, O.C.D. et Otger Steggink, Madrid, Biblioteca de Autores Cristianos (BAC), 1967, p. 117
(la traduction en français est nôtre). L’interdiction nommée dans cette citation fait référence
à l’Index librorum prohibitorum, publié en 1559 par l’inquisiteur général Fernando de Valdés
Salas ; cette liste interdite comportait deux tiers de livres en latin, mais aussi une liste de
textes littéraires castillans.
5
Sancti Eusebii Hieronymi, Præfatio in librum Iosue, Præfatio in librum Isaiæ, Præfatio in
Ezechielem, Patrologiæ cursus completus. Series latina. respectivement, XXVIII, 462c, XXVIII,
771b 1-8, XXVIII, 938, Paris, J.-P. Migne.
rapporté aux énoncés oraux, il signifiait ‘séparer par une pause’ ; référé aux
énoncés écrits, il voulait dire ‘ponctuer’6.
Sed cum uerba propria faciunt ambiguam scripturam, primo uidendum est, ne
male distinxerimus aut pronuntiauerimus. Cum ergo adhibita intentio incertum
esse peruiderit, quomodo distinguendum aut quomodo pronuntiandum sit,
consulat regulam fidei [...].
Iam nunc exempla considera. Illa hæretica distinctio : In principio erat uerbum
et uerbum erat apud deum et deus erat, ut alius sit sensus : Verbum hoc erat in
principio apud deum, non uult deum uerbum confiteri. Sed hoc regula fidei
refellendum est, qua nobis de trinitatis æqualitate præscribitur, ut dicamus : Et
deus erat uerbum, deinde subiungamus : Hoc erat in principio apud deum7.
(Quand les mots, même dans leurs sens propres, rendent l’Écriture ambiguë, nous
devons voir, tout d’abord, si nous avons mal ponctué ou bien si nous avons mal
lu. Et si, après y avoir bien prêté attention, nous ignorons encore comment
ponctuer et comment lire, alors, il faudra consulter la règle de la foi [...].
Considère maintenant quelques exemples ; voici une ponctuation hérétique : In
principio erat uerbum et uerbum erat apud deum et deus erat. Verbum hoc erat
in principio apud deum, « Au commencement était la Parole, et la Parole était
avec Dieu, et Dieu était. Cette Parole était au commencement avec Dieu ». Cette
ponctuation suppose ne pas admettre que la Parole est Dieu. Mais une telle
ponctuation doit être refusée en vertu de la règle de la foi, qui nous oblige à
reconnaître l’égalité de la Trinité. Lisons donc et deus erat Verbum, « et Dieu
était la Parole », pour continuer ensuite Hoc erat in principio apud deum, « Elle
était au commencement avec Dieu »).
6
Cf. Félix Gaffiot, Dictionnaire Latin-français, Paris, Hachette, 1934, s.v. DISTINGUO.
7
Aulei Augustini Opera, Pars IV, I. De Doctrina Christiana, Liber Tertius, § II.2 et § II.2,
Iosephi Martin, éd. Corpus Christianorum Series Latina XXXII, Turnhout, Brepols, 1962. La
traduction en français est nôtre.
8
Ibid., Liber Tertius, § II.5.
Posituræ seu puncta quasi quædam uiae sunt sensuum et lumina dictionum, quæ
sic lectores dociles faciunt tanquam si clarissimis expositoribus imbuantur10.
(Les signes de ponctuation sont, pour ainsi dire, les chemins de la phrase et les
flambeaux des mots ; aussi instructifs pour les lecteurs que le plus clair des
commentaires).
9
Cf. Yvonne Johannot, Tourner la page, op. cit., p. 87.
10
M. Aurelii Cassiodori, De institutione divinarum litterarum, chapitre, 90, d’après l’édition
de Martin Hubert, « Corpus stigmatologicum minus », Archivvm latinitatis medii aevi, 37,
1970, p. 68 (la traduction en français est nôtre).
