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Burn-out des troupes sénégalaises engagées dans les opérations extérieures :

cas de la mission de maintien de la paix au Darfour.

Article · April 2022

DOI: 10.1684/ipe.2015.

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4 authors, including:

Elhadji Makhtar Ba Fatoumata Ba

Cheikh Anta Diop University, Dakar Gaston Berger University, Saint-Louis
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Jean Augustin Diegane Tine

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http://www.john-libbey-eurotext.fr/fr/
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text.html

Montrouge, le 24-11-2015

Fatoumata Ba

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Burn out des troupes sénégalaises engagées dans les opérations extérieures : cas de la mission de
maintien de la paix au Darfour

paru dans
L’Information psychiatrique, 2015, Volume 91, Numéro 9

John Libbey Eurotext

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© John Libbey Eurotext, 2015
 L’Information psychiatrique 2015 ; 91 : 762–6

QUESTIONS OUVERTES

Burn out des troupes sénégalaises engagées

dans les opérations extérieures : cas de la mission
de maintien de la paix au Darfour
El Hadji Makhtar Ba 1 , Fatoumata Ba 2 , Jean Augustin Diégane Tine 3 ,
Mamadou Habib Thiam 4

RÉSUMÉ
La santé mentale et physique des troupes sénégalaises engagées dans les opérations extérieures est un facteur déterminant de
leur efficacité et de leur performance. Nous avons réalisé une étude transversale et descriptive, sur une période de 6 mois, chez
des soldats sénégalais engagés dans la mission conjointe de maintien de la paix au Darfour (78 gendarmes et 75 militaires).
L’objectif était de déterminer la prévalence du burn out ; d’identifier les facteurs de risque sociodémographiques et
professionnels. Le Maslach Burn out Inventory a été utilisé. Nous avons retrouvé une prévalence de 39,9 % dont 70,5 %
de burn out léger, 26,2 % de burn out moyen et 3,3 % de burn out élevé.
Mots clés : épuisement professionnel, armée, santé mentale, Sénégal, Maslach Burnout Inventory, Darfour

ABSTRACT
Burn-out of Senegalese troops engaged in external operations: the case of the peacekeeping mission in Darfur.
Mental and physical health of Senegalese troops engaged in overseas operations is a key factor for their efficacy and
performance. We performed a cross-sectional study over a period of six months with the Senegalese soldiers as part of the
joint peacekeeping mission in Darfur (75 soldiers and 78 gendarmes). The objective was to determine the prevalence of
burn-out; to identify the sociodemographic and professional risk factors. The Maslach Burn out Inventory was used for this
study. We found a prevalence of burn-out in 39.9 % of these troops: 70.5 % had light-burn out, 26.2 % average burn-out
and 3.3 % high burn-out.
Key words: burn-out, army, mental health, Senegal, Maslach Burnout Inventory, Darfour

RESUMEN
Burn-out de la tropa senegalesa desplegada en las operaciones exteriores : caso de la misión de mantenimiento de la
paz en Darfur. La salud mental y física de la tropa senegalesa desplegada en las operaciones exteriores es un factor decisivo
de su eficacia y de su desempeño. Hemos llevado a cabo un estudio transversal y descriptivo, en un periodo de seis meses
entre unos soldados senegaleses desplegados en la misión conjunta de mantenimiento de la paz en Darfur (78 gendarmes
y 75 militares). El objetivo era determinar la prevalencia del burn-out; identificar los factores de riesgo sociodemográficos
y profesionales. Se ha utilizado el Maslach Burn out Inventory. Hemos encontrado una prevalencia del 39,9 %, de ella un
70,5 % de burn-out ligero, 26,2 % de burn-out mediano y 3,3 % de burn-out alto.
Palabras claves : agotamiento profesional, ejército, salud mental, Senegal, Maslach Burn out Inventory, Darfur
doi:10.1684/ipe.2015.1405

1 Psychiatre, Forces armées sénégalaises, Centre hospitalier national universitaire de Fann, Sénégal
2 Psychiatre, Centre hospitalier régional de Saint-Louis, Université Gaston-Berger, Sénégal
<yapafa200341@yahoo.fr>
3 Psychiatre, Forces armées sénégalaises, Institut de santé et de développement, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal
4 Professeur titulaire de psychiatrie, Chef de service, Centre hospitalier national universitaire de Fann, Sénégal

762 L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 91, N◦ 9 - NOVEMBRE 2015

Pour citer cet article : Ba EHM, Ba F, Tine JAD, Thiam MH. Burn out des troupes sénégalaises engagées dans les opérations extérieures : cas de la mission de maintien de
la paix au Darfour. L’Information psychiatrique 2015 ; 91 : 762-6 doi:10.1684/ipe.2015.1405