11
Dans l’histoire de la ponctuation française, Marc Arabyan l’a bien revendiqué il y a
longtemps ; cf. Le paragraphe narratif. Étude typographique et linguistique de la ponctuation
textuelle dans les récits classiques et modernes, Paris, L’Harmattan, 1994, p. 38-39, ainsi que
* Asteriscus adponitur in his quæ omissa sunt, ut inlucescant per eam notam,
quæ deesse videntur. Stella enim dicitur Græco sermone, a quo asteriscus
est dirivatus.
(* L’astérisque est placé dans les lieux où il y a eu une omission, pour que, grâce
à lui, l’on y voie avec la clarté de la lumière. En effet, en grec « étoile » se dit
aster, d’où dérive le nom asteriscus).
Marc Arabyan et Doris Dacunha, « La ponctuation du discours direct des origines à nos
jours », L’Information grammaticale, 102, 2004, p. 38 (p. 35-45). Cf. Elena Llamas-Pombo,
De Arte Punctandi. Antología de textos antiguos, medievales y renacentistas, Salamanca,
Seminario de Estudios medievales y renacentistas, 1999, p. 51-63 et « La construction visuelle
de la parole dans le livre médiéval », Diogène, 196, Retour vers le futur. Supports anciens et
modernes de la connaissance, 2001, p. 49.
12
Cf. David Rojinsky, Companion to Empire. A Genealogy of the Written Word in Spain
and New Spain, c. 550-1550, Amsterdam-New York, 2010, p. 40.
13
Isidori Hispalensis Episcopi. Etymologiarum sive originum libri XX. Liber I. De
grammatica ; XXI. De notis sententiarum, § 1 et § 2, éd. W.M. Lindsay, Oxford, 1911. La
traduction en français est nôtre.
14
Cf. Juan Carlos Asensio Palacios, El canto gregoriano. Historia, liturgia, formas, Madrid,
Alianza Música, 2003, p. 366-379.
15
L’édition la plus réputée est celle de Gian Carlo Alessio, Bene Florentini Candelabrum,
Padoue, Antenore, 1983. Nous citons le ms. Paris, BnF, lat. 15082, f. 51v, d’après l’édition
de Martin Hubert, « Corpus stigmatologicum minus », Archivum latinitatis medii aevi, 37,
1970, p. 127.
16
Loudmila Védénina, Pertinence linguistique de la présentation typographique, Paris,
Peeters-Selaf, 1989, p. 137-141.
musique sur des tonalités différentes, qui donneront lieu à des « interpréta-
tions » différentes. La littérature castillane du XIVe siècle s’est précisément
plu à développer une telle analogie entre la ponctuation d’un texte et la
notation musicale, comme sources d’interprétations différentes des œuvres.
Dans un passage délicieux du Libro de Buen Amor, Juan Ruiz, l’Arcipreste
de Hita, fait résonner en écho toutes les idées sur la ponctuation que nous
venons d’évoquer dans cet article. Il s’agit de deux strophes placées au cœur
des intentions de Juan Ruiz, qui joue sur la polysémie en espagnol médiéval
du verbe puntar et du substantif punto.
(Là où tu penses que [le livre] ment, c’est là qu’il dit le plus vrai.
Grande laideur se trouve dans les strophes composées selon les couleurs de
rhétorique.
Si [le livre] dit du bien ou du mal, c’est à vous d’en juger d’après les points ;
louez ou blâmez donc les strophes, d’après les points.
17
Juan Ruiz, Arcipreste de Hita, Libro de Buen Amor, strophes 69-70, d’après l’édition
d’Alberto Blecua, Madrid, Cátedra, 1992, pp. 27 et 492. La traduction en français et les
italiques sont nôtres, mais nous tenons compte de la traduction en français dirigée par Michel
García (Livre de bon amour : texte castillan du XIVe siècle, Paris, Stock, « Moyen Âge, 35 »,
1995, p. 45), ainsi que des notes d’Alberto Blecua, p. 492.
18
Ana-María Álvarez Pellitero, « Puntar el Libro del Arcipreste : cc. 60-70 », Hispanic
Review, 63, 4, 1995, p. 501 (p. 501-516).
19
Maximiano Trapero et Elena Llamas-Pombo, « De la voz a la letra. Problemas lingüísticos
en la transcripción de los relatos orales. I. La puntuación », Revista de Dialectología y
Tradiciones Populares, 52, 1997, p. 35-39 (p. 19-46). À propos de la ponctuation rythmique,
cf. Elena Llamas-Pombo, « Ponctuer, éditer, lire. État des études sur la ponctuation dans le
livre manuscrit », Syntagma, Revista del Instituto de Historia del Libro y de la Lectura, 2008,
p. 139-144.
20
Diccionario de Autoridades = Real Academia Española, Diccionario de la Lengua
castellana, en que se explica el verdadero sentido de las voces, su naturaleza y Calidad.
Madrid, Imprenta de la Real Academia, 1726-1739 (consultable en ligne sur le site de la
RAE), s.v. puntar. Le dictionnaire académique actuel conserve toujours ce sens dans la
deuxième acception du verbe puntar : ‘Poner, en la escritura de las lenguas hebrea y árabe,
los puntos o signos con que se representan las vocales’ (DRAE = Diccionario de la lengua
española, 22e éd., Madrid, Espasa-RAE, 2001, s.v. puntar, § 2).
PUNTAR. V.A. Poner puntos sobre las letras : lo qual se hace en las Lenguas
que no tienen vocales en su Alphabeto, para suplirlas. Latin Puncta superponere.
SIGUENZ, Vid. de S. Geron. Lib 3. disc. 1. Era necessario que la puntassen (la
Santa Escritura) y señalassen de allí adelante en los libros que escribiessen.
(Puntar. ‘Mettre des points sur les lettres, en substitution des voyelles, dans les
langues qui n’en disposent pas dans leurs alphabets’. En latin, puncta superpone-
re. Exemple : Il était nécessaire de noter les Écritures Saintes et de désormais
les doter des signes dans l’écriture des livres).
[...] aprendieron tan bien las letras de escribir libros, puntar, e de letras de
diversas formas, que es maravilla verlos [...]
(Ils ont si bien appris les lettres pour écrire les livres, la ponctuation et les
différents types d’écritures que c’était un plaisir de les voir).
Juan Ruiz évoque, par ce sens, (bien o mal, qual puntares ; si me puntar
sopieres, « si tu sais me ponctuer... ») tout le savoir-faire de l’ars punctandi
comme subtil instrument d’interprétation des textes.
21
Le Diccionario de Autoridades (ibid.) ne recense pas ce deuxième sens général
de ‘ponctuer ’, mais fait figurer avec ce même sens un autre verbe, le verbe puntuar.
« PUNTUAR. Poner y colocar las notas de Orthographía en los escritos, para la distinción y
conocimiento de las oraciones y sus miembros. Latin Apicibus, uel interpunctis scripta notare,
signare ». Il s’agit d’une définition remarquable de la ponctuation, parce qu’elle reste à
l’intérieur de l’orthographe, ce qui n’a pas été maintenu par le Dictionnaire académique :
pendant un temps, l’orthographe est restée restreinte à l’usage correct des lettres.
22
Real Academia Española (RAE), CORDE, Corpus diacrónico del español, Banco de datos
en línea, <http://www.rae.es> [30/12/2013], s. v. puntar, exemples 4, 5 et 34.
[...] ay muchos yerros en los cantos ecclesiásticos en que está corrupta el arte
de puntar y cantar.
(On constate beaucoup d’erreurs dans les chants liturgiques où l’art de noter et
de chanter est corrompu).
Eso mjsmo aprouecha mucho alos escriuanos que puntan el canto llano en çinco
reglas espeçial mente quando han de sacar de vna regla çinco. Ca si estas no
saben nunca bien podran puntar njn trasladar de vna regla en çinco24.