© John Libbey Eurotext, 2015

 Burn out des forces sénégalaises en mission de maintien de la paix au Darfour
Introduction
Le burn out est « un syndrome d’épuisement physique et
émotionnel qui conduit au développement d’une image de
soi inadéquate, d’attitudes négatives au travail avec perte
des intérêts et des sentiments pour les clients » [1]. C’est
une pathologie de la relation humaine, proche d’un état
dépressif et précédée d’une forte charge de stress associé à
beaucoup de frustration personnelle [2]. Maslach [5] décrit
le burn out selon trois caractéristiques :
– l’épuisement émotionnel se manifestant par une perte
d’énergie et un sentiment de fatigue émotionnelle et phy-
sique avec la hantise de devoir se rendre à son travail ;
– la dépersonnalisation se traduisant par des attitudes
impersonnelles, détachées, négatives, voire méprisantes
envers les personnes ;
– l’échec de l’accomplissement personnel.
Le burn out du personnel militaire pose un véritable
handicap lors des missions de maintien de la paix ou lors
des guerres. Il agit en défaveur de la performance, de
l’engagement au combat, du maintien de la cohésion et du
moral des troupes, de la santé physique des militaires [7].
Les troupes sénégalaises sont engagées depuis plusieurs
décennies dans différents théâtres de conflits, surtout en
Afrique, dans le cadre des missions onusiennes de maintien
de la paix (Tempête du désert, Serval etc.), des forces de
l’Union africaine (UA) ou de la Communauté économique
des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). La mission
hybride des Nations unies et de l’Union africaine au Dar-
four (Minuad) a été créée par la résolution 1769 du Conseil
de sécurité de l’ONU le 31 juillet 2007. Elle a pour objec-
tif de mettre fin au conflit armé opposant les mouvements
rebelles à l’armée soudanaise et aux milices arabes soute-
nues par le gouvernement soudanais. Cinquante-deux pays
y participent, dont le Sénégal. À la date du 19 octobre
2011, le Sénégal avait mis à la disposition de la Minuad
1330 éléments dont 1026 militaires, 12 observateurs mili-
taires et 292 gendarmes. Ces opérations extérieures (OPEX)
exposent les sujets à un stress professionnel chronique,
d’expression variable selon leur personnalité, leur for-
mation et leur expérience de terrain. Cependant, à notre
connaissance, aucune étude n’avait été déjà faite sur le burn
out des troupes sénégalaises engagées dans les OPEX.
L’objectif de cette étude était d’étudier la prévalence du
burn out et d’identifier les facteurs socioculturels et pro-
fessionnels chez les militaires et les gendarmes sénégalais
engagés au Darfour dans le cadre de la Minuad.
Méthodologie
Il s’agit d’une étude transversale et descriptive étalée
sur six mois (du 5 novembre 2010 au 20 mai 2011) à El
Geneina. Ville frontalière avec le Tchad, El Geneina est la
capitale de la province du Darfour occidental et est marquée
par une forte instabilité.
L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 91, N◦ 9 - NOVEMBRE 2015
© John Libbey Eurotext, 2015
Nous avons travaillé avec les gendarmes et les militaires
sénégalais présents sur les lieux, dans le cadre de la mis-
sion de maintien de la paix de la Minuad. C’est le contingent
SENFPU2 et la compagnie motorisée du bataillon sénéga-
lais le MOTO2 stationnés à El Geneina. Le consentement
libre et éclairé a été requis et l’anonymat respecté. Aucune
rémunération ou indemnisation financière ou matérielle n’a
été donnée aux participants de l’étude.
Nous avons organisé un séminaire sur la gestion du stress
en opération extérieure dont l’objectif était d’approfondir
les connaissances sur les éventuels troubles observés et
d’expliquer le questionnaire utilisé. L’échantillon final était
constitué de sujets volontaires ayant effectivement participé
à ce séminaire.
Nous avons utilisé le Maslach Burn out Inventory (MBI),
les individus ont été regroupés dans une salle par effectif de
20 à 25, un psychiatre expliquait le questionnaire et les parti-
cipants répondaient au fur et à mesure, de manière anonyme.
Parfois, nous avons été obligés de traduire le questionnaire
et de l’adapter à la population d’étude.
Nous avons aussi établi une fiche d’identification sociale
et professionnelle comportant les informations suivantes :
numéro de fiche, date de remplissage, unité, âge, ethnie,
région d’origine, situation matrimoniale, niveau d’études,
grade, ancienneté, nombre de missions en OPEX, date
d’arrivée au Darfour et poste d’emploi. Enfin, des focus
groupes ont été organisés en vue de recueillir les avis des
participants et d’identifier les facteurs comportementaux,
institutionnels et environnementaux liés au burn out, durant
leur séjour au Darfour.
Nous avons recherché des symptômes liés à un éven-
tuel état de stress post-traumatique afin d’exclure de l’étude
toute personne susceptible de présenter une symptomato-
logie en rapport avec cette pathologie.
Résultats
Caractéristiques sociodémographiques
de la population d’étude
L’échantillon final était constitué de 153 personnes
dont 78 éléments du SENFPU2 et 75 du MOTO2, soit
49 % de militaires et 51 % de gendarmes. La moyenne
d’âge était de 40,11 ± 9,79 ans, avec des extrêmes de
24 et de 58 ans et une médiane à 38 ans. Les sujets
étaient tous de genre masculin, et parmi eux 81 %
étaient mariés. Le niveau d’étude était moyen pour la plu-
part et donc limité au cycle secondaire (71,9 %). Seuls
11,8 % avaient un niveau universitaire. La classe hiérar-
chique comprenait des soldats (64,1 %), des sous-officiers
(32,7 %) et des officiers (3,3 ). Près de la moitié, soit
43,8 %, en était à leur première expérience de mission
d’OPEX. La majorité (77,8 %) occupait des postes actifs :
patrouilleur, escorte, garde, conducteur, secouriste. Les
postes sédentaires n’intéressaient que 22,2 % des sujets :
763
E.H.M. Ba, et al.