(Ceci est profitable pour les scribes qui notent le plain chant en cinq règles,
spécialement, lorsqu’ils doivent écrire cinq règles à partir d’une seule. S’ils ne
les connaissent pas, ils ne pourront jamais noter ni transposer cinq règles à partir
d’une seule).
Dans son sens musical, puntar est la tâche de notation de la tonalité, qui
était parfois symbolisée par des lettres au Moyen Âge. De nos jours encore,
les musiciens emploient le verbe puntar, dans le sens d’‘interpréter ou
transposer une mélodie dans une tonalité différente’. La strophe nous offre
une deuxième lecture métaphorique à partir du même verbe ; Juan Ruiz fait
allusion (bien o mal, qual puntares ; si me puntar sopieres, « si tu sais noter
ma tonalité ») à un autre savoir-faire, celui de l’interprétation d’une mélodie
selon la tonalité la plus adéquate.
Formidable image de l’acte de lecture comme véritable actualisateur des
textes livresques : le lecteur « jouerait » du livre comme on joue « d’un
instrument », avec expertise et sensibilité. La double métaphore aurait en
outre le pouvoir de « faire sonner » le livre, pour en finir avec le silence
propre à l’écriture, selon une belle interprétation de Maurice Molho25.
23
Sebastián de Covarrubias Horozco, Tesoro de la lengua castellana o española, Madrid,
Luis Sánchez Impressor, 1611 (consultable en ligne), s. v. puntar.
24
RAE, CORDE, s. v. puntar, ibid., exemples 32 et 30.
25
Maurice Molho, « Yo libro (Libro de Buen Amor 70) », Actas del VIII Congreso de la
Asociación Internacional de Hispanistas, Madrid, Itsmo, 1986, p. 317-322.
– Accipe capitis tegmen apice [...], ut eo non solum splendore ceteris præcellas,
sed etiam tamquam Minervæ casside ad certamen munitus sis.
(Reçois le bonnet à la houppe [...] afin qu’il te permette de ressortir par dessus
les autres en dignité, mais aussi pour que tu en sois protégé, comme si c’était le
casque de Minerve).
[Le parrain remet le bonnet au nouveau docteur].
– Sapientia tibi hoc anulo in sponsam sese ultro offert perpetuo fœdere : fac tali
sponsa te dignum sponsus exhibeas.
(La sagesse, par cet anneau, s’offre à toi volontairement comme épouse, dans une
alliance perpétuelle : sois le digne époux d’une telle épouse).
26
Comme le souligne Michel Pastoureau, « La symbolique médiévale du livre », dans
Dupuigrenet-Desroussilles, dir., La symbolique du livre, op. cit. 1995, p. 17-36.
27
Le texte actuel est un remaniement réalisé en 1954 par le professeur Ricardo Espinosa
Maeso, à partir du cérémonial médiéval ; Ceremonial para la investidura de nuevos doctores,
Salamanca, Universidad de Salamanca, 1990 (La traduction entre parenthèses en français est
nôtre).
28
Médaillons du XVIe siècle, sculptés sur le portail de l’ancien Couvent du Corpus Christi,
Franciscaines de sainte Claire (Salamanque, Espagne).
Elena LLAMAS-POMBO
Université de Salamanque (Espagne)
29
Le mot latin victor (‘vainqueur’) est employé dans la langue espagnole comme interjection,
sous les formes vitor ou victor, pour exprimer la louange à une personne ou à une action. Le
mot est défini dans le dictionnaire académique actuel (cf. DRAE, s.v. vitor) et y figure depuis
le Diccionario de Autoridades (1739). L’anagramme de ce même mot, selon une ancienne
tradition salmantine, est dessiné en couleur rouge sur les murs des bâtiments universitaires,
comme symbole d’un éloge triomphal envers ceux qui ont parachevé un parcours académique
notable (cf. Luis-Enrique Rodríguez-San Pedro Bezares et Ángel Weruaga-Prieto, Elogios
triunfales. Origen y significado de los Vítores universitarios salmantinos (ss. XV-XVIII),
Salamanca, Universidad Pontificia de Salamanca, 2011, p. 10).
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