Tableau 2. Interprétation du niveau de burn out dans le MBI.

Niveau de burn out Conditions

Burn out léger Quand 1 seul item présente

un degré de burn out élevé
[0-10 ans]
Burn out modéré Quand 2 items présentent un
[11-20 ans]
degré de burn out élevé
[21-30 ans]
Burn out élevé Quand les 3 items présentent
[31-40 ans] un degré de burn out élevé

Tableau 3. Répartition des fréquences en fonction du niveau de burn out

et de l’unité.

Unité Burn out léger Burn out moyen Burn out élevé
n ( %) n ( %) n ( %)
Figure 1. Répartition de l’échantillon en fonction de l’ancienneté pro-
fessionnelle. Militaires 22 (68,8 %) 10 (31,3 %) 0 (0,0 %)

Gendarmes 21 (72,4 %) 6 (20,7 %) 2 (6,9 %)

cuisinier, maître d’hôtel, secrétaire, médecin, infirmier,
armurier, mécanicien, boulanger, technicien, gestionnaire, Total 43 (28,1 %) 16 (10,5 %) 2 (1,3 %)
administrateur et transmetteur. L’ancienneté dans la pro-
fession variait de 1 à 40 ans, avec une prédominance de
la tranche de [1-10 ans] (figure 1). La durée moyenne de Les sujets atteints de burn out avaient un emploi actif
présence au Darfour était de 4,9 mois avec des extrêmes de dans 42 % des cas et un emploi sédentaire dans 32,4 %
1 et 8 mois et une médiane à 2 mois. des cas. Les proportions de sujets présentant un burn out en
fonction du nombre de missions d’OPEX et de l’ancienneté
ont été résumées dans les tableaux 4 et 5.
Prévalence du burn out en fonction
des données sociodémographiques
Burn out et durée de présence au Darfour
Nous avons trouvé une prévalence de 39,9 % de burn
Chez les sujets présentant un burn out, la durée moyenne
out chez les participants de notre étude. L’intensité était
d’exposition au terrain était de 5 mois, avec une médiane à
variable : légère (70,5 %), moyenne (26,2 %) et éle-
7 mois. Tandis que pour les sujets non atteints, celle-ci était
vée (3,3 %). Les critères d’appréciation du burn out sont
de 4 mois, avec une médiane à 2 mois.
résumés dans les tableaux 1 et 2. En effet, 42,7 % des mili-
taires et 37,2 % des gendarmes présentaient un burn out
(tableau 3). Composantes du burn out
La moyenne d’âge des sujets atteints de burn out était La distribution des effectifs par rapport aux trois compo-
de 40,57 ± 9,48 ans. Les célibataires étaient les plus santes du burn out montrait une différence entre policiers
affectés : 41,4 % contre 39,5 % pour les mariés. Aucun et militaires (tableaux 5 et 6)
niveau d’étude n’était épargné avec respectivement 13,1 %
pour le primaire, 75,4 % pour le secondaire et 11,5 % pour Tableau 4. Répartition des sujets atteints de burn out en fonction du
le niveau universitaire. De même, tous les grades étaient nombre de missions OPEX.
concernés : 1,6 % d’officiers, 26,2 % de sous-officiers et
Nombre de Effectifs du Fréquences relatives
72,1 % de soldats. missions OPEX burn out (n) du burn out (%)

Tableau 1. Interprétation du score dans le MBI par item. 1 31 50,8 %

Degré de burn out 2 24 39,3 %

Items
Léger Modéré Élevé 3 5 8,2 %

Épuisement professionnel 0 à 17 18 à 29 30 à 54 4 1 1,6 %

Dépersonnalisation 0 à 5 6 à 11 12 à 30 ≥ 5 0 0 %

Accomplissement personnel 48 à 40 39 à 34 33 à 0 Total 61 100 %

764 L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 91, N◦ 9 - NOVEMBRE 2015

© John Libbey Eurotext, 2015

 Burn out des forces sénégalaises en mission de maintien de la paix au Darfour

Tableau 5. Répartition des sujets atteints de burn out en fonction de
l’ancienneté.
Ancienneté Effectifs Fréquences relatives
du burn out (n) du burn out ( %)
[0-10 ans] 19 31,1 %
[11-20 ans] 18 29,5 %
[21-30 ans] 18 29,5 %
[31-40 ans] 6 9,8 %
Total 61 100 %
Discussion
Le Darfour est une région sahélienne aride, différente
du Sénégal. Le climat est chaud et sec, la tension poli-
tique et sociale constante. La pauvreté, la maltraitance, la
tristesse et l’angoisse restent le vécu permanent des popu-
lations avec une peur d’exaction de la part des groupes
armés. Les casques bleus en mission sur place ressentent
un sentiment de désolation et de découragement. Mal-
gré les efforts des Nations unies dans cette zone depuis
6 ans, certaines personnes continuent à vivre dans des
conditions d’extrêmes difficultés sociales. Ce sentiment de
découragement, dû à une insatisfaction par rapport aux
résultats de prestations de service offertes par les militaires
et les policiers sénégalais, pourrait expliquer les 28,8 %
de trouble de l’accomplissement personnel retrouvés dans
notre étude. Crombez et al. [3] parlent d’approche émo-
tionnelle d’Elderwish et Brodsky pour qui, le stade de
frustration est dû à une remise en question de la pertinence
du service offert.
Nous avons pris le soin d’exclure de l’étude les sujets
pouvant présenter des troubles de stress post-traumatique.
Les études épidémiologiques concernant des populations
militaires montrent des prévalences plus élevées d’état de
stress post-traumatique que dans la population générale [6].
Les personnes qui en souffrent ne les évoquent pas toujours
spontanément. Parfois elles estiment normal de supporter
ces manifestations après l’épreuve qu’elles ont traversée.
Chez les troupes sénégalaises engagées, nous avons
retrouvé 13,1 % d’épuisement émotionnel élevé et 11,1 %
de dépersonnalisation élevée. La dépense émotionnelle
forte due à l’empathie dans le service d’aide à la popu-
lation en misère est un facteur d’épuisement émotionnel.
Les casques bleus font preuve de beaucoup d’enthousiasme
en début de mission. Mais face aux décisions dictatoriales
du régime central qui concourent à la pérennisation de la
pauvreté de la population du Darfour, les missionnaires res-
sentent un sentiment d’impuissance qui se manifeste par
une frustration, entraînant à la longue de l’apathie.
L’âge moyen est plus élevé chez les sujets présentant un
burn out. Il est de 40,57 ans chez les individus atteints et
39,8 années chez les non atteints. La différence n’est pas
statistiquement significative, mais on pourrait penser que
les jeunes auraient des capacités physiques qui leur per-
mettraient de résister mieux à la fatigue que les sujets âgés.
L’exposition au burn out diffère selon la classe hiérar-
chique. Le grade constituerait un facteur déterminant dans
la survenue de l’épuisement professionnel. En effet, plus
le grade est élevé, plus le niveau d’information est élevé et
plus la rémunération est grande. Les tâches sont réparties
en fonction du grade et les travaux ménagers dévolus aux
agents et aux soldats. Ces personnes sont contraintes à exé-
cuter ce surplus de travail. Le manque de reconnaissance
de la part de la hiérarchie est à l’origine d’un sentiment de
démotivation avec épuisement émotionnel et insatisfaction
dans la tâche.
Le burn out est retrouvé chez les actifs et les sédentaires.
Ceci est lié à plusieurs facteurs :
– la lourdeur de la charge de travail avec rédaction de rap-
ports quotidiens, mensuels, trimestriels et semestriels d’une
part ;
– l’état constant d’alerte dans lequel se trouvent les agents
de terrain d’autre part.
L’activité opérationnelle des militaires se déroule habi-
tuellement dans des environnements très agressifs ou à
fortes contraintes, facteurs de stress majeurs [4]. Cependant
aucun signe clinique évocateur d’état de stress post-
traumatique n’a été retrouvé chez nos sujets.
L’expérience des missions d’OPEX est un facteur pro-
tecteur. Le burn out n’a pas été retrouvé chez des sujets

Tableau 6. Répartition des effectifs en fonction des variables composites du burn out.

Burn out léger Burn out moyen Burn out élevé

Items Effectifs Effectifs Effectifs

N (%) N (%) N (%)

Épuisement émotionnel 91 (59,5) 42 (27,5) 20 (13,1)

Dépersonnalisation 78 (51) 58 (37,9) 17 (11,1)

Trouble de l’accomplissement

Personnel 71(46,4) 38 (24,8) 44 (28,8)

L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 91, N◦ 9 - NOVEMBRE 2015 765

© John Libbey Eurotext, 2015

 E.H.M. Ba, et al.

Tableau 7. Répartition des effectifs en fonction des items composites du burn out et de l’unité.

Burn out léger Burn out moyen Burn out élevé

Items Militaires Gendarmes Militaires Gendarmes Militaires N Gendarmes

N (%) N (%) N ( %) N (%) (%) N (%)

Épuisement émotionnel 49 (65,3 %) 42 (53,8 %) 21 (28 %) 21 (26,9 %) 5 (6,7 %) 15 (19,2 %)

Dépersonnalisation 34 (45,3 %) 44 (56,4 %) 30 (40 %) 28 (35,9 %) 11 (14,7 %) 6 (7,7 %)

Trouble de l’accomplissement personnel 28 (37,3 %) 43 (55,1 %) 21 (28 %) 17 (21,8 %) 26 (34,7 %) 18 (23,1 %)

qui ont eu à faire plus de quatre missions. De même,
l’ancienneté est un facteur déterminant. La majorité des
sujets atteints de burn out avait entre 1 et 10 ans de service.
Dans la préparation des contingents pour les mis-
sions OPEX, le Sénégal a mis en place un programme
d’entraînement physique et d’apprentissage des lois et
textes régissant les casques bleus. Au moins 6 mois avant
la mission, tout le contingent est en regroupement pour un
séjour d’imprégnation dont le but principal est la mise à
niveau des troupes. Durant cette période, le programme
de soutien psychologique aux armées (PSPA) se charge
d’évaluer leur état mental et de les former à la gestion du
stress.
La durée moyenne d’apparition du burn out était de
5 mois. La Minuad recommande aux États de relever un
contingent au bout de 6 mois de mission, mais la consigne
n’est pas toujours respectée par nos pays, par manque de
ressources humaines, financières et matérielles. À défaut,
une évaluation psychologique des troupes pourrait être faite
afin de procéder à des remplacements ciblés.
Tous les cas de burn out élevé ont été notés chez
les policiers. Ceci serait dû à la différence significative
de la durée d’exposition entre policiers et militaires
(tableau 7).
Conclusion
Le burn out demeure une réalité pour les troupes séné-
galaises engagées dans les opérations extérieures. Bien que
les militaires soient des individus bien entraînés pour les
missions, tant sur le plan physique que psychique, des
mesures d’accompagnement restent nécessaires pour lut-
ter contre le burn out. Des cellules d’assistance sociale et
psychologique doivent être créées, des activités récréatives
envisagées pour améliorer l’efficacité des soldats sur les
théâtres d’opération.
Liens d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de
liens d’intérêts en rapport avec l’article.
Références
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Bulletin du Réseau mondial pour la santé au travail de
l’Organisation mondiale de la santé 2002 ; 2. www.who.int/
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nelles 1990 ; 51 : 553-65.
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Francisco : Jossey-Bass Publishers, 1997.
6. Vallet D, Arvers P. Étude exploratoire sur l’état de stress post-
traumatique dans deux unités opérationnelles de l’Armée de
terre. Dimension humaine dans le cadre d’opérations militaires
pour gérer le stress et le soutien psychologique 2006 : 30-1,
30-8.
7. Wilcox VL, Garrigan J, Manning FJ. Levels and predicators
of burn out in military personnel. Washington DC : Military
Psychiatry, 1992.

766 L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 91, N◦ 9 - NOVEMBRE 2015

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